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Lutte contre la désertification

 Définition et causes

Si la désertification a fait l’objet de plusieurs définitions, il faut en retenir que ce phénomène a été d’abord perçu, par le public comme une avancée
du désert, avant de réaliser que l’action humaine sur les ressources est la principale des causes de dégradation des terres.

A l’issue de la conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement Durable tenue à Rio en 1992, la désertification a été définie
comme étant « la dégradation des sols dans les régions arides, semi-arides et subhumides sèches, par suite de divers facteurs comprenant les
variations du climat et les activités humaines ».

Au Maroc, ce phénomène affecte de grandes étendues et est d’autant plus prononcé que le climat est aride (concerne près de 93 % du territoire
national) avec des cycles de plus en plus longs de sécheresse et que les sols sont pauvres et très vulnérables à l’érosion. S’ajoute à cela la
dégradation continue du couvert végétal constamment sollicité pour la satisfaction des besoins des populations en terres de culture, en bois et en
ressources fourragères pour le cheptel (animaux d'élevage).

Ces facteurs engendrent la pauvreté et la fragilité des sols dues, essentiellement, à leur faible teneur en matière organique et à des utilisations
incompatibles avec le principe de leur conservation et une pression démographique de plus en plus forte.

 Efforts de lutte du Maroc

Devant la situation du phénomène de désertification et de ses répercussions tant socio-économiques qu’environnementales, le Maroc a, depuis
longtemps, initié des efforts de lutte pour infléchir la tendance de ce phénomène et d’en atténuer l’ampleur notamment par :

- des réalisations physiques en matière de mobilisation d’eau, de mise en valeur des terres agricoles, d’aménagement de parcours et de
conservation et développement des ressources forestières.

 La mobilisation de l’eau a connu au Maroc un grand éclat. En effet, la construction d’une centaine de barrages permet la
mobilisation de plus de 16 milliards de m3 destinés à l’irrigation, à l’alimentation en eau potable et la production d’énergie
hydroélectrique.
 Pour le développement de l’agriculture, une superficie de 880.000 ha est actuellement aménagée et irriguée. Par ailleurs, la mise en
œuvre de 17 projets intégrés et d’une trentaine de projets de mise en valeur des terres bour (zones d'agriculture pluviale) vise
l’amélioration des conditions de vie des populations concernées.
 En matière de parcours, le programme d’aménagement et de mise en valeur pastorale entamé à partir des années 1970 a permis
l’identification et l’amélioration de plusieurs périmètres pastoraux et la constitution de plusieurs coopératives et groupements dans
les différentes zones pastorales.
 Pour le secteur forestier, la politique poursuivie vise la conservation et le développement durable des ressources forestières. Les
réalisations ont porté sur la délimitation de près de 5.000.000 ha de forêts et plusieurs milliers d’ha de nappes alfatières,
l’aménagement de près de 4.000.000 ha de forêts et de 2.300.000 ha de nappes alfatières, le reboisement de près de 530.000 ha,
l’aménagement des bassins versants sur une superficie de près de 530.000 ha, la lutte contre l’ensablement sur près de 34.000 ha
et la création de 10 Parcs Nationaux et de plusieurs réserves biologiques et de chasse en vue de sauvegarder le patrimoine
faunistique et floristique du pays.

- la Planification sectorielle

Plusieurs plans, stratégies et programmes ont vu le jour récemment après le sommet de Rio (1992) sur la terre, l’environnement et le
développement durable. Le processus de leur élaboration a donné lieu à une réflexion approfondie et holistique sur le diagnostic de la situation
actuelle, l’identification des contraintes, et la définition d’une nouvelle approche de développement.

Certains de ces plans, stratégies et programmes ont une portée sectorielle clairement affichée et d’autres visent plutôt une mission horizontale de
développement intégré. Une troisième catégorie regroupe des programmes transversaux s’inscrivant dans le cadre d’une politique de résorption du
retard dans les domaines sociaux et donnant un contenu concret aux politiques de lutte contre la pauvreté.

La concrétisation de cette stratégie globale devait être basée sur l’amélioration du niveau de vie des populations par la mise en œuvre des projets
de développement agricoles intégrés, la mobilisation des ressources en eau de surface à travers l’édification de barrages et lacs collinaires,
l’aménagement et l’amélioration des parcours, la lutte contre l’érosion hydrique et éolienne (ensablement), la conduite des actions en mesure de
permettre une meilleure conservation des forêts et la création de parcs nationaux et des réserves biologiques.

