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Définition
L'évaluation en douane est une procédure douanière qui est appliquée pour
déterminer la valeur en douane des marchandises importées. Si le taux de droit est un
taux ad valorem, la valeur en douane est essentielle pour déterminer le montant du
droit exigible sur un produit importé.
L'article VII de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce a fixé les
principes généraux d'un système international d'évaluation en douane. Cet article
prévoyait que la valeur en douane des marchandises importées devrait être fondée sur
la valeur réelle de la marchandise importée à laquelle s'applique le droit ou d'une
marchandise similaire et ne devrait pas être fondée sur la valeur de produits d'origine
nationale ou sur des valeurs arbitraires ou fictives. Bien qu'il ait aussi donné une
définition de la “valeur réelle” l'article VII permettait néanmoins d'utiliser des méthodes
très différentes pour évaluer les marchandises. En outre, des clauses de maintien des
droits acquis permettaient de continuer à appliquer d'anciennes normes ne répondant
même pas aux nouvelles prescriptions très générales.
À partir de 1950, les droits de douane ont été évalués dans de nombreux pays selon la
définition de la valeur de Bruxelles. Avec cette méthode, un prix normal du marché
défini comme étant le prix qu'un produit atteindrait “lors d'une vente effectuée dans
des conditions de pleine concurrence entre un acheteur et un vendeur indépendants”
était déterminé pour chaque produit; le droit était calculé sur la base de ce prix.
Les écarts de fait par rapport à ce prix n'étaient pleinement pris en compte que
lorsque la valeur déclarée était supérieure à la valeur figurant dans les listes. Un écart à
la baisse n'était pris en compte qu'à concurrence de 10 pour cent. Cette méthode
mécontentait beaucoup de négociants, car les changements de prix et les avantages
comparatifs des entreprises n'étaient pas répercutés tant que le “prix théorique” n'avait
pas été ajusté par le Bureau des douanes, ce qui pouvait prendre un certain temps. Les
produits nouveaux ou rares ne figuraient souvent pas dans les listes, ce qui rendait la
détermination du “prix normal” difficile. Les États-Unis n'ont jamais adhéré à la
définition de la valeur de Bruxelles. Il était clair que l'on avait besoin d'une méthode
d'évaluation plus souple et plus uniforme permettant une harmonisation des systèmes
de tous les pays.
Le nouvel Accord
Le Code du Tokyo Round a été remplacé par l'Accord de l'OMC sur la mise en œuvre
de l'article VII de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994 à
l'issue des négociations du Cycle d'Uruguay. Cet accord est essentiellement identique
au Code de l'évaluation du Tokyo Round et ne s'applique qu'à l'évaluation des
marchandises importées aux fins de la perception de droits ad valorem sur ces
marchandises. Il n'édicte pas d'obligations concernant l'évaluation destinée à
déterminer le montant des droits d'exportation ou à administrer les contingents sur la
base de la valeur des marchandises et ne fixe pas non plus de conditions pour
l'évaluation des marchandises à des fins d'imposition interne ou de contrôle des
changes.
Principe de base: La valeur transactionnelle
L'Accord prévoit que l'évaluation en douane doit, excepté dans certaines
circonstances bien définies, se fonder sur le prix effectif des marchandises à évaluer,
qui figure généralement sur la facture. Ce prix, après ajustement pour tenir compte de
certains éléments énumérés à l'article 8, est égal à la valeur transactionnelle qui
constitue la base première et principale de détermination de la valeur en douane dans
le cadre de l'Accord.
Autres dispositions
L'ordre d'utilisation des méthodes 4 et 5 peut être interverti à la demande de
l'importateur (mais pas toutefois à la discrétion du fonctionnaire des douanes). En
outre, l'Accord contient des dispositions concernant le traitement spécial et
différencié des pays en développement et l'assistance technique. Étant donné que
l'Accord fait partie intégrante de l'engagement global pris dans le cadre de l'OMC, tous
les Membres de l'OMC sont membres de l'Accord sur l'évaluation en douane.
Le prix effectivement payé ou à payer est le paiement total effectué ou à effectuer par
l'acheteur au vendeur, ou au bénéfice de celui-ci, pour les marchandises importées, et
inclut tous les paiements faits par l'acheteur au vendeur comme condition de la vente
des marchandises importées ou par l'acheteur à un tiers en règlement d'une obligation
du vendeur.
