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Master 1/ GSTC 414 Cours de Pétrologie Année 2022

GSTC 4143 : NOTIONS DE BASE DE LA GEOCHIMIE Dr A. NDIAYE

Chapitre 2 : Eléments chimiques et composition chimique de la Terre


Introduction
Le premier objectif de la géochimie est de déterminer la composition chimique élémentaire
de la Terre et de ses grandes enveloppes, externes (hydrosphère, atmosphère, biosphère) et
notamment internes (croûtes, manteau, noyau) séparées par des discontinuités majeures (de
Mohorovicic et de Gutenberg, le noyau est séparé par la discontinuité de Lehman en
noyau externe et interne, figure 1). L’approche se limitera à la Terre solide, La composition
des enveloppes externes fluides et biologiques sera détaillée dans les prochains chapitres.
La composition chimique de la terre a été déterminée par des analyses directes pour les
enveloppes superficielles et des analyses indirectes pour les parties profondes par
comparaison avec la composition de certaines météorites
I. Les météorites
Les météorites – appelées erronément « étoiles filantes » dans le language courant – sont
des roches extraterrestres qui circulent dans le système solaire et sont éventuellement
captées par l’attraction terrestre. Il existe une grande variété de météorites parmi lesquelles
on distingue trois grandes classes : les chondrites, les achondrites et les météorites
métalliques.
1. Les chondrites
Elles sont formées par une agglomération de de chondrules (petites sphères remplies par
un ou deux minéraux ou par du verre). Les chondrites ont une composition minéralogique
complexe. On y distingue en moyenne très schématiquement environ 80% de silicates
(40% d’olivine, 30% de clinopyroxène, 10% de plagioclase), 14% de métal (alliage Fe-Ni),
environ 6% de sulfure.
2. Les achondrites
Elles sont, comme leur nom l’indique, dépourvues de chondrules. Elles présentent les
mêmes structures que certaines roches magmatiques terrestres et doivent donc avoir
cristallisé à partir de liquides silicatés à haute température.

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3. Les météorites métalliques
Elles sont constituées d’un alliage de nickel (Ni variant entre 4 et 20%) et fer (Fe) avec un
peu de troïlite. L’examen au microscope montre que des lamelles de kamacite (alliage
pauvre en Ni) sont disposées dans la taenite (alliage riche en Ni) selon des plans
cristallographiques bien définis.
II. Propriétés des enveloppes internes de la terre
La structure interne de la terre a été déterminée par des méthodes géophysiques basées sur
les ondes sismiques. Leur vitesse de propagation dans la terre dépend du milieu qu’elles
traversent. Une brusque variation de vitesse correspond donc à un changement des
propriétés du milieu. Ce changement peut être de nature physique (densité, liquide/solide)
ou de nature chimique (changement de composition). La vitesse de propagation des ondes
sismiques :
- ralentit si le milieu est moins dense ou liquide (atomes plus indépendants les uns de
autres) ;
- augmente si le milieu est plus dense ou solide ((atomes reliés entre eux).
TD / Exercice 1 : détermination de la densité des enveloppes internes de la terre.

Figure 1 : Structure interne de la terre


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III. Composition chimique de la terre
1. Les éléments chimiques
Un atome représente la subdivision la plus petite de la matière qui conserve les
caractéristiques de l'élément chimique. Il est composé d’un noyau atomique, lui-même
constitué de: protons (de charge positive) et de neutrons (de charge nulle) et concentrant
pratiquement toute la masse de l'atome et des électrons (de charge négative) qui gravitent
autour du noyau.
Un élément chimique est l'ensemble des atomes qui présentent le même nombre de protons
dans leur noyau. Le symbole d’un élément chimique est :
- A est le nombre de masse = nombre de nucléons = nombre de protons + nombre de
neutrons, il détermine la masse atomique de l’élément chimique ;
- Z est le nombre de protons = nombre d’électrons = nombre atomique =.numéro
atomique, il détermine la configuration électronique des atomes correspondants, et
donc leurs propriétés physicochimiques.
Dans le cas d’un atome neutre, chaque élément possède le même nombre de protons et le
même nombre d’électrons.
TD / Exercice 2 : Etude de quelques éléments chimiques

