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Introduction

Il est indéniable que la fiscalité est un facteur clé du développement, dans la


plupart des pays, le système fiscal est indissociable de la croissance économique
et les impôts constituent le principal levier de fonds pour financer les services
essentiels et investir à long terme dans les biens publics.
Le système fiscal marocain a connu une profonde réforme depuis le milieu de
la décennie 80. L’objectif essentiel attendu de cette réforme était l’élaboration
d’un système fiscal moderne, cohérent et efficient.
Il existait au Maroc, avant la Taxe sur la valeur ajoutée ; plusieurs types
d’impôts indirects généraux, notamment la Taxe sur le chiffre d’affaire
cumulative, la Taxe unique sur les ventes, la Taxe à la production. Cependant,
en vertu de la loi cadre de 1984, le paysage fiscale marocain, a connu un
changement très important, on assiste à l’avènement de trois nouveaux
principaux impôts, que sont : l’Impôt sur le revenu (l’I.R), l’Impôt sur les
sociétés (l’I.S), et la Taxe sur la Valeur Ajoutée (T.V.A).
L’imposition indirecte sur les biens de consommation et les services, est
matérialisée par la mise en place au Maroc, de la Taxe sur la Valeur Ajoutée
(TVA), impôt indirect, incorporé au prix de vente de la marchandise ou du
service vendus.
Depuis le premier janvier 2006, et surtout le, 1ier janvier 2007, tous les impôts
et taxes ont été regroupés dans une seule et unique loi sous le nom de code
général des impôts.

Conformément aux dispositions de l’article 87 du CGI, la taxe sur la valeur


ajoutée est une taxe sur le chiffre d’affaires qui s'applique , aux opérations de
nature industrielle, commerciale, artisanale ou relevant de l'exercice d'une
profession libérale, accomplies au Maroc ; aux opérations d'importation , aux
opérations visées à l’article 89 du CGI effectuées par les personnes, autres que
l'Etat non entrepreneur, agissant à titre habituel ou occasionnel, quels que soient
leur statut juridique, la forme ou la nature de leur intervention.

C’est une taxe indirecte sur la consommation dont le rendement est


étroitement lié à la conjoncture économique. Bien qu’elle s’applique sur la
livraison des biens et prestations de services, elle ne constitue pas un impôt
général sur la dépense. Certes son champ d’application est très large.
Néanmoins, certains secteurs restent en dehors de la taxation. En outre, son
régime prévoit un certain nombre d’obligations pesantes sur les personnes
assujettis c'est-à-dire les contribuables.
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Selon son régime actuelle la tva présente des avantages (le système
déductible, la neutralité et l’encouragement des exportations, mais n’est pas
exempte de critiques (caractère injuste).

A la lumière de ces propos introductifs, il est judicieux de


s’interroger sur la cohérence de notre système d’imposition, dans
l’optique de savoir : dans quelle mesure peut-on dire que la TVA est
une taxe juste ?

Pour répondre à cette question, il s’avère nécessaire de traiter, en premier lieu la place
prépondérante de la TVA, et de s’interroger sur ce régime lacunaire coupable
d’accentuer les inégalités, en deuxième lieu.

Introduction

I- La place prépondérante de la TVA


a- Un vaste champ d’application
b- Règles d’assiette et paiement

II- Un régime lacunaire accentuant les inégalités


a- Les paradoxes d’une taxe parsemée d’exemption
b- Une fiscalité égalitaire pour une taxation juste

Conclusion

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I- La place prépondérante de la TVA
a- Un vaste champ d’application
La TVA est un impôt qui s’applique sur la valeur ajoutée. L’idée de base est que chaque fois
qu’un produit passe dans les mains d’un intermédiaire, celui-ci ajoute de la valeur au produit
et sur cette augmentation de valeur que l’impôt est payé.
Ajouter une valeur au produit peut s’entendre de sa fabrication à partir des matières
premières, de sa transformation pour le rendre utilisable par l’intermédiaire ou le
consommateur final, et de sa commercialisation sous emballage ou portant une marque en vue
de l’identifier.1

Avant de parler sur les opérations de la TVA, il faut d’abord invoquer le principe de la
territorialité.