Conditions à remplir
La valeur en douane est la valeur transactionnelle si toutes les conditions ci-après sont
remplies:
Preuve de la vente
Il doit exister une preuve de la vente à l'exportation vers le pays d'importation (par
exemple une facture commerciale, un contrat, une commande, etc.)
- limitent la zone géographique dans laquelle les marchandises peuvent être vendues;
- le prix des marchandises importées dépend du ou des prix auxquels l'acheteur des
marchandises importées vend d'autres marchandises au vendeur desdites
marchandises importées;
- le prix est établi sur la base d'un mode de paiement sans rapport avec les
marchandises importées.
Aucune partie du produit de toute revente, cession ou utilisation des marchandises par
l'acheteur ne pourra revenir directement ou indirectement au vendeur, excepté si un
ajustement peut être opéré conformément aux dispositions de l'article 8.
- mais pas: les coûts encourus après l'importation (droits, transport, frais relatifs à des
travaux de construction ou de montage) [annexe I, note 3 relative à l'article premier].
L'acheteur et le vendeur ne sont pas liés, mais, même dans ce cas, l'utilisation de la
valeur transactionnelle est acceptable si l'importateur démontre que:
Parties liées
Une définition des “personnes liées” figure à l'article 15 de l'Accord qui prévoit que des
personnes ne seront réputées être liées que:
- les mêmes à tous les égards, y compris pour ce qui est des caractéristiques, de la
qualité et de la réputation;
Pour que cette méthode puisse être utilisée, les marchandises doivent être vendues
pour l'exportation à destination du même pays que les marchandises à évaluer. Elles
doivent aussi être exportées au même moment ou à peu près au même moment que
les marchandises à évaluer.
Exceptions
- des différences d'aspect mineures n'empêchent pas que des marchandises qui sont
autrement conformes aux définitions soient considérées comme identiques.
Sont exclues de la définition les marchandises importées ayant subi des travaux d'art
ou d'ingénierie, etc., fournis par l'acheteur au producteur des marchandises à titre
gratuit ou à prix réduit, et effectués dans le pays d'importation sans qu'aucun
ajustement correspondant ait été opéré au titre de l'article 8.
- ces marchandises sont produites dans le même pays et par le même producteur que
les marchandises à évaluer. Pour que cette méthode puisse être utilisée, les
marchandises doivent être vendues à destination du même pays d'importation que les
marchandises à évaluer. Elles doivent être exportées au même moment ou à peu près
au même moment que les marchandises à évaluer.
L'Accord prévoit que lorsque la valeur en douane ne peut être déterminée sur la base
de la valeur transactionnelle des marchandises importées ou de marchandises
identiques ou similaires, elle sera déterminée sur la base du prix unitaire correspondant
aux ventes des marchandises importées ou de marchandises identiques ou similaires
importées totalisant la quantité la plus élevée, faites à des personnes non liées au
vendeur dans le pays d'importation. Le vendeur et l'acheteur dans le pays importateur
ne doivent pas être liés et la vente doit avoir lieu au même moment ou à peu près au
même moment que l'importation des marchandises à évaluer. Si aucune vente n'a eu
lieu au même moment ou à peu près au même moment que l'importation, il est
possible de se référer aux ventes effectuées jusqu'à 90 jours après l'importation des
marchandises à évaluer.
Au titre de l'article 5.1, c'est le prix unitaire correspondant aux ventes des
marchandises importées ou de marchandises identiques ou similaires importées
totalisant la quantité la plus élevée qui doit servir de base pour établir la valeur en
douane. Selon la note interprétative de l'article, l'expression “prix unitaire
correspondant aux ventes ... totalisant la quantité la plus élevée” s'entend du prix
auquel le plus grand nombre d'unités est vendu lors de ventes à des personnes qui ne
sont pas liées aux personnes auxquelles elles achètent les marchandises en question,
au premier niveau commercial suivant l'importation auquel s'effectuent ces ventes.
Pour calculer la quantité la plus élevée vendue, on additionne toutes les ventes
effectuées à un prix donné et on compare la somme de toutes les unités de
marchandises vendues à ce prix à la somme de toutes les unités de marchandises
vendues à tout autre prix. Le plus grand nombre d'unités vendues à un prix donné
représente la quantité la plus élevée.
