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Soutenu publiquement

REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE


le : 03/06/2020
Union-Discipline-Travail
----------------------
Ministère de l’Enseignement Supérieur et
de la Recherche Scientifique

UFR ENVIRONNEMENT
ANNEE ACADEMIQUE:
2019-2020 MASTER
N° D’ORDRE :
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
……………
Option: Géomatériaux et Géotechniques
N° CARTE
D’ETUDIANT :
THÈME:
CI0414002326

MÉTHODES DE RÉSISTIVITÉ: OUTILS D’AIDE À LA


CARTOGRAPHIE DES MATÉRIAUX GÉOLOGIQUES. CAS DE
M’BRAGO (SUD DE LA CÔTE D’IVOIRE)
LABORATOIRE DES
SCIENCES ET

TECHNOLOGIES DE

L’ENVIRONNEMENT

Présenté par:

BAGOUÉHI Youdé

JURY

Président: M
Université Jean Lorougnon Guédé

Directeur: M. DIBI BROU, Maître de Conférences


Université Jean Lorougnon Guédé

Encadreur: M. SOMBO Abé Parfait, Maître-Assistant,


Université Jean Lorougnon Guédé
Soutenu publiquement
le : Examinateur: M.
Université Jean Lorougnon Guédé
i
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACE ………………………………………………………………………………. iv
REMERCIMENTS ………………………………………………………………………. v
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS …………………………………………… vi
LISTE DES FIGURES …………………………………………………………………... vii
INTRODUCTION ……………………………………………………………………….. 1
CHAPITRE 1 : GÉNÉRALITÉS ……………………………………………………….. 4
1-1. Présentation du milieu naturel de la zone d’étude ……………………………………. 5
1-1-1. Cadre géographique ………………………………………………………………… 5
1-1-1-1. Situation géographique …………………………………………………………... 5
1-1-1-2. Climat ……………………………………………………………………………. 6
1-1-1-3. Végétation et relief ………………………………………………………………. 6
1-1-1-4. Activités socio-économique et réseau routière …………………………………... 6
1-1-2. Cadre géologique et hydrogéologique ……………………………………………… 6
1-1-2-1. Cadre géologique ………………………………………………………………… 6
1-1-2-2. Cadre hydrogéologique …………………………………………………………... 8
CHAPITRE II : MATÉRIEL ET MÉTHODES ……………………………………….. 9
2-1. Matériel ……………………………………………………………………………….. 10
2-1-1. Matériel d’acquisition ……………………………………………………………… 10
2-1-2. Matériel de traitement ……………………………………………………………… 12
2-2. Méthodologie …………………………………………………………………………. 12
2-2-1. Acquisition des données ……………………………………………………………. 13
2-2-1-1. Acquisition des données géoélectriques par trainé électrique …………………… 13
2-2-1-2. Acquisition des données géoélectriques par sondage électrique ………………… 14
2-2-2. Traitement des données géoélectriques ……………………………………………. 16
2-2-2-1. Traitement des données de trainés électriques …………………………………… 16
2-2-2-2. Traitement données de sondage électrique ………………………………………. 17
CHAPITRE III : RÉSULTATS ET DISCUSSION ……………………………………. 20
3-1. Résultats ………………………………………………………………………………. 21
3-1-1. Profils de résistivité ………………………………………………………………… 21
3-1-2. Carte d’isorésistivité ………………………………………………………………... 22

ii
3-1-3. Étude des sondages électriques …………………………………………………….. 23
3-1-3-1. Courbes de sondages électriques ………………………………………………… 23
3-1-3-2. Variation de la résistivité vraie avec la profondeur ……………………………… 28
3-1-3-3. Profil d’altération ………………………………………………………………… 30
3-1-3-4. Épaisseur d’altérites ……………………………………………………………… 31
3-1-3-5. Carte 3D du massif granitique exploitable ………………………………………. 32
3-2 Discussion ……………………………………………………………………………... 33
CONCLUSION ET PERSPECTIVES ………………………………………………….. 35
RÉFÉRÉNCES …………………………………………………………………………… 38
RÉSUME
ABSTRAT

iii
DÉDICACE

Je dédie ce mémoire à toutes les personnes qui m’ont soutenu durant tout mon parcours scolaire
et universitaire. En particulièrement à :
- Mon père BAGOUEHI BASSIO EMMANUEL
- Ma mère TIEMOKO ELISE.
- À toutes mes sœurs

iv
REMERCIMENTS

Nous tenons à remercier le Professeur TIDOU Abiba Sanogo épouse KONÉ, Présidente de
l’Université Jean Lorougnon Guédé ainsi que tout son personnel pour m’avoir autorisé à
participer à cette formation au sein de son institution.

Nos remerciements vont également à l’endroit de M. KOUAKOU Kouassi Lazare, Professeur


Titulaire et Directeur de l’UFR Environnement, pour avoir autorisé mon inscription en Master de
Géomatériaux et Géotechniques et pour la formation de qualité dont nous avons bénéficiée.

Au directeur scientifique de ce mémoire, M. DIBI Brou, Maître de conférences et Directeur du


laboratoire des Sciences et technologie de l’environnement qui a accepté de diriger et superviser
ce travail.

À l’encadreur de ce mémoire, M. SOMBO Abé Parfait, Maître-Assistant et Responsable du


Parcours Géomateriaux et Géotechniques qui a accepté d’encadrer ce travail. Il s’y est
grandement impliqué par ses directives, ses remarques et suggestions, mais aussi par ses
encouragements. Merci infiniment pour votre inestimable soutien scientifique et moral, pour vos
précieux conseils et pour votre sympathie ! Vous nous avez beaucoup appris. Merci pour tout !
Que vous prospériez à tous égards !

Mes remerciements vont également à l’endroit des personnes suivantes qui de par leurs conseils
et soutien m’ont permis de mener à bien ce travail :

 Docteur BIÉ Goha René, Responsable de la filière Géologie Appliqué, pour ses conseils
pertinents et ses critiques qui m’ont permis de surmonter des obstacles ;
 Docteur GBANGBOT Jean Michel Kouadio, Responsable des Licence 3 Sciences de la
Terre, pour ses conseils et le suivi dont j’ai bénéficié depuis notre arrivée à l’UFR
Environnement.

