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Université Sidi Mohamed Ben Abdellah

Faculté des Lettres et Sciences Humaines Saïs-Fès


Département de Géographie
Filière de Géographie

Cours pour les étudiants S6

Aménagement des bassins versants et gestion


des ressources en eau

Pr Khalid OBDA
Concepts et définitions
Le territoire
P. George et F Verger: le territoire est un espace
géographique qualifié par une appartenance juridique
(territoire national), une spécificité naturelle (territoire
montagneux) ou culturelle (territoire linguistique).
Un territoire implique l'existence de frontières ou de
limites, Ex. un territoire politique ou une subdivision
administrative sont délimités par une frontière alors
qu'un territoire naturel est circonscrit par une limite
naturelle non juridique.
Un territoire est un espace qui appartient à un groupe
humain qui le défend contre les autres hors les frontières.
Le territoire national, le territoire régional, le territoire
communal, le territoire tribal qui commence à disparaitre
au profit des précédents.
Le territoire hydraulique est un espace d’offre et de la
demande qui varie dans le temps, il nait, se développe, se
rétracte, meurt, et peut renaitre de nouveau.
Le territoire hydrologique correspond à l’unité
révérencielle de l’analyse hydrologique à savoir le bassin
versant qui est un espace drainé par un cours d’eau et ses
affluents, il est délimité par la ligne des partages des
eaux. Mais il existe dans la nature des bassins versants
réels différents du précédents car les eaux peuvent venir
du ou des bassins versants voisins ou échapper vers ces
derniers via un réseau de circulation souterraine.

Ci-dessous le bassin versant de l’oued Fès comme


exemple du bassin versant topographique.

2
BV de l’oued Fès

3
Bassin versant topographique de l’oued Mellah affluent de l’oued Fès

4
Bassin versant de l’oued Sebou avec la répartition pluviométrique

Il existe aussi des unités hydrologiques élémentaires


appelées les tiroirs hydrologiques. Un terroir hydrologique
est unité hydrologique élémentaire caractérisée par des
caractéristiques homogènes produisant une même
réponse hydrologique dans le temps.

La gestion intégrée : c’est une gestion globale qui tient


compte de toutes les relations et interactions existant
entre les systèmes. Elle se traduit par l’adoption d’une
démarche transversale (plutôt que sectorielle),
multipartenariale et interdisciplinaire. C’est une gestion à
objectifs multiples.
La gouvernance ou la bonne gouvernance : elle
implique des approches rationnelles de la décision,
basées sur des indicateurs et des évaluations ; (Efficacité
dans la gestion,: coût, temps, rendement etc).

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Le long terme : réflexion des actions et projets sur une
échéance supérieure à 5 ans.
La précaution : maintien d’un certain nombre d’options
possibles ouvertes lorsque subsiste un doute ou une
incertitude.
La prévention : choix des solutions limitant au minimum
les impacts, afin de réduire les actions correctives après la
mise en œuvre des projets.
La responsabilité : engagement global et universel qui
renvoie à la responsabilité individuelle et locale. Elle
débouche sur le principe de pollueur-payeur qui stipule
que les responsables des pollutions et nuisances sont
ceux qui assument les coûts.
La subsidiarité : principe de travail à l’échelon de
décision le mieux approprié pour agir efficacement en
faveur de l’intérêt général.
La stratégie : c’est un ensemble d’actions ou de mesures
qui donnent vision claire de processus de l’amélioration.

Aperçu historique
La question de l’aménagement des bassins versants, à
l’échelle mondiale, a connu plusieurs progrès dont trois
étapes sont capitales :
1. Au début, dans la majorité des pays, l’aménagement
des bassins versants a été rattaché à la sylviculture et à
l’hydrologie forestière. Les populations ne sont ni prise
en compte ni associées au processus de
l’aménagement. L’approche était très techniciste, il
concernait seulement les services forestiers publics qui
ignoraient presque totalement les populations locales ;
2. Dans un deuxième temps, un lien a été établi avec la
gestion des ressources en terres et les bénéfices
économiques y afférant. Une plus grande attention a alors
été portée aux bénéficiaires directs ;
3. Aujourd’hui, l’aménagement des bassins versants
adopte une approche «participative et intégrée», basée
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sur la participation des populations locales. Cette nouvelle
approche est le résultat d’un long processus de recherche
d’abord et de discussion à l’échelle mondiale qui a abouti
à la finalisation d’une approche «participative et intégrée»
de l’aménagement des bassins versants dans l’Atelier de
Katmandou au Tibet.
Il faut signaler que l’approche «participative et intégrée»
de l’aménagement des bassins versants connait des
difficultés au niveau de l’application. Ces difficultés sont
d’ordres socioculturels et économiques.
Dans le monde entier, les changements globaux, les
transformations écologiques, socioéconomiques et
politiques remettent en question les bases sur lesquelles
s’est appuyé l’aménagement des bassins versants depuis
quelques décennies. Sur le plan pratique l’approche
traverse toujours une période d’expérimentation où se
mêlent et coexistent encore d’anciennes et de nouvelles
pratiques. La nouvelle génération de programmes
d’aménagement, qui est encore en cours d’élaboration,
adopte une approche, une conception et une stratégie
différentes, mais elle n’arrive pas à appliquer les modèles
conceptuels établis.

Le cas de l’Espagne, dès la fin de XIX siècle (29 juillet


1865) commençait les premières expériences de gestion
de la ressources en eau en instaurant un découpage du
territoire espagnol en 10 administrations régionales sous
forme de devisions hydrologiques (dépondant de
l’administration) basées sur les limites hydrographiques
des bassins versants. Mais l’apparition effective de cette
gestion se date de 1926 avec l’arrivée au pouvoir des
militaires notamment Primo de Rivera puis Franco. De ce
fait, ce découpage a été contesté, il a été menacé de
disparition sous la pression des adversaires au régime
militaire puis après par les gouvernements autonomes.
Aujourd’hui, il est maintenu grâce à l’adoption de
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l’aménagement intégré des bassins versants, mais il reste
contester par les gouvernements autonomes des régions
du nord qui ne veulent pas partager leurs ressources en
eau avec le sud caractérisé par une pénurie en eau due
aux conditions climatiques plus les besoins galopants pour
l’irrigation et les activités touristiques. Il reste contestable
aussi car il ne correspond pas aux limites des territoires
des régions autonomes.
Le cas de de la France, l’apparition de la gestion de la
ressource en eau à l’échelle des bassins versants est
survenue en 1964 avec la loi de l’eau qui a découpé le
territoire national en se basant sur les territoires
hydrographiques puis cette dernière loi est complétée par
celle du janvier 1992 oùil y a une procédure de gestion
intégrée et concertée de l’eau à l’échelle du bassin
versant comme celle des SAGE (Schéma d’Aménagement
et de gestion des Eaux). Le SAGE est un instrument de
planification locale concerté de la gestion de la ressource
en eau. Les Sages instaurent la Commission Locale de
l’Eau (CLE) rassemblant des élus, des usagers et des
représentants de l’Etat. Petit à petit apparait une instance
de gouvernance territoriale locale à l’échelle du bassin
versant. Mais en France coexiste les services des eaux et
Forêts- qui se préoccupent plus de la conservation des
eaux (hydropédologie) et des sols- et les agences des
bassins hydrauliques.
Au Maroc, la gestion de la ressource en eau suivi
presque le modèle Français avec quelques exceptions
comme celles liées au patrimoine hydraulique. Cette
gestion était essentiellement sectorielle (ONEP puis
ONEEP, Administration hydraulique centrale et
provinciale, Offices, Régies de distribution dans les
grandes agglomérations) puis elle est devenue une
gestion presque intégrée avec la loi de l’eau 10/95 qui a
crée pour la première fois les agences hydrauliques
reposées sur les grands bassins versants des oueds
marocains. Mais la question des aménagements des