Le lieu d'imposition à la T.V.A. est défini par les dispositions de l'article 88 du C.G.I qui
prévoient qu'une opération est réputée faite au Maroc :
 s'il s'agit d'une vente lorsque celle-ci est réalisée aux conditions de livraison de la
marchandise au Maroc;
 s'il s'agit de toute autre opération lorsque la prestation fournie, le service rendu, le
droit cédé ou l'objet loué sont exploités ou utilisés au Maroc.
La TVA s'applique donc aux opérations réalisées ou exploitées à l'intérieur du territoire du Royaume
compris entre les frontières terrestres et dans les eaux territoriales.

Opérations : la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est définie par l’article 87 du CGI (titre III)
comme une taxe qui s’applique :

 aux opérations de nature industrielle, commerciale, artisanale ou relevant de


l'exercice d'une profession libérale, accomplies au Maroc ;
 aux opérations d'importation ;
 aux opérations visées à l’article 89 du CGI effectuées par les personnes, autres que
l'Etat non entrepreneur, agissant à titre habituel ou occasionnel, quels que soient leur
statut juridique, la forme ou la nature de leur intervention.
Cela étant, on distingue 4 types d’opérations de TVA :

 Opérations obligatoirement imposables au de-là d’un certain seuil. En somme, toutes


les entreprises qui remplissent certaines conditions sont soumises à la TVA

 Opérations imposables sur option, le contribuable en est exempt mais il peut opter à la
TVA s’il le veut. Il le fait souvent, parce qu’il a intérêt.

 Opérations exonérées, sans droit à déduction : c’est le cas, entre autres, des écoles qui
sont exemptes de la taxe sur leurs services mais qui ne peuvent récupérer la TVA

1
Qarqori Mohamed, la TVA marocaine : assiette et contentieux, édition 2001, page : 10.

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payée en amont aux fournisseurs. Ce qui est pénalisant tant pour ce secteur que pour
les secteurs identiques.
 Opérations exonérées, avec droit à déduction : c’est le cas, entre autres, des
exportateurs qui sont exempts de la taxe sur leurs ventes à l’étranger mais qui ne sont
pas pénalisés au niveau de la taxe payée à leurs fournisseurs.

Aussi, la loi leur permet de récupérer la TVA sur leurs achats en déposant une demande de
remboursement de la TVA payée en amont auprès de l’administration.

b- Les règles d'assiette et paiement de la TVA

Le calcul de la TVA met en œuvre des règles qui se résument dans les paramètres suivants :

 le fait générateur de la TVA; c'est-à-dire l'événement qui donne naissance à la dette


fiscale, On distingue le régime de droit commun et le régime optionnel. Le régime de
droit commun est constitué par l'encaissement du prix, alors que le régime optionnel
est lorsque le compte du client est débité de la somme due à raison de la livraison de la
marchandise ou de l'exécution de la prestation, sans considération du moment auquel
intervient l'encaissement de ladite somme.

 les taux de la TVA; actuellement en vigueur sont les suivants: taux normal de : 20%;
plus d’autres taux réduits de 14%, 10% et 7%.
Les taux réduits, comme les exonérations, sont appliquées a des opérations ou services
limités par la loi.

 les règles d'assiette de la TVA ; définissent la base imposable comme étant


constituée du prix total, tous frais compris, du produit ou du service taxable, à
l'exclusion de la taxe sur la valeur ajoutée elle-même.
A noter que le CGI prévoit aussi des cas particuliers en matière de règle d’assiette, et
qui concernent généralement, les frais accessoires comme le transport et l’emballage.

Après la détermination de la base imposable et le choix du taux approprié, le calcul de la TVA


due nécessite d'opérer les déductions autorisées sur la taxe ainsi calculée.

Cette taxe peut être déterminée de deux manières :

 soit en déterminant la valeur ajoutée et en lui appliquant ensuite le taux d'imposition;


 soit encore en faisant la différence entre la taxe afférente à la production (ventes) et
celle afférente aux consommations intermédiaires (achats).

L'étendue des déductions, sauf limitations prévues par la loi, recouvre deux aspects :

 les personnes autorisées à pratiquer les déductions,


 les éléments du prix de revient d'une opération imposable, donnant lieu à déduction.

L'exercice du droit à déduction est subordonné à des conditions de forme et de délai. En outre,
la déduction est opérée selon des modalités précises.

