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Publications de l’Institut Scientifique

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spécialisée depuis 2001 en deux sections, Sciences de la Terre et Sciences de la Vie. Distribution mondiale.
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Université Mohammed V de Rabat
Institut Scientifique

LES GEOMATERIAUX DE LA
REGION DE RABAT-SALE-KENITRA

Ouvrage publié à l’occasion du centenaire de la


création de l’Institut Scientifique : 1920-2020

Auteur :
Iz-Eddine EL AMRANI EL HASSANI
Professeur de Géologie (Pétrologie-Minéralogie) à l’Institut Scientifique –
Rabat (Université Mohammed V)

--------------------------------------------------------------------------------------------
Document de l’Institut Scientifique N° 34- 2021
Imprimerie Adams Graphic
Dépôt légal : 2021MO0000
ISBN : 978-9954-0000-0-0
ISSN : 0257-4249
Table des matières

Présentation de l’Ouvrage 5
I- Généralités sur la Région de Rabat-Salé-Kénitra 9
I-1 La région en chiffres 9
I-2 Aperçu sur la géologie de la Région 12
II- Définitions et classifications des géomatériaux 17
II-1 Définitions et classifications 17
II-2 Nature et répartition des géoressources dans la Région de RSK 20
III- Les matériaux de Construction 25
III-1 les sables 25
III-2 le tout-venant 28
III-3 Le gravier 31
III-4 les argiles 36
III-5 Les marnes 39
III-6 Les pierres à bâtir 44
IV- Les roches ornementales 55
IV-1 Définitions et généralités 55
IV-2 Les roches ornementales au Maroc 57
IV-3 Le marbre 59
IV-4 Le granite 67
IV-5 La calcarénite 72
IV-6 Les schistes 76
IV-7 Le travertin 78
IV-8 Les quartzites 81
IV-9 Les galets 83
V Les roches et minéraux industriels 89
V-1 Définitions et généralités 89
V-2 Les roches et minéraux industriels au Maroc 90
V-3 L’andalousite 92
V-4 L’argile kaolinique 95
V-5 Le calcaire à chaux 97
V-6 Le sel gemme et la potasse 102
V-7 Le gypse 108
V-8 La fluorine 112
V-9 Le quartz 115
V-10 La barytine 119
V-11 La calcite 120
V-12- La diatomite 121
V-13 L’orthose 122
V-14 La muscovite 123
V-15 La tourmaline 124
V-16 L’ocre 126
VI- Exploitation des géomatériaux et environnement 131
VI-1 Problématique 131
VI-2 Types d’impact 132
VI-3 Etat des carrières e la Région de RSK 133
VI-4 Lois sur les mines, les carrières et l’environnement 136
VI-5 Les schéma régionaux de gestion des carrières 138
VI- 6 Gestion et réhabilitation des carrières 139
VI-7 Notion de développement durable 141
VI-8 Les Bonnes pratiques 143
Conclusion et recommandation 147
Glossaire 153
Références bibliographiques 169
Présentation de l’ouvrage

La situation géographique et le contexte géologique, assez exceptionnels,


font que le sol et le sous-sol marocain recèlent des géoressources très diverses
(des substances métalliques, énergétiques et hydriques et des géomatériaux).
La Région de Rabat-Salé-Kénitra (RSK), située dans la partie nord-ouest de
la Meseta occidentale, détient sa part de ces géoressources nationales,
notamment des géomatériaux très variés (andalousite, argile, calcaire,
calcarénite, feldspath, granite, gypse, marbre, marne, quartz, sable, schiste,
sel gemme, silex, etc.).
Les géomatériaux de la Région de RSK furent découverts et utilisés depuis
la nuit des temps. Les falaises côtières en calcarénite furent aménagées par
l’Homme préhistorique de Rabat-Témara pour en faire ses abris, tandis que
les lits et embouchures des oueds Bouregreg, Ykem, Akrech, etc.
constituèrent pour lui des endroits de choix pour y aller chercher ses galets de
silex, quartzite, granite, etc. pour la confection de ses outils lithiques. Par
ailleurs, la pierre de Salé et les marbres des régions de Rabat, Salé, Tiflet, etc.
furent exploités par les Romains pour édifier leur cité antique Sala Colonia,
dont les ruines qui subsistent à Chellah en apportent la preuve. Ces mêmes
pierres ainsi que les argiles, les sables et la chaux ont été massivement
exploités par les grandes dynasties marocaines, notamment les Almohades et
les Mérinides, pour la construction de leurs monuments historiques (remparts,
kasbahs des Oudayas et de Mehdia, portails de Bab Rouah, Bab El Had, Bab
Lamrissa, etc.). Aussi, et avec le temps, la demande sur les géomatériaux de
la Région de RSK n’a pas cessé d’augmenter et de se diversifier pour
satisfaire et les besoins de la construction et ceux du développement
industriel.
Les nombreux travaux de recherches géologiques, développés depuis le
début du XIXème siècle, font que les différentes unités lithologiques et
géoressources de la Région de RSK sont actuellement bien décrites et
caractérisées. Cependant, les résultats de ces travaux, généralement publiés
dans des thèses, mémoires et revues spécialisées, restent accessibles
principalement aux spécialistes. Aussi ce document ambitionne-t-il de
médiatiser et de démocratiser les connaissances scientifiques sur ces

5
géomatériaux, en les rendant accessibles à une plus large catégorie
d’utilisateurs : étudiants en géologie appliquée et en sciences des matériaux ;
ingénieurs et techniciens des Bureaux d’Etudes ; personnel des services
techniques chargés de l’aménagement du territoire et de la gestion des
carrières ; investisseurs dans le domaine de l’exploitation des géomatériaux
et ; le grand-public.
Le présent document se compose de six parties : la première partie
présente la Région de RSK et donne un aperçu sur sa géologie. La seconde
partie rappelle la définition et la classification précises des géoressources et
des géomatériaux puis énumère les principaux géoressources de la Région
tout en indiquant leur répartition géographique. Les parties III, IV et V traitent
successivement les trois catégories de géomatériaux existant dans la Région :
les matériaux de construction (MC) ; les roches ornementales (RO) et ; les
roches et minéraux industries (RMI). La sixième partie aborde la question
délicate de l’impact de l’exploitation des carrières sur l’environnement en
commençant par présenter l’état des lieux des carrières en activité et celles
qui sont abandonnées de la Région de RSK, puis rappeler la règlementation
minière marocaine, ainsi que d’autres notions essentielles sur le sujet, tels
que : le projet des schémas régionaux de gestion des carrières ; le principe de
réhabilitation des carrières ; le concept de développement durable et ; les
bonnes pratiques.
Le document s’achève par une conclusion qui met en valeur l’énorme
potentialité de la Région en géomatériaux, suivie par des recommandations
pratiques permettant d’aller vers une exploitation rationnelle et économe des
géomatériaux de la Région dans le but d’un développement durable et dans le
respect de l’environnement.
Le lecteur profane trouvera à la fin du document un glossaire des termes
scientifiques et techniques utilisés dans le texte ainsi qu’une sélection de
références bibliographiques lui permettant d’avoir de plus amples
informations sur la géologie et les géomatériaux de la Région de Rabat-Salé-
Kénitra.

6
I- GENERALITES SUR LA REGION DE
RABAT-SALE-KENITRA
I- GENERALITES SUR LA REGION DE RABAT-SALE-
KENITRA

I-1 La Région en chiffres


La Région de Rabat-Salé-Kénitra (RSK) abrite la ville de Rabat, la capitale
du Royaume du Maroc et correspond à la quatrième région parmi les 12
régions du Maroc, créées par le découpage territorial de 2015 (décret n° 2-15-
40 du B.O 6340 du 05 mars 2015).
La Région de RSK est limitée au nord par la Région de Tanger-Tétouan-
Al Hoceima, au sud-est par la Région de Fès-Meknès, au sud par les deux
Régions de Casablanca-Settat et Beni-Mellal-Khénifra et à l'ouest par l'océan
Atlantique (Fig. 1).

