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Les minéraux et les produits qui en sont dérivés sont à la base de la plupart des
industries. L’exploitation de gisements minéraux se pratique sous une forme ou une
autre dans presque tous les pays du monde ; les activités minières ont des
répercussions importantes sur l’économie, l’environnement, l’emploi et la vie
sociale, qui débordent les frontières des pays ou des régions où elles ont leur siège.
Les mines comptent pour une part importante du produit intérieur brut (PIB) d’un
grand nombre de pays en développement et constituent même souvent l’essentiel des
exportations et des investissements étrangers dans ces pays.
Les activités minières peuvent avoir sur l’environnement des effets considérables et
de longue durée. On pourrait citer de nombreux exemples de bonnes et de mauvaises
pratiques d’exploitation et de réhabilitation de sites miniers. Les atteintes à
l’environnement liées à l’extraction de minéraux ont un impact croissant sur
l’industrie minière et la main-d’œuvre qu’elle emploie. Ainsi, le débat actuel autour
du réchauffement climatique pourrait avoir une incidence sur la consommation de
charbon dans certaines régions du globe. De plus, avec le recyclage qui diminue les
besoins en matériaux neufs et l’utilisation croissante de matériaux de remplacement
(notamment les plastiques), la place qu’occupent les métaux et les minéraux dans le
PIB se voit considérablement réduite.
L’emploi
Le secteur minier n’est pas un des plus gros employeurs. Il occupe environ 1% de la
main-d’œuvre mondiale — soit quelque 30 millions de travailleurs — dont le tiers est
employé dans les charbonnages. Mais, pour chaque emploi dans les mines, on
compte au moins un emploi qui dépend directement du secteur minier. De plus, on
pense qu’au moins 6 millions de personnes, non comptées dans le total ci-dessus,
sont employées dans de petites exploitations minières. Si l’on tient compte des
personnes à la charge de ces travailleurs, le nombre total de personnes vivant du
travail dans les mines se situe probablement aux alentours de 300 millions.
La sécurité et la santé
Le cadre de travail des mineurs change constamment au cours d’une journée, voire
au cours d’un poste de travail. Ceux dont la tâche consiste à creuser les voies
souterraines et à assurer la stabilité des terrains encaissants ne voient pas la lumière
du jour et travaillent dans une atmosphère dépourvue d’aérage naturel. En dépit des
efforts déployés pour améliorer la sécurité des mineurs, le nombre de décès, de
lésions et de maladies chez cette catégorie de travailleurs demeure relativement
élevé, ce qui signifie que, dans la plupart des pays, le travail dans les mines est
l’emploi le plus dangereux, si l’on considère les effectifs de la profession.
Le travail dans les mines est dangereux et l’OIT s’est toujours souciée de rehausser
le niveau de la sécurité et de la santé dans ce secteur. La Classification internationale
LES MINES ET LES CARRIERES 9
des radiographies de pneumoconioses, établie par l’Organisation, est un outil
reconnu à l’échelle mondiale pour répertorier de façon systématique les affections
pulmonaires dues à l’inhalation de poussières et révélées par la radiographie.
Des recueils de directives pratiques en matière de sécurité et de santé ont été établis
spécialement pour les mines de charbon et les mines à ciel ouvert, et d’autres pour
l’industrie minière en général.
L’adoption de la convention no 176, mentionnée plus haut, qui établit les principes
directeurs de l’amélioration des conditions de travail dans les mines, est importante
à plusieurs titres :
La formation
Afin d’améliorer la sécurité et la santé des mineurs, l’OIT a mené à bien divers
projets axés sur la formation dans les domaines de la santé, de la sécurité et du
sauvetage et sur une inspection plus rigoureuse des exploitations minières. Grâce à
ces initiatives, plusieurs pays se sont inspirés des normes et des directives de l’OIT,
et le niveau de sécurité et de santé dans les mines s’est amélioré.
Lorsqu’une entreprise doit faire face à une concurrence de plus en plus vive et sent
que sa rentabilité ou même sa survie sont menacées, elle peut pencher vers une remise
en question des principes fondamentaux de la liberté syndicale et de la négociation
collective. Pourtant, des relations de travail harmonieuses fondées sur l’application
constructive de ces principes peuvent contribuer de façon non négligeable à
l’accroissement de la productivité.
Le travail des enfants est un problème qui mérite une attention particulière. Dans le
cadre de son Programme international pour l’abolition du travail des enfants
(International Programme for the Elimination of Child Labour (IPEC)), l’OIT a lancé
dans plusieurs pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine des projets visant à ouvrir
des possibilités de scolarisation et à créer de nouvelles sources de revenus, afin de
retirer les enfants des mines de charbon, d’or et de pierres précieuses dans chacune
de ces trois régions. Ces projets sont menés en consultation avec la Fédération
internationale des syndicats des travailleurs de la chimie, de l’énergie, des mines et
des industries diverses (International Federation of Chemical, Energy, Mine and
General Workers’Unions (ICEM)), des organismes gouvernementaux et des
organisations non gouvernementales (ONG) des pays concernés.
Les ONG ont aussi été actives et efficaces à l’échelle locale, réussissant par la mise
en œuvre de technologies appropriées à rehausser l’efficacité de la petite industrie
extractive et à améliorer les conditions sanitaires et l’environnement. Quelques
organisations gouvernementales internationales (OGI) ont effectué des études et
élaboré des principes directeurs et des programmes d’action sur le travail des enfants,
le rôle des femmes et des peuples autochtones, la réforme de la fiscalité et de la
propriété foncière et les atteintes à l’environnement. Il semble cependant que leurs
travaux n’aient pas eu à ce jour d’effets appréciables. Il faut souligner toutefois que,
sans l’appui et le concours des gouvernements, le succès de tels travaux demeure
incertain.
En règle générale, les petits exploitants ne semblent guère enclins à utiliser les
technologies accessibles et peu coûteuses pour atténuer les effets sur la santé et
l’environnement de leurs opérations, comme par exemple la récupération du
mercure. Souvent, ils n’ont aucune motivation à le faire, le coût du mercure n’étant
pas un facteur limitatif. De plus, dans bien des cas, et surtout en ce qui concerne les
mineurs faisant partie de la catégorie des travailleurs migrants, les petits exploitants
ne voient aucun intérêt à préserver l’environnement, puisqu’ils n’envisagent aucune
utilisation du site en fin d’exploitation. Il faut donc leur faire comprendre qu’ils
peuvent, sans que cela ne leur impose trop de contraintes, modifier leurs méthodes
d’exploitation de façon qu’elles soient à la fois plus rentables et moins
LES MINES ET LES CARRIERES 12
dommageables pour la santé et l’environnement, tout en contribuant à la prospérité
du pays. Les recommandations définies au Séminaire interrégional sur les principes
directeurs pour le développement des industries extractives à petite et à moyenne
échelle, organisé par les Nations Unies à Harare, en 1993, proposent aux autorités et
aux organismes de développement une approche intégrée et cohérente des différents
problèmes. Le fait que les associations d’employeurs et de travailleurs ne regroupent
pas la plupart des exploitations de petite taille devrait inciter les gouvernements à les
intégrer au secteur formel de l’industrie minière, ce qui ne manquerait pas
d’améliorer le sort des mineurs travaillant dans ces exploitations et de rehausser
sensiblement les retombées économiques et sociales de l’industrie extractive à petite
échelle. Lors d’une table ronde internationale organisée en 1995 par la Banque
mondiale, une stratégie a été élaborée pour minimiser les effets secondaires nuisibles
des activités d’extraction artisanales — notamment les mauvaises conditions de
sécurité et de santé — et en maximiser les bénéfices socio-économiques.
La convention (no 176) sur la sécurité et la santé dans les mines, 1995, ainsi que la
recommandation no 183 qui l’accompagne, sont une référence internationalement
reconnue qui sert de guide pour l’établissement de la législation et des pratiques
minières dans les Etats Membres. Elles s’appliquent à toutes les catégories de mines,
pour lesquelles elles définissent des normes minimales de sécurité. Les dispositions
de la convention ont déjà été intégrées à la législation sur les mines et aux
conventions collectives des mineurs dans plusieurs pays ; d’autres ont adopté des
normes de sécurité et de santé dans les mines qui vont au-delà des exigences
minimales qui y sont définies.
LA RECHERCHE MINIÈRE
William S. Mitchell et Courtney S. Mitchell
La recherche minière englobe l’ensemble des opérations ayant pour objet la mise en
évidence et l’étude des gisements en vue de leur exploitation. C’est une étape
préalable nécessaire, mais coûteuse et sans certitude de succès. En 1992, les dépenses
en re-cherche minière s’élevaient à 1,2 milliard de dollars E.-U. pour l’ensemble du
globe et, en 1995, elles atteignaient presque 2,7 milliards de dollars. De nombreux
pays encouragent les investissements dans cette activité et les régions jugées
prometteuses font l’objet d’une concurrence intense. De nos jours, la recherche de
gisements est pratiquement toujours confiée à des équipes multidisciplinaires de
prospecteurs, réunissant des géologues, des géophysiciens et des géochimistes qui
explorent tous les types de terrains.
La sécurité et la santé
L’exploration est souvent une activité saisonnière soumise à des contraintes de temps
qui incitent parfois à négliger la sécurité des travailleurs. Par ailleurs, les risques
auxquels ceux-ci sont exposés s’intensifient à mesure que progresse l’exploration.
Les premiers travaux de reconnaissance sur le terrain se font par de petites équipes
et ne nécessitent donc que l’établissement d’un camp de taille modeste. Les
problèmes de sécurité revêtent une importance particulière pour les spécialistes des
sciences de la terre qui en sont peut-être à leur première expérience de reconnaissance
sur le terrain.
On peut penser que la sécurité sur le terrain est une question de bon sens, mais le bon
sens n’est pas forcément le même dans toutes les cultures. Les sociétés minières
devraient mettre à la disposition de leurs personnels de prospection un manuel de
sécurité traitant des problèmes propres à la région où ils sont affectés. Un tel manuel
pourrait servir d’ouvrage de base lors des réunions d’orientation, des séances de
formation à la sécurité et des réunions périodiques sur les questions de sécurité durant
toute la campagne de prospection.
La protection de la santé
Formation. L’ensemble du personnel affecté aux travaux sur le terrain devrait être
convenablement formé, particulièrement en ce qui concerne la prévention de la
déshydratation et de l’exposition au rayonnement ultraviolet ainsi que la protection
contre les piqûres d’insectes et les éventuelles maladies endémiques. Le personnel
travaillant dans des pays en développement devrait être prévenu des problèmes qui
peuvent menacer sa sécurité et sa santé, y compris les risques d’enlèvement, de vol
et d’agression.
Les risques pour la sécurité et la santé varient selon l’emplacement du site et la nature
et l’ampleur des travaux qui y sont effectués. Tout camp devrait satisfaire aux
exigences locales en matière de prévention des incendies, de salubrité, de sécurité et
de santé. Le maintien de l’ordre et de la propreté diminue les risques d’accidents.
Emplacement. Le camp devrait être établi aussi près du chantier que le permet la
sécurité, afin de réduire au minimum le temps de transport et l’exposition aux risques
qui y sont liés. Il devrait être installé à distance sûre de tout danger naturel, en tenant
compte de l’habitat et des habitudes de la faune présente (par exemple, insectes, ours
ou reptiles). Dans la mesure du possible, on choisira un emplacement proche d’une
source d’eau potable (voir figure 74.4). Si les travaux sont effectués à très haute
altitude, le camp sera établi plus bas, afin d’éviter le mal des montagnes.
Prévention des incendies et lutte contre le feu. Les tentes et autres structures
devraient être suffisamment éloignées les unes des autres afin d’empêcher ou de
ralentir la propagation des flammes en cas d’incendie. Le matériel de lutte contre le
feu devrait être stocké dans un abri central et des extincteurs appropriés se trouver à
portée de main dans les locaux servant de cuisine et de bureaux. Le contrôle de
l’usage du tabac contribuera à prévenir les incendies dans le camp et sur le site. Le
personnel devrait participer à des exercices d’entraînement et prendre connaissance
du plan d’évacuation en cas d’incendie. Les récipients de combustibles devraient être
clairement étiquetés afin que le combustible approprié soit utilisé dans les appareils
d’éclairage et de cuisson, les génératrices et les autres équipements. Les
combustibles devraient être stockés en un lieu situé à 100 m au moins du camp et au-
dessus du niveau des marées ou des crues.
Salubrité. Les camps doivent disposer d’eau potable. La qualité de l’eau devrait être
testée, si nécessaire. Dans le cas où il y aurait lieu de faire une réserve d’eau potable,
celle-ci devrait être conservée dans des récipients propres et bien étiquetés et
entreposée séparément de l’eau non potable. Les denrées alimentaires seront
contrôlées à leur arrivée au camp et rangées immédiatement dans un réfrigérateur ou
dans des récipients à l’épreuve des insectes, des rongeurs et autres animaux. Des
lavabos devraient être aménagés près des cantines et des latrines. Ces dernières
devraient satisfaire aux normes d’hygiène publique et être situées à 100 m au moins
de tout cours d’eau ou plan d’eau.
Engins lourds. Les engins lourds devraient être conduits par un personnel qualifié et
agréé. Les autres travailleurs devraient demeurer vigilants et ne pas s’approcher des
engins à moins d’être certains que l’opérateur est informé de leur présence, qu’il sait
ce qu’ils sont en train de faire et dans quelle direction ils se dirigent.
Le personnel devrait être préparé à faire face aux conditions de terrain et de climat
de la région. Il peut faire chaud ou froid, sec ou humide ; les risques naturels peuvent
inclure la foudre, les feux de brousse, les avalanches, les coulées de boue et les crues
soudaines. Les insectes, les reptiles ou d’autres animaux peuvent présenter un danger
mortel. Les prospecteurs devraient recevoir une formation de sécurité appropriée
tenant compte du terrain et du climat de la région où ils opèrent. Ils devraient suivre
des cours de survie pour identifier les symptômes de l’hypothermie, de
l’hyperthermie et de la déshydratation et connaître les mesures à prendre le cas
échéant. Ils devraient travailler en équipes de deux au moins et transporter avec eux
(ou placer dans une cache facile d’accès) l’équipement et les réserves d’eau et de
nourriture nécessaires pour leur permettre de passer une nuit ou deux à l’extérieur du
camp en cas d’urgence. Les équipes en reconnaissance sur le terrain devraient être
en communication régulière avec le camp de base. Les camps devraient avoir un plan
d’intervention éprouvé pour venir en aide à ces équipes en cas de nécessité.
Une part importante des accidents et des incidents survenant lors des travaux
d’exploration se produisent au cours des transports entre le camp et le chantier.
L’excès de vitesse et la consommation d’alcool au volant d’un véhicule ou à la barre
d’un bateau sont souvent en cause.
Avions. Souvent, les sites éloignés ne sont accessibles que par avion ou par
hélicoptère (voir figure 74.8). Dans ce cas, il faut faire appel à des compagnies qui
disposent d’appareils bien entretenus et ont de bons états de service en matière de
sécurité. Les moteurs à turbine sont plus sûrs. Les pilotes ne devraient en aucun cas
dépasser le nombre d’heures de vol autorisé, conduire en état de fatigue et accepter
de décoller par mauvais temps. Ils veilleront à ce que leur appareil soit chargé
correctement et que la limite de charge utile soit respectée. Pour éviter les accidents,
le personnel d’exploration devrait être formé pour travailler en sécurité au voisinage
des avions ; il devrait respecter les règles de sécurité concernant le chargement des
appareils et l’embarquement et se tenir éloigné des hélices ou des pales, car celles-ci
présentent un danger particulier du fait qu’elles ne sont pas visibles lorsqu’elles
tournent. Les aires d’atterrissage des hélicoptères devraient être dégagées de tous
débris susceptibles d’être projetés par le souffle des rotors.
Bateaux. Pour les travailleurs qui se déplacent en bateau le long d’un cours d’eau ou
sur un plan d’eau, le vent, le brouillard, les rapides, les hauts-fonds et les objets
submergés ou à fleur d’eau présentent un danger. Le pilote devrait connaître et
respecter la capacité de son embarcation et de son moteur, de même que ses propres
limites. On devrait utiliser la plus grosse et la plus sûre des embarcations disponibles.
Les passagers devraient porter un vêtement de flottaison individuel de bonne qualité
lorsqu’ils se déplacent à bord d’une petite embarcation. En plus des équipements
exigés par les règlements, les bateaux devraient transporter les pièces de rechange,
L’EXPLOITATION DU CHARBON
Fred W. Hermann
La sécurité et la santé
Bien qu’il reste toujours des dangers imprévisibles — liés aux forces naturelles
davantage qu’aux méthodes d’exploitation —, toute opération minière peut être
conduite de façon sûre à condition de pouvoir compter sur l’engagement et la
coopération de tous les intéressés.
Les stériles de recouvrement et les déchets sont empilés en énormes terrils, ce qui
exige des mesures appropriées pour empêcher les éboulements et pour assurer la
protection des travailleurs, de la population et de l’environnement.
Il existe diverses méthodes pour l’exploitation des gisements souterrains. Elles ont
toutes en commun le creusement de puits et de galeries d’accès au gisement et
l’emploi de machines ou d’explosifs pour l’extraction du charbon. Les accidents dans
les mines souterraines sont fréquents — toutes les statistiques placent les mines de
charbon parmi les lieux de travail les plus dangereux — et le risque de catastrophes
est toujours présent dans de telles opérations. Les deux types de catastrophes qui
peuvent survenir sont les effondrements imputables à une erreur technique, les
explosions et les feux et incendies résultant d’une accumulation de méthane, ou à la
présence de poussières de charbon.
Le méthane
Le méthane (ou grisou), très explosible lorsqu’il est mélangé avec l’air dans la
proportion de 5 à 15%, est à l’origine de nombreux accidents dans les mines de
charbon. Le meilleur moyen d’éviter l’accumulation de méthane est d’assurer un
aérage efficace pour contrôler le taux de méthane dans l’air et une ventilation par
aspiration pour l’évacuer rapidement du chantier. La concentration de méthane dans
l’atmosphère devrait être déterminée de manière continuelle et les opérations
interrompues lorsqu’elle atteint 1 à 1,5%; à partir de 2 à 2,5%, il faut impérativement
évacuer le personnel.
Les mines sont des lieux de travail dangereux, et la tâche des mineurs est pénible. Ils
sont exposés à toutes sortes de risques : éboulements, inondations, explosions, feux
et incendies, exposition aux poussières, au bruit, à la chaleur et à d’autres facteurs
ambiants néfastes, sans compter les risques d’accidents mécaniques ou électriques.
La sécurité et la protection de la santé des mineurs font partie intégrante d’une saine
pratique minière et constituent une obligation légale dans la plupart des pays.
Une mine souterraine est en quelque sorte une usine aménagée au sein de la terre en
vue d’extraire de la roche en place les minéraux utiles qu’elle renferme. L’accès au
gisement et l’abattage du minerai, c’est-à-dire de la roche qui renferme un mélange
de minéraux dont au moins un peut être traité pour obtenir un produit
commercialisable, s’effectuent par foration et tir à l’explosif. Le minerai est remonté
à la surface, où il est traité pour obtenir un concentré riche en valeur marchande.
La circulation dans les puits et l’extraction des matériaux sont assujetties à des règles
très strictes. La machinerie d’extraction (molettes, treuil, câbles, freins, etc.) est
conçue avec une ample marge de sécurité et fait l’objet de vérifications périodiques.
Les parois du puits sont inspectées régulièrement par une personne placée sur la cage
d’extraction même. Des boutons d’arrêt placés à chacune des recettes permettent
d’actionner le frein d’urgence.
Des barrières ferment l’accès au puits lorsque la cage n’est pas à la recette. Lorsque
la cage arrive et qu’elle s’immobilise, un signal commande le déverrouillage de la
barrière. Une fois que le personnel est monté dans la cage et que la barrière est
refermée, un deuxième signal commande le déverrouillage de la cage pour permettre
sa descente ou sa remontée dans le puits. Selon le cas, la manœuvre peut être
commandée par un préposé de cage ou par les mineurs eux-mêmes, qui suivent alors
les instructions affichées à chaque recette. Les mineurs sont généralement très
conscients du danger lié à la circulation dans les puits et les accidents sont rares.
Figure 74.9 Schéma de foration dans une mine de plomb et de zinc à Garpenberg,
dans le centre de la Suède
Le fonçage d’un puits consiste à creuser une cheminée verticale dans le massif
rocheux à partir de la surface. Il exige un matériel spécial (chevalement de fonçage,
treuil et cuffat d’extraction, benne preneuse, etc.) et une main-d’œuvre expérimentée.
Ce travail est généralement confié à un entrepreneur plutôt qu’au personnel de la
mine.
L’équipe de fonçage est exposée à plusieurs dangers. Elle travaille au fond d’un puits
vertical profond. Le personnel, le matériel et les déblais sont tous transportés dans le
même cuffat. Les travailleurs se trouvant au fond ne sont pas protégés contre les
chutes de blocs ou autres objets. De toute évidence, il s’agit d’un travail réservé à
des personnes expérimentées.
Une cheminée, ou montage, est une voie verticale ou très inclinée servant à la
circulation du personnel, du matériel, du minerai ou de l’air entre différents niveaux
de la mine. Le creusement des cheminées est une tâche difficile et dangereuse, mais
indispensable. Les méthodes utilisées vont du creusement manuel, par foration de
trous au marteau-perforateur et tir à l’explosif, jusqu’à la foreuse de montage
(voir figure 74.11).
Le creusement manuel
Les soutènements
Les soutènements — qu’il s’agisse du toit ou des parements — sont des ouvrages de
protection essentiels pour la sécurité du personnel travaillant au fond. Ils sont
particulièrement importants dans les mines mécanisées employant des engins montés
sur pneumatiques, car la section des galeries est beaucoup plus grande dans ce cas
que celle des galeries où circulent des engins sur rails (25 m2 contre 10 m2, en
général). A 50 m de hauteur, le toit d’une galerie est bien trop éloigné pour qu’un
mineur puisse estimer les risques d’effondrement à l’aide d’une barre de décrottage.
Différentes techniques sont mises en œuvre pour assurer la stabilité du toit et des
parements des excavations. Ainsi, dans le creusement à l’explosif, on rapproche les
trous de mine des parements et on les charge avec des explosifs de faible brisance,
ce qui permet d’obtenir un contour régulier sans ébranler le massif.
