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[Date] Gestion des Ressources

en eau
Pr R. Serge PANGU SANGHY, DSc.

FACULTE DES SCIENCES ET TECHNOLOGIES


2019-2020
U N I K I N - F a c . d e P é t r o l e , G a z e t E n e r g i e s N o u v e l l e s - G e s t i o n d e s R e s s o u r c e s e n E a u |1

Plan du Cours
Introduction Générale

1ere partie : Cycle de l’eau et évaluation du bilan hydrique

Chap. 1 : Le Cycle de l’eau dans le milieu naturel

1.1. Le bassin versant


1.2. Le cycle de l’eau et les postes du bilan hydrologique
1.3. Répartition de l’eau sur le globe terrestre
1.4. Quelques techniques classiques de mesure des variables
hydrométéorologiques
Chap. 2 : L’eau, une ressource renouvelable fragile et épuisable
2.1. Différenciations eaux de surface et eaux souterraines
2.2. Zones humides et écologie des milieux aquatiques
2.3. Impacts des changements climatiques sur les ressources en eau
2.4. Impacts des activités humaines sur l’hydrosystème
2.5. Orientations bibliographiques
2ème partie : Affectations et usages de l'eau et leurs modes de gestion
sectorielle
Chap. 3 : Les utilisations de l’eau – Approche mondiale, régionale et
nationale
3.1. Usages de l’eau et le concept d’‟eau virtuelle"
3.2. Prélèvements et usages de l’eau dans le monde
3.3. Prélèvements et usages de l’eau en Afrique
3.4. Prélèvements et usages de l’eau en RDC
3.5. Enjeux et perspectives des utilisations de l’eau : la guerre de l’eau
Chap. 4 : Prélèvements et usages de l’eau pour la production de l’énergie
4.1. Hydroélectricité
4.1.1. Classification des centrales hydroélectriques et notions d’étude de site
d’implantation
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4.1.2. Eléments de modélisation d’une centrale hydroélectrique et de son


réservoir
4.1.3. Principes de l’évaluation d’impact économique, social et environnemental
de l’implantation d’une centrale hydroélectrique
4.1.4. Etude des cas
4.2. Géothermie
4.2.1. Principes de fonctionnement et usages de la géothermie d’eau
4.2.2. Typologie (géothermie basse, moyenne et haute énergie)
4.2.3. Méthodes et techniques de production d’électricité géothermique
4.2.4. Pompes à chaleur (technologie, typologie et usages)
4.2.5. Etat de la connaissance de la géothermie d’eau
4.2.6. Etude des cas
4.3. L’eau dans le Nucléaire
4.3.1. Nucléaire : Origines et motivations, avantages et inconvénients
4.4. Les Centrales nucléaires
4.3.3. Nucléaire : quels risques sur les ressources en eau ?
4.3.4. Etude de cas : la catastrophe nucléaire de Tchernobyl
4.3.5. Orientations bibliographiques

3ème partie : Gestion Intégrée des Ressources en Eau – GIRE

Chap. 5 : Principes de gestion intégrée des ressources en eau


5.1. Historique de la GIRE
5.2. Cadre institutionnel
5.3. Outils de la GIRE
5.3.1. Le Global Water Partnership (GWP)
5.3.2. Le Réseau des Institutions et Organisations des Bassins (RIOB)
5.3.3. L’Initiative du Bassin du Nil (IBN)
5.3.4. La Commission Internationale Congo Oubangui Sangha (CICOS)
5.3.5. Le projet de l’Autorité du Bassin du Congo
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Chap. 6 : Présentation des quelques outils d’aide à la décision dans la gestion


des ressources en eau

6.1. La modélisation hydrologique : un préalable incontournable


6.2. Le Nile Basin Decision Support System (NB-DSS)
6.3. La plateforme ‘’Mike”
6.4. Le Water and Environmental Analysis and Planning (WEAP)
6.5. Le Soil and Water Analysis Tools (SWAT)
6.6. Etude de cas
6.7. Orientations bibliographiques

* *
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Introduction générale

Ce cours est principalement destiné aux différents modes de gestion des affectations et
usages de l’eau pour les besoins domestiques, l’agriculture, la production d’énergie, la
navigation et la protection des écosystèmes. Il privilégie donc les filières de valorisation
économique de l’eau et des systèmes d'acteurs historiquement construits. Mais, pour se
conformer aux exigences du développement durable, il laisse une place de choix
d’abord, à la connaissance des processus majeurs qui conditionnent une ressource en
eau dans le milieu naturel. Ensuite, le cours se penche non seulement sur les effets de
l’inévitable pression démographique des aires urbaines sur la ressource en eau, mais
aussi, sur les inéluctables contraintes imposées par le changement climatique actuel sur
cette ressource. Et enfin, il s’intéresse aux impacts que peuvent générer les
prélèvements et les utilisations de l’eau sur le développement durable des nations
humaines. Il s’agit principalement d’assurer la disponibilité et l’hygiène de l’eau, de
garantir la sécurité alimentaire, d’améliorer l’accès à l’énergie et de promouvoir la
protection des écosystèmes naturels. L’objectif étant celui de booster le développement
des nouvelles activités industrielles surtout dans le monde rural. Cela permettra de
projeter l’amélioration du revenu et de la qualité de la vie des populations riveraines, de
promouvoir la conservation des écosystèmes aquatiques et extra-aquatiques ainsi que
la protection des bassins versants.

Pour ce faire, le cours s’inscrit dans une optique de Gestion Intégrée des Ressources en
Eau (GIRE) ou Integrated Water Resources Management (IWRM), en anglais. Il a pour
objectif majeur, celui de stimuler l’intérêt et les talents des élèves ingénieurs en vue de
les orienter vers le développement de nouveaux projets de mise en valeur des
immenses potentiels énergétiques (hydroélectrique et géothermique) dont dispose
notre pays, la RD Congo, en particulier et l’Afrique Centrale, notre sous-région, en
général. Comme le dévoile son plan, le cours s’articule autour de trois axes essentiels :
la disponibilité des ressources en eau, les utilisations de l’eau pour la production
d’énergie et le mode de gestion optimale de cette ressource.
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Chap. 1 : Le Cycle de l’eau dans le milieu naturel

D’après Laurent et Dupont (2011), l'eau ne constitue une ressource pour l'homme que
lorsqu'il y a une adéquation spatiale et temporelle entre l'eau disponible dans le milieu
et les besoins d'une société. Si cette disponibilité fait défaut des aménagements sont
réalisés pour :
- transporter l'eau sur les lieux de consommation au moyen de canaux ou de
canalisations ;
- stocker l'eau pour la période d'usage au moyen de barrages.

