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Université Mohammed V de Rabat
Institut Scientifique
LES GEOMATERIAUX DE LA
REGION DE RABAT-SALE-KENITRA
Auteur :
Iz-Eddine EL AMRANI EL HASSANI
Professeur de Géologie (Pétrologie-Minéralogie) à l’Institut Scientifique –
Rabat (Université Mohammed V)
--------------------------------------------------------------------------------------------
Document de l’Institut Scientifique N° 34- 2021
Imprimerie Adams Graphic
Dépôt légal : 2021MO0000
ISBN : 978-9954-0000-0-0
ISSN : 0257-4249
Table des matières
Présentation de l’Ouvrage 5
I- Généralités sur la Région de Rabat-Salé-Kénitra 9
I-1 La région en chiffres 9
I-2 Aperçu sur la géologie de la Région 12
II- Définitions et classifications des géomatériaux 17
II-1 Définitions et classifications 17
II-2 Nature et répartition des géoressources dans la Région de RSK 20
III- Les matériaux de Construction 25
III-1 les sables 25
III-2 le tout-venant 28
III-3 Le gravier 31
III-4 les argiles 36
III-5 Les marnes 39
III-6 Les pierres à bâtir 44
IV- Les roches ornementales 55
IV-1 Définitions et généralités 55
IV-2 Les roches ornementales au Maroc 57
IV-3 Le marbre 59
IV-4 Le granite 67
IV-5 La calcarénite 72
IV-6 Les schistes 76
IV-7 Le travertin 78
IV-8 Les quartzites 81
IV-9 Les galets 83
V Les roches et minéraux industriels 89
V-1 Définitions et généralités 89
V-2 Les roches et minéraux industriels au Maroc 90
V-3 L’andalousite 92
V-4 L’argile kaolinique 95
V-5 Le calcaire à chaux 97
V-6 Le sel gemme et la potasse 102
V-7 Le gypse 108
V-8 La fluorine 112
V-9 Le quartz 115
V-10 La barytine 119
V-11 La calcite 120
V-12- La diatomite 121
V-13 L’orthose 122
V-14 La muscovite 123
V-15 La tourmaline 124
V-16 L’ocre 126
VI- Exploitation des géomatériaux et environnement 131
VI-1 Problématique 131
VI-2 Types d’impact 132
VI-3 Etat des carrières e la Région de RSK 133
VI-4 Lois sur les mines, les carrières et l’environnement 136
VI-5 Les schéma régionaux de gestion des carrières 138
VI- 6 Gestion et réhabilitation des carrières 139
VI-7 Notion de développement durable 141
VI-8 Les Bonnes pratiques 143
Conclusion et recommandation 147
Glossaire 153
Références bibliographiques 169
Présentation de l’ouvrage
5
géomatériaux, en les rendant accessibles à une plus large catégorie
d’utilisateurs : étudiants en géologie appliquée et en sciences des matériaux ;
ingénieurs et techniciens des Bureaux d’Etudes ; personnel des services
techniques chargés de l’aménagement du territoire et de la gestion des
carrières ; investisseurs dans le domaine de l’exploitation des géomatériaux
et ; le grand-public.
Le présent document se compose de six parties : la première partie
présente la Région de RSK et donne un aperçu sur sa géologie. La seconde
partie rappelle la définition et la classification précises des géoressources et
des géomatériaux puis énumère les principaux géoressources de la Région
tout en indiquant leur répartition géographique. Les parties III, IV et V traitent
successivement les trois catégories de géomatériaux existant dans la Région :
les matériaux de construction (MC) ; les roches ornementales (RO) et ; les
roches et minéraux industries (RMI). La sixième partie aborde la question
délicate de l’impact de l’exploitation des carrières sur l’environnement en
commençant par présenter l’état des lieux des carrières en activité et celles
qui sont abandonnées de la Région de RSK, puis rappeler la règlementation
minière marocaine, ainsi que d’autres notions essentielles sur le sujet, tels
que : le projet des schémas régionaux de gestion des carrières ; le principe de
réhabilitation des carrières ; le concept de développement durable et ; les
bonnes pratiques.
Le document s’achève par une conclusion qui met en valeur l’énorme
potentialité de la Région en géomatériaux, suivie par des recommandations
pratiques permettant d’aller vers une exploitation rationnelle et économe des
géomatériaux de la Région dans le but d’un développement durable et dans le
respect de l’environnement.
Le lecteur profane trouvera à la fin du document un glossaire des termes
scientifiques et techniques utilisés dans le texte ainsi qu’une sélection de
références bibliographiques lui permettant d’avoir de plus amples
informations sur la géologie et les géomatériaux de la Région de Rabat-Salé-
Kénitra.
6
I- GENERALITES SUR LA REGION DE
RABAT-SALE-KENITRA
I- GENERALITES SUR LA REGION DE RABAT-SALE-
KENITRA
9
Tableau I. Superficie et nombre d’habitant par Préfecture et Province de la Région
10
Le transport public a été renforcé, à partir de 2011, par le Tramway de
Rabat-Salé (Fig.2).
Le secteur de la banque, de la téléphonie, de l’assurance, etc. sont autant
de secteurs de prestation de services, très bien représentés à l’échelle de la
Région par des entreprises, pour la plupart nationales et privées (Fig. 2).
11
I-2 Aperçu sur la géologie de la Région
La Région de RSK se distingue, à l’instar de l’ensemble du Maroc, par une
longue et riche histoire géologique qui est à l’origine d’une très grande
diversité pétrographique et structurale (Fig. 3). Ses terrains appartiennent au
domaine de la Meseta occidentale et se composent d’un socle paléozoïque
(Primaire) surmonté par une couverture de terrains d’âges plus récents
(Secondaire et Tertiaires).
12
hercynienne La couverture d’âge post-paléozoïque de forme plutôt tabulaire,
montre une succession de terrains de nature essentiellement sédimentaire
marine (calcaire, argile, marnes, etc.), localement entrecoupés par des roches
volcaniques d’âge triasique (basalte et dolérite).
13
Planche I : Diversité de faciès pétrographiques et style tectonique
terrains de la Région de Rabat-Salé-Kénitra
14
II- DEFINITIONS ET CLASSIFICATIONS
DES GEOMATERIAUX
II- DEFINITIONS ET CLASSIFICATIONS DES
GEOMATERIAUX
17
Tableau II. Classification des géoressources selon leur nature et leurs domaines
d’utilisation
Matériaux trouvés dans des gisements à l’état pur (ex. : or, argent,
3- Substances cuivre, …) ou sous forme de minerais (ex. galène, blende, cassitérite,
métalliques (SM) …) pouvant, après traitement métallurgique, fournir des métaux purs
(ex. plomb, zinc, étain, …).
18
Tableau III. Classification des géomatériaux sur la base de leur nature et leurs
domaines d’utilisation
Les RMI peuvent être subdivisés en dix catégories sur la base de leurs
propriétés intrinsèques qui définissent leurs domaines d’utilisations
industrielles (Tableau IV).
19
II-2 Nature et répartition des géoressources dans la Région
de RSK
Grâce à sa géologie très diversifiée, la Région de Rabat-Salé-Kénitra
renferme pratiquement toutes les catégories et espèces de substances
minérales utiles avec, toutefois, des variations importantes de leurs
abondances relatives.
L’extrait de la carte géologique du Maroc au 1/1.000.000 (Fig. 6) montre
que le sol de la Région de RSK se compose, au niveau des provinces du nord
(Kénitra, Sidi Kacem et Sidi Slimane) de terrains récents de type
sédimentaire-alluvionnaire, tandis que celui des préfectures et provinces du
sud (Rabat, Salé, Khémisset et Skhirat-Témara) est en grande partie composé
de terrains anciens appartenant au socle ancien d’âge primaire.
Limite administrative de la
Région de Rabat-Salé-Kénitra Ksar l Kébir
My Bou Selham
Souk Larbaa
Had Kourt
M. Belksiri
Jorf El Melha
Rabat Salé
Skhirate Khémisset
T iddas
Rommani
Azrou
Oulmès
Ezzhiliga
20
Matériaux de construction (blocs)
M Marbre et roches marbrières
Gravier et gravette de concassage
Argile pour tuilerie et briqueterie
Gravière
Sablière
Symbole plein : carrière en activité ;
vide : carrière abandonnée
Légende
21
L’analyse géologique globale montre que les principales carrières
d’exploitation des géomatériaux de la région de RSK sont ouvertes dans huit
types de faciès pétrographiques suivants (Tableau V) :
A noter que le présent document sera consacré à l’étude des trois catégories
de géomatériaux (GM) (matériaux de construction : MC ; roches
ornementales : RO et roches et minéraux industriels : RMI). Les autres
géoressources (substances métalliques : SM ; substances énergétiques : SE)
et substances hydriques : SH) feront l’objet d’un prochain document.
22
III- LES MATÉRIAUX DE
CONSTRUCTION
III- LES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION
A B
Figure 9. Aspect macroscopique d’un sable siliceux (A) et vue à la binoculaire d’un
sable de plage (B)
25
de sable pour la construction est estimée à 15 milliards de tonnes/an, ce qui
représente un volume d’échanges internationaux de 70 milliards de dollars/an.
A titre d’exemple, la construction de 1 km de route demande 30.000 tonnes
de sable. L’édification d’une maison individuelle en consomme 200 tonnes.
En maçonnerie, le sable constitue un matériau de construction incontournable
pour la préparation du mortier, du béton, et des briques en ciment Portland.
Méhdia
Kénitra
26
Au niveau de la Région de RSK, comme dans la majorité des régions
côtières, l’essentiel du sable demandé par le BTP est extrait des plages.
L’exploitation massive des sables de la zone littorale, située entre Mehdia et
Moulay Bouselham (Fig. 10), a eu des conséquences écologiques néfastes :
défiguration du paysage, perturbations des lignes de rivages et salinisation
des nappes phréatiques.
La sensibilité aux questions environnementales a fait que des programmes
ont été lancés dès le début des années 80 pour trouver des solutions
alternatives aux sables de plages. Les possibilités envisagées furent : 1/ le
sable de concassage et 2/ le sable de dragage.
1/ Les essais d’obtention du sable par concassage à partir de la calcarénite
des cordons dunaires plioquaternaires n’ont pas été concluants sur le plan
économique ; le coût énergétique de l’opération de concassage s’avéra trop
élevé.
2/ Les sables obtenus par dragage de l’embouchure de l’Oued Bouregreg
(Fig. 11) et du large de Mehdia (plus de 1,3 Millions de m3 entre 2004 et
2009) ont pu soulager la demande sur les sables de plages, mais cela a eu des
effets écologiques néfastes : érosion des dunes, dégradation de la biodiversité,
etc.
A B
27
III-2 Le tout-venant
III-2-1 Définitions et généralités
Le tout-venant est un matériau meuble (granulaire) de composition très
variable. Il correspond généralement au produit brut d’extraction d’une
carrière qui se compose d’un mélange d’argiles, de sables et de gravier à
granulométrie hétérogène (Fig. 12).
28
Figure13. Coupe schématique d’une chaussée montrant le niveau
d’utilisation du tout-venant
III-2-2 Utilisation en pisé
Le tout-venant constitue un composant principal de la construction en pisé.
Actuellement, on assiste à un retour vers ce type de construction qui s’avère
écologique ; les murs épais en pisé ont une grande capacité à absorber
l’humidité en périodes de froid et la restituer en période de grande chaleur,
assurant ainsi un confort thermique à l’intérieur des maisons sans faire appel
à la climatisation.
Rappelant que le pisé est une technique de construction qui fut pratiquée
au Maroc depuis des millénaires. Les ksours, kasbahs et habitations du sud
marocain (Fig. 14) ainsi que les remparts des villes impériales (Fès, Rabat,
Marrakech et Meknès) sont construits principalement en pisé et en pierres
locales.
29
Pour les villes de Rabat-Salé-Kénitra, le tout-venant est toujours demandé
pour les opérations de restauration des dizaines de kilomètres de remparts
Almohades, Andalous et Alaouites (Fig. 15) qui entourent les anciennes
médinas et les sites historiques (Tour Hassan, Forteresse de Chellah, Kasbah
des Oudayas, Kasbah de Mehdia, etc.).
30
1 Installation du coffrage 2 Damage
III-3 Le gravier
III-3-1 Définitions et généralités
Le gravier est un matériau granulaire dont la taille du grain est comprise
entre 4 et 30 mm. Dans le jargon du BTP on parle de « Gravette » lorsque le
grain varie de 10 à 30 mm et de « grain-de-riz » lorsque le grain est compris
entre 3 et 10 mm (Fig. 17).
31
Le grain-de-riz est utilisé pour les bétons destinés à des parois fines afin
de conférer au mélange une bonne continuité et compacité. Il est également
employé en mélange avec le bitume pour la couche supérieure des chaussées
(couche de roulement, voir Fig. 13).
Le gravier est produit par concassage des galets des lits des rivières ou des
blocs de roches massives extraites des carrières (Fig. 18).
L’exploitation massive des granulats des lits de rivières ont des effets
néfastes sur la circulation des eaux de surface et sur les écosystèmes
fluviatiles. Par ailleurs, l’opération d’extraction des roches massives et de
concassage-criblage engendre des nuisances sonores et une pollution
atmosphérique (Fig. 19).
32
Le gravier, le sable et le ciment portland sont les trois éléments de base
pour la préparation du béton qui sert de matériau fondamental pour la
construction (bâtiments, ponts, barrages, etc.). La préparation et la mise en
œuvre traditionnelles du béton correspondent à des opérations longues et
fastidieuses. En effet, l’homogénéisation manuelle des ingrédients du béton
(ciment + sable + gravier) ainsi que le soulèvement du béton pour le couler
aux toits des constructions sur plusieurs étages demandent beaucoup d’effort
musculaire et un temps très long. Actuellement, des entreprises spécialisées,
mettent sur le marché différents types de bétons prêts à l’emploi (BPE) ainsi
que des pièces en béton préfabriquées (poutrelles, cloisons, etc.) de bonne
qualité (dosage précis, malaxage parfait, meilleure adaptation à l’usage, etc.)
et d’une plus grande facilité de manutention (Fig. 20).
Figure 20. Opération de coulage de béton prêt à l’emploi fourni par des
camions malaxeurs
33
✓ Le tramway de Rabat-Salé
✓ Plage des nations (Beach Resort)
✓ Aménagement de la corniche de Rabat
✓ Atlantic Free Zone (zone franche de Kénitra)
✓ Aautoroute de contournement de Rabat
✓ Arribat center
✓ …
La réalisation de ces infrastructures implique une forte demande sur les
matériaux de construction, en particulier le sable et le gravier pour la
préparation du béton.
34
Planche II. Divers projets de construction développés dans la Région de Rabat-
Salé-Kénitra
Tramway de Rabat-Salé
35
III-4 Les argiles
III-4.1 Définitions et généralités
L’argile correspond à une roche sédimentaire souvent meuble, à grain très
fin (< 2 µm) et de teinte très variable (Fig. 21). Une fois imbibée d’eau,
l’argile donne une pâte plastique pouvant être façonnée et transformée en
céramique par cuisson à haute température (à partir de 900 °C). L’argile se
compose d’une grande proportion de minéraux argileux à structure en
feuillets (kaolinite, illite, smectite, etc.) et une faible quantité de minéraux
divers (quartz, feldspath, calcite, etc.) considérés comme étant des impuretés.
Les espaces inter-foliaires des minéraux argileux peuvent piéger de l’eau et
des ions (Ca2+, Mg2+, …), ce qui explique le gonflement des argiles par
hydratation et leur contraction par séchage.
A B
Figure 21. Argile rouge en mottes (A) et argile rouge dessiquée (B)
Les minéraux argileux sont de dimensions nanométriques (1 nm = 10-9 m).
Aussi ne peuvent-ils être observés qu’à l’aide d’un microscope électronique
à balayage (MEB). Plusieurs minéraux argileux sont connus dans la nature
(kaolinite, illite, smectite, ...) et se différencient par la structure et l’épaisseur
de leur feuillets (Fig. 22).
