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L’intégration des PME en bourse

L’objectif ultime de toute entreprise, quel que soit son secteur d’activité ou son champ d’action, est la croissance de ses richesses. Or, à
l’heure de la mondialisation et de l’ouverture des frontières, dans un marché caractérisé par une concurrence accrue où il faut sans cesse
conquérir de nouvelles parts de marché, cet objectif se heurte souvent à l’insuffisance des fonds propres, nécessaires à la mise en œuvre des
stratégies de développement de l’entreprise.

Au Maroc, cette insuffisance concerne surtout les PME qui représentent plus de 95% du tissu économique mais qui, pourtant, ont des
difficultés à accéder au financement de leur développement.

L’introduction en bourse constitue en cela une réelle opportunité de par les multiples avantages qu’elle offre dont notamment, la
diversification des sources de financement, l’obtention d’un label de leadership et le renforcement de la notoriété, la valorisation des
ressources humaines (possibilité de devenir actionnaires), la satisfaction des actionnaires (valorisation du patrimoine et liquidité du capital),
la pérennisation et la sauvegarde du contrôle des entreprises, le bénéfice d’exonérations fiscales, etc.

Dans ce cadre, et dans l’objectif de faciliter l’accès au financement aux PME, un marché adapté aux caractéristiques de ces entreprises, dit
Marché alternatif, a été introduit par la loi n°19-14 relative à la Bourse des valeurs, aux sociétés de bourse et aux conseillers en
investissement financier et opérationnalisé fin 2019, par l’adoption du nouveau règlement général de la bourse des valeurs.

De même, afin d’encourager les PME à cibler ce marché alternatif, l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), la Bourse de
Casablanca, Maroclear et l’Association Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB) ont procédé, en 2021, à la signature d’un protocole
d’accord prévoyant le lancement d’une offre intégrée dite « Offre PME » permettant de faciliter l’accès au financement par le marché des
capitaux à cette catégorie d’entreprises, et plus particulièrement celles souhaitant s’introduire en bourse sur le nouveau Marché Alternatif de
la Bourse de Casablanca.

Ceci étant dit, les questions qui se posent sont les suivantes :

- Quelles sont les caractéristiques du marché Alternatif et quels en sont les avantages ?
- Comment l’Offre PME » permet-elle de faciliter l’accès au financement par le marché des capitaux à cette catégorie d’entreprises,
et plus particulièrement, par le Marché Alternatif de la Bourse de Casablanca ?

Afin de répondre à ces questions, il s’agira d’aborder en premier lieu, le marché alternatif dédié aux PME (I) avant de s’attarder en second
lieu, sur l’offre PME (II).

I) Un marché alternatif dédié aux PME

Afin de faciliter l’accès au financement aux PME, un marché adapté aux caractéristiques de ces entreprises, dit Marché alternatif, a été
introduit par la loi n°19-14 de 2016 et opérationnalisé fin 2019, par l’adoption du nouveau règlement général de la bourse des valeurs. Il est
dédié exclusivement à la négociation des instruments financiers émis par les PME et ce, via trois compartiments (A). A noter également qu’il
bénéficie de règles de fonctionnement allégées (B).

A) Un marché comprenant trois compartiments

Le marché alternatif comprend trois compartiments : « Alternatif A », « Alternatif B » et « Alternatif C » :

- le compartiment « Alternatif A » est destiné à la négociation des titres de capital émis par les PME ;
- le compartiment « Alternatif B » est destiné à la négociation des titres de créance émis par les PME ;
- le compartiment « Alternatif C » est destiné à la négociation des titres de capital et des titres de créance émis par les PME,
réservée aux investisseurs qualifiés

Ce dernier compartiment réservé aux investisseurs qualifiés a été introduit, aussi bien au niveau du Marché principal que du Marché
alternatif, par le nouveau règlement général de la Bourse des valeurs. Il vise à accueillir des instruments financiers qui nécessitent des
compétences et des moyens adaptés permettant d’en appréhender les risques inhérents.

B) Des règles de fonctionnement allégées

Concernant le Marché alternatif et ses différentes composantes, l’allégement des règles de fonctionnement concerne aussi bien les conditions
d’admission à la cote, que certaines obligations continues incombant à la PME, notamment en termes de gouvernance et de diffusion
d’informations financières.