La quantité ne suffit pas pour répondre aux besoins, la qualité est également une
condition nécessaire et fortement limitante pour des usages comme l'alimentation en
eau potable ou certaines industries (agro-alimentaires, électronique).

Pour comprendre les problématiques d'usages de l'eau, il est donc nécessaire


d'identifier, au préalable, les facteurs qui déterminent la variabilité spatiale et
temporelle des flux d'eau.

1.1. Le bassin versant

Afin de pouvoir mettre en relation les précipitations (pluie, neige, grêle) et les débits
qu’elles génèrent dans d'un cours d'eau, il est nécessaire de délimiter les surfaces qui
contribuent à alimenter l'écoulement de ce cours d'eau. L'ensemble de ces surfaces
constitue le bassin versant. Sa délimitation se base généralement sur la topographie
(fig. 1). Le bassin versant regroupe alors toutes les surfaces qui, par ruissellement
superficiel et hypodermique, contribuent à l'écoulement au niveau de la section de
rivière considérée. Se faisant, le bassin versant est l’entité spatiale des processus
hydrologiques.
En hydrologie, le terme bassin versant (ou bassin hydrographique) désigne le territoire
sur lequel toutes les eaux de surface s’écoulent vers un même point appelé exutoire du
bassin versant (Banton et al., 1997).
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Ce territoire est délimité physiquement par la ligne des crêtes ou ligne de partage des
eaux.

Fig.1 : Le bassin versant

Le bassin versant représente, en principe, l'unité géographique sur laquelle se base


l'analyse du cycle hydrologique et de ses effets. Plus précisément, le bassin versant qui
peut être considéré comme un " système " est une surface élémentaire
hydrologiquement close, c'est-à-dire qu'aucun écoulement n'y pénètre de l'extérieur et
que tous les excédents de précipitations s'évaporent ou s'écoulent par une seule section
à l'exutoire. Le bassin versant en une section droite d'un cours d'eau, est donc défini
comme la totalité de la surface topographique drainée par ce cours d'eau et ses
affluents à l'amont de cette section. Il est entièrement caractérisé par son exutoire, à
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partir duquel nous pouvons tracer le point de départ et d'arrivée de la ligne de partage
des eaux qui le délimite.

Comportement hydrologique du
bassin versant

Mesuré par Q à l’exutoire (fig. 3


et 4)
- Pluviométrie actuelle et
historique
- Nature et saturation du sol
- Caractéristiques du BV :
surface, relief, forme, pente,
etc.
- Occupation du et
aménagements

Fig. 3 : Mécanismes de quantification du débit Q

Fig.4 : Hydrogramme unitaire d’un bassin versant

Généralement, la ligne de partage des eaux correspond à la ligne de crête. On parle


alors de bassin versant topographique.
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Le temps de concentration tc caractérise en partie la vitesse et l'intensité de la réaction


du bassin versant à une sollicitation des précipitations, est influencé par diverses
caractéristiques morphologiques : en premier lieu, la taille du bassin (sa surface), sa
forme, son élévation, sa pente et son orientation. A ces facteurs s'ajoutent encore le
type de sol, le couvert végétal et les caractéristiques du réseau hydrographique. Ces
facteurs, d'ordre purement géométrique ou physique, s'estiment aisément à partir de
cartes adéquates ou en recourant à des techniques digitales et à des modèles
numériques de terrain.

Selon Black (1997), un bassin versant remplit plusieurs fonctions. Les fonctions
hydrologiques, écologiques et socio-économiques ne sont que quelques exemples. La
fonction hydrologique se caractérise par les rôles suivants :
- recueillir l’eau de pluie et de fonte de la neige ;
- accumuler des quantités variables de cette eau pour des durées variables
également;
- restituer cette eau sous forme de ruissellement.
La détermination de différentes caractéristiques du bassin versant contribue à la
prédiction du comportement des écoulements au niveau de ce bassin versant.
Son comportement hydrologique est régi par l’ensemble de ses caractéristiques
physiques : la pente, la géologie, la pédologie, le degré d’anthropisation, le couvert
végétal, sont autant de facteurs impacter le comportement des variables hydrologiques.
Il est évident que la compréhension des multiples fonctions du bassin versant, passe
par l’analyse du cycle de l’eau (ou cycle hydrologique) (fig. 2).
Quant aux fonctions écologiques, le bassin versant en remplit au moins deux :
- il procure des sites d’échanges et des mécanismes essentiels pour le bon
développement des réactions chimiques nécessaires aux organismes vivants ;
- il procure un habitat à la faune et à la flore.
L’eau est le principal milieu dans lequel la plupart des réactions chimiques ont lieu et ce
sont les bassins versants qui procurent les divers sites aqueux dans lesquels ces
réactions se produisent. Le bassin versant et ses fonctions hydrologiques déterminent
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les caractéristiques de l’habitat dans les milieux aquatiques. Les perturbations causées
par l’homme sur les caractéristiques physiques, chimiques et biologiques de l’eau ont
parfois des effets néfastes sur les écosystèmes ainsi que sur la faune et la flore,
pouvant aller jusqu’à mettre en péril la chaîne alimentaire.

Le lien entre caractéristiques physiques et comportement hydrologique a évidemment


poussé les chercheurs à approfondir les descriptions géomorphologiques, pédologiques,
géologiques, et à expliquer certaines tendances hydrologiques par ces paramètres
physiques. La comparaison de l’analyse de l’évolution temporelle de ces caractéristiques
dans deux bassins versants peut dévoiler des changements favorables ou non au
ruissellement qui ont pu intervenir dans le temps. La connaissance de ces changements
est une information importante pour les acteurs régionaux. L’intérêt de ces paramètres
réside dans leur utilisation pour identifier les zones sensibles au ruissellement. Ils
peuvent donc servir d’outils d’aide à la décision dans le cadre d’une politique
d’aménagement des bassins versants visant à réduire le ruissellement. La maîtrise de la
complexité croissante des problèmes sur le territoire nécessite donc de disposer d’un
ensemble de méthodes et d’outils scientifiques puissants et adéquats.