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Ainsi, pour être déductible, la TVA doit être:

 payée;
 mentionnée sur un document justificatif qui peut être soit une facture (cas des achats à
l'intérieur ou des livraisons à soi-même) ou un document douanier.

Quand au remboursement de la TVA, et pour ne pas mettre en difficulté les entreprises dont
l'exonération des ventes les mettrait dans une situation structurelle de butoir (impossibilité de
déduire la taxe acquittée en amont), il est possible de demander et d'obtenir le remboursement
de la taxe non déduite, et ce pour accorder la détaxation complète à un circuit intermédiaire au
niveau de l'entreprise.

Déclaration et paiement de la TVA ; L'entreprise paie la TVA lorsque la taxe qu'elle a


collectée est supérieure à la taxe qu'elle est en droit de déduire. Dans le cas contraire, on
assiste à un crédit de taxe dit butoir. Après avoir déterminé la TVA collectée et la TVA
déductible de la période, les entreprises doivent calculer la TVA à payer. Cette opération est
effectuée à l'occasion de l'établissement de la déclaration périodique de la TVA. Le règlement
est ensuite effectué au receveur de l'administration fiscale. Deux régimes d'imposition sont
prévus pour la TVA : le régime de la déclaration mensuelle, et trimestrielle.

Le régime de la déclaration mensuelle est obligatoire pour :

 les entreprises qui ont réalisé, au cours de l'année précédente, un chiffre d'affaires
taxable (hors TVA) supérieur ou égal à 1.000.000 DH
 les entreprises n'ayant pas d'établissement au Maroc et y effectuant des opérations
imposables.

La déclaration mensuelle doit être déposée avant le 20 de chaque mois auprès du receveur de
1'administration fiscale. Ce régime de déclaration trimestrielle est obligatoire pour :

 les entreprises dont le chiffre d'affaires taxable, réalisé 1'année précédente, est
inférieur à1.000.000 DH;
 les entreprises nouvellement assujetties; les entreprises dont l'activité est saisonnière,
périodique ou occasionnelle.

Les contribuables imposés sous le régime de la déclaration trimestrielle doivent déposer avant
le 20 du premier mois de chaque trimestre auprès du receveur de l'administration fiscale.

La déclaration devait être faite sur un imprimé modèle établi par l'administration, mais à
compter du 1er janvier 2020, les procédés électroniques de déclaration et de paiement
deviennent obligatoires pour tous les contribuables quel que soit leur chiffre d'affaires.

Il est à noter qu’il existe un régime particulier de la TVA, on distingue dans ce sens :

 le régime de la marge applicable aux assujettis revendeurs de biens d'occasion acquis


auprès des personnes non autorisées à facturer la TVA ;
 et le régime de taxation de la marge prévu pour les agences de voyages.

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II- Un régime lacunaire accentuant les inégalités

En dépit des efforts accomplis dans le sens de la simplification et de la mise en place


d’un système synthétique, la cédularité n’a pas totalement disparu. Incontestablement,
il faut le reconnaitre, depuis les années 80, le Maroc a réalisé de grandes avancées au
niveau de son système fiscal. Mais cela n’empêche pas qu’on doit de manière
régulière faire un bilan de ce qui a été fait et de ce qui reste à faire. Ainsi, malgré qu’il
soit considéré comme un système moderne, le système fiscal marocain souffre tout de
même de plusieurs carences, engendrant conséquemment la perte de sa clarté et son
efficacité, à cause de l’introduction d’une série de dispositions à travers différentes lois
des finances qui se succèdent et qui viennent répondre à des contraintes budgétaires et
à des doléances, transverses et sectorielles.

a- Les paradoxes d’une taxe parsemée par d’exonération


La fiscalité est un instrument de réduction des inégalités. L’impôt est conçu dans une logique
de clarté, de cohérence globale et d’intégrité du système. Il y a lieu de garantir une neutralité
totale de la TVA, à travers sa simplification afin qu’elle ne laisse place à aucune ambiguïté ni
dérogation. Toutefois, le Maroc est un pays où la croissance bénéficie à un tout petit nombre
de personnes très fortunées. Le système fiscal reste ainsi inefficace dans la lutte pour une
meilleure redistribution des richesses. Il n’est pas téméraire de dire que le Maroc est un des
pays les plus inégalitaires du nord de l’Afrique et dans la moitié la plus inégalitaire de la
planète.2

En effet, la multiplicité des taux de TVA est à l’origine de beaucoup de distorsions impactant
lourdement le système fiscal marocain, d’où l’augmentation de la pression fiscale. Une
pression qui est inégalement répartie. Ces distorsions se traduisent essentiellement par une
réduction de la cohérence du système fiscal. La cohérence d’un système est essentielle pour
lui donner son sens d’équité et de transparence.