En effet, étant donné que ce nouveau marché cible l’ensemble des PME susceptibles de venir se financer sur la Bourse, il était important de
fixer des conditions de taille adaptées et favorisant leur éligibilité à ce marché. Ainsi, est-il suffisant de remplir uniquement l’une des trois
conditions suivantes pour y être éligible :

- avoir employé, pendant les six derniers mois, des salariés dont le nombre moyen est inférieur à 300 personnes ;
- avoir un total bilan ne dépassant pas 200 millions de dirhams au titre du dernier exercice précédant la date de dépôt de la demande
d’admission de ses titres ;
- avoir un chiffre d’affaires ne dépassant pas 500 millions de dirhams au titre du dernier exercice précédant la date de dépôt de la
demande d’admission de ses titres.

De même, les autres conditions d’accès au Marché alternatif sont moins exigeantes que celles prévues pour le Marché principal. Ainsi, à titre
de comparaison, la PME peut :
- faire admettre à la cote des titres de capital représentant un minimum de 5 millions de dirhams, alors que sur le Marché principal
le minimum à diffuser dans le public démarre à partir de 100 millions de dirhams ;
- disposer d’un seul exercice certifié de ses états de synthèse, alors que sur le Marché principal, trois exercices certifiés sont
exigés ;
- faire admettre à la cote des titres de créance représentant un minimum de 20 millions de dirhams, contre un minimum de 100
millions de dirhams sur le Marché principal.

En outre, la PME cotée sur le Marché alternatif bénéficie d’un régime simplifié en termes d’obligations d’information. A ce titre, elle dispose
de plusieurs allégements tels que :

- une dispense de publication des indicateurs d’activité et financiers trimestriels ;


- un délai supplémentaire d’un mois pour la publication du rapport financier annuel ;
- une dispense de publication des informations relatives aux aspects environnementaux et sociaux incluses dans le rapport annuel
ESG (Environnement, Social et Gouvernance), etc.

Enfin, la PME a la possibilité de nommer un seul administrateur indépendant au niveau de son Comité d’audit au lieu d’un minimum de deux
pour les sociétés cotées sur le Marché Principal.

II) L’offre PME : une offre intégrée facilitant l’accès des PME au marché alternatif

Pour encourager les PME à cibler le marché alternatif, l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), la Bourse de Casablanca,
Maroclear et l’Association Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB) ont procédé, en 2021, à la signature d’un protocole d’accord
prévoyant le lancement d’une offre intégrée dite « Offre PME » permettant de faciliter l’accès au financement par le marché des capitaux à
cette catégorie d’entreprises, et plus particulièrement celles souhaitant s’introduire en bourse sur le nouveau Marché Alternatif de la Bourse
de Casablanca. Ladite offre repose sur trois composantes (A) et fait l’objet de suivi et de développement par une commission mixte (B).

A) Les composantes de l’offre PME

L’offre dédiée aux PME se décline en trois composantes essentielles, censées lever les entraves auxquelles sont confrontées les PME qui
souhaitent se financer via le marché des capitaux :

- L’instauration d’une tarification plus avantageuse grâce à une réduction de 50% des commissions d’introduction au Marché
Alternatif de la Bourse de Casablanca appliquées par chacune des parties.

- L’optimisation des procédures d’accès au marché, notamment à travers l’instauration d’un guichet unique pour la centralisation et
la coordination des démarches à effectuer auprès de l’AMMC, de la Bourse de Casablanca et de Maroclear.

- La mise en place d’un dispositif de formation et d’accompagnement au profit des PME envisageant de lever des financements sur
le marché.

B) Une commission mixte chargée du suivi et du développement de l’offre PME

Le protocole d’accord visant à faciliter l’accès des Petites et Moyennes Entreprises (PME) au marché boursier, prévoit également la création
d’une commission mixte qui assurera le suivi et le développement de cette offre PME, notamment en y associant d’autres partenaires et
parties prenantes suscept

Le principal défi consiste maintenant à mobiliser l’ensemble de l’écosystème et les


parties prenantes pour atteindre ces objectifs. Il s’agit en l’occurrence des pouvoirs
publics et des principaux prescripteurs que sont les banques et les commissaires aux
comptes. «Nous ne sommes pas dans une logique revendicative. Mais le développement
du financement par le marché des capitaux est une cause nationale», conclut Tarik
Senhaji, en se référant aux objectifs du nouveau modèle de développement qui ont placé
le marché boursier au cœur du financement de l’économie à horizon 2035. ibles d’y contribuer.

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