Ces moyens doivent non seulement traiter rapidement les données spatiales, mais
aussi les analyser afin d’obtenir une information pertinente, permettant d’éclairer les
décideurs et d’accroître le temps d’anticipation de ces phénomènes.

A cet effet, les systèmes d’information géographique et la télédétection proposent des


outils d’intégration et d’analyse de données multi-sources qui améliorent
significativement les systèmes de prévision et d’alerte (BOUAICHA R. et al, 2011). Ainsi,
le développement récent des outils d’acquisition de données, tels que les Systèmes
d’Informations Géographiques (SIG), les Modèles Numériques de Terrain (MNT), les
radars, les satellites, offre désormais la possibilité d’accéder à de nombreuses données
spatialisées du bassin versant et de la pluie (PLANTIER, 2003).
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Il est alors envisageable de connaître la répartition spatiale du couvert végétal, de


l’humidité du sol, de l’urbanisation, etc., sur un bassin versant, ainsi que la distribution
spatiale des précipitations.

1.2. Le cycle de l’eau et les postes du bilan hydrologique

Trop souvent confondus, le bilan hydrologique se situe à l'échelle du bassin versant et


concerne une démarche hydrologique, le bilan hydrique se situe à l'échelle de la plante
et participe d'une démarche agronomique. Simples opérations comptables, le bilan
hydrique et le bilan hydrologique visent tous les deux à établir la balance entre les
entrées et les sorties en eau d'une unité hydrologique définie pendant une période de
temps donné.

Fig. 2 : Le cycle de l’eau en milieu naturel.

Analyser le cycle de l’eau revient à déterminer les termes du bilan hydrique ou


hydrologique impliqués dans les échanges entre les divers composants du système et
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de leurs interactions. La détermination des termes du bilan hydrique est régit par le
principe de conservation de la matière, mais dans tous les cas c'est l'aspect comptable
du terme bilan qui prévaut en hydrologie, que ce soit au niveau des bilans hydriques ou
hydrologiques.

Dans sa formulation la plus générale, il s'écrit:

P = Q + ET + ΔR(u+h)

Tout ce qui tombe (P) dans un espace hydrologique et dans un laps de temps donnés
soit s'écoule (Q) soit repart dans l'atmosphère par évapotranspiration (ET), soit
participe à la recharge des réserves en eau du sol (Ru) ou du sous-sol (Rh). Les
variations de réserve peuvent être également négatives et contribuer aux écoulements
et/ou à l'évapotranspiration. Suivant le schéma auquel on s'attache, et l'échelle
considérée, on parlera de bilan hydrique, en général à l'échelle de la station (et dans ce
cas le débit Q sera composé de l'infiltration profonde et/ou du ruissellement, et ΔRh
sera ignoré), ou du bilan hydrologique à l'échelle d'un bassin versant.

Les bilans peuvent concerner également des éléments liés à l'eau, par exemple des
éléments dissous (on parlera de "bilans géochimiques") ou des particules solides
véhiculées par l'eau, ou même par d'autres facteurs (bilan érosif).

a) Calcul du bilan hydrologique

Le bilan hydrologique se situe donc à l'échelle du bassin versant (quelle que soit sa
taille), considéré comme un système fermé, dont on peut résoudre l'équation de base :

P = Q + ET + ΔR

Cette équation est valable à n'importe quel intervalle de temps, mais qui n'a d'intérêt
qu'utilisée dans un intervalle ayant une signification hydrologique (année hydrologique ;
épisode de crue ; saison hydrologique...). Les pluies et les débits sont le plus souvent
mesurés, le débit étant exprimé en lame d'eau écoulée en tenant compte de la surface
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du bassin versant. Les choses sont plus complexes en ce qui concerne le terme ΔR,
variation des réserves en eau, soit positive, soit négative, qui cumule les variations de
stockage de l'eau dans la tranche superficielle du sol (réserve hydrique, ou réserve
"utile", Ru) et dans le sous-sol (réserve hydrologique, Rh).

Les pluviomètres (fig. 5) sont utilisés pour mesurer la quantité de pluie comme une
profondeur (mm) qui s’accumulerait au cours d’une certaine période de temps sur une
surface plane.

Fig. 5 : Vue d’un pluviographe (à gauche) et d’un pluviomètre (à droite).

Comme l'imprécision dont le terme ΔR est généralement entaché font que, dans la
mesure du possible, on essaye de s'en affranchir en partant de moments privilégiés du
cycle hydrologique entre lesquels les variations de niveau des réserves peuvent être
considérées comme nulles ou négligeables : pour Rh, ce sera des moments où le débit
de base est le même. Pour Ru, ce sont les valeurs d'équilibre (capacité de rétention ou
au contraire épuisement) qui, selon les climats, peuvent se maintenir une bonne partie
de l'année, qui seront privilégiées.

L'ET demeure souvent inconnue, et reste souvent la valeur à déduire par soustraction à
partir de l'équation de bilan. Etant pris comme un terme résiduel dans cette équation, il
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est entaché tant des erreurs de mesure sur la pluie et les débits ou des incertitudes sur
la surface du bassin versant que des difficultés d'estimation des réserves...

Si cette méthode des bilans hydrologiques demeure en tout état de cause la seule
méthode de référence possible, à l'échelle du bassin, pour connaître
l'évapotranspiration réelle, il ne faut pas pour autant en sous-estimer les faiblesses.

De par le rôle déterminant de l’eau dans le développement de la végétation (fonctions


métaboliques et régulation thermique), le cycle de l’eau représente l’aspect fondamental
du système sol-plante-atmosphère. Analyser le cycle de l’eau revient à déterminer les
termes du bilan hydrique (fig. 6) impliqués dans les échanges entre les divers
composants du système et de leurs interactions.
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Fig. 6 : Le Bilan hydrique

La détermination des termes du bilan hydrique est régit par le principe de conservation
de la matière. La part d’eau stockée dans le sol et disponible pour les plantes durant
une période donnée, est déterminée par simple soustraction entre les apports et les
pertes en eau durant cette même période.