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bassins versants est confiée essentiellement aux Services
des Eaux et Forêts chapotés depuis 2003 par le Haut
Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la
Désertification (HCEFLCD) qui a comme objectifs
principaux : la conservation, la sauvegarde et la
valorisation des ressources naturelles suivantes
(végétation, eau et sol). Les premières tentatives de
l’aménagement des bassins versants, au Maroc,
apparaissent dès les années 60 sous forme de quelques
projets de développement (tel le projet DERRO) mais ils
visaient la protection des infrastructures de la grande
hydraulique ou les grands barrages situés généralement
près de l’aval ou à l’amont immédiat des grands
périmètres irrigués.
Que signifie « aménagement intégré des bassins
versants » ?
K. King, Directeur du Département des forêts de la
FAO, 1977 conclu que l’élaboration de plans
d’aménagement des bassins versants doivent tenir
compte de plusieurs caractéristiques des milieux et
des ressources hydriques que des facteurs
socioéconomiques qui se répercutent sur le
développement des êtres humains dans leurs milieux
en général, et sur l’utilisation des ressources
naturelles en particulier. Il faut également prévoir un
soutien et un accompagnement opérationnel
permanent. Si l’utilisation des ressources foncières et
hydriques mondiales n’est pas régie par un contrôle
social adéquat, leur surexploitation peut aboutir, à
long terme, à un sous-développement local ou
national. Il est en outre indispensable d’avoir
conscience de l’ensemble du système des
ressources en terres et en eaux, tant en amont qu’en
aval, et des avantages interdépendants qui peuvent

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être obtenus grâce à une application judicieuse de la
technologie moderne.
L’aménagement intégré des bassins versants vers la
fin des années 80 a été un précurseur du
développement rural durable, tel que prôné lors du
Sommet de Rio en 1992. L’intégration des questions
environnementales et socioéconomiques n’est pas
un fait nouveau dans la gestion des bassins versants
Les deux approches adoptent une perspective
systémique des interactions biophysiques et
sociales, s’intéressent aux conséquences des
changements introduits sur le site et hors du site, et
partagent la conviction qu’une gestion sociale
appropriée peut optimiser le fonctionnement des
écosystèmes humains. Toutes deux ont pour objectif
de produire des avantages pour la population comme
pour l’environnement dans laquelle elle vit. Il s’agit
d’une période d’expérimentation en matière de
gestion des bassins versants
L’aménagement des bassins versants au Maroc
ciblait essentiellement la lutte contre l’érosion des
sols puis a évolué avec le temps pour inclure la lutte
contre la désertification ou la dégradation des terres
au sens large.

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03
Aujourd’hui, le HCEFLCD a une vision ou une stratégie
plus complète au moins sur le plan théorique mais sur la
plan pratique il y a des obstacles liés aux moyens et les
réalités physiques et anthropiques variant d’une zone à
l’autre.

04
Il est difficile d’établir une distinction entre l’aménagement
intégré des bassins BV et les programmes de
développement durable qui sont exécutés au niveau des
bassins. La pauvreté et l’absence de durabilité des
moyens d’existence locaux contribuent souvent à la
dégradation des bassins, et la planification doit tenir
compte des nombreuses relations entre la pauvreté et
l’aménagement des bassins. La gestion des ressources
naturelles, le développement socioéconomique et les
objectifs de durabilité des moyens d’existence et de
réduction de la pauvreté sont à présent intégrés dans les
programmes d’aménagement des BV. Cette approche n’a
toutefois pas toujours donné les résultats escomptés sur
les moyens d’existence et l’environnement.
Il existe un dilemme fondamental concernant la relation
entre les programmes d’aménagement intégré des BV et
les processus de développement durable: L'économiste
américaine Elinor Ostrom (cette spécialiste de la
gouvernance des biens communs (common-pool
ressources, prix Nobel d'économie en 2009 " pour avoir
démontré comment les biens communs peuvent être
efficacement gérés par des associations d'usagers ".
Elinor Ostrom était convaincue qu'on pouvait gérer les
biens communs, notamment les ressources naturelles,
sans les détruire " à condition de reconnaître leur valeur
sur le long terme " disait-elle au Monde en novembre
2011. " En pêcherie, si vous vendez le poisson et
retournez pêcher davantage, tant qu'on peut vendre, cela
conduira probablement à une surpêche. Mais si l'on établit
une règle commune pour ne pas pêcher une partie de
l'année, les pêcheurs gagneront plus d'argent sur vingt
ans, car la filière restera productive " expliquait-elle.

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Le HCEFLCD a élaboré une approche pour lutter contre la
dégradation des ressources naturelles. Dans un dernier
rapport complet concernant l’établissement de huit zones
homogènes pour lutter contre la désertification (LCD) a
mis au point une méthodologie permettant le zonage du
territoire national. La méthodologie suivie dans le rapport
du HCEFLCD consiste dans une cartographie, dressée
grâce à la superposition de cartes analytiques
d’interprétation, obtenues à partir des fonds du relief, des
sols et du bioclimat et corrigée pour tenir compte des
limites des provinces ; elle aboutit à la distinction de huit
zones de LCD. Elle permet aussi de spatialiser les
différentes manifestations de la désertification et de les
classer selon leur degré de sévérité. Des indices intégrés
à la base de données numérique permettent d’attribuer le
résultat en terme de sensibilité à la désertification aux
facteurs responsables de la vulnérabilité de l’espace
considéré.

Ci-joint un extrait d’une étude critique et actualisée de


la zone 8 concernant le Rif. Elle a été réalisée par les
auteurs suivants :
J. Al Karkouri1, Kh. Obda2, M. Amyay2, K. Naimi3, I.
El-Khantoury2.

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Fig. 1. Localisation de la zone

L'étude du HCEFLCD a défini 8 zones homogènes vis-à-


vis de leurs comportements par rapport à la
désertification. La zone 8, correspond à-peu-près à la
chaîne rifaine sans sa terminaison orientale. D’après
l’étude, cette zone est caractérisée par sa grande
sensibilité à l’érosion hydrique. Ce constat ne comporte
pas de nouveauté, toutes les études effectuées dans la
zone depuis les années 1960 insistent sur la grande
prédisposition de cette zone à l’érosion hydrique et sur le
fait d’une dégradation avancée de son milieu naturel.
Cependant cette image doit être nuancée. A en croire les
évaluations des experts du Programme de
Développement Economique et Rural du Rif Occidental
(DERRO) sur le rythme de l’érosion dans le Rif, si ce
rythme avait été effectif, la zone aurait été à l’heure
actuelle dénudée de toute sa couverture pédologique et
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forestière. Pourtant la situation actuelle de cet espace
présente des écosystèmes qui se portent bien, mieux
encore, des secteurs semblent gagner en stabilité en
relation avec les nouvelles pratiques de gestion des
ressources, notamment en termes d’aménagement hydro-
agricole. L’homme est donc en même temps facteur de
dégradation et de stabilisation.
Si le rapport du HCEFLCD insiste sur cette dégradation, il
semble que l’information utilisée (faute d’un nombre
suffisant d’observation et de données expérimentales) ne
permet pas de bien cerner cette problématique dans sa
dimension spatiale, et moins encore de proposer des
solutions adéquates. A ce niveau la question d’échelle de
travail est cruciale. Dans cette contribution il est question
de nuancer les résultats de l’étude citée par d’autres qui
ont été obtenus par divers chercheurs qui ont travaillé sur
cette chaîne montagneuse et qui ont cumulé des
observations pertinentes issues des différents travaux de
terrain. Nonobstant ces nuances, l’étude du HCEFLCD
reste un document de base pertinent qui relance les
discussions et les analyses sur l’utilisation des ressources
naturelles au Maroc, notamment dans la région rifaine.
Bien des aspects de cette problématique restent à
approfondir pour mieux asseoir les interventions futures.