Parmi les plans et stratégies en question on peut citer :

 la politique de l’eau fixant la mobilisation des ressources en eau comme prioritaire ;


 le Programme National d’Irrigation (PNI) visant l’irrigation de 1.200.000 ha ;
 la stratégie de mise en valeur des terres bour visant le développement agricole, notamment dans les zones marginales ;
 la stratégie de parcours permettant l’amélioration pastorale et l’organisation des parcours collectifs ;
 le Programme Forestier National (PFN) qui a tracé la stratégie permettant la sauvegarde et le développement du secteur forestier. Celui ci
s’est basé sur des études sous sectorielles à savoir le Plan Directeur des Aires Protégées, le Plan Directeur des Reboisements, le Plan
National d’Aménagement des Bassins Versants et les études locales d’aménagement des forêts ;
 la stratégie 2020 de Développement Rural qui propose l’adoption d’une approche avec différents niveaux de cohérence territoriale pour
permettre d’associer les populations locales aux décisions touchant aux priorités, aux méthodes de réalisation des programmes et aux
conditions de leur réalisation.

- le Programme d'Action National de Lutte Contre la Désertification (PAN-LCD)

Pour honorer ses engagements vis à vis de la communauté internationale notamment vis-à-vis de la Convention des Nations Unies sur la Lutte
Contre la Désertification (CCD) ratifiée en 1996, le Maroc a été incité à adopter un Programme d'Action National de Lutte Contre le Désertification
(PAN-LCD) en juin 2001 et à renforcer les efforts et la mobilisation des moyens pour la lutte contre la désertification, tout en intégrant les
stratégies d'éradication de la pauvreté dans les efforts de lutte contre la désertification.

L'option retenue par le PAN-LCD est de privilégier les mesures susceptibles de compléter les programmes sectoriels existants, de catalyser leur
mise en œuvre et de promouvoir une véritable dynamique de développement rural basée sur l'intégration, la territorialisation, le partenariat et
l'approche participative.

 Actions préconisées

Le PAN-LCD est conçu dans la perspective de promouvoir une solide articulation et une synergie entre les programmes sectoriels à travers des
actions impulsées en amont ou en aval dans les domaines suivants:

 Appui et accompagnement du processus de LCD : renforcement de l'environnement politique, législatif et institutionnel ainsi que des
capacités des acteurs.
 Appui aux initiatives génératrices des revenus : expérimentation de nouveaux modèles de développement participatif et développement
du micro crédit pour le financement de l'investissement local.
 Actions de LCD et d'atténuation des effets de la sécheresse : développement intégré de zones forestières et péri forestières pilotes, la
création des forêts villageoises et des rideaux de brise-vents ainsi que la promotion de la collecte des eaux pluviales et des énergies
renouvelables.
 Renforcement des connaissances et des systèmes d'observations : inventaire des ressources naturelles, renforcement du réseau de
surveillance écologique, mise en place d'un observatoire de la sécheresse et suivi-évaluation d'impacts des programmes.

 Etat de mise en œuvre du PAN-LCD

- Sur le plan institutionnel

L’Agence nationale des eaux et forêts, qui a remplacé, en 2021, le Haut commissariat des eux et forêts, est un établissement public doté de la
personnalité morale et de l’autonomie financière. Elle est placée sous la tutelle de l’Etat et est également soumise à son contrôle financier.

L’Agence est chargée de la mise en œuvre des orientations stratégiques de la politique de l’Etat dans les domaines de la protection, de la
conservation, de la mise en valeur et du développement durable du patrimoine national forestier et de ses ressources, ainsi qu’en matière de lutte
contre la désertification, de création et d’administration des aires protégées, notamment les parcs nationaux, de gestion des ressources
cynégétiques, de la pêche et de l’aquaculture continentales et de conservation de flore et faune sauvages et des espèces menacées d’extinction.

A cet effet, elle :