Le bilan hydrique doit être déterminé dans une échelle de temps et d’espace donnée.
L’échelle de temps peut être courte (une averse d’une dizaine de minutes) ou plus
longue (un mois ou plus). L’échelle de l’espace peut être un bassin versant (échelle
régionale) ou une parcelle de quelques m² (échelle locale) selon l’objectif à atteindre.
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Le bilan hydrique se situe à l'échelle de la station de la plante, ou tout au plus du


champ, et s'écrit:

P = ET + I + ΔRu

Les gains du système, sous forme de pluies ou d'apports par irrigation, sont mesurés ou
connus. Les pertes se composent de l'évapotranspiration, comme dans le cas du bilan
hydrologique, et de l'infiltration profonde I, qui représente l'eau transitant par le profil
pédologique sans y demeurer, et qui est donc perdu pour le système "sol - plante -
atmosphère" ; ce terme I correspond à l'écoulement c'est-à-dire à la somme des termes
Q et ΔR du bilan hydrologique.

Le terme ΔR se limite alors à ΔRu, et ne concerne que les variations de stocks d'eau
dans la partie superficielle du sol ; il est le plus souvent mesuré directement par le suivi
des profils hydriques. Le terme I est également connu à partir de ce suivi des profils
hydriques et de la détermination du plan de flux nul, par exemple par des méthodes
tensiomètriques ; il est le plus souvent positif, mais peut être négatif en cas de
remontées capillaires.

b) Mesure de l’évaporation :

Des bacs d’évaporation mesurent la perte d’eau d’un plan d’eau (mm). Cela donne une
valeur de référence, qui est ensuite convertie en une mesure relative en fonction du
type de sol et de la végétation. La cuvette standard est le Bac de classe A du U.S.
Weather Bureau (Bureau américain du climat).

c) Estimation de l’évapotranspiration (Fig. 7)

Il existe différentes méthodes plus ou moins complexes pour l’estimation de l’ETP. La


plupart de ces formules requièrent la connaissance d’un certain nombre de paramètres
climatiques. Le choix d’une formulation au détriment d’une autre dépend de la
disponibilité en données météorologiques ainsi que les possibilités d’application pour la
région à investiguer. L'ETR peut soit être déduite de l'équation, soit être mesurée, en
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utilisant des méthodes indirectes (micro-météorologique de bilan d'énergies) ou des


méthodes directes à partir de lysimètres. L'estimation indépendante des différents
termes du bilan est alors un moyen très rigoureux d'avoir une idée des marges d'erreur
sur les valeurs établies des différents termes de l'équation de bilan.

Fig. 7 : les éléments de calcul de l’évapotranspiration.

On calcule l'évapotranspiration à l'aide de formules empiriques comme celle de


Thornthwaite, de Penman ou de Turc. On distingue l'évapotranspiration potentielle
(ETP) qui est le pouvoir évaporant de l'atmosphère sur un sol avec couvert végétal
disposant de l'eau en abondance. L'évapotranspiration réelle (ETR) correspond à la
perte en eau d'un sol quand l'eau vient à manquer: l'ETR est fonction de l'ETP et de la
quantité d'eau présente dans le sol.

Calcul de l'ETP par la formule de Turc :

ETP = k(T/(T+15))*(Rg+50) [mm/mois]


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T: température mensuelle moyenne


Rg: radiation solaire globale
k= 0,37 pour février et k=0,40 pour les autres mois
Rg = Iga (0,18+0,62 h/H)
Iga: radiation solaire directe en l'absence d'atmosphère
h/H: durée réelle d'insolation/durée maximale possible
Calcul de l'ETR par la formule de Turc :

P : précipitation en mm
T : température en °C
ETR : évapotranspiration réelle en mm par an

Cette formule peut être utilisée lorsque les valeurs décadaires ou mensuelles de la
température et des précipitations ne sont pas disponibles).

d) Les précipitations et leur variabilité

- Quantité des précipitations : la quantité totale de pluie qui tombe à un endroit


sur une certaine période (mm/jour, mm/mois, mm/an).

- Durée des précipitations : la période de temps au cours de laquelle la pluie


tombe (en heures ou en minutes).

- Intensité des précipitations : la quantité totale de pluie qui tombe au cours d’une
période de temps donnée (mm/heure). Elle est obtenue en divisant la quantité
de pluie par sa durée.

e) Estimation du ruissellement

Le ruissellement est l’eau qui coule sur la surface du sol sous la force de la
gravité. C’est l’eau qui reste après interception, infiltration et évaporation avant
qu’elle n’atteigne les zones basses ou le ruisseau (ou la rivière) le (ou la) plus
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proche. La conception des systèmes de collecte des eaux de ruissellement exige


la connaissance de la quantité de ruissellement qui sera produite par les averses
dans un bassin versant donné ; La quantité de ruissellement est estimée comme
étant un pourcentage fixe de la quantité des précipitations en utilisant un
coefficient de ruissellement.

Ruissellement (mm) = Précipitations (mm) x Coefficient de ruissellement (%)

f) Apports en eau

Les précipitations constituent les principaux apports en eau et peuvent être


appréciées par un pluviomètre situé à l’endroit à investiguer ou obtenues à partir
de la station d’observation météorologique la plus proche. Ce type d’apport peut
être unique dans le cas d’un terrain plat. Dans le cas d’un sol en pente, les
écoulements latéraux (superficiels) provenant de terrains adjacents constituent
une autre source d’apports en eau. Les irrigations artificielles constituent
également une autre source d’apport et sont effectuées généralement par un
simulateur de pluie.