I. Caractéristiques du milieu rifain

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Fig. 2. Relief et hydrologie de la zone rifaine

La zone 8 s’étend au nord du Maroc (Fig. 2), sur une


superficie de 1142306 ha soit 1,7% du territoire national.
Elle appartient à la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima
et correspond aux reliefs montagneux des provinces
Tanger-Fahs-Anjra, Mdiq-Fnideq,Tétouan, Chefchaouen,
Al Hoceima et la partie nord de la province d’Ouezzane.
La population totale de la zone est estimée à plus de 1,5
million d’habitants dont près de 60% sont des ruraux. La
population rurale est sédentaire et présente une densité
moyenne de 92 hab/km2, elle vit de l’agriculture, l’élevage
et la pêche le long du littoral méditerranéen. L’occupation
des terres est dominée par l’agriculture pluviale,
l’arboriculture fruitière et la forêt.

Approches et techniques de LCD

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Devant la gravité du phénomène de désertification,
compte tenu de ses répercussions tant socio-
économiques qu’environnementales, le Maroc a, depuis
longtemps, accordé une importance particulière à la
dimension environnementale tant en matière de priorité
politique qu'institutionnelle. Il a initié différentes mesures
susceptibles d'infléchir la tendance de ce phénomène et
d'en atténuer l'ampleur. Ainsi Plusieurs plans, stratégies et
programmes ont été mis en œuvre notamment depuis les
années 1990.
Cependant la planification au Maroc est restée pendant
longtemps basée sur l’approche sectorielle sans grand
succès c’est pour cela qu’une stratégie globale a
progressivement pris place. Elle vise l’amélioration du
niveau de vie des populations à travers plusieurs actions
de développement menées conjointement : projets de
développement agricole intégré, mobilisation des
ressources en eau de surface, aménagement et
amélioration des parcours, lutte contre l’érosion hydrique
et éolienne (ensablement), protection et conservation des
forêts, notamment par la création de parcs nationaux et
des réserves biologiques. Cette approche a été
concrétisée à travers un grand nombre de plans,
programmes et stratégies.

1. Approches et techniques administratives


De nombreuses difficultés ont entravé la poursuite de ces
actions, notamment la non adhésion des populations à
ces efforts. L’efficacité des traitements apportés a été
mise en doute après les multiples échecs remarqués dans
diverses parties du Rif (Heusch 1986, 1995, Maurer
1968,1990, Laouina 1994, Roose 1994, Al Karkouri 2003)

21
1.1. Conservation des eaux et des sols
Dans le Rif, les différents chiffres avancés et les
affirmations sur la gravité de l’érosion hydrique depuis les
années 1960 et sur ses conséquences potentiellement
désastreuses, ont été à l’origine d’une longue série
d’interventions de l’état. Elles ont, au début, pris la forme
de mesures techniques appliquées en masse un peu
partout dans la région, avec le temps les interventions
vont changer de stratégies et d’approches.
Les premières actions de conservation du sol ont été
faites dans le cadre de la DRS fruitière conventionnée dès
les années 50. En se dotant d’un cadre réglementaire
approprié (Dahirs de 1951 puis de 1969), l’Etat a pu
prendre l’initiative d’intervenir « pour cause d’utilité public
» en dehors du domaine forestier. Souvent il réalisait
l’intégralité des travaux dans le cadre de conventions de
DRS avec des particuliers. L’entretien était à la charge
des bénéficiaires et les terres étaient soumises au
contrôle de l’Administration. Les techniques utilisées
étaient essentiellement des banquettes fruitières et parfois
des banquettes forestières.

Le projet DERRO (Développement Economique et Rural


du Rif Occidental)
L’intervention la plus spectaculaire de l’administration
marocaine dans l’espace montagneux rifain date des
années 1960. L’intervention de l’Etat n’était pas un choix
mais une nécessité et une urgence du fait des enjeux
suivants :
- lutte contre l’érosion pour faire face à la menace que
constituait la dégradation des terres rifaines pour les
barrages destinés à l’irrigation de la plaine du Rharb

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- l’élévation du niveau de vie des populations pour
atténuer les graves problèmes économiques après les
événements de 1959
- limitation de la migration intérieure en provenance du Rif.

La question de conservation des sols est ainsi devenue la


priorité principale du DERRO. Le territoire rifain a été
subdivisé en plusieurs catégories d’utilisation en fonction
de l’inclinaison des terrains.

Ainsi, il était prévu de restituer à la forêt une centaine de


milliers d’hectares cultivés, située sur des pentes fortes,
difficile à protéger par d’autres moyens. Par ailleurs, la
quasi-totalité (soit 570.000 ha) des terres rifaines devait
faire l’objet de travaux de DRS (confection de gradins et
banquettes céréalières ou fruitières, construction de
cordons de pierre, correction des ravins. Il était prévu de
faire passer de 230.000 à 350.000 ha les superficies
consacrées à l’arboriculture.
Du point de vue approche d’aménagement, les solutions
du programme DERRO ne semblent pas avoir été
fondées sur des bases rationnelles pour plusieurs raisons
:
- D’abord concernant la subdivision proposée, il est à
noter qu’elle se base essentiellement sur le facteur pente.
Même si le rôle de celle-ci est important dans le
phénomène érosif, d’autres facteurs interviennent avec le
même degré d’importance et n’ont pas été pris en
considération.
- Ensuite le remplacement, sur les pentes fortes, de la
céréaliculture et des parcours par l’arboriculture qui est
censée avoir un effet positif dans la lutte contre l’érosion
n’est pas fondé scientifiquement. De nos jours encore on
22
connaît mal le rôle de l’arboriculture dans la conservation
des sols notamment de l’amandier qui a été souvent utilisé
dans le Rif.
- Presque toutes les techniques de conservation
proposées (banquettes, murettes, terrasses, bourrelets,
bandes de couverture végétale, culture fourragères,
reboisement) sont utilisées pour lutter en premier lieu
contre l’érosion aréolaire et en second degré contre
l’érosion linéaire. En somme, les travaux de lutte
antiérosive exécutés par le DERRO ont surtout consisté
en l’exécution de banquettes. Or les fondements de cette
technique supposent que l’érosion soit causée par le
ruissellement aréolaire et par griffes. Dans le Rif la
banquette a été généralisée à des situations différentes.
Les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur des
attentes.

Les projets intégrés.