Figure 1. Découpage administratif de la Région de RSK en Préfectures et Provinces

La Région de RSK se compose de 3 préfectures et 4 provinces et abrite 10


arrondissements, 12 municipalités et 19 communes, soit un total de 221
collectivités territoriales (Tableau I).

9
Tableau I. Superficie et nombre d’habitant par Préfecture et Province de la Région

Préfectures / Provinces Superficie Population (2014)


Préfecture de Rabat 118 km2 577.827
Préfecture de Salé 672 km2 982.163
Préfecture de Skhirate-Témara 485 km2 574.543
Province de Khémisset 8.305 km2 542.221
Province de Kénitra 3.052 km2 1.061.435
Province de Sidi Kacem 3.113 km2 522.270
Province de Sidi Slimane 1.825 km2 320.407
Total 17.570 km2 4.580.866 habitants
(Source : https://www.hcp.ma/region-rabat/Indicateurs-statistiques_r9.html)

Avec une superficie de 17.570 km2, la Région de RSK représente 2,5 % de


la surface du Maroc (710.850 km2).
La Région de RSK compte 4.580.866 habitants, selon le recensement
de 2014, soit 13,5 % de la population totale du Maroc (33.848.242 habitants).
Cela la situe au 2ème rang national après la Région de Casablanca-Settat
(Tableau I).
Le produit intérieur brut (PIB) de la Région de RSK s’élevait en 2014 à
150,7 milliards de Dirhams, en augmentation de 7,1% par rapport à 2013.
Avec ce PIB, la région contribue à la hauteur de 16,3% à la richesse du
Royaume.
L’économie de cette Région se marque par l’importance de la valeur
ajoutée provenant du secteur tertiaire (services) qui représente 64,8%. Cela
contribue à hauteur de 19,8% de la valeur ajoutée nationale des activités du
secteur tertiaire durant l’exercice 2014.
La pyramide des âges de la population de la Région de RSK (en 2014) est
de type « Poire écrasée » indiquant une forte natalité, avec un taux
d’accroissement annuel moyen de 1,31%, entre 2004 et 2014. Cela situe la
Région au 6ème rang national en termes de croissance démographique. La
proportion du sexe de la population est presque équilibrée, avec un rapport de
masculinité égal à 101.

10
Le transport public a été renforcé, à partir de 2011, par le Tramway de
Rabat-Salé (Fig.2).
Le secteur de la banque, de la téléphonie, de l’assurance, etc. sont autant
de secteurs de prestation de services, très bien représentés à l’échelle de la
Région par des entreprises, pour la plupart nationales et privées (Fig. 2).

Tramway de Rabat-Salé au niveau du quartier de H&ssan

Figure 2. Exemples d’insignes d’entreprises marocaines opérant dans la Région

11
I-2 Aperçu sur la géologie de la Région
La Région de RSK se distingue, à l’instar de l’ensemble du Maroc, par une
longue et riche histoire géologique qui est à l’origine d’une très grande
diversité pétrographique et structurale (Fig. 3). Ses terrains appartiennent au
domaine de la Meseta occidentale et se composent d’un socle paléozoïque
(Primaire) surmonté par une couverture de terrains d’âges plus récents
(Secondaire et Tertiaires).

Figure 3. Fond géologique de la Région de RSK (Cartes géologiques du Maroc


au 1/2.000.000 et 1/1.000.000, Ministère de l’Energie et des Mines)

Les formations géologiques du socle se composent de schistes, calcaires


dolomitisés, quartzites, granites, etc. (Fig. 4) dont les âges s’échelonnent du
Cambrien au permiens (-530 Ma à -245 Ma) et qui enregistrent des traces du
métamorphisme et de déformation des orogenèses calédonienne et

12
hercynienne La couverture d’âge post-paléozoïque de forme plutôt tabulaire,
montre une succession de terrains de nature essentiellement sédimentaire
marine (calcaire, argile, marnes, etc.), localement entrecoupés par des roches
volcaniques d’âge triasique (basalte et dolérite).

1 : Post-paléozoïque ; 2 : Permien ; 3 : Namurien-westphalien ;


4 : Namurien inférieur ; 5 : Viséen ; 6 : Dévono-Dinantian ; 7 : Silurien ;
8 : Granite tardi-hercynien ; 9 : Paléozoïque inférieur (Cambrien à Silurien).

Figure 4. Schéma structural du socle paléozoïque du massif hercynien central du Maroc

Les conditions d’affleurement des formations géologiques de la Région de


RSK, aussi bien anciennes que récentes, sont généralement très bonnes ; le
climat très peu humide de la Région empêche l’altération des roches et permet
une meilleure conservation de leurs structures et leurs compositions
minéralogiques. Les photos de la Planche I donnent un aperçu sur la diversité
des faciès pétrographiques et des styles tectoniques des formations
géologiques composant la région de RSK.

13
Planche I : Diversité de faciès pétrographiques et style tectonique
terrains de la Région de Rabat-Salé-Kénitra

Calcarénite - Quaternaire (Sidi Bouknadel) Marne jaune - Miocène (El Oulja)

Argile rouge - Trias (Khémisset) Coulées de basalte - Quaternaire (Oulmès)

Quartzite - Ordovicien (Oued Cherrat) Calcaire dolomitisé - Dévonien (O. Akrech)

Schistes plissés - Carbonifère (Rommani) Granite en boules - Hercynien (Zaër)

14
II- DEFINITIONS ET CLASSIFICATIONS
DES GEOMATERIAUX
II- DEFINITIONS ET CLASSIFICATIONS DES
GEOMATERIAUX

II-1 Définitions et classifications


II-1.1 Les géoressources (GR)
Les géoressources correspondent à des concentrations naturelles de
substances de composition minérale (ex. les minéraux, les métaux, etc.) ou
même organique mais dont le processus de genèse est de nature géologique
(ex. le charbon fossile et le pétrole) que l’Homme peut exploiter pour ses
divers besoins (construction, défense, ornementation, industrie, etc.). En
effet, depuis son apparition, l’Homme a essayé d’exploiter la pierre (Age de
pierre), puis les métaux (Ages du bronze et de fer), puis de plus en plus
d’autres GR, à fur et à mesure qu’il découvre leurs propriétés et maitrise leurs
utilisations (Fig. 5).

Figure 5. Découverte et usage de la pierre par l’Homme


préhistorique

Les Géoressources sont habituellement subdivisées en quatre classes de


substances ayant des propriétés et des domaines d’utilisation bien distincts
(Tableau II) : 1/ les substances énergétiques ; 2/ les substances hydriques ;
3/ les substances métalliques et ; 4/ les géomatériaux.

17
Tableau II. Classification des géoressources selon leur nature et leurs domaines
d’utilisation

Classe Nature et utilisation de la substance

Matériaux source d’énergie, pouvant être organiques solides (ex.


1- Substances charbon, anthracite, …) ; liquides (ex. pétrole, huile, …) ; gazeux
énergétiques (SE) (butane, propane…) ; ou minérales (ex. uraninite, pechblende, …
riches en uranium et thorium).

Matériaux à base d’H2O, se présentant à l’état : liquide (ex. eaux


2- Substances
potables, minérales, salées, …) ; solide (ex. neige, glace, …) ou
hydriques (SH)
gazeux (ex. vapeur d’eau, brume, buée, …).