36
La diffraction des rayon X (DRX), technique d’analyse physico-chimique
développée au début du XXe, reste le moyen le plus simple et efficace pour
détecter et identifier la nature des minéraux argileux (Fig. 23). Selon la nature
et l’abondance de leurs minéraux argileux constitutifs on peut distinguer des
argiles kaoliniques, illitiques, smectiques, etc.
Les argiles sont abondantes dans la nature et sont largement utilisées dans
notre vie quotidienne. Elles furent utilisées par les anciennes civilisations
(égyptienne, punique, romaine, etc.) dans divers domaines (soins, hygiène,
poterie, etc.). Actuellement, elles entrent dans l’industrie de la céramique, le
ciment, le papier, les nanocomposites, la médecine, la cosmétique, etc.
37
Parmi les argiles rouges on distingue :
A- Les argiles d’âge quaternaire qui constituent des dépôts superficiels,
d’épaisseur réduite et qui servent de terrains cultivables. Ces argiles d’origine
alluvionnaires sont souvent riches en cailloutis et sont utilisées surtout comme
tout-venant.
B- Les argiles d’âge triasique qui sont les plus abondantes et qui
constituent des couches d’épaisseur pluri-métriques, riches en intercalations
de basaltes et d’évaporites. Ce type d’argile se trouve au niveau des bassins
sédimentaires de Rommani et Khémisset (Fig. 24).
Argile rouge
Figure 25. Briques creuses et tuiles courbes fabriquées à partir des argiles rouges
38
III-5 Les marnes
III-5.1 Définitions et généralités
Les marnes sont des roches sédimentaires d’origine marine, de couleur
jaune à grise, à grain très fin et d’aspect terreux (Fig. 26). Elles sont
constituées d’un mélange de calcaire (CaCO3) et d'argile dans des proportions
variant de 35 à 65 %. Avec 5 à 35 % d’argile, elles correspondent à des
marnes argileuses et entre 65 et 95 % d’argile, elles constituent des argiles
marneuses.
Fossile
Les marnes sont des matériaux à grains très fins dont l’analyses par DRX
montrent leur richesse en smectite, qui est une variété d’argile fortement
absorbante. Une telle composition explique le caractère à la fois gonflant et
glissant des terrains marneux. Sur le plan géochimique, elles ont une
composition à dominance carbonatée (CaCO3), avec des teneurs modérées en
silice (25 à 45 %) et élevées en calcium (14 à 16 %). Les autres éléments, tels
que l’aluminium, le fer, le magnésium et les alcalins (Na + K) s’avèrent très
variables.
Les marnes constituent des dépôts de bassin sédimentaires et sont souvent
riches en fossiles macro et microscopiques (lamellibranches, gastéropodes,
foraminifères, etc.). Outre les minéraux argileux, les marnes renferment en
faible quantité des minéraux divers, considérés comme étant des impuretés,
tels que la calcite, le quartz et des coquilles calcaires de foraminifères ;
organismes qui confirment l’origine marine des marnes.
39
III-5.2 Les marnes de la Région de RSK
D’énormes dépôts de marnes existent dans la Région de RSK. Ces marnes
affleurent le long des vallées taillées par les fleuves de la région. Elles
constituent les produits de remplissage du grand bassin sédimentaire d’âge
miocène (-23 à -5 Ma) qui s’étend de l’est vers l’ouest sur quelques centaines
de kilomètres, depuis la côte atlantique (niveau de Rabat-Salé).
De nombreuses carrières de marnes existent dans la région de Raba-Salé,
au niveau des localités d’Akrech et d’El Oulja (Fig. 27). Ces carrières
fournissaient l’essentielle de matière première pour les briquetiers et les
potiers de la région. Ces carrières qui se trouvent actuellement en plein centre
urbain ont été interdite à l’exploitation. Aussi, les potiers et briquetiers sont
amenés à exploiter les carrières de marnes situées de plus en plus loin (Larbaa
Shoul, Tiflet, Khémisset, etc.).
Carrières de
marnes de Salé
Salé (Oulja)
Rabat
Carrières de
marnes de Rabat
(Akrech)
40
Argile rouge
quaternaire
Marne jaune
Marne grise
Marne rosée
DRX EG
Ct RS6
DRX N
800
600
Qz
Intensité
400
Sm
Cl
Il
Qz Do Qz
200 Ka Ms Do
Il Ka
0
5 10 15 20 25 30 35 40
2 θ CuKα
41
Tableau VI. Composition chimique en éléments majeurs de deux variétés de marnes
de la région d’Akrech
Ech. SiO2 Al2O3 Fe2O3 MgO CaO Na2O K2O PF Total
MRS-1 26,90 5,33 1,32 1,28 15,90 1,46 0,44 27,00 80,81
MRS-2 43,70 12,90 2,56 3,37 14,00 0,85 1,25 20,20 99,86
Les potiers des deux villes riveraines de Rabat et Salé arrivent, par leur
expérience et leur savoir-faire, à distinguer entre les différents faciès de
marnes et utilisent chaque variété ou combinaison de variétés pour la
fabrication de catégories bien déterminées de poterie : Tajines, pots, assiettes,
vases, tuiles, objets de décoration, etc. (Planche III).
42
Le Tagine "Slaoui" constitue le produit phare et l’objet emblématique de
la poterie de Rabat-Salé . On y trouve le tagine classique de forme typique et
des tagines plus modernes avec des formes et décors originaux (Fig. 30).
Tajine classique
Tajine décoré
Figure 30. Tajines classiques et décorés de Rabat-Salé
Figure 31. Vue panoramique des carrières d’extraction d’argile réfractaire de Chellah
43
III-6 Les pierres à bâtir
III-6.1 Définitions et généralités
Les pierres à bâtir correspondent aux roches massives, utilisées après un
simple débitage et équarrissage en petits blocs assez réguliers (moellons) dans
les parties cachées ou apparentes de la construction. Deux techniques de
construction en pierres sont connues et pratiquées depuis des millénaires
(Fig. 32A et B) :
1/ La construction en pierres sèches qui consiste à édifier le mur par
empilement ordonné des blocs de roche, parfois de natures très différentes et
de formes très irrégulières.
2/ La construction en pierres cimentées qui consiste à utiliser un joint
de mortier entre les différents blocs afin de renforcer la structure du mur et en
même temps assurer son étanchéité.
A B
44
Brise-lame en pierres naturelles Enrochement des bords de routes des
(Embouchure de l’Oued Bouregreg) régions à relief accidenté
Figure 33. Usages des grands blocs de pierres naturelles en bâtiment et travaux
publiques (BTP)
Calcarénite de
Rabat-Salé
Calcaire dolomitisé
de l’O. Akrech
45
Puis, c’est la grande dynastie marocaine des Almohades qui a intensément
exploité les pierres des environs de Rabat-Salé pour la construction de leurs
grandioses monuments historiques : la grande mosquée Hassan (Fig. 35), la
Kasbah des Oudayas, les remparts et portails de Bab Rouah, Bab Laalou, Bab
L’Mrissa, etc.
Calcarénite de
Rabat-Salé
Calcarénite de
Rabat-Salé
Calcaire dolomitisé de
l’Oued Akrech
46
A travers le temps et jusqu’à présent, les pierres locales de Rabat-Salé,
notamment la calcarénite, le calcaire dolomitisé, la quartzite et le basalte,
continuent à être utilisées comme matériaux de construction de choix en BTP
(Planche IV).
Pavées de calcaire
rosé de l’O. Akrech
47
Tableau VII. Propriétés physico-mécaniques de la calcarénite de Rabat-Salé et du
calcaire de l’O. Akrech
Figure 36. Anciens murs des villes de Rabat et Salé montrant leur édification en
moellons de pierre de Rabat-Salé (calcarénite plioquaternaire)
48
Figure 37. Carte d’affleurement des cordons dunaires de calcarénite
plioquaternaire entre Rabat et Mehdia (A) et front de taille d’une
carrière d’extraction de cette calcarénite à Sidi Bouknadel (B)
L’appellation de "Pierre de Salé" remonta vraisemblablement à l’époque
des Almohades durant laquelle les grands blocs de pierres, utilisés pour la
construction de leur grandioses monuments (Tour Hassan et portails
monumentales de Bab Erouah, Bab El Had, etc.) provenaient des carrières
situées entre Salé et Sidi Bouknadel et dont les traces subsistent jusqu’à nos
jours. Les blocs de pierres de Salé, utilisés pour la construction, sont de forme
parallélépipédique et de dimensions légèrement variables autour de 130 x 100
x 40 cm. De tels blocs, d’environ 0,5 m3 et dont le poids avoisine la tonne,
seraient transportés depuis la carrière (Salé) jusqu’aux chantiers de
construction (Rabat) sur des charrues puis sur des radeaux pour traverser
l’Oued Bouregreg. Cela laisse imaginer l’effort musculaire considérable qui
fut déployé pour l’extraction et le transport de la masse considérable des
pierres ayant servi à l’édification des différents monuments historiques de la
ville de Rabat.
A noter, par ailleurs, que jadis, les murs et minarets et des mosquées étaient
construits entièrement en calcarénite massive, comme c’est le cas de la
Mosquée Moulay El Mekki de Rabat (Fig. 38 A). Alors que les mosquées
plus récentes sont édifiées en briques et béton, puis elles sont recouvertes par
des plaques de calcarénite d’épaisseur variable entre 5 et 10 cm (Fig. 38 B).
49
A
50
l’inconvénient lié à la difficulté de son démantèlement pour l’aménagement
des garages et parkings souterrains (Fig. 39).
51
IV- LES ROCHES ORNEMENTALES
IV- LES ROCHES ORNEMENTALES
Groupe Caractéristiques
Pierre Roche de nature diverse (calcaire, grès, schiste, ...)
pouvant être utilisées dans les parties visibles des
constructions.
Marbre Roche calcaire, relativement tendre, d’aspect massif et
pouvant tenir un bon poli ou autres types de traitements
de surface (ex. polissage, bouchardage, flammage, etc.).
Granit Roche massive, de nature siliceuse et donc très dure (ex.
(sans e) granite, basalte, gabbro, …) dont le sillage demande des
matériaux de coupes à extrémités diamantées.
Travertin Roche calcaire vacuolaire pouvant être utilisée à l’état
naturel ou après colmatage des vacuoles par masticage.
55
Tableau IX : Classification géologique des roches ornementales
Famille Caractéristiques Types et variétés
Roche formée en surface de Calcaire marbrier, calcaire
Roche la terre par cimentation de à fossiles, calcaire lacustre,
sédimentaire fragments de roches calcarénite, grès rouge,
anciennes. travertin, ....
Granite rose, granite
Roche issue du
orbiculaire, basalte
Roche refroidissement d’un magma
vacuolaire, labradorite
magmatique en surface ou en profondeur
bleue, andésite
de la terre.
porphyrique, ...
Roche résultante d’une Marbre, gneiss, migmatite,
Roches méta- transformation serpentinite, schiste
morphiques métamorphique d’anciennes ardoisier, schiste tacheté,
roches diverses ....
56
brillante, soit un bouchardage pour rendre la surface rugueuse et
antidérapante, soit un flammage pour donner à la roche un aspect vieillissant
et rustique, etc.
Derricks de déplacement des blocs au niveau Portique pour déplacer les blocs à la
des carrières marbrerie
57
européennes entre Rabat et Casablanca. La nature géologique très diversifiée
du Maroc offre une large gamme de variétés de roches exploitables pour la
sculpture et l’ornementation. L’usage de ces RO fut limité au revêtement des
façades des palais et villas prestigieuses ainsi que des établissements publics
et privées (la Poste, Les gares, les banques, etc.). A partir des années 35 et 40,
et avec les progrès des techniques d’extraction et de travail de la pierre,
plusieurs variétés de RO ont été découvertes et exploitées d’une manière
commerciale. Aussi l’utilisation des RO fut bien démocratisée au Maroc.
Plusieurs variétés de RO marocaines ont connu un grand succès et une
large exploitation et commercialisation aussi bien à l’intérieur du pays qu’à
l’étranger. Parmi ces roches, on cite à titre d’exemple : 1/ le calcaire noir de
Khénifra ; 2/ le calcaire blanc-veiné de Bouacila ; 3/ le calcaire jaune de
Boujaad ; 4/ le calcaire vert de Taznakht ; 5/ le travertin beige de Volubilis ;
6/ le calcaire rosé de Lakhssass, 7/ l’onyx calcaire d’Azrou, 8/ le calcaire
fossilifère brun d’Erfoud et 9/ le calcaire fossilifère noir de Tazarine (Fig. 40).
58
IV-3 Le marbre
IV-3.1 Définitions et généralités
Lorsqu’on parle de marbre, on pense, en premier lieu, à la variété de
marbre blanc d’Italie « marbre de Carrare ». Ce marbre constitue depuis
plusieurs millénaires un produit noble et un matériau de choix pour la
sculpture (Fig. 41) et la décoration des édifices religieux (temples funéraires,
églises, mosquées, …) et demeures prestigieuses (palais, villas, …).
Figure 41. Objets d’art sculptés dans du marbre blanc de Carrare d’origine italienne
59
Bianco Carrara (Italie) Calacatta Carrara (Italie) Crema Marfill (Italie)
LN LP
1 mm 1 mm
60
IV-3.3 Les marbres de la Région de RSK
La Région de RSK offre plusieurs variétés de roches carbonatées
exploitées en tant que marbres. Il s’agit en fait de calcaires marbriers, plutôt
que de marbre, du fait que le degré de la recristallisation du calcaire reste
inférieur à celui d’un vrai marbre. Toutefois, ces roches sont assez bien
compactées et capables de prendre un bon poli, ce qui leur donne la valeur
d’un marbre.
La majorité des marbres de la Région de RSK proviennent du socle
paléozoïque (Primaire) qui affleure le long des grands Oueds (O. Bouregreg,
O. Ykem, O. Akrech, etc.) et plus particulièrement des formations
carbonatées d’âge dévonien moyen (- 380 Ma). Celles-ci se présentent en
strates subhorizontales d’épaisseur métrique à décamétrique (Fig. 44). Les
déformations et le métamorphisme subis par ces formations calcaires au cours
de l’orogenèse hercynienne ont dû les transformer en roches marbrières
présentant des teintes (crème, gris clair, gris-sombre, rosâtre, etc.) et des
structures très variées (litées, veinées, bréchifiées, etc.).
61
perforations et câbles hélicoïdaux (Fig. 45A), tandis que d’autres font appel
à l’usage des haveuses-rouilleuses permettant l’obtention de blocs de forme
plus régulière et à plus grande valeur marchande (Fig. 45B).
62
La région de RSK, compte une dizaine de variétés de calcaires marbriers
à valeur de marbre. Ceux-ci présentent des couleurs qui varient du gris clair
au gris sombre, noir et rose à rougeâtre avec des structures homogènes,
veinées, granitées et perlées (Fig. 46).
63
Tableau X. Principales variétés de roches ornementales de la Région de RSK et
estimation de leurs réserves potentielles
(Source : Ministère de l’Energie et des Mines, 1979)
Aspect Appellation Localité Réserves
pétrographique commerciale MT
Calcaire blanc tigré Blanc Zayan Khénifra 25
Calcaire gris veiné Gris de l’Oued Ykem Rabat 28
Calcaire gris veiné Gris Lido de Tiflet Khémisset 4,2
Calcaire gris-noir Gris-violet Rabat 18
veiné Mauresque
Calcaire gris Gris perlé Rabat 18
Calcaire noir veiné Noir veiné Antique Rabat 21
Calcaire noir Noir Atlantide Rabat 18
uniforme
Calcaire rose perlé Fleur de pêcheur Rabat 18
Africain
Calcaire rouge Rouge granité Rabat 0,3
granité
Total 150,5
LP LP
0,5 mm 0,5 mm
A B
64
Les tests technologiques menés sur ces calcaires marbriers de la Région de
RSK, au Laboratoire des Géomatériaux et Géoenvironnement (GeoM&E) de
l’Institut Scientifique de Rabat (Fig. 48), montrent leur bonne performance
physico-mécanique.
