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Introduction
Pour répondre à cette question, il s’avère nécessaire de traiter, en premier lieu la place
prépondérante de la TVA, et de s’interroger sur ce régime lacunaire coupable
d’accentuer les inégalités, en deuxième lieu.
Introduction
Conclusion
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I- La place prépondérante de la TVA
a- Un vaste champ d’application
La TVA est un impôt qui s’applique sur la valeur ajoutée. L’idée de base est que chaque fois
qu’un produit passe dans les mains d’un intermédiaire, celui-ci ajoute de la valeur au produit
et sur cette augmentation de valeur que l’impôt est payé.
Ajouter une valeur au produit peut s’entendre de sa fabrication à partir des matières
premières, de sa transformation pour le rendre utilisable par l’intermédiaire ou le
consommateur final, et de sa commercialisation sous emballage ou portant une marque en vue
de l’identifier.1
Avant de parler sur les opérations de la TVA, il faut d’abord invoquer le principe de la
territorialité.
Le lieu d'imposition à la T.V.A. est défini par les dispositions de l'article 88 du C.G.I qui
prévoient qu'une opération est réputée faite au Maroc :
s'il s'agit d'une vente lorsque celle-ci est réalisée aux conditions de livraison de la
marchandise au Maroc;
s'il s'agit de toute autre opération lorsque la prestation fournie, le service rendu, le
droit cédé ou l'objet loué sont exploités ou utilisés au Maroc.
La TVA s'applique donc aux opérations réalisées ou exploitées à l'intérieur du territoire du Royaume
compris entre les frontières terrestres et dans les eaux territoriales.
Opérations : la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est définie par l’article 87 du CGI (titre III)
comme une taxe qui s’applique :
Opérations imposables sur option, le contribuable en est exempt mais il peut opter à la
TVA s’il le veut. Il le fait souvent, parce qu’il a intérêt.
Opérations exonérées, sans droit à déduction : c’est le cas, entre autres, des écoles qui
sont exemptes de la taxe sur leurs services mais qui ne peuvent récupérer la TVA
1
Qarqori Mohamed, la TVA marocaine : assiette et contentieux, édition 2001, page : 10.
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payée en amont aux fournisseurs. Ce qui est pénalisant tant pour ce secteur que pour
les secteurs identiques.
Opérations exonérées, avec droit à déduction : c’est le cas, entre autres, des
exportateurs qui sont exempts de la taxe sur leurs ventes à l’étranger mais qui ne sont
pas pénalisés au niveau de la taxe payée à leurs fournisseurs.
Aussi, la loi leur permet de récupérer la TVA sur leurs achats en déposant une demande de
remboursement de la TVA payée en amont auprès de l’administration.
Le calcul de la TVA met en œuvre des règles qui se résument dans les paramètres suivants :
les taux de la TVA; actuellement en vigueur sont les suivants: taux normal de : 20%;
plus d’autres taux réduits de 14%, 10% et 7%.
Les taux réduits, comme les exonérations, sont appliquées a des opérations ou services
limités par la loi.
L'étendue des déductions, sauf limitations prévues par la loi, recouvre deux aspects :
L'exercice du droit à déduction est subordonné à des conditions de forme et de délai. En outre,
la déduction est opérée selon des modalités précises.
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Ainsi, pour être déductible, la TVA doit être:
payée;
mentionnée sur un document justificatif qui peut être soit une facture (cas des achats à
l'intérieur ou des livraisons à soi-même) ou un document douanier.
Quand au remboursement de la TVA, et pour ne pas mettre en difficulté les entreprises dont
l'exonération des ventes les mettrait dans une situation structurelle de butoir (impossibilité de
déduire la taxe acquittée en amont), il est possible de demander et d'obtenir le remboursement
de la taxe non déduite, et ce pour accorder la détaxation complète à un circuit intermédiaire au
niveau de l'entreprise.
les entreprises qui ont réalisé, au cours de l'année précédente, un chiffre d'affaires
taxable (hors TVA) supérieur ou égal à 1.000.000 DH
les entreprises n'ayant pas d'établissement au Maroc et y effectuant des opérations
imposables.
La déclaration mensuelle doit être déposée avant le 20 de chaque mois auprès du receveur de
1'administration fiscale. Ce régime de déclaration trimestrielle est obligatoire pour :
les entreprises dont le chiffre d'affaires taxable, réalisé 1'année précédente, est
inférieur à1.000.000 DH;
les entreprises nouvellement assujetties; les entreprises dont l'activité est saisonnière,
périodique ou occasionnelle.
Les contribuables imposés sous le régime de la déclaration trimestrielle doivent déposer avant
le 20 du premier mois de chaque trimestre auprès du receveur de l'administration fiscale.
La déclaration devait être faite sur un imprimé modèle établi par l'administration, mais à
compter du 1er janvier 2020, les procédés électroniques de déclaration et de paiement
deviennent obligatoires pour tous les contribuables quel que soit leur chiffre d'affaires.