Nous ne saurions terminer cette liste sans toutefois témoigner très sincèrement notre
reconnaissance à MAKELE Dovel, Richard Kouadio, DIALLO Habiboullai , SAHAN Fabrice,
NANAN Lazare et à toutes ces personnes qui ont contribué à la réussite de ce mémoire.

v
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS

2D : 2 Dimensions
3D : 3 Dimensions
C.I : Cote D’ivoire
GPS: Global Positionning System
I: Intensité
L : Layon
N : Nord
m : Mètre
S : Sud
SE : Sondage électrique

vi
LISTE DES FIGURES
Figure 1: localisation de la zone d’étude ……………………………………………………. 5
Figure 2: environnement géologique de la zone d’étude …………………………………… 7
Figure 3: matériel pour l’acquisition des données géoélectriques ………………………….. 11
Figure 4: principe de la méthode de résistivité (Chapellier., 2000) ………………………… 12
Figure 5: dispositif gradient rectangle (Sombo., 2012) …………………………………….. 14
Figure 6 : principe de mesure du sondage électrique avec le dispositif Schlumberger
(Sombo, 2012) ……………………………………………………………………………… 15
Figure 7: grille de prospection sur le site de M’Brago ……………………………………… 16
Figure 8: interprétation contrôlée d’un sondage électrique par ordinateur (Marescot., 2009) 18
Figure 9: Profils parallèles de résistivité et quelques alignements d’anomalies conductrices
(fractures interprétées) ………………………………………………………………………. 21
Figure 10: carte d’isorésistivité et les fractures mises en évidences ………………………... 22
Figure 11 : rosace directionnelle des fractures identifier à partir de la carte d’isorésistivité .. 23
Figure 12: typologie de courbes de sondages obtenus sur le site de M’Brago ……………... 24
Figure 13: courbes de sondages avec un « fond de bateau » large, caractéristiques des
zones à forte épaisseur d’altération …………………………………………………………. 25
Figure 14 : courbes de sondages avec un « fond de bateau » moins large, caractéristiques
des zones à faible épaisseur d’altération ……………………………………………………. 26
Figure 15: angle de la remontée par rapport à la remontée …………………………………. 27
Figure 16: matérialisation de fractures sur la remontée de la courbe de sondage électrique .. 28
Figure 17: variation de la résistivité vraie avec la profondeur ……………………………… 29
Figure 18 : bloc diagramme du profil d’altération ………………………………………….. 30
Figure 19: carte de répartition des épaisseurs d’altérites …………………………………… 31
Figure 20: carte du massif exploitable ……………………………………………………… 32

vii
INTRODUCTION
Introduction

La recherche des matériaux géologique d’emprunt, de granulat, etc. pour le bâtiment et travaux
publics (BTP), nécessite de localiser dans le sous-sol les matériaux géologiques appropriés. Il est
aussi très utile d’évaluer la quantité ou la profondeur à laquelle se trouvent les matériaux en
question dans le sous-sol, avant d’entreprendre des travaux assez coûteux d’extraction. Dans les
études de reconnaissance des matériaux géologiques, la géophysique occupe une place
importante. Les méthodes géophysiques représentent, aujourd’hui, les principales méthodes de
prospection, de détection et la cartographie des formations géologiques. Elles constituent un
ensemble de méthodes ou d’outils de reconnaissance du globe terrestre, basée sur l’étude de
paramètres physiques liés à la composition du sous-sol. L’hétérogénéité et la complexité du
milieu géologique, surtout en zone de socle cristallin, rendent l’étude des formations géologiques
souterraines très délicate. La géophysique utilise pour cela trois approches classiques (Allard et
Bois 1999). Ce sont : (i) l’approche directe utilisant une ou plusieurs méthodes géophysiques
pour déceler directement les minéraux dans les formations géologiques ; (ii) l’approche indirecte
comme son nom l’indique s’applique lorsque la détection directe se révèle impossible, on
identifie l’élément associé naturellement à la cible ; (iii) l’approche cartographique est beaucoup
plus transversale et permet de cartographier une portion du sous-sol. La plupart des méthodes
géophysiques utilisent cette dernière approche, car elle est beaucoup plus générale que les deux
premières. En effet, elle permet d’identifier les contacts géologiques et de discriminer les
éléments structuraux qui ont affectés les formations géologiques. Elle permet aussi d'identifier
certaines roches et d'évaluer la nature et l'épaisseur du mort-terrain. Cette cartographie s'avère
très utile pour définir des cibles d'exploration, surtout dans les régions où les affleurements sont
épars.

Dans le cadre de cette étude, l’approche cartographique est utilisée, à partir des méthodes
électriques, précisément celles de la résistivité. Les méthodes de résistivité étudient la résistivité
du sous-sol, en mesurant la différence de potentiel crée à la suite d’injection de courant électrique
dans le sol, à partir d’un quadripôle (ABMN) d’électrodes (HAL, 2004). Les techniques de
résistivité mises en œuvre sont les trainé et sondage électriques. Le trainé électrique est une
investigation latérale qui permet d’identifier ou cartographier les discontinuités géologiques
(fractures, failles, etc.) dans la roche mère. Le sondage électrique est une investigation verticale
permettant d’identifier le profil d’altération de la roche mère. Il aide à cartographier l’épaisseur

2
Introduction

du mort-terrain, non exploitable et à délimiter la zone à exploiter ou le matériau à extraire. Dans


la recherche de carrière de granite à M’Brago au Sud de la Côte d’Ivoire, ces deux techniques
géophysiques de résistivités sont mises à contribution. La localité de M’Brago se trouve en zone
de socle cristallin, avec une géologie caractérisée par des intrusions de roches granitiques de très
bonne qualité, qui affleurent par endroit. Cette étude vise principalement la cartographie le mort-
terrain et délimiter la zone exploitable du massif granitique du site M’Brago. De façon
spécifique, il s’agit de :

 identifier les discontinuités géologiques affectant le socle granitique, à partir des profils et
carte de résistivité;
 mettre en évidence le profil d’altération du socle granitique, à partir des sondages
électriques ;
 établir un bloc diagramme géoélectrique des formations géologiques explorées ;
 délimiter la zone à exploiter.
Ce mémoire comprend trois parties. La première partie correspond essentiellement aux
généralités de la zone d’étude. Elle relate le milieu naturel de la zone d’étude. La deuxième
partie fait allusion aux matériel et méthodes utilisés aux cours de cette étude. La troisième et
dernière partie correspond aux résultats et interprétation suivie de la discussion. Une conclusion
suivie de bibliographie met fin à ce mémoire.