En 1970, la volonté des pouvoirs publics de maîtriser le
phénomène érosif conduit au lancement, avec le soutien
de la F AO et du PNUD, du Projet Erosion. Ce projet a
débuté par une étude générale de l'érosion au Maroc.
Elle s'est basée sur les grandes régions hydrauliques et a
porté sur une superficie de 22.725.000 ha effectivement
concernés par le phénomène de l'érosion hydrique.
Suivant le degré de la gravité de l’érosion quatre zones
ont été identifiées en fonction desquelles
cinq schémas directeurs ont été réalisés dont 3
concernent la chaîne rifaine: celui du Loukkos (180.000
ha) du Neckor (78.000 ha).
En janvier 1988, un séminaire national sur l'aménagement
des bassins versants (Halim, 2000) permit de faire le point
de la situation et des expériences acquises en matière
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d'aménagement de bassins versants et a arrêté certaines
recommandations dont principalement:
- l'établissement d'un Plan National d'Aménagement des
Bassins Versants (PNABV) ;
- la modification de l'approche de manière à augmenter la
participation des populations dans le choix et la mise en
œuvre des actions;
- l'adoption d'un système de financement des
aménagements intégrant davantage l'aval.
En 1990, la préparation du Plan National d'Aménagement
des Bassins Versants fut entamée. Les études menées
dans le cadre de ce plan, achevées en 1996, ont permis
de dégager les conclusions suivantes (Halim, 2000):
- Le classement des priorités établies pour 22 bassins
versants en amont des barrages, couvrant une superficie
d'environ 15 millions d'hectares a été arrêté. Quatre de
ces barrages se situent dans le Rif: Barrage El Wahda en
deuxième position, Mohamed Abdelkrim El Khattabi,
11ème,Ibn Battouta et Nakhla respectivement 18 et
19ème position.
- Les superficies à risque dans ces bassins versants sont
estimées à plus de 11 millions d'hectares et les superficies
à aménager à plus de 3 millions d'hectares.
- Les pertes totales actualisées dues à l'érosion sont de
l'ordre de 8,6 milliards de DH entre les bassins versants.
- Sur une durée de 20 ans les superficies à traiter sont
estimées à 75 000 ha/an environ.
- Les besoins en matière de financement de
l'Aménagement des bassins versants sont estimés à 150
millions de DH/an pendant 20 ans.
Certes, des efforts ont été entrepris, mais la situation ne
semble pas s’améliorer. La dynamique érosive reste vive
et l’envasement des barrages est inéluctable. Les
24
barrages Nakhla et Talambote sont hors service, Le
barrage Abdelkrim El Khattabi s’achemine vers la même
situation. Ce constat interpelle les gestionnaires et les
invite à réfléchir davantage sur les différents aspects de la
problématique et à changer d’approches.

1.2. Conservation de la forêt


Dans le Rif, la forêt naturelle, ne couvre plus que 682 400
ha (soit 26% de la superficie totale) 7% seulement de
cette superficie est immatriculée, c’est dire le grand
danger que court cette ressource et indirectement les sols
de la montagne rifaine.
Dans ces conditions, le reboisement constitue une
réponse appropriée. Les chiffres du Haut Commissariat
aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification
(HCEFLCD) font ressortir que les superficies annuelles
reboisées, sont passées de 10.000 ha par an au début
des années 80 à plus de 33.000 ha par an à la fin de
2006. Le programme de reboisement 2010-
2011(HCEFLCD) porte sur la production de 40 millions de
plants forestiers et le reboisement de plus de 41.500 ha.
La cadence de reboisement semble s’accélérer, la
superficie à reboiser qui a été programmée pour le Rif en
2010 est de 2.431 ha.
Le rôle du reboisement dans la conservation des eaux et
des sols s’apparente à celui de la forêt.
Au niveau socio-économique le reboisement sylvo-
pastoral sert de parcours pour le cheptel.
Du point de vue environnemental, le reboisement assure
une bonne couverture aux sols fragiles du site. Les
mesures de pertes en terre effectuées sur parcelles de
type Wischmeier (Al karkouri 2003) montrent bien que les
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pertes sont sensiblement réduites dans les reboisements.
Néanmoins les dégradations dépassent de loin les efforts
de reboisements.

1.3. Conservation de la biodiversité


Le Rif est l’une des plus riche zones marocaine en
diversité biologique. Malgré le recul du couvert forestier, le
Rif renferme une importante richesse en termes de
biodiversité. Cette richesse est derrière la mise en place
de 3 parcs naturels (Al Hoceima, Talassametane et Jbel
Bouhachem) et de 2 SIBES (côte de Ghomara et le cirque
d’El Jebha). Ces aires protégées font toutes parties de la
réserve de la biosphère intercontinentale de la
méditerranée « Andalousie- Maroc ». Le parc naturel
régional de Bouhachem s’étend sur 105 000 ha, dont une
bonne moitié fait partie du domaine forestier et participe
de 3 provinces, Tétouan, Larache et Chefchaouen. Il se
caractérise par de beaux massifs forestiers (Subéraie,
Pinède, Cédraie) et comprend plus de 34 espèces de
mammifères et près de 100espèces d’oiseaux en plus des
reptiles et des amphibiens).
Le parc national de Talassemtane a une superficie de
64000ha. Il se situe à cheval sur les deux provinces de
Tétouan (20% de sa superficie), et de Chefchaouen (80%
de sa superficie, il comprend les sommets du Jbel
Tissouka (2122m) et du jbel Lakraae (2159m) ce parc est
le siège d’une impressionnante biodiversité (1000 espèces
végétales, 37 espèces de mammifères et près de 120
espèces d’oiseaux), Dagnino Aline 2007.
Le parc national d’Al Hoceima s’étend en grande partie
sur le massif calcaire de Bokkoya. Il occupe une superficie
de 480km² en total (zone périphérique comprise). Il est
situé en sa totalité dans la province d’Al Hoceima, sa
26
situation sur la côte méditerranéenne fait sa particularité.
Bien que le couvert végétal de ce parc soit très réduit, les
marabouts nous renseignent sur la grande richesse dont
jouissait cet écosystème), Dakki, M. 2005.

2. Approches et techniques paysannes


L'ancienneté de la présence humaine dans le Rif et
l’ingéniosité de sa population a favorisé ce que l’on peut
appeler une civilisation agraire basée sur un système de
production polyvalent fondé d’une part sur la
diversification des ressources et des produits, cultures
céréalières, arboriculture, élevage et utilisation de la forêt
et d'autre part sur la complémentarité des terroirs variés,
zone de culture sèche et zone irriguée. Marqué par un
certain conservationisme en général, la population a
toujours vécu avec un certain souci de sauvegarde
lorsqu’il s’agissait de l’utilisation des ressources
naturelles, notamment dans les conditions de rareté. Ceci
est attesté par le développement de comportements
collectifs tels la culture itinérante et le pâturage collectif.
C’est dans cet esprit de conservation que les paysans ont
développé une grande variété de pratiques et de
techniques de conservation et de gestion des sols et des
eaux. Ils ont développé aussi plusieurs techniques dont,
les cordons et les murets de pierres, les terrasses et les
seuils fractionnés pour le traitement des ravines. Dans les
zones où l’eau manque le paysan a développé des
techniques de stockage et de gestion de l'eau. Ces
techniques sont soit de simples mares collectant les eaux
de ruissellement de versant soit des citernes d'eau
potable utilisant le toit des maisons comme impluvium soit
enfin des citernes collectives, vers lesquelles on
achemine l'eau collectée à partir des pistes ou des
27
surfaces aménagées en impluvium. En outre, les paysans
ont aussi développé des bassins de collecte des eaux
provenant des sourcins éparpillés dans la montagne.

