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Relations Maroc-UE

Principal partenaire du Maroc, l'Union européenne (UE), union politico-économique sui generis comprenant actuellement 27 États européens, et le Royaume
entretiennent des relations bilatérales fortes qui ont permis de conclure des accords importants. Lesdites relations sont anciennes, continues et empreintes d’un
cachet particulier qui s’explique par différents facteurs : géographique, historique, économique et politique. Elles sont aussi caractérisées par des négociations
intenses voire parfois problématiques.
Les développements qui vont suivre vont permettre d’avoir un aperçu des dates clés de ce partenariat, d’apporter une description chiffrée des échanges,
investissements et programmes d’appui au développement en résultant, de mettre en exergue les principaux facteurs de tensions entre les deux parties avant de
proposer quelques pistes d’amélioration.

I. Un partenariat historique à rythme ascendant, progressif et


ACCORD DE PÊCHE (2019) soutenu
Contribution financière de l’UE de 208 M € sur les 4 années du protocole (48,1 M
€ : 1ère année, 50,4 M € 2ème année et 55,1 M € : 3ème et 4ème année) : Dès son Indépendance, le Maroc a fait le choix de l’ouverture commerciale et
l’arrimage économique à la Communauté Économique Européenne (CEE). Les
 de 37 à 42,4 M € par an du budget de l’UE : entre 19,1 à 21,9 M € par an pour
premières relations ont été portées par l'accord commercial de 1969. Avec le
l’accès à la zone de pêche et un montant de 17,9 à 20,5 M € par an dédié à
dynamisme remarquable qu’ont connu les relations commerciales entre les deux
l’appui du secteur de la pêche (soutenir la Stratégie Halieutis et celle qui lui
parties, le Maroc a souhaité l'extension de l'accord pour intégrer de nouvelles
succèdera, en termes de développement de la pêche artisanale, renforcement de
la commercialisation des produits de la pêche, développement de l'aquaculture,
dimensions. Ainsi a-t-il été conclu en 1976 un nouvel accord commercial, dit «
renforcement de la recherche halieutique et appuis à l’initiative Ceinture Bleue) ;
Accord de coopération », avant que trois protocoles d'adaptation révisant
 de 11,1 à €12,7 M € par an de redevances dues par les armateurs européens (128
l'accord ne soient signés en 1988 (deux protocoles techniques qui incluent dans
navires originaires de 10 Etats membres de l’UE) pour l’exercice de l’activité de
l'accord l'Espagne et le Portugal et un protocole commercial dont l'objectif est de
pêche sur la façade atlantique marocaine
permettre le maintien des exportations agricoles traditionnelles du Maroc vers la
Communauté). Sera, en même temps, signé, un accord de coopération dans le
domaine de la
pêche qui sera renouvelé plusieurs fois. D’une durée de 4 ans, le dernier Accord de
Partenariat dans le domaine de la pêche durable (APPD) et son protocole de mise en ACCORD D’ASSOCIATION
œuvre sont entrés en vigueur le 18 juillet 2019. (Volet commercial)
 Démantèlement immédiat des droits de douane sur les produits
Avec l’évolution de la CEE en UE en 1993 par le Traité de Maastricht, le Maroc a industriels marocains entrant dans l'UE ;
demandé un partenariat plus global. Ceci s’est concrétisé par le Partenariat Euromed, dit  Période de transition de 12 ans (01/03/2012) du côté du Maroc
aussi Processus de Barcelone, qui a été institué en 1995 à Barcelone. Ce Processus a pour éliminer ses droits de douane sur les biens industriels d’origine
débouché sur un Accord d'association signé en 1996 entre le Maroc et l'UE, entré en UE.
vigueur en 2000. Cet accord, qui constitue, à ce jour, la base des relations juridiques entre
les deux parties, promeut le dialogue régulier en matière politique et sécuritaire, favorise la coopération
STATUT AVANCÉ économique, commerciale et financière, et encourage la coopération sociale, culturelle et éducative.

