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Cours d’Hydrochimie
HYMAE (HME176) et SCIENV (GEN549) Quota horaire : 45h
Informations pratiques
1. Enseignant et contacts
Dr. BON André, Hydrogéologue ; E-mail : bon_andr@yahoo.com; Tél : 696416624
2. Contenu du cours et objectifs
Les notions abordées dans ce cours portent sur :
✓ les concepts généraux de base ;
✓ les facteurs contrôlant la composition chimique des eaux ;
✓ les différentes phases de l’eau ;
✓ la minéralisation des eaux ;
✓ le contexte hydrochimie des environnements géologiques ;
✓ la classification hydrochimique des eaux (types d’eau).
A l’issue de ce cours, les apprenants seront capables :
➢ de comprendre les processus principaux qui contrôlent la composition chimique des
eaux (souterraines/superficielles) et le comportement des contaminants chimiques ;
➢ d'appliquer des méthodes hydrochimiques afin d’évaluer les caractéristiques des eaux;
➢ d’établir le lien entre l’hydrométrie/piézométrie et la composition chimique de l’eau,
d’une part, et, d’autre part, entre cette dernière, la santé et la dynamique
environnementale ;
➢ de maîtriser des logiciels géochimiques pour simuler la composition chimique de l’eau
souterraine/superficielle.
Il s’agit donc de donner à l’apprenant les outils d’évaluation environnementale et de santé
humaine à partir des éléments majeurs et traces des eaux, base de la gestion qualitative de la
ressource en eau. Cela suppose que l’apprenant dispose déjà des aptitudes en : Environnement,
Géologie, hydrologie (Bassin versant, Cycle de l’eau), Cartographie, Chimie de l’eau, etc.
Sur le plan pratique, le TP/TPE (sur le terrain/et ou laboratoire) portera uniquement sur le bassin
du Mayo Tsanaga et consistera à : i) suivre l’évolution spatio-temporelle de la qualité des eaux
souterraines et/ou de surface au cours de la période (à définir) ; ii) caractériser le faciès chimique
de ces eaux et iii) identifier l’origine des ions et les sources de pollution éventuelle.
3. Matériel
Pour la plupart des séances de TD et TP, il sera utile d’avoir une calculatrice, un rapporteur. Un
ordinateur portable comportant le logiciel DIAGRAMMES. Le TP sur le terrain nécessite : un
multiparamètre (TDS, pH, T°C, Cnd), un carnet de notes,
4. Bibliographie simplifiée : Bon A.F., Ngo Ngoss T.A.M., Ewodo Mboudou G. et al. ; 2021.
Groundwater flow patterns, hydrogeochemistry and metals background levels of shallow hard
rock aquifer in a humid tropical urban area in sub-Saharan Africa- A case study from Olézoa
watershed (Yaoundé-Cameroon). DE VILLERS J. (2005) : Qualité physico-chimique et
chimique des eaux de surface : cadre général. Ducreux L. (2013) : Initiation à l’hydrogéologie ;
Harter T. (2003). Groundwater Quality and Groundwater Pollution ; Kovalevsky V. S.,
Kruseman G. P. and Rushton K. R. (2004). Groundwater studies. An international guide for
hydrogeological investigations 430 p.
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Introduction générale

L’eau est une ressource naturelle indispensable à la vie. Elle contribue de façon essentielle à
assurer le bien-être des populations et joue un rôle important dans la croissance économique, la
santé, la biodiversité, le tourisme, le transport, le développement industriel. De nos jours, la
gestion de cette ressource pose d’énormes problèmes aux populations tant dans les pays
développés que dans les pays en voie de développement.
Les compartiments du cycle hydrologique sont nombreux et les échanges entre ceux-ci
complexes. L’eau au cours de son cycle acquiert une composition physico-chimique et
biologique qui varie selon qu’elle se trouve dans l’atmosphère, au sol ou dans le sous-sol. Pour
ces derniers cas, l’altération chimique des roches silicatées apparaît comme un processus
fondamental du chimisme des eaux car l’eau en tant que molécule possède une structure polaire
qui fait d’elle un très bon solvant avec des extrémités positives et négatives qui peuvent former
une liaison avec des ions négatifs et positifs. Cependant, l’homme, à travers ses multiples
activités (ménage, lessive, industrie, agriculture, latrine à fonds perdus) dégrade les qualités
physico-chimique (ou bruit de fond géochimique) et biologique naturelle des eaux. La grande
explosion démographique mondiale et les changements climatiques ont mis en évidence la
vulnérabilité des eaux et, par conséquent, ont suscité un besoin croissant de gérer ces ressources
vitales. Apprendre à les gérer c’est donc comprendre son origine, son évolution tant quantitative
que qualitative. Tel est l’un des objectifs de l’hydrochimie.

I- RAPPELS GENERAUX
I.1. Définitions des concepts
Hydrogéologie : science qui concerne la recherche, l'exploitation, la gestion et la protection
des eaux. Elle traite des rapports entre l'eau et la roche c'est-à-dire cherche à connaître
l'organisation des écoulements souterrains.
Hydrologie : étude des eaux superficielles (eau de ruissellement, eaux de pluie etc.) jusqu’à
leur infiltration (hydrodynamique) dans le sol ;
Bilan hydrologique/hydrique : différence entre les entrées (pluie, dépôts totaux) et les sorties
(écoulement, évaporation) à l’échelle de plusieurs années.
Hydrodynamique souterraine est l’ensemble des aspects quantitatifs de l’hydrogéologie. C’est
la partie de l’hydrogéologie ou de l’hydraulique relative à l’écoulement de l’eau souterraine,
aux lois qui le régisse et à leur écoulement.

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Hydrochimie : science qui étudie les processus chimiques affectant la distribution et la


circulation des composés chimiques des eaux. Elle est essentiellement basée sur la chimie mais
aussi sur la biologie et la géologie. C’est donc, la connaissance des caractéristiques physico-
chimiques des eaux, des processus de leur acquisition et de leur évolution dans l’espace et dans
le temps. Elle inclue la chimie isotopique. L’hydrochimie inclut l’ensemble des techniques et
protocoles d'échantillonnage des eaux, la détermination des fonds géochimiques d’un milieu,
l'étude de la pollution des milieux aquatiques… Elle permet de définir la « qualité d’une eau ».
On entend par fond géochimique les concentrations en éléments chimiques (majeurs et traces)
dans les eaux attribuables uniquement à une origine naturelle.
Chimie : étude des paramètres physico-chimiques.
Géochimie : science qui applique les principes de la chimie à l'explication des processus
géologiques, passés et présents, qui affectent les enveloppes terrestres internes (noyau,
manteau, croûtes) et externes (océans, atmosphère, biosphère).
L’hydrogéochimie étudie donc les interactions entre l’eau et le sol ou le sous-sol. Ce terme est
approprié pour décrire la chimie des eaux continentales (dont les eaux souterraines). Elle intègre
les lois qui régissent les échanges entre l’eau, le sol et le sous-sol ou encore interaction aux
roches (sol inclus) et inclue la géochimie isotopique. Un Système hydrogéochimique est
caractérisé par : i) l’hydrogéochimie naturelle ; ii) contaminants ; iii) phases (liquide, solide,
gaz) ; mobilité ; solubilité ; toxicité ; réactions géochimiques (spéciation, précipitation,
dissolution) et réactions biologiques (biodégradation).
Hydrobiologie : étude de l’action des mécanismes biologiques sur la qualité des eaux
superficielles et souterraines.
I.2. Cycle de l’eau
Le cycle de l’eau est un phénomène continu dans le temps et dans l’espace avec spécificité de
l’eau de passer par plusieurs phases. C’est donc une suite interrompue des phénomènes qui se
déroulent entre les différents réservoirs tels que les terres émergées, les océans, les glaces,
l’atmosphère, les rivières et les lacs. Les flux entre les différents réservoirs se renouvellement
mutuellement et entretiennent le cycle. L’eau passe ainsi par les systèmes emboités les uns dans
les autres ayant une taille plus moins variable et dont les bilans comptables (entrées-sorties)
sont comparables pendant un intervalle de temps bien défini. Il existe deux cycles, l’un sous les
océans et l’autre dans les continents. Cependant, d’autres cycles intermédiaires ont lieu et sont
définis comme les gouttes d’eau suivant les trajets plus courts. Tous ces cycles sont continus
dans l’espace et dans le temps. Pour mieux les comprendre, on est obligé de faire des
subdivisions en domaine d’espace et de temps accessibles appelés systèmes hydrologiques

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(bassin hydrologique). Chaque système est dynamique (variation spatio-temporelle) et possède


un espace défini caractérisé par les trois dimensions de l’espace. Il est le siège des processus
interne physique, chimique, biologique et biochimique. Les principaux mécanismes intervenant
dans le cycle de l’eau sont : P, ETP/ETR, le drainage (eau des écoulements superficiel,
souterrain, ruissellement).