2.1. Les pratiques culturales :


Les pratiques de conservation des eaux et des sols dans
la montagne font partie d’un système, leur impact positif
observé est en relation avec cette manière de combiner
plusieurs pratiques à la fois. L’évaluation doit donc
prendre en considération le fonctionnement d’ensemble
du système.
Compte tenu de la raideur des pentes, les labours
sont généralement effectués à l'araire tiré par une paire
de bœufs, mulets ou d’ânes. Ils se font généralement
selon les courbes de niveau. Sur les terrains en très forte
pente, l'araire devient lui-même difficilement utilisable; la
terre est travaillée à la pioche à 2 dents (appelée «
crochi »). Le recours à cet outil, est dicté par l’épaisseur
très mince des sols et la grande fréquence des
affleurements rocheux (Al karkouri 2003). Dans le pays
du kif (haut Rif Central) la pioche est également utilisée
mais en relation avec le besoin du kif d'une profondeur de
sol supérieure à celle requise par la céréaliculture et ce à
cause de ses racines profondes et pivotantes.
Dans un souci d'augmenter le rendement, le paysan a
appris au fil du temps la pratique des assolements qu'il
utilise selon des combinaisons et des formules
inextricables dépendant de facteurs multiples tels les
types de cultures, l'intensité de fumure, la distance de la
parcelle à la maison, la valeur agronomique des sols et
bien d'autres facteurs à caractère aléatoire.
Dans les zones irriguées, la terre est cultivée deux fois
durant l'année sans réelle jachère. Dans le Rif central et
28
oriental la période de repos coïncide avec la saison sèche
qui manque souvent d'eau.
En zone de culture sèche, les combinaisons sont très
nombreuses. Le système le plus répandu dans la région
fait tourner l'orge et le blé soit à l'intérieur de la même
parcelle soit de parcelle en parcelle, interrompu de
légumineuses généralement sans jachère, c'est le cas
surtout des zones proches des maisons (appelées
localement Demna) où l’agriculture est un peu plus
intensive et les sols mieux fertilisés.
Ailleurs, l'exploitation est subdivisée en trois parties plus
ou moins égales, une consacrée à l'orge, l'autre au blé et
la troisième à la jachère. Ce système est de loin le plus
utilisé dans les zones situées loin des habitations. Les
parcelles réservées aux légumineuses sont rares. N’étant
cultivées qu'au printemps, elles profitent ainsi de quelques
mois de repos.
Dans la haute montagne, investie par la culture du kif, on
distingue deux principales séquences, blé-orge-kif et orge-
kif, souvent sans jachère. La culture du cannabis s'est
faite en partie au détriment des légumineuses.
Généralement chaque paysan organise la rotation en
relation avec ses propres moyens et ses propres besoins,
néanmoins chez les Jbala dans le Rif occidental les
paysans pratiquent des assolements collectifs (Vignet-
Zuns, in Gauché, 2005).
Depuis la disparition du système de culture itinérante le
paysan rifain a été confronté au problème de
"vieillissement" de la terre. Ainsi dans l'impossibilité
d'étendre les superficies cultivées, le paysan a été amené
à réduire continuellement la durée de la jachère. Cette
tendance s'est affirmée progressivement pour aboutir
actuellement au stade de la suppression de cette forme de
29
repos de la terre dans une bonne partie des terroirs
rifains. Selon le recensement général de l’agriculture de
1996 , la jachère ne couvre que 12.6% dans la province
d’Al Hoceima et 14.6% dans la province de Chefchaouen.
Dans la vallée des Béni Boufrah (Al Karkouri 2003) les
terres cultivées sont généralement inférieures à la
superficie totale cultivable. Ceci reflète un phénomène
d'abandon temporaire ou définitif des terres ayant
vraisemblablement connu une baisse de productivité par
manque de matière organique. Pour dépasser cette
contrainte le paysan a dû pratiquer depuis longtemps la
fertilisation pour améliorer le rendement de ses parcelles.
La bonification des terres se fait par apport de fumier ;
cependant la faible quantité de fumure produite sur place
ne suffit pas à amender les terres, c'est pourquoi la
tendance à utiliser des engrais chimiques s’affirme de plus
en plus. La fréquence de l’amendement est variable, elle
se fait une fois par an ou une fois tous les trois ou cinq
ans. Ce sont les terres proches appelées "demna" qui
bénéficient d'un apport régulier en fumier. Dans les
parcelles lointaines héritées des anciens "Affrass"
(terrains défrichés) qui se trouvent souvent sur de fortes
pentes, les quantités de fumier sont très limitées faute de
moyens de travail et de transport.
Dans la haute montagne, le paysan apporte plus de
fumure pour les terres réservées au Kif que pour celles
exploitées en céréales ; le rapport est souvent de l'ordre
du double.

2.2. L’arboriculture fruitière


L’arboriculture fruitière fait partie intégrante du système
agro-sylvo-pastorale. Elle est pratiquée partout dans le
Rif, mais les superficies plantées varient d’un secteur à un
31
autre. La superficie globale (RGA 1996) plantée en
arbres fruitiers dans les trois provinces principales du Rif
(Tétouan, Chefchaouen, Al Hoceima) est de 17.8 % de la
SAU totale. Ce chiffre est à revoir à la hausse, Les plans
régionaux du programme Maroc vert (2009) estiment la
superficie de l’arboriculture à Al Hoceima à 30% de la
SAU, elle serait de 25% de la SAU à Tétouan. Cette
augmentation de la superficie arboricole est due à
l’extension de l'olivier qui occupe à lui seul près de 25%
de la SAU à Al Hoceima. Actuellement les paysans
acceptent volontiers de planter l’olivier vu son modeste
coût de production qui oscille entre 1700 et 2300 Dh/ha/an
(ATEF H., 2009). Concernant le rôle que peut avoir
l’olivier dans la conservation des sols, il est très difficile de
se prononcer en l'absence d'études poussées.
Cependant il crée un microclimat local favorable à une
meilleure humidité du sol.
L'amandier occupe une place non négligeable dans
l'arboriculture fruitière dans le Rif. Les surfaces qui lui sont
destinées ont connu une forte progression au cours des
dernières décennies. Son adoption dans de nombreux
programmes de développement et de lutte contre l'érosion
est à l'origine de son extension. Les plantations se
répartissent dans tout le finage et ont tendance à couvrir
aussi bien les sols favorables que ceux qui présentent des
conditions plus difficiles (Laouina, 2007). Les plantations
se présentent actuellement sous deux formes distinctes;
régulières et irrégulières. Les quartiers plantés
régulièrement portent le cachet d'une intervention étatique
et occupent des terrains généralement plats situés dans
le fond des vallées. Les plantations irrégulières marquent
le paysage par leur dispersion un peu partout dans le
finage, on les trouve à la fois sur les pentes faibles et sur
30
les versants très inclinés où leurs racines pivotantes sont
déchaussées par l'érosion et mises à nu. Il semble qu'on
ne peut lui reconnaître de rôle dans la conservation des
eaux et des sols que par ses racines car son feuillage ne
se développe qu’après la saison des pluies.
Avec une superficie actuelle de 36570 ha, le figuier
occupe la troisième place dans le classement du
patrimoine arboricole de la montagne rifaine. La majorité
de la culture soit 85% se trouve localisée au niveau de
quatre grandes zones (Walali et al. 2003), Chefchaouen
(7050 ha); AI Hoceima (5000 ha) ; Ouazzane (3 150 ha) ;
Tétouan (2000 ha). Le figuier emblème des civilisations
méditerranéennes, constitue un arbre d'un grand intérêt
dans les campagnes du Rif. Ne nécessitant pas de soins
particuliers, il occupe même les versants rocheux et
pauvres en sol. Cependant le nombre de pieds à l'hectare
reste faible, les arbres sont espacés de plusieurs mètres.
De ce fait leur rôle dans la conservation des eaux et des
sols ne semble pas être très important.
Le figuier de Barbarie, plus rustique que les espèces
arboricoles précédentes, constitue une autre constante du
paysage rural rifain. En raison de son rôle écologique et
socio-économique (lutte contre l’érosion et la
désertification, production de fruits, production d’aliments
pour le bétail et utilisation industrielle dans les domaines
agroalimentaire, cosmétique et médicinal), le cactus est,
de plus en plus utilisé sur les terres fortement dégradées.
Il constitue un bon moyen pour lutter contre les éboulis qui
affectent les pentes fortes associées aux corniches gréso-
quatzitiques. Il est aussi utilisé comme moyen de
marquage des parcelles lorsque le propriétaire est absent
ou ne peut plus travailler sa terre, devenue trop dégradée.
Le figuier de barbarie est aussi utilisé dans la stabilisation
32
des berges et des talwegs des ravins, sa grande
résistance vis-à-vis de la chaleur excessive des périodes
estivales sèches le prédispose à jouer un rôle plus
important dans l'avenir notamment dans les zones semi-
arides.