Matériaux trouvés dans des gisements à l’état pur (ex. : or, argent,
3- Substances cuivre, …) ou sous forme de minerais (ex. galène, blende, cassitérite,
métalliques (SM) …) pouvant, après traitement métallurgique, fournir des métaux purs
(ex. plomb, zinc, étain, …).

Ensemble de matériaux non-énergétiques, non-hydriques et non-


4- Géomatériaux métalliques pouvant, après élaboration, être utilisés dans différents
(GM) domaines de l’industrie (ex. construction, céramique, électronique,
cosmétique, …).

II-1.2 Les géomatériaux (GM)


Les géomatériaux regroupent une très large variété de roches et de
minéraux utiles ayant des compositions et des propriétés très différentes et
par conséquent des domaines d’utilisation très variés (construction, chimie,
électronique, pharmacie, verrerie, etc.).
Les géomatériaux sont généralement classés en trois groupes sur la base
de leurs propriétés et leurs usages (Tableau III) : 1/ les matériaux de
construction (MC) ; 2/ les roches ornementales (RO) et ; 3/ les roches et
minéraux industriels (RMI).
Parmi les trois groupes de géomatériaux, celui des RMI est le plus
important sur le plan économique. Certains RMI sont parfois rares dans la
nature et constituent la matière première de base pour de nombreuses
industries. De ce fait, les RMI ont souvent une plus grande valeur marchande
par rapport aux autres GM.

18
Tableau III. Classification des géomatériaux sur la base de leur nature et leurs
domaines d’utilisation

Groupe Nature et utilisations du géomatériaux


Matériaux utilisés généralement à l’état brut dans les travaux
1- Matériaux de
de voirie et de construction (ex. granulat pour béton, argile
Construction (MC)
rouge pour briques, pierres massives pour enrochement, …).
Matériaux cohérents et mécaniquement résistants qui peuvent
2- Roches
être taillés en blocs ou dalles pour des utilisations dans le domaine
Ornementales (RO)
du Bâtiment (ex. marbre, travertin, granite…).
Substances minérales diverses utilisées directement ou après
3- Roches et
élaboration physico-chimique dans différents domaines
Minéraux Industriels
industriels (ex. argile kaolinique, barytine, bentonite, calcite,
(RMI)
fluorine, gypse, perlite, … ).

Les RMI peuvent être subdivisés en dix catégories sur la base de leurs
propriétés intrinsèques qui définissent leurs domaines d’utilisations
industrielles (Tableau IV).

Tableau IV. Subdivision du groupe des Roches et Minéraux Industriels

Catégories Exemples de substances minérales


1- Fondants Feldspaths, calcite, dolomite, …
2- Réfractaires et isolants thermiques Graphite, andalousite, …
3- Halogénures Chlorures, fluorures, …
4- Phosphates Apatite, phosphosidérite, …
5- Diélectriques Muscovite, phlogopite, …
6- Optiques Quartz, fluorine, calcite, …
7- Piézoélectriques Quartz, tourmaline, …
8- Abrasifs Corindon, diamant, grenat, …
9- Produits pour céramique et verrerie Argile, kaolin, sable siliceux, …
10- Pierres précieuses et semi-précieuses Diamant, rubis, saphir, …

A rappeler que les classifications des géoressources et des géomatériaux,


présentées plus haut et qui seront adoptées dans cet ouvrage, sont d’ordre
scientifique. Celles-ci n’étant pas toujours concordantes avec la classification
législative des mines et des carrières qui est d’ordre économique et financière.

19
II-2 Nature et répartition des géoressources dans la Région
de RSK
Grâce à sa géologie très diversifiée, la Région de Rabat-Salé-Kénitra
renferme pratiquement toutes les catégories et espèces de substances
minérales utiles avec, toutefois, des variations importantes de leurs
abondances relatives.
L’extrait de la carte géologique du Maroc au 1/1.000.000 (Fig. 6) montre
que le sol de la Région de RSK se compose, au niveau des provinces du nord
(Kénitra, Sidi Kacem et Sidi Slimane) de terrains récents de type
sédimentaire-alluvionnaire, tandis que celui des préfectures et provinces du
sud (Rabat, Salé, Khémisset et Skhirat-Témara) est en grande partie composé
de terrains anciens appartenant au socle ancien d’âge primaire.

Limite administrative de la
Région de Rabat-Salé-Kénitra Ksar l Kébir

My Bou Selham

Souk Larbaa
Had Kourt
M. Belksiri

Jorf El Melha

Mehdia Ké nitra Sidi Sliman


Sidi Kacem

Rabat Salé

T émara T iflet Me knès

Skhirate Khémisset

T iddas
Rommani

Azrou
Oulmès

Ezzhiliga

Figure 6. Extrait de la carte géologique du Maroc couvrant la Région de RSK

La carte géotechnique de Rabat (Fig. 7), prise comme exemple, présente


l’intérêt de renseigne sur la localisation des mines et des carrières exploitables
autour des villes de Rabat et Salé ainsi que les formations pétrographiques
auxquelles elles sont liées.

20
Matériaux de construction (blocs)
M Marbre et roches marbrières
Gravier et gravette de concassage
Argile pour tuilerie et briqueterie

Gravière
Sablière
Symbole plein : carrière en activité ;
vide : carrière abandonnée

Figure 7. Carte géotechnique de Rabat au 1/50.000


(Ministère de l’Energie et des Mines, 1970)

La carte de la figure 8 donne un aperçu sur la nature des différentes


géoressources (SH, SM, SE et GM) de la Région de RSK ainsi que leur
répartition géographique et leur contexte géologique.

Légende

Figure 8. Nature et répartition des géoressources de la Région de RSK


sur fond géologique

21
L’analyse géologique globale montre que les principales carrières
d’exploitation des géomatériaux de la région de RSK sont ouvertes dans huit
types de faciès pétrographiques suivants (Tableau V) :

Tableau V : Principaux faciès pétrographiques fournissant les GM de la Région de


RSK

1/ Les sables de plages actuelles et les alluvions des oueds.

2/ La calcarénite (grès calcaire) des dunes de sables consolidés plioquaternaires

3/ Les marnes et argiles marneuses et/ou sableuses du Miocène.

4/ Les argiles rouges du Trias et argiles caillouteuses du Quaternaire

5/ Les basaltes du Trias et basaltes massifs du Quaternaire

6/ Les schistes gris-bleutés en plaquettes du Carbonifère

7/ Les calcaires massifs plus ou moins dolomitisés du Dévonien

8/ Les granitoïdes hercynien et leurs filons associés

A noter que le présent document sera consacré à l’étude des trois catégories
de géomatériaux (GM) (matériaux de construction : MC ; roches
ornementales : RO et roches et minéraux industriels : RMI). Les autres
géoressources (substances métalliques : SM ; substances énergétiques : SE)
et substances hydriques : SH) feront l’objet d’un prochain document.

22
III- LES MATÉRIAUX DE
CONSTRUCTION
III- LES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION

III-1 Les sables


III-1-1 Définitions et généralités
Les sables sont des matériaux granulaires constitués de petites particules
disjointes (Fig. 9) provenant de la désagrégation d’anciens matériaux
(minéraux, roches et/ou coquillages). Le diamètre des particules de sables
varie entre 0,063 mm (sable fin) et 2 mm (sable grossier). La nature des grains
est très variable (quartz, feldspath, ilménite, grenat, fragments de roches,
débris de coquilles, etc.).
Deux grands types de sables peuvent être distingués :
✓ Sables ordinaires, tels que les sables de plages, des oueds et des
arènes granitiques, composés principalement de grains de quartz,
feldspath et fragments de coquilles, et dont l’utilisation se limite aux
travaux du bâtiment et de travaux publics (BTP).