 Renforcement du dialogue et de la coopération La Politique Européenne de Voisinage (PEV) lancée en 2003 est venue compléter et  renforcer ce
sur les plans politique et sécuritaire ; partenariat à travers l’adoption, en juillet 2005, du Plan d’action Voisinage 2005-2010 visant la mise en
 Intégration du Maroc dans le marché intérieur œuvre de l’Accord d’Association. Il s’agit, en effet, de renforcer les relations politiques et économiques
de l’UE via la convergence législative et entre l'UE et ses pays voisins, dont le Maroc, en offrant une aide financière et technique pour
réglementaire ; encourager ces pays à instaurer des sociétés démocratiques, socialement équitables et solidaires, ainsi
 Plus grande implication des entités territoriales,
qu’à promouvoir l’intégration économique et à améliorer la mobilité transfrontalière des
des acteurs économiques et des partenaires
personnes.
sociaux des deux parties dans l’objectif de
promouvoir les synergies entre ces intervenants
Dans cette perspective, les deux parties ont approuvé, lors de la 7ème Session du Conseil d’association en
et de concrétiser l’appropriation commune de ce
octobre 2008, le document conjoint sur le Statut avancé qui a pour vocation de consolider les acquis
partenariat. des relations bilatérales entre le Maroc et l’UE et de promouvoir de nouvelles initiatives ambitieuses et
novatrices. Dans cet esprit, le Maroc et l’UE ont adopté, en 2013, un nouveau Plan d’Action pour la
mise en œuvre du Statut avancé, ambitieux et multidimensionnel qui constitue
une feuille de route de la coopération bilatérale sur la période 2013-2017
(étendue jusqu’à 2020). DEPUIS L’ENTRÉE EN VIGUEUR DE L’ACCORD AGRICOLE EN 2012
 Les exportations marocaines à destination de l’UE ont doublé (2,2x) pour
En 2010, les deux parties ont signé d’une part, un accord sur l'agriculture se situer à 2,5 Md€ en 2020 ;
permettant un degré élevé d'ouverture réciproque (démantèlement des droits de  Les importations en provenance de l’UE ont atteint 2,2 Md€ en 2020, soit
11% des importations globales marocaines depuis l’UE et 1,8x celles
douane) du commerce des produits agricoles, agricoles transformés et de la pêche,
enregistrées en 2012. Le Maroc affiche un surplus de balance
avec des exceptions (contingents tarifaires) pour les produits sensibles de part et
commerciale agricole avec l’UE.
d’autre, et d’autre part, un accord instituant un mécanisme de règlement des
différends de nature
commerciale, en vue de parvenir dans la mesure du possible à une solution mutuellement acceptable
ACCORD DE LIBRE-ECHANGE COMPLET ET en cas de conflits sur la mise en œuvre de l'Accord d'association. Ces deux accords sont entrés en
APPROFONDI vigueur en 2012.
 Approfondissement de la zone de libre échange ;
 Extension à de nouveaux secteurs comme les services Des négociations en vue d'un Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) ont été
et l’investissement ; lancées en 2013 avec l'objectif d’atteindre une intégration plus étroite entre les économies
 Rapprochement règlementaire pour les secteurs européenne et marocaine, notamment dans des secteurs comme les services et l'investissement. Les
prioritaires qui seront choisis d’un commun accord négociations ont été suspendues pendant plusieurs années, toutefois, les deux parties se sont engagées
entre les deus parties. à les relancer suite à l’adoption, lors de la 14 ème réunion du Conseil d'Association UE-Maroc en 2019,
de la Déclaration conjointe pour un partenariat euro-marocain de prospérité partagée. Ce
partenariat s’articule autour de quatre espaces structurants (de convergence des valeurs ; de convergence économique et de cohésion sociale ; de connaissances
partagées ; de concertation politique et de coopération accrue en matière de sécurité) et de deux axes fondamentaux à caractère horizontal concernant d’une
part, la coopération en matière de protection de l’environnement et de lutte contre le changement climatique et d’autre part, la coopération en matière de
mobilité et de migration. Il est à rappeler, concernant ce dernier point, que le Maroc et l’UE ont signé, en 2013, la déclaration conjointe pour un partenariat
pour la mobilité ayant pour objectifs : de mieux gérer la circulation des personnes pour des séjours de courte durée, les migrations régulières et la
migration pour des raisons de travail en tenant compte, pour cette dernière, de la situation du marché de l’emploi des signataires ; de renforcer la
coopération en matière de migrations et de développement, en permettant la valorisation du potentiel de la migration et ses incidences bénéfiques sur le
développement du Maroc et des pays européens ; de lutter contre l'immigration irrégulière, les réseaux de trafic des êtres humains et de traite des
personnes, et de promouvoir une politique efficace en matière de retour et de réadmission dans le respect des droits fondamentaux, de la législation applicable
et de la dignité des personnes concernées ; de respecter les instruments internationaux relatifs à la protection des réfugiés dûment ratifiés.