3
CHAPITRE 1 : GÉNÉRALITÉS
Généralités

1-1. Présentation du milieu naturel de la zone d’étude


1-1-1. Cadre géographique

1-1-1-1. Situation géographique

La zone d’étude, M’Brago est située au Sud de la Côte d’Ivoire dans la région des lagunes, à une
trentaine de kilomètre de la ville d’Abidjan (Figure 1). Le site étudié correspond aujourd’hui à
une zone d’extraction de granite située au Sud de M’Brago 1 et 2. Les coordonnées de la carrière
sont les suivantes : 4° 11' 55,5" longitude Ouest et 5°32’18.2" latitude Nord.

Figure 1 : localisation de la zone d’étude

5
Généralités

1-1-1-2. Climat

Le climat de M’Brago correspond à celui du Sud littoral et dans les forêts de la Côte d’Ivoire. Il
s’agit d’un climat équatorial très humide. La saison des pluies s'étend du mois de Mai au mois de
Novembre, avec une interruption en Août et Septembre. Juin est le mois le plus arrosé. En saison
sèche, de Décembre à Avril, l'atmosphère reste moite et pesante, avec un ciel souvent voilé et
parfois des précipitations. La température stationne entre 29 et 32 °C

1-1-1-3. Végétation et relief

On trouve dans la zone d’étude de luxuriantes forêts tropicales, actuellement transformées en


plantation d’hévéa. Cette végétation est également menacée par la grande avancée de la zone
industrielle d’Abidjan Nord. Le relief est très monotone, avec une altitude ne dépassant pas 50 m.
Il existe quelques collines, qui sont transformés en plateau, car utilisées comme zone d’emprunt
dans les travaux de BTP.

1-1-1-4. Activités socio-économique et réseau routière

La population vit essentiellement de cultures de rente (café, cacao et hévéa) et vivrière. Malgré la
vitalité agricole de la région, on constate un manque d’infrastructures routières et de
communication. Deux artères principales qui traversent tout le département sont bitumées mais
en voie de dégradation. À l’instar de ceci plusieurs petites routes relient les villages et
campements entre eux, mais elles deviennent impraticables pendant la saison pluvieuse. La plus
grande artère qui traverse la localité est l’autoroute du Nord. La proximité de la localité
d’Abidjan amène de grandes entreprises à s’y’installer. Ce qui change peu à peu le quotidien des
populations

1-1-2. Cadre géologique et hydrogéologique

1-1-2-1. Cadre géologique

Le contexte géologique la zone d’étude correspond au domaine paléoprotérozoïque et les


formations rencontrées ont été structurées lors de l’orogenèse éburnéenne (Tagini, 1971). Le
cortège pétrographique est très diversifié. Le sous-sol est constitué de roches cristallines (granites

6
Généralités

et granitoïde), les migmatites et de roches volcano-sédimentaires) (Delor et al., 1995). La zone


d’étude a été le siège de trois déformations majeures senestres d’orientation N-S pour les deux
premières et ONO-ESE pour la dernière (Lemoine, 1982). On enregistre aussi localement la
présence de zones de cisaillement dextre de direction NE-SO. La zone d’étude est particulière
marquée par des intrusions de roches granitiques (Figure 2). Ce qui favorise l’installation de
carrière de granite.

Figure 2 : environnement géologique de la zone d’étude


7
Généralités

1-1-2-2. Cadre hydrogéologique

Le cadre hydrogéologique correspond à celui des régions de socle ivoirien, dans lesquelles on
distingue les réservoirs d’altérites et de fissures constituant tous les deux un aquifère composite.
Les aquifères d’altérites sont superficiels et proviennent de l’altération de la roche mère. Les
aquifères de fissures, plus profonds, sont mis en place à la faveur d’évènements tectoniques. La
particularité du site prospecté est la faible épaisseur d’altération.

8
CHAPITRE II : MATÉRIEL ET
MÉTHODES
Matériel et méthodes

2-1. Matériel

Le matériel utilisé au cours de cette étude est essentiellement constitué de matériel d’acquisition
et traitement des données géoélectriques.

2-1-1. Matériel d’acquisition

L’acquisition des données géophysiques à M’brago a nécessité l’utilisation du matériel de terrain


suivant (Figure 3) :

- un résistivimètre de type Syscal Pro (a), c’est l’unité centrale du dispositif de mesure. Il
possède une batterie, ce qui lui permet d’injecter un courant continu d’une intensité I et de
mesurer la différence de potentiel créée par le passage de ce courant dans le sous-sol. Il a
plusieurs rôles. Il joue le rôle de multipode qui permet de reconnaître chacune des électrodes
(emplacement et ordre des électrodes) qui lui sont connectées (cas des mesures de panneaux
électriques). Il joue aussi le rôle de multiplexeur en attribuant un rôle à chaque électrode au
fur et à mesure.
- une batterie externe de 12 V (b) en remplacement de la batterie interne du Syscal. Il s’agit en
réalité d’une batterie de voiture ;
- une boussole (c) pour les visées au cours de la réalisation des layons de levés et la mesure de
la direction des formations géologiques.
- un GPS (d) qui permet de prendre les coordonnées géographiques et les altitudes des stations
de mesure;
- des machettes (e) pour l’ouverture des layons ;
- des masses (f) pour enfoncer les électrodes dans le sol;
- des décamètres (g), de 100 m pour mesurer les distances entre les stations de mesure, l’écart
entre les électrodes et la distance entre les profils de mesure ;
- électrodes (h) pour la communication du courant au sol
- un parasol (i) pour protéger le Syscal du soleil et de la pluie ;
- des rubans de sécurité et des marqueurs pour le positionnement de piquets au niveau des
stations de mesure.
- du papier aluminum pour faciliter le passage du courant dans le sol lors de la prise des

10
Matériel et méthodes

mesures ;
- du scotch pour électricien pour assurer le raccordement entre le point de connections en cas
de rupture accidentelle des câbles électriques ;

Figure 3 : matériel pour l’acquisition des données géoélectriques


(a) Résistivimètre de type Syscal Pro, (b) batterie externe de 12 V, (c) boussole, (d) GPS, (e)
machettes, (f) masses, (h) électrodes, (i) parasol

11
Matériel et méthodes

2-1-2. Matériel de traitement

Les données géoélectriques ont été traitées à partir d’un ordinateur. Les données sont analysées
pendant et après la prise de mesure sur le terrain. Les outils de traitement utilisés sont
essentiellement constitués de logiciels. Ce sont :

- ARGIS 10.5 pour la réalisation des cartes de localisation de la zone d’étude ;


- Microsoft Excel TM, pour le traitement des données de trainé électrique;
- Ipi2win, pour le tracé et l’interprétation des courbes de sondage électrique;
- Surfer 15 pour la réalisation des cartes d’isorésitivités, de résistivités vraies avec la
profondeur et le bloc diagramme du profil d’altération de la zone d’étude.