Le cycle de l’eau à l’échelle du bassin :

Représentation du cycle de l’eau : vision qualitative de l’enchaînement des processus (D’après


Techniques de l’ingénieur)
Du fait de la variabilité spatio-temporelle des données, l’on a introduit la notion d’année
hydrologique qui ne correspond pas forcement à l’année civile.
I.3. Grands réservoirs d’eau
La distribution des eaux peut être décrite de différents points de vue qui peuvent être croisés en
trois catégories :
– distribution quantitative ou qualitative ;

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– distribution selon les différentes composantes du cycle hydrologique ;


– distribution spatiale à différentes échelles : le globe, les continents, une région, une zone
géographique, etc.
L’eau est inégalement répartie sur la planète terrestre et la majeure partie se trouve dans les
mers et les océans (97,4 %), 2,5% sur le continent et 0,1% dans l’atmosphère sous forme de
vapeur d’eau et des nuages (Tab.1). Dans les régions à topographie bases, les rivières se joignent
les unes des autres pour donner naissance aux fleuves. Pour chacune d’elle, il est possible de
déterminer son bassin versant qui est une aire sur laquelle elle contrôle le drainage.
Tableau 1 : pourcentage de l’eau dans les différents réservoirs
Réservoirs Pourcentage
Glace 77
Eau souterraine profonde 22
Lacs 0,35
Rivières 3.10-3
Biosphère 3.10-3
Atmosphère 0,04

I.4. Caractérisation des transports solides dans un bassin versant


L’estimation des apports solides permet de quantifier les volumes solides annuels et de prévoir
la durée de vie des ouvrages de protection tels que les digues et les barrages de retenue.
Cependant, on doit préciser que les volumes des apports solides dépendent de plusieurs facteurs
tels que les caractéristiques (érodibilité, pente) du sol, agressivité climatique, volumes liquides,
etc.
Le taux d’abrasion est souvent calculé à base de la Formule de Gravillovic. Cette équation prend
en considération plusieurs paramètres :
𝑡 (√𝑃+𝐻𝑚𝑜𝑦 )
𝑇0 = 𝑇𝑠𝑝 ∗ 𝐺𝑚 avec : 𝑇𝑠𝑝 = 𝑇 ∗ 𝑃𝑚𝑜𝑦 ∗ 𝜋 ∗ √𝑍 3 ; 𝑇 = √10 + 1 et 𝐺𝑚 = 0,2 (𝐿+10)

Avec: T0: taux d’abrasion [t/Km²/an]; Tsp: le taux de la production annuel des matériaux en
[m3/km²/an]; Grm: taux de rétention des sédiments produits par le bassin; T :coefficient
thermique; Z: coefficient d’érosion relative en fonction de la description du BV; Pmoy: Pluie
moyenne annuelle [mm]; T: température moyenne annuelle [°C]; P:périmètre du bassin versant
[Km]; L: longueur du talweg principal [Km]; Hmoy: Altitude moyenne [km]

La sensibilité des roches à l’érosion mécanique est un facteur prédominant de l’érosion


mécanique. On peut déterminer une relation entre l’érosion mécanique (Er en t/Km2.an) et le
drainage (D en mm/an) pour chaque type de roche.
- Roches tendres (marnes et marno-grès : Er=D1.81
- Roches moyennes (marno-calcaires, shales et pélites : Er=D1.41
- Roches dures (micashistes, calcaires, grès et granites) : Er=D1.2

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II. FACTEURS INFLUENÇANT LA COMPOSITION DES EAUX NATURELLES


II.1. Composition de l’eau
L’eau est composée :
- Gaz dissous (oxygène O2, dioxyde de carbone CO2, diazote N2 exprimés en mg/L)
- Matières et Eléments en Suspension (MES) sable, argile, végétaux, algues, bactéries
exprimées en mg/L. l’abondance des MES dans une eau indique une forte érosion ;
- Matières organiques dissoutes (acides humiques, acides gras, chlorophylle,
carbohydrates...exprimées en mg 02/L) ;
- Composés minéraux cationiques dissous : calcium, magnésium, sodium, potassium,
métaux lourds : fer, zinc, cuivre, Strontium exprimées en mg/L ou °F
- Composés minéraux anioniques dissous : chlorures, carbonates, sulfates, nitrates,
nitrites, phosphates, exprimées en mg/L ou °F
Au cours de son transit, l’eau est mise au contact de multiples composés qu’elle va dissoudre
ou entraîner. Les mélanges qu’on y obtient sont : les solutions (<10-9m), les colloïdes (10-9m à
2.10-5m) et les suspensions (>2.10-5m).
II.2. Principes de base en hydrochimie

II.2.1. Réactions de dissolution/ précipitation


II.2.1.1. Dissolution des sels neutres

La dissolution est une opération ayant pour effet de modifier la cohésion des molécules des
corps solides par immersion dans un liquide. La dissolution d'un sel neutre est une réaction
réversible dans laquelle les équilibres acide / base de l'eau ne sont pas affectés. Un exemple est
la dissolution du gypse : CaSO4 +2H2O Ca2+ +SO42-
Un exemple typique de dissolution de sels neutres est la dissolution d’évaporites. Ces sels sont
très solubles et leur dissolution augmente fortement la salinité des eaux souterraines. Lorsque
les eaux souterraines salines s’exfiltrent dans des bassins fermés semi-arides ou arides, des
précipitations sont probables. La réaction de précipitation est une réaction par laquelle un corps
en solution se sépare de son solvant pour former un précipité solide.
II.2.1.2. Réactions d’altération
NB : Il s’agit de manière générale de l’altération des roches que l’apprenant est supposé connaitre
Dans ces réactions (voir 1, exemple d’altération d’un feldspath), les minéraux primaires sont
dissous ou altérés et des minéraux secondaires peuvent être produits. Les minéraux secondaires
sont plus proches de l’équilibre chimique avec les conditions de surface de la Terre que les
minéraux primaires. Ces réactions sont associées à des changements d’équilibre acide / base.