 participe au processus de préparation, de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation de la politique gouvernementale en matière de
conservation des eaux et des sols et de lutte contre la désertification ;
 élabore des plans d’actions annuels et pluriannuels pour la mise en œuvre de la stratégie forestière et des aires protégées, et en assure
l’exécution, le suivi et l’évaluation ;
 mène toute action relative à l’aménagement, au développement et à l’extension des forêts sur les terres relevant du domaine forestier
de l’Etat et celles à vocation forestière ;
 met en place un modèle de gestion intégrée, inclusive et durable des ressources forestières et d’un mode de partenariat adapté, basé sur
la mise à contribution des usagers et l’organisation de leur participation ;
 assure, en coordination avec les autorités compétentes et les organismes concernés, la veille, la surveillance et la protection des forêts
contre les incendies et les menaces sanitaires et phytosanitaires ;
 coordonne l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’aménagement des bassins versants, sans préjudice des attributions dévolues aux
Agences des bassins hydrauliques, ainsi que des programmes de conservation des eaux et des sols et de lutte contre la désertification et
en assure le suivi et l’évaluation.
 veiller à l’application des législations et règlementations relatives au domaine forestier, notamment à sa délimitation, à la transhumance
sylvopastorale, à la chasse, à la pêche et à l’aquaculture continentales, à la protection des espèces de flore et de faune sauvages ainsi
qu’aux aires protégées. A cet effet, l’Agence assure la délivrance au niveau central et territorial, si nécessaire, des autorisations, des
amodiations, des agréments, en contrôle les conditions d’utilisation par leurs titulaires et mène toute action visant la répression des
infractions y relatives ;
 présenter au gouvernement toute proposition, recommandation ou projet de texte législatif ou règlementaire entrant dans ses domaines
de compétence ;
 donner son avis sur les projets de textes législatifs ou réglementaires en relation avec ses domaines de compétence et de manière
générale, sur toute question dont elle est saisie par le gouvernement en relation avec ses missions ;
 encourager et soutenir l’organisation des professionnels œuvrant dans les domaines de compétence de l’Agence ;
 procéder à l’évaluation périodique des ressources forestières ;
 élaborer un inventaire national forestier et en assurer sa mise à jour…..

Pour la réalisation de ses missions, l’Agence peut : conclure tout contrat ou convention de partenariat avec l’Etat, les collectivités territoriales et
toute personne publique ou privée nationale ou internationale ; déléguer, sous son contrôle, la réalisation de certaines activités entrant dans ses
domaines de compétence à des organismes publics ou à des personnes morales de droit privé qu’elle agrée à cet effet, selon les modalités fixées par
voie règlementaire ; prendre des participations dans des entreprises publiques ou privées exerçant des activités en lien avec ses missions ou créer
des filiales visant l’exploitation et la gestion des aires protégées et des jardins zoologiques et la production ou la commercialisation des produits ou
services, et ce, conformément à la législation et la réglementation en vigueur ; concéder, conformément à la législation et la réglementation en
vigueur, la gestion totale ou partielle des aires protégées, notamment les parcs nationaux, ainsi que des jardins zoologiques,…

- Au niveau du partenariat

En ce qui concerne la concertation avec les partenaires au développement, elle a abouti à la désignation de deux chefs de file à savoir le PNUD
pour les partenaires multilatéraux et l'Allemagne pour les bilatéraux. Leur mission serait d'appuyer le Maroc dans la recherche et la mobilisation des
appuis (notamment financiers) pour la mise en œuvre du PAN.
Le PNUD apporte également son appui à la lutte contre la désertification dans le cadre du Programme d'Appui à la Lutte contre la Pauvreté Rurale,
la Désertification et les Effets de la Sécheresse (PAL-PDS), dont l'objectif principal est l'opérationnalisation des principes de la Stratégie 2020 de
Développement Rural. Le coût total du programme est de 3.310.000 dollars dont 2.625.000 dollars à la charge de la partie nationale, supportée par
l'Agence du Développement Social, l''Agence pour la promotion et le développement économique et social des préfectures et provinces du Nord, le
Ministère de l'Agriculture, de la Pêche Maritime du Développement Rural et des Eaux et Forêts  et l’Agence nationale des eaux et forêts.

La République Fédérale d'Allemagne apporte son appui pour la mise en œuvre du Projet d'appui à la mise en œuvre du PAN-LCD sur une période
de six ans (2003-2008) pour le Renforcement des mécanismes de coordination aux différents niveaux pour la mise en œuvre du PAN et
l'opérationnalisation des principes de participation, d'intégration et de partenariat au niveau d'une région pilote (SMD).

Le Mécanisme Mondial de la CCD a apporté son soutien pour l'identification de portefeuille de projets prioritaire (validé en septembre 2004) qui a
été présenté aux partenaires au développement pour des engagements éventuels. Certains projets prioritaires ont déjà été financés et d'autres sont
en cours de discussion. Ces projets ont été affinés sur une base thématique et spatiale et ont été présentés en 2007 lors d'un atelier de
renforcement de partenariat pour la mise en œuvre du PAN-LCD.

L'union Européenne appui le Maroc à travers l'Observatoire du Sahara et du Sahel dans le cadre d'un projet de suivi environnemental et d'alerte
précoce de la sécheresse (projet régional).

Le Fonds international de développement agricole -ONUDI et le Fonds pour l'Environnement Mondial soutiennent le Maroc à travers le projet de
lutte contre la désertification dans les écosystèmes arides et semi-arides dans les hauts plateaux de l'oriental. D'autres projets en rapport avec la
lutte contre la désertification et les effets de la sécheresse sont menés avec l'appui de la coopération technique.