Le massif rocheux renferme cependant souvent des fissures qui ne sont pas
apparentes à la surface et le risque de chutes de blocs est toujours présent. Le
Cette méthode s’applique aux formations dont le pendage, nul à modéré, ne dépasse
pas 20° (voir figure 74.13). Ces formations sont souvent d’origine sédimentaire. Le
toit des galeries peut être boulonné si sa stabilité pose problème. L’exploitation par
chambres et piliers est l’une des principales méthodes utilisées dans les mines de
charbon souterraines.
Le front de taille est attaqué par foration et tir de mines, de la même manière que le
front d’attaque lors du percement des galeries. La largeur et la hauteur du front
correspondent aux dimensions de la galerie, qui peuvent être assez importantes. Dans
les mines de hauteur normale, on utilise des jumbos de foration. Si la couche a moins
de 3 m d’épaisseur, on utilise des appareils de foration de plus faible encombrement.
Les gisements puissants sont exploités en partant du haut, pour que les travaux de
stabilisation du toit puissent être exécutés à une hauteur commode pour les mineurs.
Le reste est abattu par tranches horizontales, au moyen de tir de mines horizontales
parallèles à la surface libre. Les matériaux abattus sont chargés dans des camions sur
le chantier. Habituellement, on utilise pour cette opération des chargeuses et des
camions à benne basculante ordinaires. Pour les galeries de faible hauteur, il existe
des chargeuses et des camions spéciaux.
L’exploitation par chambres et piliers est une méthode très productive. La sécurité
est fonction de la hauteur des chambres et des dispositifs de soutènement mis en
place. Le principal danger vient des chutes de blocs et de la circulation du matériel.
Le travail sur ce type de chantier est difficile. Les mineurs doivent escalader les tas
de matériaux abattus en portant une perforatrice, les câbles et les poulies du racleur.
En plus des risques d’accidents et de chutes de blocs, ils sont exposés au bruit, aux
poussières, à un aérage parfois déficient et à la chaleur.
Des piliers de minerai sont laissés en place pour supporter le toit. Après avoir tracé
complètement deux ou trois chambres contiguës, on passe à l’étage inférieur, en
laissant un long pilier de minerai. Des parties de ce pilier peuvent être récupérées
ultérieurement, en pratiquant des recoupes et des refentes depuis le chantier situé au-
dessous.
Les engins modernes montés sur pneumatiques sont bien adaptés à l’exploitation par
gradins. L’abattage peut se faire de façon entièrement mécanique au moyen des
matériels mobiles courants. Les matériaux abattus sont évacués par des chargeuses
et placés dans des camions pour leur évacuation. Si la chambre n’est pas assez haute
pour permettre le chargement des camions, celui-ci peut se faire sur des aires
spéciales aménagées dans la voie de roulage.
L’exploitation par chambres-magasins n’est pas mécanisable, car il faut travailler sur
le minerai abattu et accéder au chantier par des échelles à travers des montages. Les
seuls matériels qui conviennent sont ceux qui sont assez légers pour être maniés par
un mineur seul. Le marteau-perforateur avec béquille(s) et vérin pneumatique, pesant
45 kg, est l’outil de foration le plus répandu. Debout sur le dessus du tas, le mineur
place la mèche, ancre la ou les béquilles au sol, appuie le marteau-perforateur contre
la roche et procède à la foration ; il s’agit d’un travail pénible.
Une fois l’abattage et le déblocage terminés, les vides sont remblayés de manière à
former un plancher de travail pour la foration de la volée suivante et à assurer le
soutènement des parements de la chambre.
L’abattage peut se faire par gradins renversés, les vides étant remblayés avec des
matériaux secs ou humides. Le minerai est abattu par tranches de 3 à 4 m d’épaisseur,
par tir de mines verticales forées en montant, de sorte que la totalité du front peut
être forée, puis mise à feu en une seule volée. Les trous montants sont forés au moyen
de perforatrices montées sur chariot.
Le tir de mines montantes laisse un toit irrégulier, dont la hauteur après déblocage
est d’environ 7 m. Avant que les travailleurs ne soient autorisés à revenir sur le
chantier, il faut procéder à un postdécoupage au moyen de tirs de faible intensité pour
éliminer les saillies dangereuses, puis détacher les blocs susceptibles de tomber.
Cette opération s’effectue au moyen de marteaux-perforateurs à main, les mineurs se
tenant sur les tas de matériaux abattus.
Le volume abattu par volée dépend de la surface du front de taille, mais ne saurait se
comparer à celui obtenu avec la méthode des gradins renversés. Cependant, le
rendement de l’exploitation mécanisée est largement supérieur à celui de
l’exploitation manuelle, et la stabilité du toit est assurée en même temps que
l’abattage par le jumbo de foration qui fore simultanément les trous de découpage et
les trous d’abattage. La chargeuse, véhicule équipé d’une benne de grande capacité
et monté sur pneus larges, est un engin bien adapté au déblocage et au transport sur
remblai. Dans une exploitation à double front de taille, le jumbo de foration attaque
l’un des fronts tandis que la chargeuse évacue les matériaux abattus à l’autre front,
ce qui permet d’optimiser l’utilisation du matériel et d’augmenter la production.
Commence alors la foration des trous de mine (voir figure 74.15) dans les sous-
niveaux, en suivant exactement le schéma établi par les spécialistes, qui précise le
nombre, la position, la direction et la profondeur des trous. Tous les trous du premier
niveau sont forés avant de passer au niveau supérieur. Pendant la foration au niveau
supérieur, les premières mines sont chargées et tirées selon un plan de tir conçu pour
abattre en une volée un important volume de roche. Le minerai abattu tombe au fond
de la chambre, puis est évacué par les chargeuses aux points de soutirage. En règle
Les travaux préparatoires sont pratiquement les mêmes que pour l’abattage par sous-
niveaux, mais ils comprennent en outre le creusement d’une galerie au toit et d’une
galerie au mur, la première pour permettre la foration, le chargement et le tir de mines
Les travaux préparatoires sont importants. Des galeries d’accès doivent être tracées
dans le gisement à intervalles verticaux assez rapprochés (de 10 à 20 m) et suivant
une disposition déterminée. Celle-ci est la même à tous les sous-niveaux, sauf qu’elle
est légèrement décalée d’un sous-niveau à l’autre, de sorte que les galeries d’un sous-
niveau donné se trouvent entre celles du sous-niveau supérieur. Une coupe verticale
montrerait une disposition en losanges, avec un espacement régulier dans le sens
horizontal et dans le sens vertical. Bien que les travaux de creusement soient ici
importants, il s’agit d’une opération simple qui se prête bien à la mécanisation. Le
Le tir de mines fragmente la roche, qui se disloque du toit et tombe verticalement sur
le mur du sous-niveau inférieur, en laissant un front droit. Une coupe verticale
montrerait des chantiers en escalier, où les travaux à chaque sous-niveau sont en
avance d’une opération sur ceux du sous-niveau inférieur.
Le foudroyage de blocs est une méthode d’exploitation à grande échelle, qui convient
aux massifs de grandes dimensions dans chaque direction, d’un volume de l’ordre de
100 millions de tonnes et aptes à la désagrégation (il faut que les tensions internes
favorisent la désagrégation de la masse après dépilage d’une tranche de minerai à la
base du bloc). On peut extraire, d’une mine exploitée par cette méthode, de 10 à 30
millions de tonnes de minerai par année. Les conditions d’application de la méthode
en limitent l’utilisation à quelques gisements dans le monde; elle est utilisée
notamment dans quelques mines de cuivre, de fer, de molybdène et de diamant.
La base du bloc sous la saignée est découpée en entonnoirs pour conduire le minerai
foudroyé vers les cheminées dans lesquelles il descend par gravité au niveau de
soutirage ; il est repris par des chargeuses et transporté aux cheminées d’évacuation.
Les fragments trop gros pour la benne des chargeuses sont morcelés à l’explosif aux
points de soutirage ; d’autres, moins gros, sont débités sur les cribles. Ceux-ci,
constitués d’un grillage de grosses barres parallèles, servent à retenir les fragments
de dimension excessive et sont d’un emploi courant dans les mines exploitées par
blocs foudroyés ; le morcellement se fait de plus en plus souvent par voie
hydraulique.
Les excavations pratiquées dans une mine exploitée par blocs foudroyés sont
soumises à de fortes pressions du terrain. Aussi les puits et les galeries doivent-ils
avoir la plus petite section praticable, ce qui n’élimine pas pour autant la nécessité
d’un boulonnage ou d’un gunitage pour assurer l’intégrité du chantier.
Les travaux préparatoires comprennent le traçage des galeries d’accès aux chantiers
et de transport du minerai au puits d’extraction. La couche à exploiter étant
d’épaisseur réduite et de grande extension horizontale, il est généralement possible
de l’exploiter par un réseau assez simple de galeries. Les galeries de roulage sont
tracées dans la couche même. La distance entre deux galeries de roulage voisines
détermine la longueur du front de taille.
Le remblayage
Cet engin est indispensable dans une mine ; il est utilisé pour tous les travaux de
creusement en massif rocheux. Il comporte des perforatrices hydrauliques montées
sur un ou deux bras orientables. Grâce à cet engin, un opérateur travaillant seul peut
forer 60 trous de mine de 4 m de profondeur en quelques heures.
Cet engin (voir figure 74.15) fore des trous disposés en éventail dans les galeries
d’exploitation, couvrant une grande surface et permettant d’abattre un volume
important de minerai. Il est utilisé en abattage par sous-niveaux, en foudroyage de
sous-niveaux, en foudroyage de blocs et en exploitation rabattante par charges
concentrées. Il est équipé d’une puissante perforatrice hydraulique et d’un carrousel
de rallonges, que l’opérateur commande à distance et en sécurité.
La chargeuse
Le roulage souterrain
Le minerai est transporté des chantiers d’abattage à une station de culbutage située à
proximité du puits d’extraction. Pour le transport sur de plus longues distances, des
galeries de roulage spéciales sont aménagées, souvent avec voies ferrées pour le
transport par trains de berlines. Le roulage sur rails avec locomotives électriques est
plus efficace et moins polluant que les camions diesel ; il permet de transporter de
plus gros volumes de minerai sur de plus longues distances.
La manutention du minerai
Des chantiers au puits d’extraction, le minerai passe par plusieurs postes où il subit
des manutentions diverses.
Le racleur est un engin de déblayage constitué d’un godet traîné sur le sol qui prend
les matériaux abattus et les transporte à la cheminée d’évacuation. Le godet est mû
par un système de tambours, de câbles et de poulies. Le racleur ne nécessite aucune
préparation du plancher ; il peut prendre le minerai sur le tas tel qu’il est.
La chargeuse est un véhicule sur pneus à moteur diesel qui transporte une charge
correspondant à la capacité de sa benne, du tas à la cheminée d’évacuation.
La cheminée d’évacuation est une voie verticale ou fortement inclinée dans laquelle
le minerai descend par gravité. Plusieurs cheminées peuvent être aménagées côte à
côte et reliées à la base par une bande transporteuse collectrice, ce qui permet
La cheminée d’évacuation est fermée à sa base par une trappe. En règle générale, elle
débouche juste au-dessus de la galerie de roulage, de sorte qu’à l’ouverture de la
trappe le minerai tombe directement dans les berlines.
On peut aussi accéder au gisement par une descenderie (ou voie inclinée) ou un puits
vertical, le choix étant généralement dicté par la profondeur du gisement : plus il est
profond, plus les coûts d’aménagement d’un plan incliné permettant le transport par
véhicules ou par convoyeurs sont élevés.
Le fonçage de puits, réalisé par forage descendant à partir de la surface, est une
opération longue et coûteuse ; il entraîne un délai relativement long avant le début
de la production. S’il s’agit d’un gisement profond, comme c’est le cas dans la
plupart des pays d’Europe et en Chine, le puits doit souvent traverser une couche
aquifère ; il est alors nécessaire, pour empêcher les venues d’eau, d’avoir recours à
des techniques spéciales, comme la congélation du sol ou le gunitage des parois du
puits, suivis de la mise en place d’un cuvelage d’acier ou de béton pour assurer une
étanchéité durable.
On construit généralement une descenderie lorsque le gisement est trop profond pour
une exploitation à ciel ouvert, mais relativement proche de la surface. Les couches
exploitables du gîte de Mpumalanga dans l’est du Transvaal, en Afrique du Sud, par
exemple, se trouvent à une profondeur qui ne dépasse pas 150 m ; à certains endroits,
elles sont exploitées à ciel ouvert, dans d’autres, en souterrain. Dans ce dernier cas,
on a souvent recours à une descenderie pour amener le matériel aux chantiers et pour
remonter le produit par convoyeurs.
A la différence des galeries d’accès à flanc de coteau, qui sont creusées dans le
charbon, les descenderies sont généralement creusées dans le rocher (sauf si le
pendage de la veine est constant). Elles sont aménagées suivant une pente régulière,
LES MINES ET LES CARRIERES 45
de manière à faciliter la circulation des véhicules et le transport par convoyeurs.
L’extraction du charbon par bandes transporteuses installées en descenderie, une
innovation des années soixante-dix, présente, par rapport à la méthode traditionnelle
d’extraction par puits, l’avantage d’une plus grande capacité et d’une plus grande
fiabilité.
Les mines de charbon souterraines sont exploitées suivant deux méthodes principales
et de nombreuses variantes correspondant aux conditions particulières des chantiers
: ce sont la méthode des chambres et piliers et celle des longues tailles. Dans le cas
des chambres et piliers, le gisement est quadrillé par des galeries creusées en laissant
subsister entre elles, régulièrement disposés, des piliers de charbon de dimensions
parfois considérables pour supporter le poids des terrains sus-jacents. La méthode
des longues tailles, par contre, permet l’extraction complète de parties importantes
du gisement, les vides de l’exploitation étant comblés par éboulement du toit.
L’exploitation par chambres et piliers est la plus ancienne des méthodes utilisées
dans les mines souterraines de charbon, et la première à pratiquer le soutènement
systématique du toit pour assurer la protection des mineurs. Rendue très productive
par la mécanisation, cette méthode intervient dans certains pays pour une part
importante de la production totale de charbon extrait en souterrain. Aux Etats-Unis,
par exemple, elle représente 60% de la production des mines souterraines de charbon.
La taille des exploitations est variable. Certaines mines d’Afrique du Sud exploitent
sur plusieurs fronts des couches ayant jusqu’à 6 m d’épaisseur, et leur capacité de
production dépasse 10 millions de tonnes par an. A l’autre extrême, un grand nombre
de petites mines aux Etats-Unis travaillent sur des veines n’ayant parfois que 1 m
d’épaisseur et sont capables de cesser leurs opérations rapidement et de les reprendre
tout aussi rapidement en fonction de l’évolution du marché.
Le mineur continu est une machine comportant une tête d’abattage mécanique du
front et un tablier de ramassage des déblais montés sur un châssis chenillé ; son poids
peut varier entre 50 et 100 tonnes, selon l’usage auquel il est destiné, la puissance
installée et la largeur d’abattage requise. Certains mineurs continus sont équipés d’un
engin de boulonnage, de sorte que l’abattage et le soutènement sont exécutés
simultanément. Le soutènement peut aussi être mis en place à la suite de l’abattage,
par une machine de boulonnage.
L’évacuation des produits abattus peut aussi se faire par un convoyeur articulé monté
sur chenilles, qui les transporte directement du front à la trémie. Le transport continu
par convoyeurs autorise des débits plus élevés et assure une plus grande sécurité pour
le personnel que le transport par véhicules ; son emploi est, pour ces raisons, en voie
de s’étendre au creusement des galeries dans les exploitations par longues tailles.
Les chambres sont creusées sur 6 m de largeur et, normalement, sur toute la hauteur
de la veine à exploiter. Les dimensions des piliers sont déterminées par la profondeur
de la veine : des piliers carrés de 15 m de côté disposés à 21 m d’entraxe
conviendraient pour l’exploitation d’une veine peu puissante située à faible
profondeur.
On croit généralement que l’exploitation en longues tailles est apparue au XXe siècle.
Il semble qu’elle ait été pratiquée plus de 200 ans auparavant. L’innovation réside
plutôt dans la mécanisation de la méthode. De manuelle, elle a commencé à être
mécanisée dans les années cinquante, au point de devenir une méthode très
productive et à très faible intensité de main-d’œuvre.
Dans le passé, il n’était pas rare qu’une mine exploite plusieurs longues tailles
simultanément (en Pologne, par exemple, certaines mines en comptent plus de dix).
La tendance actuelle est toutefois à la concentration de la production sur des unités
plus rentables, de manière à réduire les besoins en main-d’œuvre et l’envergure des
travaux préparatoires.
Au cours des quarante dernières années, la longueur des tailles, de même que celle
des panneaux (les volumes minéralisés dans lesquels avancent les tailles), a
considérablement augmenté. Aux Etats-Unis, la longueur moyenne des tailles est
passée de 150 m en 1980 à 227 m en 1993. En Allemagne, elle était de 270 m au
milieu des années quatre-vingt-dix et l’on envisage aujourd’hui des tailles de plus de
300 m. Au Royaume-Uni comme en Pologne, les tailles atteignent couramment 300
m de longueur. La longueur des panneaux est en grande partie déterminée par les
caractéristiques du terrain, notamment les failles, et par les limites de la concession,
mais elle dépasse presque toujours 2,5 km dans des conditions favorables.
L’exploitation de panneaux ayant jusqu’à 6,7 km de longueur est à l’étude aux Etats-
Unis.
Les statistiques établies par le Bureau international du Travail (BIT, 1994), indiquent
que le taux d’accidents mortels dans les mines de charbon varie largement d’un pays
à un autre. Ces statistiques ne tiennent toutefois pas compte du niveau de
développement technologique des exploitations, ni du nombre de travailleurs
employés dans chacun des pays. Il est permis d’affirmer que les conditions se sont
généralement améliorées dans les pays industriels.
Si l’on compare les deux extrêmes, à savoir les exploitations à forte intensité de main-
d’œuvre et les exploitations hautement mécanisées, on peut constater une grande
différence dans les taux et dans la nature des accidents qui s’y produisent. Les
mineurs travaillant dans une petite exploitation non mécanisée sont plus exposés aux
chutes de blocs provenant du toit ou des parements. Le risque d’exposition aux
poussières et aux gaz inflammables imputable à un aérage insuffisant y est également
plus élevé.
Le traçage des chambres en exploitation par chambres et piliers et celui des voies
d’accès en exploitation par longues tailles nécessitent un soutènement du toit et des
parements. Le type de soutènement mis en œuvre et l’espacement des éléments de
soutènement dépendent de divers facteurs, dont l’épaisseur et la profondeur de la
veine à exploiter et la tenue des terrains sus-jacents. Une excavation sans
soutènement est l’endroit le plus dangereux d’une mine ; dans la plupart des pays, la
longueur qui peut être creusée en avant du soutènement est fixée de manière très
stricte. La phase de dépilage, dans la méthode des chambres et piliers, présente
toujours le risque de chute intempestive du toit ; elle doit être ordonnancée
minutieusement afin de ne pas exposer indûment les travailleurs.
Les tailles modernes très productives occupent une équipe de six à huit mineurs, de
sorte que les effectifs exposés sont sensiblement réduits. Les poussières produites
LES MINES ET LES CARRIERES 49
par les haveuses constituent l’un des principaux risques. Pour soustraire les
opérateurs à ce risque, on pratique parfois l’abattage dans une direction seulement,
de manière que les poussières produites soient chassées par le courant d’air du
système d’aérage. La chaleur dégagée par les matériels électriques de plus en plus
puissants utilisés au fond peut aussi être nocive pour les travailleurs, en particulier à
de grandes profondeurs.
L’échelle des exploitations à ciel ouvert modernes varie des petites exploitations
privées, produisant quelques centaines de tonnes de minerai par jour, aux gros
complexes industriels exploités par des sociétés d’Etat ou par des multinationales et
produisant plus de 1 million de tonnes de minerai par jour. Les exploitations les plus
importantes peuvent couvrir une superficie de plusieurs kilomètres carrés.
Les terrains stériles consolidés ou non consolidés qui doivent être enlevés pour
mettre à nu le gisement minéralisé constituent la découverte. Il y a avantage à enlever
le moins de stériles de recouvrement possible pour atteindre les minéralisations
intéressantes, mais lorsque celles-ci gisent à une grande profondeur, il faut se
résoudre à enlever un volume de stériles plus important. La plupart des procédés
d’enlèvement de morts-terrains sont cycliques et exigent l’interruption des
opérations d’extraction (foration, tir et chargement) et d’évacuation (transport), en
particulier lorsque le recouvrement est dur et doit être fragmenté aux explosifs. Font
exception à cette règle l’exploitation hydraulique par dragage et l’extraction de
certains types de matériaux meubles par des pelles mécaniques sur roues. On appelle
coefficient de recouvrement le rapport de la quantité de stériles enlevés à la quantité
de minerai extrait. Des coefficients de 2:1 à 4:1 ne sont pas rares dans les grandes
exploitations. A partir de 6:1, l’exploitation tend à être moins rentable, selon la nature
du produit extrait. Les stériles peuvent être utilisés en remblayage, pour la
construction des pistes de circulation de la mine, ou être vendus comme remblais.
L’exploitation par fosse et par découverte sont les deux principales méthodes
d’exploitation à ciel ouvert ; elles comptent pour plus de 90% dans la production
mondiale de surface. Ces deux méthodes se distinguent essentiellement par la
disposition dans l’espace des volumes minéralisés et par les moyens mécaniques mis
en œuvre pour l’extraction du minerai. En terrain meuble, le procédé est
pratiquement continu, l’extraction et l’évacuation s’enchaînant. En roche dure, il est
discontinu : la foration des trous de mine et l’abattage aux explosifs se font dans un
premier temps, suivis du chargement et de l’évacuation des matériaux abattus. La
méthode par découverte s’applique aux gisements stratiformes et peu profonds.
Divers matériels peuvent être utilisés : pelles, camions, draglines, pelles mécaniques,
racleurs, etc. La méthode est utilisée surtout pour l’exploitation de gisements en
roches tendres et elle est particulièrement développée dans les mines de charbon. A
l’inverse, l’exploitation par fosse est réservée à l’extraction de minerai encaissé dans
des roches dures, disséminé ou en veines profondes. Le minerai est extrait d’ordinaire
par pelles et transporté par camions. Plusieurs minerais métallifères sont extraits par
cette méthode, notamment les minerais aurifères, argentifères et cuprifères.