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Considérons par exemple la dissolution du carbonate de calcium dans l’acide carbonique :
CaCO3 + H2CO3 ↔ Ca2+ +2HCO3-
Les réactions de carbonate sont réversibles. Notez que le CO2 dissous est hydraté dans les eaux
souterraines et que l’échange avec la phase gazeuse peut être limité ou impossible. Le CO2 dans
les eaux souterraines est donc indiqué par H2CO3. Un autre exemple d’altération est la
dissolution incongrue des silicates d’aluminium. À pH neutre, Al reste dans le solide et le
processus est représenté de manière générale comme suit :
Silicate d’Aluminium + H+ → Mem+ + mineral d’aluminium + H4SiO4
où Mem+ fait référence à des métaux tels que Na, K, Ca et Mg. Le silicium se dissout dans l’eau
interstitielle et / ou reste dans le solide. Les réactions d’altération impliquant des silicates
peuvent être considérées comme irréversibles dans des conditions de surface de la terre.
II.2.2. Réactions d’oxydo-réduction
Réaction chimique au cours de laquelle se produit un échange d'électrons.
L'espèce chimique qui capte les électrons est appelée « oxydant » ; celle qui les cède, « réducteur
». Dans ces réactions, les ions des électrons sont transférés d'une espèce à une autre. Les demi-
réactions redox sont utilisées pour décrire le passage d'un élément de l'état réduit à l'état oxydé
ou inversement. Considérons par exemple la demi-réaction de réduction des nitrates en azote
gazeux: NO3– + 5e– + 6H+ ↔ ½ N2 + 3 H2O
Tous les éléments existant dans plus d'un état de valence dans la nature sont sensibles à ce type
de réaction. Pour obtenir une véritable réaction rédox qui se produit dans les systèmes
aquatiques, il faut combiner deux demi-réactions. Les réactions d'oxydo-réduction affectent
également l'acidité du système, car pendant la réaction, des protons sont transférés. Ces
réactions peuvent se « co-produire » avec des réactions de précipitation / dissolution, donnant
lieu à des réactions de dissolution / précipitation contrôlées par redox. Par exemple, la pyrite
contient deux espèces réduites, Fe (II) et S (–I), qui peuvent être oxydées en Fe (III) et SO4,
respectivement. L'oxydation de la pyrite par l'oxygène dissous peut donc être complète ou
incomplète, selon que le Fe (II) soit oxydé ou non :
FeS2 + 3¾ O2 + 3½ H2O → Fe(OH)3 + 2 SO42– + 4H+ ou
FeS2 + 3½ O2 + H2O → Fe2+ + 2 SO42– + 2H+
De nombreuses réactions d'oxydoréduction dans les systèmes d'eau souterraine sont à médiation
microbienne et à contrôle cinétique. Les bactéries utilisent des composés sensibles à
l'oxydoréduction comme source d'énergie pour leur métabolisme. La faisabilité
thermodynamique d'une réaction redox est déterminée par le statut redox du système.

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Ce statut est exprimé en termes de potentiel redox, le Eh. La combinaison de Eh et du pH


détermine si une réaction redox est réalisable ou non.
II.2.3. Réactions de Sorption
II.2.3.1. Réactions d’échanges de cations
L’échange d’ion est un remplacement stœchiométrique des ions sur une surface de charge fixe
par des ions de la solution. Les réactions d'échange de cations résultent de la compensation de
charge de minéraux argileux et de matières organiques chargés négativement. L'occupation du
complexe d'échange est déterminée par la composition aqueuse ainsi que par l'affinité du
complexe d'échange pour les cations présents.
La compensation de charge se produit au moyen d'une concentration accrue de cations près de
la surface, éventuellement accompagnée d'une diminution de la concentration d'anions. La
réaction d'échange de cations a été formulée de plusieurs manières. Une manière courante,
justifiée thermodynamiquement, de représenter la réaction d'échange entre Na et Ca, par
exemple, est la suivante : 2NaX + Ca2+ ↔ CaX2 + 2Na+
où X- représente l'échangeur de phase solide avec la charge -1. La capacité d’échange de cations
(CEC) indique la quantité totale de cations échangeables sur le milieu poreux. Cela dépend du
type de minéraux argileux et de la quantité de matière organique. Cela dépend également du
pH. L'échange de cations a lieu dès que la composition de l'eau interstitielle native est remplacée
par l'eau d'une autre composition. Cela se produit, par exemple, lors d'un déplacement d'eau de
mer / eau douce associé à une intrusion d'eau de mer, etc.
II.2.3.1. Complexation de surface
Les réactions de complexation de surface sont des réactions dans lesquelles des espèces sont
transférées de la surface solide à la phase aqueuse et inversement. Ils se produisent
généralement pour les oxydes, les acides humiques et fulviques.
II.2.3.4. Complexation aqueuse
La complexation aqueuse n'implique pas de minéraux solides. Cependant, il influence
indirectement les réactions avec le milieu poreux. Il en résulte une concentration accrue
d'espèces, car les espèces libres réagissent ensemble pour former des complexes. La solubilité
du carbonate de calcium est accrue par la formation du complexe aqueux de bicarbonate de
calcium. Ca2+ + HCO3– ↔ CaHCO3+
Dans les systèmes d’eaux souterraines, les réactions de complexation aqueuse sont instantanées.
II.2.3.5 Transfert de gaz
Certains des gaz dissous dans les eaux souterraines sont des réactifs importants avec la matrice
solide. Considérons par exemple le rôle du CO2 dans la dissolution des carbonates et celui de

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l'O2 en tant qu'oxydant de composés réduits. Les gaz se dissolvent dans l'eau interstitielle
proportionnellement à la pression de gaz partielle dans la phase gazeuse associée :
CO2g ↔ CO2(aq)
où les indices g et aq désignent les phases gazeuse et aqueuse. Les gaz restent dissous tant que
la somme des pressions de gaz partielles ne dépasse pas la pression hydrostatique. Les eaux
souterraines peuvent souvent être considérées comme fermées au transfert de gaz, c’est-à-dire
que les gaz qui réagissent ne sont pas reconstitués et que les gaz produits restent à l’état dissous
au cours de leur écoulement. Les exceptions à cette règle sont les eaux souterraines situées près
de la nappe phréatique et les eaux souterraines dans les systèmes hydrothermaux ou
volcaniques.
II.2.3.6. Filtration ionique et osmose
Ces réactions se produisent dans les argiles et autres sédiments fins dans lesquels la molécule
d'eau inchangée peut librement traverser la membrane semi-perméable, mais les anions sont
repoussés par la charge négative des couches d'argile et les cations restent avec les anions pour
maintenir l'équilibre électrique. Il est important dans les grands bassins sédimentaires épais,
dans les zones où le temps de résidence est long et aux interfaces entre l'eau de mer et l'eau
douce dans les dépôts argileux.
II.2.3.7 Désintégration radioactive
La désintégration radioactive et le fractionnement des isotopes produisent une radioactivité
dans les eaux souterraines et modifient la composition isotopique de l'eau.
II.3. Origine de la minéralisation des eaux
II.3.1. Eaux de pluie
Au contact de l’atmosphère, l’eau de pluie dissout l’oxygène, l’azote de l’air, les substances
pouvant provenir des activités industrielles (acide, hydrogène sulfuré, CO2). L’eau de pluie
entraîne également les poussières de toute sorte (aérosols, poussières sahariennes). Au contact
de l’air, l’eau des précipitations se charge en CO2. La concentration en silice dissoute dans l’eau
de pluie est nulle.
II.3.2. Eaux de rivières
La composition de l’eau des rivières varie avec la nature des terrains traversés, le régime des
pluies, les rejets qu’elles peuvent collecter. Le faciès des eaux de rivières est fonction de la
nature géologique des zones avec lesquelles elles sont en contact. Un cours d’eau à côté de la
côte présente des concentrations élevées en ions Cl- et Na+

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II.3.3. Eaux de ruissellement


En zone rurale, la composition des eaux de ruissellement est assez voisine de celle des rivières
mais en milieu urbain, il en va tout autrement. En effet, les fortes concentrations en véhicules
font que l’on retrouve dans les eaux citadines des hydrocarbures, les produits de leur
combustion, les métaux lourds (plomb, cuivre, cadmium, mercure)
II.3.4. Eaux de lacs, barrages et étangs
La composition de ces eaux dépend de la nature géologique du réservoir, du régime des pluies
(une pluie violente charge les eaux en MES), de la température (une augmentation de celle-ci
favorise le développement du plancton et induit des modifications de concentration de O2 et
CO2), de la turbulence des eaux (si l’eau est agitée, CO2 se dégage) et du développement des
algues (conduit à la modification des teneurs en O2 et CO2)
II.3.4. Eaux souterraines
L’eau qui s’infiltre subit une épuration à l’intérieur des terrains traversés. Cette épuration peut
résulter des phénomènes d’ammonification, de nitritation et de nitratation. L'eau de pluie est
légèrement acide du fait de sa teneur en CO2 dissous :
CO2 dissous + H2O H2CO3 (acide carbonique, acide faible).
Au cours de son l’infiltration, du fait d’un contact avec les terrains géologiques en présence,
l’eau se charge en divers éléments qui vont influer sur sa qualité. Certains de ces éléments sont
naturellement présents dans le sol et vont définir la qualité « naturelle » de l'eau brute (ou fond
géochimique).
Les paramètres influençant la chimie de l’eau souterraine sont :
➢ la température du milieu (plus la T° augmente et plus la solubilité cinétique augmente
aussi);
➢ la pression (si la pression partielle en en CO2 augmente, la dissolution diminue);
➢ la nature des roches traversées (minéraux rencontrés au cours de l'infiltration) et
notamment celui de la roche mère;
➢ la surface de contact : l’existence d’une porosité élevée favorise les échanges (surface
de contact plus grande entre la roche et l’eau);
➢ le temps de contact de l'eau avec le réservoir (les eaux anciennes sont souvent très
minéralisées);
➢ la vitesse d’écoulement de l'eau dans le sous-sol ;
➢ le temps de renouvellement de l'eau de la nappe.
De manière générale, le chimisme des eaux s’acquiert donc aux dépens des facteurs ou
paramètres environnementaux suivant :

