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Université Sidi Mohammed Ben Abdellah

Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales -FES-

LE SYSTEME FISCAL MAROCAIN


Travaux dirigés (Droit fiscal) S4
Préparés par : Pr. TADA Samir

Année universitaire : 2020/2021


Le système fiscal marocain (TVA et IS)
Le système fiscal marocain a connu une grande réforme depuis le milieu de
la décennie 80. L’objectif de cette réforme était essentiellement l’institution d’un
système fiscal moderne, cohérent et efficient.

Le présent document est consacré à l’étude des principaux impôts,


conformément au Code Général des Impôts marocain de 2021, à savoir :

- La mise en place de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) en 1986 en


remplacement de la taxe sur les produits et services ;

- La mise en vigueur de l’Impôt sur les Sociétés (IS) en 1988 ;

- Et de l’Impôt sur les Revenus (IR) en 1990.

I- La Taxe sur la Valeur Ajoutée

La TVA est un impôt indirect qui s’applique à l’ensemble des transactions


commerciales et réalisées sur le territoire national. Instituée au Maroc en 1986, la
TVA impose les produits et les services. Comme son l’indique, la TVA frappe la
valeur ajoutée dégagée à chaque stade de la production ou de la commercialisation
d’un produit ou d’un service.

Ce sont les entreprises qui déclarent et payent la TVA à l’Etat. Cependant,


le consommateur final est le redevable réel qui supporte cet impôt en dernier
ressort. Ce mécanisme veut que l’entreprise joue le rôle d’intermédiaire entre le
consommateur et le percepteur (Etat).

A. Champ d’application

D’après l’article n° 87 de la loi, la TVA est une taxe sur le chiffre d’affaires
qui s’applique aux opérations de nature industrielle, commerciales, artisanale ou
relevant de l’exercice d’une profession libérale, accomplies au Maroc, ainsi
qu’aux opérations d’importation.

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1. Les opérations obligatoirement imposables à la TVA (Art. 89 CGI)

Sont obligatoirement assujettis à la TVA :

 Les ventes et les livraisons effectuées par les entreprises industrielles;

 Les ventes et les livraisons en l'état réalisées par :

 Les commerçants grossistes ;

 Les commerçants dont le chiffre d'affaires réalisé au cours


de l'année précédente est égal ou supérieur à 2 000 000 DH.

 Les ventes et les livraisons en l'état de produits importés réalisées par


les commerçants importateurs;

 Les travaux immobiliers, les opérations de lotissement et de


promotion immobilière;

 Les opérations d'installation ou de pose, de réparation ou de façon;

 Les opérations d'hébergement et/ou de vente de denrées ou de


boissons à consommer sur place ;

 Les opérations de banque et de crédit et les commissions de change;

 Les opérations effectuées dans le cadre des professions d’avocat,


notaire, huissier de justice, architecte, topographe, vétérinaire,
conseil et expert en toute matière…

2. Opérations imposables par option (Art. 90 CGI)

L’imposition par option est ouverte à certaines personnes qui peuvent sur
leur demande, prendre la qualité d'assujettis à la TVA. Il s’agit principalement
des :

 commerçants exportateurs;

 petits producteurs et les petits prestataires bénéficiant d’une


exonération lorsque leur Chiffre d’Affaires (CA) annuel est inférieur
ou égal à 500.000 DH ;

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 revendeurs détaillants (pain ,beurre, lait,…) quand leur C.A est
inférieur à 2.000.000 DH ;

 bailleurs qui donnent en location, des locaux à usage professionnel


non équipés.

3. Exonérations

Plusieurs opérations sont exonérées de la TVA. Ce sont des opérations qui


entrent normalement dans le champ d’application de la TVA mais qui sont
exonérées par le législateur pour des considérations d’ordre social, économique
ou culturel. Deux types d’exonérations sont prévues par le CGI :

 L'exonération sans droit à déduction (Art 91 CGI)

Sont exonérées de la taxe sur la valeur ajoutée :

 Les produits de première nécessité (pain, lait, sucre, huile d’olive ;

 Les journaux, publications et les travaux de composition, d’impression ;

 Les films documentaires ou éducatifs ;

 Les prestations fournies par les médecins, médecins-dentistes, masseurs


kinésithérapeutes, orthoptistes, orthophonistes, infirmiers…

 L’exonération avec droit à déduction (Art. 92 CGI)

 Les produits livrés à l’exportation ;

 Les matériels destinés à usage exclusivement agricole ;

 Les biens d’équipement destinés à l’enseignement privé ou à la


formation professionnelle, à inscrire dans un compte d’immobilisation ;

 Les médicaments anticancéreux, les médicaments des hépatites B et C


et les médicaments destinés au traitement du diabète, de l'asthme ;

 Les opérations de cession de logements sociaux à usage d'habitation


principale dont la superficie couverte est comprise entre 50 et 80 m2 et
le prix de vente n'excède pas 250.000 DH, hors TVA ...