✓ Sables industriels qui ont des compositions spécifiques : i/ sable


siliceux, composés presque exclusivement (plus de 99,70%) de grains
de quartz ; ii/ Sables à minéraux utiles (ilménite, grenat, diamant, etc.),
minéraux récupérables pour leur intérêt économique.

A B

Figure 9. Aspect macroscopique d’un sable siliceux (A) et vue à la binoculaire d’un
sable de plage (B)

La demande sur le sable augmente sans cesse avec le développement


urbain et industriel. Le sable occupe le troisième rang mondial, après l’air et
l’eau, des substances consommées par l’Homme. La consommation mondiale

25
de sable pour la construction est estimée à 15 milliards de tonnes/an, ce qui
représente un volume d’échanges internationaux de 70 milliards de dollars/an.
A titre d’exemple, la construction de 1 km de route demande 30.000 tonnes
de sable. L’édification d’une maison individuelle en consomme 200 tonnes.
En maçonnerie, le sable constitue un matériau de construction incontournable
pour la préparation du mortier, du béton, et des briques en ciment Portland.

III-1-2 Les sables dans la Région de RSK


Aucun gisement notable de sable industriel n’est connu à l’échelle de la
Région de RSK. Par contre, de grandes accumulations de sables ordinaires
s’y trouvent et font l’objet d’exploitation massive pour répondre à la forte
demande de la Région en sable de construction.
Les principales sources de sables de la Région de RSK sont :
✓ Les sables de plage du littoral atlantique, situés entre Mehdia et
Moulay Bouselham (Fig. 10).
✓ Les sables du réseau hydrographique de la région (Oueds Bouregreg,
Sebou, Beht, Ourgha, Rdat et leurs affluents).
✓ Les arènes sableuses liées aux plutons granitiques d’Oulmès et de
Zaër.

Méhdia
Kénitra

Figure 10. Bande de sable exploitable entre Mehdia


et Moulay Bouselham (image Google Earth)

26
Au niveau de la Région de RSK, comme dans la majorité des régions
côtières, l’essentiel du sable demandé par le BTP est extrait des plages.
L’exploitation massive des sables de la zone littorale, située entre Mehdia et
Moulay Bouselham (Fig. 10), a eu des conséquences écologiques néfastes :
défiguration du paysage, perturbations des lignes de rivages et salinisation
des nappes phréatiques.
La sensibilité aux questions environnementales a fait que des programmes
ont été lancés dès le début des années 80 pour trouver des solutions
alternatives aux sables de plages. Les possibilités envisagées furent : 1/ le
sable de concassage et 2/ le sable de dragage.
1/ Les essais d’obtention du sable par concassage à partir de la calcarénite
des cordons dunaires plioquaternaires n’ont pas été concluants sur le plan
économique ; le coût énergétique de l’opération de concassage s’avéra trop
élevé.
2/ Les sables obtenus par dragage de l’embouchure de l’Oued Bouregreg
(Fig. 11) et du large de Mehdia (plus de 1,3 Millions de m3 entre 2004 et
2009) ont pu soulager la demande sur les sables de plages, mais cela a eu des
effets écologiques néfastes : érosion des dunes, dégradation de la biodiversité,
etc.

A B

Figure 11. Exploitation du sable par dragage au niveau de l’embouchure de l’Oued


Bouregreg (A) et du large de Mehdia (B)

Le sable est un matériau indispensable pour la construction, mais les plages


ne peuvent rester la seule source de ce matériau. La production du sable par
concassage des roches massives constitue une solution écologiquement très
intéressante, à condition de faire appel à des concasseurs modernes
(économiques et à meilleur rendement) en mesure de réduire le coût de
production.

27
III-2 Le tout-venant
III-2-1 Définitions et généralités
Le tout-venant est un matériau meuble (granulaire) de composition très
variable. Il correspond généralement au produit brut d’extraction d’une
carrière qui se compose d’un mélange d’argiles, de sables et de gravier à
granulométrie hétérogène (Fig. 12).

Figure12. Carrière d’exploitation du tout-venant (argile rouge caillouteux) de la


région de Larbaa Shoul

Le tout-venant (Toufna en jargon des maçons) est utilisé à l’état brut ou


après traitement sommaire (élimination des grands fragments de roches, de
taille supérieure à 150 mm). Il est exploité au niveau des terrasses
alluvionnaires, des fronts de tailles de carrières ainsi qu’autour des stations
de concassage des roches massives.
En construction routière, on utilise généralement une couche d’environ 20
cm de tout-venant entre la couche de surface (bitumée) et une couche de 20
cm de sable argileux très fin et fortement compactée (terre jaune) qui repose
directement sur la plateforme support de la chaussée (Fig. 13).

28
Figure13. Coupe schématique d’une chaussée montrant le niveau
d’utilisation du tout-venant
III-2-2 Utilisation en pisé
Le tout-venant constitue un composant principal de la construction en pisé.
Actuellement, on assiste à un retour vers ce type de construction qui s’avère
écologique ; les murs épais en pisé ont une grande capacité à absorber
l’humidité en périodes de froid et la restituer en période de grande chaleur,
assurant ainsi un confort thermique à l’intérieur des maisons sans faire appel
à la climatisation.
Rappelant que le pisé est une technique de construction qui fut pratiquée
au Maroc depuis des millénaires. Les ksours, kasbahs et habitations du sud
marocain (Fig. 14) ainsi que les remparts des villes impériales (Fès, Rabat,
Marrakech et Meknès) sont construits principalement en pisé et en pierres
locales.

Figure 14. Construction en pisé des ksours et kasbahs du sud marocain

29
Pour les villes de Rabat-Salé-Kénitra, le tout-venant est toujours demandé
pour les opérations de restauration des dizaines de kilomètres de remparts
Almohades, Andalous et Alaouites (Fig. 15) qui entourent les anciennes
médinas et les sites historiques (Tour Hassan, Forteresse de Chellah, Kasbah
des Oudayas, Kasbah de Mehdia, etc.).

Figure 15. Travaux de restauration en pisé de la muraille Almohade de Rabat (2002)

La technique de construction en pisé consiste à préparer un mélange de


trois constituants selon des proportions précises (8 unités de chaux + 4 unités
de tout-venant + 1 unité d’argile rouge). D’autres matériaux (paille, fibres de
chanvres, etc.) peuvent être ajouté au mélange. Le tout est mélangé, humidifié
et laissé au repos pendant 3 à 4 semaines. La pâte à pisé est ensuite transportée
dans des paniers et versée dans le coffrage en bois déjà préparé (Fig16-1),
puis damée à l’aide d’un pilon (Fig. 16-2). Quelques jours plus tard (selon les
saisons et l’ensoleillement), le coffrage est enlevé et la muraille en pisé est
laissée sécher à l’air libre.

30
1 Installation du coffrage 2 Damage

Figure 16. Technique et étapes de construction de muraille en pisé

III-3 Le gravier
III-3-1 Définitions et généralités
Le gravier est un matériau granulaire dont la taille du grain est comprise
entre 4 et 30 mm. Dans le jargon du BTP on parle de « Gravette » lorsque le
grain varie de 10 à 30 mm et de « grain-de-riz » lorsque le grain est compris
entre 3 et 10 mm (Fig. 17).