2.3. Les techniques de conservation du sol


Par rapport aux interventions de l’Etat, les techniques
paysannes de conservation de l’eau et du sol sont
beaucoup moins spectaculaires mais plus diversifiées. Les
structures suivantes sont les plus utilisées.

Il s'agit d'une rupture de pente provoquée par les paysans


entre deux parcelles pour servir de limite (photo 3.58). Elle
est taillée au fil du temps dans les formations
superficielles, dans le sol ou dans la roche en place
tendre (schiste et marne). Les talus créés par creusement
intentionné existent aussi dans la région, mais ils sont
moins fréquents que ceux provoqués par le labour.
L’installation du talus débute par un marquage de la limite
avec de gros blocs rocheux enfoncés dans le sol aux
deux extrémités de la ligne de partage des champs. Les
blocs doivent pointer leurs parties supérieures auxquelles
on associe un petit tas de pierres. Tout en laissant une
bande de terre de 50 cm à peu près entre les deux
parcelles, le labour se fait pour la parcelle amont du bas
vers le haut et pour la deuxième du haut vers le bas du
versant. Au bout de quelques années de travail de la terre,
il se crée un talus de partage qui fait 0,5m de hauteur en
moyenne.
Ces structures se retrouvent partout dans le Rif, elles sont
généralement dépourvues de végétation dans la partie
orientale (notamment dans la zone semi-aride). Lorsque
33
les précipitations sont abondante (Rif occidental) ces
structures porte un tapis végétal qui marque le paysage
(Photo 10).
Pour les paysans, les talus ont deux fonctions
essentielles, délimiter les parcelles et atténuer la pente. La
première fonction est la plus importante, les talus
traduisent une évolution dans la relation entre le paysan et
la terre marquée par l'appropriation de celle-ci. Le second
rôle est en relation avec les conditions du travail, ils
permettent une meilleure adaptation du milieu aux moyens
de travail. Néanmoins les talus ont évidemment un effet
positif sur la conservation des eaux et du sol.

Photo. 10. Talus enherbé à Ketama

Eléments de cordons et cordons de pierres


Ces structures sont conditionnées par la disponibilité des
fragments de roches, on les retrouve partout dans le Rif
où le sol renferme une forte pierrosité. Le paysan procède
à l'occasion de chaque labour à l'épierrage de sa parcelle.
Il ramasse les cailloux les plus gênants et les empile sous
forme de tas ou les allonge perpendiculairement à la
pente ce qui constitue une première étape dans la
constitution des éléments de cordons de pierres. C'est
une technique de conservation qu'on peut rencontrer
partout dans le Rif (notamment dans la partie orientale de
la zone 8). En automne en nettoyant les champs pendant
ou avant le labour, les pierres sont ramassées et
disposées sous formes de petites rangées à des distances
variables. Les petits cordons sont ainsi construits par un
empilement de pierres sèches, les plus grosses à la
base et les plus petites vers le haut
34
Contrairement aux talus dont l'apparition n'est pas en
relation directe avec la conservation de l'eau et du sol, les
petits cordons ont souvent pour but d'intercepter les eaux
et d'empêcher l'érosion de ruissellement et aussi
d'atténuer l'effet de la pente. Les paysans s'expriment
clairement à ce sujet, les petits cordons, disent-ils sont
faits pour retenir la terre qui part et créent de petits
terrassements qui rendent plus faciles les manœuvres du
travail du sol, en plus c'est un bon moyen pour diminuer la
vitesse du ruissellement et l'empêche ainsi de creuser.
Rares sont les paysans qui y voient une simple
amélioration de la qualité agronomique du sol. Les
éléments de cordons évoluent avec le temps vers les
cordons. Ceux-ci, se caractérisent par une hauteur plus
imposante (0,6- 1,5 m) et leur longueur est de l'ordre de
10 à 15 m en général. La forme longitudinale est
rarement rectiligne, elle épouse les irrégularités de la
topographie et présente ainsi de multiples courbures.

Terrasses
Cette technique très ancienne, est utilisée partout dans le
Rif, notamment dans la partie Est de la zone 8. Elle
marque visiblement le paysage par les discontinuités
qu'elle crée dans la topographie. Selon le mode de
construction, la forme et la taille de l'ouvrage, son
utilisation et surtout sa position dans l'espace plusieurs
types de terrasses peuvent être distingués. Selon la
proximité de cette structure par rapport à l’habitat on peut
distinguer les terrasses des « Demna », terrain de culture
qui jouit d'un traitement particulier en relation avec sa
proximité de l'habitat. Il s’agit souvent de petites parcelles
aménagées sous forme de terrasses en escalier. Ce type
d'ouvrage a connu une impulsion importante à cause de la
35
multiplication des puits en réponse aux sécheresses qui
ont sévi particulièrement après 1980.
La construction des terrasses est souvent en relation avec
la topographie en pente qui entour les habitations
généralement perchées sur des versants ou sur d'anciens
replats résultant des mouvements de masse ou encore
sur les bordures des affluents secondaires un peu en
retrait par rapport aux zones de confluence. Afin d'assurer
les besoins minimums en aliments, les paysans sont
contraints d'aménager ces terrains plus proches de leur
habitat, donc faciles à surveiller. Il s'agit de petites
parcelles dont la surface est soigneusement nivelée et
limitée à l'aval par un mur taillé à la fois dans le sol et la
roche en place et dont la hauteur augmente en fonction de
la raideur de la pente. On arrive facilement à des hauteurs
de l'ordre du mètre. Le mur est souvent renforcé par de la
pierre puisée localement, mais on observe aussi des
terrasses sans cet ouvrage de soutènement.
Les cultures pratiquées dans les terrasses de Demna
diffèrent selon qu'elles sont irriguées ou non. Dans le
premier cas les légumineuses dominent, alors que dans le
second, les céréales s'imposent. Lorsque la superficie des
terrains est importante, des arbres fruitiers
essentiellement des amandiers peuvent faire apparition en
marge des terrasses. Les terrasses construites loin des
habitations ne jouissent pas du même entretien sauf si
elles sont irriguées.

Haies vives
D’après les dires des habitants, c'est la plus ancienne
technique de lutte contre les inondations connue dans le
Rif. Elle consiste à planter la limite extérieure des
parcelles se trouvant dans le fond des vallées ou la limite
36
des basses terrasses menacées d'être inondées par un
rideau très dense de roseaux. Ces derniers développent
un système radiculaire très robuste qui permet aux sols
des précieuses parcelles irriguées de résister à
l'inondation. Néanmoins ce traitement n'est pas suffisant
et résiste de moins en moins aux crues torrentielles des
oueds. Sur les berges des ruisseaux, dans le Rif
occidental (Sabir et al.2002). Les paysans maintiennent et
plantent une riche végétation sur les berges (frêne, chêne
vert, peuplier, Eucalyptus). Dans la partie orientale semi
aride de la zone 8, les plantations d'amandiers sont
également utilisées pour profiter de l’eau et préserver les
berges des basses terrasses.

2.4. Techniques de gestion de l’eau


Les techniques de gestion de l’eau dans le Rif diffèrent
selon que cette denrée naturelle est disponible ou rare. En
effet en relation avec la faible pluviométrie et les faibles
réserves hydriques naturelles, les paysans ont développé
plusieurs techniques de stockage et de gestion de l’eau
soit pour gérer la rareté d’eau comme c’est le cas dans
l’aile orientale du Rif soit pour gérer l’excès comme c’est
le cas dans le Rif occidental.

Mares collectant les eaux de ruissellement.