Enfin, le nouvel agenda pour la Méditerranée adopté par l’UE le 9 février 2021 reprend l’ensemble des priorités que le Maroc et l’UE avaient déjà
identifiées, à savoir : 
 assurer une transition écologique en luttant contre le changement climatique, en protégeant les ressources naturelles, et en promouvant la croissance
verte. L’Union européenne et le Maroc ont lancé en octobre 2022 le premier partenariat vert entre l'UE et un pays partenaire qui détaille leur action
commune sur le climat, l’environnement et l’économie verte ;
 le développement humain, la bonne gouvernance et l’état de droit ;
 la résilience, la prospérité et la transition numérique ;
 faire face ensemble aux défis de la migration, et encourager la mobilité légale et sûre ;
 un plan économique et d’investissement qui identifie certains programmes phares parmi lesquels figure en bonne place le Fonds Mohammed VI pour
l’investissement. Le Fonds européen pour le développement durable (FEDD+) sera mobilisé ainsi que les autres institutions financières européennes
pour contribuer au fonds Mohammed VI.

II. Des relations privilégiées mais sujettes à des tensions


DEPUIS L'ETABLISSEMENT COMPLET DE LA ZONE DE
L'UE est le premier partenaire commercial du Maroc, avec 453,8 MMDH (environ 43 Md€) LIBRE-ECHANGE EN 2012
d'échanges de marchandises en 2021 (incluant 195,1 MMDH d’exportations marocaines vers  +55% d'exportations européennes vers le Maroc ;
l'UE), soit 53% des échanges extérieurs du Maroc. L’UE est à la fois le 1 er fournisseur du  +2x d'exportations marocaines vers l'UE ;
Maroc (49% des importations marocaines en 2021) et son 1 er client (59,4% des exportations  43 Md€ d'échanges de biens Maroc-UE en 2021 (53% des
marocaines en 2021). Le Maroc est également le 1 er partenaire de l'UE dans le voisinage échanges extérieurs du Maroc)
méridional, avec environ 25% du total des échanges de marchandises de l’UE avec la région. En  Le Maroc : 1er exportateur de légumes au monde vers l'UE et 1er
termes d’échanges de services, ceux-ci représentaient, en 2021, 8 Md€ (environ 83,7 MMDH) exportateur de produits agricoles de la Méditerranée du sud
avec un excédent de 1 Md€ (environ 10,4 MMDH) pour le Maroc. vers l'UE ;
 8 Md€ d’échanges de services Maroc-UE en 2021 avec un
Par pays membre de l’UE, les importations du Maroc ont été effectuées, en 2021, excédent de 1 Md€ pour le Maroc.
principalement avec l’Espagne (15,7%), la France (10,7%), l’Italie (5,1%), l’Allemagne
(4,4%) et le Portugal (2,8%). A l’exception de ce dernier pays, le même schéma s’applique aux
exportations du Maroc vers l’UE qui ont été effectuées, notamment avec l’Espagne (21,5%), la France (20,4%), l’Italie (4,3%), l’Allemagne (2,9%) et
les Pays-Bas (2,5%).

La composition de ces échanges en 2021 fait ressortir, pour les importations Maroc-UE, une prédominance des équipements de transport (16%), suivis des
produits énergétiques (13%), des produits agricoles et poissons (9%), des appareils électriques (8%), du textile et habillement (7%), des appareils non
électriques (7%) et autres (40%). Quant aux exportations Maroc-UE, leur composition est dominée à égalité par les équipements de transport (23%) et les
produits agricoles et poissons (23%), suivis des appareils électriques (17%), du textile et habillement (15%) et autres (22%).
Il est à préciser que si les échanges de biens entre et l’UE affichent une tendance haussière au cours des dernières années, à l’exception de 2020 qui a été
marquée par la pandémie Covid-19, la balance commerciale Maroc-UE demeure, en revanche, déficitaire, affichant un commercial négatif de -63.457 MDH en
2021.
Concernant les investissements, il est à signaler que plus de la moitié des investissements directs étrangers (IDE) au Maroc provient de l’UE . Les
entreprises originaires de l'UE sont, en effet, les premiers investisseurs étrangers au Maroc, avec 21,2 Md€ d’encours à fin 2021, 17 Md€ en 2019 et 2020, 17,2
Md€ en 2018, 16 Md€ en 2017, 15 Md€ en 2016, 14,8 Md€ en 2015 et 14 Md€ en 2014.