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B. Règles d’assiette

Le calcul de la TVA nécessite la prise en considération des paramètres


suivants : la base d’imposition, le fait générateur, les taux et les déductions.

1. Base d’imposition

La base imposable ou l’assiette de la TVA comprend :

- La valeur nette (prix) des biens ou des services fournis, après déduction
de toute réduction à caractère commercial et financier ;

- Les frais de transport facturés au client ;

- Les frais d’emballages non récupérable ;

- Les frais de commission ou de courtage ;

- Les intérêts pour règlement à terme.

2. Fait générateur

C’est l’événement qui donne naissance à la dette fiscale du redevable


envers le trésor public. C’est le moment d’exigibilité de l’impôt.

Au Maroc, on distingue deux régimes en matière du fait générateur :

• Régime de l’encaissement (régime de droit commun): L’entreprise ne verse


à l’État que la TVA facturée effectivement encaissée, au cours du mois ou du
trimestre précédent.

• Régime du débit (régime optionnel) : L’entreprise verse à l’État toute la


TVA facturée enregistrée en comptabilité au cours du mois ou du trimestre
précédent, que cette TVA soit encaissée ou non. L’entreprise peut opter pour
ce régime par écrit.

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3. Les taux de la TVA

Taux Taux normal et taux réduits (art.98 et 99 CGI)


• L’eau
• Les produits pharmaceutiques
7% • Les fournitures scolaires
• Le lait en poudre, le savon de ménage ;
• La voiture économique …
• Les opérations de banque, de crédit et de bourse ;
10% • Opération de restauration ;
• L’huile de table, le sel de cuisine, riz ;
• Les pâtes alimentaires …
• Le transport de voyageurs et des marchandises, à
l’exclusion des opérations de transport ferroviaire ;
14% • Le beurre ;
• Prestations de services rendus par tout agent d’assurance ;
• L’énergie électrique…
20% Tout autre produit ou service non soumis aux taux réduits, et
non exonérés. C’est le taux normal de la TVA.

4. Les déductions de la TVA (Art. 106 CGI)

Après la détermination de la base imposable et le choix du taux approprié, le


calcul de la TVA due nécessite d’opérer les déductions autorisées sur la taxe
ainsi calculée.

Le droit à la déduction est généralisé à l’ensemble des dépenses engagées


par l’entreprise pour les besoins de son activité. Cependant, sont exclues du
droit à déduction :

- les biens, produits et services non utilisés pour les besoins de


l'exploitation ;

- les immeubles et locaux non liés à l'exploitation ;

-Les achats et prestations revêtant un caractère de libéralité ;

-Les produits pétroliers non utilisés comme combustibles ;

-Les frais de mission, de réception ou de représentation…

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5. La déclaration de TVA (Art. 108 CGI)

L’imposition des redevables à la TVA s’effectue soit sous le régime de la


déclaration mensuelle, soit sous le régime de la déclaration mensuelle.

a- Régime de déclaration mensuelle

Le régime de la déclaration mensuelle est obligatoire pour :

- les entreprises dont le chiffre d’affaires (HT) de l’année précédente est


supérieur ou égal à 1 000 000 DH.

- Les personnes n’ayant pas d’établissement au Maroc.

En effet, la TVA due du mois M est payable avant le 20 du mois M+1. Pour
les contribuables qui effectuent leur déclaration par procédé électronique doit
effectuer leur paiement avant l’expiration du mois M+1.
b- Régime de déclaration trimestrielle

Le régime de la déclaration trimestriellement est obligatoire pour les


entreprises dont le chiffre d’affaires (HT) de l’année précédente est strictement
inférieur à 1 000 000 DH. Ce régime est appliqué également aux nouveaux
redevables et aux activités saisonnières.

La TVA due concernant un trimestre doit être payée avant le 20 du 1er mois
du trimestre suivant. Pour les contribuables qui effectuent leur déclaration par
procédé électronique, ils doivent effectuer leur paiement avant l’expiration du 1er
mois du trimestre suivant.

II- L’impôt sur les sociétés

L’impôt sur les sociétés (IS) est un impôt direct. Il s’applique


obligatoirement à l’ensemble des produits, bénéfices et revenus des sociétés de
capitaux et autres personnes morales, et par option aux sociétés de personnes (art.
premier CGI).

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A- Champ d’application (de l’article 1 à 7 du CGI)
L’IS vise essentiellement les bénéfices des entreprises constituées sous
forme de sociétés de capitaux qui exercent des activités lucratives sur le territoire
marocain, quelle que soit leur nationalité.

2. Les personnes obligatoirement imposables (Art. 2 CGI)

- Les sociétés de capitaux : les sociétés anonymes (SA) et les sociétés en


commandite par action (SCA).

- Les sociétés à responsabilité limitée (SARL).

- Les sociétés de personnes : les sociétés en nom collectif (SNC) et les sociétés
en commandite simple (SCS), lorsque les associés ne sont pas tous des
personnes physiques.