Les données des précipitations (mm) peuvent être obtenues à la station


d’observation la plus proche.

g) Pertes en eau

Les pertes en eau consistent dans les différents suivants :


- le ruissellement ;
- l’évapotranspiration ;
- la reprise par les racines ;
- le stock en eau du sol durant le processus de redistribution
h) Calcul des termes du bilan hydrique

Le bilan hydrique d’une tranche de sol d’épaisseur z pendant une période quelconque
est calculée par :
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Où = variation du stock d’eau de sol contenu dans la tranche (0,Z)


P = pluviométrie de la période ;
E = évapotranspiration pendant la période ;
D = drainage ou remontée capillaire ;
R = ruissellement.
Toutes les grandeurs sont exprimées en mm d’eau et correspondent aux lames d’eau
cumulées pendant la période séparant deux relevés de mesures.

1.3. Répartition de l’eau sur le globe terrestre

La variabilité de la ressource en eau s'explique par des facteurs naturels et sociaux. La


lecture de cette variabilité spatiale et temporelle peut s'effectuer à l’échelle mondiale,
régionale ou locale. Les inégalités de la ressource induisent des espaces et/ou des
périodes de stress voire de pénurie d'eau.

1.3.1. Précipitations inégales

Les précipitations sont le premier déterminant fondamental, en matière de volume et de


distribution temporelle comme l’illustre bien la carte mondiale des précipitations publiée
par l’UNEP (Fig. 7). On peut noter le grand contraste dans la répartition des
précipitations entre les régions dites sèches et les régions humides. Les régions dites
sèches sont celles qui reçoivent moins de 400 mm/an :
- elles correspondent aux déserts chauds et à leurs marges mais aussi aux
déserts froids des latitudes polaires ;
- elles se situent dans les zones subtropicales (Sahara, péninsule arabique, sud
de l'Iran, Kalahari...), au cœur des continents (Asie centrale, Australie...), le
long de littoraux balayés de courants froids (désert chilo-péruvien...), en
situation d'abri orographique (Montagnes Rocheuses, Tibet...) ou aux hautes
latitudes (nord du Canada et Sibérie).
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Fig. 7 : les précipitations dans le monde (UNEP, 2010).

A l'opposé, les régions les plus arrosées, avec plus de 1000 mm/an, se répartissent :
- le long de l'équateur et jusqu'aux tropiques ;
- sur les façades orientales des continents pour la zone subtropicale et sur les façades
occidentales en zone tempérée.
- sur les versants montagneux soumis aux flux océaniques où le volume des précipitations est
accru (avec plus 10 000 mm/an dans certaines montagnes tropicales).

1.3.2. Répartition des précipitations par pays inégales

La carte en anamorphose (fig. 8) des pays en fonction du volume des précipitations,


représente bien cette inégale répartition des précipitations sur chaque continent :
- l’Amérique du Sud est largement arrosée ;
- l'Amérique du Nord est plus rétrécie et déformée au profit de son espace tropical
et subtropical ;
- l'Afrique est fortement déformée : le centre est relativement très renflé (car très
humide) alors que le sud l’est moins (moins humide que le centre et le nord du
continent est au contraire très rétréci car très sec (Sahara, littoral
méditerranéen) ;
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- l'Asie des moussons (le sud-est) concentre une grande partie des précipitations
du continent tandis que le Moyen Orient, l'Asie centrale et la Sibérie sont soumis
au manque d'eau ;

- l'Europe tient une place proportionnelle à sa superficie mais avec


une façade atlantique agrandie.

Fig. 8 : Carte en anamorphose des précipitations par pays en rapport avec la moyenne mondiale.

1.3.2. Évaporation, pluie efficace et écoulement

Une partie de l'eau précipitée ne rejoint ni les cours d'eau, ni les nappes souterraines
mais s'évapore. L'évaporation a lieu directement à partir des surfaces en eau et
indirectement par les plantes dont les racines puisent l'eau dans le sol et la rejettent
par leurs stomates. On parle alors d'évapotranspiration pour englober les processus
physiques et biologiques.

La part de la pluie qui n'est pas évaporée, constitue la « pluie efficace » nommée
également « lame d'eau écoulée » ou encore « écoulement ». Elle est exprimée en
mm par unité de temps (mm.j-1, mm.mois-1 ou mm.an-1) ou en débit spécifique qui
est le volume écoulé par unité de temps et d'espace (l.s-1.km-2).
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Remarque :
Seule une fraction mineure des masses écoulées constitue réellement une ressource
car une grande partie est difficilement accessible ou transite durant une période où les
besoins sont réduits ; pourtant l'écoulement est souvent désigné comme la « ressource
en eau renouvelable », comme nous le verrons dans les cartes suivantes.

Il serait plus juste de prendre comme ressource en eau renouvelable l'écoulement de


base (Fig. 9.). Cet écoulement est assuré durant la plus grande partie de l'année grâce
à la vidange des nappes souterraines dans les cours d'eau ; mais il est plus difficile à
estimer car il dépend de processus souterrains propres à chaque bassin versant.

Fig. 9 : L’écoulement dans le monde [mm/an].

La carte de l'écoulement dans le monde diffère de celle des précipitations car elle
intègre l'évapotranspiration potentielle ETP ou ETo, ainsi :
- les zones froides disposent d'un écoulement important bien qu'elles soient sèches.
- à précipitations égales, l'écoulement diminue avec la latitude.
- 9 pays se répartissent les deux tiers de l'écoulement mondial : Brésil, Russie, Chine,
Canada, Indonésie, États-Unis, Inde, Colombie et République Démocratique du Congo.
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- les zones arides sont les zones avec de faibles précipitations et une forte évaporation ;
elles couvrent le tiers des terres émergées et ne disposent que de 2% de l'écoulement
mondial.
Note : par définition, les zones arides sont les espaces où le rapport P/ETP est inférieur
à 0,5 ave P : précipitations annuelles moyennes et ETP : évapotranspiration potentielle
annuelle moyenne.