65
Planches VI. Exemples d’utilisation des marbres de la Région de RSK en décoration
des façades d’établissements publics et privés de la ville de Rabat
66
IV-4 Le granite
IV-4.1 Définition et généralités
Le granite est une roche magmatique plutonique, à texture grenue et de
teinte généralement claire, grisâtre à rosâtre (Fig. 49). Il se compose de 80 à
100% de minéraux clairs : 40 à 80 % de feldspaths (35 à 100 % de feldspaths
alcalins et 0 à 65% de plagioclases) et 20 à 60% de quartz. Certains granites
renferment des minéraux colorés (biotite et amphiboles) et de nombreux
minéraux accessoires (apatite, zircon, ilménite, hématite, etc.). Sur le plan
géochimique, le granite est une roche acide en raison de sa forte richesse en
silice (SiO2 = 60 à 80 %).
67
IV-4.2 Les granites de la Région de RSK
Des plutons granitiques hercyniens, d’âge carbonifère à permien (-330 à -
300 Ma) et d’extension kilométriques, affleurent au sud et sud-est de la
Région de RSK, au niveau des localités d’Oulmès, Zaër et Ment (Fig. 50). Il
s’agit de granite gris à gris bleuté ou argenté, à texture grenue à grenue
porphyrique et principalement composé de quartz, feldspaths et mica noir seul
(biotite) ou à deux micas (biotite et muscovite).
Oulmès
Zaër Ment
68
ouvertes dans le pluton d’Oulmès, près de l’Hôtel des Thermes, situé à
proximité de la source d’eau thermale de Sidi Ali et d’Oulmès (Fig. 51).
D’autres carrières d’extraction du granite pour l’ornementation se trouvent au
niveau du pluton de Ment.
69
LP Plagioclase
Orthose
Plagioclase
Biotite
Quartz
Muscovite
x 25
Biotite
Biotite
Plagioclase
1 mm
séricitisé
Figure 52. Micrographie en lumière polarisée (LP) d’un échantillon du granite gris à
deux micas d’Oulmès
70
Planches VII. Etablissements publics et privés à façades en granite gris.
71
IV-5 La calcarénite
IV-5.1 Définitions et généralités
La calcarénite (ou biocalcarénite ou grès calcaire), roche sédimentaire
détritique, a été décrite dans le chapitre III en tant que pierre à bâtir. Lorsque
cette même calcarénite est sculptée en objets d’art (fontaines, piliers, statues,
etc.) ou plaques à décors floral ou arabesques sur les façades des mosquées
ou villas, etc. on peut la considérer comme une roche ornementale.
72
A l’échelle microscopique, la calcarénite montre une texture poreuse,
composée de grains de sables et de fragments de coquilles liés par un ciment
calcaire à grain très fin (Fig. 53 bis).
LP
Cl C
G Q
Cl P
x 25
G
Cq Q
P
0,5 mm
F
Figure 53 bis. Observations à l’œil nu et à la loupe binoculaire en Lumière Polarisée
(LP) de la calcarénite de Salé (Fig. 35)
(Q : Quartz ; Cq : Coquille ; F : Feldspath ; G : Galet ; Cl : Calcite ; P : Pore)
73
Planches VIII. Divers objets d’art sculptés sur la pierre de Rabat-Salé
74
Planche IX. Différents aspects et lieux de l’utilisation, à travers le temps, de la pierre
de Rabat-Salé comme pierre de construction et d’ornementation
Façade de Banque Al Maghreb (Rabat) Façade d’une belle villa à Hay Riyad
75
IV-6 Les schistes
IV-6.1 Définitions et généralités
Les schistes sont des roches du métamorphisme général (ou régional)
issues de la transformation à l’état solide et en profondeur de la terre,
d’anciennes roches argileuses par augmentation de la température et la
pression. Ils sont de couleur grise à gris bleuté et à structure feuilletée. Une
telle structure permet à la roche de se débiter facilement en feuillets ou en
plaquettes de faibles épaisseurs.
Les schistes constituent des formations géologiques d’une très grande
extension (échelle d’une chaine de montagne) et sont composés
principalement de quartz et muscovite avec accessoirement biotite, chlorite,
feldspath, andalousite, cordiérite, grenat, etc. Selon la nature des terrains
d’origine et le type de métamorphisme (régional ou de contact) et de son
intensité (degré faible, moyen ou élevé), on peut avoir différentes variétés
pétrographiques de schistes : des schistes ardoisiers (qui furent utilisés pour
la fabrication des anciennes ardoises), les schistes tachetés (schiste à
cordiérites, à andalousites, …), les micaschistes, etc.
76
Les plaquettes de schistes bruts sont adroitement taillées et ajustées par des
maçons spécialisés pour en faire des revêtements des façades de villas et
d’immeubles comme c’est illustré sur les photos des figures 55 et 56.
A B
Figure 55. Plaquettes de schistes bruts (A) utilisées pour le revêtement de la façade
d’une villa à Kénitra (B)
Figure 56. Façade d’un immeuble d’habitation à Agdal (Rabat) décorée en plaquettes
de schiste gris
77
IV-7 Le travertin
IV-7.1 Définitions et généralités
Le travertin est une roche sédimentaire calcaire d’origine continentale. Il
présente un aspect concrétionné, une couleur grise, jaunâtre à rougeâtre et se
caractérise par une grande porosité avec la présence, souvent, de grandes
cavités. La roche se forme aux émergences des sources des eaux thermales.
Lorsque les conditions sont favorables (réchauffement de l’eau, agitation,
ensoleillement, forte présence de végétaux, de mousses et de bryophytes),
l'eau souterraine chargée en ions dissous de calcium (Ca2+) et de bicarbonates
(HCO32-) dégage son CO2 et fait précipiter du carbonate de calcium.
Le travertin se définit également comme le dépôt d'une croûte de calcaire
sur la végétation et les plantes situées autour de la source d’eau. Ce qui se
traduit par la présence de cavités et d’empreintes de tiges et de feuillage dans
les travertins. Selon la nature des plantes, le travertin peut montrer des
structures très fines ou, au contraire, assez grossières et poreuses (Fig. 57).
Le travertin se compose principalement de calcaire et d’aragonite qui est
un polymorphe de haute température et haute pression de la calcite. En
conditions ambiantes, l’aragonite se transforme lentement (sur plusieurs
milliers à millions d’années) en calcite.
A B
Figure 57. Affleurement d’une masse de travertin brut (A) et surface d’une dalle de
travertin poli
78
A B
79
concrétionnée bien accrochée sur les falaises de calcaire dolomitisé du
Dévonien (Fig. 59).
Calcaire
Travertin
Calcaire
A B
80
IV-8 Les quartzites
IV-8.1 Définitions et généralités
Les quartzites sont des roches massives, de teinte claire (grisâtre, beige à
rosâtre) et de composition siliceuse. Ils sont constitués principalement de
grains fins de quartz fortement engrenés et bien soudés entre eux, ce qui
donne à la roche une grande compaction et une dureté élevée (Fig. 61). Les
quartzites peuvent avoir une origine soit métamorphique (métaquartzite)
résultant de la recristallisation d’un ancien grès siliceux, radiolarite ou filon
de quartz, soit sédimentaire (orthoquartzite) issu de la cimentation par
diagenèse d'un grès siliceux.
2 mm
A B
81
Figure 62. Barre de quartzite d’âge ordovicien affleurant près de
l’ancien pont de l’Oued Cherrat
Une belle application du quartzite, en tant que pierre à bâtir et
d’ornementation, se trouve au niveau des anciens ponts suspendus des Oueds
Cherrat et Ykem qui se trouvent sur la route nationale (RN1) reliant Rabat à
Casablanca (Fig. 63). Ces ponts, actuellement hors service, furent construits,
respectivement en 1917 et 1923, par l'ingénieur et industriel français
Ferdinand Arnodin. Il s’agit de ponts suspendus de 100 m de long et d’une
force portante de 12 tonnes. Ces deux ponts correspondent à des ouvrages
d’art d’une grande valeur patrimoniale, historique et architecturale. Ils sont
édifiés entièrement en acier et moellons de quartzites de l’Oued Cherrat et de
calcaire dolomitisé gris-rosé de l’Oued Akrech.
Calcaire
O. Akrech
Quartzite
O. Cherrat
B C
82
IV-9 Les galets
IV-9.1 Définitions et généralités
Les galets correspondent à des roches sédimentaires détritiques meubles.
Ils font partie de la classe des rudites où le diamètre des éléments est supérieur
à 2 mm. Le terme « galet » fait référence à la forme générale des éléments
plutôt qu’à leur nature pétrographique. En effet les galets présentent des
formes généralement arrondies à ovoïdes et une surface lisse et luisante ou
émoussé traduisant leur transport sur une longue distance en milieu marin,
fluviatile ou éolien. Cependant, ils peuvent avoir différentes couleurs selon la
nature pétrographique de la roche d’origine (andésite, basalte, calcaire,
granite, gneiss, quartzite, etc) ayant subi le transport et l’usure. (Fig. 64 A).
Les galets constituent des matériaux naturels de choix pour la décoration
en construction (Fig. 64 B). Ils présentent l’avantage d’être abondants dans
la nature (le long des lits des oueds et sur les bords de plages) et économiques
(ne nécessitent aucune élaboration à part un simple tri et calibrage). Leur
application est facile et ne demande aucun entretient particulier par la suite
de leur mise en œuvre.
Figure 64. Galets de forme arrondie à ovoïde et de nature pétrographique variée (A)
et mur décoré en galets liés par du ciment Portland
83
A
Figure 65. Abondance de gros galets au niveau d’un affluent desséché de l’Oued
Bouregreg (A) et petits galets lavés des bords de plages.
Les galets sont triés par taille et par couleur pour différents usages
décoratifs. Les grands galets sont généralement utilisés pour l’ornementation
des façades de villas et d’immeubles. Les moins grands sont appliqués au sol
et aux allées de jardins. Les petits galets de plages seuls ou en association
avec des fragments de coquillages servent pour la préparation d’une mosaïque
fine dite au jargon des maçons le « Maghssoul ». La Planche X montre
quelques exemples d’utilisation des galets en décoration au niveau de la ville
de Rabat.
84
Planche X. Décoration en galets de différents lieux et établissements de la ville de Rabat
Allées du jardin andalou des Oudayas décorées en galets de différentes tailles et couleurs
Usage des galets dans les couloirs et mures de la Faculté des Sciences de Rabat (Agdal). A :
mosaïque en petits galets (Maghssoul) sur le sol et B : mosaïque en galets et fragments de
coquillages sur les murs
85
V- LES ROCHES ET MINÉRAUX
INDUSTRIELS
V- LES ROCHES ET MINERAUX INDUSTRIELS
Fluorine Gypse
Phosphate
89
Tableau XIII. Classification des RMI, basée sur leurs propriétés et leurs domaines
d’utilisation.
90
Figure 67. Répartition géographique des principaux RMI du Maroc (ONHYM, 2005)
A C
91
A l’instar de toutes les matières premières à valeur économique, les
géoressources, dont fait partie les RMI sont soumises à une réglementation
précisant les modalités et conditions de leur prospection et leur exploitation.
Chaque pays possède sa propre loi sur ses géoressources. Des informations
détaillées sur les lois relatives à la recherche et l’exploitation des mines et des
carrières du Maroc seront fournies dans la sixième partie de ce document.
A ce niveau, nous rappelons juste que la législation marocaine classe les
substances minérales utiles en deux catégories : Les « Mines » et les
« Carrières ». La nouvelle loi 33-13, relative aux mines, classe les RMI
comme Mines, au même titre que les combustibles, les substances
métalliques, les phosphates, les substances radioactives, les roches
ornementales, les pierres précieuses, les haldes et terrils, les eaux salées
souterraines et les gites géothermiques. Les autres substances, notamment les
matériaux de construction (sable, argile, marne, pierres à bâtir, etc.),
présentées précédemment, sont classées comme « Carrières » et sont
soumises à la Loi 27-13 relative aux matériaux de carrières.
A l’échelle de la région de RSK, on note la présence d’un certain nombre
de RMI dont les concentrations varient d’une substance à l’autre. En effet,
certaines d’entre elles constituent de véritables gisements exploitables, tandis
que d’autres ne sont connues qu’à l’état d’indices. Selon l’objectif
pédagogique et instructif de ce document, nous essayerons dans ce qui suit de
fournir le maximum d’informations utiles sur tous les RMI connus dans la
région de RSK, quel que soit leur abondance (concentration ou indice), à
savoir : l’andalousite, l’argile kaolinique le calcaire, la fluorine, le gypse et le
plâtre, le sel gemme et la potasse, le quartz, la barytine, la calcite, la diatomite,
la muscovite, l’ocre, l’orthose et la tourmaline.
V-3 L’andalousite
V-3.1 Définitions et généralités
L'andalousite est un minéral indicateur des roches métamorphiques
argileuses. Elle se rencontre en abondance dans les roches de l'auréole du
métamorphisme de contact (Fig. 69 A) et peut constituer un minéral
accessoire des roches granitiques hyperalumineuses (Al2O3 > 18 %). Les
cristaux d’andalousites se présentent en prismes de taille millimétrique à
centimétrique et à section basale carrée (Fig. 69 C). Ils sont de couleur
rosâtre, verdâtre à jaunâtre et souvent riches en inclusions de charbon
disposées en croix (chiastolite). Les andalousites correspondent à des silicates
d’alumine, de formule structurale (SiAl2O5), du système orthorhombique et
possèdent deux polymorphes (la sillimanite et le disthène).
92
C
3 cm
1 cm
A Zone I : Schiste tacheté à cordiérite ; Zone II : Schiste à micas et andalousite ; Zone III ; Cornéenne. B
Les cristaux d’andalousites ont une dureté élevée (7,5 / l’échelle de Mohs)
et sont réfractaires à la fusion et résistants aux acides. Sur la base de ses
propriétés physiques, l’andalousite est utilisée pour la fabrication des briques
réfractaires. Le traitement à haute température permet la transformation de
l’andalousite en mullite qui est un minéral de synthèse hautement réfractaire
à la fusion. Les briques réfractaires servant au revêtement des parois de hauts
fourneaux et des cheminées domestiques (Fig. 70 A et B). Les variétés claires
et limpides d’andalousite ont la valeur de pierres semi-précieuses et sont
utilisées en bijouterie (Fig. 70 C).
Briques réfractaires
Briques réfractaires
A B
93
V-3.2 L’andalousite dans la Région de RSK
Des zones de schistes à grands cristaux d’andalousite (schistes tachetés)
sont bien connus au niveau du socle paléozoïque du Maroc central. Ces zones
appartiennent aux auréoles de métamorphisme de contact des plutons
granitiques d’Oulmès, Ment et Zaër (Fig. 71).
Zaër Oulmès
Ment
Schiste à andalousite
Contact
Granite alcalin
Andalousites
Vues
B
C
2 cm
A
94
V-4 L’argile kaolinique
V-4.1 Définitions et généralités
L’argile kaolinique ou le kaolin est une roche sédimentaire résiduelle,
blanche et friable. Elle résulte de l’altération des roches magmatiques riches
en feldspath (généralement les granitoïdes) et se compose principalement de
kaolinite (minéral argileux) et d’impuretés diverses (quartz, calcite, dolomite,
oxydes de fer, ...). La kaolinite provient de l’hydrolyse des feldspaths
potassiques (orthose) selon la réaction suivante (Fig. 73) :
Hydrolyse
Orthose Kaolin
95
kaolin de bonne qualité est utilisé dans d’autres domaines industriels à valeur
ajoutée (papier, peinture, verre, etc.).
Très peu de gisements de kaolin sont connus au Maroc. En outre, ils sont
de très faible extension et de qualité moyenne. Il s’agit essentiellement de
gisements primaires liés à l’altération des roches granitiques. Des gisements
intéressants se trouvent associés aux plutons granitiques du Maroc oriental
(ex. granitoïdes de Guenfouda).
A B
Encaissant
schisteux
Granite
kaolinisé
Figure 74. Carte du pluton granitique d’Oulmès et ses zones kaolinisées (A) et
affleurement de la bordure du granite kaolinisé (B)
96
A B
Cuisson
(900 °C)
Calcaire Chaux
97
La chaux est produite dans des fours verticaux Trois tonnes et demi (3,5
T) de calcaire, environ, sont nécessaires pour produire une tonne de chaux.