Par ailleurs, il est communément admis que notre système fiscal est jugé inéquitable,
insuffisamment incitatif voire même défavorable à la création de valeur basée sur l’innovation
et donc à la compétitivité, au lieu d’être un levier favorisant la production nationale. De là à
dire que le système fiscal n’a pas joué réellement son rôle pour l’économie marocaine, il a
conduit à contrario à la persistance des inégalités. Ce constat a permis également de soulever
les limites du régime actuel, qui est aussi le résultat de la pratique de la gestion de la relation
entre l’administration fiscale et les contribuables, et du phénomène d’incivisme fiscal. Ces
facteurs combinés font que de grands pans de l’activité et de nombreux contribuables
continuent à échapper ; totalement ou en partie ; à l’impôt.3

2
Rapport de l’ONG « Un Maroc égalitaire, une taxation juste »https://www-cdn.oxfam.org/s3fs-
public/file_attachments/rapport_oxfam_2019_un_maroc_egalitaire_une_taxation_juste.pdf

3
Rapport du CESE « Un système fiscal, pilier pour me nouveau modèle de développement », p26
http://www.ces.ma/Documents/PDF/Auto-saisines/Rp-AS-37-VF.pdf

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Cet impôt sur la consommation est connu par sa dégressivité, dans le sens où il frappe plus
durement les contribuables à revenus modestes. Cela s’explique par le fait que ces derniers
consacrent une plus large part de leurs revus à la consommation, même si en toute logique, les
contribuables à revenu élevés consomment davantage que les contribuables à faibles revenus.
La TVA, principale impôt indirect se traduit par l’amenuisement du pouvoir d’achat des
ménages affaiblissant ainsi l’effet de la demande locale dans l’entretien de la croissance
économique. Assimilée à « l’impôt indolore », car il s’agit d’une taxe incluse dans le prix de
vente, le contribuable ne se rend compte de son paiement.

C’est un impôt sur la dépense, elle atteint le revenu consommé et s’intègre dans le prix du
produit ou du service. La TVA fait supporter aux contribuables généralement une charge
fiscale inversement proportionnelle à leur faculté contributive. En effet l’augmentation de la
TVA augmente aussi les inégalités et réduit le niveau de vie des plus défavorisés.

Encore faut-il noter que la charge fiscale n’est pas répartie de manière équitable entre les
contribuables (forte concentration de l’IS, faible contribution de l’IR. Ainsi la fiscalité qui
pèse sur la consommation demeure toujours la composante principale de la fiscalité au Maroc,
d’ailleurs le premier niveau de déséquilibre au Maroc apparait entre les impôts directs et les
impôts indirects. Les recettes de la TVA constituent le poste de plus important des recettes
fiscales, dans le sens où elles sont les principales ressources financières pour couvrir des
dépenses de l’Etat. En effet, dans ces recettes, les impôts indirects représentent la part
prépondérante, marquant ainsi le poids dominant de la consommation dans la constitution des
recettes fiscales. Il est judicieux de signaler également la prédominance de la TVA à
l’importation par rapport à la TVA intérieure. Cette situation paradoxale reflète la croissance
continue des importations et donc de la demande de consommation tournée de plus en plus
vers la production étrangère au détriment de la production locale, ce qui explique l’ampleur
des fraudes fiscales.

Reste à signaler que la TVA représente 30 pour cent des ressources fiscales du pays, mais ne
s’applique pas à de nombreux secteurs, soit parce qu’ils ont été exemptés soit pare qu’ils
relèvent principalement de l’informel. Au total, cette multiplicité de taux et d’exonérations
compromet la neutralité et l’efficacité de la TVA qui devrait être neutre et sans incidence sur
le choix des opérateurs économiques. Toutefois, la multiplicité des taux et des exonérations
qui prend compte des considérations et des spécificités sectorielles, est une source de
distorsions. D’autres incohérences et faiblesses du système fiscal marocain peuvent être
notées telle la règle de l’exonération sans droit à déduction pour les établissements de crédit et
des compagnies d’assurance.