Les carrières constituent un type particulier d’exploitation par fosse, intéressant les
gisements de roches très denses et bien consolidées. Les matériaux extraits sont
fragmentés ou concassés pour produire de la pierre à bâtir ou du granulat, comme
dans le cas de la dolomie et de la roche calcaire, ou broyés et combinés avec d’autres
substances chimiques pour produire du ciment et de la chaux. Par souci d’économie,
les matériaux destinés à la construction sont extraits de carrières situées à proximité
de l’ouvrage, de manière à faciliter les transports. La pierre de taille — par exemple
la pierre à dalles, le granit, le calcaire, le marbre, le grès et l’ardoise — forme une
deuxième catégorie de matériaux destinés à la construction. Les blocs destinés à la
taille sont extraits dans les régions possédant les formations minérales recherchées.
La décision de mise en exploitation d’une mine est fondée sur les résultats de la
reconnaissance du gisement et des études de faisabilité, celles-ci définissant les
méthodes applicables à l’extraction et au traitement du minerai à extraire. Les
données à connaître pour établir le plan d’exploitation comprennent la configuration
et l’étendue du gisement, la teneur en minerai, le volume ou le tonnage total de
matériaux à déplacer, y compris les stériles de recouvrement, et d’autres facteurs tels
que les caractéristiques hydrologiques de la région, l’accès à une source
d’alimentation en eau pour les opérations minières, les sources d’énergie disponibles,
l’espace nécessaire au stockage des stériles, les infrastructures de transport, les
possibilités de logement (par exemple la proximité d’agglomérations pouvant
répondre aux besoins de la main-d’œuvre). Le transport peut exiger des
infrastructures diverses : routes, canalisations, aéroports, voies ferrées, voies d’eau
et ports, selon les cas.
Les mines à ciel ouvert s’étendent généralement sur une grande surface, et les
infrastructures requises n’existent pas toujours. Il faut alors commencer par
construire les routes et installer les services et les logements nécessaires. L’ouverture
de la fosse se fait en même temps que l’aménagement des installations de traitement
: terrils, concasseurs, concentrateurs, fonderies et raffineries, selon le degré
d’intégration de la mine. Comme ces opérations nécessitent de lourds
investissements, elles peuvent être menées par phases, de manière que les ventes des
premiers produits extraits puissent servir à financer les travaux ultérieurs de
développement.
La production et le matériel
LES MINES ET LES CARRIERES 53
La foration et le tir de mines
La foration mécanique de trous de mine et l’abattage aux explosifs sont les premières
étapes de l’extraction dans la plupart des exploitations par fosse et constituent les
méthodes les plus courantes pour l’enlèvement des morts-terrains durs. Il existe
différents moyens mécaniques permettant de fragmenter la roche, mais le tir de mines
demeure la méthode la plus largement pratiquée ; en effet, aucun des moyens
mécaniques existants ne permet de mettre en œuvre une énergie de fragmentation
comparable à celle des explosifs. L’emploi de nitrate d’ammonium est très répandu
pour l’abattage de roches dures. Le matériel de foration est choisi en fonction de la
nature du minerai à extraire, ainsi que de la vitesse et de la profondeur de foration
nécessaires pour atteindre la production quotidienne visée. A titre d’exemple, pour
abattre une tranche de minerai de 15 m, on fore à une distance de 15 m de la face de
la taille 60 trous ou plus, selon la longueur du front. Cette opération doit se faire
suffisamment à l’avance pour permettre la préparation du chantier en vue de
l’évacuation des produits abattus.
Le chargement
Dans les mines à ciel ouvert modernes, le chargement s’effectue le plus souvent au
moyen de pelles à câbles, de pelles hydrauliques ou de pelles en butte. En fosse, les
engins de chargement sont utilisés ensemble avec des camions qu’ils peuvent remplir
du contenu de trois à cinq godets. Divers autres facteurs entrent cependant en ligne
de compte dans le choix de ces engins. Pour le chargement de blocs anguleux ou en
terrain humide, les pelles sur chenilles sont préférables. Par contre, les chargeuses
sur pneus, d’un coût bien moindre, conviennent pour le chargement de matériaux de
plus faible calibre et faciles à extraire. Ces chargeuses sont très maniables et
particulièrement bien adaptées aux opérations exigeant des déplacements rapides et
aux opérations de mélange de matériaux. Elles sont souvent utilisées pour reprendre
les produits apportés par camions à proximité des concasseurs, les transporter et les
déverser dans ces derniers.
Les pelles hydrauliques et les pelles à câbles présentent des avantages et des limites
d’utilisation similaires. Les pelles hydrauliques ne sont pas adaptées à l’excavation
en roche dure. Les capacités des pelles à câbles sont supérieures à celles des pelles
hydrauliques. Les pelles à câbles de grande capacité, pouvant contenir une charge
utile de l’ordre de 50 m3 ou davantage, sont donc plus avantageuses dans les mines
où la production dépasse 200 000 tonnes par jour. Les pelles hydrauliques, par contre,
sont d’une plus grande souplesse d’emploi ; la précision et la souplesse de manœuvre
du godet permettent en effet de prendre sélectivement des matériaux à la partie
supérieure ou à la partie inférieure du front de taille. Cette possibilité de séparer le
minerai des stériles aux points de chargement a l’avantage de réduire la quantité de
matériaux à transporter aux installations de traitement.
Le transport
LES MINES ET LES CARRIERES 54
Le transport des produits dans les mines à ciel ouvert se fait généralement à l’aide de
camions. Bien souvent, l’utilisation des camions se limite aux transports entre les
points de chargement des produits et le point de transfert, qui peut être un concasseur
de chantier ou un convoyeur. La souplesse du transport par camions l’a fait préférer
au transport par voie ferrée, qui avait eu la faveur jusque dans les années soixante.
Toutefois, le coût du transport par camions dans les mines exploitées à ciel ouvert,
métallifères ou autres, représente en général plus de 50% des frais d’exploitation de
la mine. Ces coûts ont pu être réduits grâce surtout à l’introduction du concassage en
fosse et du transport continu par convoyeurs à bande. Les progrès technologiques
dont ont bénéficié les camions (moteurs diesel et commandes électriques, par
exemple) ont conduit à la construction de véhicules de capacité de plus en plus
grande. Plusieurs constructeurs proposent déjà des camions d’une capacité de 240
tonnes, et l’on peut s’attendre à voir dans un avenir prochain des capacités dépassant
310 tonnes. Qui plus est, la technologie de la répartition assistée par ordinateur et de
la localisation par satellite permet une utilisation et une répartition plus efficaces des
camions.
La lixiviation, le plus courant des deux procédés d’extraction par mise en solution
aqueuse, est employée pour l’extraction de minerais solubles lorsque cette option est
plus efficace ou plus économique que les méthodes classiques d’extraction. La
lixiviation peut être la méthode principale d’extraction (dans certaines mines d’or et
d’argent, par exemple) ou peut compléter les procédés pyrométallurgiques classiques
(comme dans le cas de minerais pauvres en oxyde de cuivre). Indépendamment des
considérations d’ordre pratique ou économique, toutes les variantes de l’extraction
par lixiviation ont en commun deux caractéristiques : 1) le minerai est extrait de
façon conventionnelle, puis déposé en tas ; et 2) le tas est arrosé avec une solution
chimique aqueuse capable d’attaquer de façon sélective le métal recherché pour
donner un sel de ce métal, la solution contenant le sel métallique étant ensuite
LES MINES ET LES CARRIERES 56
récupérée en vue d’extraire le métal. L’application du procédé de lixiviation est
limitée par le volume de minerai à extraire, les propriétés du ou des minéraux
recherchés et de la roche encaissante, ainsi que par la superficie disponible pour la
mise en tas du minerai et le drainage, la taille du tas conditionnant la rentabilité de
l’opération.
L’abattage hydraulique
L’abattage hydraulique consiste à extraire au moyen d’un jet d’eau sous pression des
matériaux peu ou non consolidés, de manière à former une boue dont peuvent ensuite
être extraits les métaux recherchés. Cette méthode convient principalement aux
dépôts métalliques et aux conglomérats, bien qu’elle puisse aussi être appliquée à
l’exploitation du charbon, du grès et des résidus des ateliers métallurgiques.
L’application la plus courante et la mieux connue de l’abattage hydraulique est
l’exploitation des placers, où l’on récupère dans les sédiments alluvionnaires
(placers) les grains de métaux tels que l’or, le titane, l’argent, l’étain et le tungstène.
Le choix de la méthode hydraulique se fait en considérant les éléments ci-après :
sources d’eau et de pression, pente du terrain, distance séparant le front de taille et
les installations de traitement, degré de consolidation du gisement à exploiter et
surface disponible pour la mise en tas des stériles. Comme pour les autres méthodes
d’exploitation à ciel ouvert, sa mise en œuvre dépend des caractéristiques du site.
L’abattage hydraulique est relativement peu onéreux et d’une grande souplesse
d’emploi du fait qu’il fait appel à des matériels simples, robustes et mobiles. Pour
ces raisons, il est souvent pratiqué en régions éloignées, où l’existence
d’infrastructures n’est pas restrictive.
Dans l’abattage hydraulique, l’eau est à la fois agent d’abattage et de transport des
produits. Elle est amenée sous pression au gisement, où des jets puissants
désagrègent le gravier et les matériaux non consolidés et les acheminent vers des
installations de collecte et de traitement. La pression hydraulique peut être l’effet de
la pesanteur de la colonne liquide (c’est le cas dans l’exploitation de matériaux fins
très meubles) ou être portée à plusieurs milliers de kilogrammes par centimètre carré
(comme dans l’abattage de dépôts non consolidés). On emploie parfois pour
l’extraction de matériaux plus compacts des bouteurs, niveleuses ou autres engins
mobiles du même genre. Traditionnellement, et aujourd’hui encore dans les petites
exploitations, les boues sont collectées par des rigoles et des bassins de faible
volume. Les exploitations plus importantes utilisent des pompes, des bassins de
captage et de décantation et des installations de séparation. Selon le volume du
gisement à exploiter, la commande des lances à eau peut être manuelle, contrôlée à
distance ou assistée par ordinateur.
Lorsque le gisement est sous l’eau, on utilise des godets, des draglines ou des jets
submergés pour extraire les matériaux meubles : argile, limon, sable, gravier et autres
matériaux associés. Ceux-ci sont remontés du fond par voie mécanique ou
hydraulique et transportés à une station de lavage sur l’installation flottante
d’exploitation ou sur la terre ferme, pour être séparés et épurés.
L’exploitation des mines à ciel ouvert et des carrières a des effets très visibles sur l’environnement.
La dégradation du site, la destruction de la végétation et la disparition de la faune indigène en sont
les signes les plus marquants. Les mines à ciel ouvert sont en outre une source fréquente de
contamination des eaux de ruissellement et des eaux souterraines, en particulier dans les mines où
se pratiquent l’extraction par lixiviation et l’abattage hydraulique.
Ce qui distingue les mines de charbon des autres mines à ciel ouvert est la nature de
la formation et la valeur relativement faible du gisement. Il est souvent nécessaire
d’enlever un volume important de stériles sur une vaste étendue pour mettre le
gisement à nu (coefficient de recouvrement élevé). C’est pourquoi des techniques et
des matériels ont été mis au point spécialement pour l’exploitation à ciel ouvert des
gisements de charbon. Il existe des exploitations par draglines qui travaillent sur un
front de 30 à 60 m de largeur, en déversant les produits abattus dans des fosses
LES MINES ET LES CARRIERES 59
pouvant atteindre 50 km de longueur. Comme ces mines altèrent profondément le
paysage, la remise en état du site fait partie intégrante du cycle d’exploitation.
1. la production par travailleur, exprimée en tonnes par mineur par année; elle
peut varier de 5 000 à 40 000 tonnes par mineur par année;
2. la quantité totale de matériaux déplacés, comprenant le charbon et les stériles
de recouvrement, exprimée en tonnes par mineur par année; une valeur de 100
000 tonnes par mineur par année est considérée comme faible, la valeur
maximale se situant à 400 000 tonnes par mineur par année.
Le plan d’exploitation
Répétitif, le cycle d’exploitation d’une mine de charbon à ciel ouvert peut être
résumé sous la forme d’une liste de contrôle. Après une première phase portant sur
la reconnaissance géologique du site, le cycle se poursuit tout d’abord par une étude
de marché, puis de rentabilité. L’étude devient de plus en plus détaillée au fur et à
mesure de l’avancement du projet, entraînant une hausse des coûts. Des études de
faisabilité sont effectuées avant toute décision de mise en exploitation. La même liste
est utilisée pendant le cycle de production pour élaborer les plans annuels et
quinquennaux d’exploitation ou les plans de fermeture de la mine et de remise en
état du site.
Le pendage définit l’angle que forme la veine avec l’horizontale. Plus cet angle est
grand, plus la veine sera difficile à exploiter. Le pendage a aussi une incidence sur la
Bien que l’exploitation de couches aussi minces que 5 cm soit possible, la difficulté
et le coût d’extraction augmentent en raison inverse de la puissance, ou épaisseur, de
la couche.
En quantité importante, l’eau présente dans la couche de charbon et dans les terrains
sus-jacents diminue la stabilité des terrains et doit être évacuée, ce qui augmente les
coûts d’exploitation.
Les effets sur l’environnement dépendent du comportement des stériles après leur
enlèvement. Certaines terres ont une action acide du fait qu’elles produisent,
lorsqu’elles sont exposées à l’air et à l’eau, des effluents acides qui sont nocifs pour
l’environnement. Elles exigent donc des mesures de protection particulières.
Tous les facteurs susmentionnés et plusieurs autres entrent en ligne de compte dans
le choix de la méthode et du matériel d’exploitation d’une mine de charbon à ciel
ouvert.
Le cycle d’exploitation
L’exploitation à ciel ouvert d’un gisement de charbon comporte une série typique
d’opérations.
La préparation du sol peut se faire à l’aide d’un bouteur dont la lame est équipée de
dents massives servant à défoncer profondément le sol, ou par un tir de mines pour
fragmenter les plus gros blocs de roche. Dans les mines où la roche est plutôt tendre,
cette étape n’est pas nécessaire, la pelle pouvant extraire les terres directement.
la gestion des eaux : déviation des cours d’eau naturels et gestion des eaux
usées, notamment recyclage des eaux de la mine et mise en place de barrières
à sédiments afin d’empêcher la contamination du milieu ;
l’impact visuel : réduction au minimum de la dégradation du paysage;
la flore et la faune : rétablissement de la végétation et réintroduction de la
faune indigène;
l’ archéologie : préservation ou restauration de sites d’importance culturelle;
le vide d’exploitation : traitement du vide en fin d’exploitation (par exemple,
remblayage, aménagement d’un plan d’eau);
les souffles et les vibrations accompagnant le tir à l’explosif; des techniques
de tir spéciales doivent être employées dans le cas où des constructions se
trouvent à proximité;
le bruit et les poussières : prévention des nuisances pour les populations
habitant à proximité.
On peut classer les méthodes d’extraction à ciel ouvert du charbon en trois grandes
catégories : extraction par pelles et camions ; extraction par draglines; et extraction
par systèmes axés sur le transport par convoyeurs (par exemple, pelles mécaniques
sur roues et concasseurs en fosse). Les mines utilisent souvent ces trois méthodes
simultanément. On trouve aussi des techniques d’exploitation spécifiques, comme
l’extraction à la tarière ou au mineur continu. Celles-ci ne comptent cependant que
pour une faible proportion de la production mondiale de charbon en surface. La
dragline et la pelle mécanique sur roues ont été mises au point spécifiquement pour
l’extraction à ciel ouvert du charbon, tandis que le tandem pelles et camions est
courant dans l’ensemble des industries extractives.
L’exploitation par pelles et camions met en œuvre un excavateur, par exemple une
pelle électrique à câbles, une pelle hydraulique ou une chargeuse, qui déverse les
stériles de recouvrement dans des camions dont la capacité peut aller de 35 à 220
tonnes. Ces camions transportent les déblais du front d’abattage au front de
remblayage, où un bouteur les dispose selon le plan de remise en état du site. Cette
méthode, qui se caractérise par sa souplesse, se pratique un peu partout dans le
monde.
La dragline est l’un des moyens les plus économiques pour l’enlèvement des morts-
terrains. Cependant, sa portée est limitée par la longueur de la flèche, qui est
généralement de 100 m. La dragline pivote sur son centre et peut donc déposer les
déblais à une distance d’environ 100 m, ce qui conduit à une exploitation en tranches
minces.
Dans les systèmes à convoyeurs, les déblais sont évacués par convoyeurs plutôt que
par camions. Si le recouvrement est assez tendre, il peut être enlevé directement par
une pelle mécanique sur roues. Ce procédé est souvent qualifié d’extraction en
continu, puisque l’excavateur évacue les stériles et le charbon en une seule opération.
Le fonctionnement des draglines et des pelles est au contraire cyclique, et le
chargement d’un godet prend de 30 à 60 secondes. Les terrains plus durs sont
fragmentés aux explosifs ou concassés en fosse, puis chargés sur le convoyeur à
l’aide de pelles en buttes. Les systèmes à convoyeurs conviennent surtout dans les
Conclusion
L’exploitation à ciel ouvert des mines de charbon fait appel à des méthodes et à des
matériels spécialisés, permettant l’extraction de forts volumes de stériles et de
produits sur une grande superficie. La remise en état du site est une étape importante
qui fait partie intégrante des travaux.
L’ENRICHISSEMENT DU MINERAI
Sydney Allison
Les minéraux utiles doivent donc être d’abord séparés de la gangue, c’est-à-dire des
minéraux sans valeur marchande. Les opérations de traitement du minerai ont pour
but d’enrichir les minéraux utiles avant d’en extraire les métaux ou de leur faire subir
d’autres transformations. On exploite les propriétés spécifiques des minéraux
contenus dans le minerai pour les détacher de leur gangue par des procédés physiques
qui laissent habituellement intacte leur composition chimique (le traitement du
charbon fait l’objet d’un article séparé intitulé « La préparation du charbon »).
Le concassage et le broyage
Il n’est pas possible de réduire des morceaux de très gros calibre en éléments fins en
une seule opération ou avec une seule machine. Le concassage s’effectue donc par
étapes successives dites primaire, secondaire et tertiaire, généralement par voie
sèche.
Le concassage primaire fragmente des blocs dont la taille peut atteindre jusqu’à 1,5
m en éléments de 100 à 200 mm, dans des concasseurs à mâchoires ou des
concasseurs giratoires.
Un concasseur giratoire est constitué d’un cône lourd en acier dur monté sur un arbre
excentrique dans une cuve. Le concassage est obtenu par écrasement entre le cône
mobile et la paroi de la cuve. L’appareil est généralement utilisé pour des débits
élevés.
Le concassage secondaire réduit le calibre des éléments à 5-20 mm. Divers appareils
peuvent être utilisés : concasseurs à cônes, à cylindres, à marteaux, etc. Le concasseur
à cônes est une variante du concasseur giratoire, dans laquelle l’arbre est plus court
et repose sur des coussinets placés sous la tête de concassage au lieu d’être suspendus
dans un étrier. Le concasseur à cylindres est constitué de deux rouleaux horizontaux
tournant en sens inverse. Il se produit une seule fragmentation : les morceaux,
entraînés par les cylindres, sont écrasés entre eux puis rejetés. Le concasseur à
marteaux est un exemple typique de concasseur à percussion ; le minerai est brisé
par les chocs de marteaux fixés à un rotor tournant à grande vitesse à l’intérieur de
la chambre de concassage.
Le broyage
La séparation granulométrique
Les cribles
Les classificateurs
Dans un classificateur à vis, les sables séparés des particules plus fines sont remontés
par une vis sans fin plongeant dans la cuve de sédimentation.
L’enrichissement
Le triage
La plus simple et la plus ancienne des méthodes d’enrichissement des minerais est le
triage manuel. Les progrès technologiques ont engendré diverses versions
électroniques du triage manuel. Dans les méthodes photométriques, le
fractionnement est fondé sur la différence de réflectivité des minéraux. Les morceaux
à trier sont étalés sur un transporteur mécanique et un jet d’air comprimé sépare ceux
qui sont identifiés comme étant à récupérer. De la même manière, la séparation des
minéraux peut être fondée sur leur différence de conductivité.
La séparation par liquide dense est basée uniquement sur la différence de densité des
minéraux. Elle consiste à placer le minerai dans un milieu liquide de densité
intermédiaire entre celles des deux parties à séparer. Le minéral le plus léger flotte,
le plus lourd se dépose au fond. Ce procédé est parfois employé en préconcentration
des minerais avant le broyage final et intervient fréquemment dans le lavage du
charbon.
On fait appel pour certaines applications à des liquides organiques lourds, comme le
tétrabromoéthane, dont la densité relative est de 2,96 ; à l’échelle industrielle, on
emploie en général des suspensions de solides fins, qui se comportent comme des
fluides newtoniens. Les procédés actuels utilisent notamment la magnétite et le
ferrosilicium, des matières qui forment une suspension inerte, stable et de faible
viscosité, et qui peuvent facilement être récupérées par des séparateurs magnétiques.
La concentration gravimétrique
Au fil des ans, toutes sortes de séparateurs gravimétriques ont vu le jour ; le fait qu’on
y recourt encore aujourd’hui tient au faible prix de revient de la méthode.
Dans un bac à pistonnage (jig), un lit de particules minérales est mis en suspension
(fluidisé) dans un courant d’eau alternatif. A chaque cycle, les particules les plus
denses descendent vers le fond et, pendant la phase de reflux, les particules fines et
en particulier les plus denses poursuivent leur descente en passant entre les grosses
particules. Le fractionnement s’affine avec la répétition du cycle.
Les tables à secousses sont utilisées pour traiter des matériaux plus fins que les bacs
à pistonnage ne réussissent pas à séparer. Elles sont constituées d’une surface plane
légèrement inclinée dans les sens longitudinal et transversal. Des riffles parallèles en
bois sont fixés en travers de la table. Le matériau à séparer est introduit au sommet
de l’appareil, et les particules sont entraînées par un courant d’eau. La table est
animée d’un mouvement cyclique asymétrique dans le plan horizontal. Les particules
plus denses sont retenues par les redans des riffles, où elles cheminent sous
l’impulsion des secousses de la table.
La séparation magnétique
Tous les minéraux sont sensibles à l’action d’un champ magnétique, mais la plupart
le sont trop peu pour que l’effet soit décelable. Cependant, si un minéral possède une
susceptibilité magnétique assez marquée, cette propriété peut être exploitée pour le
séparer d’autres minéraux. Les séparateurs magnétiques peuvent être classés en
appareils à basse ou à haute intensité, travaillant par voie sèche ou par voie humide.