2-2. Méthodologie

Les méthodes géophysiques de résistivité ont été utilisées pour l’acquisition des données de
résistivité. Il s’agit du trainé électrique et du sondage électrique. Ces méthodes sont basées sur
l'envoi dans le sous-sol de courant continue I, au moyen d’électrodes d'injection A et B et la
mesure d'une différence de potentiel V à partir des électrodes M et N (Figure 4).

Figure 4 : principe de la méthode de résistivité (Chapellier., 2000)

Connaissant les valeurs de ∆V et I, on déduit la valeur de la résistivité  (ohm.m) d’un volume de


sol par l’équation (1) :

12
Matériel et méthodes

(équation 1)

K étant le coefficient géométrique, qui est fonction de la disposition des électrodes sur le terrain

La résistivité électrique ρ est une propriété physique qui détermine la capacité d’un milieu à
laisser passer le courant électrique. C’est l'inverse de la conductivité. Elle dépend principalement
de la teneur en eau et de la minéralisation du milieu. Cette figure 3 présente une large gamme de
résistivités des matériaux géologiques rencontrés. Lorsque le sous-sol est homogène et isotrope,
les résistivités mesurées sont des résistivités vraies. Par contre, lorsque le sous-sol est hétérogène
(plusieurs horizons), la résistivité mesurée est une résistivité apparente. C’est le résultat des
interactions des résistivités vraies des différentes formations qui composent le sous-sol. En
prospection géophysique, les résistivités mesurées sur le terrain sont en générales des résistivités
apparentes. C’est le cas dans le cadre de notre travail.

2-2-1. Acquisition des données

2-2-1-1. Acquisition des données géoélectriques par trainé électrique

Le trainé électrique ou profilage électrique est une méthode d’investigation latérale du sous-sol à
une profondeur relativement constante (Chapellier, 2000 ; Sombo, 2012). Il est mis en œuvre
pour la détection des variations de résistivité suivant une ligne ou layon de prospection. C’est une
investigation latérale portée sur une épaisseur plus ou moins constante de terrain. Il fournit des
informations qualitatives sur les variations latérales des propriétés électriques du sous-sol et met
en évidence les zones de discontinuités géologiques (failles, fractures, zones de contact, filons,
etc.)

L’objectif du trainé électrique, dans le cadre cette étude est d’identifier des zones conductrices
correspondant des discontinuités géologiques (fractures, failles). Les mesures de trainé électrique
sont effectué es suivant le dispositif gradient rectangle (Figure 5), où les électrodes M et N
distantes de 40 m sont déplacés suivant l’alignement des électrodes A et B distantes de 1200 m.
Les électrodes A et B sont maintenues fixées aux extrémités du profil. M et N se déplacent dans
le tiers central de la distance entre A et B. M et N peuvent s’éloigner de part et d’autre de la ligne

13
Matériel et méthodes

AB d’une distance maximale de AB/4, tout en restant parallèle à AB. Le pas de mesure entre
deux stations est de 10 m. La valeur de résistivité apparente obtenue pour chaque station est
ramenée au centre des électrodes M et N. Dans la prise des mesures, on tient compte de
l’orientation présumé, des structures géologiques. Les lignes de trainés sont disposées de sortes à
recouper les directions de ces structures (Sombo, 2012 et Grébé, 2017). Au total, treize (13)
trainés électriques parallèles de direction N-S et espacés de 50 m sont réalisés. Les trainés ont des
longueurs qui varient entre 130 m et 400 m.

Figure 5: Dispositif gradient rectangle (Sombo., 2012)

2-2-1-2. Acquisition des données géoélectriques par sondage électrique

Le sondage électrique est une technique d’investigation verticale du sous-sol. Il est exécuté au
droit des anomalies recherchées. Il permet de suivre la variation verticale des propriétés
électriques des couches sous-jacentes. Une enquête verticale qui permet d’explorer
successivement les horizons sous-jacents, afin de déterminer l’épaisseur et la succession verticale
des résistivités de celle-ci. Le sondage électrique permet d’obtenir en un point une approximation
de la stratigraphie du dépôt ou du profil d’altération des formations géologiques (Sombo, 2012).

14
Matériel et méthodes

Dans la pratique, les sondages électriques sont réalisés suivant le dispositif Schlumberger, avec
AB/2 variant de 1,5 à 200 m et MN/2 de 0,5 à 2 m. Les valeurs de résistivités obtenues sont des
valeurs apparentes et ont été rapportées au centre O du quadripôle ABMN. La profondeur
d’investigation étant proportionnelle à la longueur de la ligne AB, le sondage est réalisé sur le
terrain en éloignant au fur et à mesure les électrodes A et B du centre O (Figure 6). Au total
quinze (15) sondages électriques ont été effectués sur le site de M’Brago.

Figure 6 : principe de mesure du sondage électrique avec le dispositif Schlumberger (Sombo,


2012)

La figure 7 présente la grille de prospection mise en place sur le site de M’Brago. Les trainés
électriques sont exécutés presque suivant la direction N-S, avec des pas de mesure de 10 m. Les
lignes de trainés sont séparées de 50 m les uns des autres. Ce qui donne une maille de 10 X 50
m. Pour déterminer le profil d’altération de la roche mère des sondages électriques sont réalisés.

15
Matériel et méthodes

Figure 7 : grille de prospection sur le site de M’Brago

2-2-2. Traitement des données géoélectriques

2-2-2-1. Traitement des données de trainés électriques

Les données de trainé électrique subissent deux traitements : le tracé de profils de résistivité
apparente et l’élaboration de carte d’isorésistivité apparentes.

 Tracé de profils de résistivité apparente

Les données des résistivité apparente acquises par trainé électrique sont organisées sur Microsoft
Excel. Ce même logiciel permet de représenter les données géoélectriques sous forme de profils
de résistivité, selon une échelle semi-logarithmique. On porte en abscisse les stations de mesure,
en mètre, à une échelle arithmétique et en ordonnées les valeurs de résistivité apparente, en
ohm.m, à une échelle logarithmique. Les profils de résistivité apparente obtenus permettront de
mieux observer les variations latérales de résistivités. Ces profils étant parallèles entre eux,
permettent de déterminer les fractures qui affectent le substratum rocheux.