- En matière de circulation de l'information

En ce qui concerne la circulation d'information et le suivi de la désertification (www.scid.ma) ainsi que les outils de suivi-évaluation du PAN, des
impacts des projets sur les ressources naturelles et d'observation touchant aux différents écosystèmes sont initiés avec l'appui de l'Observatoire du
Sahara et du Sahel (OSS). Cette institution porte un appui également à la définition des indicateurs de suivi de la désertification et de mise en
œuvre du PAN. Sur un autre plan, le Maroc dispose de trois sites labellisés dans le cadre de projet ROSELT, qui pourraient servir pour le test
d'indicateurs de suivi évaluation de la désertification et de l'impact des projets de la lutte contre la désertification.

- Concernant l’implication de la société civile

Dans le cadre du renforcement de l'implication de la société civile marocaine dans la mise en œuvre du Programme d'Action National de Lutte
Contre la Désertification, un relais RIOD a été constitué avec désignation de l'association ENDA- Maghreb comme point focal de ce réseau. Celui-ci
a engagé un processus de réflexion avec l'appui du mécanisme mondial sur les formes de contribution et le rôle des ONG dans le domaine de la
lutte contre la désertification. A cet effet, deux ateliers régionaux (Figuig - Marrakech) et un atelier national (Rabat) ont été organisé pour:

 Partager avec les associations, les objectifs et les composantes du PAN-LCD élaboré dans le cadre de la CCD
 Mieux comprendre les problématiques environnementales rencontrées au niveau des zones arides et semi-arides notamment la
problématique de la désertification
 Stimuler l'échange autour des solutions à mettre en place
 Susciter la réflexion des associations quant au rôle qu'elles pourraient jouer en matière de LCD et les engager dans l'identification d'idées
de projets

 Actualisation du PANLCD

Suite à l’évolution des contextes aussi bien au niveau national qu’à l’échelle internationale, et notamment en ce qui concerne la Stratégie décennale
pour le renforcement de la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, le Haut Commissariat aux Eaux
et Forêts et à la Lutte contre la Désertification (actuellement ANEF) a initié, depuis 2010, une réflexion sur l’actualisation du PANLCD.

Cette actualisation vise l’adaptation du PANLCD aux spécificités zonales et l’opérationnalisation du système de suivi-évaluation tout au long du
processus de sa mise en œuvre.

L’actualisation du PANLCD pour tenir compte des spécificités des zones et afin d’opérationnaliser son système de suivi-évaluation (SSE)
décentralisé s’est déroulée en deux grandes phases dont chacune a connu plusieurs étapes :

- La première phase consacrée à l’Adaptation du PANLCD aux spécificités zonales s’est attelée d’abord à définir un zonage spécifique pour
la lutte contre la désertification et un diagnostic de la situation actuelle selon une analyse SWOT/DPSIR par zone homogène définie du
point de vue biophysique, climat, social et type de problématique de désertification (cartes thématiques clés) en vue d’assurer
l’intégration des actions au niveau de ces écosystèmes afin de permettre un suivi régulier à travers un minimum d’indicateurs spécifiques
pertinents, puis à l’élaboration d’outils d’aide à la décision (cartes des états érosifs des sols par l’eau et par le vent, carte de surpâturage,
carte de sensibilité à la désertification) permettant de fixer les objectifs stratégiques et éléments de programmes opérationnels par zone
homogène selon les moyens prévisibles sur 10 années.
- La seconde phase, réservée à l’opérationnalisation du système de suivi-évaluation, est basée sur des observatoires représentatifs des
différentes situations de dégradation des terres et sur une grille d’indicateurs à renseigner régulièrement pour rendre compte des
évolutions intervenues.
 Perspectives d'avenir
 Pour une mobilisation et une gestion adéquate des ressources financières

Le développement d'approches nouvelles et novatrices pour mobiliser et acheminer les ressources nécessaires au financement des activités de lutte
contre la désertification doit s'appuyer sur des mécanismes qui associent la question des ressources financières à celles de la participation. Dans un
premier temps et en attendant la mise en place d'un mécanisme de financement spécifique adapté, le support budgétaire des opérations financées
par l'Etat, devra être assuré par le Fonds de Développement Rural (FDR).

L'insertion du PAN dans le plan de développement économique et social, selon une morasse budgétaire précisant les composantes relevant de
chaque département et partenaire, concernés devra être prise en considération.

 Asseoir un système de suivi-évaluation du PAN

Le suivi de l'impact des actions du PAN sur l'état des ressources naturelles doit être assuré en permanence pour alimenter, en données, le tableau
de bord qui fournit des éléments objectifs permettant de décider, en connaissance de cause et en temps utile, des modifications et des
amendements à apporter au programme.

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