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- l’atmosphère (des apports atmosphériques qui varient selon le milieu (forêt, désert,
proximité avec la mer) ;
- la végétation (matière organique), certaines plantes libèrent des ions chlorure, la silice,
le K+. pour le cas de la silice, elle est absorbée par les plantes et précipite dans les feuilles
sous forme de phytolithes qui retombent dans le sol lors de la chute des feuilles ;
- le sol (altération, pédogénèse, hydrolyse des minéraux) ;
- la lithologie (roche) : les eaux issues des roches plutoniques, métamorphiques,
volcaniques et détritiques non carbonatées sont de faciès bicarbonaté sodique ou
calcique ; celles issues des roches calcaires sont bicarbonatées calciques ; elles sont
sulfatées calciques et parfois chlorurées sodiques dans les évaporites ;
- Facteurs anthropiques (homme, industrie).
L’hydrolyse de la roche entraine la libération des éléments majeurs suivants : Ca2+, Mg2+, K+
et Na+ pour les cations ; HCO3-, SO42-, NO3- et Cl- pour les anions. Tout dépend du milieu, ainsi
à Yaoundé, on trouve le Fe et l’Al qui seront considérés comme éléments majeurs.
Les eaux de surface sont de plus en plus minéralisées lorsqu’elles sont issues des roches
contenant des minéraux de plus en plus solubles (silicates<carbonates<évaporites).
Les sources de divers ions sont indiquées dans le tableau 2
Tableau 2 : source des ions

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III. QUELQUES PARAMETRES DE SUIVI DE LA QUALITE DE L’EAU


La qualité de l’eau peut être appréciée à travers les paramètres physiques, chimiques et/ou
biologiques. Dans une eau naturelle, la plupart des éléments se trouvent sous forme ionique.
Les divers constituants chimiques, en fonction de leur concentration dans l’eau, peuvent être
classés comme suit :
(1) Principaux constituants (>1 mg/l), à savoir : a) Cations : calcium (Ca2+), magnésium (Mg2+),
sodium (Na+), potassium (K+) ;
b) Anions : carbonates (HCO-3, CO32 -), chlorures (Cl-), sulfates (SO42-), nitrates (NO-
3); et c) SiO2;
(2) constituants mineurs (1–0,1 mg/l) à savoir, Fe, Mn, F, B ;
(3) des éléments minoritaires ou éléments traces (< 0,1 mg/l), à savoir. Al, As, Hg, Pb, Cr, Zn
Sr, Cd et autres métaux lourds
Contrairement aux éléments majeurs, les éléments traces sont peu abondants dans la croute
terrestre. Certains éléments traces sont indispensables au déroulement des processus
biologiques : ils sont alors nommés « oligoéléments ». L'expression « métaux lourds » est aussi
souvent employée, néanmoins certains éléments traces ne sont pas des métaux (sélénium).
Les ions correspondant aux éléments biogènes majeurs régulateur ou limitant dont les
concentrations sont fortement influencées par les cycles biogéochimiques : matière organique
représentée par le COT, COD et le COP (carbone organique total, dissous, particulaire) ; les
nitrates, l’ammoniac, la silice biogénique appelée phytolites, les phosphates ;
* La mesure du carbone organique total (COT) est un test non spécifique, qui ne permet pas de
déterminer quels composés particuliers sont présents (la plupart des échantillons sont des
mélanges complexes qui contiennent des milliers de composés de carbone organique
différents). En revanche, la mesure du COT permet à l'utilisateur de connaître la quantité totale
de carbone organique présente dans ces composés.

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Les raisons qui poussent les utilisateurs à mesurer le COT varient selon les secteurs, mais se
classent généralement en deux catégories : le contrôle des process et la conformité à la
réglementation. Les applications de mesure du COT les plus courantes incluent :
❖ Eau potable municipale : le carbone organique réagit avec les produits chimiques de
désinfection tels que le chlore et forme des sous-produits de désinfection qui peuvent être
cancérigènes. La réduction du carbone organique avant la désinfection peut diminuer de façon
significative l'exposition du public aux sous-produits de désinfection dangereux ;
❖ Eaux usées municipales : la surveillance du carbone organique dans l'influent permet de
faciliter le contrôle des process et d'optimiser l'efficacité de la station, tandis que le contrôle de
l'effluent est souvent obligatoire pour le rejet dans les eaux de surface ;
❖ Eaux usées industrielles : les industriels qui rejettent des déchets liquides dans les eaux
de surface sont tenus de surveiller le COT ;
❖ Centrales électriques : la limitation des sources potentielles de composés corrosifs
permet d'éviter de coûteux dommages causés aux équipements onéreux ;
❖ Fabricants de produits pharmaceutiques : l'eau est l'ingrédient le plus fréquemment
utilisé pour fabriquer des médicaments. La réglementation limite la concentration en carbone
organique afin d'éviter la prolifération de bactéries potentiellement dangereuses ;
❖ Fabricants de produits électroniques : une eau ultra-pure est utilisée pour la fabrication
de microprocesseurs et de puces informatiques. La taille des processeurs et des circuits ne cesse
de rétrécir, c'est pourquoi l'eau doit conserver un niveau de propreté exceptionnel afin d'éviter
tout dommage microscopique sur ces circuits miniatures.
- Des ions fluorés (Fluor) : Le fluor n'existe pas dans l'eau à l'état libre, mais sous forme
de fluorures liés à d'autres ions : calcium, sodium, aluminium … Les fluorures de l'eau
proviennent de la dissolution des roches pour les eaux souterraines, et de rejets industriels pour
les eaux de surface. La teneur en fluor dépend beaucoup du temps de contact de l'eau avec les
minéraux fluorés de l'aquifère. Elle est plus élevée dans les nappes captives. Sa teneur ne doit
pas excéder 1,5 mg/l.
L’indice des rejets d’eau usées d’origine industrielle ou domestique sur l’environnement
aquatique peut s’illustrer par la variation de la T, du pH, la turbidité, la consommation
d’oxygène, l’augmentation du taux d’élément nutritif.
- La température est l’un des paramètres écologiques les plus importants parmi tous ceux
qui agissent sur les organismes aquatiques. Sa variation brusque provoque une instabilité au
sein de la biocénose. Elle joue un rôle important par exemple en ce qui concerne la solubilité
des sels et des gaz dont, entre autres, l’oxygène nécessaire à l’équilibre de la vie aquatique. Par