Gravette (10/20) Grain-de-riz (3/5)


Figure 17. Aspect macroscopique des graviers 10/20 et 3/5 destinés à la construction

La gravette est généralement destinée à la préparation du béton (mélange


de gravette + sable + ciment Portland). Différentes classes de gravettes sont
distinguées selon le rapport granulométrique (d/D) qui varie de 5/10 à 12/25
(d = diamètre minimal et D = diamètre maximal). La gravette requière
d’autres critères, tel que la propreté, la dureté et la forme.

31
Le grain-de-riz est utilisé pour les bétons destinés à des parois fines afin
de conférer au mélange une bonne continuité et compacité. Il est également
employé en mélange avec le bitume pour la couche supérieure des chaussées
(couche de roulement, voir Fig. 13).
Le gravier est produit par concassage des galets des lits des rivières ou des
blocs de roches massives extraites des carrières (Fig. 18).

Figure 18. Stations de production du gravier par concassage du


calcaire massif de l’Oued Akrech

L’exploitation massive des granulats des lits de rivières ont des effets
néfastes sur la circulation des eaux de surface et sur les écosystèmes
fluviatiles. Par ailleurs, l’opération d’extraction des roches massives et de
concassage-criblage engendre des nuisances sonores et une pollution
atmosphérique (Fig. 19).

Figure 19. Pollution de l’air autour de la station de production de gravier


par concassage du calcaire massif de la région de l’Oued Cherrat

32
Le gravier, le sable et le ciment portland sont les trois éléments de base
pour la préparation du béton qui sert de matériau fondamental pour la
construction (bâtiments, ponts, barrages, etc.). La préparation et la mise en
œuvre traditionnelles du béton correspondent à des opérations longues et
fastidieuses. En effet, l’homogénéisation manuelle des ingrédients du béton
(ciment + sable + gravier) ainsi que le soulèvement du béton pour le couler
aux toits des constructions sur plusieurs étages demandent beaucoup d’effort
musculaire et un temps très long. Actuellement, des entreprises spécialisées,
mettent sur le marché différents types de bétons prêts à l’emploi (BPE) ainsi
que des pièces en béton préfabriquées (poutrelles, cloisons, etc.) de bonne
qualité (dosage précis, malaxage parfait, meilleure adaptation à l’usage, etc.)
et d’une plus grande facilité de manutention (Fig. 20).

Figure 20. Opération de coulage de béton prêt à l’emploi fourni par des
camions malaxeurs

III-3-2 Besoin de la Région en gravier


Depuis l’an 2000, la Région de RSK a connu le lancement de plusieurs
grands projets de construction (Planche II) afin de renforcer son
infrastructure routière, immobilière, touristique, etc. Parmi ces grands projets
on note à titre d’exemples :
✓ La ville satellite de Tamesna
✓ L’aménagement de la vallée de Bouregreg
✓ Rabat Technopolis (cité de la technologie)

33
✓ Le tramway de Rabat-Salé
✓ Plage des nations (Beach Resort)
✓ Aménagement de la corniche de Rabat
✓ Atlantic Free Zone (zone franche de Kénitra)
✓ Aautoroute de contournement de Rabat
✓ Arribat center
✓ …
La réalisation de ces infrastructures implique une forte demande sur les
matériaux de construction, en particulier le sable et le gravier pour la
préparation du béton.

Selon l’Association Professionnelle des Cimentiers (APC), la quantité du


ciment consommée par la Région de RSK en 2017 s’est élevée à 1,84 millions
de tonnes. Cela implique que la masse de gravier utilisée par la Région durant
cette même année serait de l’ordre de 7 millions de tonnes. Tenant compte,
en outre, de la part du gravier demandée par les travaux routiers (environ 30
%), la demande de la Région de RSK sur le gravier se situe autour de
10 Mt/an.
Aussi peut-on se poser la question de savoir est-ce que la Région possède
les potentialités suffisantes pour assurer, dans le futur proche, ses propres
besoins en gravier ?
En réponse à cette question, rappelant que les terrains de l’axe Rabat-Tiflet
recèlent des réserves illimitées, à l’échelle humaine, en calcaire massif, d’âge
dévonien (-410 à -360 Ma), pouvant être exploitées pour la production du
gravier. Toutefois, pour soulager la demande sur les roches naturelles et
réduire l’impact de leur exploitation sur l’environnement, il serait sage de
diversifier la source de la matière première nécessaire pour la préparation du
gravier. Ainsi, par exemple, le recyclage des matériaux de démolition,
largement pratiqué dans un grand nombre de pays étrangers, constituerait une
intéressante source potentielle de production de gravier.

34
Planche II. Divers projets de construction développés dans la Région de Rabat-
Salé-Kénitra

Inauguration de projets de construction par SM Mohammed VI

Tramway de Rabat-Salé

Pont Mohammed VI sur l’autoroute de contournement de Rabat

35
III-4 Les argiles
III-4.1 Définitions et généralités
L’argile correspond à une roche sédimentaire souvent meuble, à grain très
fin (< 2 µm) et de teinte très variable (Fig. 21). Une fois imbibée d’eau,
l’argile donne une pâte plastique pouvant être façonnée et transformée en
céramique par cuisson à haute température (à partir de 900 °C). L’argile se
compose d’une grande proportion de minéraux argileux à structure en
feuillets (kaolinite, illite, smectite, etc.) et une faible quantité de minéraux
divers (quartz, feldspath, calcite, etc.) considérés comme étant des impuretés.
Les espaces inter-foliaires des minéraux argileux peuvent piéger de l’eau et
des ions (Ca2+, Mg2+, …), ce qui explique le gonflement des argiles par
hydratation et leur contraction par séchage.

A B

Figure 21. Argile rouge en mottes (A) et argile rouge dessiquée (B)
Les minéraux argileux sont de dimensions nanométriques (1 nm = 10-9 m).
Aussi ne peuvent-ils être observés qu’à l’aide d’un microscope électronique
à balayage (MEB). Plusieurs minéraux argileux sont connus dans la nature
(kaolinite, illite, smectite, ...) et se différencient par la structure et l’épaisseur
de leur feuillets (Fig. 22).

Figure 22. Aspect en feuillets des minéraux argileux vus au Microscope


Electronique à Balayage (MEB)

36
La diffraction des rayon X (DRX), technique d’analyse physico-chimique
développée au début du XXe, reste le moyen le plus simple et efficace pour
détecter et identifier la nature des minéraux argileux (Fig. 23). Selon la nature
et l’abondance de leurs minéraux argileux constitutifs on peut distinguer des
argiles kaoliniques, illitiques, smectiques, etc.

Figure 23. Exemple de diffratogramme de rayon X révélant la


nature des constituants minéraux d’une roche argileuse

Les argiles sont abondantes dans la nature et sont largement utilisées dans
notre vie quotidienne. Elles furent utilisées par les anciennes civilisations
(égyptienne, punique, romaine, etc.) dans divers domaines (soins, hygiène,
poterie, etc.). Actuellement, elles entrent dans l’industrie de la céramique, le
ciment, le papier, les nanocomposites, la médecine, la cosmétique, etc.

III-4.2 Les argiles dans la Région de RSK


Deux variétés d’argiles sont bien représentées à l’échelle de la Région de
RSK :
✓ Les agriles rouges de composition illitique, très abondantes dans la
région.
✓ Les argiles blanches de nature kaolinique, peu abondantes et très
localisées dans l’espace.
Dans cette partie du document on traitera les argiles rouges. Les argiles
blanches kaolinique seront présentées et décrites dans la partie V consacrée
aux roches et minéraux industriels (R&MI).