La décarbonatation de la roche calcaire s'accompagne d'une importante perte
de masse et de volume correspondant au dégagement du dioxyde de carbone
(CO2). L’opération de production de la chaux est fortement énergivore ; le
coût du combustible représente à lui seul environ 40 % du prix de revient de
la chaux produite. La figure 77 schématise les étapes de la préparation
traditionnelle de la chaux vive à partir du calcaire dans un four vertical.
La chaux vive (CaO) est un produit basique très corrosif et dangereux pour
la peau, les yeux et les poumons. La transformation de la chaux vive en chaux
éteinte s'effectue par ajout d'eau (H2O) ; opération dite d'extinction, qui
produit l'hydroxyde de calcium Ca(OH)2, avec un fort dégagement de chaleur.
La réaction chimique d’extinction de la chaux est la suivante :
98
La nature de la chaux obtenue est liée à la quantité d’argile contenu dans
le calcaire de départ :
✓ A teneur < 5 % d’argile, le calcaire donne une chaux aérienne
(chaux grasse) qui durcit à l’air libre.
✓ Entre 5 et 20 % d’argile, le calcaire donne une chaux hydraulique
(chaux maigre) qui durcit en milieu humide voire sous l’eau.
99
Salé par cuisson de la calcarénite, notamment les faciès plus riches en
coquilles calcaires (lumachelle).
A nos jours, il existe encore des fours traditionnels de préparation de la
chaux, comme celui que nous avons rencontré lors d’une mission de terrain
dans la région de Larbaa Shoul en 2011 (Fig. 78).
Calcaire
Gueulard
B
Chaux
Gueule de
défournement
A C
Figure 78. Four à chaux vertical (A). Calcaire construit (à polypiers) provenant de la
région de Tiflet (B). Chaux vive produite sur place (C)
100
Argile rouge Tout-venant Chaux
Pendant Après
La chaux éteinte est très largement utilisée pour peindre les façades et
l’intérieur des maisons. Les habitations des villes côtières atlantiques et
méditerranéennes sont souvent blanchies à la chaux avec des décorations en
bleu au niveau des contours des fenêtres et des portes (Fig. 80). La couleur
bleue est obtenue en ajoutant à la chaux un pigment bleu indigo (appelée Nila
en arabe) et qui est un aluminosilicate de sodium polysulfuré. Jadis, ce sont
les femmes qui furent chargées de cette opérations du blanchiment à la chaux
des façades de leurs maisons ; entretien qu’elles effectuèrent régulièrement,
surtout la veille des cérémonies et des fêtes religieuses.
A B
Figure 80. Vue générale des maisons du quartier des Oudayas entièrement blanchies à
la chaux (A) et ruelle du même quartier peinte à la chaux avec décoration en bleu
101
Par ailleurs, on constate assez souvent que les troncs d’arbres des avenues
et des jardins des villes de la région sont blanchis à la chaux (Fig. 81 A et B).
Il s’agit en fait d’un traitement antibactérien et antifongique des arbres au lait
de chaux (chaux très diluée). Un tel traitement traditionnel détruit les larves
de parasites microscopiques nichant dans les replis de l’écorce de ces arbres
et permet ainsi de les protéger efficacement contre les maladies
cryptogamiques, telles que la cloque, la moniliose et le chancre.
A B
Figure 81. Traitement des troncs d’arbre à la chaux (A) pour les protéger
contre le développement de lichens et maladies cryptogamiques (B)
102
Sel gemme
B
A
Potasse (Sylvite)
103
Selon le modèle de cette figure, la montée diapirique est facilitée par deux
processus : l’érosion des terrains sus-jacents (A) ou l’amincissement et la
fracturation des terrains lié à une tectonique distensive (B).
Le sel gemme est un produit minéral très demandé par l’industrie
agroalimentaire (conservateur de viandes, exhausteur de goût, etc.), ainsi que
pour le salage des routes (fondant de glace et de neige). Il correspond à une
importante source d’extraction du chlore, bore, iode et sert à la fabrication de
la soude et de l’acide chloridrique. La potasse constitue le principal minerai
du potassium (K) ; élément fondamental pour la fabrication des engrais et
produit de base des dérivés potassiques, tels que les détergents (savon mou).
Elle est utilisée également en pharmacie et en industrie alimentaire (Chocolat,
café, etc.).
Les terrains marocains d’âge secondaire (-245 à -65 Ma), renferment
souvent des quantités plus ou moins importantes d’évaporites (sel gemme,
potasse, gypse et anhydrite). Des concentrations exploitables de ces sels
existent dans différents domaines structuraux du Maroc (Haut Atlas, Maroc
central et Rif). Les gisements d’évaporites les plus célèbres à l’échelle
nationale sont :
✓ les dépôts de gypse de la région de Safi (couche de 100 m
d’épaisseur et d’extension kilométrique, constituant une réserve de
plus de 10 milliards de tonnes) ;
✓ la mine de sel de Mohammadia (couche de 80 m d’épaisseur de
NaCl à plus de 89 % et dont les réserves s’élèvent à 3 milliards de
tonnes) ;
✓ la mine de sel gemme et potasse de Khémisset (avec 3 secteurs
totalisant 388 millions de tonnes à teneur en K2O variable autour de
10%).
V-6.2 Le sel et la potasse dans la Région de RSK
La mine de sel et potasse de Khémisset, appartenant à la région de RSK,
fut découverte vers les années 1930, lors des premiers travaux géologiques
menés sur le bassin subsident de Khémisset. Les opérations de prospection
exécutées depuis 1967 (réalisation de 133 sondages sur une superficie de 585
km2) ont permis de délimiter 3 secteurs contiguës mais bien distincts (Fig.
84 A) :
1/ Secteur de Sidi Daoui, d’extension limitée, à sylvite (KCl) ;
2/ Secteur central de Khémisset riche en carnallite (KMgCl3, 6H2) ;
3/ Secteur de l’Oued Beht de grande extension et riche en rinneite
(NaK3FeCl6).
104
A B
Figure 84. Localisation des trois secteurs salifères du bassin de Khémisset sur image
satellite Google Earth (A). Log stratigraphique synthétique de la série triasique de
Khémisset à sel gemme et potasse (B)
105
Khémisset
Peu d’informations ont été recueillies sur cette mine en exploitation par un
particulier, qu’on a pu visiter en 2013. Selon les observations effectuées sur
l’environnement de la mine et à l’entrée de la galerie supérieure, il s’agirait
de l’apex d’un diapir de sel gemme de teinte grise, très riche en inclusions
argileuses, et qui apparait s’élargir vers la profondeur. Les teneurs et les
réserves de cette mine de sel semblent intéressantes mais des études détaillées
restent nécessaires pour les confirmer (Planche XI).
106
Planche XI. Vues de l’entrée et des galeries de la mine de sel gemme de Khémisset
Entrée de la mine de sel dans la couche d’argile rouge violacée d’âge triasique
107
V-7 Le gypse
V-7.1 Définitions et généralités
Le gypse fait partie des roches sédimentaires évaporitiques, qui au même
titre que le sel gemme, la sylvite, la carnallite, etc. se forme en milieux marins
ou lagunaires par évaporation des eaux saumâtres. Le schéma de la figure
82 A explique le mode de formation et l’ordre de cristallisation des minéraux
évaporitiques.
Suite à l’évaporation du milieu fermé (mer, lac, lagune, etc.) les ions (Ca2+,
Na2+, Mg2+, K2+, etc.) se concentrent et finissent par précipiter au fond du
bassin selon un ordre bien précis : c’est la séquence évaporitique. Après le
dépôt des calcaires et dolomites c’est le gypse qui précipite le premier, suivi
par le sel gemme puis les sels de K et Mg (sylvite, carnallite). La précipitation
du gypse débute lorsque le taux d’évaporation de l’eau de mer atteint 80%.
Le gypse est un sulfate de calcium hydraté, de composition (CaSO4,
2H2O). Il désigne également la roche formée principalement du minéral
gypse. Il s’agit d’un minéral translucide à blanc (lorsqu’il est pur) à
légèrement teinté en jaune ou rouge (Fig. 86). Il est très tendre (rayable à
l’ongle), de dureté égale à 2 sur l’échelle de Mohs et de densité égale à 2,33.
Le gypse est faiblement soluble dans l’eau (2,1 g/l à 20°C) et se dissout dans
l’acide chloridrique (HCl) chaud.
Gypse fibreux
Gypse
lamellaire Gypse massif (saccharoïde)
108
Le gypse est utilisé comme matériau de construction pour la préparation
du plâtre qui est un liant hydraulique connu depuis l’antiquité. La réaction de
transformation du gypse en plâtre est la suivante :
Cuisson (150°C)
CaSO4 , 2H2O --------------> CaSO4 0,5 H2O + 1,5 H2O
Gypse (forme stable) Plâtre (forme métastable)
109
Figure 87. Vue générale de l’une des carrières d’extraction du gypse de Safi
Abat-jour Coeurs
B
Œuf
Figure 88. Carrière d’extraction de blocs de gypse fibreux de la région de Midelt (A)
et objets de décoration fabriqués à partir de cette pierre (B)
110
A
Figure 89. Variétés de gypse marocain, en rose des sables (A) et en fleur (B)
111
De par sa nature géologique, la région de RSK pourrait renfermer des
potentialités intéressantes en gypse, notamment au niveau de ses bassins
d’âge secondaire. Des travaux de recherches géologiques et minières poussés,
avec la réalisation de sondages carottés, permettront probablement de détecter
des concentrations exploitables de gypse ainsi que d’autres géomatériaux
utiles.
V-8 La fluorine
V-8.1 Définitions et généralités
La fluorine (ou fluorite) est un minéral des filons hydrothermaux de basse
température qui se trouve souvent associée au quartz, à la calcite et à la
barytine. Parfois, elle constitue avec ces derniers la gangue de
minéralisations sulfurées à plomb, zinc, argent, etc. La fluorine se trouve
accessoirement dans les pegmatites et rarement dans les roches volcaniques
et métamorphiques.
La fluorine cristallise dans le système cubique, sa formule idéale est CaF2,
mais le minéral peut contenir dans son réseau cristallin des traces de Si, Al,
Fe, Mg ainsi que des terres rares (lanthane, cérium, europium, etc.). Ces
éléments en traces sont à l'origine de coloration très variée de la fluorine :
jaune, vert, bleu, violet, etc. (Fig. 91).
112
Figure 92. Fluorescence à la lumière ultraviolette de la fluorine
Les beaux cristaux de fluorine sont très recherchés par les collectionneurs
des minéraux et par les grands musées de minéralogie. La fluorine est utilisée
principalement pour la production d’acide fluorhydrique et des produits
fluorés dérivés (fluorure d’aluminium, fluides réfrigérants, agents gonflants
de mousses de polyuréthane, polymères, solvants, etc.). Elle est utilisée
également comme fondant d’acier ainsi que pour la fabrication de verre, de
fibres de verre, d’émaux de céramique et de baguettes de soudure. La fluorine
pure et limpide est utilisée en bijouterie et dans les instruments d’optique
(microscope, spectromètre, télescope, zoom, etc.) pour sa meilleure qualité
de transmission de la lumière (Fig. 93).
Nikkor 500 mm
f/4E FL ED
113
V-8.2 La fluorine au Maroc
Cinq sites intéressants de fluorine sont connus à l’échelle du Maroc
(Fig. 94) : 1/ El Hammam (Maroc central) ; 2/ Aouli (Haute Moulouya) ; 3/
Aghbala et 4/Zaouït sidi Hamza (Haut Atlas) ; et 5/ Touroug (Anti-Atlas).
1
2
3 4
Le site d’El Hammam fait partie des plus importantes mines productrices
de fluorine au monde. Le district d’El Hammam est situé dans le Maroc
central, à environ 50 km au SW de Meknès et se trouve sur la limite des deux
Région de RSK et de Béni Mellal-Khénifra. La minéralisation fluorée d’El
Hammam est de type filonien hydrothermal, en relation avec des roches
granitiques cachées et des filons de quartz minéralisés en étain (Sn) et
tungstène (W). La fluorine d’El Hammam, de couleur vert-pâle, est exploitée
dans un filon de 4 km de long sur 10 m de puissance qui jalonne la faille d’El
Hammam (Fig. 95 A). D’autres filons secondaires offrent une fluorine
violette. L’ensemble des filons fluorés se trouvent encaissés dans des schistes
viséens et des calcaires dévoniens du socle paléozoïque. Les beaux cristaux
de fluorines d’El Hammam sont souvent associés à la calcite, au quartz et à
la pyrite (Fig .95 B).
114
B
Encaissant
A C
V-9 Le quartz
V-9.1 Définition et généralités
Le quartz est le principal minéral du groupe des silicates. De formule
chimique SiO2 (dioxyde de silicium), il constitue à lui seul plus de 12% en
115
volume de la croûte terrestre. Le quartz se trouve dans différents contextes
géologiques (magmatique, hydrothermal, sédimentaire et métamorphique). Il
est le constituant principal des granitoïdes et des roches qui leurs sont
associées (aplites, pegmatites, filons de quartz). Le quartz est omniprésent
dans les roches métamorphiques (schistes, gneiss, quartzites, etc.) ainsi que
dans les roches sédimentaires détritiques meubles (sable et galets) et
cohérentes (grès et conglomérats). Il peut être incolore, blanc, jaune, violet,
verdâtre ou rouge et présente différentes formes (Fig. 96) :
- prismes centimétriques à extrémités pyramidales ;
- cristaux courts à terminaisons pointus tapissant la surface des géodes ;
- masse amorphes remplissant les caisses filoniennes ;
- grains anguleux ou arrondis dans les sables.
3 cm 1 cm
4 cm 1 mm
Le quartz présente un éclat vitreux, parfois gras, une dureté élevée (7 sur
l’échelle de Mohs), une densité moyenne de 2,65et une température de fusion
de l’ordre de 1650 °C. Par ses nombreuses propriétés physiques comme
l'inaltérabilité, la solidité, un coefficient élastique important, des frottements
internes extrêmement faibles, etc. le quartz est utilisé dans de nombreux
domaine industriels (verrerie, optique, filtration, abrasif, sablage, etc.). Sa
propriété piézoélectrique, plus particulièrement, le rend très utile en
électronique et en horlogerie. En raison de sa propriété piézoélectrique, le
116
quartz constitue le « cœur » des montres et horloges dites à « Quartz » ; un
minuscule grain de quartz taillé en diapason et alimenté par une pile vibre à
très haute fréquence (32 kHz). Les vibrations ainsi générées rythment pas à
pas le fonctionnement de la montre en divisant le temps et en faisant tourner
ses aiguilles (Fig. 97). C’est la marque Seiko qui inventa en 1964, le premier
compteur de temps à quartz au monde.
ne ztrauQ
nosapaid Quartz
Quartzen
en
diapason
diapason
Pile
Bobine
Quartz
encapsulé
A B
Figure 97. Modèle d’une montre à quartz (A) et son mécanisme de fonctionnement à
quartz (B)
117
Cassitérite
(SnO2)
Granite fin
Quartz massif
translucide
Quartz
3 cm
A
Calcaire massif
Muscovite
Quartz
Niveaux siliceux
Calcaire massif
Tourmaline
B C
Calcédoine Jaspe
118
Outre les roches et minéraux précédemment décrits (andalousite, argile
kaolinique, calcaire, sel et potasse, gypse, fluorine et quartz) et qui forment
des gisements et des indices prometteurs, le sol de la Région de RSK recèle
divers d’autres RMI que nous signalons rapidement ci-dessous.
V-10 La barytine
La barytine (ou baryte) est un sulfate de baryum de composition (BaSO4),
d’origine hydrothermale. Elle se présente en cristaux lamellaires et crêtés, en
masses concrétionnées ou saccharoïdes (Fig. 100). Sa couleur est blanche
mais peut être jaune, brune ou rougeâtre. Sa dureté est faible (3 à 3,5 sur
l’échelle de Mohs), par contre sa densité est élevée (4,3 à 4,8).
Barytine blanche
Encaissant
(Calcaire dolomitisé)
B
Barytine blanche C
A Barytine rose
119
Des indices de barytine, en association avec la calcite et la fluorine,
existent sous forme de filonets ou lentilles recoupant le socle paléozoïque du
Maroc central sont signalés dans différents endroits de la Région de RSK.