Il s’agit d’une technique très ancienne qui était très utilisée
dans les aires collectives de pâturage et qu’on trouve
actuellement encore soit à côté des maisons soit au
voisinage des sentiers du bétail. Les mares servent
principalement à abreuver le troupeau. Elles sont
alimentées localement par des canaux creusés à la base
des versants peu filtrants (Photo 11).

37
Citernes collectives (Matfias).
C’est une technique plus évoluée qui demande un
investissement important et qui ne peut être réalisé que
dans le cadre d’une entraide social ou avec l’aide de l’état.
Elle est fondée sur la collecte des eaux de pluies et de
ruissellement (photo 12).

Photo 11. Mare collectant les eaux de ruissellement (Beni


boufrah) Photos 12. Matfia collective (Beni Boufrah)

Le dispositif (Al Karkouri, 2003) est composé d’une


citerne (réservoir souterrain), d’un impluvium (bassin
construit, de forme carré ou rectangulaire (100 à 150 m²
de superficie), (délimité par une murette de 50 cm de
hauteur faite de pierre et de ciment) et de seguias. La
citerne reçoit l’eau à partir d’une ouverture située à
l’intérieur de l’impluvium dont le fond est cimenté.
L’ouvrage est situé sur un versant incliné (environ 15%) ce
qui permet à l’eau de pluie interceptée par l’impluvium de
rejoindre facilement la citerne. L’eau qui ruisselle sur la
piste est canalisée par une seguia qui la dirige vers un
bassin de décantation, aménagé dans un coin de
l’impluvium. Un petit canal peu profond draine l’eau
décantée vers l’ouverture de la citerne.
Pour les paysans, Ces citernes exigent beaucoup
d’entretien et une surveillance permanente. En
contrepartie les eaux collectées ne suffisent pas aux
divers besoins des nombreuses familles qui les utilisent.

Gestion collective des eaux des sources.


38
En relation avec les sources en amont des petits bassins
versant de la partie orientale du Rif, plusieurs petits
périmètres d'irrigation ont été aménagés en terrasses
(Hammalat) au bas des versants lorsque le débit d'eau est
suffisamment fourni. Il s'agit d'une forme collective
d'irrigation gérée par des formes de distribution très
complexe et souvent anciennes (Pascon, 1983). La
distribution la plus courante de la terre et de l'eau s'est
faite selon les lignages. Les fils héritent leur droit de
l'ancêtre disparu. L'irrigation se fait généralement suivant
le tour de rôle (nouba).
A partir de la source qui se trouve généralement à l’amont
dans le fond des torrents ou des petits oueds, les eaux
sont conduites dans une seguia très étroite construite en
terre battue ou dans des tuyaux en plastique quand le
débit n’est pas important (Photo 13). L’eau est rassemblée
dans des bassins construits aussi en terre et refaits
actuellement en ciment. Ces ouvrages ont une capacité
de stockage modeste (10 à 30 m3 en moyenne). Ils sont
situés en haut du périmètre. Une seguia principale
alimente les canaux secondaires ou tertiaires construits
également de terre battue.
Les cultures pratiquées sur ces terrasses sont dominées
par les légumineuses, le maraîchage et le kif, si le
périmètre est suffisamment à l'abri des agents de
l'autorité.
Ces différentes structures ne se trouvent pas dans la
partie occidentale du Rif (Sabir et al. 1999). Par contre on
y trouve d’autres structures qui servent plutôt à gérer
l’excès d’eau.
Ainsi à Afkirène et Bettara dans le Rif occidental (Sabir et
al. 2002) les excès printaniers d’eau des sources sont
déviés directement dans les champs sans dispositifs de
39
stockage. Les eaux sont conduites des ruisseaux vers les
terrasses dans des canaux appelés « Séguia »
confectionnés en terre battue. Les pertes, essentiellement
par infiltration, sont très importantes et peuvent dépasser
les 50 %. L’entretien de ces Seguias se fait par les
paysans eux même dans le cadre d’une entraide
communautaire appelée « Touiza ».

Photo 13. Gestion de l’eau à Beni Boufrah.

Gestion de l'excès d'eau pluvial


Dans le Rif occidental, pendant la saison pluvieuse, les
excès d’eau sont fréquents. Ils se manifestent sous forme
d’engorgement du sol, de suintements des nappes
phréatiques ou de ruissellement excessifs sur les versants
(Sabir et al. 2002). Ces excès provoquent des dommages
inquiétants quand ils ne sont pas bien gérés. Les paysans
ont confectionné des systèmes d’évacuation qui
permettent de canaliser ces eaux vers les endroits
appropriés. Ainsi, sur les parcelles agricoles, le paysan
creuse des sillons peu profonds (5 cm de profondeur et 15
cm de largeur) à l’aide de l’araire. Ces sillons parfois
croisés servent à évacuer les eaux en excès sans causer
des surcreusements. Les eaux des suintements sont
également évacuées de la même manière ou étalées sur
l’ensemble de la parcelle. Les dérivations d’eau sont aussi
fréquentes et permettent d’irriguer des parcelles proches
ou des cuvettes des arbres fruitiers notamment les
oliviers. Les sentiers utilisés par le troupeau sont
généralement le siège d’un ruissellement intense qui peut
évoluer en ravin. Le piétinement animal favorise
l’apparition des éléments rocheux contenus dans le sol, ce
41
pavage est renforcé par un apport de pierre pour faciliter
le passage du troupeau et en même temps le
ruissellement des eaux qui sont déviées vers des
parcelles voisines ou des ravines fixées.

Discussion et Conclusion
Le travail entrepris à l’échelle nationale par le HCEFLCD
constitue une base pertinente en termes de diagnostic des
aspects de la désertification au Maroc et de propositions
de réponses à ce phénomène dont les processus et les
caractéristiques sont très différents d’une zone à l’autre. À
l’échelle de chaque zone, le diagnostic demande des
données supplémentaires pour mieux comprendre les
facteurs du processus de dégradation et la diversité
spatiale et temporelle des facteurs en ligne pour mieux
asseoir les stratégies d’atténuation ou d’éradication. La
présente contribution essaie donc de faire progresser les
efforts en consolidant le travail déjà entrepris par des
analyses basés sur des observations de terrain. L’étude
du HCEFLCD appelle les remarques suivantes :
- D’abord, il importe de noter que, pour la définition des
zones homogènes, l’étude du HCEFLCD s’est basée sur
des cartes disponibles, à savoir : la carte des bioclimats
selon Emberger, la carte du relief, la carte des sols du
Maroc, et la carte des modes d’utilisation du sol. Or ces
cartes pâtissent par le caractère sommaire de l’information
qu’elles présentent ce qui a impacté négativement la
délimitation des zones homogènes. Concernant Le Rif, la
problématique de la dégradation des terres se posent
différemment selon que l’on soit sur le versant nord ou le
versant sud de la montagne rifaine. Le premier est moins
arrosé et très court et raide et le deuxième mieux arrosé,
plus allongée et aux pentes moins prononcées. La
40
dégradation diffère aussi selon un axe Ouest- Est. Cette
fois-ci c’est le climat qui impose la différence, la partie
occidentale est beaucoup plus pourvu en précipitations
que la zone orientale, du coup les dynamiques changent.
Les nuances sont donc très grandes et ne sont pas
reflétées par le découpage utilisé.
- En ce qui concerne les facteurs pris en considération
pour définir l’indice de sensibilité a la désertification,
l’accent a été mis sur l’indice d’érosion (IE), l’indice de la
qualité de la végétation (IQV), l’indice de la qualité du
climat (IQC) et l’indice du surpâturage (IS). L’étude du
PANLCD a adapté le modèle MEDALUS d’une façon
réductrice, l’action anthropique a été réduite au
surpâturage, de surcroît les données utilisées pour la
caractérisation de la zone rifaine concernent les
communes de Chefchaouene seulement. L’indice qualité
des ressources en eau n’a pas été calculé, or l’eau est un
indicateur majeur dans la définition de la désertification.
Les caractéristiques socio-économiques n’ont également,
pas été, utilisés comme facteurs de dégradation mais
comme information de caractérisation.
- Au niveau des résultats obtenus, la figure 7 du rapport
principal montre que les zones homogènes 4 (chaîne
atlasique) et 8 (chaîne rifaine) sont les plus affectées par
une érosion hydrique moyenne à forte. Ce résultat est
difficile à accepter, si le Rif est connu pour être la chaîne
la plus affectée par l’érosion hydrique, il n’est pas de
même pour le moyen atlas qui se présente comme le
château d’eau du Maroc et qui recèle les plus grandes
forêts du Maroc et où la densité de population est la plus
faible à l’échelle nationale et enfin la majorité du relief est
sous forme de causses.