Étant donné que la valeur déductive est calculée à partir du prix de vente dans le pays
d'importation, il est nécessaire de déduire différents éléments de ce prix pour obtenir
la valeur en douane pertinente:
- les frais habituels de transport et d'assurance doivent être déduits du prix des
marchandises lorsque ces frais sont généralement encourus dans le pays
d'importation;
- les droits de douane et autres taxes nationales à payer dans le pays d'importation en
raison de l'importation ou de la vente des marchandises doivent eux aussi être déduits;
La méthode de la valeur calculée qui est la méthode la plus délicate à manier et la plus
rarement utilisée permet de déterminer la valeur en douane sur la base du coût de
production des marchandises à évaluer, majoré d'un certain montant pour les
bénéfices et frais généraux égal à celui qui entre généralement dans les ventes de
marchandises de la même nature ou de la même espèce faites du pays d'exportation à
destination du pays d'importation. La valeur calculée est égale à la somme des
éléments suivants:
Il s'agit des bénéfices et frais généraux qui sont généralement inclus dans les ventes à
l'exportation réalisées à destination du pays d'importation par les producteurs du pays
d'exportation sur la base d'informations fournies par des producteurs de marchandises
de la même nature ou de la même espèce. On entend par marchandises de la même
nature ou de la même espèce, les marchandises faisant partie d'un groupe ou d'une
gamme de marchandises produites par une branche d'activité ou un secteur industriel
déterminés; cela comprend également les marchandises identiques ou similaires. Le
montant des bénéfices et des frais généraux doit être considéré comme un tout
(c'est-à-dire la somme des deux). Les frais généraux peuvent comprendre les frais de
loyer, d'électricité, d'eau, les taxes légales, etc.
Enfin, il convient d'ajouter au prix d'autres dépenses telles que les frais de transport
des marchandises importées jusqu'au port ou lieu d'importation, les frais de
chargement, de déchargement et de manutention connexes au transport des
marchandises importées jusqu'au port ou lieu d'importation et le coût de l'assurance.
Lorsque la valeur en douane ne peut pas être déterminée par l'une quelconque des
méthodes précédentes, elle peut l'être en utilisant des moyens raisonnables
compatibles avec les principes et les dispositions générales de l'Accord et de l'article
VII du GATT et sur la base des données disponibles dans le pays d'importation. Dans la
mesure du possible, cette méthode doit se fonder sur des valeurs prédéterminées et
des procédures offrant une souplesse d'application raisonnable.
La valeur en douane déterminée par cette méthode de dernier recours ne doit pas se
fonder sur:
- le coût de production, autre que les valeurs calculées qui auront été déterminées
pour des marchandises identiques ou similaires (l'évaluation doit se fonder sur des
données disponibles dans le pays d'importation);
- des valeurs arbitraires ou fictives (cette interdiction vise les systèmes qui ne fondent
pas leur évaluation sur ce qui se passe réellement sur le marché, et qui est reflété par
les prix effectifs, les ventes effectives, les coûts effectifs) (les raisons de l'importation
ou de la vente des marchandises n'ont pas non plus à être prises en compte).
L'article 20.1 autorise les pays en développement Membres qui n'étaient pas parties au
Code du Tokyo Round à différer l'application des dispositions de l'Accord pendant une
période de cinq ans à compter du jour où l'Accord sur l'OMC sera entré en vigueur
pour lesdits Membres.
L'article 20.2 autorise les pays en développement Membres qui n'étaient pas parties
aux Codes du Tokyo Round à différer l'application de la méthode de la valeur calculée
pendant une période qui n'excédera pas trois ans après qu'ils auront mis en application
toutes les autres dispositions de l'Accord. Dans la pratique, cela signifie que les pays en
développement Membres qui n'étaient pas parties au Code du Tokyo Round peuvent
différer l'application de la méthode de la valeur calculée pendant une durée totale de
huit ans.
Assistance technique
Aux termes de l'article 20:3, les pays développés Membres fourniront, selon des
modalités convenues d'un commun accord, une assistance technique aux pays en
développement Membres qui en feront la demande. Sur cette base, les pays
développés Membres établiront des programmes d'assistance technique qui pourront
comporter, entre autres, la formation de personnel, une assistance pour
l'établissement de mesures de mise en œuvre, l'accès aux sources d'information
concernant la méthodologie en matière d'évaluation en douane, et des conseils au
sujet de l'application des dispositions du présent accord.
Institutions
Comité de l'évaluation en douane
L'Accord institue aussi un Comité technique de l'évaluation en douane placé sous les
auspices du Conseil de coopération douanière en vue d'assurer, au niveau technique,
l'uniformité d'interprétation et d'application de l'Accord. Parmi ses attributions, le
Comité technique est appelé à donner des avis sur des problèmes techniques
spécifiques à la demande de Membres ou d'un groupe spécial de règlement des
différends.