1.3.3. De l'écoulement à la ressource en eau

a) Ressources en eau renouvelables par habitant (fig. 10)

Fig. 10 : Ressources en eau renouvelables actuelles par habitant [m3/an] (GWP, 2005)

Pour estimer la disponibilité de la ressource en eau, la distribution de l'écoulement


doit être confrontée à la répartition de la population. Les experts estiment que :
- à moins de 1.700 m3.hab-1.an-1, il y a stress en eau ;
- moins de 1.000 m3.hab-1.an-1, il y a pénurie d'eau, c'est-à-dire que le
développement est fortement contraint par la disponibilité en eau et que
des technologies d'économie et de recyclage de l'eau sont incontournables
pour répondre à la demande.
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L’analyse de la carte (fig. 10) montre que la répartition de la population est loin d'être
en adéquation avec les ressources en eau renouvelables. Ainsi, on relève que :
- de nombreux pays fortement peuplés sont en zone de pénurie comme le
Nord de l'Afrique, le Proche et le Moyen Orient (< 1.000 m3.hab-1.an-1),
cependant, certains bénéficient de l'écoulement provenant des espaces
montagneux comme la Turquie, l'Irak ou l'Iran ;
- d'autres pays sont plus fortement arrosés, mais les densités humaines
sont telles que la quantité disponible par habitant s'en trouve réduite
(1.000 à 5.000 m3.hab-1.an-1) : l'Afrique du sud, le Mexique, l'Inde, la
Chine et la plus grande partie de l'Europe ;
- les pays les mieux pourvus (> 5.000 m3.hab-1.an-1) sont des pays
tempérés ou tropicaux humides et/ou de faible densité: l'ensemble du
continent américain, l'Afrique centrale et une partie de l'Afrique
occidentale, l'Asie du sud-est, le nord de l'Eurasie et le sud-est de
l'Europe.
Cette carte exprime un potentiel mais ne reflète pas les pressions sur les ressources en
eau.

1.3.3. Ressources en eau renouvelables, une disponibilité différenciée

Fig. 11 : Ressources en eau renouvelables par habitant et par bassin versant (1995)
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La délimitation du bassin versant prend en compte une disponibilité plus réelle de


l'écoulement en fonction de la population au sein de ces entités fonctionnelles qui sont
difficiles à transgresser hormis au moyen de grands ouvrages de dérivation. Les valeurs
nationales cachent des variabilités internes qui peuvent être fortes entre bassins
versants notamment pour de grands pays :
 Ainsi, le Brésil est largement pourvu en eau dans le bassin amazonien (>
10.000 m3.hab-1.an-1) mais souffre d'une ressource limitée dans le nord-est
(1.700 à 4.000 m3.hab-1.an-1) ;
 La RDC et le Congo sont très bien servis dans le bassin congolais (˃10.000
m3.hab-1.an-1) alors que la situation au nord de Centrafrique est inquiétante
(˂4.000 m3.hab-1.an-1) ;
 L'est et le centre des États-Unis contrastent avec le sud-ouest en situation
critique (500 à 1.000 m3.hab-1.an-1 pour le bassin du Rio Grande) ;
 La Chine du sud bénéficie des moussons (1.700 à 4.000 m3.hab-1.an-1, bassin
du Yangtze) et s'oppose à la Chine du nord en situation de pénurie (< 500
m3.hab-1.an-11, bassin du Huang He) ;
 L'Égypte bénéficie des flux du Nil provenant de la zone tropicale humide ;
 L'Espagne du Nord (l'Èbre) et le sud de la France (la Garonne et le Rhône)
sont, en fonction de leur population, les bassins les mieux pourvus en eau
d'Europe.

Selon l'analyse conduite par le World Resources Institute (Pilot Analysis of Global
Ecosystems: Freshwater Systems - PAGE) :
 en 1995, 41% de la population mondiale, soit 2,3 milliards de personnes,
vivaient dans des bassins souffrant d'un stress en eau ; selon les études
prospectives, ce chiffre devrait être porté à 3,5 milliards soit 48% en
2025.
 en 1995, 30% de la population mondiale, soit 1,7 milliards de personnes,
vivaient dans des bassins en situation de pénurie ; selon les études
prospectives, ce chiffre devrait s'élever à 2,4 milliards soit 33% en 2025.
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D'autres variabilités existent au sein des grands bassins mais ne peuvent pas être
restituées à cette échelle.

1.3.4. Contexte hydroclimatique et sa variabilité spatio-temporelle : étude des cas


Exemple 1 : La France
La pluie efficace

En France, la moyenne interannuelle des précipitations est estimée à


867 mm. an-1 (Aquastat), mais les deux tiers s'évaporent, il reste 320 mm.an-1
pour l'écoulement. La moyenne interannuelle de la pluie efficace montre des
espaces excédentaires sur les reliefs montagneux (par effet d'ascendance et de
refroidissement des masses d'air humide entraînant leur précipitation) et sur les
façades océaniques exposées aux flux humides d'ouest. Le Bassin Parisien et le
Bassin Aquitain constituent des régions naturelles à faible potentiel d'écoulement
ainsi qu'une partie du littoral méditerranéen.

Variabilité saisonnière des pluies efficaces

C'est d'octobre à mars que la pluie alimente de façon conséquente


l'écoulement. Une baisse des précipitations durant la saison froide a un effet
drastique sur le potentiel d'écoulement. Les pluies d'avril à septembre ont peu
d'impacts sur les écoulements car la demande en eau des végétaux est
importante et le sol est souvent déficitaire, l'eau de pluie reconstitue alors la
réserve du sol et s'évapore ensuite sans rejoindre ni les nappes, ni les cours
d'eau.
Lorsque l'année est déficitaire en pluie, l'évapotranspiration continue
à opérer, le flux évapotranspiré est ainsi peu altéré mais l'eau restante,
disponible pour l'écoulement, est fortement réduite. Ainsi une faible baisse des
précipitations se traduit souvent par une baisse de l'écoulement beaucoup plus
marquée.
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Fig. 12 : Pluie efficace ou lame d'eau écoulée annuelle en France (de septembre à août) – (moyenne 1946-2001)

Exemple 2 : Le Bassin du Congo

Pangu (2018) a estimé la lame d’eau moyenne interannuelle dans le Bassin


du Congo à près 1.505 mm. An-1(Fig. 13).

Fig. 13 : Pluie efficace ou lame d'eau écoulée annuelle dans le bassin du Congo (de janvier à décembre) – (moyenne 1940-2013).
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En comparant la situation en France et dans le bassin du Congo, on relève que les


précipitations annuelles sont largement moins abondantes en France. Une preuve de
l’inégalité flagrante dans la répartition des ressources en eau entre pays ou entre
régions.