16
Matériel et méthodes

 Élaboration de carte d’isorésistivité apparente

Les données obtenues par trainé électrique, accompagnées des coordonnées géographiques de
chaque station de mesure, sont utilisées sur surfer 15 pour la réalisation de la carte d’isorésistivité
apparente de la zone d’étude. Ce qui nous permet de mettre en évidence les fractures non
décelables sur les profils de résistivité.

2-2-2-2. Traitement données de sondage électrique

Les données de sondage électrique subissent trois traitements : le tracé et l’inversion des courbes
de sondages, l’élaboration des blocs diagrammes géoélectriques et l’élaboration des cartes de
résistivité vraie avec la profondeur.

 Tracé et l’inversion des courbes de sondages

Le tracé et l’inversion des courbes de sondages est fait, à partir du logiciel Ipi2win. On
commence tracé les courbes de sondages électriques suivant une échelle bi-logarithmique.
L’inversion est faite à l’aide du même logiciel et permet de déterminer la résistivité vraie de
chaque terrain traversé par le courant électrique. Elle permet aussi d’estimer l’épaisseur de
chaque couche géologique et d’apprécier le profil d’altération. On pourra également estimer à
quelle profondeur se situe le toit du socle et la fracturation. En effet, les valeurs de résistivités
apparentes ont été reportées sur une échelle bilogarithmique en fonction des distances AB/2.
L’interprétation par ce logiciel utilise des algorithmes d’inversion. Cette inversion est basée sur la
comparaison des courbes théoriques aux courbes obtenues avec les données de terrain.
L’interprétation des courbes de sondages consiste à comparer les résultats du terrain avec des
courbes pré-calculées pour divers modèles (épaisseur et résistivité variable) (Figure 8).

17
Matériel et méthodes

Figure 8 : interprétation contrôlée d’un sondage électrique par ordinateur (Marescot., 2004)

Les résistivités apparentes mesurées sont représentées sur le graphe (A). Le but de l’opération est
de créer un modèle du sous-sol constitué d’une succession de couches horizontales ayant chacune
une certaine résistivité et une certaine épaisseur (B) puis de calculer la réponse de ce modèle (C)
(Chapellier, 2000). Cette opération utilise la méthode du Gradient qui minimise la somme des
écarts relatifs quadratiques entre les deux courbes. C’est une technique de calcul itératif qui
permet la recherche des minimums ou maximums d’une fonction (Chouteau et Giroux, 2006).
L'interprétation n'est bonne que lorsque la courbe calculée pour le modèle coïncide avec les
mesures de terrain. Dans ce cas le modèle est une approximation possible de la réalité du sous-sol
car il génère des données similaires à celles mesurées.

 Élaboration des blocs diagrammes géoélectriques

Les épaisseurs des différentes couches mises en évidence permettent d’élaborer le bloc
diagramme du profil d’altération de la roche mère et celui du toit du socle cristallin. Ce qui
permet d’apprécier le modelé du profil d’altération et celui du toit du socle. Les blocs
diagrammes sont élaborés à partir de Surfer 15.

18
Matériel et méthodes

 Élaboration des cartes de résistivité vraie avec la profondeur

Les valeurs de résistivités vraies et les épaisseurs des couches obtenues après interprétation des
sondages électriques permettent des réaliser, à partir de Surfer 15, des cartes de résistivités en
fonction de la profondeur dans le sous-sol.

19
CHAPITRE III : RÉSULTATS ET
DISCUSSION
Résultats et discussion

3-1. Résultats
3-1-1. Profils de résistivité

Les profils de résistivité permettent de discriminer les zones conductrices (zones de faibles
résistivités) des zones résistantes (zones de fortes résistivités). Les zones conductrices
correspondent à des discontinuités géoélectriques dans le socle granitique. Ces discontinuités sont
en réalités des fractures ou des failles qui affectent le massif granitique du site étudié. La
variation très prononcée de l’allure des profils parallèles de résistivité montre que le massif
granitique sous-jacent est très fracturé. Ces structures géologiques sont matérialisées sur les
profils parallèles par des alignements d’anomalies conductrices. Sur la figure 9, l’on a représenté
quelques discontinuités géoélectriques sur les profils parallèles de résistivité par des traits
discontinus. Ces traits suivent les alignements d’anomalies conductrices.

Figure 9 : Profils parallèles de résistivité et quelques alignements d’anomalies conductrices


(fractures interprétées)

21
Résultats et discussion

3-1-2. Carte d’isorésistivité

La carte d’isorésistivité permet d’observer le socle granitique à des valeurs de résistivités très
hétérogénéité (de 78 à plus de 5000 ohm.m). Les valeurs de résistivité apparentes élevées
montrent que nous sommes dans le socle cristallin. Selon le faciès géologique du site prospecté, il
s’agit d’un massif granitique. Les valeurs de résistivité apparentes faibles montrent que cette
intrusion granitique est fracturée à plusieurs endroits. Les zones résistantes (fortes résistivités)
correspondent au substratum rocheux sain. Les zones conductrices correspondent aux zones
fracturées du substratum rocheux. La carte d’isorésitivité montre que le massif granitique
cartographié est très fracturé. Ces fractures sont interconnectées et atteignent localement 100 m
de large (Figure 10). Au total 23 fractures sont mises en évidence sur ce site.

Figure 10 : carte d’isorésistivité et les fractures mises en évidences

Au total 23 fractures sont mises en évidence à partir de la carte d’isorésistivité apparente. La


rosace directionnelle liée à ces discontinuités géologiques montre que les fractures n’épousent

22
Résultats et discussion

pas une direction préférentielle (Figure 11). On remarque que leurs directions sont hétérogènes.
Les fractures de directions E-W sont les plus représentées dans notre cas.

Figure 11 : rosace directionnelle des fractures identifier à partir de la carte d’isorésistivité

3-1-2. Étude des sondages électriques


3-1-2-1. Courbes de sondages électriques

Les courbes sondages électriques obtenues sont des courbes de type H, à l’exception de la courbe
SE14 qui est de type A. La courbe de type A présentent une seule branche montante et mettent en
évidence des formations à deux terrains (Figure 12a). Les courbes de types H correspondent à un
modèle de trois horizons géoélectriques distincts. La figure 12b présente le cas de la courbe SE9.