Il convient également de noter que le Maroc est sorti de la liste grise du GAFI (Groupe d'action financière) le 28 février 2023. Cette décision, qui est le
résultat des efforts considérables du Maroc en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, impactera positivement les
notations souveraines et les notations des banques locales, tout comme elle renforcera l’image du Maroc et son positionnement lors des négociations avec les
institutions financières internationales, ainsi que la confiance des investisseurs étrangers dans l’économie nationale. Le manque à gagner du Maroc en
termes d'IDE pendant qu'il figurait sur la liste grise du GAFI avoisinait les 100 MMDH, un chiffre colossal obtenu sur la base des estimations moyennes
constatées sur une étude du FMI à ce sujet.
Ceci étant dit, il y a fort à penser que le plus grand manque à gagner dans les relations Maroc-UE a, sans nul doute, été engendré principalement par les
nombreuses tensions entre les deux parties :

 10 décembre 2015 : par son arrêt, le Tribunal de l'UE a annulé la décision 2012/497/UE du Conseil de l’UE relative à la mise en œuvre de l'accord sur
l'agriculture sur le territoire du Sahara. L’arrêt a établi que l'accord sur l'agriculture s'appliquait au Sahara, mais que celui-ci ne faisait pas partie du
Maroc, et que ce dernier n'en était pas la puissance administrante ;
 21 décembre 2016 : la  Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a annulé l'arrêt de 2015 et a jugé qu'aucun accord commercial ou d'association avec
le Maroc ne pouvait s'appliquer au territoire du Sahara, ce dernier ne faisant pas partie du Maroc. En conséquence, la CJUE a estimé que le peuple du
Sahara devait être regardé comme étant un «tiers» aux relations UE-Maroc. Dès lors, comme pour tout accord bilatéral, il conviendrait d'obtenir le
consentement exprès de la population du territoire ;
 Février 2018 : la CJUE a statué que, comme le Sahara ne faisait pas partie du Maroc, les eaux adjacentes au territoire du Sahara ne relevaient pas de la
zone de pêche marocaine visée dans l'accord de pêche ;
 Premier trimestre 2019 : le Parlement européen et le Conseil de l’UE ont approuvé la modification de deux protocoles, l'un sur la pêche et l'autre sur
l'agriculture. L'objectif était de favoriser le développement économique du Sahara en traitant ses exportations à destination de l'UE de la même manière
que celles du Maroc ;
 29 septembre 2021 : le Tribunal de l’UE a annulé les décisions du Conseil de l’UE relatives, d’une part, à l’accord entre l’UE et le Maroc modifiant les
préférences tarifaires accordées par l’UE (accord euro-méditerranéen) aux produits d’origine marocaine (28 janvier 2019) ainsi que, d’autre part, à leur
accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable (4 mars 2019). Dans son arrêt, le Tribunal de l'UE considère que dans la mesure où les
accords litigieux s'appliquent explicitement au Sahara ainsi que, en ce qui concerne le second de ces accords, aux eaux adjacentes à celui-ci, ils affectent
le peuple de ce territoire et impliquaient de recueillir son consentement ;
 19 janvier et 16 février 2023 : le Parlement européen a adopté à la majorité des députés deux résolutions défavorables au Maroc. La première, en janvier
2023, appelle au respect de la liberté d’expression et dénonce le sort des journalistes emprisonnés. La seconde, en février 2023, fait état de l’implication
présumée du Maroc dans le scandale de corruption des députés du Parlement européen dans le cadre de l’affaire du Qatar gate.
III. Une reprise encourageante
Malgré ces tensions politiques, les relations économiques entre le Maroc et l’UE ont repris leur cours. Les deux parties ont signé, en mars 2023, cinq
programmes de coopération économique d'une valeur de 500 M€, appuyant les grandes priorités du pays que sont la protection sociale, la transition verte,
la réforme de l'administration publique, la gestion des migrations et l'inclusion financière :
 Appui au Renforcement de la protection sociale : Le programme « KARAMA », d’un montant de 1,43 MMDH (130 M€), soutiendra une réforme
majeure de la protection sociale, qui est l’une des principales priorités du gouvernement marocain. Ce programme appuiera des actions spécifiques
visant à garantir un accès équitable à la CSU, aux allocations familiales, à l’assurance chômage et aux pensions de la population marocaine. Dans le
même temps, le programme renforcera l’assistance sociale et les droits des personnes vulnérables (protection et soins, y compris pour les migrants).