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ailleurs, la température accroît les vitesses des réactions chimiques et biochimiques d’un facteur
2 à 3 pour une augmentation de température de 10 °C. L’activité métabolique des organismes
aquatiques est donc également accélérée lorsque la température de l’eau s’accroît. La valeur de
ce paramètre est influencée par la température ambiante mais également par d’éventuels rejets
d’eaux résiduaires chaudes. Des changements brusques de température de plus de 3° C s’avèrent
souvent néfastes.
- Le pH exprime le degré d’acidité ou de l’alcalinité de l’eau. Selon la nature du sol
traversé, une gamme de pH comprise entre 6,5 et 9,5 a été arrêtée par l’OMS pour un bon
épanouissement des organismes. Le pH neutre des pluies est compris entre 5,6 et 5,8. Les pluies
sont acides à cause de la déforestation. En zone calcaire (pH 8-9), eau de mer (pH≈8,3).
L’échelle de pH s’étend de 0 (très acide) à 14 (très basique), la valeur médiane correspond à
une solution neutre à 25 °C. pH = -log[H+].
- L’alcalinité représente la capacité de l'eau à neutraliser des acides. L’alcalinité de l’eau
est aussi appelée dureté carbonatée, TAC (Titre Alcalimétrique Complet) ou pouvoir tampon.
Cette propriété dépend entre autres de la concentration en carbonate, bicarbonate et hydroxydes
de l’eau.
- La conductivité électrique de l’eau (EC) est l’aptitude d’une eau à laisser les charges
électriques se déplacer librement, autrement dit à permettre le passage du courant électrique.
Plus une eau est minéralisée, mieux le courant circule et plus sa conductivité est élevée. La
plupart des sels minéraux en solution sont de bons conducteurs. Par contre, les composés
organiques sont de mauvais conducteurs. La conductivité électrique s’exprime en micro
Siemens /cm noté μS/cm ; La conductivité d’une eau naturelle est comprise entre 50 et 1500
μS/cm (Tab.3).
Type d’eau Valeur de conductivité (en μS/cm)
Eau pure 0,055 μS/cm
Eau déminéralisée 1.0 μS/cm
Eau potable 50 à 500 μS/cm
Eau de pluie 30 à 50 μS/cm
Eaux usées domestiques 0.05 à 1.5 mS/cm
Eau courante 500 à 900
Effluents industriels 0.05 à 10 mS/cm
Eau de mer 35 à 50 mS/cm

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- La Dureté de l’eau (ou titre hydrométrique) : Indicateur de la minéralisation de


l’eau. Elle est surtout liée aux ions calcium et magnésium. La dureté s’exprime en ppm, w/v
(ou mg/l) de CaCO3 ou en degré français (symbole °f ou °fH) ; la dureté totale (TH) peut
être calculée en utilisant la formule suivante (Rajesh et al., 2015) : TH (mg/l) = 2,5 x Ca)+
4,1x Mg. La limite la plus souhaitable de TH dans l’eau potable est de 200 mg/l et les eaux
souterraines dépassant la limite de TH de 300 mg/l sont considérées comme très dures selon
la classification de Sawyer et McCarty (1967).
- La turbidité : elle est la capacité qu’à une eau de laisser passer la lumière ;
- Les Matières en suspension (ou MES) : particules solides très fines et généralement
visibles à l'œil nu, théoriquement, ni solubilisées, ni à l'état colloïdale. Elles déterminent la
turbidité de l'eau. Elles limitent la pénétration de la lumière dans l'eau, diminuent la teneur en
oxygène dissous et peuvent nuire au développement de la vie aquatique.
- Le Potentiel redox (Eh ou potentiel d’oxydo-réduction, ORP en anglais) est une mesure
qui indique le degré auquel une substance peut oxyder ou réduire une autre substance. C’est
une grandeur empirique exprimée en volt (V) et notée E. Ce potentiel est exprimé par rapport à
une référence, souvent mesurée par une électrode normale à hydrogène (ENH), d'où l'unité
V/ENH. Cette mesure est appliquée aux couples d'oxydo-réduction pour prévoir la réactivité
des espèces chimiques entre elles. Par convention, le potentiel standard E° est mesuré par
rapport au couple proton/hydrogène (H+/ H2), de potentiel nul. Dans les systèmes aqueux, le
potentiel redox (ou disponibilité en électrons) affecte les états d’oxydation des éléments (H, C,
N, O, S, Fe…). Dans une eau bien oxygénée, les conditions d’oxydation dominent. Quand les
concentrations d‘oxygène diminuent, le milieu devient plus réducteur ce qui se traduit par une
réduction du potentiel redox. Dans les eaux naturelles, des comparaisons relatives de l’évolution
du potentiel redox peuvent être utiles pour suivre les degrés de changement du système
aquatique.
Le Redox indique donc le pouvoir oxydant ou réducteur d’une substance par rapport à une autre.
Le caractère “oxydant” ou “réducteur” est relatif à une réaction chimique. Plus une solution
aura un pouvoir oxydant important, plus le Redox augmente ; et inversement pour son pouvoir
réducteur. Sa mesure peut également permettre d’évaluer le pouvoir désinfectant d’une
solution, qui influence le temps de vie des bactéries : un oxydant puissant comme l’ozone ou le
peroxyde d’hydrogène, casse le cytoplasme des bactéries, et réduit donc leur temps de survie
dans l’eau. Certains réseaux d’eau qui n’utilisent pas la mesure de chlore, par exemple, peuvent
recourir à une mesure Redox en contrôle pour obtenir un indice de la capacité de croissance ou
de réduction de la microbiologie. Par ailleurs, dans le secteur de l’eau potable, certaines agences

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de l’eau, ou certains exploitants, définissent la potabilité de l’eau en fonction d’une valeur de


Redox, même si cela n’est pas requis au plan réglementaire. La mesure est également
fréquemment utilisée en station d’épuration, couplée à une mesure de l’oxygène dissous, pour
réguler l’aération des bassins. Une autre application fréquente du redox en eaux usées est la
désodorisation. On a affaire ici à des solutions de lavage avec des concentrations élevées de
réactifs.
- L’oxygène dissous représente le taux d’oxygène présent dans une eau et provenant
essentiellement de l’atmosphère par diffusion et de l’activité photosynthétique (pour les eaux
de rivières). L’OD est fonction de la température de l'eau et de l'air, de la pression
atmosphérique. Les résultats sont exprimés soit en teneur en oxygène dissous (mg/l), soit en
pourcentage de saturation. L’O2 est indispensable à la vie de la plupart des organismes
aquatiques. La teneur en oxygène sera l’un des plus importants paramètres écologiques
révélateurs de l’état pollué ou non d’un cours d’eau ; La concentration en oxygène dissous varie
de manière journalière et saisonnière car elle dépend de nombreux facteurs tels que la pression
partielle en oxygène de l’atmosphère, la température de l’eau, la salinité, la pénétration de la
lumière, l’agitation de l’eau et la disponibilité en nutriments. Cette concentration en oxygène
dissous est également fonction de la vitesse d’appauvrissement du milieu en oxygène par
l’activité des organismes aquatiques et les processus d’oxydation et de décomposition de la
matière organique présente dans l’eau.
Globalement, plus la concentration en oxygène dissous (OD) est proche de la saturation, plus
l’aptitude de la rivière à absorber la pollution est grande :
✓ une valeur inférieure à 1 mg d’O2 par litre indique un état proche de l’anaérobie. Cet
état se produit lorsque les processus d’oxydation des déchets minéraux, de la matière
organique et des nutriments consomment plus d’oxygène que celui disponible. Une
faible teneur en oxygène dissous provoque une augmentation de la solubilité des
éléments toxiques qui se libèrent des sédiments ;
✓ une valeur de 1 à 2 mg d’O2 par litre indique une rivière fortement polluée mais de
manière réversible ;
✓ une teneur de 4 à 6 mg d’O2 par litre caractérise une eau de bonne qualité ;
✓ des teneurs supérieures à la teneur naturelle de saturation en oxygène indiquent une
eutrophisation du milieu se traduisant par une activité photosynthétique intense.
NB. Logiquement, il n'y a pas d'oxygène dans les eaux souterraines parce qu'il n'y a pas
d'interface avec l'atmosphère. Il peut y avoir du CO2 qui provient du cycle de carbone.
L'oxygène pourrait provenir de la photosynthèse si l'eau contient des algues. Mais c'est