23
Résultats et discussion

Figure 12 : Typologie de courbes de sondages obtenus sur le site de M’Brago


(a) Courbe de type A (SE14) et (b) courbe de type K (SE9)

Ces courbes permettent d’identifier deux zones sur le site de M’Brago : les zones à forte
épaisseur d’altération et les zones à faible épaisseur d’altération. Les courbes de sondage
électrique SE1, SE3, SE5, SE9, SE12 et SE13 (Figure 13) sont caractérisées par un large « fond
de bateau ». Ceci est caractéristique des sous-sols à forte puissance d’altération. Ces courbes de
sondage présentent des épaisseurs d’altération comprise entre 8 et 26 m. Par contre, les courbes
de sondage électrique SE2, SE4, SE6, SE7, SE8, SE10, SE11, SE14 et SE15 (Figure 14), qui
donne une épaisseur d’altération faible (moins de 5 m), montre un « fond de bateau » moins
large, caractéristique des zones à faible épaisseur d’altération.

24
Résultats et discussion

Figure 13 : courbes de sondages avec un « fond de bateau » large, caractéristiques des zones à
forte épaisseur d’altération

25
Résultats et discussion

Figure 14 : courbes de sondages avec un « fond de bateau » moins large, caractéristiques des
zones à faible épaisseur d’altération

Ces courbes de sondages électriques présentent une particularité. La remontée de ces différentes
courbes fond fait avec l’horizontal un angle supérieur ou égale à 45°. Ce qui signifie que le socle
granitique qui est matérialisé sur la courbe par la remontée est très résistant. Il s’agit donc d’un

26
Résultats et discussion

massif granitique sain de très bonne qualité. Ce granite est donc exploitable dans le cadre d’une
carrière. Sauf que l’épaisseur du mort-terrain à décaper est significative par endroit. La figure 15a
illustre un exemple où l’angle de la courbe de sondage électrique à la remontée est égal à 45°,
correspondant à l’angle maximal que peut atteindre le modèle de courbe calculée (en rouge)
lorsque la roche traversée est saine et résistante. La figure 15b montre un exemple où l’angle de
la courbe de sondage électrique à la remontée est supérieur à 45°. On constate que le modèle de
courbe calculée ne peut se superposer à celle du sondage électrique, car elle a atteint l’angle
maximal pour une roche très résistante.

Figure 15 : angle de la remontée par rapport à la remontée


(a) angle égale à 45° et (b) angle supérieur à 45°

Ce massif rocheux est également fracturé à différentes profondeurs. En effet, sur les courbes de
sondages obtenues, on peut observer sur la remontée, des changements de pente (Figure 16). Les
fractures qui affectent le socle cristallin, perturbent l’allure des courbes de sondage électrique, à
la remontée. La fracturation dans le socle créée des chutes des valeurs de résistivité apparentes,
pendant les mesures de sondages électriques. Par conséquent, elle engendre des changements de
pente au niveau de la remontée de la courbe. Lorsque la fracturation est importante ces
changements de pente sont bien marqués sur la courbe. On peut également observer que l’angle
de la courbe à la remontée par rapport à l’horizontal est largement inférieur à 45°.

27
Résultats et discussion

Figure 16 : matérialisation de fractures sur la remontée de la courbe de sondage électrique.

3-1-2-2. Variation de la résistivité vraie avec la profondeur

La figure 17 met en évidence des cartes de résistivités vraies en fonction de la profondeur. Elle
permet de visualiser le comportement électrique des formations du sous-sol. Ces cartes
permettent de distinguer deux zones géoélectriques : la zone altérée et le socle granitique fracturé.

Ces cartes montrent que les formations altérées vont jusqu’à 4 m de profondeur dans le sous-sol
de la zone d’étude. Ces formations sont caractérisées par de faibles résistivités. Il s’agit d’une
zone humide au vue des faibles résistivités.

Au-delà de 4 m de profondeur l’on se situe dans le massif granitique. Il est caractérisé par des
résistivités très élevées (supérieures à 5000 ohm.m). C’est un granite de très bonne qualité,
pouvant faire l’objet de carrière granitique. Ce massif est néanmoins fracturé même à des
profondeurs importantes (150 m), comme la montre les courbes de sondage électrique. Au niveau
de ces fractures la résistivité est faible.

28
Résultats et discussion

Figure 17 : variation de la résistivité vraie avec la profondeur

29
Résultats et discussion

3-1-2-3. Profil d’altération

L’interprétation des courbes de sondage électrique permet d’avoir une idée de la structuration du
profil d’altération de la zone d’étude. L’analyse des blocs diagrammes montre que le profil
d’altération suit une structuration verticale (Figure 18). Deux à trois horizons géoélectriques
distincts sont mis en évidence.

Figure 18 : bloc diagramme du profil d’altération

On observe deux grandes formations: les formations altérées et le socle cristallin plus ou moins
fracturé. Les formations altérées sont constitués de deux horizons : la terre arable et le sable
argileux. Dans leur partie superficielle on trouve la terre arable de très faible épaisseur (moins de
1 m). Elle est par endroit absente. Ce qui laisse entrevoir le deuxième horizon constitué de sable

30
Résultats et discussion

argileux. Localement cet horizon atteint 23 m d’épaisseur. La terre arable et le terrain de sable
argileux surmonte un socle granitique fracturé.

3-1-2-4. Épaisseur d’altérites

Les épaisseurs d’altérites de la zone d’étude est variable. Elle est comprise entre 2,38 et 26 m,
selon les résultats de sondage électrique. La figure 19 présente une répartition de l’épaisseur
d’altération du site étudié. Les épaisseurs les plus importantes se situent aux extrémités NE et SW
de la zone d’étude. Elles atteignent dans ces zones, plus de 8 m. À l’exception de ces zones, les
épaisseurs d’altérites varient entre 2 et 8 m. Le mort-terrain à arracher est donc plus important
dans les zones NE et SW et nécessitera plus de moyens financés. Le reste de la zone est donc
exploitable à coût réduit.

Figure 19 : Carte de répartition des épaisseurs d’altérites

31
Résultats et discussion

3-1-2-5. Carte 3D du massif granitique exploitable

Le volume du massif granitique est également cartographié à partir des résultats de sondage
électrique. La carte 3D du massif montre que le toit du substratum n’est régulier (Figure 20). On
observe des zones de grandes dépressions situées dans les zones NE et SW du site. Les
emplacements de ces dépressions correspondent aux zones de fortes épaisseurs d’altérites.