1.3.5. Les eaux salées prédominantes

Au total, la littérature renseigne que la


répartition actuelle des ressources en eau sur
la terre serait la suivante (GWP, 2015) :
 Volume total d’eau disponible: 1.420
millions de Km3
 Volume total d’eau douce: 70 millions
de Km3, soit 5 % du stock disponible.
 Volume total d’eau salée: 1.350
millions de Km3, soit 95 % du stock
total.
1.3.6. Leçon à tirer

Les ressources en eau sont inégalement réparties tant sur le plan qualitatif (eau douce
Vs eau salée), quantitatif (lame d’eau écoulée Vs lame d’eau évaporée) qu’au point de
vue spatiale à l’échelle régionale (régions humides Vs régions arides), à l’échelle du
bassin versant (eau du Congo Vs eau du Lac Tchad ou eaux de surface Vs eaux
souterraines) ou encore à l’échelle locale (stock disponible Vs volume prélevé ou eau
potable Vs eau polluée, etc.). Cette inégalité de répartition explique la notion très
subtile de « rareté de l’eau » laquelle se trouve à l’origine des pires perspectives de
partage de l’eau qui ferait déjà craindre la fameuse guerre de l’eau. Les chapitres qui
suivent apportent plus de lumière sur la question.

TP 1. Techniques classiques de caractérisation du bassin versant et de calcul de la lame


d’eau.
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Chap. 2 : L’eau, une ressource renouvelable fragile et épuisable

2.1. Différenciations eaux de surface/eaux souterraines

Les eaux de surface et les eaux souterraines possèdent des dynamiques très
différentes: la disponibilité des eaux de surface dépend des facteurs environnementaux
présents sur le bassin versant ; de même, les eaux souterraines peuvent correspondre à
une ressource de qualité, mais cette ressource est inégalement répartie sur le
territoire. Les eaux de surface regroupent toutes les eaux s'écoulant à la surface du sol,
des versants jusqu'aux cours d'eau, en passant par les mares, les étangs et les lacs. Les
eaux souterraines sont les eaux qui se sont infiltrées depuis la surface pour circuler
ensuite dans le milieu souterrain plus ou moins profond.

Ces dynamiques se résument de la manière suivante :


1) le temps de réponse les eaux de surface est plus rapide car la crue suit les
fortes pluies de quelques heures à quelques semaines selon la taille du bassin
versant ;
2) les milieux souterrains connaissent un temps de réponse long car les vitesses
de renouvellement des nappes va de l'ordre de quelques semaines à plusieurs
années voire à plusieurs millénaires pour les nappes profondes ;
3) les échanges entre eaux de surface et eaux souterraines s’effectuent à deux
niveaux essentiels, à savoir, les sources des eaux superficielles sur les versants
et l’infiltration dans les berges des cours d'eau.
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Fig. 14 : Echanges entre eaux de surface et eaux souterraines

Sur le bloc diagramme de la figure 14, on remarque que la nappe contenue dans les
alluvions est rechargée soit par les cours d’eau, soit par les pluies efficaces à sa surface,
soit par les communications souterraines avec la nappe des calcaires qui alimente à
son tour le cours d’eau principal. Des flux d’eau lient donc les circulations superficielles.
En réalité, tout écoulement de surface ne peut pas être considéré comme une ressource
car une grande partie s'écoule lors de crues. Ce n'est que la fraction qui présente une
certaine stabilité durant l'année (ou en tous cas durant les périodes d'usage de l'eau)
qui peut être considérée comme une ressource.
Remarque : La fonction des barrages est bien souvent de retenir les eaux de crue pour
qu'elles servent en période d'étiage.

2.1.1. Les eaux de surface

On comprend dès lors que le régime des cours d'eau est fonction de multiples facteurs
qui expliquent de fortes variabilités spatio-temporelles dans l'écoulement de surface :
- La nature du sol et du sous-sol, favorables à l'infiltration ou au
ruissellement car plus un sol présente une texture grossière, plus l'eau s'y
infiltre rapidement, les valeurs suivantes donnent des ordres de grandeur
de la vitesse d'infiltration dans un sol à saturation (tableau 1).
Dans un bassin au sous-sol calcaire et aux sols limono-calcaires par
exemple, la densité du réseau hydrographique est faible car l'eau circule
U N I K I N - F a c . d e P é t r o l e , G a z e t E n e r g i e s N o u v e l l e s - G e s t i o n d e s R e s s o u r c e s e n E a u | 31

essentiellement en profondeur, les cours d'eau principaux sont alimentés


par des résurgences de nappes.

Tableau 1 : Texture du sol et Perméabilité à saturation (en mm/h).

- La nature et la variabilité saisonnière de l'alimentation (pluie, fonte de


neige, fonte des glaces).
- La pente : la vitesse du ruissellement est fonction de la pente, ainsi sur un
bassin versant accidenté, lors de fortes pluies ou lors de pluies suivant
une période humide, le ruissellement aboutit rapidement aux cours d'eau
sans avoir le temps de s'infiltrer.
- Le couvert végétal : la végétation a un double effet limitant le
ruissellement: elle accroît l'évapotranspiration et elle améliore la
perméabilité du sol (d'un facteur 2 à 3 par rapport à un sol nu) ; sur des
bassins dénudés, la pluie produira une augmentation des débits des cours
d'eau plus massive et plus rapide que sur des bassins densément
végétalisés (forêt ou prairie).

Ainsi, les ressources en eaux de surface varient fortement selon la variabilité de ces
facteurs.

2.1.2. Les eaux souterraines

2.1.2.1. Quelques notions

L'espace de référence des eaux souterraine correspond à l'aire d'alimentation : espace


d'infiltration de l'eau vers la nappe souterraine, il peut différer de l'extension du bassin
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versant de surface car les nappes ont des géométries différentes (Cfr. Fig. 14). Aussi,
distinguons-nous :

- la zone non saturée où l'eau gravitaire, provenant de l'infiltration dans le


sol, s'y écoule verticalement lors d'épisodes de pluie efficace pour
recharger la zone saturée où la nappe souterraine lorsqu'elle est
exploitable est nommée aquifère.