42
En fait, le Rif porte en lui-même les facteurs de
dégradation qui sont en relation avec ses terrains en
majorité imperméables et friables, son relief jeune et
tectoniquement instable, ses pentes raides, sa
pluviométrie agressive et le ruissellement rapide et
concentré. C’est dire combien le potentiel de dégradation
est grand dans cette chaîne. De surcroit, Le Rif abrite une
population nombreuse qui se base encore sur les
ressources naturelles disponibles dans son milieu sans
création des nouvelles richesses même immatérielle et
sans grande valorisation de ses ressources naturelles.
La dégradation des terres est donc le résultat de tous ces
facteurs réunis, les situations diffèrent d’une sous zone à
une autre et d’une vallée à une autre. Si l’assise
géologique, le relief, le climat et le couvert décide de la
distribution des grandes aires de dégradation, le détail est
surtout tributaire du système des pentes, de l’exposition et
des sols. Bien des paramètres n’ont pas été pris en
considération par l’étude du HCEFLCD, pas plus que les
types d’utilisation du sol qui sont nombreux et différents.
En somme la dégradation revêt trois aspects distincts :
- le recul de la végétation qui est apparemment plus
poussée dans l’aile orientale du Rif que dans sa partie
occidentale. C’est un phénomène à mettre en relation
avec la pression anthropique, notamment avec la mise en
valeur des terres par une agriculture de subsidence ou
localement par la monoculture du cannabis.
- la dégradation des hydrosystèmes qui est en relation
avec la rareté de l’eau et la surexploitation entreprise par
l’homme, en plus des effets de pollution.
- l’érosion des sols dont l’extension spatiale, les intensités
et les rythmes de progression montrent une grande
43
diversité en fonction d’une multitude de facteurs et
d’agissement.

Devant le problème de la dégradation des terres et ses


impacts tant socio-économiques qu’environnemental, le
Maroc a, depuis longtemps, mené une politique basée sur
la territorialisation, le partenariat et l’adoption de la gestion
intégrée et concertée de ses ressources. Cette approche
a été concrétisée à travers un grand nombre de plans,
programmes et stratégies. Elle vise l’amélioration du
niveau de vie des populations à travers plusieurs actions
de développement menées conjointement : projets de
développement agricole intégré, mobilisation des
ressources en eau de surface, aménagement et
amélioration des parcours, lutte contre l’érosion hydrique
et éolienne (ensablement), protection et conservation des
forêts, notamment par la création de parcs nationaux et
des réserves biologiques. L’amélioration des pratiques
culturales, des techniques forestières, des techniques
arboricoles. Cependant, le pari est loin d’être gagné. Dans
le Rif en particulier, les problèmes demeurent parfois avec
acuité. L’érosion fait des ravages encore de nos jours, le
recul de la végétation naturelle n’a pas cessé et les
hydrosystèmes sont de plus en plus affectés par la
pollution.

Avant les interventions de l’Etat la population rifaine a à sa


manière pratiquée la conservation des eaux et des sols en
réponse aux différentes contraintes du milieu. Ainsi dans
les zones à excès d’eau le souci était d’éviter les impacts
en dissipant l’énergie de l’eau ou en la dérivant vers des
lieux où les dégâts seront moins forts. Au contraire dans
les conditions de rareté des ressources en sols et en
44
eaux, la stratégie est de conserver le disponible en
inventant plusieurs pratiques culturales et en
confectionnant diverses techniques de protection des sols.
L’eau est mieux gérée. Ces différentes structures et
pratiques mériteraient d’être valorisé et amélioré par des
études approfondies et par des programmes de l’état. Si
Le Rif a assez bien résisté jusqu’à nos jours c’est grâce à
cette ingéniosité des rifains qui ont su, comme bien leur
paraît, gérer leur milieu.
Pour une meilleure adaptation de l’étude du PANLCD aux
spécificités du Rif il est important de tenir compte des
différentes variables de la problématique de dégradation,
notamment les caractéristiques physiques du milieu (relief
accidenté, système de pentes complexe, morphostructure
marquée par le compartimentage et la fragilité lithologique
des terrains, la diversité climatique, l’agressivité des
précipitations, la forte densité du réseau hydrographique
et la torrentialité du régime hydrologique). En plus de ces
facteurs physiques l’étude gagnera en précision en
intégrant les caractéristiques socio-économiques
notamment la démographie et le niveau de vie.
L’utilisation du sol est une autre entrée pour comprendre
le phénomène de dégradation, un intérêt particulier doit
être porté à l’itinéraire cultural et aux deux cultures les
plus répandues les céréales et le cannabis.
Les actions à mener pour contrecarrer la dégradation sont
multiples et diffère en fonction de l’objectif à cibler.
Pour contrecarrer l’érosion, les actions suivantes
mériteraient une attention particulière :
- plantation d’arbustes à haute densité pour réhabiliter les
terrains affectés par une dégradation avancée (Bad-lands)
;

45
- réhabilitation des banquettes fruitières par le curage et
l’enlèvement des sédiments accumulés pour restituer leur
capacité de rétention des eaux de ruissellement ;
- plantations d’arbustes fourragers dans les terres de
parcours pour, à la fois, améliorer la protection des sols et
assurer plus de fourrage.
- appuis technique et financier aux paysans pour la
confection ou l’entretien des structures de lutte contre la
dégradation. Les actions suivantes sont à privilégier :
consolider les terrasses irriguées au niveau des murs de
soutènements, collecter les eaux de drainage des routes
et pistes, installer des murettes en pierres sèches en
courbe de niveau pour former des barrières contre le
ruissellement des eaux et piéger les sédiments.
Concernant les ressources en eau, les mesures qui
suivent sont à prendre en considération :
- mobilisation des eaux de ruissellement ;
-re-profilage des cours d’eau ou au moins certains
tronçons instables pour éviter les débordements lors des
crues.
- limiter l’extension des superficies irriguées au niveau des
zones connaissant une saturation des ressources en eau
de surface et souterraine ;
- imposer le respect du débit écologique au niveau des
barrages actuels et projetés et réserver une « dotation »
annuelle exprimée en volume d’eau ;
- limiter les pompages dans les nappes en surexploitation
;
- adopter la gestion participative des eaux des nappes par
la mise en place de contrats de nappes.
Pour contrecarrer la dégradation des forêts, les actions
suivantes peuvent aider :

46
- régulation des activités de parcours dans les forêts
menacé par le surpâturage et l’écimage en se basant sur
les capacités productives de ces espaces ;
- promouvoir des sources d’énergie autres que le bois et
le charbon, et notamment celui de l’utilisation du gaz
butane.
- mener des reboisements à base d’espèces locales ;
- introduction de nouvelles espèces résistantes au stress
hydrique ;
- renforcement des efforts de lutte contre les incendies ;

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