37
Parmi les argiles rouges on distingue :
A- Les argiles d’âge quaternaire qui constituent des dépôts superficiels,
d’épaisseur réduite et qui servent de terrains cultivables. Ces argiles d’origine
alluvionnaires sont souvent riches en cailloutis et sont utilisées surtout comme
tout-venant.
B- Les argiles d’âge triasique qui sont les plus abondantes et qui
constituent des couches d’épaisseur pluri-métriques, riches en intercalations
de basaltes et d’évaporites. Ce type d’argile se trouve au niveau des bassins
sédimentaires de Rommani et Khémisset (Fig. 24).

Niveaux de basalte vert

Argile rouge

Figure 24. Affleurement d’argile rouge d’âge triasique de la région de Rommani

Les argiles rouges du Trias, à faible teneur en évaporites, sont intensément


exploitées dans les régions de Rommani et Khémisset. Elles sont
essentiellement utilisées pour la fabrication des briques rouges (creuses et
pleines), des tuiles (plates et courbées) et des carreaux (Fig. 25).

Figure 25. Briques creuses et tuiles courbes fabriquées à partir des argiles rouges

38
III-5 Les marnes
III-5.1 Définitions et généralités
Les marnes sont des roches sédimentaires d’origine marine, de couleur
jaune à grise, à grain très fin et d’aspect terreux (Fig. 26). Elles sont
constituées d’un mélange de calcaire (CaCO3) et d'argile dans des proportions
variant de 35 à 65 %. Avec 5 à 35 % d’argile, elles correspondent à des
marnes argileuses et entre 65 et 95 % d’argile, elles constituent des argiles
marneuses.

Fossile

Figure 26. Aspect macroscopique d’un échantillon de


marne jaune d’El Oulja (Salé)

Les marnes sont des matériaux à grains très fins dont l’analyses par DRX
montrent leur richesse en smectite, qui est une variété d’argile fortement
absorbante. Une telle composition explique le caractère à la fois gonflant et
glissant des terrains marneux. Sur le plan géochimique, elles ont une
composition à dominance carbonatée (CaCO3), avec des teneurs modérées en
silice (25 à 45 %) et élevées en calcium (14 à 16 %). Les autres éléments, tels
que l’aluminium, le fer, le magnésium et les alcalins (Na + K) s’avèrent très
variables.
Les marnes constituent des dépôts de bassin sédimentaires et sont souvent
riches en fossiles macro et microscopiques (lamellibranches, gastéropodes,
foraminifères, etc.). Outre les minéraux argileux, les marnes renferment en
faible quantité des minéraux divers, considérés comme étant des impuretés,
tels que la calcite, le quartz et des coquilles calcaires de foraminifères ;
organismes qui confirment l’origine marine des marnes.

39
III-5.2 Les marnes de la Région de RSK
D’énormes dépôts de marnes existent dans la Région de RSK. Ces marnes
affleurent le long des vallées taillées par les fleuves de la région. Elles
constituent les produits de remplissage du grand bassin sédimentaire d’âge
miocène (-23 à -5 Ma) qui s’étend de l’est vers l’ouest sur quelques centaines
de kilomètres, depuis la côte atlantique (niveau de Rabat-Salé).
De nombreuses carrières de marnes existent dans la région de Raba-Salé,
au niveau des localités d’Akrech et d’El Oulja (Fig. 27). Ces carrières
fournissaient l’essentielle de matière première pour les briquetiers et les
potiers de la région. Ces carrières qui se trouvent actuellement en plein centre
urbain ont été interdite à l’exploitation. Aussi, les potiers et briquetiers sont
amenés à exploiter les carrières de marnes situées de plus en plus loin (Larbaa
Shoul, Tiflet, Khémisset, etc.).

Carrières de
marnes de Salé
Salé (Oulja)

Rabat

Carrières de
marnes de Rabat
(Akrech)

Figure 27. Localisation des carrières de marnes d’Akrech et


d’El Oulja sur les rives de l’Oued Bouregreg (Carte
géologique du Maroc au 1/ 100.000).

Les carrières de marnes de Rabat-Salé montrent plusieurs faciès, bien


distincts par leur teinte : marnes grises, jaunes et rosâtres (Fig. 28). Cela
traduit une variation de leurs compositions minéralogiques et géochimiques
(Fig. 29).

40
Argile rouge
quaternaire
Marne jaune

Marne grise

Marne rosée

Figure 28. A : Variation verticale des faciès au niveaux d’une


carrière de marne de la localité d’El Oulja (Salé)

Les marnes de Rabat-Salé s’avèrent essentiellement composées de


smectite avec de faibles quantités d’illite, chlorite et kaolinite et d’un riche
cortège de minéraux non-argileux dominé par du quartz, de la calcite et de la
dolomite (Fig. 29).

DRX EG
Ct RS6
DRX N

800

600

Qz
Intensité

400
Sm
Cl
Il

Qz Do Qz
200 Ka Ms Do
Il Ka

0
5 10 15 20 25 30 35 40
2 θ CuKα

Figure 29. A : Diffractogramme des rayons X des marnes de Rabat-Salé

Par ailleurs, ces marnes affichent des compositions chimiques très


contrastées d’un faciès à l’autre, notamment en ce qui concerne leurs teneurs
en silicium (27 < SiO2 % < 44), aluminium (5 < Al2O3 % < 13) et magnésium
(1,3 < MgO % < 3,4) (Tableau VI).

41
Tableau VI. Composition chimique en éléments majeurs de deux variétés de marnes
de la région d’Akrech
Ech. SiO2 Al2O3 Fe2O3 MgO CaO Na2O K2O PF Total
MRS-1 26,90 5,33 1,32 1,28 15,90 1,46 0,44 27,00 80,81
MRS-2 43,70 12,90 2,56 3,37 14,00 0,85 1,25 20,20 99,86

Les potiers des deux villes riveraines de Rabat et Salé arrivent, par leur
expérience et leur savoir-faire, à distinguer entre les différents faciès de
marnes et utilisent chaque variété ou combinaison de variétés pour la
fabrication de catégories bien déterminées de poterie : Tajines, pots, assiettes,
vases, tuiles, objets de décoration, etc. (Planche III).

Planche III. Fabrication, exposition et vente sur place de la poterie de Rabat-Salé au


niveau du complexe artisanal d’El Oulja (Salé)

Modelage de la poterie à la tour Décoration à la main

Poterie en terre cuite non décorée

Poterie décorée et émaillée

42
Le Tagine "Slaoui" constitue le produit phare et l’objet emblématique de
la poterie de Rabat-Salé . On y trouve le tagine classique de forme typique et
des tagines plus modernes avec des formes et décors originaux (Fig. 30).

Tajine classique

Tajine décoré
Figure 30. Tajines classiques et décorés de Rabat-Salé

Pour la petite histoire


Un dilemme historique oppose les potiers Rbatis et Slaouis sur l’origine
du Tagine. Les Slaouis prétendent, en se basant sur l’appellation courante de
"Tajine Slaoui" que le tagine est originaire de Salé. Tandis que les Rbatis,
confirment que l’argile réfractaire la plus appropriée et qui a toujours été
utilisée pour la préparation des tagines provient des carrières de Chellah,
situées à Rabat (Fig. 31) et que à l’origine ce tajine s’appelle "Tajine
Chellaoui".

Figure 31. Vue panoramique des carrières d’extraction d’argile réfractaire de Chellah

43
III-6 Les pierres à bâtir
III-6.1 Définitions et généralités
Les pierres à bâtir correspondent aux roches massives, utilisées après un
simple débitage et équarrissage en petits blocs assez réguliers (moellons) dans
les parties cachées ou apparentes de la construction. Deux techniques de
construction en pierres sont connues et pratiquées depuis des millénaires
(Fig. 32A et B) :
1/ La construction en pierres sèches qui consiste à édifier le mur par
empilement ordonné des blocs de roche, parfois de natures très différentes et
de formes très irrégulières.
2/ La construction en pierres cimentées qui consiste à utiliser un joint
de mortier entre les différents blocs afin de renforcer la structure du mur et en
même temps assurer son étanchéité.