Un séparateur à tambour est constitué d’un tambour rotatif à l’intérieur duquel sont
fixés des aimants permanents disposés en polarités alternées. Les particules
magnétiques, attirées par les aimants, se collent à la paroi du tambour, puis sont
entraînées hors du champ magnétique, où elles sont décollées. Une séparatrice à
carrousel à haute intensité en milieu humide est constituée d’une matrice de billes
d’acier placée dans une enceinte annulaire tournant entre les pièces polaires d’un
puissant électroaimant. La pulpe est introduite dans la matrice au-dessus des pôles
de l’électroaimant, et les particules magnétiques sont retenues par les éléments de
matrice aimantés, alors que les particules non magnétiques sont entraînées par le
courant de pulpe, qui sort de l’appareil à la verticale de l’alimentation. En aval de
l’électroaimant, le champ magnétique est inversé et la fraction magnétique est
détachée par lavage au jet d’eau.
LES MINES ET LES CARRIERES 68
La séparation électrostatique
La flottation
Dans chaque cellule de flottation, de l’air est injecté dans la masse de pulpe qui est
brassée par un agitateur. Les particules minérales hydrophobes s’attachent aux bulles
d’air, qui remontent et forment, grâce à l’emploi d’un agent moussant approprié, une
écume stable à la surface du bain. Cette écume est évacuée de façon continue par
débordement, en entraînant sa charge minérale épurée.
L’épaississement
En règle générale, il est nécessaire de séparer l’eau utilisée dans les différents
procédés de séparation du concentré produit ou du résidu stérile. Dans les régions où
l’eau n’est pas abondante, cette opération est particulièrement importante car elle
permet de recycler l’eau dans le circuit de séparation.
La filtration consiste à séparer à l’aide d’un filtre les particules solides dispersées
dans l’eau pour former un tourteau (gâteau de concentré) qui peut ensuite être séché
avant d’être transporté. On emploie fréquemment à cette fin un filtre continu sous
vide, dont le modèle typique est le filtre à tambour, formé d’un cylindre horizontal à
double paroi, divisé en compartiments indépendants et revêtu d’un élément filtrant,
qui tourne partiellement immergé dans un réservoir alimenté en pulpe. La paroi
interne est reliée à une valve située sur l’axe central du tambour qui sert à créer un
vide ou une pression. Sous l’action du vide créé dans les compartiments immergés,
le liquide traverse la toile sur laquelle se dépose le tourteau. Lorsque le compartiment
sort de la pulpe, le vide aspire l’eau restant dans le tourteau. Avant que celui-ci ne
replonge dans la pulpe, une pression est appliquée pour provoquer son décollement.
Les filtres à disques, constitués d’une série de disques fixés sur un arbre, travaillent
suivant le même principe.
Une faible proportion seulement du minerai extrait peut-être valorisée. Le reste, soit
la gangue, doit être séparé puis éliminé.
Les deux principaux facteurs à prendre en compte dans l’élimination des résidus et
des stériles sont la sécurité et le coût. La sécurité concerne à la fois les
caractéristiques physiques de la décharge ou du bassin où ils sont déposés et le risque
qu’ils peuvent présenter pour la santé et l’environnement. Les stériles doivent être
éliminés de la façon la moins coûteuse possible sans que la sécurité ne soit
compromise.
Dans la plupart des cas, les stériles sont fractionnés, et la fraction de sable grossier
est utilisée pour construire un bassin dans lequel est pompée la boue contenant la
fraction fine.
Si les effluents contiennent des matières toxiques, telles que du cyanure, il peut être
nécessaire d’aménager le fond du bassin (par exemple, en mettant en place une
pellicule de plastique) de manière à empêcher la contamination des eaux
souterraines.
Autant que possible, l’eau clarifiée dans le bassin est recyclée. Ce recyclage peut
revêtir une importance particulière dans les régions où l’eau n’est pas abondante. De
Une grande partie des concentrés produits est ensuite soumise à un traitement
hydrométallurgique. Les métaux sont extraits du minerai par lixiviation ou
dissolution avant d’être séparés les uns des autres. On obtient ainsi des solutions
concentrées, dont on peut extraire les métaux par précipitation ou par dépôt chimique
ou électrolytique.
Beaucoup de minerais ont une teneur trop faible pour qu’une préconcentration soit
rentable. D’autre part, les stériles renferment parfois une quantité résiduelle de
substances utiles qui, dans certains cas, peuvent être récupérées de façon rentable par
lixiviation.
Ce procédé simple est utilisé partout dans le monde pour extraire les substances utiles
de minerais pauvres et de stériles à teneur résiduelle en oxydes ou en sulfures. On
dépose le matériau en tas, on arrose ce tas avec un solvant approprié (par exemple,
une solution acide) et on récupère la solution résultante à la base.
Bien que l’on pratique avantageusement la lixiviation depuis longtemps, ce n’est que
récemment que le rôle de certaines bactéries oxydantes dans ce procédé a été mis au
jour. Il s’agit de Thiobacillus ferrooxidans, qui oxyde le fer, et de Thiobacillus
thiooxidans, qui oxyde le soufre. La première tire son énergie de l’oxydation d’ions
ferreux en ions ferriques, la seconde de l’oxydation de sulfures en sulfates, ce qui
accélère la solubilisation des métaux sulfurés.
La lixiviation in situ est en fait une variante de la lixiviation en tas. Elle consiste à
injecter un solvant approprié dans des mines désaffectées, des galeries effondrées,
des gisements épuisés en région éloignée, et même dans des gisements entiers, à la
condition qu’ils soient perméables. La lixiviation in situ ne peut être pratiquée que si
la formation rocheuse laisse pénétrer le solvant et la quantité d’oxygène nécessaire à
la réaction.
LA PRÉPARATION DU CHARBON
Anthony D. Walters
La fragmentation
Pour être apte au traitement dans une usine de préparation, le charbon tout-venant est
fragmenté à des dimensions acceptables au moyen d’appareils de concassage et de
broyage :
Le calibrage
Le charbon doit être calibré avant et après son enrichissement. Le procédé utilisé
diffère selon la grosseur du charbon. A son arrivée à l’installation de traitement, le
charbon brut passe à travers trois ou quatre cribles de grosseurs différentes pour
ensuite être concentré. Le calibrage est habituellement effectué dans des cribles
vibrants rectangulaires munis d’une toile ou d’une tôle perforée. Pour les morceaux
de calibre inférieur à 6 mm, le criblage humide est le plus efficace ; pour des calibres
inférieurs à 0,5 mm, on place un tamis incurvé fixe avant le crible vibrant pour
accroître l’efficacité de l’opération.
Les tas des dépôts de charbon comportent des dangers et peuvent être instables. Il
devrait être interdit d’y marcher à cause du risque d’effondrement interne et de la
possibilité de démarrage sans avertissement d’une opération de reprise. Le déblocage
manuel des colmatages de charbon dans les silos ou dans les abris devrait mériter la
plus grande attention ; en effet, une masse de charbon en apparence stable peut
soudainement se mettre en mouvement.
L’épuration du charbon
Le charbon brut couvre une gamme de produits allant du charbon pur à la roche, avec
des matériaux de densité relative comprise entre 1,30 et 2,5. L’épuration du charbon
est réalisée par séparation des matériaux à faible densité relative (produit
commercialisable) de ceux à haute densité (résidus). La densité exacte retenue
comme critère de séparation dépend de la nature du charbon et des exigences de
l’utilisateur. Il est cependant impossible de séparer les fines de charbon suivant les
caractéristiques de densité ; ainsi, dans le cas d’un brut de 0,5 mm, le critère retenu
est la différence entre les propriétés superficielles du charbon et celles de la roche, et
la méthode généralement employée est la flottation par la mousse.
les bacs à pistonnage (jigs) : le charbon brut, placé dans un bac animé d’un
mouvement de va-et-vient, circule au-dessus d’une plaque perforée traversée
par des courants ascendants et descendants qui séparent les matériaux lourds
des matériaux légers et produit une sédimentation stratifiée, la roche
descendant au fond et le charbon remontant à la surface. A l’extrémité
d’évacuation, les résidus sont séparés du charbon concentré. Le bac à
pistonnage peut en général traiter des fragments de dimensions comprises
La deuxième méthode de séparation par densité est réalisée en milieu dense. Dans
un liquide lourd (milieu dense), les particules ayant une densité inférieure à celle du
liquide (charbon) flottent à la surface et celles de densité plus forte (roche) plongent
au fond. L’application industrielle la plus pratique de cette méthode est une
suspension de magnétite finement broyée dans l’eau. L’utilisation de ce milieu
présente beaucoup d’avantages, notamment :
Les réactifs employés sont généralement des agents moussants et des collecteurs. Les
moussants favorisent la formation d’une mousse stable (qui ne se dégrade pas) et
réduit la tension superficielle de l’eau. Pour la concentration du charbon, le moussant
le plus fréquemment utilisé est le méthylisobutylcarbinol (MIBC). Quant au
LES MINES ET LES CARRIERES 76
collecteur, il a pour fonction de favoriser le contact entre les particules de charbon et
les bulles d’air ; une fine pellicule se forme sur les particules, rendant celles-ci
imperméables. Parallèlement, le collecteur doit agir de façon sélective en n’enduisant
pas les particules qui doivent descendre au fond (par exemple, les stériles). Le fioul
est le collecteur le plus fréquemment utilisé en flottation du charbon.
Le briquetage
Le briquetage du charbon remonte assez loin. Vers la fin des années mille huit cent,
on comprimait les fines de charbon sans valeur, aussi appelées menu charbon, en
briquettes ou agglomérés de charbon, produits répondant aussi bien aux besoins
industriels que domestiques. Pour obtenir une briquette résistante, il fallait employer
un liant acceptable, habituellement du goudron de houille ou du bitume de pétrole.
Pendant quelques années, la fabrication des briquettes pour le marché domestique a
été en perte de vitesse. Néanmoins, certains progrès ont été faits concernant la
technologie et les applications.
Il est possible de valoriser les charbons pauvres à haut degré d’humidité en les
soumettant au séchage thermique pour éliminer une partie de l’humidité inhérente ou
prisonnière. Toutefois, le produit ainsi obtenu est friable ; il est de plus susceptible
de reprendre son humidité et de subir une combustion spontanée. Le briquetage des
charbons pauvres donne un produit stable, facile à transporter. L’agglomération est
également employée dans l’industrie de l’anthracite, où les produits de grand calibre
ont des prix de vente bien plus élevés.
Les pays à économie émergente fabriquent également des briquettes qui sont utilisées
comme combustible pour cuire les aliments dans les zones rurales. La fabrication de
briquettes passe habituellement par l’extraction des matières volatiles ou des gaz,
avant agglomération, aux fins d’obtention d’un combustible domestique ne
dégageant pas de fumée.
L’élimination des déchets est une composante intégrante d’une installation moderne
de préparation du charbon. Les résidus grossiers et les fines stériles sous forme de
boue doivent être transportés, puis évacués selon des méthodes qui respectent
l’environnement.
Les résidus grossiers sont transportés par camions, par convoyeurs à bande ou par
blondins vers l’aire d’élimination des matières solides ; ils constituent habituellement
les parois de l’aire d’entassement des stériles. Ces résidus peuvent également servir
de remblai dans la mine à ciel ouvert.
LES MINES ET LES CARRIERES 78
L’industrie a mis en œuvre des méthodes innovatrices et rentables de transport des
déchets grossiers ; par exemple, les stériles sont broyés puis transportés sous forme
de boue pompée vers les bassins de retenue, ou ils peuvent être acheminés par des
pompes vers une aire de stockage souterraine.
Le site d’élimination retenu doit présenter la plus petite surface exposée possible,
tout en bénéficiant d’une bonne stabilité. Une structure exposée sur tous ses côtés
favorise le ruissellement et est plus susceptible d’entraîner la formation de dépôts
dans les cours d’eau avoisinants, sans compter le risque plus élevé de combustion
spontanée. Pour éviter ces conséquences, on utilisera de plus grandes quantités de
matériaux de remblayage, de compactage et d’étanchéité. Le remblayage en vallée
est la solution idéale pour éliminer ces matériaux.
Les digues de retenue des déchets issus de la préparation ne sont pas recommandées,
à cause des nombreux risques de défaillance dus à l’une ou à l’autre des conditions
ci-après :
Les stériles
Les stériles (particules fines qui sortent des cellules de flottation) sont habituellement
transportés par des conduites jusqu’à une aire de retenue. Toutefois, certaines
techniques de retenue sont inacceptables du point de vue de l’environnement ;
d’autres s’imposent, comme par exemple l’assèchement des stériles dans une presse
ou dans une centrifugeuse à grande vitesse, suivi du transport du produit asséché, par
bandes transporteuses ou par camions, jusqu’à l’aire de retenue des résidus grossiers.
Dans les bassins de retenue, les stériles se déposent au fond et l’eau clarifiée est
pompée vers l’usine pour être réutilisée. Le niveau du bassin permet le stockage
temporaire des eaux pluviales, qui sont ensuite épuisées par pompage ou par de petits
systèmes de décantation. De temps en temps, il peut être nécessaire d’enlever les
sédiments des bassins de retenue afin de prolonger leur durée de vie. La digue de
Les aires de retenue des résidus évoluent normalement pendant une bonne partie de
la durée de vie d’une mine, sous l’influence de conditions qui changent
continuellement. Aussi est-il nécessaire de surveiller de près et à intervalles réguliers
la stabilité de l’ouvrage de retenue.
Comme les excavations souterraines sont plus difficiles à réaliser et à entretenir que
les talus de surface, les exploitants de mines souterraines doivent généralement
consacrer davantage de ressources et d’activités de conception au soutènement que
dans le cas des mines à ciel ouvert et des carrières. Avec les méthodes traditionnelles
d’exploitation souterraine, par exemple, la méthode par chambres-magasins et la
méthode par tranches montantes remblayées, les mineurs sont directement exposés à
des terrains potentiellement instables au voisinage des fronts de taille. Avec les
méthodes d’extraction en masse, notamment l’abattage aux explosifs, les mineurs ne
pénètrent pas dans le massif de minerai. Au cours des dernières décennies, on a pu
observer un mouvement d’abandon des méthodes d’extraction en masse au profit des
méthodes sélectives.
La structure rocheuse et les contraintes auxquelles la roche est soumise sont des
causes importantes d’instabilité des terrains dans les mines.
Les efforts auxquels la roche est soumise peuvent également être cause d’instabilité
dans les mines ; une bonne connaissance du comportement des masses rocheuses
(contraintes-déformations) est essentielle à la réalisation d’une étude technique
sérieuse. Des essais en laboratoire sur des carottes de sondage peuvent fournir des
informations utiles sur la résistance et la déformabilité de la roche en place ; chaque
type de roche présente un comportement différent, allant de la plasticité du sel à
l’élasticité, et la friabilité, de beaucoup de roches dures. La fissuration a de grandes
conséquences sur la résistance et la déformabilité de l’ensemble du massif rocheux.
LES MINES ET LES CARRIERES 81
Les mines de surface et les carrières présentent des types communs de fissuration des
talus rocheux. Les ruptures de blocs par glissement se produisent lorsqu’il y a
mouvement le long d’une ou de plusieurs structures de roche (glissement suivant un
plan de cisaillement, gradin de plage, coin, coin en gradin ou fissuration de la roche)
; une rupture de cisaillement en rotation est possible dans un terrain ou dans le talus
d’une masse rocheuse friable. Il existe d’autres modes de rupture, notamment la
rupture de tête de blocs formés par des structures plongeantes et par arrachement (par
exemple, détachement de blocs par l’action du gel-dégel ou de la pluie). Les
éboulements importants de talus peuvent être catastrophiques, même si l’instabilité
des talus n’est pas nécessairement synonyme d’éboulement du point de vue des
opérations. Dans l’exploitation, on se préoccupe avant tout de la stabilité des gradins
individuels, vu le risque de rupture très imprévisible et les dommages qui peuvent
être causés aux équipements, sans oublier les risques d’accidents de personnes.
Les mines souterraines en roche dure sont également le théâtre de ruptures variées.
A de faibles contraintes, les ruptures sont en grande partie contrôlées du point de vue
structurel, des coins ou des blocs se détachant simplement du toit ou des parements.
Ces coins ou ces blocs sont formés par le croisement de discontinuités structurelles.
Si les coins ou les blocs lâches ne sont pas supportés, l’affaissement se poursuivra
jusqu’à la formation d’une voûte naturelle. Dans les dépôts stratifiés, décollements
et ruptures de bancs peuvent se produire le long des plans de stratification. A des
contraintes élevées, l’affaissement se manifeste par un écaillage fragile et par un
décollement de la roche dans le cas de massifs rocheux comportant peu de fissures,
ou par une cassure plus ductile dans le cas de masses rocheuses comportant beaucoup
de discontinuités.
Dans la province canadienne de l’Ontario, près du tiers de tous les accidents mortels
qui surviennent dans les mines souterraines hautement mécanisées sont le résultat
d’éboulements et de coups de terrain ; pour la période comprise entre 1986 et 1995,
le taux de fréquence de ces accidents était de 0,014 par 200 000 heures de travail au
fond. On peut s’attendre à des taux considérablement plus élevés de lésions et
d’accidents mortels causés par les éboulements et les coups de terrain dans les mines
souterraines moins mécanisées ou dans lesquelles la mise en place d’un soutènement
n’est pas généralisée. Enfin, les mines exploitées à ciel ouvert et les carrières offrent,
en matière de soutènement, davantage de sécurité que les mines souterraines.
Les méthodes fondées sur l’observation reposent sur la surveillance des mouvements
de terrain durant l’excavation afin de déceler toute instabilité mesurable et sur
l’analyse de l’interaction entre le massif et les ouvrages de soutènement. La nouvelle
méthode autrichienne de construction des tunnels et la méthode de convergence-
confinement sont autant d’exemples de cette approche.
Les méthodes analytiques ont recours à l’analyse des contraintes et des déformations
sur le périmètre des excavations. Certaines des premières techniques d’analyse des
contraintes faisaient appel à des formules mathématiques ou à la photoélasticité, mais
la forme tridimensionnelle complexe de la plupart des excavations souterraines a
limité leur application. Plus récemment, plusieurs méthodes numériques
informatisées ont été développées. Toutes fournissent les outils nécessaires pour
trouver des solutions approchées aux problèmes liés aux contraintes, aux
mouvements et aux fissures du massif rocheux au voisinage des zones excavées.
Les trois méthodes décrites ci-dessus sont des éléments essentiels d’une approche
intégrée pour la conception de l’exploitation souterraine. Les ingénieurs des bureaux
d’études doivent être prêts à utiliser une variété d’outils et à réévaluer leur stratégie
de conception chaque fois que la quantité et la qualité des données disponibles le
justifient.
Les résultats des tirs sont conditionnés par le type de roche, le régime des contraintes,
la géologie structurale et la présence d’eau. Des mesures doivent être prises pour
réduire au minimum les dommages causés par les tirs, en choisissant un explosif
Pour optimiser le plan de tir et empêcher que des dommages ne soient causés au
massif rocheux, on contrôle souvent les vibrations engendrées par le tir. Des critères
empiriques ont été établis pour l’évaluation des dommages causés par les tirs. La
surveillance des tirs est effectuée à l’aide de transducteurs installés au jour ou en fond
de trou, de câbles reliés à un système d’amplification et d’un enregistreur numérique.
L’élaboration de modèles informatiques a permis d’améliorer les modalités de tir par
la prédiction de la fragmentation, du profil des déblais et de la profondeur des fissures
au-delà des trous de tir. Les données qui ont contribué à la réalisation de ces modèles
informatiques concernent entre autres la géométrie de l’excavation, la géométrie de
la foration et du chargement des explosifs, les caractéristiques des explosifs
employés et les propriétés dynamiques de la roche.
Le purgeage consiste à abattre les blocs instables du toit et des parois des excavations
; l’opération peut être effectuée manuellement à l’aide d’une barre de purgeage en
acier ou en aluminium ou au moyen d’une purgeuse mécanique. Lorsqu’il effectue
un purgeage à la main, le mineur frappe le toit pour vérifier la solidité de la roche ;
un bruit creux indique habituellement que le matériau est instable et doit être abattu.
Le mineur doit observer des précautions rigoureuses pour éviter d’être blessé pendant
cette opération (par exemple, il doit procéder à partir de la zone saine en se dirigeant
vers les zones non vérifiées, prendre un bon appui au sol, disposer d’une aire de repli
sûre et s’assurer que les blocs tomberont à un endroit approprié). Le purgeage manuel
nécessite un effort physique considérable et peut comporter des risques élevés. En
Ontario, le tiers des lésions causées par les chutes de blocs surviennent durant le
purgeage.
Le soutènement
Les boulons d’ancrage, qui agissent par action mécanique dans des trous forés,
consistent en une coquille d’expansion (de modèle différent selon le type de roche),
une tige d’acier (filetée ou munie d’une tête forgée) et une plaque d’appui. La
coquille d’expansion est généralement composée de lames cannelées en fonte
malléable et d’un coin conique fileté installé à une extrémité de la tige. Le serrage de
l’écrou à l’intérieur du trou foré force le cône contre les lames qu’il pousse alors
contre les parois du trou. Plus la tension du boulon est forte, plus la coquille
d’expansion est serrée contre la roche. Les boulons d’ancrage sont de diverses
longueurs et sont fournis avec des accessoires variés. En raison de leur coût
relativement peu élevé, ce sont les outils les plus utilisés pour les soutènements de
courte durée dans les mines souterraines.
Le boulon bétonné est une barre d’armature nervurée implantée dans un trou foré et
scellée sur toute sa longueur dans la masse rocheuse, assurant ainsi un renforcement
à long terme de cette masse. On emploie plusieurs types de laits de ciment et de
résines de polyester pour le scellement des boulons. Le coulis peut être pompé dans
le trou ou y être introduit à l’aide de cartouches si l’on recherche une solution à la
fois rapide et pratique. Il existe des boulons à bétonner en acier et en fibres de verre
de divers diamètres, qui peuvent ou non être mis sous tension.
Le tube à friction consiste le plus souvent en un tube d’acier fendu sur toute sa
longueur. Lorsqu’il est enfoncé dans un trou foré légèrement sous-dimensionné, le
tube est comprimé et il se développe un frottement entre le tube et la roche.