V-11 La calcite
La calcite est un minéral carbonaté de composition CaCO3 avec des
traces de Mn, Fe, Zn, Co, Ba, Sr, … Elle cristallise dans le système
Rhomboédrique et montre trois formes cristallines de base : Rhomboédrique,
prismatique, et scalénoèdriques (Fig. 101). La calcite est blanche, lorsqu’elle
est pure, mais peut prendre différentes teintes suivant la nature des impuretés
qu’elle renferme dans son réseau cristallin. Sa dureté est faible (3 / échelle de
Mohs), sa densité est moyenne (2,71) et elle est assez soluble dans l’eau (15
à 20 mg/l).
Prisme
Formes cristallines de base de la calcite
1 cm
Rhomboèdre
2 cm 1 cm
Scalénoèdre
120
des roches sédimentaires calcaires et certaines roches métamorphiques
(marbre, cipolin, skarns) et magmatiques (carbonatites). La calcite forme
également en association avec le quartz, la barytine et la fluorine la gangue
des minéralisations sulfurées des filons hydrothermaux.
Géode de calcite
Calcite saccharoïde
V-12 La diatomite
La diatomite est une roche sédimentaire composée principalement de
micro-coquilles siliceuses des diatomées (algues unicellulaires). La roche est
généralement blanche, très poreuse, friable et d’une très faible densité,
variable entre 200 à 300 kg/m3 (Fig. 103). La diatomite se forme au fond des
mers et des lacs calmes, souvent en relation avec une activité volcanique
(source de chaleur). La diatomite se caractérise par une granulométrie fine
(10 à 200 µm) et une composition siliceuse (70 à 90% SiO2).
121
10 µm
A B
V-13 L’orthose
L’orthose ou feldspath potassique (Fk) est un silicate d’alumine de
composition KAlSi3O8 pouvant contenir des traces de Na, Fe, Ba, Rb et Ca,
etc. Sa couleur varie du blanc au gris ou rose selon la nature des impuretés
(Fig. 104). L’orthose montre 3 plans de clivage, sa densité est moyenne (2,55
à 2,63) alors que sa dureté est élevée (6 à 6,5 sur l’échelle de Mohs).
L’orthose est un minéral commun des roches magmatiques granitiques et
certaines roches métamorphiques (schiste, gneiss, migmatite, etc.) où il se
122
présente en cristaux automorphes, souvent maclés (phénocristaux de taille
centimétrique), ou en plages millimétriques remplissant les interstices entre
les autres constituants de la roche (quarte, plagioclase, biotite, etc.). De
grandes masses d’orthose se trouvent en association avec du quartz,
muscovite, tourmaline, béryl, etc. dans les filons et lentilles de pegmatite.
1 cm B
A
V-14 La muscovite
La muscovite ou mica blanc et un phyllosilicate de composition
Al2(AlSi3O10)(OH,F)2 avec des traces de Li, V, Cs, Rb, etc. Elle se présente
en paquets de feuillets gris-argenté à luisants, facilement séparables les uns
des autres (Fig. 105). Sa densité est de 2,8 à 3 et sa dureté, sur l’échelle de
Mohs, est égale à 2,5.
123
Muscovite
Muscovite
A B
V-15 La tourmaline
La tourmaline est un minéral du groupe des cyclosilicates à composition
variable mais toujours riche en bore. On connait plusieurs variétés de
tourmaline de compositions et de couleurs très variables (Fig. 106). Les deux
variétés les plus représentées dans la nature sont :
- La schorlite [NaFe3Al6(BO3)3(Si6O18)(OH)4], variété ferreuse de couleur
noire.
- L’elbaïte [Na(Li,Al)3Al6(BO3)3(Si6O18)(OH)4], variété lithinifère de
couleur verte à rose.
124
Généralement, la tourmaline se présente en prismes allongées à section
triangulaire et à faces striées. Sa densité est égale à 3 et sa dureté est élevée
(7 à 7,5 sur l’échelle de Mohs). Les tourmalines se rencontrent dans les
pegmatites, souvent en association avec d'autres minéraux (apatite, fluorine,
topaze, etc.) qui renferment des composés volatils et rares (fluor, bore,
lithium, césium, rubidium, etc.). Par leur résistance à l’altération et à l’usure,
elles peuvent également s’accumuler dans dépôts alluvionnaires (placers).
Tourmaline rose
Tourmaline noire
125
Par sa très large gamme de coloration, sa limpidité et sa dureté, d’une part
et d’autre part, ses diverses possibilités en matière de taille, les tourmalines
sont très largement utilisées comme pierres fines dans la bijouterie (Fig. 107).
V-16 L’ocre
L’ocre est une terre argilo-siliceuse, colorée par des hydroxydes de fer.
Selon la nature du minéral de fer oxydé, l’ocre peut avoir trois couleurs
possibles : jaune lorsqu’elle dérive de la goethite ; brune pour la limonite et
rouge pour l'hématite (Fig. 108).
Les ocres se forment dans les régions à climat tropical (chaud et humide),
lorsque les sédiments des fonds marins, riches en grains de fer, émergent en
surface, s’oxydent et cristallisent en goethite, limonite et hématite. L’ocre se
forme également autour des gisements de fer (hématite et magnétite).
126
Ocre jaune clair Ocre jaune Ocre jaune citron Ocre rouge
Figure 109. Tranchée de l’ancienne mine de fer de Tiflet (A) et nature de l’ocre
rouge qui se trouve autour de cette mine (B)
127
VI- EXPLOITATION DES
GÉOMATÉRIAUX ET
ENVIRONNEMENT
VI- EXPLOITATION DES GÉOMATÉRIAUX ET
ENVIRONNEMENT
VI-1 Problématique
L’exploitation des géoressources (substances énergétiques, métalliques,
hydrique et géomatériaux) constitue un enjeu majeur du développement
socioéconomique du pays. En effet, l’exploitation des géoressources
naturelles fait partie de l’activité économique du secteur primaire et permet
de générer de la richesse et de créer des emplois. Toutefois, cette activité
extractive peut causer un certain nombre de nuisances et d’impacts négatifs,
parfois très graves et irréversibles, sur la santé de l’Homme et sur l’équilibre
des écosystèmes de son environnement.
Aussi cette dualité entre l’intérêt économique, lié à l’exploitation des
géoressources et l’impératif de protéger l’environnement pose-t-elle une
sérieuse problématique (Fig. 110). Et la vraie question que se pose les
décideurs est de savoir :
✓ Est-ce qu’ils doivent continuer à autoriser l’exploitation des
géoressources pour créer de la richesse et contribuer au
développement socioéconomique du pays ?
ou
✓ Doivent-ils arrêter l’exploitation de ces géoressources dans le souci
de préserver l’environnement ? tout en sachant que ce deuxième choix
entrainera une pénurie de la matière minérale première et une crise
économique et sociale.
Protection de
Développement l’environnement
socio-économique
131
Etant donné que ce document s’intéresse plus spécialement aux
géomatériaux de la Région de RSK, nous allons procéder par une analyse
détaillée de l’état des carrières d’exploitation des géomatériaux de cette
Région, aussi bien celles qui sont en activité que celles qui sont actuellement
fermées et abandonnées. Cela nous amènera à dégager les différents impacts
existant réellement sur le terrain et d’évaluer leur degré de nuisance. Dans un
deuxième temps, nous présentons un certain nombre de rappels sur : les lois
marocaines sur les mines et les carrières ; le projet des schémas régionaux de
gestion des carrières ; les principes de gestions et de réhabilitation des
carrières et enfin ; les notions de développement durable et des bonnes
pratiques.
132
- L’air dont la qualité subit une forte dégradation par les poussières
dégagées lors de l’extraction et le chargement des matériaux exploités.
Ces différents types d’impacts sont bien exprimés, à des degrés variables,
autour des carrières d’extraction des géomatériaux de la Région de RSK.
133
Planche XII. Etat des carrières d’extraction des géomatériaux de la Région de RSK
134
VI- 3-2 Etat des carrières abandonnées
Des centaines de carrières d’extraction de géomatériaux sont fermées pour
diverses raisons, notamment un épuisement du stock ou des conflits entre
propriétaires du terrain et exploitants. Ces carrières abandonnées n’ont jamais
fait l’objet d’un quelconque réaménagement. Aussi se trouvent-elles dans des
états désolants (Planche XIII).
135
VI- 4 Lois sur les mines, les carrières et l’environnement
L’enjeu socio-économique lié à l’exploitation des géoressources ainsi que
les impacts négatifs de l’activité extractive sur l’environnement font que
plusieurs lois et circulaires ont été mises en place par le Maroc afin de bien
réguler et contrôler les processus complexes de gestion des mines et carrières
et leurs impacts sur l’environnement.
136
✓ Réalisation de schémas régionaux de gestion des carrières à travers tout
le pays afin d’évaluer les ressources et les besoins en matériaux de
carrières de chaque Région, d’indiquer les zones potentielles où
l’exploitation peut être autorisée et de délimiter les aires sensibles et
d’intérêt biologique, écologique, scientifique, etc. qu’il faut protéger.
Urbanisme Environnement
137
VI-5 Les schémas régionaux de gestion des arrières
L’une des nouveautés de la nouvelle loi sur les carrières (Loi n° 27-13) est
l’instauration des schémas régionaux de gestion des carrières (SRGC). Ces
derniers consistent en des études détaillées, menées par des professionnels
sous la supervision du Ministère de l’Equipement, du Transport et de la
Logistique (METL) et qui couvrent les différentes Régions du Maroc. Leur
objectif est de définir la vision stratégique, à l’horizon 2040, pour une gestion
rationnelle des carrières, l’alimentation du marché en matériaux de carrière et
la maîtrise de l’offre et de la demande à l’échelle nationale et dans le cadre
d’un développement durable.
Le programme de réalisation des SRGC fut lancé en 2014 par le METL,
mais aussitôt arrêté suite au changement intervenu en 2015 dans le découpage
territorial du Maroc, où le dahir n° 2-15-40 du 20 février 2015 instaure 12
Régions au lieu de 16. Le programme a été relancé en 2019 et les SRGC de
quelques Régions du Maroc sont actuellement en cours de réalisation.
Les études relatives à l’élaborations des SRGC, établies généralement pour
une période de 20 ans, consistent à faire :
✓ Un inventaire détaillé des carrières existantes dans chaque Région pour
déterminer leur nombre, leur situation (en activité, en arrêt temporaire
ou abandonnée) ainsi que la nature et la quantité des matériaux extraits.
✓ Une évaluation des besoins existants et à venir en matériaux afin de
déterminer les quantités minimales à exploiter, ainsi que les modalités
de leur extraction par catégorie et par carrière.
✓ Une analyse détaillée de l’environnement des carrières permettant
d’évaluer l’impact de l’exploitation sur le milieu biologique et
physique, de repérer les zones de la Région qui devront être protégées,
compte tenu de la sensibilité et la fragilité de leur environnement (zones
rouges), puis prévoir les orientations à privilégier en matière de
réaménagement des carrières à la fin de leur exploitation.
Les SRGC permettront ainsi d’organiser et de suivre la vie des carrières
depuis leur ouverture jusqu’à leur fermeture définitive (Fig. 112).
138
1- Identification du site de la carrière
Planification de l’exploitation des géomatériaux de la carrière
selon les impératifs du SRGC et dans le respect des législations en
vigueur sur les carrières et l’environnement.
2- Lancement de l’exploitation
139
de RSK témoignent de ce comportement ancien qui, heureusement, n’est plus
toléré, voire même pénalisé, actuellement.
Les nouvelles législations sur les carrières et l’environnement ont mis fin
à ces abus en obligeant les exploitants à :
✓ préciser le mode de gestion à adopter à la carrière qu’ils projettent
exploiter ;
✓ fournir une étude d’impact environnemental qui précise l’état initial de
la zone où sera ouverte la future carrière ;
✓ s’engager à réaménager le site de la carrière à la fin des travaux
d’exploitation.
Concernant ce dernier point, la loi exige le dépôt de garanties financières
(caution) permettant, en cas du non-engagement de l’exploitant, de financer
les travaux de réaménagement. Et tout manquement à ces engagements est
passible d’amandes voire d’emprisonnement.
Trois types d’interventions sont généralement menées pour assurer une
meilleure intégration environnementale d’une carrière, depuis son ouverture
jusqu’à sa fermeture définitive : une gestion au quotidien, un aménagement
et une réhabilitation (Tableau XIV).
Tableau XIV. Types d’interventions pour une meilleure gestion et intégration des
carrières
140
La réhabilitation (ou la remise en état ou la restauration) est une opération
souvent couteuse et qui dépend de la nature de la carrière et de ses dimensions
ainsi que des objectifs visés par cette réhabilitation (Fig. 113).
✓ Reboisement et reforestation
✓ Transformation en espaces de détente et de
loisirs (parc de jeux, terrains de sport, ...)
✓ Réserve ornithologique
✓ Zone industrielle
✓ Projet économique (habitations, hotels, …)
✓ Décharge contrôlée
Figure 113. Principaux objectifs de la réhabilitation d’une carrière abandonnée
141
Figure 114. Représentation schématique du concept de Développement Durable et des
domaines d’interactions entre l’économie, le social et l’environnement
142
VI-8 Les Bonnes Pratiques
En plus des lois qui régissent et organisent les aspects administratifs et
législatifs des activités d’un domaine donné, il existe ce qu’on appelle les
Bonnes Pratiques (BP). Celles-ci se définissent comme étant l’ensemble des
actes ayant fait leurs preuves pour obtenir de bons résultats, et qui sont dès
lors recommandées comme modèle à suivre. Autrement dit, il s’agit
d’expériences réussies, répétées, testées et validées, qui méritent d’être
partagées afin qu’un plus grand nombre de personnes puisse les approprier.
Une bonne pratique doit répondre aux six critères consignés dans le tableau
suivant (Tableau XV).
7- Risque minimal. La BP doit contribuer à la réduction des risques liés aux catastrophes
et au renforcement de la résilience (endurance, résistance, solidité) permettant de faire
face à l’adversité.
143
CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
147
Bien que l’exploitation des géomatériaux constitue une source de richesse
pour la Région, cela ne doit pas être fait au détriment de l’environnement. Il
s’agit là d’un principe fondamental sur lequel nous avons bien insisté dans la
partie VI de ce document. En effet, rappelons-le, l’exploitation abusive et le
peu d’attention accordée à l’environnement, pratiquées jadis, ont eu des
conséquences catastrophiques ; les photos des anciennes carrières
abandonnées, présentées plus haut, sont bien éloquentes à cet égard.
Le Maroc dispose de tout un arsenal juridique (loi 11-03, loi cadre 99-12,
etc.), relatif à la protection de l’Environnement et au Développement Durable.
Plus récemment, les deux nouvelles lois sur les Carrières (loi 27-13) et les
Mines (loi 33-13), apportent un certain nombre d’amendements en mesure de
faciliter les procédures et améliorer la gestion de l’ensemble de l’activité
extractive. Ces mêmes lois exigent le dépôt de caution permettent, en cas de
défaillance de l’exploitant, de financer les travaux de réhabilitation du site
d’exploitation après cessation des travaux. La loi sur les carrières stipule, par
ailleurs, l’élaboration de schémas régionaux de gestion des carrières (SRGC),
pour les 12 Régions du Maroc, afin d’assurer une gestion rationnelle et
transparente des ressources en matériaux de construction et de garantir leur
exploitation dans le cadre d’un Développement Durable. Ces SRGC
présentent le grand avantage de délimiter les zones sensibles (rouges),
d’intérêt écologique, biologique, touristique, scientifique, etc., qui devront
être protégées, et d’indiquer les zones (vertes) où l’exploitation, modérée et
bien menée, engendre un risque environnemental minimal.
Aussi s’avère-t-il qu’en respectant les lois en vigueurs et en se basant sur
les recommandations des SRGC, on arrivera à concilier entre l’intérêt
socioéconomique lié à l’exploitation des carrières et la protection de
l’environnement.
D’autre part, l’exploitation des géomatériaux peut être encore plus propre
et optimisée en veillant au respect de deux notions fondamentales qui ont
montré leur efficacité en matière de gestion des ressources naturelles, d’une
manière générale :
- La notion de Développement Durable (DD) qui consiste à limiter les
quantités prélevées de matériaux au strict besoin actuel pour en laisser
suffisamment aux générations futures.