Figure 20 : carte 3D du massif granitique exploitable

32
Résultats et discussion

3-2. Discussion

Ce travail est une étude combinée des méthodes de résistivité (trainé et sondage électriques).
Elles ont montré leurs atouts dans la cartographie des matériaux géologiques des un
environnement de socle. La prospection, par trainé électrique, permet de discriminer les
anomalies conductrices des anomalies résistantes. Les premières sont synonymes, dans un massif
rocheux de fractures et les deuxièmes, synonymes de roche saine. Cette technique est donc très
utile pour l’étude de la géométrie des formations cristallines. En Côte d’Ivoire, plusieurs travaux
de prospection, à partir de la technique de trainé électrique, ont montré leur efficacité à
discriminer les zones fracturées dans un substratum très résistant. Citons en exemples ceux de
Kouakou (2012) et Sombo (2012). Ils mettent respectivement en évidence des fractures dans le
district de la vallée du Bandama (Nord de la Côte d’Ivoire) et dans les départements de Sikensi et
Tiassalé (Sud de lq Côte d’Ivoire), à partir de cette technique. De même les travaux de Kouakou
(2014) sur la cartographie des roches massives, à partir des trainés électriques dans les localités
de Ferké, Bouaké et Ayamé, montrent que le trainé électrique est approprié pour l’étude de la
géométrie des massifs rocheux dans carrières. Conformément à nos travaux, il met en évidence la
géométrie du substratum, après analyse des cartes d’isorésistivité élaborées, à partir des données
de trainé électrique. Tanoh (2018) aborde dans le même sens, il confirme que le profil et la carte
de résistivité permet de mieux apprécier la géométrie le massif granitique d’une carrière. Il va
plus loin, en affirmant cette technique de résistivité a permis de délimiter les zones exploitables
d’un site de carrière granitique, près de Gbamokro, au Centre de la Côte d’Ivoire.

L’analyse des courbes de sondage électrique ont permis de déterminer le profil d’altération, les
épaisseurs du mort-terrain à décaper et de localiser les zones à exploiter. Les courbes de sondages
rencontrées, dans le cadre de notre étude, sont les courbes de type A et K. Ce sont respectivement
des courbes de sondage à « une seule branche montante » et à « en fond de bateau ». Selon
Koussoubé et al., (2003) ces types de courbes (« une seule branche montante » et « en fond de
bateau ») correspondent à celles d’un socle cristallin surmonté d’une faible couche d’altérites.
Sombo (2012) ajoute que la courbe de type K (en fond de bateau) pourrait correspondre à une
épaisseur d’altération importante lorsqu’elle le « fond de bateau » est large. Ce qui se conforme à
nos résultats. En effet, les courbes de sondage électrique ayant données une épaisseur d’altérites
important, dans le cadre de notre étude, sont les courbes de type K ayant un « fond de bateau »

33
Résultats et discussion

large. L’angle que fait la branche montante de toutes les courbes de sondages obtenues, avec
l’horizontal est supérieur ou égale à 45°. Ce qui montre que le granite du site est très résistant et
de bonne qualité. Ces sondages sont effectués pour étudier une potentielle carrière de granite à
M’Brago. Ce constat est également observé, avec les travaux de Tanoh (2019), qui étude aussi la
carrière de Gbamakro. Les mesures de résistivité ont permis de délimiter la zone exploitable, à
coût réduit, à Gbamakro. C’est aussi le cas à M’Brago.

Les méthodes de résistivité (trainé et sondage électriques) sont des outils d’aide à la cartographie
des carrières de roche massif. Elles permettent d’étudier les caractéristiques du sous-sol des sites
concernés et de délimiter les zones à exploiter.

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CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Conclusion et perspectives

Conclusion
L’objectif de ce présent mémoire est la cartographie du mort-terrain et délimiter la zone
exploitable du massif granitique du site M’Brago, à partir de méthodes géophysique de résistivité.
Les méthodes de trainés et de sondages sont les techniques de résistivité mises à contribution.
L’application de ces techniques ont permis une meilleure compréhension du contexte géologique
et de cartographier le mort-terrain à décaper et la zone du massif granitique à exploiter. En effet,
le traîné électrique a permis de connaître la géométrie du socle rocheux sans déterminer la zone
exploitable du site de M’Brago. Les sondages électriques ont permis de connaitre les épaisseurs
du mort-terrain à décaper. Ce mort-terrain correspond à la partie altérée du sous-sol et a une
épaisseur comprise entre 2 et 26 m. Les sondages électriques montrent également que le socle
granitique est fracturé à différentes profondeur du sous-sol, car la remontée des courbes de
sondages électriques obtenues présentent plusieurs perturbations (changements de pente), qui
matérialisent la présence de fractures. Ces courbes de sondages indiquent aussi que, malgré la
fracturation le massif granitique reste de bonne qualité. En effet, les valeurs de résistivité dans ce
massif granitique est très élevées (largement supérieures à 5000 ohm.m). Aussi, l’angle que fait la
remontée de toutes courbes de sondage avec l’horizontal (pente de la remontée) est supérieur ou
égale à 45°. Signe que le massif rocheux est très résistant et de bonne qualité. La technique de
sondage électrique a permis de délimiter la zone exploitable du massif granitique, à coût réduit. Il
s’agit de toute la zone, à l’exception des extrémités NE et SW du site prospecté. En effet, les
extrémités NE et SW du site ont des terrains altérés (mort-terrain) très épais. Les épaisseurs
d’altérations sont comprises entre 8 et 26 m, contrairement au reste du site qui sont moins
épaisses (entre 2 et 8 m). Enfin, les sondages électriques ont permis de faire une cartographie 3D
du massif granitique. Ce qui contribue d’estimer le matériau géologique exploité.
Perspectives et recommandations
Les techniques de trainé et sondage électriques sont des méthodes bien adaptées à la cartographie
des régions de socle, surtout pour la recherche de carrière rocheux. Son application avec d’autres
techniques de résistivité telle que la tomographie 2D ou 3D, permettra de gagner de précieux
temps de manipulation pendant l’acquisition sur le terrain et pendant le traitement des données.
De plus pour une étude plus complète du site de M’Brago, il serait judicieux de réaliser quelques
sondages mécaniques pour obtenir une image géologique comparative de la structure avec celle et

36
Conclusion et perspectives

obtenue à partir des données géoélectriques. On pourrait également, réaliser des essais
géotechniques sur le matériau cartographié, pour vérifier la bonne qualité du granite étudié.