L’efficacité de ce type de boulon repose toutefois sur la foration d’un trou dont le
diamètre respecte des tolérances serrées.
Les boulons d’ancrage Swellex sont des tubes à développante, en acier, introduits
dans un trou foré et dont l’expansion est assurée par une pression hydraulique fournie
par une pompe portative. Ces boulons existent en différentes longueurs et sont de
types variés.
On applique fréquemment des bandes ou des treillis de fils soudés en acier sur le toit
ou les parements des excavations afin de soutenir la roche entre les boulons.
Dans les petites excavations souterraines, des moyens manuels de soutènement sont
couramment mis en œuvre à l’aide d’un marteau perforateur sur affût. Pour les
excavations plus importantes, il existe des équipements semi-mécanisés (foration
mécanique avec pose manuelle de boulons d’ancrage) et des matériels entièrement
mécanisés (foration mécanique et pose de boulons d’ancrage commandée à partir
d’un pupitre installé sous un toit boulonné). La mise en place manuelle d’un
soutènement est une activité à risque élevé. En Ontario, le tiers de tous les accidents
causés par des chutes de blocs durant la période comprise entre 1986 et 1995 se sont
produits durant la pose de boulons d’ancrage, et 8% des accidents au fond sont
survenus durant cette opération.
Les autres risques associés aux travaux de soutènement comprennent la fatigue, les
projections de laitier de ciment ou de résine dans les yeux et les réactions allergiques
suite à des déversements de produits chimiques. La mécanisation du boulonnage a
toutefois permis de rendre la pose de grandes quantités de boulons moins dangereuse
et plus efficace.
Les différents instruments de surveillance peuvent être classés comme suit selon leur
mode de fonctionnement :
les instruments mécaniques : ce sont souvent les plus simples, les plus
économiques et les plus fiables pour la détection, la transmission et la lecture.
Les détecteurs mécaniques de mouvements comportent une tige ou une bande
LES MINES ET LES CARRIERES 89
en acier qui ausculte la roche qui est reliée à un comparateur à cadran ou à un
dispositif électrique. Leur principal inconvénient est de ne pas permettre la
lecture à distance ou l’enregistrement en continu ;
les instruments optiques : ils sont utilisés pour les levés traditionnels, les
mesures de précision et la photogrammétrie. Ils permettent d’établir le profil
d’excavations, de mesurer les mouvements des bords des excavations et de
surveiller les affaissements de surface ;
les instruments hydrauliques et pneumatiques : cette catégorie comprend les
transducteurs à membrane utilisés pour mesurer les pressions hydrauliques,
les charges des étançons et les autres grandeurs de nature similaire. Ces
appareils mesurent la pression d’un fluide agissant sur la paroi d’une
membrane flexible en métal, en caoutchouc ou en plastique ;
les instruments électriques : ce sont les plus couramment employés dans les
mines, bien que l’utilisation d’instruments mécaniques soit encore assez
répandue pour la surveillance des mouvements de terrain. Les appareils
électriques sont de trois types : extensomètres, jauges à corde vibrante et
jauges à auto-induction.
L’aérage a pour objectif principal de fournir une quantité d’air suffisante à tous les
chantiers souterrains et de diluer à un niveau acceptable les polluants qui ne peuvent
être éliminés autrement. Si la profondeur d’un chantier rend sa température trop
élevée, on a recours à des systèmes de refroidissement mécaniques pour renforcer les
effets bénéfiques de l’aérage.
L’atmosphère de la mine
Les polluants dont les taux de concentration peuvent être diminués par dilution sont
principalement des gaz et des poussières, bien que les rayonnements ionisants
associés au radon présent naturellement dans les mines puissent poser problème, en
particulier dans les mines d’uranium là où le rayonnement ionisant naturel est élevé.
Le débit d’air nécessaire pour diluer les polluants est fonction à la fois de leur
concentration et de l’efficacité d’autres mesures comme celles qui consistent à
pulvériser de l’eau pour lutter contre les poussières ou à utiliser des systèmes de
captage du grisou dans les mines de charbon. Le débit d’air minimal requis est calculé
pour le polluant qui nécessite le taux de dilution le plus élevé, compte tenu également
des effets cumulatifs et synergiques possibles de mélanges comportant deux ou
plusieurs polluants. A défaut, on peut retenir une vitesse minimale de 0,25 m/s que
l’on augmentera à mesure que la température s’élève.
Dans les exploitations minières mécanisées faisant usage de ventilateurs mobiles mus
par moteur diesel et en l’absence d’une surveillance continue de l’atmosphère, on se
fonde sur le taux de dilution des gaz d’échappement pour déterminer le débit d’air
minimal nécessaire. Le débit d’air requis sur place est compris d’ordinaire entre 0,03
et 0,06 m3/s par kilowatt de puissance nominale, selon le type de moteur et selon
qu’il est équipé ou non d’un dispositif de traitement des gaz d’échappement. Les
progrès réalisés en matière de carburants et de moteurs ont permis de réduire les
niveaux des émissions, tandis que l’emploi de pots catalytiques, d’épurateurs par
voie humide et de filtres de céramique peut diminuer encore les concentrations de
monoxyde de carbone, d’aldéhydes, d’oxydes d’azote et de matières particulières.
Ces progrès contribuent au respect de concentrations de polluants de plus en plus
basses sans qu’il soit nécessaire d’augmenter sensiblement les taux de dilution des
gaz d’échappement. La limite inférieure réalisable de 0,02 m3/s par kilowatt qu’il est
possible d’atteindre est fondée sur des émissions de dioxyde de carbone qui sont
proportionnelles à la puissance du moteur, mais ne dépendent pas du traitement des
gaz d’échappement.
Débit d’air = αt + β
Outre l’aérage servant à maintenir une atmosphère acceptable, il se peut que l’on
doive recourir au refroidissement mécanique pour assurer des conditions thermiques
convenables et réduire au minimum les risques d’agression thermique. Le stress
thermique est une réaction complexe de l’organisme aux facteurs climatiques ; dans
les mines souterraines, les facteurs déterminants à cet égard sont la vitesse du courant
d’air et la température humide. Ce fait est illustré par les puissances de
refroidissement (W/m2) indiquées au tableau 74.2 et corrigées en fonction de
l’isolement thermique des vêtements (dont l’unité usuelle de mesure est le clo). Dans
un environnement souterrain, la température de rayonnement est égale à la
température au thermomètre sec et supérieure de 10 °C à celle du thermomètre
humide. Des valeurs typiques ont été établies pour la pression barométrique et le
vêtement dans le cas de travaux souterrains (par exemple, 110 kPa et 0,52 clo).
La convection naturelle correspond à une vitesse de l’air de 0,1 m/s (aucune sensation
de mouvement de l’air n’est perçue). Dans les chantiers miniers, la limite inférieure
normale de vitesse de l’air est de 0,25 m/s et cette limite devrait être portée à 0,5 m/s
lorsque la température humide dépasse 25 °C. Pour maintenir l’équilibre thermique,
il faut prendre en compte la chaleur métabolique résultant de tâches types : repos, 50
W/m2; travail léger, 115 à 125 W/m2; travail moyennement pénible, 150 à 175 W/m2;
et travail pénible, 200 à 300 W/m2. Il faut procéder à une étude détaillée afin de
déterminer les besoins en refroidissement d’une installation minière donnée. Les
températures optimales au thermomètre humide sont habituellement comprises entre
27,5 °C et 28,5 °C, des températures plus basses s’appliquant aux chantiers peu
mécanisés. Avec des températures au thermomètre humide dépassant 30,0 °C, on
assiste à une diminution du rendement et à une augmentation notable du risque de
maladies causées par la chaleur ; au-delà de 32,5 °C, l’exploitation devrait
normalement être arrêtée.
LES MINES ET LES CARRIERES 93
La charge calorifique des mines
L’aérage principal
Le réseau ou système d’aérage principal a pour but d’assurer une bonne circulation
de l’air dans les chantiers de la mine qui communiquent entre eux. Le réseau général
comporte des jonctions (points de rencontre d’au moins trois galeries d’aérage), des
dérivations (voies d’aérage comprises entre les jonctions) et des branchements qui
sont en fait des tronçons fermés du réseau. Bien que la plupart des réseaux d’aérage
des mines soient composés de centaines, voire de milliers de branchements, le
nombre de galeries d’aérage principales (branchements entre la surface et les
chantiers d’extraction) et de retours ou d’évacuations (branchements entre les
chantiers d’extraction et la surface) est généralement inférieur à dix.
La résistance à l’écoulement de l’air dans une galerie ou une excavation minière est
déterminée par ses dimensions et par la rugosité des parois ; la perte de charge qui
en résulte dépend de cette résistance et du carré de la vitesse de l’air. En augmentant
la puissance des ventilateurs, on peut générer une pression suffisante pour compenser
les pertes de charge. Cette puissance supplémentaire peut être fournie naturellement
par la chaleur de la roche et d’autres sources comme la ventilation naturelle. Bien
que cette méthode ait constitué durant un certain temps la principale méthode
d’aérage, seulement 2 à 3% de l’énergie est convertie en pression et il peut arriver
qu’en été, par temps chaud, la roche entraîne le refroidissement du courant d’aérage
et provoque une inversion du sens de ce courant. Les mines modernes ont
généralement recours à un ventilateur pour accélérer l’écoulement de l’air afin de
vaincre les pertes de charge, même si la ventilation naturelle peut, selon la période
de l’année, avoir pour effet de favoriser ou de ralentir cet écoulement.
Lorsque de l’air circule au contact d’une surface, les molécules d’air qui sont au
voisinage immédiat de cette surface sont immobiles, tandis que les filets d’air voisins
glissent sur elles et rencontrent une résistance qui dépend de la viscosité de l’air. On
observe un gradient de vitesse, celle-ci augmentant avec la distance du filet à la
surface. La couche limite définie par ce phénomène et la couche laminaire sous-
jacente exercent une influence déterminante sur la quantité d’énergie requise pour
entretenir l’écoulement. Habituellement, les parois des galeries d’aérage des mines
sont suffisamment rugueuses pour que leurs aspérités traversent la couche limite. On
a alors affaire à une galerie d’aérage dont la résistance est fonction de la rugosité
relative (ou facteur de rugosité), c’est-à-dire du rapport entre la hauteur des aspérités
à l’intérieur de la galerie et le diamètre de celle-ci.
La plupart des galeries d’aérage creusées selon les méthodes traditionnelles (foration
et tir de mines) ont des aspérités comprises entre 100 et 200 mm ; même dans les
terrains à très forte densité de blocs, la hauteur moyenne des aspérités ne dépasse pas
300 mm. Dans les galeries d’aérage ouvertes à l’aide d’engins de percement, les
aspérités ont une hauteur comprise entre 5 et 10 mm, ce qui est quand même
considéré rugueux en dynamique des fluides. On peut réduire le facteur de rugosité
en créant un revêtement, bien que cette solution soit adoptée le plus souvent à des
fins de soutènement plutôt qu’en vue d’abaisser la puissance nécessaire à la
circulation de l’air. Ainsi, un puits de section importante garni d’un revêtement de
béton présentant des aspérités dont la hauteur moyenne serait de 1 mm pourrait
néanmoins être qualifié de rugueux, et le nombre de Reynolds — soit le rapport des
forces liées à l’inertie et à la viscosité — influerait lui aussi sur la résistance à
l’écoulement. Dans la pratique, à cause de la difficulté de réaliser un revêtement de
LES MINES ET LES CARRIERES 95
béton parfaitement lisse au fur et à mesure du fonçage d’un puits important, on
obtient une rugosité plus élevée et une résistance à l’écoulement d’environ 50%
supérieure à celle d’une surface lisse.
Lorsque les galeries d’entrée et de retour d’air entre les chantiers souterrains et la
surface sont peu nombreuses, elles sont responsables de la plus grande partie (70 à
90%) de la perte de charge totale. Des pertes de charge dans les galeries d’aérage
sont également causées par divers obstacles susceptibles de contrarier l’écoulement
de l’air, par exemple, les coudes, les changements de section, les bifurcations, etc.
Ces pertes peuvent peser pour beaucoup dans le bilan global, et il est nécessaire de
procéder à une étude détaillée, particulièrement pour ce qui est des galeries
principales d’entrée et de retour d’air. Les pertes dues aux discontinuités varient avec
l’importance des décollements de la couche limite ; il est possible de les réduire en
évitant les variations brusques de section.
L’incidence d’un obstacle sur la perte de charge d’une galerie d’aérage est fonction
de son coefficient de traînée aérodynamique et du coefficient de remplissage, c’est-
à-dire du rapport entre la section droite de l’obstacle et la section de la galerie. On
peut atténuer cette perte de charge en réduisant le plus possible le décollement de la
couche limite et en donnant à l’obstacle une forme aérodynamique afin d’éviter un
écoulement turbulent. Le coefficient de traînée aérodynamique d’un objet dépend de
sa forme et de son emplacement dans la galerie. Voici quelques coefficients pour
différentes formes : poutre en I, 2,7; section carrée, 2,0; section circulaire, 1,2;
hexagone allongé, 0,6; forme parfaitement aérodynamique, 0,4.
Même avec les obstacles qui n’ont que des coefficients de traînée aérodynamique et
de remplissage relativement faibles, leur présence à intervalles réguliers aura un effet
cumulatif important sur les pertes de charge. Dans un puits équipé de barres de
section hexagonale allongée semi-profilées présentant un coefficient de remplissage
de 0,08, la résistance à l’écoulement de l’air serait supérieure d’environ quatre fois à
celle d’un puits revêtu de béton ne comportant aucun obstacle. Bien que le coût des
profilés creux en acier de section rectangulaire, très répandus, soit plus élevé que
celui des poutres en I, leur coefficient de traînée aérodynamique est égal au tiers
seulement de celui des poutres en I, ce qui justifie pleinement leur utilisation.
La circulation de l’air dans les réseaux d’aérage des mines est assurée par des
ventilateurs axiaux et des ventilateurs centrifuges ; leurs rendements sont supérieurs
à 80%. Dans le cas des ventilateurs principaux, le choix entre un ventilateur
hélicoïdal et un ventilateur centrifuge sera fondé sur le coût, l’encombrement, la
pression, la robustesse, le rendement et la fiabilité. Si une panne de ventilateur risque
d’entraîner une accumulation dangereuse de méthane, une capacité additionnelle
Pour obtenir une efficacité maximale à un coût raisonnable, il convient d’utiliser des
ventilateurs axiaux pour les basses pressions (moins de 1 kPa) et des ventilateurs
centrifuges pour les hautes pressions (plus de 3 kPa); l’un et l’autre conviennent pour
les pressions intermédiaires. Si la robustesse est un critère essentiel, par exemple
pour évacuer de l’air chargé de gouttelettes d’eau à une vitesse supérieure à la vitesse
critique, un ventilateur centrifuge sera plus fiable. La plage de vitesses critique à
l’intérieur de laquelle des gouttelettes d’eau sont susceptibles de rester en suspension
dans l’air est comprise, suivant la taille des gouttelettes, entre 7,5 et 12,5 m/s. A ces
vitesses, les gouttelettes en suspension peuvent s’accumuler et faire monter la
pression du système au point de provoquer l’arrêt du ventilateur. Bien qu’il ne soit
souhaitable pour aucun type de ventilateur, le risque de défaillance est beaucoup
moins élevé avec un ventilateur centrifuge dans cette plage de vitesses.
Un ventilateur principal est appelé d’ordinaire à être déplacé durant la vie de la mine
; il faut donc pouvoir modifier ses performances en cas de besoin. La marche à vitesse
variable assure le fonctionnement le plus efficace, tant pour les ventilateurs axiaux
que pour les ventilateurs centrifuges, mais les coûts qu’elle entraîne sont élevés, en
particulier s’il s’agit de ventilateurs de grandes dimensions. On peut modifier les
caractéristiques de fonctionnement des ventilateurs axiaux en agissant sur
l’orientation des pales, ce réglage pouvant être effectué à l’arrêt ou en marche. Il faut
remarquer que cette dernière solution est sensiblement plus coûteuse. De plus, en
imprimant un mouvement turbulent à l’air qui entre dans le ventilateur, à l’aide
d’aubes directrices mobiles, il est possible de modifier le rendement d’un ventilateur
centrifuge en cours de fonctionnement. Le rendement d’un ventilateur centrifuge
baisse plus rapidement que celui d’un ventilateur axial lorsqu’on s’éloigne de son
point de fonctionnement optimal sur la courbe caractéristique ; aussi, si l’on veut
avoir un rendement élevé sur une large plage de la courbe caractéristique et si la
pression est convenable, on retiendra un ventilateur axial.
L’aérage secondaire
Une ventilation secondaire est nécessaire pour les aménagements qui ne permettent
pas de circuit de ventilation avec courant d’air principal, par exemple pour les
extrémités de travaux préparatoires. Quatre types de ventilation secondaire sont
possibles, chacun avec ses avantages et ses inconvénients.
Les conduits flexibles coûtent beaucoup moins cher et sont faciles à mettre en place
; toutefois, l’étanchéité toute relative des accouplements et les dommages causés par
les engins mobiles de chantier entraînent des pertes d’air beaucoup plus élevées. Des
considérations d’ordre pratique font que les conduits flexibles sont rarement utilisés
pour des longueurs supérieures à 1 km, même s’il est possible d’en utiliser de plus
longs et de prévoir des dégagements suffisants entre les conduits et les engins
mobiles.
La distribution de l’air
Pour fournir de l’air aux chantiers en activité, on utilise aussi bien un système
d’aérage en boucle qu’un système avec ventilateur auxiliaire. Des dispositifs de
régulation permettent de distribuer l’air aux postes de travail et de réduire les risques
de court-circuit du courant d’aérage ou de perte d’air entre l’entrée et le retour d’air.
On se sert de cloisons pour arrêter l’air dans une galerie. Ces cloisons d’aérage sont
faites de matériaux différents selon le différentiel de pression et le degré d’exposition
aux ondes de choc provoquées par les tirs de mines. Des toiles fixées au rocher
conviennent aux applications en basse pression, par exemple pour séparer les voies
d’entrée et les voies de retour dans un chantier d’extraction par chambres et piliers
Une porte d’aérage devrait être installée aux passages de personnes ou de véhicules.
Le choix des matériaux de construction, du mécanisme d’ouverture et du degré
d’automatisation est fonction du différentiel de pression et de la fréquence
d’ouverture et de fermeture des portes. Pour les installations à pression élevée, on
pourra installer deux, voire trois portes, afin de créer des sas et de réduire les fuites
et les pertes d’air. Les sas comportent habituellement une petite fenêtre coulissante
qui doit d’abord être ouverte afin de permettre l’équilibrage de la pression des deux
côtés de la porte à ouvrir.
Un régulateur est utilisé lorsqu’il faut simplement réduire le débit d’air plutôt que de
le couper complètement et, également, dans les cas où un accès n’est pas nécessaire.
Il s’agit d’un orifice de section variable permettant de modifier le débit d’air. Le
modèle le plus simple est une guillotine : un bâti de béton supporte des profilés dans
lequel coulissent des planches de bois. D’autres types, par exemple les louvres
pivotants, peuvent être commandés à distance. Aux étages supérieurs de certaines
exploitations par chambres vides, on peut devoir passer occasionnellement par un
régulateur ; on y parvient en installant des panneaux souples raidis horizontalement
qu’il suffit simplement de lever et d’abaisser pour passer et qui permettent aussi de
limiter les dommages causés par les tirs. On a même édifié des tas de roche abattue
pour augmenter la résistance à l’écoulement de l’air dans des tronçons où l’extraction
minière est temporairement interrompue.
La chaleur requise pour condenser le réfrigérant après l’avoir comprimé est rejetée
dans l’atmosphère ; elle est maintenue au niveau le plus bas possible afin de limiter
la puissance requise pour le refroidissement de la mine. Comme la température au
thermomètre humide est toujours égale ou inférieure à celle du thermomètre sec, on
choisit systématiquement des systèmes de rejet de chaleur humide. Le réfrigérant
peut-être condensé dans un échangeur de chaleur en utilisant de l’eau ; la chaleur
extraite est ensuite rejetée dans l’atmosphère en passant dans une tour de
refroidissement. On peut aussi utiliser un condenseur par évaporation où le
réfrigérant circule dans des tubes au-dessus desquels de l’air est aspiré et de l’eau
pulvérisée. S’il s’agit d’une installation frigorifique souterraine, on se sert de l’air
évacué de la mine pour le rejet de chaleur, sauf si l’eau de condensation est pompée
à la surface. Le fonctionnement d’une installation frigorifique dans une mine est
limité par la quantité réduite d’air disponible et par la température au thermomètre
humide plus élevée, par rapport aux conditions rencontrées en surface.
Chaque litre d’eau refroidie fournie à la mine par seconde a une capacité de
refroidissement de 100 à 120 kilowatts (kW). Dans les mines souterraines profondes
présentant une grande charge de refroidissement, particulièrement à 2 500 m et plus,
le coût associé à la circulation de l’eau refroidie peut justifier son remplacement par
de la glace. Si l’on prend en compte la chaleur latente de fusion de la glace, la
capacité de refroidissement de chaque litre/s est multipliée par quatre environ, ce qui
réduit la quantité d’eau qui doit être pompée du fond de la mine à la surface. La
réduction de la puissance de pompage résultant de l’utilisation de la glace compense
la puissance supplémentaire exigée par l’installation frigorifique pour produire la
glace et l’impossibilité pratique de récupérer l’énergie.
Dans une mine, les travaux préparatoires constituent habituellement l’activité qui
présente l’apport calorifique le plus important par rapport au débit d’aérage
disponible. Les températures dans les chantiers sont donc sensiblement plus élevées
que celles associées aux autres activités. Lorsque le recours au refroidissement
constitue un cas limite, l’utilisation sur place de machines frigorifiques destinées à
assurer le refroidissement des seuls travaux préparatoires peut permettre de reporter
la mise en place d’une installation générale. Une batterie de refroidissement locale
est essentiellement une installation frigorifique miniature souterraine qui rejette la
chaleur dans le retour d’air des travaux préparatoires. Ces machines ont
habituellement une puissance frigorifique de 250 à 500 kW.