 Appui à la transition verte : Dans le cadre des engagements du Partenariat vert UE-Maroc conclu en octobre 2022, le programme « Terre Verte »,
d’un montant de 1.26 MMDH (115 M€), vise à soutenir les aspects verts, inclusifs et innovants de deux stratégies nationales, en agriculture avec «
Génération verte » et en foresterie avec «Forêts du Maroc», ainsi que l’amélioration de l’emploi décent, de l’entrepreneuriat «vert» et de la couverture
sociale des travailleurs en zone rurale. Ce programme sera mis en œuvre dans quatre régions agro-forestières: Tétouan-Tanger-Al Hoceima, Beni
Mellal- Khenifra, Draa-Tafilalet et l’Oriental. Cela comprend la contribution de 15 M€ déjà versée au Maroc au titre de la Facilité en faveur de
l’alimentation et la résilience 2022.
 Appui à la réforme de l’administration publique : Un programme de 550 MDH (50 M€) renforcera l’accès aux services publics et la qualité de ces
derniers pour les citoyens et les entreprises, en simplifiant et en numérisant les procédures administratives, en renforçant la transparence et le suivi de la
qualité de la prestation des services publics. Ce programme contribuera également à décentraliser les services administratifs, en rapprochant
l’administration des citoyens et des entreprises. Enfin, il soutiendra le développement de services d’administration en ligne (e-administration).
 Appui à la gestion des migrations : Un programme global de 1.67 MMDH (152 M€) sur les migrations renforcera la gestion des frontières du Maroc
ainsi que l’intégration des migrants et des réfugiés, conformément à la Stratégie nationale d’immigration et d’asile (SNIA) adoptée en 2014. Ce
programme soutiendra des actions dans les domaines de la lutte contre les réseaux de passeurs et la protection des réfugiés et des migrants, ainsi que du
retour volontaire et de la réintégration des migrants dans leur pays d’origine, conformément aux normes internationales en matière de droits de
l’homme.
 Appui au Renforcement de l’inclusion financière : Un programme de 561 MDH (51 M€) appuiera la Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF).
Cette stratégie vise à accroître l’accès au financement pour les TPME et les start-ups et cible en particulier les populations vulnérables telles que les
jeunes, les femmes et les personnes qui vivent dans les zones rurales.
Par ailleurs, des programmes supplémentaires ont été adoptés en 2022 et doivent encore faire l’objet, dans les prochains mois, d’une signature avec le Maroc,
pour un montant supplémentaire global de 1.4 MMDH (126 M€). Ils comprennent :
 un programme de 550 MDH (50 M€) intitulé « Energie verte», qui vise à stimuler l’écologisation de l’économie marocaine et de son secteur
énergétique, en appuyant l’achèvement des réformes réglementaires en vue d’un marché de l’électricité plus ouvert et plus flexible et en vue de
l’autoproduction, en renforçant l’intégration avec le marché européen de l’électricité et en améliorant la gouvernance du marché de l’électricité,
conformément aux engagements pris dans le cadre du partenariat vert UE-Maroc.
 un programme de 506 MDH (46 M€) sur l’enseignement supérieur pour appuyer le Plan marocain d'accélération de la transformation de l'écosystème
d'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation (Pacte ESRI). Ce programme apportera des opportunités aux étudiants,
diplômés, chercheurs et enseignants. Par ailleurs, il vise à renforcer le rôle des universités marocaines dans le développement socio-économique des
territoires, en relevant le défi de compétitivité structurelle afin d’intégrer les entreprises marocaines dans les chaînes de valeur mondiales.
 un programme de 110 MDH (10 M€) pour appuyer les industries culturelles et créatives au Maroc et la création d’emplois pour les jeunes dans ce
secteur. Une partie de ce programme sera également consacrée à la protection du patrimoine juif marocain.
 un programme de 110 MDH (10 M€) dédié à la justice en appui à la réforme menée par le Maroc et inscrite dans la Charte de la réforme de la justice
(2013). L’objectif est de renforcer l’état de droit en appuyant l’indépendance des institutions judiciaires, favoriser leur efficience et leur efficacité et
développer l’accessibilité des citoyens en améliorant la qualité des procédures judiciaires.
 le Maroc bénéficiera du projet de connectivité numérique transméditerranéenne « MEDUSA », un système de câbles sous-marins avec 16 points
d’atterrissage interconnectant quatre pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie et Égypte) avec cinq pays européens (Portugal, Espagne, France,
Italie et Chypre). Le nouveau système, soutenu dans le cadre du Plan économique et d’investissement pour le sud de la Méditerranée grâce à une
subvention de l’UE s’élevant à 440 MDH (40 M€), devrait être opérationnel d’ici 2026.