Il est à noter qu’il existe un régime particulier de la TVA, on distingue dans ce sens :
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II- Un régime lacunaire accentuant les inégalités
En effet, la multiplicité des taux de TVA est à l’origine de beaucoup de distorsions impactant
lourdement le système fiscal marocain, d’où l’augmentation de la pression fiscale. Une
pression qui est inégalement répartie. Ces distorsions se traduisent essentiellement par une
réduction de la cohérence du système fiscal. La cohérence d’un système est essentielle pour
lui donner son sens d’équité et de transparence.
Par ailleurs, il est communément admis que notre système fiscal est jugé inéquitable,
insuffisamment incitatif voire même défavorable à la création de valeur basée sur l’innovation
et donc à la compétitivité, au lieu d’être un levier favorisant la production nationale. De là à
dire que le système fiscal n’a pas joué réellement son rôle pour l’économie marocaine, il a
conduit à contrario à la persistance des inégalités. Ce constat a permis également de soulever
les limites du régime actuel, qui est aussi le résultat de la pratique de la gestion de la relation
entre l’administration fiscale et les contribuables, et du phénomène d’incivisme fiscal. Ces
facteurs combinés font que de grands pans de l’activité et de nombreux contribuables
continuent à échapper ; totalement ou en partie ; à l’impôt.3
2
Rapport de l’ONG « Un Maroc égalitaire, une taxation juste »https://www-cdn.oxfam.org/s3fs-
public/file_attachments/rapport_oxfam_2019_un_maroc_egalitaire_une_taxation_juste.pdf
3
Rapport du CESE « Un système fiscal, pilier pour me nouveau modèle de développement », p26
http://www.ces.ma/Documents/PDF/Auto-saisines/Rp-AS-37-VF.pdf
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Cet impôt sur la consommation est connu par sa dégressivité, dans le sens où il frappe plus
durement les contribuables à revenus modestes. Cela s’explique par le fait que ces derniers
consacrent une plus large part de leurs revus à la consommation, même si en toute logique, les
contribuables à revenu élevés consomment davantage que les contribuables à faibles revenus.
La TVA, principale impôt indirect se traduit par l’amenuisement du pouvoir d’achat des
ménages affaiblissant ainsi l’effet de la demande locale dans l’entretien de la croissance
économique. Assimilée à « l’impôt indolore », car il s’agit d’une taxe incluse dans le prix de
vente, le contribuable ne se rend compte de son paiement.
C’est un impôt sur la dépense, elle atteint le revenu consommé et s’intègre dans le prix du
produit ou du service. La TVA fait supporter aux contribuables généralement une charge
fiscale inversement proportionnelle à leur faculté contributive. En effet l’augmentation de la
TVA augmente aussi les inégalités et réduit le niveau de vie des plus défavorisés.
Encore faut-il noter que la charge fiscale n’est pas répartie de manière équitable entre les
contribuables (forte concentration de l’IS, faible contribution de l’IR. Ainsi la fiscalité qui
pèse sur la consommation demeure toujours la composante principale de la fiscalité au Maroc,
d’ailleurs le premier niveau de déséquilibre au Maroc apparait entre les impôts directs et les
impôts indirects. Les recettes de la TVA constituent le poste de plus important des recettes
fiscales, dans le sens où elles sont les principales ressources financières pour couvrir des
dépenses de l’Etat. En effet, dans ces recettes, les impôts indirects représentent la part
prépondérante, marquant ainsi le poids dominant de la consommation dans la constitution des
recettes fiscales. Il est judicieux de signaler également la prédominance de la TVA à
l’importation par rapport à la TVA intérieure. Cette situation paradoxale reflète la croissance
continue des importations et donc de la demande de consommation tournée de plus en plus
vers la production étrangère au détriment de la production locale, ce qui explique l’ampleur
des fraudes fiscales.
Reste à signaler que la TVA représente 30 pour cent des ressources fiscales du pays, mais ne
s’applique pas à de nombreux secteurs, soit parce qu’ils ont été exemptés soit pare qu’ils
relèvent principalement de l’informel. Au total, cette multiplicité de taux et d’exonérations
compromet la neutralité et l’efficacité de la TVA qui devrait être neutre et sans incidence sur
le choix des opérateurs économiques. Toutefois, la multiplicité des taux et des exonérations
qui prend compte des considérations et des spécificités sectorielles, est une source de
distorsions. D’autres incohérences et faiblesses du système fiscal marocain peuvent être
notées telle la règle de l’exonération sans droit à déduction pour les établissements de crédit et
des compagnies d’assurance.
Il serait important de réduire le nombre des exonérations et de réfléchir aux moyens d’élargir
l’assiette imposable, mais sans que cela ne porte atteinte aux objectifs que doit viser tout
impôt celui d’assurer le développement économique et la justice social.
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b- Une fiscalité égalitaire pour une taxation juste
Comment réformer la TVA? C’est la question qui tracasse et qui préoccupe le gouvernement
et toutes les parties prenantes, quelques mois seulement après la tenue des 3èmes Assises
nationales de la fiscalité4. Cette réforme ne manquera pas de donner le tournis à l’Exécutif. Et
il aura forcément un impact sur la fiscalité marocaine pour bien des années5.