2. Classification des éléments chimiques


Dans le processus de condensation à l’origine des minéraux constitutifs des météorites,
comment se sont répartis disent les géochimistes, les différents éléments constituant «
l’abondance cosmique » ? En se basant sur le tableau périodique (Tableau 1) de
Mendeleïev D. I., (1834-1907), Goldschmidt V.M. (1888-1947), un des fondateurs de la
géochimie, a eu l’idée de répondre à cette question en analysant les trois grands types de
minéraux existant dans les chondrites (météorites) : les silicates, le sulfure et le métal. Il a
classé les éléments en fonction de leur affinité (le suffixe – phile signifiant « qui aime »)
pour ces trois types de phases : en éléments sidérophiles (sideros = fer), chalcophiles
(chalcos = cuivre) et lithophiles (lithos = pierre), auxquels s’ajoutent les éléments
atmophiles (atmos = air) (Tableau 2).

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Tableau 1 : Classification des éléments chimiques d’après Mendeleïev

Tableau 2 : Classification des éléments chimiques d’après Goldschmidt

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Remarque : il est intéressant de noter que la position des éléments dans ce tableau n’est pas
quelconque. Les lithophiles se distribuent entre les deux extrémités du tableau, les
sidérophiles sont dans les éléments de transition, les chalcophiles au centre droit, les
atmophiles en haut et les gaz rares dans la dernière colonne.

- les éléments lithophiles sont ceux qui forment les silicates. On notera que les Terres
Rares (éléments de Z = 51 à 71, de lanthane (La) à lutétium (Lu), le zirconium (Zr),
l’uranium (U) et le thorium (Th) appartiennent à cette catégorie ;
- les sidérophiles comprennent outre le Fe et le Ni, l’or (Au) et les platinoïdes (Ru,
Rh, Pd, Os, It, Pt) ;
- les chalcophiles sont ceux que l’on trouve généralement dans la nature sous forme
de sulfures (ZnS = blende, PbS = galène ; CuFeS2 = chalcopyrite ; MoS2 =
molybdénite ; etc.) ;
- les atmophiles ont plus d’affinité avec les fluides donc importants dans l’atmosphère
et l’hydrosphère, ils sont à la première (H) et à la deuxième ligne (C, N), Les gaz
rares appartiennent à cette catégorie (He, Ne, Ar, Kr, Xe, Rn).

La classification de Goldschmidt, bien qu’ayant été revue, affinée, complétée par d’autres
géochimistes reste utile pour appréhender la géodynamique chimique interne globale.

3. Composition chimique des enveloppes terrestres


La méthode directe concerne les matériaux de la croûte terrestre (constituée pour l’essentiel
de roches magmatiques) et du manteau supérieur directement accessibles et observables.
Elle est basée sur l’échantillonnage de ces roches grâce à des robots, des sous-marins, des
carottages, des remontées volcaniques (jusqu’à 300km de profondeur). Pour le reste, des
méthodes indirectes ont été utilisées. La composition chimique du noyau est déterminée à
partir de l’analyse de météorites de type chondrites
3.1. La croûte continentale
Elle est essentiellement constituée de granitoïdes. Ces roches comportent des minéraux
riches en silice (SiO2) : le quartz (Si, O), les feldspaths (silicates riches en AL, Ca, K, Na

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et Si et O sont faibles) et les micas (silicates riches en Al et K). En résumé La croûte
continentale a une composition de type « SIAL (Silicium-Magnésium) ».
3.2. La croûte océanique
Elle est essentiellement constituée de basaltes et gabbros. Ces roches comprennent : les
feldspaths, les pyroxènes et les olivines (silicates riches en Fe et Mg), les amphiboles
(silicates riches en Fe et Mg, hydratés) En résumé La croûte océanique a une composition
de type « SIMA (Silicium-Magnésium) ».
3.3. Le manteau supérieur
Il est essentiellement constitué de péridotites. Ces roches sont constituées essentiellement
de pyroxènes et d’olivines. La composition chimique du manteau profond est la même que
celle du manteau supérieur.
3.4. Le noyau
La comparaison de la composition chimique du manteau plus de la croûte à celle d’une
chondrite, permet de déduire par soustraction celle du noyau. On trouve : O = 1% ; Si =
1% ; Fe = 92%, Ni = 6.2% ; S = 1.7%. Les autres éléments ont une concentration inférieure
ou égale à 0.1%. Le noyau est essentiellement constitué de fer. C’est un alliage de fer et de
nickel. En résumé le noyau a une composition de type « NIFE (Nickel-Fer) ».

TD / Exercice 3 : détermination de la composition chimique des enveloppes internes


de la terre.

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