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RÉFÉRENCES
Références

Chapellier D. (2000). Cours online géophysique, prospection électrique de surface. Publications :


Université de Lausanne ; Institut français du pétrole. 97 p.

Chouteau M. et Giroux B. (2006). Méthodes électriques II. Notes de cours. Géophysique


appliquée, GLQ 3202. Ecole Polytechnique, France. 75 p.

Delor C., Diaby I., Siméon Y., Yao B., Akre D., Okou A., Konaté S., Tastet J-P., Vidal M.,
Traoré I., Dommanget A., Cautru J-P., Konan G et Chiron J-C. (1995). Carte
géologique de la Côte d’Ivoire à 1/200 000 ; Feuille d’Abidjan, Mémoire de la
Direction des Mines et de la Géologie, n°5, Abidjan, (Côte d’Ivoire), 27 p.

Grébé S. (2017). Combinaison de trois techniques de résistivité (trainé, panneau et sondage


électriques) dans l’étude de carrières de roches : cas de grobiassoumé (sud-ouest de la
côte d’ivoire). Mémoire de Master II Université Felix Houphouët-Boigny de Cocody,
87 p.

Kouakou K. A. (2014). Les méthodes de résistivité : Application à la recherche de roches


massives et estimation du volume rocheux sur trois sites : Ayamé, Bouaké et
Ferkessédougou (Côte d’Ivoire). Mémoire de DEA Université Felix HouphouëtBoigny
de Cocody, 74p.

Kouakou K. E-G. (2012). Contribution de la géophysique à l’étude structurale et à la


connaissance des ressources en eau souterraine du district de la vallée du Bandama
(Côte d’Ivoire). Thèse de doctorat géophysique appliquée, Université Félix Houphouët
Boigny, UFR STRM, Abidjan Côte d’Ivoire. 183 p.

Koussoubé Y., nakolendoussé S., Bazié P., Savadogo A. N. (2003). Typologie des courbes de
sondages électriques verticaux pour la reconnaissance des formations superficielles et
leur incidence en hydrogéologie de socle cristallin du Burkina Faso. Article Sud
Sciences & Technologies. Laboratoire d'hydrogéologie, UFR en Sciences de la Vie et
de la Terre, Université de Ouagadougou. Burkina Faso, 7 p.

39
Références

Lemoine S. (1982). Le décrochement ductile de Brobo, un linéament majeur, son rôle possible
dans l’orogenèse éburnéenne en Côte d’Ivoire. C. R. Académie des Sciences, Paris,
296, série II, pp. 601-606.

Marescot L. (2004). Modélisation directe et inverse en prospection électrique sur des structures
3D complexes par la méthode des éléments finis. Thèse de doctorat ès Géosciences,
Université de Nantes et de Lausanne 208 p.

Sombo A.P (2012). Application des méthodes de résistivités électriques dans la détermination et
la caractérisation des aquifères de socle en Côte d’Ivoire : cas des départements de
Sikensi et de Tiassale. Thèse unique, Université Felix Houphouët-Boigny de Cocody,
203 p.

Tagini B. (1971). Esquisse structurale de la Côte d’Ivoire. Essai de géotectonique régionale


Thèse de Doctorat de l’Université de Lausanne, 302 p.

Tanoh K. F. (2019). Étude géophysique par imagerie électrique de la carrière granitique de


Gbamakro (département de Bouaké, au centre de la Côte d’Ivoire). Mémoire de
Master, Université Jean Lorougnon Guédé Daloa, 43p.

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RÉSUMÉ
M’Brago est une localité située au Sud de Côte d’Ivoire dans la région des lagunes, à une
trentaine de kilomètre de la ville d’Abidjan. Elle a fait l’objet d’une étude géophysique de
résistivité pour la recherche de carrière de granite dans le cadre de la recherche de granulat dans
ladite localité. Les méthodes électriques (traîné et sondage électriques) sont mises en œuvre au
moyen d'un résistivimètre de type Syscal Pro. Les traînés électriques réalisés, à partir du
dispositif gradient rectangle, avec AB = 1200 m et MN = 40 m. Les sondages électriques sont
effectués, suivant le dispositif Schlumberger. Les résultats de trainé électrique permettent
d’établir un profil et une carte de résistivité apparente de résistivités dressant la géométrie du
massif rocheux. Les courbes de sondage électrique obtenues sont de type A et K. Ces courbes
montrent que le massif granitique est de bonne qualité (pente de la remontée de toutes courbes
supérieure ou égale à 45°). Les valeurs de la résistivité du granite sont très élevées (largement
supérieures à 5000 ohm.m). Elles indiquent aussi la présence de fractures dans ce massif rocheux.
La technique de sondage électrique a permis de délimiter la zone exploitable du massif
granitique, à coût réduit. Il s’agit de toute la zone, à l’exception des extrémités NE et SW du site
prospecté. Les extrémités NE et SW du site ont des terrains altérés (mort-terrain) très épais 8 à 26
m d’épaisseur) par rapport au reste du site (2 à 8 m épaisseur).
ABSTRACT
M’Brago is a locality located in the South of Côte d'Ivoire in the lagoon region, about thirty kilo-
meter from the city of Abidjan. It was the subject of a geophysical resistivity study for the search
for a granite stone-pit for search for aggregate in this locality. The electrical methods (electrical
profiling and sounding) are used, using a Syscal Pro type resistivity meter. The electrical
profiling produced, from the rectangle gradient device, with AB = 1200 m and MN = 40 m. The
electrical soundings are does, according to the Schlumberger device. The electrical profiling
results are used to do a profile and an apparent resistivity map, highlighting the geometry of the
basement. The electrical sounding curves plotted are of type A and K. These curves show that the
granite massif is of good quality (slope of the rise of all curves greater than or equal to 45 °). The
resistivity values of granite are very high (much greater than 5000 ohm.m). They also indicate the
presence of fractures in this rocky massif. The electric sounding technique made it possible to
delimit the exploitable zone of the granite massif, at reduced cost. This concerns all area, except
of the NE and SW extremity of the site. The NE and SW extremity of the site have very thick
weathered terrain (8 to 26 m thick) compared to left-over of the site (2 to 8 m thick).

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