De la garantie des droits fondamentaux, à la nécessité d’instaurer une bonne gouvernance, une
cohésion et une inclusion effective, toute réforme à envisager, qui découle des différents
échanges, discussions et propositions formulées par les différents acteur économiques, doit
converger vers une équité fiscale.
De même, toute réforme doit envisager de consacrer une partie des recettes de la TVA au
financement de la couverture médicale et des allocations sociales.
La réforme doit aussi, élargir le champ de la TVA à toutes les activités économiques, en
unifiant et harmonisant les règles d’assiette, revoir les exonérations non-justifiées, ainsi que
toutes les exonérations à partir d’une évaluation d’impact et d’adéquation de l’avantage fiscal
par rapport aux orientations des politiques économiques.
Aussi, l’Etat doit prendre ses responsabilités dans l’intégration de l’informel, qui s’est
institutionnalisé, et qui menace les fondements de notre tissu économique et politique, et lutter
contre l’évasion fiscale, ce qui augmente la pression fiscale exercée sur ceux qui optent pour
la transparence6.
Notons que le CESE7 recommande de son coté, de réserver, à terme, 2 à 4 -points de TVA
pour les verser dans un fonds de solidarité sociale.
4
Organisées à Skhirat les 3 et 4 mai 2019.
5
Hassan EL ARIF, Le casse-tête de la réduction des taux de TVA!, Edition N°:5516 Le 15/05/2019.
6
Recommandations des Troisièmes Assises Nationales sur la Fiscalité tenues à Skhirat, disponible sur le site :
finances.gov.ma/Docs/dgi/2019/recommandations-assises-nationales-fiscalit%C3%A9-fr.pdf vu le 20-12-2019 à 21 :30
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Rapport portant sur « un système fiscal, pilier pour le Nouveau Modèle de Développement" Mai 2019.
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Et pour les taux et jusqu'à présent, le législateur s’était engagé à ramener le nombre de taux à
trois (0%, 10% et 20%) au lieu de 5 actuellement (0%, 7%, 10%, 14% et 20%). Les 3èmes
Assises ont préconisé de passer à quatre taux, soit 0% pour les produits de première nécessité,
10% pour les produits de consommation de masse, 20% pour le taux normal et un taux plus
élevé pour les produits de luxe. Aujourd’hui, le défi pour le gouvernement sera de déterminer
les produits qui devront changer de tarif de TVA.
La multiplicité des taux de TVA est à l’origine de beaucoup de distorsions, qui impactent
lourdement la trésorerie des entreprises. Il faut ici, traiter la problématique de la pression
fiscale sur la trésorerie des entreprises, attribuable à la multitude des taux de la TVA et au
problème lié à son remboursement.
Une proposition d’une possible transformation des arriérés de la TVA sous forme de titres
négociables, permettra d’injecter quelques milliards de dirhams à l’économie nationale et
résoudre ce problème.
Rappelons que la dette de l’Etat à l’égard des entreprises du fait du butoir est estimée à 40
milliards de DH8.
En fin, L’administration fiscal doit faire un regroupement de tous les impôts et taxes dans le
même code.
Dans ce sens, il est à noter que la loi de finance de 2020 a prévu ce qui suit9 :
8
Mohamed KABBAJ, Quelle réforme pour la fiscalité au Maroc? L’Economiste, Edition N°:5502 Le 24/04/2019.
9
Projet de loi de finances n°70-19 pour l’année budgétaire 2020.
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Conclusion
La TVA occupe une place majeure dans le système des prélèvements au Maroc et constitue
l’une des principales réalisations en matière d’harmonisation fiscale. Plus de soixante ans
après sa création, elle affiche un bilan contrasté.
La taxe sur la valeur ajoutée est un impôt indirect qui n’est supportée en définitive que par le
consommateur final. Ce dernier s’en acquitte presque à son insu, du fait que la taxe est
incorporée dans le prix du produit acheté. De ce fait, l’évolution du droit, concomitant au
bouleversement de la nature des échanges économiques, et l’utilisation de cet impôt à des fins
de politique économique, mènent incontestablement à son éloignement de ses objectifs
fondateurs : la neutralité, la simplicité et le rendement.
Dans ce sens, il sera judicieux de réaffirmer que, a fortiori, dans un contexte de crise des
finances publiques, la couverture des dépenses publiques doit demeurer l’objectif prioritaire
de la TVA. La nécessaire amélioration de son rendement invite à un réexamen de la
pertinence des dispositifs dérogatoires à la fois en termes d’assiette et de taux réduits et à un
renforcement de la lutte contre la fraude.
Jean-Baptiste Colbert, le ministre des Finances de Louis XIV, a un jour déclaré que « l’art de
l'imposition consiste à plumer l'oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins
possible de cris ».
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Bibliographie
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