A B

Figure 32. Technique de construction en pierre sèches (A) et en pierres avec


joint de mortier (B)
Les pierres à bâtir incluent également les grands blocs anguleux employés
en bâtiment et travaux publics (BTP) comme matériaux d’enrochement des
fondations et des jetées. Les jetées et brise-lames en blocs de pierres naturelles
(Fig. 33) s’intègrent bien dans le paysage et restent une solution plus
intéressante sur le plan écologique que les tétrapodes en béton qui
consomment des grandes quantités de ciments. L’enrochement en pierres
apporte une bonne solution aux problèmes de glissement des terrains,
notamment le long des routes des régions à relief très accidenté et à
glissements de terrains fréquents (Fig. 33).

44
Brise-lame en pierres naturelles Enrochement des bords de routes des
(Embouchure de l’Oued Bouregreg) régions à relief accidenté
Figure 33. Usages des grands blocs de pierres naturelles en bâtiment et travaux
publiques (BTP)

III-6.2 Les pierres à bâtir de la Région de RSK


A l’échelle de la région de RSK, cinq variétés de roches, de natures
pétrographiques et d’âges géologiques différents, sont utilisées en
construction. Il s’agit du : 1/ calcaire dolomitisé du Dévonien ; 2/ quartzite de
l’Ordovicien ; 3/ basalte du Trias et Quaternaire ; 4/ grès marneux consolidé
du Miocène ; et 5/ calcarénite plioquaternaire.
Les pierres naturelles de la région de Rabat-Salé (calcarénite et calcaire
dolomitisé de l’Oued Akrech) furent utilisées par les Romains (753 avant J.C
- 476 après J.C) pour l’édification de leur cité antique « Sala Colonia » dont
les ruines subsistent jusqu’à nos jours à Chellah (Fig. 34).

Calcarénite de
Rabat-Salé

Calcaire dolomitisé
de l’O. Akrech

Figure 34. Témoins historiques de l’utilisation des pierres de Rabat-Salé à Chellah

45
Puis, c’est la grande dynastie marocaine des Almohades qui a intensément
exploité les pierres des environs de Rabat-Salé pour la construction de leurs
grandioses monuments historiques : la grande mosquée Hassan (Fig. 35), la
Kasbah des Oudayas, les remparts et portails de Bab Rouah, Bab Laalou, Bab
L’Mrissa, etc.

Calcarénite de
Rabat-Salé

Minaret du la Mosquée mérinide de Chellah

Calcarénite de
Rabat-Salé

Calcaire dolomitisé de
l’Oued Akrech

Tour Hassan (Rabat)


Figure 35. Utilisation des pierres de Rabat-Salé dans la
construction des moùuments historique de Rabat

46
A travers le temps et jusqu’à présent, les pierres locales de Rabat-Salé,
notamment la calcarénite, le calcaire dolomitisé, la quartzite et le basalte,
continuent à être utilisées comme matériaux de construction de choix en BTP
(Planche IV).

Planche IV. Utilisations de diverses variétés de pierres à bâtir de la Région de RSK en


construction

Mur en blocs de calcarénite Pont de l’O. Cherrat en calcaire et quartzite

Pavées de calcaire
rosé de l’O. Akrech

Trottoir du tramway en pavés de calcaire Ballasts de voie ferrée en quartzite

L’usage des pierres, notamment la calcarénite de Rabat-Salé et le calcaire


dolomitisé de l’Oued Akrech, est directement lié à leur abondance ainsi qu’à
leurs excellentes propriétés physico-mécaniques qui répondent aux normes
marocaines de construction (Tableau VII).

47
Tableau VII. Propriétés physico-mécaniques de la calcarénite de Rabat-Salé et du
calcaire de l’O. Akrech

Echantillon Porosité (%) Densité Absorption Résistance à la


d’eau (%) compression (MPa)
Calcarénite de Rabat-
28 à 35 1,5 à 1,7 17 à 24 42 à 63
Salé
Calcaire dolomitisé
2,5 à 2,8 2,6 à 2,8 0,16 à 0,2 96 à 100
de l’O. Akrech

La calcarénite de Rabat-Salé, communément appelée « Pierre de Salé »,


est considérée comme la pierre angulaire de construction des villes côtières
de Rabat, Salé, Mehdia et Kénitra. Les maisons en ruines des anciennes
Médinas ainsi que les façades sans mortier des immeubles du début du XXème
siècle montrent que ces édifices furent entièrement construits en pierres de
Rabat-Salé (Fig. 36).

Figure 36. Anciens murs des villes de Rabat et Salé montrant leur édification en
moellons de pierre de Rabat-Salé (calcarénite plioquaternaire)

Sur le plan géologique, la pierre de Rabat-Salé est extraite des carrières


ouvertes dans les cordons dunaires d’âge plioquaternaire qui longent la côte
atlantique, entre Rabat et Kénitra (Fig. 37 A et B).

48
Figure 37. Carte d’affleurement des cordons dunaires de calcarénite
plioquaternaire entre Rabat et Mehdia (A) et front de taille d’une
carrière d’extraction de cette calcarénite à Sidi Bouknadel (B)
L’appellation de "Pierre de Salé" remonta vraisemblablement à l’époque
des Almohades durant laquelle les grands blocs de pierres, utilisés pour la
construction de leur grandioses monuments (Tour Hassan et portails
monumentales de Bab Erouah, Bab El Had, etc.) provenaient des carrières
situées entre Salé et Sidi Bouknadel et dont les traces subsistent jusqu’à nos
jours. Les blocs de pierres de Salé, utilisés pour la construction, sont de forme
parallélépipédique et de dimensions légèrement variables autour de 130 x 100
x 40 cm. De tels blocs, d’environ 0,5 m3 et dont le poids avoisine la tonne,
seraient transportés depuis la carrière (Salé) jusqu’aux chantiers de
construction (Rabat) sur des charrues puis sur des radeaux pour traverser
l’Oued Bouregreg. Cela laisse imaginer l’effort musculaire considérable qui
fut déployé pour l’extraction et le transport de la masse considérable des
pierres ayant servi à l’édification des différents monuments historiques de la
ville de Rabat.
A noter, par ailleurs, que jadis, les murs et minarets et des mosquées étaient
construits entièrement en calcarénite massive, comme c’est le cas de la
Mosquée Moulay El Mekki de Rabat (Fig. 38 A). Alors que les mosquées
plus récentes sont édifiées en briques et béton, puis elles sont recouvertes par
des plaques de calcarénite d’épaisseur variable entre 5 et 10 cm (Fig. 38 B).

49
A

Figure 38. Minaret de la Mosquée Moulay Mekki (Rabat) édifié en calcarénite


massive (A) et moquée récente construite en briques et béton avec revêtement
en plaquettes de calcarénite (B)

Rappelant enfin que la pierre de Rabat-Salé constitue le substratum ; roche


dure se trouvant juste au-dessous de l’argile rouge quaternaire, des villes
côtières de Rabat, Salé, Mehdia et Kénitra. Cette pierre présente, à la fois,
l’avantage d’assurer une grande stabilité des fondations des édifices et

50
l’inconvénient lié à la difficulté de son démantèlement pour l’aménagement
des garages et parkings souterrains (Fig. 39).

Argile rouge du Quaternaire


Substratum de la ville de Rabat
Calcarénite jaune-beige

Figure 39. Démantèlement de la couche de calcarénite lors des travaux de


construction du centre commercial « Arribat Center » en 2001.