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improbable. Toutefois, si nous considérons l'eau d'un puits ouvert, il y aura de l'oxygène dissous
dans la couche superficielle à cause de l'interface avec l'atmosphère. La couche inférieure peut
ne pas avoir d'oxygène dissous. Voilà pourquoi au fond de ces plans d'eau, les processus de
réduction prévalent. En claire, cela dépend de la profondeur de l'eau souterraine. En effet, la
zone vadose est poreuse et l'oxygène distribué diminue avec la profondeur. L'oxygène dans le
sol a une concentration de 4% à 18%. Par conséquent, avec un gradient de concentration, O2
finira par atteindre les eaux souterraines. Plus l'eau souterraine est peu profonde, plus la
concentration sera élevée pour O2.
- L’azote : le nitrate est la forme dominante de l’azote minérale retrouvée dans les eaux
polluées. Dans les cours d’eau, l’azote ammoniacale (NH4, NH3) est un indicateur de la
pollution, surtout anaérobique ;
- Les phosphores : les phosphates représentent une substance représentent une substance
indispensable aux êtres vivants et dont les teneurs excessives sont néfastes à la vie. Agissant à
faible dose, leur taux dans l’eau augmente avec les rejets de matières organiques, le lessivage
des terrains cultivés et la présence des points de lessive dans les cours d’eau. Cet enrichissement
des eaux en phosphate se traduit généralement par le développement anormal des végétaux.
De ce qui précède, il en ressort que l’eau n’est pas pure puisqu’elle contient les substances tels
que les gaz, ions et les solides dont les concentrations dépendent des paramètres tels que le pH,
la pression partielle des gaz en contact avec les eaux, la nature des substances minérales,
organiques ou inorganiques dissoutes, la texture des sols.
IV. DIFFERENTES PHASES DE L’EAU
La phase est un domaine homogène dans lequel la composition et les propriétés physico-
chimiques sont en tout point homogène. Dans les systèmes aquatiques, les transports de matière
se font sous trois formes dont la définition est basée sur un critère arbitraire de taille.
IV.1 Phase dissoute ou liquide (<0,45µm ou 0,22µm)
Elle contient les éléments qui peuvent résulter de la dissolution en milieu aqueux des corps
solides, gazeux, liquide formant alors une solution. La phase dissoute est composée d’une
fraction inorganique (cations et anions majeurs, des éléments minoritaires (Fe(2+ et 3+), Pb, Mg,)
et la silice, et d’une fraction organique (microorganismes animaux et végétaux, AH, AF, AA..).
Cette fraction organique est constituée par la matière organique dite pédogénique et la matière
organique dite aquagénique. La première, formée dans le sol, provient de la dégradation des
végétaux supérieures et la seconde est produite en milieu aquatique par les microorganismes
telles que les algues, les phytoplanctons, les bactéries aquatiques etc. En générale, l’ensemble
des substances humiques représente 60 à 80% des eaux des fleuves et rivières.

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IV.2. Phase particulaire ou solide (>0,45µm ou 0,22 µm)


Elle renferme toutes les matières et éléments en suspensions (MES) et est composée d’une
fraction organique (débris végétaux et animaux) et d’une fraction inorganique (particules
argileuses, sable fins, quartz, feldspath etc.). Les particules minérales d’origine biogénique sont
également présentes dans les eaux. Elles sont formées d’opale ou de CaCO3 et leur production
varie en fonction de la saison et de la région.
La matière organique en suspension est représentée par le carbone organique particulaire (COP)
alors que la matière organique dissoute est représentée par le carbone organique dissoute
(COD). Le carbone organique dissous (COD) représente la teneur en carbone après filtration à
0,45 µm.
Le TDS (Total Dissolved Solids) est la somme des éléments dissous dans une eau. Elle
correspond à la phase dissoute inorganique et est exprimée en mg/l. En mesurant la conductivité
électrique de l’eau, l’on peut déterminer indirectement la concentration de TDS. Cette
concentration en mg/l est approximativement 65% de la valeur de la conductivité électrique en
μS/cm
Avec des concentrations élevées en TDS, l’eau est considérée comme saline. Une eau avec un
TDS au-dessus de 500 mg/l n’est pas recommandée pour la boisson. Une eau avec un TDS au-
dessus de 1500 à 2600 mg/l est généralement considérée problématique pour l’irrigation.
IV.3. Fraction colloïdale (comprise entre 0,45µm ou 0,2 µm et 1 nm).
Les colloïdes sont constitués de particules minérales cristallisées et mal cristallisées, matières
organiques constituées de substances humiques et de composés inorganiques. Ces colloïdes
possèdent des propriétés spécifiques telles que des propriétés interfaciales, des propriétés de
piégeage vis-à-vis de polluants inorganiques et organiques. De par leurs propriétés, ces
colloïdes peuvent modifier la distribution de cations dans des systèmes naturels et, de ce fait,
changer leur devenir : en particulier dans des milieux fracturés ou poreux, ils peuvent soit
accélérer la migration d'éléments radiotoxiques (par leur aptitude à piéger des cations), soit
retarder leur mobilité par des effets de filtration (dus à leur taille), de sorption (rétention sur des
surfaces minérales) ou encore de floculation-sédimentation (dû à des effets de charge).
La fraction dissoute offre la possibilité d’appréhender l’altération chimique alors que la fraction
particulaire offre la possibilité d’appréhender l’altération mécanique. La fraction colloïdale est
la plupart du temps responsable du transport des métaux.
La détermination des substances correspondant à ces différentes fractions se fait au laboratoire
(NB : les techniques/méthodes sont supposées connues) mais d’autres paramètres (pH, T°C ;
Eh, O2, conductivité électrique) sont déterminés in situ.

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V. ANALYSE DES DONNEES CHIMIQUES (CAS DES EAUX


SOUTERRAINES), les spécificités aux eaux de surface seront décrites en salle
V.1.Procédure générale
Les données chimiques sur les eaux souterraines sont interprétées pour déterminer la
provenance des ions, comment ils atteignent leur concentration, quelles sont leur forme et leur
comportement, où ils vont et à quelle vitesse.
Les principales activités sont :
• déterminer les caractéristiques d'équilibre minéral de l'eau à l'aide de modèles de spéciation ;
• afficher la distribution spatiale des concentrations de produits chimiques afin de comprendre
les contrôles hydrogéologiques des variations chimiques au sein d'un aquifère ou les différences
chimiques entre les aquifères ;
• identifier les réactions chimiques de contrôle ;
• interpréter les analyses de l'eau en termes de contrôles hydrologiques, géologiques et
anthropiques ;
• modélisation de la réaction chimique pour prévoir les changements chimiques dans l'aquifère
au cours de l'exploitation.
Les données sur la qualité des eaux souterraines peuvent être utilisées pour valider
indépendamment les hypothèses émises afin d’expliquer le fonctionnement physique du
système d'eau souterraine. Les hypothèses sur les temps de séjour, les chemins d'écoulement et
les débits peuvent être vérifiées à l'aide de données hydrogéochimiques combinées à des
données sur les isotopes. Les données chimiques, minéralogiques et lithologiques relatives à
l'aquifère sont d'une grande aide pour l'interprétation des données sur la qualité des eaux
souterraines. Ces informations doivent être recueillies lors du forage des puits, des piézomètres,
etc.
V.2.Caractérisation de la qualité des eaux souterraines
Une première évaluation de la qualité de l'eau souterraine consiste à déterminer si l'eau est
douce, saumâtre ou salée. De nos jours, la quantité de sels dissous s’exprime le plus souvent de
l’une des manières suivantes :
• La conductivité électrique (CE) de l'eau exprimée en S / cm ou en µS / cm (10–6 S / cm)
pour l'eau douce ou en mS / cm (10–3 S / cm) pour l'eau salée où S représente Siemens
(anciennement appelé mho), l'inverse de la résistance exprimée en ohm (Ω);
• la salinité, où le total des solides dissous est exprimé en parties par millier d'unités de
poids d'eau, par exemple, l'eau de mer normale a une salinité d'environ 35 ‰;
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• le Total des solides dissous (TDS), qui est le résidu de l’évaporation à 105 ou 180 ° C.
Le Résidu sec est un indicateur de minéralisation qui permet de déterminer le taux de minéraux
recueillis après évaporation de 1 litre d'eau soumis à 105/180°C. En d'autres termes, on apprécie
la quantité de minéraux solides qui s'est formée après avoir fait chauffer 1 litre d'eau à
105/180°C. Les eaux très pauvres en minéraux, soit moins de 50 mg/litre, ne sont pas
conseillées pour la consommation quotidienne. Elles sont plus agressives ou instables. En fait,
elles réduisent la vitalité électrique de votre corps. Les eaux avec plus de 500 mg/litre de résidu
sec sont trop riches en minéraux pour la consommation quotidienne. Cela provoque un
déséquilibre dans notre organisme et un excès de minéraux inorganiques dans nos intestins. Les
eaux ayant une teneur en minéraux comprise entre 50 et 500 mg/litre sont considérées pauvres
en minéraux et sont fortement recommandées pour la consommation quotidienne. Cependant,
le fait qu’une eau soit saine dépend également de quels minéraux et autres substances qu’on y
trouve.
Une classification de l'eau basée sur le TDS est donnée dans le tableau 4.
Tableau 4 : Nomenclature de l’eau à partir du TDS
TDS Values (mg/l) Classification
<1,000 to 2,000 Fresh water1
2,000 to 20,000 Brackish water
20,000 to 50,000 Saline water
> 50,000 Brine
1. Les limites varient d'un pays à l'autre, en fonction de la salinité de l'eau disponible.