- La notion de Bonnes Pratiques (BP) qui se base sur des critères de bon
sens, simples et faciles à appliquer et permettant de minimiser les impacts
148
négatifs des activités extractives sur l’environnement. Ces mesures de BP
peuvent être appliquées à deux niveaux :
1- Au niveau des carrières en activité :
✓ Arrosage régulier des sites d’exploitation et des pistes de transport
pour réduire les dégagements des poussières.
✓ Recherche d’effet d’écran pour stopper la propagation des bruits et
des poussières.
✓ Récupération des eaux de traitement dans des bassins de décantation
avant de les rejeter dans le milieu naturel et/ou de les recycler.
✓ Orientation des fronts de taille des carrières de façon à ce qu’ils soient
loin et à l’abri des axes de communications (routes, voies ferrées,
etc.).
✓ Installation de panneaux de signalisation à l’entrée et à la sortie des
carrières, autour des excavations et tous les lieux présentant des
risques, notamment pendant la nuit.
✓ Utilisation d’engins d’extraction et de transport modernes, moins
polluants et à faible consommation d’énergie.
2- Au niveau des carrières abandonnées :
La solution la plus intéressante pour les anciennes carrières
abandonnées est de les réhabiliter. Toutefois, cette solution reste
techniquement difficile et souvent très couteuse. Aussi, pour limiter les
risques potentiels de ces carrières abandonnées, il est possible d’entreprendre
deux mesures assez simples :
✓ Procéder au nettoyage de la carrière pour éliminer tous les rejets et
les anciens équipements de la carrière (ferraille, pneus, etc.).
✓ Sécuriser le site en mettant en place des panneaux de signalisation et
des clôtures (grillages) autour des zones dangereuses (zones de
glissement, excavations, etc.).
De son côté, l’Etat doit encourager les jeunes promoteurs qui souhaitent
investir sur les sites des anciennes carrières pour les transformer en zones de
distractions et de loisir ou tout autre projet d’intérêt public.
149
GLOSSAIRE
------------ A ------------
Acide (roche -). Roche magmatique très riche en silice (> 65% SiO2) et qui présente
généralement une teinte claire (ex. granite, aplite, rhyolite, …). Opposé : roche basique,
généralement de teinte sombre et riche en Fe-Mg.
Affleurement. Zone de terrain où la roche du sous-sol est visible en surface ; non couverte
par le sol ou la végétation. L’affleurement naturel est créé par l’action de la tectonique et
l’érosion.
Agrément. Permission officielle, émanant d’une autorité, qui donne a une personne le droit
d’exploiter une ressource ou de bénéficier d’un titre professionnel.
Agroalimentaire. Secteur d'activité industriel relatif à la transformation des produits
agricoles pour la production d’aliments pour l’Homme et les animaux.
Alaouites. Dynastie arabe, originaire du sud marocain, qui règne au Maroc depuis le XIII ème
siècle.
Albite. Minéral silicaté de couleur claire, correspondant au pôle sodique (NaAlSi 3O8 ) de la
série des feldspaths calcosodiques (plagioclases). Le pôle opposé (calcique) de l’albite est
l’anorthite.
Alluvion. Sédiment transporté et déposé par un cours d’eau et dont la composition est très
variée (galets, graviers, sables, argile et limons. Adj. Alluvionnaire.
Almohades. Dynastie berbère-musulmane, originaire du Haut-Atlas marocain qui ont régné
sur le Maghreb et le sud de la péninsule ibérique (Andalousie) de 1130 à 1269.
Almoravides. Dynastie berbère-musulmane, originaire du Sahara marocain et qui constitua
un vaste empire entre 1056 et 1147, englobant le Maroc, la Mauritanie, l’ouest de l’Algérie
et le sud de péninsule ibérique.
Amincissement (- crustal). Réduction de l’épaisseur de la croûte terrestre suite à une
tectonique extensive qui étire la croûte et finit par en créer des failles normales et un
effondrement axial.
Amphibole. Minéral de la famille des inosilicates de fer, calcium ou magnésium, en prismes
allongés de teinte sombre. Elle est fréquente dans les roches magmatiques basiques et les
roches métamorphiques.
Andalousites. Principal silicate d’alumine de composition SiAl2O5, en prisme allongé et à
section basale carrée. Il est typique des roches argileuses du métamorphisme de contact.
Anhydrite. Sulfate anhydre de calcium (CaSO4), généralement incolore, grise, bleutée à
rosâtre et qui se présente en masse finement cristallisée ou en petits cubes de faible densité.
Antifongique. Dit aussi fongicide, produits naturels ou de synthèse possédant la capacité de
traiter les infections (mycoses) causées par des champignons microscopiques.
Apatite. Minéral du groupe des phosphates de calcium naturel, de composition :
Ca5(PO4)3(OH, Cl, F). L’apatite se trouve comme minéral accessoire dans les roches
magmatiques.
Aplite. Roche magmatique filonienne, claire, à grain fin et qui est composée principalement
de quartz, feldspath-K et albite. Les filons d’aplite sont souvent liés aux plutons granitiques.
Arène (- granitique). Roche sédimentaire meuble, composée essentiellement de grains
grossiers de quartz, feldspaths et micas issus de l’altération météorique des roches
granitiques.
153
Argile. Roche sédimentaire composée principalement de minéraux argileux (kaolinite, Illite,
montmorillonite, …) et qui a la propriété de se transformer en pâte plastique par
hydratation.
Auréole (- du métamorphisme de contact). Bande de terrain qui entoure les intrusions
magmatiques (granites et gabbros) et qui montrent des transformations à l’état solide de la
roche encaissante initiale par élévation de température induite par l’intrusion.
------------ B ------------
Barbotine (- argileuse). Pâte argileuse très fluide (liquéfiée à l'eau) servant aux céramistes,
après atomisation, à la préparation de carreaux par pressage ou directement dans la
technique de coulage.
Barytine. Minéral composé de sulfate de baryum (BaSO4), d’origine hydrothermale et qui
se caractérise par sa densité élevée (4,48). Minéral recherché pour ses applications
industrielles.
Basalte. Roche magmatique effusive, constituant des coulées, parfois très étalées, en surface
de la terre. La roche est noire, à texture vitreuse (non cristallisée) et à structure souvent
vacuolaire.
Bassin (- sédimentaire ou de décantation). Grande et large dépression de la croûte terrestre,
située sur un continent émergé, un plateau continental, ou encore dans un océan et qui
accumule, avec le temps, des quantités importantes de sédiments. Ceux-ci se transforment
progressivement par diagenèses en couches stratifiées de roches sédimentaires.
Béton. Matériau de construction fabriqué par mélange de granulat, sable et liant hydraulique
(généralement le ciment portland). En y incluant des barres de fer on obtient le béton armé.
Biocalcarénite. Voir calcarénite.
Biodiversité. Terme qui désigne la diversité des espèces vivantes (micro-organismes,
végétaux et animaux) présentes dans un milieu donné sur la terre ferme, ou en mileu
aquatique (océan, mer, oued, lac, …).
Biotite. Variété noire du mica, phyllosilicate d’aluminium, fer, magnésium et potassium de
formule idéale : K(Mg,Fe)3(OH,F)2(Si3AlO10) et qui renferme des traces de Mn, Ti, Li, Ba,
Na, Sr, Cs, Fe, Cl. La variété blanche du mica est la muscovite.
Bitume. Produit naturel ou résultant du raffinage des hydrocarbures et qui est utilisé pour le
revêtement des chaussées et des trottoirs.
Brèchique (structure -). Structure comportant des éléments, souvent liés par un ciment et
dont l’origine peut être sédimentaire (ex. brèche de pente), volcanique (ex. brèches
d'explosion) ou tectonique (ex. brèche de faille).
Brise-lame. Construction du type épis, digue ou jetée, établie devant un port, une plage ou
un littoral pour amortir les grandes vagues et protéger la zone de mouillage lors de mauvais
temps.
Bronze (Age de -). Période de la préhistoire qui succède au Néolithique et précède l'Âge du
fer durant laquelle l’Homme à appris à préparer le bronze en faisant fondre à haute
température le cuivre et l'étain pour fabriquer ses outils (haches, statues, récipients, …).
Burin. Outil sous forme de tige, en acier dur, a extrémité pointue ou plate et sur lequel en
frappe à l’aide d’un marteau pour trancher des matériaux durs (roche, béton, …).
154
------------ C ------------
Calcaire. Roche sédimentaire carbonatée, composée principalement de carbonates de
calcium (CaCO3). Il se forme en milieux marin par précipitation chimique de CaCO3 et
accumulation de coquilles (fossiles). On distingue des calcaires tendres, durs, fossilifères,
dolomitisés, …
Calcarénite – (ou grès calcaire ou biocalcarénite). Roche sédimentaire cohérente, souvent
stratifiée, qui se compose de grains de quartz et fragments de coquilles ± abondants, liés
par un ciment calcaire.
Calcédoine. Minéral ou roche composée de cristallites de quartz (microfibres de silice de 50
à 100 nm) dont la couleur varie du rouge au vert foncé. Des variétés de calcédoine sont
utilisées pour l’ornementation.
Calcite. Minéral d’origine chimique ou biochimique de composition CaCO 3. Blanche
lorsqu’elle est pure, elle peut se présenter en concrétions, stalactites, stalagmites, grains ou
cristaux automorphes de grande taille (ex. spath d’Islande).
Carbonifère. Période géologique de l’ère primaire qui s’étend de -360 à - 295 Ma (millions
d’années). Son nom est lié aux épaisses couches de charbon qui se trouvent dans les terrains
de cette période situés notamment en Europe de l’ouest.
Carnallite. Minéral du groupe des évaporites correspondant à un chlorure de potassium et
magnésium (formule : KCl.MgCl2.6H2O). Elle peut former des cristaux tabulaires mais se
présente souvent en masse (roche) tendre et légère avec des teintes allant du rouge au jaune.
Carrare (marbre de -). Variété de marbre blanc à veinage discret, très appréciée et exploitée
depuis l’antiquité comme pierre noble. Il est extrait des carrières des Alpes Apuanes de la
région de Carrare, (ville d’Italie).
Cassitérite. Minéral de l’étain de formule SnO2, pouvant contenir des traces de Fe, Ta, Nb,
Zn, W, … Elle se présente en cristaux prismatiques à faces striées, de couleur rouge à jaune
et éclat adamantin à submétallique. Sa dureté est de 6 à 7 et son point de fusion = 1630°C.
Céramique. Matériaux ou technique permettant la fabrication d’objets par traitement à haute
température de matière argileuse silicatée (céramique traditionnelle). La céramique
technique utilise une matière première à base d'oxydes, de carbures, de nitrures, etc.
Chancre. Maladie des arbres due à un champignon qui se développe sur l’écorce et provoque
l’ulcération nécrotique de son tissu ligneux externe.
Charbon (- fossile). Roche sédimentaire combustible riche en carbone (C). Il résulte de la
transformation de débris végétaux enfouis dans le sol au cours des temps géologiques
(Carbonifère). L’anthracite est une variété appréciée de charbon, contenant jusqu’à 95 de
Carbone.
Charge. Matière solide, non miscible et qui est dispersée d’une manière homogène dans une
matrice (peinture, polymère, plastique, …) pour lui donner du volume.
Chauler. Traiter la terre et les troncs d’arbre par une solution à base de chaux diluée dans
l’eau (lait de chaux) pour les rendre plus fertiles et résistants aux parasites.
Chaussée. Partie d'une voie publique réservée à la circulation des véhicules. Jadis, elle fut
recouverte de cailloux et de pierre liés à la chaux. Actuellement, les chaussées sont
généralement bitumées, parfois bétonnées.
Chaux. Matériau minéral (CaO) en masse ou poudre blanche obtenu par calcination du
calcaire ; c’est la chaux vive. Après réaction complète avec l'eau et un séchage rigoureux,
155
elle se transforme en chaux éteinte. La chaux est largement utilisée comme liant
hydraulique.
Chiastolite. Variété d'andalousite maclée qui montre en coupe, à l’échelle microscopique,
une forme en sablier ou en croix correspondant à des accumulations de grains charbonneux.
Ciment (- Portland). Liant hydraulique obtenu par broyage fin du clinker préparé par
traitement à haute température (1.450°C) d’un mélange de silicates de calcium, de sulfate
de calcium (gypse/plâtre) et autres adjuvents pour obtenir différents types de ciments
(ciment composé, ciment pouzzolanique, …).
Clivage. (plan de -). Surface plane suivant laquelle le minéral peut se débiter facilement.
Certains minéraux n’ont pas de clivage (ex. quartz) d’autres possèdent 1 (ex. micas), 2 (ex.
pyroxènes) ou 3 plans (ex. orthose). Les clivages sont liés au système cristallin du minéral.
Cloque. Champignon qui niche dans les écailles des bourgeons et les anfractuosités des
rameaux des arbres fruitiers. Il attaque l’arbre durant l’hiver et en été, les feuilles se
boursouflent, virent au rouge et tombent.
Coffrage. Enceinte provisoire, généralement en bois, destinée à maintenir en place un
matériau de construction le temps que celui-ci devienne autoportant par prise et séchage
(béton, pisé).
Compactage. Technique utilisée en génie civil afin de consolider les sols pour la
construction. Elle consiste à exercer une pression élevée sur ce sol pour augmenter sa
densité par rapprochement des grains solides entre eux et évacuation de l'air et du liquide.
Concassage. Action mécanique consistant à réduire les grands blocs de roches en fragments
de plus petites tailles (gravier). Les concasseurs sont généralement à mâchoires en acier dur
et écartement réglable pour contrôler les dimensions du gravier à préparer.
Conglomérat. Roche sédimentaire détritique composée de fragments de roches liés par un
ciment calcaire ou siliceux. Lorsque les fragments sont anguleux, c’est une brèche et
lorsqu’ils sont arrondis c’est un poudingue.
Cristallisation. Développement de cristaux, à partir d’un magma (processus magmatique)
ou d’une roche (processus métamorphique). Selon les conditions physiques (T, P, …) et la
composition chimique du matériau de départ, différentes espèces minérales peuvent
cristalliser suivant un ordre chronologique précis (course de cristallisation).
Croûte (- terrestre). Appelée aussi écorce terrestre, est la couche superficielle et solide de la
Terre. La croûte terrestre et le manteau supérieur, séparés par la discontinuité Mohorovicic,
forment ensemble la lithosphère.
Cryptogamique (maladie -). Maladie fongique causée aux plantes par un champignon
parasite. Elle se propage sur les végétaux par dissémination des spores (Rouille, cloque,
mildiou, ...) et représentent 90% des maladies des végétaux du jardin.
------------ D ------------
Débitage. En termes de marbrerie, le débitage consiste à découper les grands blocs de roches
(marbre, granite) en plaquettes d’épaisseur définie. Le débitage se fait à l’aide de scies à
lames parallèles ou circulaires à extrémités tranchantes, en acier dur et parfois à grains de
diamants.
Déneigement. Opération d’enlèvement de la neige sur les voies de circulation. Elle se fait en
repoussant la neige sur les bordures à l’aide d’engins spécialisés puis en répondant du sel
(salage) pour faire fondre la pellicule de glace ou de neige compactée qui subsiste sur la
route.
156
Détritique (roche -). Adjectif qualifiant les roches sédimentaires composées essentiellement
de débris solides provenant de la désagrégation mécanique d’anciennes roches. Opposition
aux roches chimiques, évaporitiques, …
Dévonien. Période géologique qui s’étend de -410 à -360 Ma. Il est précédé par le Silurien
et suivi par le Carbonifère. Le Dévonien est nommé par référence aux affleurements de
couches de cette époque définies au Devonshire en Angleterre.
Diapason. Oscillateur à deux branches en forme de « U » qui produit un son à la hauteur de
la note « La » permettant aux musiciens d’accorder leurs instruments de musique.
L’utilisation d’un diapason de quartz, en horlogerie, produit des vibrations à une fréquence
plus stable que celle des mécanismes à balancier-spiral.