Il est à rappeler que le 9 février 2021, un nouvel agenda pour la Méditerranée a été adopté par la Commission européenne, puis approuvé par le Conseil
européen afin de relancer et renforcer le partenariat de l’UE avec la région. Cet agenda est assorti d’un plan économique et d’investissement qui devrait
mobiliser jusqu’à 95 MMDH (8,7 Md€) d’investissements au Maroc d’ici 2027. Cela comprend 17 MMDH (1,6 Md€) de subventions provenant du budget
de l’UE. Cette dernière soutient les investissements du Maroc dans le cadre de la Plateforme d’investissement pour le voisinage et, plus récemment, du Fonds
Européen de Développement Durable (FEDD+). Elle a notamment contribué au financement d’infrastructures clés dans les secteurs de l’énergie, de l’eau et
des transports, en coopération avec les institutions financières européennes (BEI, BERD, AFD, KfW).
Il importe de souligner, néanmoins, que si le Maroc est, après la Tunisie, le pays nord africain bénéficiant le plus des programmes d’appui au développement
de l'UE (25,2 %), la Cour des comptes européenne a relevé, dans son rapport spécial de 2019, que la valeur ajoutée de ces programmes et leur capacité à
soutenir les réformes ont été faibles, en raison de manquements de la part de la délégation de l'UE  : manque de ciblage, conception de nombreux indicateurs
non axés sur les effets et ne permettant pas de mesurer la performance, absence d’une approche structurée du dialogue sectoriel, prévoyant de fixer des
objectifs clairs, d'interagir fréquemment avec les autorités marocaines et de prendre acte des progrès accomplis, suivi non rigoureux de l'état d'avancement,
versement de fonds alors que les objectifs n'étaient pas atteints,…
IV. Quelques pistes d’amélioration
Au vu de ce qui précède, et pour renforcer les fondations du partenariat Maroc-UE, les pistes d’amélioration suivantes sont proposées :
1) accélérer la mise en place de l’ALECA : Cet accord constitue une opportunité économique majeure pour le Maroc. En effet, selon une étude d’impact
réalisée par le cabinet néerlandais Ecorys fin 2012 et financée par la Commission européenne, le futur accord que négocient le Maroc et l'UE n'aura
pratiquement pas d’effet économique pour cette dernière : 830 M€ à court terme, soit ramené au PIB de l'Union (plus de 11 000 Md€ fin 2012), une goûte
d’eau imperceptible, que Ecorys chiffre en pourcentage à 0%. Pour le Maroc, dont le PIB est d'environ 88 Md€ fin 2012, l'effet est bien sûr plus marqué :
1,3 point de PIB à court terme (soit 1,1 Md€ de PIB additionnel) et même 1,6 point de PIB à long terme ;
2) surmonter les difficultés pointées par les rapports de suivi de la Commission Européenne, notamment dans la lutte contre la corruption, la situation des
droits de l’Homme et la réforme de la Justice ;
3) adopter une approche structurée du dialogue sectoriel : Le dialogue sectoriel est l’une des principales composantes des contrats d'appui budgétaire,
avec le transfert de fonds, l'évaluation de la performance   et le renforcement des capacités. Il est censé contribuer à la réalisation des objectifs des
programmes d'appui budgétaire. A ce titre, malgré la suspension du dialogue politique, la délégation de l'UE doit, non seulement, poursuivre le
dialogue sectoriel avec les autorités marocaines, mais également et surtout, l’asseoir sur une stratégie formalisée assortie d'objectifs clairs et permettant
de prendre acte des progrès accomplis ;
4) améliorer, par les soins de la délégation de l'UE, la conception des indicateurs, les procédures de suivi des opérations d’appui budgétaire ainsi que les
procédures de vérification avant décaissement.

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