L'étape suivante consiste à évaluer les composants individuels. Une douzaine d’éléments
environ, sur une centaine d’éléments chimiques, sont normalement analysés dans les
échantillons d’eau. Au fil des ans, les hydrogéochimistes ont été guidés dans la sélection de
leurs constituants importants par la concentration relative d'un élément en particulier et par son
importance physiologique, agricole, industrielle ou géochimique.
Dans les eaux souterraines (Tab.5), les concentrations sont intermédiaires entre les
précipitations et l'eau de mer. L'eau de pluie n'est pas de l'eau pure et, dans certaines zones
côtières ou dans des zones désertiques, la charge chimique des précipitations atmosphériques
peut contribuer de manière significative au caractère chimique des eaux souterraines.

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Tableau 5 : Gamme normale de composition chimique (en mg/l, sauf le pH) des eaux
souterraines, des eaux de mer et des eaux de pluie loin de la côte.
Parameter Groundwater Mean ocean water Rainwater
pH 5.5-9 8.2 4.1-5.6
Ca 10-200 400 0.1-2
Mg 0.1-100 1,350 0.05-0.2
Na 1-300 10,500 0.1-1
K 0.1-20 380 0.08-0.3
Fe 0-10 0.01 0-0.2
Mn 0-2 0002 0-0.02
SiO2 10-30 6.4 -
HCO3 80-400 142 0
SO4 10-100 2,700 0.4-8
Cl 1-150 19,000 0.25-2
NO3 0-50 < 0.5 0.3-4
F 0.1-2 1.3 0.03-0.1
Br <5 65 -
B <2 4.6 -

Après chaque analyse chimique, l’équilibre ionique doit être vérifié à partir de la relation
suivante :
𝑇𝑍 + −𝑇𝑍 −
𝐵𝐼 = 𝑥100 où TZ+ et TZ- sont respectivement est la somme des équivalents cations et
𝑇𝑍 + +𝑇𝑍 −

anions, exprimée en équivalent par litre (éq/l).


Pour les eaux ions concentrées, BI≤ ±10%. Pour les eaux très concentrées, c’est-à-dire la
conductivité est >500µéq, BI≤5%. Dans une eau bien tamponnée TZ+ =TZ-.
Lorsque la balance est déséquilibrée, alors que les analyses sont bien faites, les hypothèses
suivantes peuvent être émises : eau très peu tamponnée drainant les acides, présence du Fer,
Al ; eaux peu minéralisée où tout lessivé (âge de la roche) ; eaux très riches en matières
organiques, présence d’acide humique et fulvique ; concentration très longue des échantillons.
D’une manière générale, des analyses chimiques sont considérées :
Excellentes lorsque BI < 5 % ;
Acceptable lorsque 5%≤ BI < 10% ;
Douteuse lorsque BI≥10%.
V.3 Compilation des données
Il est généralement pratique d’utiliser un ou plusieurs des nombreux systèmes de classification
et schémas géochimiques disponibles pour identifier et décrire les caractéristiques chimiques
importantes de l’eau dans diverses parties du régime des eaux souterraines ou les différences
chimiques entre les systèmes aquifères (Schoeller, 1962; Hem, 1989; Back and Freeze, 1983).

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Les informations chimiques obtenues à partir de tels diagrammes sont communément tracées
sur des cartes hydrogéologiques et des coupes transversales afin d'illustrer la distribution
surfacique et stratigraphique de divers types d'eau et l'évolution dans le temps des
caractéristiques chimiques des eaux souterraines.
Les rapports de concentration sont également très utiles pour interpréter les analyses des eaux
souterraines en termes de processus hydrogéochimiques. Leur usage permet de s’affranchir des
effets de dilution/concentration et d’obtenir ainsi une représentation acceptable simultanément
pour des eaux très chargées et des eaux très diluées. Le tableau 6 répertorie les ratios d’espèce
qui sont d’usage général, ainsi que les informations que ces ratios peuvent fournir. Notez que
ces règles sont basées sur de nombreuses études sur la qualité des eaux souterraines; Cependant,
il existe des environnements extrêmes qui ne se comportent pas conformément à ces
informations générales. Les rapports molaires ou les rapports de concentration équivalents sont
souvent plus pratiques que les rapports de concentration en poids pour identifier les rapports
hydrochimiques. Pour pouvoir accepter ou rejeter des hypothèses sur les processus en cours, il
faut combiner les informations dérivées des ratios. Les cartes d’égalité de rapport fournissent
des informations utiles sur la dissolution relative du matériel aquifère, l'échange d'ions et le
mélange des eaux de différentes sources. Schoeller (1959) a suggéré des cartes de contour à
rapport égal pour SO4/Cl, Mg/Ca et d'autres combinaisons ioniques, où la concentration des
ions individuels est exprimée en meq/l. Le rapport Mg/Ca dans l’eau est particulièrement utile
dans l’étude de la chimie de l’eau provenant de roches carbonatées. Dans les aquifères calcaires
et calcaires, le rapport Mg/Ca est généralement compris entre 0,5 et 0,7 et celui des aquifères
dolomitiques entre 0,7 et 1,1. Dans les roches silicatées riches en Mg, telles que les basaltes, le
rapport Mg/Ca dans les eaux souterraines est supérieur à 1. Les rapports Cl/HCO3 et SO4/Cl
peuvent être utilisés comme indicateurs de l’intrusion d'eau dans les aquifères côtiers.
Le rapport HCO3 /Cl est utile pour déterminer la direction du mouvement de l'eau souterraine
et la distance d'un échantillon d'eau donné depuis sa zone de recharge initiale, car ce rapport
diminuera dans la direction du flux en raison d'une plus grande dissolution de Cl. Le rapport
sodium / cations totaux est utilisé pour étudier l’effet de l’échange d’ions dans les sédiments
ayant des propriétés d’échange de cations. Les rapports Br/Cl, I/Cl et B/Cl sont recommandés
pour déterminer l'origine des eaux de champs de pétrole profonds (Zaporozec, 1972). Le rapport
Br/Cl est également un paramètre fiable pour l'identification des sources de salinisation (Fontes
et al., 1989 ; Vengosh et Rosenthal 1994). Les méthodes SIG utilisant un code de couleur
peuvent être utilisées pour montrer la distribution de divers ions.