Diapirs. Sorte d’intrusion, en forme de bulle, de différentes dimensions (parfois
plurikilométrique) résultant de la remontée de roches plus légères à travers des roches plus
denses. Il peut s'agir de diapir salifère, granitique, asthénosphérique, mantellique, …
Diatomite. Roche siliceuse légère, poreuse et friable. Elle est formée majoritairement de
« squelettes » de diatomées qui sont des algues microscopiques marines ou lacustres et dont
la membrane est entourée d'une coque silice (le frustule). Par leur grande porosité et dureté,
la diatomite est utilisée comme matériaux de filtration et d’abrasion.
Diffraction (- de rayons X). Technique d’analyse basée sur la diffraction des rayons X par
la matière cristallisée. Elle est efficace pour déterminer la composition minéralogique des
matériaux finement cristallisés, tels que les argiles.
Dispersion (- chromatique). Variation de temps de propagation des diverses longueurs
d’ondes dans les milieux transparents (ex. minéraux clairs, fibre optique, …). Certains
minéraux, tels que la fluorine, ont une faible dispersion chromatique.
Disthène (kyanite). Silicate d’alumine (SiAl2O5), typique des roches métamorphiques. C’est
un polymorphe de basse température / haute pression de l’andalousite et la sillimanite.
Dolomite. Minéral de carbonate de calcium et magnésium de formule chimique
CaMg(CO3)2, avec des traces de Fe, Mn, Co, Pb et Zn. La roche constituée à plus de 50 %
de dolomite est appelée dolomie.
Dynamite. Substance explosive, composée d'un mélange de nitroglycérine et de matières
solides. Plus puissante (x 1,25) que la TNT, la dynamite est utilisée pour la fracturation des
matériaux rocheux des carrières.
------------ E ------------
Ecorce (- terrestre). Voir croûte terrestre
Ecosystème. Unité écologique de base formée par le milieu (biotope) et les organismes qui
y vivent (biocénose). Les 2 composants ont des dépendances et des échanges permettant le
maintien et le développement de la vie.
Effusive (roche -). Roche magmatique formée par refroidissement rapide de la lave en
surface de la Terre, suite à une à une éruption volcanique (ex. basalte). Opposé : roche
plutonique formée en profondeur (ex. granite).
Embouchure. Lieu où un cours d'eau se jette dans un lac, une mer ou un océan.
L'embouchure prend généralement la forme d'un estuaire ou d'un delta.
Enduit. Préparation généralement pâteuse que l'on applique sur une surface pour la lisser, la
protéger ou la décorer. L’enduit est constitué d'un liant ou colle, une charge et des adjuvents
lui donnant coloration, brillance, …
157
Enrochement. Grands blocs de roches massives ou de pièces en béton (tétrapodes) que l'on
entasse sur un sol mouvant ou submergé afin de servir de fondations pour la construction
de jetées, barrages, ponts, …
Equarrissage. Opération qui consiste à éliminer les parties inutilisables (croûte altérée,
arrêtes tranchantes, …) d’un bloc de roche directement extrait de la carrière pour le rend le
plus régulier possible. Cela donne plus de valeur commerciale au bloc et améliore son
rendement au sciage.
Erosion. Processus naturel responsable de la dégradation et de la transformation des roches
et des reliefs composant la surface de la Terre. L’érosion est provoquée par le vent, l’eau,
la pluie, la neige, …
Evaporite. Roche sédimentaire formée par évaporation des eaux de mers et de lacs riches en
saumures. Elle est composée de chlorures et sulfates (gypse, halite, carnallite, sylvite, …)
et se présente en couches continues ou lentilles intercalées dans des terrains argileux ou
sableux.
Exploration. L’une des premières phases de la recherche sur le terrain des concentrations de
substances minérales utiles (mines, carrières, pétrole, etc.) en vue de les exploiter.
Extraction. Dans le domaine des mines et des carrières, l’extraction est une opération qui
consiste à utiliser la technicité et les équipements appropriés pour prélever la partie riche
du gisement (minerais, minéral, roche, …) d’une manière efficace et sans risque.
------------ F ------------
Faciès (- pétrographique). Ensemble des caractères visibles (couleur structure, etc.) d'une
roche ou d'un affleurement de terrain, permettant de les reconnaitre pour une application en
cartographier et pouvoir les comparer à d’autres formations équivalentes.
Faïence. Céramique fine à pâte blanche, dense et sonore. Elle est préparée à partir d’une
argile riche en kaolin, sable siliceux et feldspaths. La première cuisson se fait vers 1.200°C
et l’émaillage à 1.000°C environ.
Fer (Age de -). Période archéologique ou l’Homme préhistorique est arrivé à maitriser la
métallurgie du fer. Elle fait suite à l'âge du bronze.
Filonien (gisement -). Caractérise les roches (ex. aplite) ou minéraux (ex. quartz, barytine)
qui apparaissent sur le terrain sous forme de filon d’épaisseur centimétrique à métrique et
de grande extension.
Fluorine (ou fluorite). Minéral composé de fluorure de calcium (formule CaF 2) et de traces
de Al, Fe, Mg, Eu, Sm, ... Elle se présente en cubes interpénétrés de teinte très variés : verte,
bleue, jaune, … et qui montrent une belle fluorescence à la lumière ultraviolette.
Fondant. En céramique, le fondant est une substance qu’on ajoute à la pâte argileuse pour
abaisser son point de fusion et gagner sur l’énergie. Dans la préparation de la porcelaine,
l’ajout du feldspath fait baisser le point de fusion du kaolin de 1.800°C à 1.400°C.
Fondation. Partie basale des ouvrages de travaux publics qui assure la stabilité et la durabilité
de l’ouvrage par transmission vers le sol de toute sa charge (poids propre, charge
d’exploitation, forces sismiques, etc.).
Forage (- carotté). En exploration, on utilise le forage ou sondage carotté qui permet de
récupérer des échantillons de la tranche de terrain foré à l’aide d’un tube cylindrique
(carottier).
Foraminifères. Organismes unicellulaires marins formant l’embranchement des
Protozoaires et qui se caractérisent par leur squelette (test) perforé. Ils sont apparus au
158
Cambrien inférieur (-540 Ma) et se sont développés à partir du Trias (- 245 Ma). Les
foraminifères, riches de plus de 50.000 espèces, constituent un outil performant de l'étude
des paléoenvironnements.
Front de taille. Face verticale frontale d’une carrière faisant l’objet d’une exploitation.
L’abatage du matériau de la carrière (marne, argile, pierre, …) avance au niveau du front
de taille par désagrégation mécanique ou à l’explosif.
------------ G ------------
Gabbro. Roche magmatique plutonique vert-foncé à noire, à gros grains (1cm ou plus) et
composée essentiellement de plagioclases calciques, pyroxènes, amphiboles et olivines.
Son chimisme est basique avec une faible teneur en silice (45 < SiO2 % < 55).
Gâchage (eau de -). Dans la préparation du béton, c’est l’eau qu’on ajoute au mélange de
ciment + granulat afin d'enclencher sa prise et lui conférer sa plasticité et donc son
ouvrabilité. L’eau doit être propre et bien dosée ; polluée ou ajoutée en excès, elle risque
de fragilise le béton.
Gangue. Masse de minéraux ou de roches, sans intérêt économique, où se trouve englobées
des minéralisations ou des minéraux utiles dans leurs gisements (filon, lentilles, couches,
…). Un traitement approprié permet de séparer le concentré de la substance utile du reste
inutile (la gangue).
Gastéropodes. Classe de mollusques caractérisés par la torsion de leur masse viscérale. Ils
présentent une très grande diversité de formes et possèdent souvent une coquille dorsale,
en une seule pièce, souvent spiralée (ex. escargot), parfois droite (ex. patelle ou "chapeau
chinois").
Géode. Masse creuse, de taille centimétrique à décimétrique et dont la paroi interne est
tapissée de cristaux dont les sommets pointus sont dirigés vers le centre. Les géodes sont
rencontrées dans les roches volcaniques (basaltes) altérées et dans les brèches de faille (ex.
géodes de quartz bleu améthyste).
Gisement. Concentration d’une substance minérale utile (minerais métalliques, minéraux
industriels, phosphate, pétrole, …) qui se trouvent dans le sol ou le sous-sol. On parle de
gisement plutôt que d’une concentration lorsque celle-ci peut être exploitée avec intérêt
économique.
Gneiss. Roche du métamorphisme général de haut degré (méso-à catazonal). Il montre une
texture grenue moyenne à grossière et une structure, souvent, litée avec une alternance de
lits sombres, riches en biotite et amphiboles, et de lits clairs à quartz et feldspaths.
Goethite. Variété d’hydroxyde de fer de composition FeO(OH) avec des traces de Mn et
H2O. Les cristaux, de formes variées (lames, prismes et masses mamelonnées), sont noirs
à rouge-rouille et à éclat métallique. A haute température, la goethite se transforme en
hématite (Fe2O3).
Gros-œuvres. Ossature d’une construction comportant les éléments porteurs qui concourent
à la stabilité et la solidité du bâtiment ainsi que les éléments qui assurent le clos, le couvert
et l'étanchéité.
Granite. Roche magmatique plutonique acide, de teinte grise à rouge, à texture grenue et
qui se compose principalement de quartz, feldspath (orthose > plagioclases) et micas. Le
granite et roches voisines (granitoïdes) forment l’essentiel de la croûte continentale
terrestre. C’est un matériau très résistant et assez largement utilisé comme roches
ornementales.
159
Granité (structure -). Aspect d’une roche, autre que granitique (ex. calcaire dolomitisé) qui
rappelle la teinte et la texture granulée du granite.
Granoblastique (texture -). Mode d’arrangement des minéraux des roches métamorphiques,
en grains presque de même taille, bien engrenés et qui ne montrent aucune orientation
préférentielle.
Gravier. Roche sédimentaire détritique meuble dont la taille des éléments est de l’ordre de
quelques millimètres (classe des rudites). La gravette est un gravier obtenu par concassage
des roches massives et qui est ensuite calibré selon ses utilisations dans le bâtiment et les
travaux publics.
Grenat. Minéral du groupe des nésosilicates, cristallisant dans le système cubique. On
distingue des grenats alumineux (grossulaires), ferrifères (andradites), chromifères
(uvarovites), … Les grenats purs et limpides ont la valeur de pierres semi-précieuses.
Grès. Roche sédimentaire détritique, résultant d’une consolidation par diagenèse d’un ancien
sable composé de grains millimétriques de quartz et de fragments de coquilles. Selon la
nature des grains majoritaires et du ciment, on distingue des grès calcaires, des grès siliceux,
...
------------ H ------------
Hélicoïdal (Câble -). Fil en acier dur, à 2 ou 3 torons torsadés qui sert pour découper les blocs
de marbre. Le câble, appliqué sur la surface du marbre et entrainé par un moteur électrique.
En tournant il porte avec lui de l’eau qui le refroidit et du sable qui sert d’abrasif.
Hématite. Minéral métallique du groupe des oxydes de fer, de formule Fe 2O3 avec des traces
de Ti, Al, Mn, ... Elle est de couleur noire à gris argenté, brun à rouge, ou rouge, avec de
nombreuses formes cristallines : tabulaire, pyramidale, prismatique, hexagonale, …
Hydrothermal (fluide -). Solution chaude riche en eau, qui circule et dissout les minéraux
présents dans les roches traversées. Des facteurs magmatiques, tectoniques, … font que les
éléments chimiques transportés précipitent pour former des gisements (minerais d'or,
cuivre, barytine, ...).
Hygroscopie. Capacité des substances minérales qui ont tendance à retenir l’humidité de l’air
par absorption ou adsorption. Exemples : chlorure de calcium, hydroxyde de potassium et
hydroxyde de sodium.
------------ I ------------
Illite. Groupe des minéraux argileux non gonflants, de couleur blanche et éclat nacré. Elles
sont composées de trois couches de phyllosilicates (Si-Al-Si), avec comme formule :
(K,H3O)(Al,Mg,Fe)2(Si,Al)4O10. L’illite est largement utilisée en industrie de céramique
traditionnelle.
Ilménite. Minéral métallique du groupe des oxydes de fer et de titane, en cristaux tabulaires,
parfois de grande taille (25 cm) de couloir noir de fer, à brun-noir et de formule FeTiO3
avec traces de Mg, Mn, ...
Interfoliaire (espace -). Espace nanométrique (1nm = 10-9m) qui sépare les feuillets
tétraédriques ou octaédriques composant les minéraux argileux et au niveau duquel peuvent
être captés divers cations : K+, Na+, Ca2+, …
160
------------ J ------------
Jaspe. Roche sédimentaire à 95 % de silice, souvent classée avec les quartz microcristallins.
Certains jaspes sont constitués de radiolaires liés par un ciment de calcédoine. Le gaspe est
généralement rouge et sert de pierre ornementale pour confectionner des objets décoratifs.
Jurassique. Période géologique qui s’étend de -205 à -135 Ma et qui constitue la période de
l'ère Mésozoïque connue sous le nom d'«ère des dinosaures». Le début du Jurassique est
marqué par une extinction massive ; disparition rapide d’au moins 75% des espèces
animales et végétales présentes sur la Terre.
------------ K ------------
Kaolin. Roche sédimentaire, généralement friable et de couleur blanche. Il se compose
principalement de minéraux argileux de la famille de la kaolinite. Le kaolin est une argile
noble recherchée pour ses nombreuses applications industrielles (céramique, papeterie,
pharmacie, …).
Kaolinite. Minéral argileux de la famille des silicates d’alumine hydraté et du sous-groupe
des phyllosilicates de formule Al2Si2O5(OH)4.
Kasbah. Construction en citadelle assez typique des pays de l’Afrique du Nord (ex. Kasbah
des Oudayas au Maroc et Kasbah d’Alger en Algérie). Jadis, les kasbahs font office de
fortifications militaires.
Ksour. Pluriel de Ksar (palais), qui désignent les fortifications du sud marocain de style
architectural berbère. Ils sont construits en pisé et en pierres, combinant greniers et
chambres d’habitation et sont édifiés sur des contreforts proches des oasis.
------------ L ------------
Lamellibranches. Classe de mollusques d'eau douce et d'eau de mer, qui comprend les
palourdes, les huîtres, les moules, ... Le corps mou des mollusques est protégé par une
coquille composée de deux valves articulées.
Limon. Roche sédimentaire dont la taille des grains et de 2 à 63 micromètres, intermédiaire
entre celles des argiles et des sables. Le limon est l'ultime produit de l'érosion fluviale des
roches et se compose de débris très fins de quartz, mica, feldspath, …
Limonite. Hydroxyde de fer microcristallin, de composition FeO(OH).nH2O et qui se
présente en masses jaunâtres, compactes, poreuses et terreuses (ocre jaune). Elle se forme
par altération superficielle des minéraux de fer (magnétite, pyrite, …). La limonite est
utilisée comme colorant depuis l’antiquité.
Litée (structure -). Structure qualifiant les roches sédimentaires et parfois magmatiques qui
montrent une succession de lits ou couches parallèles, parfois plissées, de couleurs et de
compositions différentes.
Lithologie. Terme qui désigne autrefois la nature géologique des roches et des formations
géologiques en général. Actuellement, il est remplacé par le terme pétrographie.
Lumachelle. Roche sédimentaire calcaire, dite biochimique, composée essentiellement de
débris de de coquille entiers ou brisés, liés par un ciment calcaire.
------------ M ------------
Marbre. Roche métamorphique issue de la transformation des roches calcaires et qui est
composée principalement de cristaux de calcite. Au sens des marbriers, le marbre
correspond à toute pierre, massive, quel que soit son origine et sa composition, capable de
prendre un bon poli.
161
Marnes. Roche sédimentaire marine correspondant à un mélange de calcaire et d'argile dans
des proportions à peu près équivalentes variant de 35 % à 65 %. Au-delà de 65 % de
calcaire, il s'agit d'un calcaire argileux, tandis qu'en deçà de 35 % de calcaire, on parle
d'argile calcaire.
Medersa. Terme provenant de l’arabe « Madrassa » qui signifie école. La Medersa est un
établissement à caractère religieux mais dont le rôle est culturel, éducatif et politique.
Plusieurs medersas furent édifiées par les Mérinides (XIII-XV siècle) à Salé et Fès.