Il serait important de réduire le nombre des exonérations et de réfléchir aux moyens d’élargir
l’assiette imposable, mais sans que cela ne porte atteinte aux objectifs que doit viser tout
impôt celui d’assurer le développement économique et la justice social.

9
b- Une fiscalité égalitaire pour une taxation juste

Comment réformer la TVA? C’est la question qui tracasse et qui préoccupe le gouvernement
et toutes les parties prenantes, quelques mois seulement après la tenue des 3èmes Assises
nationales de la fiscalité4. Cette réforme ne manquera pas de donner le tournis à l’Exécutif. Et
il aura forcément un impact sur la fiscalité marocaine pour bien des années5.

De la garantie des droits fondamentaux, à la nécessité d’instaurer une bonne gouvernance, une
cohésion et une inclusion effective, toute réforme à envisager, qui découle des différents
échanges, discussions et propositions formulées par les différents acteur économiques, doit
converger vers une équité fiscale.

Il est question, en effet et conformément aux recommandations des 3èmes Assises, de


simplifier les procédures de manière à rendre la TVA plus attractive, à travers la convergence
vers deux ou trois taux, et clarifier les règles de rattachement de certains produits et services à
un taux plutôt qu’à un autre, pour réduire les distorsions qui existent au sein du tissu
économique.

Il faudra également consacrer définitivement la neutralité de la TVA, par la suppression de


l’effet du butoir, de manière à ne pas pénaliser les entreprises, puisque lors de ces opérations,
l’entreprise est elle-même un consommateur final, et est touchée par cette taxe.

De même, toute réforme doit envisager de consacrer une partie des recettes de la TVA au
financement de la couverture médicale et des allocations sociales.

La réforme doit aussi, élargir le champ de la TVA à toutes les activités économiques, en
unifiant et harmonisant les règles d’assiette, revoir les exonérations non-justifiées, ainsi que
toutes les exonérations à partir d’une évaluation d’impact et d’adéquation de l’avantage fiscal
par rapport aux orientations des politiques économiques.

Aussi, l’Etat doit prendre ses responsabilités dans l’intégration de l’informel, qui s’est
institutionnalisé, et qui menace les fondements de notre tissu économique et politique, et lutter
contre l’évasion fiscale, ce qui augmente la pression fiscale exercée sur ceux qui optent pour
la transparence6.

Notons que le CESE7 recommande de son coté, de réserver, à terme, 2 à 4 -points de TVA
pour les verser dans un fonds de solidarité sociale.

4
Organisées à Skhirat les 3 et 4 mai 2019.
5
Hassan EL ARIF, Le casse-tête de la réduction des taux de TVA!, Edition N°:5516 Le 15/05/2019.
6
Recommandations des Troisièmes Assises Nationales sur la Fiscalité tenues à Skhirat, disponible sur le site :
finances.gov.ma/Docs/dgi/2019/recommandations-assises-nationales-fiscalit%C3%A9-fr.pdf vu le 20-12-2019 à 21 :30
7
Rapport portant sur « un système fiscal, pilier pour le Nouveau Modèle de Développement" Mai 2019.

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Et pour les taux et jusqu'à présent, le législateur s’était engagé à ramener le nombre de taux à
trois (0%, 10% et 20%) au lieu de 5 actuellement (0%, 7%, 10%, 14% et 20%). Les 3èmes
Assises ont préconisé de passer à quatre taux, soit 0% pour les produits de première nécessité,
10% pour les produits de consommation de masse, 20% pour le taux normal et un taux plus
élevé pour les produits de luxe. Aujourd’hui, le défi pour le gouvernement sera de déterminer
les produits qui devront changer de tarif de TVA.

La multiplicité des taux de TVA est à l’origine de beaucoup de distorsions, qui impactent
lourdement la trésorerie des entreprises. Il faut ici, traiter la problématique de la pression
fiscale sur la trésorerie des entreprises, attribuable à la multitude des taux de la TVA et au
problème lié à son remboursement.

Une proposition d’une possible transformation des arriérés de la TVA sous forme de titres
négociables, permettra d’injecter quelques milliards de dirhams à l’économie nationale et
résoudre ce problème.