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Aptitude de l’eau à l’irrigation


Les normes de qualité pour l'eau d'irrigation sont basées sur : (i) le total des solides dissous
pouvant affecter l'absorption d'eau et d'autres éléments nutritifs par les plantes par osmose, (ii)
la concentration relative d'alcalins et d'alcalino-terreux qui altèrent la texture du sol par échange
de cations et de ce fait sa perméabilité et les caractéristiques de drainage, et (iii) la concentration
en ions spécifiques, à savoir : bore, sélénium, cadmium, etc., qui sont toxiques pour la
croissance des plantes au-delà de certains niveaux. Outre les caractéristiques chimiques de l'eau
appliquée, d'autres facteurs déterminent l'aptitude d'une eau à être utilisée en irrigation à savoir:
a) les caractéristiques du sol, b) le type de culture et son stade de croissance, c) le climat, (d)
profondeur de la nappe phréatique, (e) méthode d'irrigation et (f) caractéristiques de drainage
du sol. Les normes de qualité pour l'eau d'irrigation ne peuvent pas être appliquées de manière
très rigoureuse, car en l'absence d'eau de qualité requise, une eau de mauvaise qualité peut
également être utilisée dans l'agriculture en faisant les ajustements et les pratiques de gestion
de l'eau nécessaire. Wilcox (1955) a donné l’un des tout premiers systèmes de classification de
l’eau destinée à l’irrigation, qui repose sur la conductivité électrique (CE), le pourcentage de
sodium (% Na) et la concentration en bore. Le pourcentage de sodium (% Na) est exprimé
𝑁𝑎+ +𝐾+
comme suit : %𝑁𝑎 = ∗ 100
𝐶𝑎2+ +𝑀𝑔2+ +𝑁𝑎+ +𝐾+

ici, toutes les concentrations ioniques sont exprimées en meq/l. Ainsi % Na <20, excellente ;
20-40, bonne ; 40-60, admise ; 60-80, douteuse, %Na>80 inadapté. Le bore est utile en très
faible concentration pour la croissance normale des plantes, mais il devient toxique en
concentration supérieure en fonction du type de plante (Todd, 1980). Le US Salinity Laboratory
du US Department of Agriculture a utilisé le risque de salinité et le risque de sodium comme
deux critères importants pour la classification des eaux d'irrigation. Le risque de salinité est une
mesure de la CE et le risque de sodium est exprimé en termes de rapport d’adsorption sodique
𝑁𝑎+
(SAR) défini comme suit : 𝑆𝐴𝑅 = 𝐶𝑎2+ +𝑀𝑔2+
√( )
2

où toutes les concentrations ioniques sont exprimées en meq/l. Le SAR ajusté a été suggéré
comme un autre critère pour évaluer l'adéquation de l'eau pour l'irrigation (Ayers 1975). Le
lecteur peut se référer à Todd (1980) et à Lloyd et Heathcote (1985) pour les détails nécessaires
concernant divers systèmes de classification des eaux d’irrigation.
L’influence des activités anthropiques sur la qualité des eaux souterraines peut être étudiée par
[𝐶𝑙− ]+[𝑆𝑂 2− ]+[𝑁𝑂− ]
4 3
le pourcentage de pollution : % 𝑝𝑜𝑙𝑙𝑢𝑡𝑖𝑜𝑛 = [𝐶𝑙 −]+[𝑆𝑂2−]+[𝑁𝑂 − ]+[𝐴𝑙𝑐𝑎𝑙𝑖𝑛𝑖𝑡é] ∗ 100
4 3

Où [alcalinité] = [HCO3-]+[CO32-]; toutes les concentrations sont en µeq/L

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Indice de qualité de l’eau


La qualité des eaux souterraines à des fins de consommation peut être évaluée à l'aide d’un indice de
qualité des eaux (WQI)
𝐶 𝑠 −𝐶
𝑊𝑄𝐼 = ∑𝑚 𝑚 𝑗 𝑖 𝑗𝑝
𝑗=1 𝑊𝑗 𝑄𝑗 ; 𝐶𝑗 = 𝛿𝑗 ∑𝑗=1(1 − 𝑟𝑖𝑗 ) ; 𝑊𝑗 = ∑𝑚 𝐶 ; 𝑄𝑗 = 𝑆 −𝐶 ∗ 100
𝑗=1 𝑗 𝑗 𝑗𝑝

Avec Wj est le poids du paramètre j et Qj l’échelle d'évaluation de la qualité


Tableau 6. Classification des eaux en fonction de l’indice de qualité de l’eau, Cjp est la valeur
idéale du paramètre dans une eau pure.
Range Type of water
<50 Excellent
50-100 Good
100-200 Poor
200-300 Very poor
>300 Not suitable for drinking

Il existe une multitude de ratios (Tableau 6) dont certains et bien d’autres seront utilisés par
l’étudiant sous forme de TPE

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26

VI. FACIES HYDROCHIMIQUES


V.1.Généralités
Pour une eau (rivière, souterraine), le faciès chimique correspond à la catégorie dans laquelle
on peut classer cette eau en fonction de ses concentrations respectives en éléments majeurs
(hydrogénocarbonates, carbonates, chlorures, sulfates, nitrates, sodium, potassium, calcium,
magnésium). Une solution est toujours électriquement neutre. L’équation d’éléctroneutralité
est : Σ cations + Σ anions = 0
La représentation des faciès hydrochimiques peut être faite grâce à des diagrammes et des
analyses statistiques. Ces différents outils ont pour objectif de faire ressortir les concentrations
principales de l’eau afin de procéder à une classification.

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V.2.Modes de représentation
a) Diagramme de stabler
Ce diagramme est une représentation de la contribution de chaque espèce ionique à la somme
cationique ou à la somme anionique. Les unités sont des équivalents par litre (eq/l) ou en meq/l.
Ce type de graphique ne concerne qu’un échantillon d’eau à la fois. Son utilité réside dans la
compréhension des équilibres carbonatés. En d’autres termes, il permet de représenter
l’alcalinité.

b) Diagramme de Stiff
Il permet d'obtenir une figure géométrique polygonale caractéristique d'une famille d'eau
donnée. Les données d'analyse des ions majeurs sont reportées sur des axes horizontaux de part
et d'autre de l'axe vertical d'origine. Les cations sont représentés à gauche et les anions à droite.
Ce diagramme fait des représentations individuelles de faciès chimique.

c) Diagramme de Piper
C’est une représentation graphique de la chimie d'un ou plusieurs échantillons d'eau. Les anions
et les cations sont représentés dans deux diagrammes ternaires distincts. Les sommets du
diagramme ternaire des anions sont le sulfate, le chlorure et les carbonate +
l'hydrogénocarbonate. Les sommets du diagramme ternaire des cations sont le magnésium, le
calcium et sodium + potassium. Les deux diagrammes ternaires sont projetés dans un losange
déterminant le faciès chimique d’une eau. Les unités de mesures utilisées sont les % de meq/l.
Ce type de représentation est particulièrement adapté pour étudier l’évolution, dans le temps,
du faciès des eaux.
Le diagramme de Piper permet donc :

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➢ d’illustrer l'évolution chimique d'une eau dans un aquifère ainsi que les mélanges d'eaux
de minéralisations différentes ;
➢ d’avoir une idée sur la lithologie à partir des analyses chimiques ;
➢ d’avoir une relation entre le chimisme de l’eau et la nature lithologique de l’encaissant ;
➢ la projection de plusieurs échantillons en même temps :
▪ Pour suivre leurs évolutions dans le temps et dans l’espace,
▪ Pour les comparer,
▪ Pour avoir une idée sur la notion de mélange,
➢ de suivre les propriétés physico-chimiques au cours de leur évolution spatiotemporelle.
Il est important de souligner que ce diagramme ne traduit pas la minéralisation globale d'une
eau, mais seulement la répartition des ions dissous.

d)Diagramme de Schoëller Berkaloff


Il permet de représenter le faciès chimique de plusieurs eaux à la fois. La concentration de
chaque élément chimique est figurée par une ligne verticale en échelle logarithmique. Une ligne
brisée est formée en reliant tous les points figurant les différents éléments chimiques.
Les concentrations sont exprimées en en mg/l ou meq/l.

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VII. CONTEXTE HYDROCHIMIE DES ENVIRONNEMENTS


GEOLOGIQUES (différenciation en séance de TD)
Les concentrations des ions varient suivant les environnements géologiques (Tableau 7) et donc de la
nature du réservoir
Tableau 7 : concentrations médianes en éléments traces et majeurs des eaux de sources
alpines (Derron 1999).

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