Les feux et incendies dans les mines, les dégagements instantanés de gaz et les
pannes d’énergie sont des situations d’urgence qui peuvent affecter le système
d’aérage et être, à leur tour, influencées par ce dernier. Les feux et incendies et les
explosions sont traités plus loin à l’article « Les feux et incendies et les explosions
dans les mines » ; quant aux pannes d’énergie, elles ne posent problème que dans les
mines profondes, où les températures peuvent atteindre des niveaux dangereux. On
utilise habituellement des ventilateurs de secours entraînés par moteur diesel pour
maintenir un certain débit d’aérage dans la mine durant les pannes d’énergie. En cas
de feux ou d’incendie souterrains, il est préférable de ne pas modifier l’aérage tant
que se trouvent au fond des personnes qui connaissent bien la configuration normale
du réseau d’aérage.
Source lumineuse Luminance Durée nominale Alimentation Efficacité lumineuse Rendu des
approximative moyenne (h) en courant initiale approximative couleurs
d/m2 (ampoule continu lm/W–1
claire)
Filament de 105 à 107 750 à 1 000 Oui 5 à 30 Excellent
tungstène
Incandescence 2 × 107 5 à 2 000 Oui 28 Excellent
Fluorescence 5 × 104 à 2 × 105 500 à 30 000 Oui 100 Excellent
cd = candela; lm = lumen.
L’éclairage minier fait de plus en plus appel à des lampes à décharge à haute intensité
de rendement élevé. Il s’agit des lampes à vapeur de mercure, des lampes à halogène
et des lampes à vapeur de sodium à haute ou à basse pression. Avec chacune de ces
lampes, il faut attendre de 1 à 7 minutes avant d’obtenir le flux lumineux maximal.
De plus, en cas de panne ou d’interruption de l’alimentation, le tube à décharge doit
refroidir avant que l’arc puisse être réamorcé (sauf pour le cas des lampes à vapeur
de sodium à basse pression, dans lesquelles le réamorçage de l’arc se fait presque
instantanément). La distribution spectrale de l’énergie de ces sources lumineuses
n’est pas la même que celle de la lumière naturelle. Les lampes à vapeur de mercure
produisent une lumière blanche bleutée, alors que les lampes à vapeur de sodium à
haute pression donnent une lumière jaunâtre. Lorsqu’il est important de bien pouvoir
distinguer les couleurs dans les chantiers souterrains (par exemple pour
l’identification des bouteilles de gaz de soudage, la signalisation, les câblages
électriques ou le tri du minerai), il importe de vérifier l’indice de rendu chromatique
de la source lumineuse. L’utilisation de lampes à vapeur de sodium à basse pression
LES MINES ET LES CARRIERES 104
a pour conséquence de fausser la couleur des objets. On trouvera au tableau 74.3 une
évaluation correspondante de différentes sources lumineuses.
L’éclairage des véhicules est assuré la plupart du temps par des lampes à
incandescence ; celles-ci ne nécessitent aucun équipement spécial, sont bon marché
et faciles à remplacer. Les phares des véhicules sont des lampes à réflecteur
parabolique aluminisé.
Les pays qui possèdent une industrie minière souterraine bien établie ont élaboré en
général des exigences précises en ce qui concerne la sécurité des installations
d’éclairage dans les mines, particulièrement dans celles à dégagement instantané de
grisou (habituellement les mines de charbon). Le grisou peut s’enflammer et
provoquer des explosions dévastatrices. Aussi, tous les appareils d’éclairage
employés au fond doivent être à sécurité intrinsèque ou antidéflagrants. Les sources
lumineuses à sécurité intrinsèque fonctionnent sous des courants si faibles qu’un
court-circuit est incapable de produire des étincelles susceptibles d’enflammer le
grisou. Pour qu’une lampe soit désignée antidéflagrante, il faut qu’elle soit pourvue
d’une enveloppe telle qu’une étincelle ou une explosion à l’intérieur de l’enveloppe
ne puisse ni briser celle-ci, ni propager la déflagration. De plus, l’appareil lui-même
ne doit pas chauffer au point de provoquer une explosion. Ce type de lampe coûte
plus cher et est plus lourd en raison de l’utilisation de pièces métalliques
généralement coulées. Les services officiels ont habituellement des installations
d’essai pour la certification des lampes aptes à l’utilisation en mines grisouteuses.
Une lampe à vapeur de sodium à basse pression ne pourrait être certifiée
antidéflagrante, le sodium contenu dans la lampe pouvant s’enflammer en cas de bris
de l’ampoule, et mettre le produit en contact avec de l’eau.
Les pays ont adopté des normes concernant les niveaux d’éclairement requis pour
différentes tâches, mais celles-ci diffèrent considérablement.
LES MINES ET LES CARRIERES 105
Des directives visant l’éclairage dans les mines ont également été établies par des
organismes internationaux tels que la Société américaine des éclairagistes
(Illuminating Engineering Society (IES)) et la Commission internationale de
l’éclairage (CIE). Selon la CIE, la qualité de la lumière perçue par l’œil est aussi
importante que la quantité émise. La CIE a établi des formules permettant de vérifier
si l’éblouissement nuit à la performance visuelle.
On serait porté à croire qu’un meilleur éclairage aurait pour effet de réduire les
accidents et d’accroître la productivité, mais la démonstration en est malaisée.
L’éclairage ne constitue en effet que l’un des nombreux facteurs entrant en ligne de
compte, et son incidence directe sur le rendement et la sécurité est difficile à mesurer.
Il existe des études bien documentées démontrant qu’un bon éclairage diminue le
nombre des accidents de la route, et la même constatation a été faite dans les usines.
Or, en raison de la nature spécifique de l’exploitation minière, les chantiers changent
constamment et les études analysant le rapport entre les accidents dans les mines et
l’éclairage sont rares. Les enquêtes sur les accidents démontrent que la mauvaise
qualité de l’éclairage est rarement la cause principale des accidents dans les mines,
mais qu’elle peut être un facteur contributif. Les conditions d’éclairage jouent sans
aucun doute un rôle dans le cas des éboulements, car un éclairage insuffisant ne
permet pas de reconnaître des conditions dangereuses.
Jusqu’au début du XXe siècle, les mineurs étaient fréquemment atteints d’une
maladie professionnelle appelée nystagmus des mineurs, pour laquelle il n’y avait
pas de remède connu. Cette affection se traduisait par des mouvements oscillatoires
incontrôlables des globes oculaires, des maux de tête, des étourdissements et la perte
de la vision nocturne. Elle était causée par un travail prolongé dans des conditions
d’éclairage insuffisantes. Les mineurs de charbon y étaient particulièrement exposés,
étant donné la très faible quantité de lumière réfléchie par le charbon. La position de
décubitus latéral souvent adoptée par les mineurs peut également avoir été un facteur.
Avec l’arrivée des lampes de casque électriques, les cas de nystagmus ont disparu,
et avec eux le risque le plus sérieux pour la santé associée à l’éclairage souterrain.
Les progrès technologiques en matière d’éclairage ont ravivé l’intérêt pour le rapport
qui existe entre l’éclairage et la santé. Il est désormais possible d’atteindre dans les
mines des niveaux d’éclairement sensiblement plus élevés. Dans toute installation
d’éclairage, on se soucie d’abord d’éviter l’éblouissement, mais l’on s’inquiète aussi
des autres rayonnements que le rayonnement visible des lampes. L’énergie
radiométrique peut influer sur les travailleurs soit en agissant directement sur les
cellules cutanées ou proches de la surface de la peau, soit en déclenchant certaines
réactions, par exemple au niveau des rythmes biologiques desquels dépendent la
santé physique et la santé mentale. Une source lumineuse à décharge à haute pression
peut continuer de fonctionner même si l’enveloppe de verre contenant le gaz est
fissurée ou détruite. Les travailleurs courent alors le risque de recevoir des doses
LES MINES ET LES CARRIERES 106
supérieures à trois fois les valeurs seuils, en raison surtout de la faible hauteur à
laquelle sont montées ces sources lumineuses.
La protection de la tête
Dans la plupart des pays, les mineurs doivent porter un casque ou un chapeau de
protection d’un type agréé. Contrairement au casque qui ne comporte qu’une visière,
le chapeau de mineur est à large bord, ce qui permet à l’eau de s’écouler, avantage
fort appréciable dans un milieu aussi humide. Cette conformation empêche toutefois
l’incorporation de fentes latérales pour la fixation de coquilles antibruit, d’une
torche, d’un écran facial pour les travaux de soudage, de découpage, de meulage, de
purgeage, ou encore d’autres accessoires. Les chapeaux ne constituent qu’un très
faible pourcentage des protecteurs de la tête portée dans les mines.
Casques et chapeaux sont, dans la plupart des cas, équipés d’une bride et d’une pince
pour la fixation d’une lampe et d’un cordon, respectivement.
Les normes en matière de protection de la tête dans l’industrie ont très peu changé
depuis les années soixante. Or, dans les années quatre-vingt-dix, l’explosion des
ventes d’équipements de protection de la tête pour les activités de loisir — par
exemple les casques pour la pratique du hockey et de la bicyclette — a révélé des
lacunes dans le cas des protecteurs industriels, plus particulièrement l’absence de
protection contre les chocs latéraux et la chute du casque en cas d’impact. Des
pressions se sont donc exercées pour l’adoption de normes industrielles plus
rigoureuses en matière de protection de la tête. Certains pays possèdent déjà de telles
normes, et l’on trouve sur le marché des casques de protection avec doublure en
mousse, serre-tête à rochet et mentonnière. Ces casques ne sont pas encore très
répandus en raison de leur coût élevé, de leur poids et de leur manque de confort.
Toutefois, l’inscription de ces nouvelles normes dans la législation devrait favoriser
le port de ces types de casque dans l’industrie minière.
Dans les secteurs de la mine qui ne bénéficient pas d’un éclairage permanent, le port
d’une lampe au chapeau est essentiel pour que le mineur puisse se déplacer et
travailler avec efficacité et en sécurité. On exige surtout d’une telle lampe qu’elle
soit robuste, facile à utiliser avec des gants, qu’elle fournisse un flux lumineux
suffisant pendant toute la durée du poste de travail (et satisfasse le cas échéant aux
niveaux d’éclairement requis par la réglementation locale) et, enfin, qu’elle soit aussi
légère que possible sans que cela ne nuise aux exigences de performance
mentionnées ci-dessus.
Au cours des dernières années, les lampes à halogène ont en grande partie remplacé
les lampes à incandescence à filament de tungstène, ce qui a permis de tripler, voire
de quadrupler les niveaux d’éclairement et de satisfaire aux dispositions
réglementaires, même à la fin d’un poste de travail prolongé. Les progrès réalisés en
matière de batteries ont aussi eu un rôle majeur dans l’amélioration de la performance
des lampes. Les batteries au plomb sont encore les plus courantes dans la plupart des
applications minières, bien que certains fabricants aient lancé avec succès des
batteries au nickel-cadmium qui peuvent fournir le même rendement avec un poids
inférieur. La fiabilité, la longévité et la facilité d’entretien continuent néanmoins de
jouer en faveur des batteries au plomb, et c’est vraisemblablement pourquoi on
continue à les utiliser aussi largement.
Outre leur fonction principale qui est d’éclairer, la lampe au chapeau et la batterie
qui l’alimente ont récemment été intégrées aux systèmes de communication
intéressant la sécurité dans les mines. Grâce à un récepteur radio installé dans le
couvercle de la batterie, les mineurs peuvent recevoir des messages, des mises en
garde ou des ordres d’évacuation par des ondes radioélectriques de très basse
fréquence ; ils peuvent aussi être informés de l’imminence d’un message par le
clignotement de la lampe. Ces résultats prometteurs devraient permettre d’améliorer
les systèmes d’alerte rapide et de supplanter les méthodes traditionnelles d’alerte
olfactive par injection dans le courant d’aérage de gaz malodorants, en tout cas dans
les mines où cela peut se faire.
La plupart des mines ont adopté des programmes contraignants de protection oculaire
obligeant les mineurs à porter des lunettes de protection ou un écran facial, selon le
type de travail effectué et les risques rencontrés. Pour la majorité des activités, des
lunettes de protection à coquilles latérales assurent une protection suffisante. La
saleté et la poussière, présentes dans beaucoup de chantiers miniers, plus
particulièrement dans le cas de l’abattage en roche dure, peuvent être très abrasives
et causer des rayures ainsi qu’une détérioration rapide des lunettes munies de lentilles
en plastique (polycarbonate). Nombre de mines tolèrent donc encore les lentilles en
verre, même si celles-ci n’offrent pas la même résistance aux chocs et si elles peuvent
LES MINES ET LES CARRIERES 108
ne pas être conformes aux normes en vigueur. Des progrès ont été réalisés en ce qui
concerne le traitement antibuée et le durcissement superficiel des lentilles en
plastique. Parmi ces traitements, ceux qui modifient la structure moléculaire de la
surface des lentilles, au lieu d’y déposer simplement un film ou un revêtement, sont
habituellement plus efficaces et plus durables. Ils devraient permettre de supplanter
le verre en tant que matériau privilégié pour les lentilles utilisées dans les mines.
Le port de visières en forme de coques n’est pas courant dans les chantiers du fond,
sauf s’il y a risque de projection de produits chimiques.
Le port d’un écran facial peut être indiqué lorsqu’il est nécessaire d’assurer une
protection complète du visage dans des travaux de soudage ou de meulage ou des
travaux analogues. Un écran facial peut convenir à une tâche particulière (par
exemple, le soudage) ou être d’un usage plus général ; dans ce dernier cas, il peut
être tout simplement en matériau acrylique ou en polycarbonate. Bien qu’ils puissent
être équipés d’un serre-tête, les écrans faciaux utilisés par les mineurs sont
normalement montés dans les fentes du casque prévues pour recevoir un accessoire.
Ils doivent pouvoir se relever et s’abaisser rapidement.
C’est le plus souvent pour se protéger contre les poussières que les mineurs doivent
recourir à une protection des voies respiratoires. Les poussières de charbon ainsi que
la plupart des autres poussières ambiantes peuvent être filtrées efficacement au
moyen d’un quart de masque antipoussières peu coûteux. Le modèle de masque
comprenant une pièce en élastomère couvrant le nez et la bouche et un filtre
remplaçable est efficace ; la coquille jetable en fibres, par contre, ne l’est pas.
Certains types de particules que l’on trouve en suspension dans l’atmosphère des
mines — par exemple, les fibres d’amiante dans les mines d’amiante, les fines de
La protection de l’ouïe
Les engins motorisés en service dans les chantiers souterrains produisent des niveaux
sonores élevés susceptibles à long terme de porter atteinte à l’audition. Normalement,
des coquilles antibruit fixées au casque de mineur dans des fentes prévues à cet effet
assurent la protection requise ; une protection supplémentaire peut être obtenue en
portant des bouchons d’oreilles en mousse compacte. On peut aussi utiliser des
bouchons seuls, du type jetable en mousse ou réutilisable en élastomère ; cette
solution s’impose lorsque le casque porte déjà un masque ou un autre accessoire.
La protection de la peau
Certaines activités minières peuvent causer une irritation de la peau et exiger le port
de gants de travail. Une protection supplémentaire peut être apportée par des crèmes
isolantes (crèmes barrières); ces crèmes sont indispensables lorsqu’il est impossible
de porter des gants.
Les chaussures montantes portées par les mineurs sont en cuir ou en caoutchouc,
suivant que la mine est sèche ou humide. Pour satisfaire aux exigences minimales en
matière de protection, la chaussure doit être munie d’une semelle résistant à la
perforation avec couche extérieure composite antidérapante, embout en acier et
protection du métatarse. Ces exigences de base sont demeurées inchangées, mais des
progrès ont permis de mettre au point des chaussures montantes beaucoup moins
encombrantes et bien plus confortables que celles utilisées il y a plusieurs années.
Ainsi, la protection du métatarse est désormais assurée par des éléments moulés en
fibres qui remplacent avantageusement les anciens cerceaux et étriers d’acier. On
obtient la même protection avec un poids moindre, ce qui réduit les risques de
trébuchement. La forme des chaussures est devenue plus anatomique, et les
chaussures montantes des mineurs ont bénéficié des améliorations apportées aux
modèles conçus pour les sportifs, avec semelles intercalaires absorbant l’énergie,
revêtements empêchant le passage de l’humidité et matériaux isolants modernes.
Les vêtements
Les mains seront protégées par des gants de travail. En général, ceux-ci sont faits de
toile de coton renforcée de cuir. Il existe des types et des modèles de gants adaptés à
chaque tâche.
Dans la plupart des mines, la ceinture de sécurité n’est plus considérée comme un
moyen approprié de protection contre les chutes. On continue cependant d’utiliser
dans certains cas une sangle de toile ou une ceinture de cuir, équipées ou non d’un
baudrier ou d’un support lombaire pour transporter la batterie de la lampe ainsi qu’un
appareil autosauveteur à filtre ou un appareil respiratoire autonome (avec production
d’oxygène).
Dans les mines à ciel ouvert en climat froid, les mineurs devraient porter des
vêtements d’hiver y compris des chaussettes, des sous-vêtements et des gants leur
assurant une bonne protection thermique, des pantalons à l’épreuve du vent ou des
pantalons protecteurs portés en survêtement, une parka doublée avec capuchon et
une doublure intérieure pour l’hiver à monter sur le casque de protection.
Dans les mines souterraines, c’est la chaleur davantage que le froid qui pose
problème. Les températures élevées peuvent être dues à la profondeur de la mine ou
au climat tropical de la région. Des vêtements et sous-vêtements spéciaux peuvent
fournir une protection contre les agressions thermiques et les coups de chaleur; ces
vêtements peuvent être garnis de sachets de gel congelé ou d’un réseau de tubes
assurant la circulation d’un fluide de refroidissement à la surface du corps, fluide qui
traverse un échangeur thermique. Si le massif lui-même est chaud, les mineurs
devraient porter des gants, des chaussettes et des bottes résistant à la chaleur. De
l’eau potable — de préférence additionnée d’électrolytes — devrait être fournie aux
mineurs pour remplacer les liquides physiologiques perdus.
La réglementation en vigueur peut, selon le type de mine, exiger que les mineurs
portent un appareil autosauveteur individuel. Il s’agit d’un appareil respiratoire qui
permet de s’échapper de la mine en cas de feu ou d’explosion avec dégagement de
monoxyde de carbone, de fumée ou d’autres substances toxiques rendant
l’atmosphère irrespirable. L’appareil peut être du type à filtration, avec catalyseur
pour la conversion du monoxyde de carbone, ou il peut s’agir d’un appareil
autonome, c’est-à-dire d’un appareil respiratoire à circuit fermé qui régénère
chimiquement l’oxygène de l’air expiré.
Les mineurs ne sont pas tous équipés d’appareils portatifs (y compris les tubes
détecteurs et les pompes d’aspiration) pour la mesure des gaz toxiques et des gaz
combustibles ; ces appareils sont plutôt utilisés par les agents responsables de la
sécurité ou par toute autre personne désignée, conformément à des procédures
établies, afin de vérifier l’atmosphère de la mine à intervalles réguliers ou avant
l’entrée des équipes.
Les feux et incendies et les explosions sont une menace constante pour la sécurité
des mineurs et affectent la capacité de production. Ils ont, de tout temps, été à
l’origine de catastrophes minières particulièrement dévastatrices.
A la fin du XIXe siècle, ils occasionnaient des pertes de vies humaines et des
dommages inégalés par les autres secteurs industriels. Or, on a fait de remarquables
progrès dans ce domaine, comme le démontre la baisse du nombre de feux et
incendies et d’explosions signalés durant les dernières décennies.
De par leur fonction même, les aires de service permanentes peuvent être le site
d’activités dangereuses et, de ce fait, appellent des mesures de sécurité spéciales. Les
ateliers de maintenance souterrains et leurs installations connexes présentent des
risques particuliers.
Les engins mobiles qui se trouvent dans les ateliers de maintenance sont une source
fréquente d’incendie. Dans le cas des moteurs diesel, le feu peut prendre naissance
lorsqu’un fluide hydraulique à haute pression s’échappe d’une canalisation et entre
en contact avec une source d’ignition, par exemple un collecteur d’échappement
chaud ou un turbocompresseur (Bickel, 1987). Ce type d’incendie peut progresser
rapidement.
Nombre d’engins mobiles utilisés dans les mines souterraines contiennent non
seulement des combustibles (carburant diesel et fluides hydrauliques), mais aussi des
sources d’ignition (moteurs diesel et matériel électrique). Ils présentent dès lors un
risque important d’incendie. De plus, on trouve généralement dans les ateliers de
maintenance des substances (agents de dégraissage, etc.) qui constituent elles aussi
un risque d’incendie.
Enfin, la ventilation des ateliers de maintenance devrait se faire par le retour d’air,
pour prévenir la propagation dans les chantiers de tout produit éventuel de
combustion. Les exigences concernant ces types d’installations sont précisées dans
deux normes de la NFPA (1995a, 1995b).
Le stockage des liquides inflammables revêt une importance particulière, étant donné
que ceux-ci s’enflamment plus facilement et propagent le feu plus rapidement que
les combustibles ordinaires. Dans la plupart des mines autres que les mines de
charbon, des liquides inflammables sont souvent stockés sous terre en quantité
limitée. Il arrive aussi que les aires de stockage principal de fioul, de lubrifiants et de
fluides hydrauliques soient souterraines. En raison des conséquences extrêmement
graves que pourrait prendre un incendie survenant dans un stock souterrain de
liquides inflammables, il est essentiel d’apporter un soin particulier à l’étude des
aires de stockage, d’adopter des mesures de sécurité rigoureuses et de veiller à ce
qu’elles soient strictement respectées.
Toutes les étapes de l’utilisation des liquides inflammables posent un défi en matière
de prévention des incendies, qu’il s’agisse de leur transfert au fond, de leur
entreposage, de leur distribution et de leur mise en œuvre finale. On trouvera des
informations sur les risques des liquides inflammables et les mesures de prévention
appropriées dans les normes de la NFPA (1995a, 1995b, 1996b).
Les méthodes de sécurité à mettre en œuvre dans les mines souterraines contre les
feux et incendies et les explosions sont fondées sur les principes généraux de
prévention des incendies et des explosions, comme par exemple l’interdiction de
fumer ou l’installation de systèmes de détection rapide et d’extinction.
La prévention des feux et incendies et des explosions dans les mines fait
généralement appel à trois mesures principales : éviter les sources d’ignition, éviter
la présence de matières combustibles et éviter les contacts entre les sources d’ignition
et les matières combustibles.
La limitation des matières combustibles exige en premier lieu que l’on proscrive
toute accumulation dangereuse de détritus, de chiffons huileux, de poussières de
charbon et d’autres matières combustibles.