L'aquifère est caractérisé par :

- sa configuration (contours, dimensions, limites),

- sa localisation dans le sous-sol (profondeur, épaisseur)

- ses propriétés intrinsèques (granulométrie, pétrologie, géochimie, fissuration,


déformation...). Les conditions aux limites conditionnent les échanges entre
l'aquifère et son environnement immédiat.

II.2. Zones humides et écologie des milieux aquatiques (définitions et rôles, typologie,
état et préservation).
II.3. Impacts des changements climatiques sur les ressources en eau (état de la
question, typologie des impacts, enjeux et perspectives d’adaptation).
II.4. Impacts des activités humaines sur l’hydrosystème (le rôle de l’occupation du sol,
l’emprise de l’urbanisme et de l’agriculture sur les bassins versants, impact des
aménagements de cours d’eau, impact des prélèvements d’eau sur les écosystèmes
aquatiques, impact des activités sur la qualité de l’eau (pollution) : typologie des
polluants, normes et classification des polluants, conséquences, méthodes d’évaluation,
mesures de prévention et de lutte, etc.)
III- Orientations bibliographiques

2ème partie : Affectations et usages de l'eau et leurs modes de gestion sectorielle (20
h)

I- Les utilisations de l’eau – Approche mondiale et nationale (notions de prélèvements,


disponibilités et diversité des utilisations de l’eau : données globales sur les
prélèvements et les usages, notion d’accès à l’eau).
II- Prélèvements et usages de l’eau en RDC, en Afrique et dans le monde (état des lieux,
besoins de consommation en eau potable, agricole, industrielle et pour la production de
U N I K I N - F a c . d e P é t r o l e , G a z e t E n e r g i e s N o u v e l l e s - G e s t i o n d e s R e s s o u r c e s e n E a u | 33

l’énergie, politiques de valorisation, enjeux et perspectives économiques, sociaux et


environnementaux)
III- Prélèvements et usages de l’eau pour la production de l’énergie en RDC
(hydroélectricité et géothermie : l’enjeu des énergies renouvelables)
III.1. L’Hydroélectricité (potentiel, avantages et inconvénients, état de besoins nationaux
et régionaux en énergie électrique, état actuel et projets de mise en valeur)
III.1.1. Classification des centrales hydroélectriques et notions de l’étude de site
d’implantation (caractérisation, classification et paramètres d’évaluation)
III.1.2. Eléments de modélisation d’une centrale hydroélectrique et de son réservoir
(Préparation des données hydrauliques d’entrée (puissance installée et efficience, débits
turbinées, prises d’eau, hauteur de chute, eaux de refoulement, schéma de consignes et
évolution de la capacité de stockage du réservoir) outils et principes de l’évaluation de la
productivité.
III.1.3. Principes de l’évaluation d’impact économique, social et environnemental de
l’implantation d’une centrale hydroélectrique
III.1.4. Etude des cas
1. La productivité des centrales d’Inga 1 et 2 face à l’ensablement du réservoir de
Shongo (Exercice pratique d’évaluation d’un réservoir : reproduction du modèle
numérique de la vallée de Mpiokolo, modélisation du réservoir et des centrales,
évaluation de la perte de charge du réservoir et estimation de la productivité
actuelle)
2. Le projet du Complexe hydroélectrique du grand Inga (Exercice complet sur le
calcul des volumes d’eau à turbiner, la capacité, l’étendue et l’impact
environnemental et social de la retenue, l’estimation de la production annuelle,
etc.)
3. Le projet de Katende (exposé des étudiants repartis en groupes de recherche)

IV- La Géothermie, une filière encore mineure mais des ressources immenses et une énergie
propre (potentiel, avantages et inconvénients, centrales géothermiques, état de besoins
nationaux et régionaux en énergie, état actuel et projets de mise en valeur)
IV.1. Principes de fonctionnement et usages de la géothermie d’eau (forage unique et
forage en doublet)
IV.2. Typologie (géothermie basse, moyenne et haute énergie)
IV.3. Méthodes et techniques de production d’électricité géothermique (simple flash,
double flash, Organic Rankine Cycle (ORC), géothermie conventionnelle, Enhanced
Geothermal System (EGS)
IV.4. Les pompes à chaleur (technologie, typologie et usages)
IV.5. Etat de la connaissance (enjeux du secteur et perspectives de recherche dans le
monde)
IV.6. Etude des cas : la Centrale de Bouillante en Guadeloupe et un projet pilote (au
choix)

V- L’eau dans le Nucléaire

V.1. Nucléaire : une filière fortement centralisée, contrôlée par l’Etat (Origines et
motivations, avantages et inconvénients).
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V.2. Les Centrales nucléaires : une localisation littorale et fluviale (centrales hydrauliques
et thermiques, la technologie des réacteurs à eau pressurisée).
V.3. Nucléaire : quels risques sur les ressources en eau ? (volume des prélèvements,
pollution thermique, risques de contamination, risque d’inondation, risque d’inondation
combiné au risque sismique)
V.4. Etude de cas : la catastrophe nucléaire de Tchernobyl
VI. Orientations bibliographiques

3ème partie : Gestion Intégrée des Ressources en Eau – GIRE (4 h)


I- Principes de gestion intégrée de l’eau (institutions de gestion : les bassins versants, les comités
de bassins et les agence de l’eau, les commissions locales et les SAGE, les plans de gestion
(SDAGE), les programmes de mesures, les OMD relatifs à l’eau, les traités et conventions
internationales sur l’eau, les stratégies nationales et régionales de gestion de l’eau, etc.)

II- Outils de la GIRE (GWP, RIOB, NBI, CICOS, le projet ABC)

III- Présentation des outils d’aide à la décision (NB-DSS, Mike Hydro, WEAP, SWAT, etc.)

IV- Etude de cas

1. L’expérience de la GIRE dans le bassin de la Mpioka au Kongo Central (un exemple de


gestion intégrée de l’eau à l’échelle locale)

2. Les projets de transfert des eaux du bassin du Congo vers le lac Tchad (enjeux et
perspectives de gestion intégrée des ressources en eau au niveau régional).

V- Orientations bibliographiques

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