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En fait, lorsque le niveau marin est bas, il y a soit érosion, soit un simple transit
sédimentaire (by-pass) sur la plate-forme. La tendance du système littoral est
donc à la progradation maximale. D’une façon plus générale, les rapports
sédimentation / érosion dépendent du niveau de base (base level). Ce concept est
à l’origine géomorphologique, c’est le niveau en dessous duquel un cours d’eau
ne peut plus creuser. Cela peut être le niveau de la mer pour un fleuve mais aussi
le niveau d’un confluent, d’un lac ou d’une dépression endoréique pour une
rivière. En stratigraphie séquentielle, on l’assimile, d’une façon abusive,
systématiquement au niveau de la mer.
Cross (1988) et son école ont généralisé le concept de niveau de base en
l’assimilant à une surface au dessous de laquelle il y a sédimentation et au dessus
de laquelle il y a érosion quelque soit le milieu (fig.6). Par l’intermédiaire de ce
concept de niveau de base, on peut utiliser, assez paradoxalement, les variations du
niveau marin pour contrôles des séquences en domaine continental. Divers travaux
ont montré l’intérêt stratigraphique d’une telle approche.
Dans une séquence de type 2 (sans émersion), le premier cortège à se déposer sur
la limite de séquence est le prisme de bordure de plate-forme, PBP suivi d’un
intervalle transgressif et d’un prisme de haut niveau.
b) Les surfaces particulières
Il existe au sein de la séquence, un certain nombre de surfaces « clefs » à
signification particulière qu’il sera important de savoir reconnaître (fig.5 et 7).
Il s’agit tout d’abord de limite de séquence, LS1 dans le cas d’une émersion sur la
plate-forme et LS2 (moins nette) sans émersion (sequence boundary SB1 et SB2).
Au cours de la montée du niveau marin, la migration des sédiments vers le
continent (rétrogradation) provoque des recouvrements en « onlap » sur la limite
de séquence. Chaque avancée se caractérise par une surface d’inondation, la
première à paraître est dite surface de transgression, ST (transgressive surface
TS), elle marque la limite entre le PBP ou le PBN et l’IT.
Entre l’intervalle transgressif et le prisme de haut niveau, c'est-à-dire au moment
ou la création d’espace est la plus rapide, il se développe vers le bassin des hiatus
sédimentaires ou au moins des niveaux de condensation de sédiment (IC) qui
permettent de mettre en évidence la surface d’inondation maximale, SIM
(maximum flooding surface, MFS) qui sépare l’IT et le PHN.
Cette SIM est particulièrement discriminante à l’intérieur de la séquence
puisqu’elle marque le renversement des tendances évolutives de la rétrogradation
vers la progradation (soit en termes plus simplement géologiques de la
transgression vers la régression).
c) Relation cortèges sédimentaires (system tracts) et faciès lithologiques.
Implications chronostratigraphiques
La figure 7 montre qu’il y a une indépendance des cortèges et des paraséquences
par rapport aux faciès lithologiques. Chaque paraséquence comporte à la fois des
faciès marins ouverts, des faciès côtiers et des faciès de plaine littorale.
Figure 7 : Le modèle de stratigraphie séquentielle : représentation d’une séquence de troisième ordre, évolution des
cortèges sédimentaires et répartition des lithofaciès dans le cas de dépôts silicoclastiques (d’après Vail et al. 1977). Les
abréviations sont les mêmes que pour la figure 3.
Ceci conduit à deux conclusions importantes :
Un faciès ne permet pas de caractériser une paraséquence ou un cortège
sédimentaire. C’est l’agencement spatio-temporel des faciès successifs qui
permet de le faire ;
• A partir des données sismiques, Vail et son équipe ont publié diverses
versions d’une charte de variations du niveau marin connue sous le nom de
courbe de Vail ou courbe d’Exxon. Cette courbe est complexe et
correspond à la superposition de 5 ordres de variations dont les périodicités
sont plus ou moins bien définies. La figure 9 montre les fluctuations
d’ordre 1 et d’ordre 2. Ces cycles peuvent se déconvoluer en cycles de 3e
ordre d’une durée de 1 à 5 Ma. C’est l’ordre de variation correspondant aux
séquences génétiques précédemment décrites. Des cycles de durée
inférieure, de quatrième (500 000 à 200 000 ans) et de cinquième ordre
(200 000 à 100 000 ans) ont été décrits par de nombreux auteurs tant dans
les séries néritiques que pélagiques où ils correspondent aux paraséquences.
Leurs périodicités sont compatibles avec celles des fluctuations climatiques
de type Milankovitch qui fonctionnent bien avec les terrains du quaternaire.
Figure 10 : Evolution du niveau
marin (cycles eustatiques) au
cours du Phanérozoïque
(d’après Vail, Mitchum et
Thomson, 1977). Mise en
évidence de deux cycles de 1er
ordre (courbe en pointillé) et de
13 principaux cycles de 2e
ordre (supercycles). Les
modèles récents ont réduit
l’échelle des variations par
rapport à celle de cette figure.
Au maximum du second cycle
de 1er ordre (Crétacé
supérieur), le niveau de la mer
est de 200 à 250 m plus élevé
que le niveau actuel. Au cours
de l’Ordovicien la différence de
niveau était de l’ordre de 150 à
200 m. Les importantes
fluctuations du Miocène au
Quaternaire sont dues en partie
au glacio-eustatisme.