Les explosions de grisou dans les mines de charbon souterraines font habituellement
intervenir deux principaux combustibles, le méthane et les poussières de charbon. Le
méthane peut se trouver également dans d’autres types de mines ; un système efficace
d’aérage suffit à en assurer la dilution et l’évacuation (Timmons, Vinson et Kissell,
1979). Quant aux poussières de charbon, tous les efforts sont faits pour en diminuer
la production et la mise en suspension dans l’air, mais il est très difficile d’en réduire
la concentration au-dessous du seuil d’explosivité ; il suffit en effet d’une couche de
poussières épaisse de 0,012 mm déposée sur le sol pour causer une explosion si elle
est mise en suspension dans l’air. La schistification, qui consiste à épandre dans les
galeries des matériaux stériles comme de la pierre à chaux, de la dolomite ou du
gypse pulvérisés, permet de neutraliser les poussières inflammables et de prévenir
les coups de poussières.
Les aires à forte charge combustible — par exemple les aires de stockage des
éléments de soutènement en bois, les magasins d’explosifs, les dépôts et les ateliers
contenant des liquides inflammables ou combustibles — devraient faire l’objet de
mesures spéciales. Dans le cas des engins mobiles, les canalisations de carburant, de
lubrifiants et de fluides hydrauliques ne devraient pas se trouver à proximité de
surfaces chaudes, d’appareils électriques et d’autres sources possibles d’ignition ;
des écrans devraient être mis en place le cas échéant.
La possibilité de détecter un incendie dès sa naissance est capitale, étant donné que
le feu peut se développer rapidement en étendue et en intensité. L’indication la plus
rapide et la plus fiable de la présence d’un incendie est fournie par des systèmes
perfectionnés de détection et d’alarme utilisant des capteurs très sensibles pour
déceler la présence de chaleur, de flammes, de fumée et de gaz (Griffin, 1979).
Tous les mineurs devraient être alertés dès qu’un feu ou un incendie a été détecté.
On a parfois recours à des téléphones ou à des messagers, mais les mineurs sont
souvent éloignés des téléphones et très dispersés. Dans les mines de charbon, le
moyen le plus courant de signaler la présence d’un incendie consiste à couper le
courant puis à confirmer l’information soit par téléphone, soit par messager. Cette
méthode ne peut être généralisée à toutes les mines, puisque les équipements
fonctionnant à l’électricité sont très peu nombreux. Dans les mines autres que les
mines de charbon, l’utilisation de matières odorantes est courante comme moyen de
communication des situations d’urgence dans les chantiers souterrains (Pomroy et
Muldoon, 1983). Des systèmes de communication spéciaux sans fil, par fréquences
radioélectriques, ont également été utilisés avec succès dans des mines de charbon et
dans d’autres types de mines (Bureau of Mines, 1988).
Les moyens les plus couramment utilisés pour éteindre un feu ou un incendie dans
une mine souterraine sont les extincteurs portatifs, les lances d’incendie, les
extincteurs automatiques, l’application de stériles (manuellement ou à l’aide d’une
machine de schistification) et les générateurs de mousse. Les extincteurs portatifs les
plus fréquemment utilisés sont les extincteurs polyvalents à poudre.
Les systèmes fixes d’extinction, qu’ils soient manuels ou automatiques, sont de plus
en plus utilisés pour les équipements mobiles, les aires de stockage de liquides
combustibles, les bandes transporteuses et les installations électriques (Grannes,
Ackerson et Green, 1990). Les systèmes automatiques sont spécialement indiqués
lorsqu’il n’y a personne pour détecter un début d’incendie, actionner un dispositif
d’extinction ou lutter contre le feu.
La lutte contre les explosions est une variante de la lutte contre le feu. Elle consiste
en des barrières passives ou à déclenchement. Les barrières passives sont composées
de plusieurs rangées d’augets de grandes dimensions contenant de l’eau ou des
poussières stériles, suspendues au toit à l’entrée de la mine. Lors d’une explosion,
l’onde de choc qui précède l’arrivée des flammes fait basculer les augets qui
déversent leur contenu. Les flammes sont étouffées sur place. Dans les barrières
actives, un dispositif électrique ou pneumatique déclenché par la chaleur, les
flammes ou la pression de l’explosion provoque l’entrée en action d’agents de
suppression stockés dans des récipients sous pression (Hertzberg, 1982).
A partir d’un certain stade, le feu ne peut être combattu que par des équipes ayant
reçu un entraînement poussé et disposant d’un équipement spécial. La combustion
de grandes quantités de charbon ou de bois dans une mine souterraine, combinée à
des accidents comme des éboulements importants, un aérage aléatoire et
l’accumulation de gaz explosifs, exige la mise en œuvre de mesures idoines. La seule
solution pratique peut consister à inertiser l’atmosphère à l’aide d’azote, de dioxyde
LES MINES ET LES CARRIERES 117
de carbone ou d’un autre gaz inerte, d’inonder le site ou de condamner une partie ou
la totalité de la mine (Ramaswatny et Katiyar, 1988).
Le confinement est une méthode applicable à tous les types d’installation industrielle.
Dans une mine souterraine, la mise en œuvre de moyens appropriés pour circonscrire
un incendie permet d’assurer une évacuation plus sûre et de réduire les risques
auxquels sont exposées les équipes d’intervention.
Dans les houillères souterraines, les huiles et les graisses devraient être stockées dans
des récipients hermétiques résistant au feu. Les transformateurs, les points de charge
des batteries, les compresseurs d’air, les ateliers de maintenance devraient être placés
dans des zones ou dans des constructions à l’épreuve du feu. Les appareils électriques
non surveillés devraient être montés sur des surfaces non combustibles, isolés du
charbon et des autres matières combustibles ou être protégés par un système
d’extinction approprié.
Chaque chantier devrait pouvoir accéder facilement aux matériaux nécessaires pour
la construction de cloisons et de barrages (bois, toile, scies, clous, marteaux,
poussières stériles, plâtre et ciment). Dans les mines souterraines autres que les mines
de charbon, les lubrifiants et le fioul devraient être stockés dans des récipients
étanches dans des aires résistant au feu, à distance sûre des magasins d’explosifs, des
installations électriques et des recettes de puits. En certains endroits, des portes
coupe-feu et des portes d’aérage devraient être installées pour empêcher la
propagation du feu, de la fumée et des gaz toxiques (Ng et Lazzara, 1990).
Des interrupteurs ad hoc devraient être installés pour prévenir les incidents causés
par la chaleur générée par le frottement entre une bande transporteuse et un tambour
d’entraînement ou des rouleaux intermédiaires ou en cas de patinage de la bande.
L’action de ces interrupteurs peut être combinée à des protections thermiques
intégrées aux moteurs électriques.
Les personnes qui travaillent dans les mines souterraines devraient connaître les gaz
que l’on peut y trouver, les dangers qu’ils peuvent présenter, de même que les
appareils et les systèmes dont on dispose pour les déceler. Pour celles qui utilisent
ces appareils, une connaissance approfondie de leurs limitations et des
caractéristiques des gaz mesurés est évidemment essentielle.
Même sans instrument, l’être humain peut, grâce à ses sens, déceler l’apparition
progressive des phénomènes chimiques et physiques associés à la combustion
spontanée. L’échauffement élève la température de l’air des circuits d’aérage, qu’il
sature d’humidité. Lorsque cet air chaud rencontre l’air frais des entrées d’aérage, la
condensation qui en résulte produit un brouillard ainsi qu’un suintement sur les
surfaces des retours d’air. Un autre signe de combustion est l’odeur caractéristique
d’huile ou de pétrole ; de la fumée apparaît ensuite, suivie de flammes visibles.
Il se peut qu’un échauffement soit d’abord perçu par une personne qui a remarqué
une légère odeur pendant un court instant. Des analyses détaillées et répétées de
l’atmosphère peuvent être nécessaires avant qu’un accroissement mesurable de la
concentration de monoxyde de carbone puisse être décelé. Les personnes se trouvant
LES MINES ET LES CARRIERES 119
dans la mine ne devraient donc jamais relâcher leur vigilance, et un plan
d’intervention préétabli devrait être mis en œuvre dès que l’on a suspecté ou détecté
un signe de la présence de gaz. Fort heureusement, grâce aux progrès considérables
de la technologie en matière de détection incendie depuis les années soixante-dix
(tubes détecteurs, détecteurs électroniques de poche, systèmes fixes informatisés), il
n’est désormais plus nécessaire de se fier uniquement aux sens de l’être humain.
Les appareils portatifs servant à détecter les gaz sont conçus pour déceler la présence
de plusieurs gaz en concentrations capables de causer un incendie, une explosion ou
une atmosphère toxique ou pauvre en oxygène, ainsi que pour fournir un signal
rapide de la naissance d’un phénomène de combustion spontanée. Il existe des
appareils pour le monoxyde de carbone (CO), le dioxyde de carbone (CO 2), le
dioxyde d’azote (NO2), le sulfure d’hydrogène (H2S) et le dioxyde de soufre (SO2).
Les types d’appareils étant nombreux, il faut sélectionner celui qui convient pour une
situation donnée. Pour ce faire, on se fondera sur les critères ci-après :
Tous les mineurs devraient recevoir une formation adéquate sur l’utilisation des
détecteurs de gaz portatifs. L’entretien des appareils devrait être effectué
conformément aux recommandations du fabricant.
Une trousse de détection est composée d’un piston à ressort ou d’une pompe à
soufflet et d’une série de tubes indicateurs remplaçables, en verre, contenant des
réactifs chimiques spécifiques aux gaz à mesurer. D’une capacité de 100 cm3, la
pompe peut être manœuvrée à l’aide d’une seule main pour aspirer un échantillon de
volume égal dans le tube indicateur avant de le faire passer dans le soufflet. Sur
l’échelle graduée, l’indication de mise en garde correspond à l’interface entre la zone
colorée et la zone non colorée, et non au point le plus profond de pénétration de la
couleur.
Même s’il s’agit d’un dispositif facile à utiliser et ne nécessitant pas d’étalonnage,
certaines précautions doivent être respectées :
On utilise des grisoumètres de type catalytique dans les mines souterraines pour
mesurer la concentration de méthane dans l’air. Leur capteur fonctionne suivant le
principe du pont de Wheatstone, un ensemble de quatre résistances appariées,
habituellement des filaments catalytiques en spirale disposés de façon symétrique.
Normalement, deux filaments sont actifs et deux autres passifs. Les filaments actifs
sont enduits d’un catalyseur (de l’oxyde de palladium) pour provoquer l’oxydation
du gaz inflammable à une température inférieure.
Les appareils à cellules électrochimiques sont utilisés dans les mines souterraines
pour mesurer les concentrations d’oxygène et de monoxyde de carbone. Les appareils
sont de deux types : à cellule composée, réagissant seulement au changement de
concentration d’oxygène, et à cellule à pression partielle, réagissant au changement
de pression partielle de l’oxygène dans l’atmosphère et, par conséquent, au nombre
de molécules d’oxygène par unité de volume.
La cellule composée utilise une barrière à diffusion capillaire qui ralentit la diffusion
de l’oxygène, de sorte que la vitesse à laquelle celui-ci atteint l’électrode est
uniquement fonction de la teneur en oxygène de l’échantillon. Cette cellule est
insensible aux variations d’altitude (pression barométrique), de température et
d’humidité relative. Or, la présence de CO2 dans le mélange gazeux analysé a pour
effet d’accroître la vitesse de diffusion de l’oxygène et fournit une valeur erronée,
car trop élevée. Ainsi, une concentration de 1% de CO2 augmente d’au moins 0,1%
la valeur indiquée d’oxygène. Bien que minime, cette augmentation inévitable n’en
LES MINES ET LES CARRIERES 122
est pas moins importante. Il faut être conscient de cette restriction si l’on prévoit
d’utiliser l’appareil après une explosion de grisou ou dans d’autres atmosphères que
l’on sait contenir du CO2.
La fiabilité des valeurs d’oxygène fournies par les appareils à cellule à pression
partielle dépend des facteurs ci-après :
La fiabilité des détecteurs de gaz portatifs est limitée par certains facteurs :
C’est en Allemagne, dans les années soixante, que l’on a mis au point ces appareils
pour détecter une combustion spontanée et surveiller sa progression. Un appareil peut
comporter jusqu’à 20 tubes de plastique (en général du nylon ou du polyéthylène),
de 6 ou 9 mm de diamètre, raccordés à une extrémité à une batterie d’analyseurs à la
surface et, à l’autre extrémité, à des points sélectionnés du fond. Ces tubes sont
équipés de filtres, de purgeurs et de pare-flammes ; les analyseurs utilisent
habituellement l’infrarouge pour la détection du CO, du CO 2 et du méthane, et le
paramagnétisme pour la détection de l’oxygène. Une pompe aspire un échantillon
dans chaque tube simultanément, et un programmateur séquentiel dirige
successivement les échantillons de chaque tube vers les analyseurs correspondants.
Un enregistreur de données note la concentration de chaque gaz en chaque point et
déclenche automatiquement une alarme lorsque cette concentration dépasse une
valeur plafond fixée d’avance.
les résultats sont affichés en temps réel (l’appareil fournit une indication
rapide d’incendie ou d’accumulation de méthane, par exemple) ;
la distance qui sépare les têtes de détection du module de contrôle ne joue pas
de rôle ;
les défaillances des capteurs sont immédiatement signalées.
Les appareils à faisceau tubulaire ont la préférence lorsqu’on n’est pas exposé à des
changements rapides de concentrations de gaz ou que l’on ne se trouve pas en
présence d’atmosphères pauvres en oxygène, dans le cas, par exemple, d’un quartier
barré.
Les systèmes de télémesure sont indiqués pour les voies desservies par des bandes
transporteuses et les fronts de taille, où les changements rapides de concentrations de
gaz peuvent être révélateurs.
Il est important que les prélèvements soient effectués en des points stratégiques de la
mine. Un seul point de prélèvement à une certaine distance de la source de gaz ne
fournira que des données vagues ; si celles-ci ne sont pas étayées par des données
provenant d’autres points, on court le risque de surestimer ou de sous-estimer la
gravité de la situation. Par conséquent, pour détecter la naissance d’une combustion
spontanée, les points de prélèvement doivent être situés là où les échauffements sont
les plus susceptibles de se produire. La dilution du courant d’air doit être faible entre
la source d’échauffement et le détecteur. Il ne faut pas négliger non plus la possibilité
de stratification du méthane et des gaz de combustion chauds qui peut se produire
dans un pendage situé dans une zone rendue impraticable. Idéalement, les points de
prélèvement devraient être situés derrière les arrêts-barrages et dans le courant d’air
principal du circuit d’aérage. On respectera les principes ci-après lors du prélèvement
d’échantillons :
Les tubes métalliques remplis sous pression à l’aide d’une pompe peuvent conserver
des échantillons pendant une durée prolongée, mais la taille de l’échantillon est
limitée et les fuites ne sont pas rares. Les récipients de verre sont en revanche inertes
et n’ont aucun effet sur les gaz qu’ils contiennent ; toutefois, il faut tenir compte de
leur fragilité et de la difficulté d’extraire l’échantillon sans qu’il ne soit dilué.
Avant de procéder à un prélèvement, il faut rincer le récipient trois fois au moins afin
d’éliminer toute trace de l’échantillon précédent. Chaque récipient devrait porter une
étiquette indiquant la date et l’heure de l’échantillonnage, son emplacement exact, le
nom de l’opérateur et toute autre information utile.
L’interprétation des résultats d’analyse est une science difficile ; elle ne devrait être
confiée qu’à des personnes possédant une formation et une expérience appropriées.
Ces données sont vitales dans beaucoup de situations d’urgence ; elles fournissent
sur l’état de la mine souterraine les informations nécessaires pour planifier et mettre
en œuvre les mesures qui s’imposent. Il importe de déterminer en temps réel tous les
paramètres utiles de l’atmosphère d’une mine souterraine durant un échauffement,
un feu, un incendie ou une explosion, ou immédiatement après, afin que les
responsables puissent évaluer correctement la situation et son évolution et déclencher
sans délai les actions de sauvetage indispensables.
L’interprétation des résultats des analyses de gaz devrait se faire conformément aux
principes ci-après :
Pour obtenir des résultats corrects (sans air), il faut retrancher des valeurs mesurées
la part de l’air atmosphérique contenu dans l’échantillon (Mackenzie-Wood et
Strang, 1990). Cette manière de procéder permet de comparer des échantillons
provenant de milieux similaires, après élimination de l’effet de dilution causé par
l’infiltration d’air.
En effet :
Les résultats nets sont utiles pour établir une tendance lorsqu’on soupçonne une
possibilité de dilution entre le point de prélèvement et la source, lorsqu’il y a une
fuite dans le circuit d’échantillonnage ou que les sachets d’échantillons ne sont pas
étanches. Si l’on veut par exemple suivre l’évolution de la concentration de
monoxyde de carbone provoquée par un échauffement, toute dilution causée par une
augmentation du débit d’aérage pourrait être assimilée à tort à une diminution de la
concentration de monoxyde de carbone à la source. Ce n’est qu’en déterminant les
concentrations nettes (sans air) que l’on obtiendra des résultats corrects.
Des calculs similaires seront effectués s’il y a dégagement de méthane dans la zone
de prélèvement : une augmentation de la concentration de méthane aura pour effet
de diluer les autres gaz présents, et une élévation de la concentration de monoxyde
de carbone pourrait être interprétée comme une diminution.
Le monoxyde de carbone
Les explosions
L’explosion est le risque isolé le plus important dans une mine de charbon. En deux
ou trois secondes, une explosion peut tuer toutes les personnes se trouvant dans la
mine, réduire à néant les installations et le matériel et mettre un terme définitif à
l’exploitation.
Le présent article a fourni une brève synthèse des méthodes de détection des gaz dans
les mines souterraines. Les autres considérations de sécurité et de santé liées à
l’atmosphère des mines (par exemple, affections causées par les poussières, risques
d’asphyxie ou d’intoxication) sont traitées dans des articles distincts du présent
chapitre et ailleurs dans l’Encyclopédie.
Dans toute mine, les situations d’urgence sont souvent le résultat de l’absence ou de
la défaillance de systèmes destinés à prévenir ou à contrôler les circonstances
susceptibles de provoquer des incidents pouvant conduire à une catastrophe s’ils ne
sont pas maîtrisés efficacement. Une urgence est un événement imprévu capable
d’affecter la sécurité ou la santé des travailleurs ou la bonne marche des opérations,
et qui requiert une intervention rapide et appropriée afin de se rendre maître de la
situation et de limiter le plus possible les dommages.
Toute exploitation minière comporte des risques susceptibles de créer une situation
d’urgence. Dans les mines de charbon souterraines, il faut compter avec le grisou,
les poussières de charbon, les éboulements, la combustion spontanée et les engins
lourds d’abattage et de transport. Dans les mines métalliques souterraines, une
situation d’urgence peut résulter d’un éboulement (coup de terrain, chute de rocher,
effondrement de piliers, etc.), de la détonation imprévue d’explosifs et de la présence
de poussières de minerais de soufre. Quant aux mines à ciel ouvert, leurs risques sont
liés aux gros engins mobiles de forte puissance, à la détonation imprévue d’explosifs
et à la stabilité des excavations. La préparation du minerai crée également des risques
: fuites ou déversements de produits chimiques dangereux, exposition à ces produits,
défaillance des digues à stériles, etc.
Les techniques modernes d’exploitation intègrent des mesures utiles de contrôle des
risques. Néanmoins, des catastrophes minières surviennent encore de temps à autre
dans le monde, et cela en dépit du fait que plusieurs pays ont mis en œuvre des
stratégies dynamiques d’amélioration de la sécurité dans les mines.
Le présent article donne un aperçu des moyens mis en œuvre pour intervenir en cas
d’urgence et assurer dans toute la mesure du possible la poursuite de l’exploitation.
En intégrant les interventions à prévoir en cas d’urgence aux dispositions des normes
de la famille ISO 9000 sur les systèmes de management de la qualité, on disposera
d’un système bien structuré qui devrait permettre de maîtriser les situations
d’urgence d’une manière à la fois rapide, efficace et sûre.
Il sera difficile de faire valoir qu’il est indispensable de disposer d’un programme
d’intervention en cas d’urgence aussi longtemps que les risques potentiels n’auront
pas été clairement reconnus et perçus comme une menace directe, tout à fait possible
sinon probable, susceptible de se manifester dans un délai relativement court. En
raison de sa nature même, on a tendance à ne reconnaître une situation d’urgence que
lorsqu’elle est survenue ; si on la reconnaît comme telle, on hésite souvent à lui
conférer un caractère menaçant. L’absence de plans adéquats ou la présence de failles
dans les plans existants accroissent la probabilité de voir survenir un incident grave
ou une situation présentant un caractère d’urgence.
La même démarche peut être suivie pour élaborer des mesures destinées à faire face
à des situations imprévues. L’analyse méthodique des risques permet d’imaginer des
scénarios très proches de la réalité. Il s’agit ensuite de concevoir les mesures
appropriées pour chacun des scénarios retenus, mesures qui formeront la base de la
stratégie d’intervention en cas d’urgence.
Parmi les scénarios susceptibles d’être retenus, il est intéressant de noter ceux qui
sont présentés au tableau 74.5. D’autres sources, par exemple la norme
australienne (Australian Standard AS/NZS 4360 :1999 — Risk Management),
proposent une liste de risques génériques et une classification différente des risques
et de leurs conséquences; ces données constituent un plan complet d’analyse des
risques pour l’établissement d’un système d’intervention en cas d’urgence.
Une situation d’urgence qui se prolonge s’aggrave à mesure que le temps passe. Le
personnel sur place doit être préparé à réagir de façon appropriée à ce type de
situation. L’organisation chargée des secours doit être en mesure de coordonner et
de gérer une multitude d’activités afin d’intervenir de manière rapide et efficace.
L’accent devrait être mis sur un certain nombre d’éléments clés, notamment :
Pour déterminer la nature et l’ampleur des moyens qui seront nécessaires en cas
d’urgence, il est impératif de se reporter aux techniques de gestion du risque et
d’appliquer celles qui conviennent, puis d’établir les stratégies de secours à mettre
en œuvre pour maîtriser les différentes situations qui peuvent se présenter. Par
exemple, face à un risque élevé d’incendie, il faudra prévoir des installations et des
équipements adéquats de lutte contre le feu ainsi que les moyens requis pour
déployer ce matériel en fonction du profil du risque. On pourra se reporter au tableau
74.6 pour déterminer les besoins en installations, en équipements et en matériel qui
permettront de porter effectivement secours dans les situations d’urgence où il est
essentiel de disposer de services de premiers secours, de moyens d’évacuation et
d’équipement de survie ou de sauvetage.