Rappelons que la dette de l’Etat à l’égard des entreprises du fait du butoir est estimée à 40
milliards de DH8.

En fin, L’administration fiscal doit faire un regroupement de tous les impôts et taxes dans le
même code.

Dans ce sens, il est à noter que la loi de finance de 2020 a prévu ce qui suit9 :

- Une décision de relever le taux de TVA applicable à la voiture de tourisme, dite


voiture économique, de 7% à 10%.
- Application du taux de 20% au matériel agricole susceptible d’un usage mixte,
- Suppression de l’exonération des dattes conditionnées.
- Suppression de l’exonération de la TVA à l’importation pour les viandes et poissons
destinés aux restaurants.
- Suppression des taux spécifiques de la TVA (vins : 100 DH par hectolitre, or et
platine : 5 DH par gramme, et en fin 0,10 DH par gramme d’argent).
- Exonération de l’importation des vaccins.
- Huile de palme: soumission à la TVA au taux commun au lieu de 10%.
- Vente des billets d’entrée aux musées, cinémas et théâtre. Dans le PLF 2020, il est
proposé d’appliquer le taux réduit de 10% au lieu de 20%.

8
Mohamed KABBAJ, Quelle réforme pour la fiscalité au Maroc? L’Economiste, Edition N°:5502 Le 24/04/2019.
9
Projet de loi de finances n°70-19 pour l’année budgétaire 2020.

11
Conclusion

La TVA occupe une place majeure dans le système des prélèvements au Maroc et constitue
l’une des principales réalisations en matière d’harmonisation fiscale. Plus de soixante ans
après sa création, elle affiche un bilan contrasté.
La taxe sur la valeur ajoutée est un impôt indirect qui n’est supportée en définitive que par le
consommateur final. Ce dernier s’en acquitte presque à son insu, du fait que la taxe est
incorporée dans le prix du produit acheté. De ce fait, l’évolution du droit, concomitant au
bouleversement de la nature des échanges économiques, et l’utilisation de cet impôt à des fins
de politique économique, mènent incontestablement à son éloignement de ses objectifs
fondateurs : la neutralité, la simplicité et le rendement.
Dans ce sens, il sera judicieux de réaffirmer que, a fortiori, dans un contexte de crise des
finances publiques, la couverture des dépenses publiques doit demeurer l’objectif prioritaire
de la TVA. La nécessaire amélioration de son rendement invite à un réexamen de la
pertinence des dispositifs dérogatoires à la fois en termes d’assiette et de taux réduits et à un
renforcement de la lutte contre la fraude.

Jean-Baptiste Colbert, le ministre des Finances de Louis XIV, a un jour déclaré que « l’art de
l'imposition consiste à plumer l'oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins
possible de cris ».

12
Bibliographie

Ouvrages :

NMILI Mohammed : « Les impôts au Maroc : techniques et procédures »,


Imprimerie El Maarif El Jadida, Rabat, 2019.

QARQORI Mohamed : « la TVA marocaine : assiette et contentieux », S.N, Rabat,


2001.

Rapports :

OXFAM Maroc : « Un Maroc égalitaire, une taxation juste », 2019.


Disponible sur : https://www-cdn.oxfam.org/s3fs-
public/file_attachments/rapport_oxfam_2019_un_maroc_egalitaire_une_taxation_juste.pdf

CESE : « Un système fiscal, pilier pour me nouveau modèle de développement »,


2019.
Disponible sur : http://www.ces.ma/Documents/PDF/Auto-saisines/Rp-AS-37-VF.pdf

Ministère des Finances : « Les recommandations de la troisième édition des assises


nationales sur la fiscalité tenue à Skhirat », 2019.
Disponible sur : https://www.finances.gov.ma/Publication/dgi/2019/recommandations-
assises-nationales-fiscalite-fr.pdf

Articles :

EL ARIF Hassan : « Le casse-tête de la réduction des taux de TVA! »,


L’Economiste, édition N° 5516 du 15 Mai 2019.

KABBAJ Mohamed : « Quelle réforme pour la fiscalité au Maroc? »,


L’Economiste, édition N° 5502 du 24 Avril 2019.

ZAYA Mimoun : « La TVA : Une taxe malsaine pour l’économie et pour le


pouvoir d’achat des citoyens », Edition du 26 février 2019.

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