Mérinides. Dynastie d'origine berbère-zénète, du bassin de la Haute Moulouya (Maroc
oriental). Elle créa un grand empire entre 1244 et 1465 qui régnait sur le grand Maghreb
et l’Andalousie.
Meseta (- marocaine). Domaine structural marocain formant un grand plateau entouré de
massifs montagneux de moyenne altitude. La Meseta marocaine comprend la Meseta
orientale et la Meseta occidentale séparées par la chaîne du Haut et Moyen Atlas.
Métamorphisme. Processus géologique responsable de la transformation à l’état solide des
roches de l’écorce terrestre sous l’effet de la température, la pression, les fluides, … On
distingue le métamorphisme de contact (T) et le métamorphisme général ou régional (T et
P). La nature des roches métamorphiques dépend de la composition des roches initiales et
du type et du degré du métamorphisme.
Micas. Famille des minéraux, du groupe des phyllosilicates, composés principalement de Si,
Al et K, avec Fe, Mg, Na, Ti, … et qui constituent avec le quartz et les feldspaths les
principaux minéraux des granites. On distingue généralement les micas noirs (biotite)
riches en Fe et Mg et les micas blancs (muscovite) riche en Si, Al et K.
Micaschiste. Roche du métamorphisme général de degré moyen, à structure foliée,
facilement débitable en plaquettes à surface brillante, et qui se compose essentiellement de
quarte et de phyllosilicates (micas, chlorite, talc, …).
Mohs (échelle de -). Echelle relative de détermination de la dureté des minéraux, subdivisée
en 10 degrés, allant de 1 : minéral le plus tendre (Talc) à 10 : minéral le plus dur (Diamant).
Moniliose. Maladie fongique des arbres fruitiers provoquée par des champignons parasites
du genre Monilinia. Le champignon s’attaque principalement aux fruits à pépins et à noyau.
Mortier. Mélange d'un liant (ex. ciment) et d’un agrégat (ex. sable) avec une quantité d’eau
juste suffisante pour obtenir un matériau pâteux. Le mortier est utilisé en maçonnerie
comme élément de liaison des pierres, briques, carreaux ou comme enduit de surface.
Mullite. Silicate d'aluminium rare dans la nature. Elle peut être synthétisée, à haute
température & basse pression à partir de l’andalousite. La mullite est un constituant
fondamental des matériaux réfractaires silico-alumineux où elle apparait en très fines
aiguilles.
------------ N ------------
Nanocomposite. Matériau solide composé généralement d’une matrice à base de polyamide,
polypropylène, polyester, … et d’une nanocharge ou renfort, correspondant à des lamelles
d’argile (ex. montmorillonite) injectées et répartie d’une manière homogène dans la
matrice.
Normes (- de construction). Ensemble des règles publiées par des organismes habilités et qui
définissent les caractéristiques et la qualité des matériaux ainsi que les procédures à
respecter pour assurer une construction selon l’état de l’art.
162
------------ O ------------
Offre (- et demande). La loi de l'offre et de la demande est un modèle microéconomique
permettant de fixer les prix des objets et des services dans un marché libre. En général, plus
la quantité offerte des objets et des services est élevée et plus la demande et le prix
diminuent. Et inversement.
Orogenèse. Ensemble des processus géodynamiques en rapport avec la tectonique des
plaques qui conduisent à la formation des chaînes de montagnes et qui se poursuivent
jusqu’à leur destruction. Plusieurs phases orogéniques se sont succédées à travers les temps
géologiques : panafricaine, calédonienne, hercynienne et alpine.
------------ P ------------
Paléozoïque. Ere géologique, appelé aussi « Primaire », qui s’étend de -540 à -245 Ma. Il est
précédé par le Précambrien et suivi par le Mésozoïque (Secondaire). Son début correspond
à l'apparition de la vie sur Terre et sa fin est marquée par une extinction massive.
Pavé. Bloc de pierre (calcaire, granite) taillé en cube centimétrique et utilisé pour le
revêtement du sol, trottoir, route, …. De nos jours, il est préparé aussi en béton et sert
essentiellement pour les voies piétonnières.
Pegmatite. Roche magmatique à cristaux géants (quelques cm à dm). Les pegmatites forment
des lentilles de différentes tailles en bordure des plutons granitiques et se composent de
quartz, muscovite, tourmaline, topaze, …
Pétrographie. Voir Lithologie.
Pétro-physiques (propriétés -). Ensemble des paramètres physiques et mécaniques (densité,
porosité, dureté, résistance à la compression, …) propres à une pierre et qui permettent de
la caractériser et de déterminer son aptitude à être utilisée comme matériau de construction.
Phosphate. Roche sédimentaire marine riche en phosphore. Ce dernier se trouve sous forme
de phosphate (P2O5) concentré dans la matière organique (squelettes et os d’animaux). Le
phosphate est utilisé principalement comme engrais et pour la fabrication des détergents.
Pierre (Age de -). Période de la Préhistoire durant laquelle les humains ont fabriqué et utilisé
des outils et des armes en pierre (silex, …) et ce, avant l'usage prépondérant des métaux.
(Voir âge du bronze et âge de fer).
Piézoélectrique. Terme qualifiant certains minéraux (ex. quartz et tourmaline) capables de
se polarise électriquement sous l’action d’une contrainte mécanique et de se déformer
lorsqu’on leur applique une charge électrique. Ces minéraux sont utilisés en électronique
comme oscillateurs de fréquence (ex. utilisation du quartz dans les montres électroniques).
Pisé. Mode de construction en terre argileuse mélangée avec des sables, des gravillons de la
chaux et l’eau (parfois d’autres adjuvents). Le mélange pâteux est transvasé dans un
coffrage puis compacté. Après compactage, on décoffre le mur pour le laisser sécher.
Plagioclases. Minéraux silicatés de la famille des feldspaths. Ils forment une solution solide
entre le pôle sodique (albite : NaAlSi3O8) et le pôle calcique (anorthite : CaAl2Si2O8). Les
plagioclases sont des minéraux cardinaux des roches magmatiques (granites, syénite,
diorites, gabbro, …).
Plioquaternaire. Période géologique qui va du Pliocène (-5,3 Ma) au Quaternaire qui débute
à -1,8 Ma, soit un laps de temps de 5 à 6 Ma.
Plutonique. Qualifie les roches magmatiques formées par refroidissement lent en profondeur
de la Terre et qui se caractérisent par une texture grenue (ex. granite, gabbro, syénite, …).
163
Contrairement aux roches effusives qui se forment en surface et qui montrent des textures
vitreuses à microcristallines.
Porcelaine. Variété de céramique blanche, fine et translucide fabriquée par cuisson vers
1.200°C de l’argile kaolinique. Elle est spécialement utilisée dans les arts de la table
(vaisselle, plat, tasses, couvert, …).
Porosité. Ensemble des vides (pores) existant dans un matériau (roche, céramique, …) et qui
conditionne la capacité de ce matériau à écouler et retenir un fluide (eau, air, …). P% = 100
x (Volume vide/ Volume total).
Potasse. Minéral évaporitique de potassium, nommé sylvine ou sylvite (KCl) et qui se trouve
associé au sel gemme (NaCl) et sel de Nigari (MgCl2). La potasse est utilisée pour fabriquer
les savons mous et les engrais.
Prise (- de ciment). Passage du mélange pâteux (ciment + granulat + eau) au matériau solide
(mortier et béton à travers l’ensemble des réactions chimiques. L’essai de prise qui se fait
à l’aide de l’aiguille de Vicat, permet de déterminer le temps entre l’hydratation du ciment
et sa consolidation.
Pyroélectrique. Qualifie les minéraux qui répondent au changement de température par la
création d’une différence de potentiel capable de générer un courant électrique. Les
minéraux pyroélectriques (ex. quartz) sont utilisés pour la détection des radiations UV et la
production d’électricité.
------------ Q ------------
Quartz. Principal minéral de la silice (SiO2), très abondant dans la nature. Il se présente en
cristaux automorphes, grains et masse continue, incolore à teinté (jaune, rouge, bleu, …).
Par ses propriétés (dureté, stabilité et piézoélectricité), il est utilisé en verrerie, électricité
(fibres optiques), électronique (oscillateurs et montres à quartz), …
Quartzite. Roche siliceuse, massive, très dure et à cassure conchoïdale. Il est composé à plus
de 95% de quartz en grains jointifs et soudés. Parmi les quartzites, on distingue
l’orthoquartzite d’origine sédimentaire et le métaquartzite d’origine métamorphique.
Quaternaire. Troisième période géologique de l'ère Cénozoïque (Tertiaire) et la plus récente
sur l'échelle des temps géologiques. Cette période se caractérise par le retour des glaciations
et l’apparition de l’Homme.
------------ R ------------
Réfractaire (brique -). Matériau résistant à la haute température (> 1.300°C). Les briques
réfractaires sont synthétisées à partir de matériaux acides (alumino-silcatés) ou basiques
(magnésiens) pour être utilisées comme revêtement des parois des cheminées et des hauts
fourneaux.
Réfraction (indice de -). L’indice de réfraction décrit le comportement de la lumière
traversant un milieu transparent (fluide, minéral). C’est le rapport de la vitesse de la lumière
dans le vide (c) par la vitesse de la lumière dans le milieu (v). l’IR est propre à chaque
minéral ; la brillance des pierres précieuses est liée à leur IR élevé (verre = 1,5, diamant =
2,5).
Réhabilitation (- de carrières). La réhabilitation ou la remise en état d’une carrière consiste
en la réalisation d’un ensemble d’opérations permettant de dépolluer le site et de le
réaménager, afin de le rendre apte à un usage donné (zone de loisir, parc, complexe
touristique…).
164
Remblaiement. Action de combler une cavité avec des matériaux rapportés pour rehausser
ou niveler le terrain. Le remblaiement est suivi du tassement qui permet de réduire le vide
et augmenter la cohésion du remblai. Ainsi la zone remblayée pourra supporter les
sollicitations ultérieures (trafics routier, bâtiments, …) sans déformation préjudiciable.
Rinneite. Minéral du groupe des évaporites, de composition K 3Na(FeCl6). Il se trouve dans
les gisements de sel d’origine marine en association avec les chlorures (sel gemme, potasse,
…).
------------ S ------------
Sala Colonia. Ancienne ville romaine de la Mauritanie tingitane, établie sur un ancien
comptoir phénicien. Elle correspond à l’actuel forteresse de Chellah qui se trouve à Rabat,
sur la rive sud de l’oued Bouregreg.
Salage (- des routes). Action de répandre du sel sur la chaussée afin de faire fondre la
pellicule de glace ou de neige compactée. Le sel peut être épandu même avant pour
empêcher la glace de se former.
Saumure. Eau chargée en sel résultant d’une intense évaporation. Les saumures proviennent
aussi d’une congélation de l'eau de mer ou d’une dissolution d’anciennes roches
sédimentaires salines.
Schiste. Roche métamorphique à structure feuilletée ; pouvant se débiter en plaques fines
(feuillets). On distingue les schistes ardoisiers, les schistes tachetés, les schistes à
andalousite, …
Sélénite. Belle variété cristalline du gypse (CaSO4), blanche à teintée en rose et assez
translucide. Elle est souvent taillée et sculptée pour en faire des objets de décoration (abat-
jours, œufs, …).
Silex. Roche sédimentaire siliceuse, très dure et à cassure conchoïdale. Il est constitué de
calcédoine pure et d’inclusions d’oxydes qui influent sur sa couleur. Le silex se trouve sous
forme de nodules dans les formations calcaires, découvert et utilisé par l’Homme
préhistorique.
Sillimanite. Minéral de silicate d’alumine (Al2SiO5), polymorphe de l’andalousite et du
disthène. Il se présente en cristal fibreux (d'où son autre nom de fibrolithe) ou lamellaire et
d’aspect nacré.
Silurien. Période géologique qui s'étend de -444 à -416 Ma, entre l’Ordovicien et le
Dévonien. Le Silurien se marque par deux extinctions de masse qui ont causé la disparition
de 60 % des espèces marines (crise biologique de l'Ordovicien-Silurien).
Smectite. Variété de phyllosilicate de la famille des minéraux argileux composée de 2
couches tétraédriques séparées par une couche octaédrique. La smectite, très gonflante et à
grande capacité absorbante est utilisée en cosmétique et pharmacie comme nettoyant et
purifiant.
Socle. Formation rocheuse ancienne, métamorphisée, plissée et granitisée (ex. socle
paléozoïque). Les formations géologiques plus récentes et moins déformées qui surmontent
le socle constituent la couverture (ex. couverture mésozoïque).
Soude. Hydroxyde de sodium de formule NaOH, appelé aussi soude caustique. A l’état
naturel et à température ambiante, elle se trouve sous forme de solide cristallin. Elle est très
soluble dans l’eau (1.090 g/l à 20 °C) et correspond à une base fortement corrosive.
165
Subsidence. Phénomène géologique, d’origine tectonique ou thermique qui fait qu’une partie
de la surface de la croûte terrestre s’affaisse lentement. La subsidence est à l’origine de la
formation des bassins sédimentaires où s’accumulent des sédiments de grande épaisseur.
Sylvine. Appelé aussi sylvite ou sel amer est un minéral typique des roches évaporitiques de
la famille des chlorures de potassium de formule (KCl). Elle est utilisée à l’état brut comme
engrais pour les cultures peu sensibles et après transformation en sulfate pour les cultures
délicates.
------------ T ------------
Tectonique. Etude des déformations des roches causées par les forces de la dynamique
externe de la Terre. La déformation des terrains ductiles entraine leur plissement. Lorsque
les roches sont dures elles finissement par se casser ce qui donne des failles et des fractures.
Terrasse (- alluviale ou fluviale). Gradin topographique horizontal sur le versant d’une vallée
et qui se trouve comblé d’alluvions riches en galets déposés par les cours d’eaux d’une
manière périodique et successive.
Tétrapode. Grande pièce fabriquée en béton et comportant quatre pieds de forme tronquée.
Les tétrapodes sont utilisées en travaux publics et plus particulièrement en ingénierie
hydraulique pour la confection de jetées et de brise-lames, servant de digue de protection
contre les grandes vagues
Tourmaline. Minéral de la famille des silicates, sous-groupe des cyclosilicates, de formule :
(Mn,Mg,Fe,Al,Ti,Cr)9((OH,F)4/(BO)3/Si6O18). Elle se présente généralement en prismes à
surface striée, de couleur verte à noire et de dureté élevée (7 à 7,5). La tourmaline est assez
abondante dans les pegmatites granitiques et sert comme pierre semi-précieuse.
Tout-venant. En géologie minière, c’est le produit brut directement extrait de la mine et qui
comporte le minerai et sa gangue. Dans le cas des matériaux de carrière, c’est un mélange
de terre sans granulométrie ou composition bien définies et qui sert de remblai ou pour la
construction en terre crue (ex. pisé) à lui seul ou on lui ajoutant de la chaux.
Travertin. Roche sédimentaire calcaire continentale. Elle se caractérise par sa couleur claire
(gris, beige à rosâtre) et sa structure litée ou concrétionnée et vacuolaire. Il se forme en
bordure des sources d’eaux riches en carbonates par précipitation du calcaire sur des
végétaux qui s’encrouent puis se décomposent progressivement pour ne laisser que leurs
empruntes.
------------ V ------------
Viséen. Etage géologique inférieur de la période du Carbonifère qui s'étend de -347 à -330
Ma et qui succède au Tournaisien. Les terrains de cet étage ont été définis près de la ville
de Visé en Belgique.
Volcanique (roche -). Roche magmatique effusive ou extrusive, résultant du refroidissement
rapide d'une lave très chaude à son arrivée et écoulement en surface de la Terre (ex. basalte,
andésite, rhyolite). Opposé des roches plutoniques cristallisant en profondeur (ex. granite,
gabbro, …).
------------ Z ------------
Zellige. Mot arabe désignant une mosaïque composée d’éléments appelés tesselles. Celles-
ci correspondent à des morceaux de carreaux de terre cuite colorée et émaillée puis
découpée en pièces de différentes formes. Les tesselles sont ensuite assemblées sur un lit
de mortier pour former des décors géométriques mono ou polychromes.
166
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