Urgence Intervention
Premier niveau Deuxième niveau Troisième niveau
Incendie Extincteurs, bornes Appareils de protection Obturation et inertisation à
d’incendie et tuyaux respiratoire et vêtements de distance
installés près des zones à protection placés en des
Les abris-refuges
Ces abris facilitent les opérations de secours et de sauvetage au fond. Certains sont
équipés d’appareils individuels de survie et de moyens permettant au personnel de
communiquer avec la surface ; d’autres procurent un refuge pendant une période
prolongée, en attendant l’arrivée des sauveteurs.
Les communications
Le monitorage de l’atmosphère
Il est essentiel de connaître les conditions prévalant dans une mine suite à un incident
pour déterminer et mettre en œuvre les moyens voulus pour maîtriser la situation,
ainsi que pour secourir et évacuer les travailleurs restés à l’intérieur, tout en assurant
la protection des sauveteurs. Une fois que les besoins en monitorage de l’air dans la
Tout plan d’intervention en cas d’urgence bien conçu fournit un cadre à l’élaboration
d’une stratégie privilégiant une formation de caractère pratique. En effet, il permet
d’identifier de façon raisonnablement fiable les besoins susceptibles d’apparaître
dans une situation d’urgence, leur importance et leurs conséquences prévisibles pour
la mine, ainsi que les compétences nécessaires pour y faire face. Ce plan devrait
notamment comprendre :
Niveaux de formation
Premier niveau — éducation Deuxième niveau — procédures Troisième niveau — exécution
Vise à assurer que les employés Qualifications et compétences pour Qualifications et compétences
saisissent la nature des urgences exécuter les procédures définies requises pour gérer et maîtriser les
dans les mines et dans les plans d’urgence et les situations d’urgence
qu’ilsconnaissent les mesures de deuxième intervention
conséquences du plan global associées à leurs scénarios
d’action pour chaque personne, y spécifiques
compris les mesures de première
intervention
Connaissances et compétences
Connaissance des indicateurs Connaissance des indicateurs clés Connaissance des indicateurs clés
clés des incidents miniers des incidents miniers dangereux des urgences dans les mines;
dangereux connaissance détaillée des
situations imposant le
déclenchement des mesures
d’urgence
LES MINES ET LES CARRIERES 142
Conditions environnementales Aptitude à détecter, à surveiller et à Connaissance détaillée de
suite à un accident (par exemple, évaluer les conditions l’aménagement de la mine, de son
température, visibilité, présence environnementales suite à un réseau d’aérage et de ses moyens
de gaz) accident minier dangereux (par de surveillance
exemple, gaz de mine, aérage,
fumée)
Aptitude à réagir à des Aptitude à évaluer et à interpréter Aptitude à évaluer et à interpréter
changements négatifs (par les changements du système les données des systèmes
exemple, fumées, arrêt de d’aérage de la mine (par exemple, d’information de la mine (par
l’aérage) destruction des arrêts, des sas, des exemple, données de surveillance
superpositions de voies d’aérage; de l’aérage et de mesurage de
dommages aux ventilateurs l’atmosphère)
principaux)
Aptitude à transmettre Connaissance des mesures de Sensibilisation aux mesures
l’information requise après un maîtrise et d’atténuation des pouvant être utilisées pour
incident dangereux incidents (par exemple, lutte contre maîtriser et atténuer une urgence
l’incendie, recherche et sauvetage,
rétablissement de l’aérage,
premiers secours, triage et
désincarcération)
Connaissance des techniques Connaissance du rôle et des Aptitude à exécuter et à gérer des
d’intervention à mettre en œuvre responsabilités attribuées au plans et des procédures
selon les conditions ambiantes personnel de la mine en vertu du d’intervention et à effectuer des
plan d’urgence, et de la capacité simulations de situations
d’exercer les fonctions d’urgence
correspondantes
Connaissance des possibilités et Sensibilisation à l’utilisation et aux Aptitude à mettre en œuvre les
des limites des appareils, des limites des appareils, des voies et communications et les protocoles
voies et des systèmes de secours des systèmes de secours (par d’urgence, internes et externes
exemple, appareils de survie, abris-
refuges, respirateurs)
Connaissance des rôles et des Aptitude à mettre en application les Connaissance de la capacité des
responsabilités de tout le communications et les protocoles services extérieurs de sauvetage et
personnel de la mine en cas d’urgence internes de secours, et de l’accès à ces
d’urgence, y compris les services
fonctions et les responsabilités
individuelles
Possession des qualités et des Sensibilisation à l’utilisation et aux Capacité d’organiser une équipe
compétences de première limites des appareils, des voies et pour les incidents graves ou les
intervention, associées aux des systèmes de secours (par situations critiques et de lui
scénarios spécifiques d’urgence exemple, appareils de survie, abris- fournir le soutien nécessaire
(par exemple, données de base refuges, respirateurs)
concernant la lutte contre
l’incendie, les techniques de
survie, l’évacuation et le refuge)
Connaissances en matière de Capacité des services de sauvetage Connaissance de la capacité et du
sauvetage minier et d’autres et des autres services chargés des déploiement du troisième niveau
services d’urgence procédures d’urgence (par exemple, systèmes de
Tout plan d’urgence devrait être testé sur place au moins une fois par année, pour
chaque équipe. Les éléments sensibles — comme l’alimentation de secours et les
systèmes d’alarme à distance — devraient faire l’objet de vérifications spéciales plus
fréquentes.
Disposition Lacunes
Indicateurs de l’imminence Incapacité de reconnaître l’incident ou l’événement, de
d’un incident ou d’un communiquer l’information, de la consigner et de prendre les
événement dangereux mesures nécessaires
Procédures d’alerte/ Méconnaissance des procédures d’évacuation
d’évacuation
Les simulations peuvent mettre en scène des personnes appartenant à des services
différents, voire à d’autres entreprises, des organisations d’entraide et même des
services d’urgence comme la police et les sapeurs-pompiers. La participation
d’organisations extérieures peut être bénéfique pour tous ; elle fournit une excellente
occasion d’intégrer les équipes d’intervention, de rassembler les moyens et d’adapter
les capacités d’action aux principaux risques propres à certains sites.
Un examen critique systématique sera effectué dès que possible après tout audit et
simulation. Les carences mises en évidence devraient être déterminées avec le plus
de précision possible, et les procédures revues afin de les amender le cas échéant ; si
des changements ont été apportés, les résultats devraient être contrôlés.
La plupart des risques ont une dynamique ; il importe dès lors de surveiller leur
évolution pour décider en cas de besoin des ajustements à apporter au niveau des
personnes, des méthodes et des équipements. On pourra être amené à modifier l’ordre
des priorités en matière de risques ou la capacité d’intervention.
Conclusion
Les risques pour la santé dans les mines et les carrières peuvent être classés en deux
catégories : les risques liés aux aérosols et aux poussières et les risques physiques.
Dans la première catégorie, on peut ranger plusieurs types de matières particulaires
: les gaz naturellement présents dans l’atmosphère de la mine, les gaz d’échappement
des moteurs et certaines vapeurs chimiques. Quant aux risques physiques, ils
comprennent : le bruit, les vibrations, la chaleur, les variations de la pression
barométrique et les rayonnements ionisants. Tous ces risques sont présents à des
degrés divers, suivant la nature du minerai et des roches encaissantes, la profondeur
des chantiers et les méthodes d’exploitation. De plus, les mineurs qui travaillent
ensemble dans des quartiers isolés peuvent être exposés aux risques de transmission
de certaines maladies infectieuses comme la tuberculose, l’hépatite (B et E) et le
virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Le degré d’exposition des mineurs à
ces divers risques varie selon la tâche qu’ils effectuent, la proximité du risque et
l’efficacité des mesures de prévention ou de suppression mises en œuvre.
A partir de certaines doses absorbées, la silice peut provoquer une silicose, forme de
pneumoconiose qui se développe de manière insidieuse après des années
d’exposition. Une exposition exceptionnellement forte peut causer une silicose aiguë
ou accélérée en quelques mois, évoluant en quelques années vers l’insuffisance
respiratoire et la mort. L’exposition à la silice est également associée à un risque
accru de tuberculose, de cancer du poumon et de certaines maladies auto-immunes
comme la sclérodermie, le lupus érythémateux général et l’arthrite rhumatoïde. Par
ailleurs, la silice qui vient d’être fragmentée semble plus active et dangereuse que la
poussière inerte ; cela pourrait être dû à la charge de surface plus élevée des particules
fraîchement formées.
Les opérations qui produisent le plus souvent des poussières de silice respirables dans
les mines et les carrières sont la foration, le tir de mines et l’abattage de roches
contenant de la silice. La plupart des trous de mines sont réalisés à l’aide de
perforatrices pneumatiques à percussion montées sur chenilles. Ces machines
associent rotation, impact et poussée du fleuret. L’air comprimé qui actionne les
perforatrices sert également à chasser les éclats et les poussières hors du trou. En cas
de fuite d’air, de grandes quantités de poussières peuvent être soulevées et demeurer
en suspension dans l’atmosphère. Le marteau-piqueur à main est un outil d’abattage
de plus petite taille qui fonctionne suivant le même principe. Il transmet une dose
appréciable de vibrations, et l’opérateur risque de souffrir de troubles vasomoteurs ;
c’est la maladie dite du « doigt mort ». On a décelé des cas de cette affection chez
des mineurs en Inde, au Japon, au Canada et ailleurs. Le marteau-perforateur, la
perforatrice montée sur rails et le marteau-piqueur sont également utilisés sur des
Des moyens efficaces de lutte contre les poussières ont été mis au point pour ces
engins. Un brouillard d’eau parfois additionné d’un agent mouillant peut être injecté
dans l’air qui s’échappe de l’engin, ce qui favorise l’agglomération par coalescence
des particules de poussière qui, devenues plus lourdes, se déposent. Si l’on utilise
trop d’eau, un collet se forme entre le fleuret d’acier et les parois du trou foré, et il
n’est pas rare de devoir le briser pour retirer le fleuret ; en revanche, si l’on utilise
trop peu d’eau, la suppression des poussières est inefficace. Cette méthode de lutte
contre les poussières comporte toutefois des inconvénients : la vitesse d’avancement
est réduite, l’alimentation en eau peut être insuffisante, et le lubrifiant est chassé par
l’eau, ce qui entraîne une usure des pièces plus rapide.
Il existe une autre méthode pour lutter contre les poussières produites par les engins
de foration : leur adjoindre une aspiration localisée. Un courant d’air circulant en
sens inverse dans le fleuret d’acier capte une partie de la poussière, qui est évacuée
par un ventilateur. Ce dispositif offre un meilleur rendement que les systèmes qui
utilisent de l’eau : les fleurets durent plus longtemps et l’avancement est plus rapide.
Toutefois, il est plus coûteux et nécessite davantage d’entretien.
On recourt parfois à des cabines alimentées en air filtré pouvant être équipées d’un
climatiseur, ce qui est apprécié des opérateurs d’engins de perforation et de bouteurs
et des conducteurs de véhicules. Ils peuvent porter un appareil de protection
respiratoire bien adapté pour se prémunir temporairement ou lorsque les autres
moyens se révèlent peu efficaces.
On trouve souvent, dans une carrière ou à proximité, un atelier où les blocs de pierre
sont débités ou travaillés. Si l’atelier n’est pas équipé d’un système d’aspiration
localisée efficace, les tailleurs de pierre peuvent être exposés à de très fortes
concentrations de silice produites par les outils vibrants ou rotatifs.
Les poussières de charbon respirables que l’on trouve dans les mines de charbon
souterraines et à ciel ouvert, de même que dans les ateliers de préparation des
charbons, sont aussi un risque pour la santé. Les mélanges traités contiennent surtout
LES MINES ET LES CARRIERES 148
du charbon, mais on peut y trouver de la silice, de l’argile, du calcaire et d’autres
minéraux.
En général, les exploitations mécanisées produisent plus de poussières que celles qui
recourent à des méthodes manuelles ; certaines méthodes mécanisées en produisent
plus que d’autres. Le havage est une technique particulièrement poussiéreuse. Des
poussières sont également produites et mises en suspension dans l’air lors des
transferts du charbon abattu entre un véhicule et un convoyeur à bande ou un autre
engin de transport.
Une ventilation mécanique dirigeant l’air sur les mineurs avant qu’il ne frappe le
front de taille peut réduire leur exposition aux poussières. Le front peut aussi
bénéficier d’une ventilation localisée d’appoint.
Une autre méthode consiste à mettre en œuvre des jets d’eau pulvérisée positionnés
stratégiquement près de la tête d’abattage pour chasser les poussières à l’écart du
mineur, vers le front de taille. L’utilisation d’agents tensioactifs contribue elle aussi
à réduire les concentrations de poussières de charbon.
Les mineurs qui travaillent dans des mines d’amiante ou de minerai contenant de
l’amiante sont exposés à des risques sérieux. On sait que l’exposition à l’amiante a
accru le risque de mésothéliome et de cancer du poumon. Elle se traduit également
par un risque plus élevé de contracter une asbestose (autre type de pneumoconiose)
ou une affection des voies aériennes.
LES MINES ET LES CARRIERES 149
Les gaz d’échappement des moteurs diesel sont un mélange complexe de gaz, de
vapeurs et de matières particulaires. Les gaz les plus dangereux sont le monoxyde de
carbone, les oxydes d’azote et le dioxyde de soufre. Ils contiennent également de
nombreux composés organiques volatils (COV) comme les aldéhydes et les
hydrocarbures imbrûlés, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et les
HAP nitrés (N-HAP). Les HAP et les N-HAP sont également adsorbés sur les
particules de fioul. Les oxydes d’azote, le dioxyde de soufre et les aldéhydes sont
tous des irritants respiratoires aigus. Beaucoup de HAP et de N-HAP sont par ailleurs
cancérogènes.
Les particules émises par les moteurs diesel sont des particules de carbone de faible
diamètre (<1 µm) condensées à partir des gaz d’échappement et qui s’agglomèrent
souvent, dans l’air, en grappes ou en chaînes. Toutes ces particules sont respirables.
Elles se sont révélées cancérogènes chez des animaux de laboratoire, et leur présence
paraît augmenter le risque de cancer du poumon chez les travailleurs exposés à des
concentrations supérieures à environ 0,1 mg/m3. Or, les mineurs du fond sont
exposés à des concentrations sensiblement plus élevées. Le Centre international de
recherche sur le cancer (CIRC) estime que les particules émises dans les gaz
d’échappement des moteurs diesel sont probablement cancérogènes.
Dans les mines souterraines, la concentration de particules diesel dispersées peut être
abaissée par une ventilation mécanique adéquate ; une autre solution consiste à
réduire l’utilisation de moteurs diesel. Pour tous les engins, machines et véhicules à
moteur diesel, il convient de prévoir un débit minimal de ventilation pour diluer et
évacuer les gaz d’échappement. Les besoins en ventilation sont fonction de la
puissance du moteur et de l’usage auquel il est destiné. Si plus d’un moteur diesel est
utilisé dans un même circuit d’aérage, il faudra accroître le débit d’aérage.
On trouvera au tableau 74.9 une liste des gaz couramment rencontrés dans les mines.
Dans les mines de charbon, les gaz d’origine naturelle les plus importants sont
le méthane et le sulfure d’hydrogène; dans les mines d’uranium et les autres types de
mines, c’est le radon. Une déficience en oxygène peut affecter les mines de charbon
aussi bien que les mines d’uranium. Le méthane est un gaz combustible dont
l’inflammation est responsable de la plupart des explosions dans les mines de
charbon, lesquelles sont souvent suivies d’explosions plus violentes dues à
l’inflammation des poussières de charbon soulevées par le souffle de la première.
Dans toute l’histoire des charbonnages, des milliers de mineurs sont morts
principalement par suite de feux et d’incendies et d’explosions. On peut réduire le
risque d’explosion en diluant le méthane jusqu’à une concentration inférieure à sa
limite explosive inférieure et en proscrivant toute source potentielle d’inflammation
près du front de taille, là où la concentration du gaz est habituellement la plus élevée.
La schistification — pulvérisation de calcaire ou de toute autre poussière de roche
incombustible exempte de silice sur les parements, le sol et le toit des galeries —
contribue à prévenir les explosions de poussières ; il ne se produira pas d’explosion
secondaire si la poussière soulevée par l’explosion de méthane n’est pas combustible.
Tableau 74.9 Effets sur la santé des gaz dangereux dans les mines de charbon
Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle que l’on trouve entre autres dans
les mines d’uranium et les mines d’étain ; les mines de charbon n’en renferment pas.
Ce gaz est une source de rayonnements ionisants (voir plus loin).
Parmi les autres sources de risques associés à des gaz, on peut ranger les irritants
respiratoires présents dans les gaz d’échappement des moteurs diesel et dans les
LES MINES ET LES CARRIERES 151
produits dégagés par les tirs de mines. Le monoxyde de carbone se rencontre non
seulement dans l’échappement des moteurs, mais aussi dans les incendies où il peut
atteindre des concentrations létales et créer un risque d’explosion.
Des oxydes d’azote (NOx) — surtout NO et NO2 — sont émis par les moteurs diesel
et sont aussi des sous-produits des tirs de mines. Le bon fonctionnement des moteurs
diesel demande que l’air (composé de 79% d’azote et de 20% d’oxygène) soit porté
à des niveaux de températures et des pressions élevées, ce qui entraîne la formation
de NOx. Une certaine réduction de NOx est néanmoins possible si la température du
moteur est réduite et si l’on accroît la ventilation pour diluer et évacuer les gaz
d’échappement.
Les NOx sont également des sous-produits du tir de mines. Lors des tirs, les mineurs
sont évacués de la zone dangereuse. Pour éviter une trop grande exposition aux NO x,
aux poussières et aux autres produits générés par les tirs, le retour des mineurs est
retardé jusqu’à ce que le système d’aérage de la mine ait évacué une quantité
suffisante de sous-produits de l’explosion, après quoi il s’effectue par une voie
d’entrée d’air.
L’insuffisance d’oxygène peut être due à de multiples causes. L’oxygène peut être
déplacé par d’autres gaz, par exemple le méthane, ou il peut être consommé par la
combustion ou par des micro-organismes présents dans un espace non aéré.
Il existe bon nombre d’autres matières en suspension dans l’air auxquelles des
groupes particuliers de mineurs peuvent être exposés. L’exposition des vapeurs de
mercure et les risques d’intoxication qui en découlent font partie des risques encourus
par les mineurs travaillant à l’extraction de l’or, les personnes affectées au traitement
de l’or ainsi que les travailleurs des mines de mercure. L’exposition à l’arsenic et le
risque associé de cancer du poumon se rencontrent dans les mines d’or et de plomb.
Les mineurs du nickel sont exposés à ce métal et, par conséquent, au risque de cancer
du poumon et d’allergies cutanées.
Certaines matières plastiques ont trouvé une utilisation dans les mines, entre autres
les mousses d’urée-formaldéhyde et de polyuréthane qui sont produites sur place.
Elles servent à obturer les trous de forage et à améliorer la ventilation tout en
contribuant à l’ancrage du toit. Le formaldéhyde et les isocyanates, deux matières de
base de ces mousses, sont des irritants respiratoires qui peuvent provoquer une
sensibilisation allergique ; il est pratiquement impossible pour les mineurs
sensibilisés de travailler en présence de l’un ou l’autre de ces éléments. Enfin, le
formaldéhyde est un agent cancérogène pour l’humain (Groupe 1 du CIRC).
Le bruit est très répandu dans les opérations minières. L’utilisation d’engins
puissants, les tirs à l’explosif et le transport du minerai sont sources de bruit.
L’exposition au bruit des machines peut être réduite par des moyens conventionnels.
Il est possible de rendre les transmissions moins bruyantes, les échappements des
moteurs plus silencieux ; il est également possible de réduire la nuisance sonore des
machines hydrauliques. Les goulottes et cheminées peuvent être isolées ou garnies
de matériaux insonorisants. L’utilisation d’un équipement de protection de l’ouïe
combinée à des examens audiométriques périodiques est souvent nécessaire.
Les rayonnements ionisants font partie des risques de l’industrie minière. Du radon
peut être émis lorsqu’un massif rocheux est attaqué à l’explosif ; il peut aussi être
entraîné dans la mine par des voies d’eau souterraines. Le radon est un gaz, il est
donc en suspension dans l’air. Le radon et ses produits de filiation émettent des
rayonnements ionisants suffisamment puissants pour entraîner la formation de
cellules cancéreuses dans les poumons. On observe des taux de mortalité élevés dus
au cancer du poumon chez les mineurs qui travaillent à l’extraction de l’uranium ;
dans le cas des mineurs qui fument, ce taux est beaucoup plus élevé.
La chaleur est un risque dans les mines souterraines comme dans les exploitations à
ciel ouvert. Dans les mines souterraines, la principale source de chaleur est le massif
lui-même. La température de la roche augmente d’environ 1 °C par tranche de 100
m. Les autres sources de contrainte thermique sont la dépense énergétique des
travailleurs, une ventilation insuffisante, la température ambiante et le degré
d’humidité, ainsi que la chaleur générée par les machines d’exploitation,
particulièrement les moteurs diesel. Dans les mines très profondes (plus de 1 000 m),
la chaleur peut être source de problèmes critiques, la température des parois pouvant
atteindre 40 °C. Dans les mines profondes d’Afrique du Sud, des groupes de
climatisation en service au fond améliorent sensiblement le confort des mineurs et
rendent leur travail moins pénible. Dans les mines à ciel ouvert, ce sont l’activité
physique, la proximité de moteurs chauds, la température de l’air, l’humidité et
l’exposition aux rayons du soleil qui sont les principales sources de chaleur.
Pour réduire la contrainte thermique des travailleurs dans ces mines, on peut refroidir
les machines dont la température de fonctionnement est élevée, alléger l’activité
physique, assurer un approvisionnement suffisant en eau potable, un travail à l’abri
du soleil et une ventilation adéquate. Pour ce qui est des engins mécanisés,
l’installation d’une cabine climatisée serait la bienvenue.
De nombreuses mines sont à haute altitude (parfois à plus de 4 600 m) et ceux qui y
sont employés peuvent souffrir du mal des montagnes. Leur état de santé peut
s’aggraver s’ils doivent faire la navette entre un chantier situé à haute altitude et un
endroit moins élevé où la pression atmosphérique est plus proche de la valeur
normale.
LES MINES ET LES CARRIERES 153
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