- Les établissements publics qui exercent une activité industrielle ou


commerciale ainsi que ceux qui fournissent des services.

- Les autres personnes morales (associations, clubs, groupements) à condition


qu’ils se livrent à des activités à but lucratif.

3. Les personnes imposables par option (Art. 2, II CGI)

Il s’agit des sociétés de personnes : les SNC et les SCS qui ne comprenant
que des personnes physiques et les sociétés en participation (S.P)

4. Les personnes exclues du champ d’application (Art. 3 CGI)

- Les sociétés de personnes : les sociétés en nom collectif et les sociétés en


commandite simple constituées au Maroc et ne comprenant que des personnes
physiques et les sociétés en participation (S.P) ;

- Les sociétés de fait ne comprenant que des personnes physiques ;

- Les sociétés immobilières dites transparentes dont l’actif est constitué d’une
seule unité de logement occupé par les membres de la société ou d’un terrain
destiné à la construction.

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- Les Groupements d’Intérêt Economique (GIE) dont le résultat dégagé est
imposé au niveau de ses membres.

B- Base imposable
A ce niveau, il faut distinguer entre le résultat comptable, qui figure sur
les documents de synthèse de l’entreprise (bilan et Compte de Produits et
Charges (CPC)), et le résultat fiscal calculé comme base de l’IS.

L’IS est calculé sur la base du résultat fiscal. Ce dernier s’obtient à partir du
résultat comptable selon les formules ci-après :

Résultat comptable = Produits – Charges

Résultat fiscal = Produits imposables – Charges déductibles

C- Liquidation de l’impôt
L’IS est calculé sur la base du résultat fiscal, cependant son montant ne peut être
inférieur, pour chaque exercice, quel que soit le résultat fiscal à une cotisation
minimale. La cotisation minimale est un minimum d’imposition que les
contribuables sont tenus de verser même en l’absence de bénéfice. Le montant
de la cotisation minimale ne peut être inférieur à 3 000 DH ;

La CM n’est pas dû par les sociétés pendant Les trois premiers exercices suivant
la date du début de leur exploitation.

 Taux de l’IS (Art. 19 CGI)

L’impôt sur les sociétés est calculé en fonction du résultat fiscal imposable
comme suit :IS théorique = (Résultat fiscal x taux) – somme à déduire

1- Taux normal au barème progressif ci-après :

Montant du bénéfice net en dirhams Taux Somme à déduire


- Inférieur ou égal à 300 000 10% -
- De 300 001 à 1 000 000 20% 30 000
- Supérieur à 1 000 000 31% 140 000

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Pour les sociétés exerçant une activité industrielle, à l’exclusion de celles
dont le bénéfice net est égal ou supérieur à cent millions (100 000 000) de dirhams,
le taux du barème de 31% est ramené à 28%.

Au taux de 35 % en ce qui concerne les établissements de crédit et


organismes assimilés, Bank Al Maghreb, la Caisse de Dépôt et de Gestion, et
les entreprises d’assurance et de réassurance.

2. Taux spécifique de l’impôt sur les sociétés est fixé à 15% pour :

• les entreprises qui exercent leurs activités dans les zones d’accélération
industrielle, au-delà de la période de cinq (5) exercices d’exonération.

• pour les sociétés de service ayant le statut "Casablanca Finance City, au-
delà de la période de cinq (5) exercices d’exonération.

D-Le paiement de l’impôt (Art. 170 CGI)


L’IS doit être versé spontanément selon un système d’acomptes trimestriels
avec régularisation, une fois que le résultat de l’exercice est définitivement connu.

1- Acomptes provisionnels

L’impôt sur les sociétés est acquitté sous forme de quatre acomptes
provisionnels dont chacun est égal à 25 % du montant de l’impôt dû au titre de
l’exercice précédent et cela avant l’expiration du 3ème ,6 ème
, 9 ème, 12 ème
mois à
partir du début de l’exercice.

Ce constat peut être illustré comme suit :

1er acompte : 2ème acompte : 3ème acompte : 4ème acompte :


avant le 31/03 avant le 30/06 avant le 30/09 avant le 31/12
Les acomptes provisionnels sont calculés sur la base de l’impôt dû au titre
du dernier exercice clos appelé exercice de référence. Chaque acompte représente
25 % de l’impôt dû de l’exercice de référence comme suit :

Acompte (N) = I.S dû (N-1) × 25%

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2- Régularisation de l’IS

Après la détermination de l’IS dû, on procède à des régularisations. Deux cas


sont à distinguer :

 IS dû > sommes des acomptes : la différence constitue une dette envers


l’Etat. Ce reliquat doit être versé à l’Etat avant le 31 mars de l’exercice
suivant.

 IS dû < somme des acomptes : la différence constitue une créance chez


l’Etat. Cet excédent doit être imputé sur le 1er acompte, et le cas échéant
sur les autres acomptes.

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