51
IV- LES ROCHES ORNEMENTALES
IV- LES ROCHES ORNEMENTALES

IV-1 Définitions et généralités


Les roches ornementales correspondent aux variétés de pierres naturelles
qui présentent, en plus de leurs performances physico-mécaniques, un aspect
esthétique intéressant (couleur, texture, structure) permettant leur utilisation
en décoration (revêtement des façades et sculpture).
Les marbriers distinguent essentiellement quatre groupes de roches
(Tableau VIII) :

Tableau VIII. Classification marbrière des roches ornementales

Groupe Caractéristiques
Pierre Roche de nature diverse (calcaire, grès, schiste, ...)
pouvant être utilisées dans les parties visibles des
constructions.
Marbre Roche calcaire, relativement tendre, d’aspect massif et
pouvant tenir un bon poli ou autres types de traitements
de surface (ex. polissage, bouchardage, flammage, etc.).
Granit Roche massive, de nature siliceuse et donc très dure (ex.
(sans e) granite, basalte, gabbro, …) dont le sillage demande des
matériaux de coupes à extrémités diamantées.
Travertin Roche calcaire vacuolaire pouvant être utilisée à l’état
naturel ou après colmatage des vacuoles par masticage.

La terminologie géologique diffère de celle des marbriers et se base à


la fois sur l’origine, la structure et la composition pétrographique et
minéralogique de la roche. Ce qui permet de distinguer trois grandes familles
de roches ornementales avec plusieurs types et variétés au sein de chaque
famille (Tableau IX).

55
Tableau IX : Classification géologique des roches ornementales
Famille Caractéristiques Types et variétés
Roche formée en surface de Calcaire marbrier, calcaire
Roche la terre par cimentation de à fossiles, calcaire lacustre,
sédimentaire fragments de roches calcarénite, grès rouge,
anciennes. travertin, ....
Granite rose, granite
Roche issue du
orbiculaire, basalte
Roche refroidissement d’un magma
vacuolaire, labradorite
magmatique en surface ou en profondeur
bleue, andésite
de la terre.
porphyrique, ...
Roche résultante d’une Marbre, gneiss, migmatite,
Roches méta- transformation serpentinite, schiste
morphiques métamorphique d’anciennes ardoisier, schiste tacheté,
roches diverses ....

La transformation des roches ornementales, depuis leur extraction du


terrain jusqu’à leur pose, se déroule en quatre phases principales
(Planche V) :
A/ L’extraction. Opération fastidieuse qui consiste à détacher des grands
blocs du massif rocheux. Autrefois, on utilisait des burins, marteaux piqueurs,
câbles hélicoïdaux, dynamite, etc. Actuellement, l’extraction est facilitée par
l’utilisation des haveuses-rouilleuses à longs bras (atteignant 5 m) orientables
(permettant le sciage horizontal et vertical) et équipés de chaines rotatives à
dents en carbures de tungstène (destinés aux roches calcaires assez tendres,
ex. : marbre, travertin, etc.) ou en diamants synthétiques (destinés aux roches
magmatiques siliceuses très dures, ex. : granite, labradorite, etc.).
B/ Le transport. Les déplacements des grands blocs de roches, pouvant
atteindre 30 à 40 tonnes, de la carrière à la marbrerie et d’un lieu à un autre
au sein même de la marbrerie, font appel à des engins spécialisés et puissants
: derricks, chargeuses, portiques, etc.
C/ Le débitage. Les grands blocs de roches sont débités, au niveau de la
marbrerie, en plus petits blocs ou en plaquettes de quelques centimètres
d’épaisseur à l’aide, soit de châssis mono-lame ou multi-lames parallèles, soit
de scies à lames circulaires munies d’encoches.
D/ Le traitement. La face de la roche ornementale qui sera exposée en surface
peut être laissée naturelle ou être soumise à un traitement spécial pour lui
donner un aspect particulier : soit un polissage pour rendre la surface lisse et

56
brillante, soit un bouchardage pour rendre la surface rugueuse et
antidérapante, soit un flammage pour donner à la roche un aspect vieillissant
et rustique, etc.

Planche V. Principales étapes de transformation des roches ornementales

Ancienne technique d’extraction des blocs Extraction de marbre à l’aide d’haveuse-


de pierres à la masse et aux burins rouilleuse

Derricks de déplacement des blocs au niveau Portique pour déplacer les blocs à la
des carrières marbrerie

Châssis mono-lame pour débitage des blocs Opération de polissage de la surface


en plaquettes d’épaisseur centimétrique d’une plaque de marbre blanc

IV-2 Les roches ornementales au Maroc


L’histoire de l’exploitation des roches ornementales (RO) marocaines
débute vers les années 1920 avec l’installation des premières marbreries

57
européennes entre Rabat et Casablanca. La nature géologique très diversifiée
du Maroc offre une large gamme de variétés de roches exploitables pour la
sculpture et l’ornementation. L’usage de ces RO fut limité au revêtement des
façades des palais et villas prestigieuses ainsi que des établissements publics
et privées (la Poste, Les gares, les banques, etc.). A partir des années 35 et 40,
et avec les progrès des techniques d’extraction et de travail de la pierre,
plusieurs variétés de RO ont été découvertes et exploitées d’une manière
commerciale. Aussi l’utilisation des RO fut bien démocratisée au Maroc.
Plusieurs variétés de RO marocaines ont connu un grand succès et une
large exploitation et commercialisation aussi bien à l’intérieur du pays qu’à
l’étranger. Parmi ces roches, on cite à titre d’exemple : 1/ le calcaire noir de
Khénifra ; 2/ le calcaire blanc-veiné de Bouacila ; 3/ le calcaire jaune de
Boujaad ; 4/ le calcaire vert de Taznakht ; 5/ le travertin beige de Volubilis ;
6/ le calcaire rosé de Lakhssass, 7/ l’onyx calcaire d’Azrou, 8/ le calcaire
fossilifère brun d’Erfoud et 9/ le calcaire fossilifère noir de Tazarine (Fig. 40).

Khénifra Bou Acila Boujaad

Taznakht Volubilis Lakhssass

Azrou Erfoud Tazarine

Figure 40. Sélection de variétés célèbres de roches ornementales marocaines

58
IV-3 Le marbre
IV-3.1 Définitions et généralités
Lorsqu’on parle de marbre, on pense, en premier lieu, à la variété de
marbre blanc d’Italie « marbre de Carrare ». Ce marbre constitue depuis
plusieurs millénaires un produit noble et un matériau de choix pour la
sculpture (Fig. 41) et la décoration des édifices religieux (temples funéraires,
églises, mosquées, …) et demeures prestigieuses (palais, villas, …).

Fontaine en marbre blanc de Carrare Exemple de sculpture moderne

Figure 41. Objets d’art sculptés dans du marbre blanc de Carrare d’origine italienne

Au vrai sens géologique du terme, le marbre correspond à une roche du


métamorphisme régional (ou général) issue de la transformation à l’état
solide, par augmentation de la température et de la pression, d’une ancienne
roche sédimentaire de nature calcaire. Lors de cette transformation le calcaire
sédimentaire de taille microscopique recristallise en grains millimétriques de
calcite. A la base, le marbre est de couleur blanche, car la calcite est un
minéral blanc. Mais la présence d’impuretés dans la roche calcaire d’origine
(matière organique, oxydes métalliques de Fe, Mg, Ti, etc.) fait qu’au cours
du métamorphisme, le marbre acquière des colorations très variées (gris,
jaune, vert, rouge, etc.). Par ailleurs, sa structure peut être uniforme, veinée,
rubanée, bréchifiée, etc. selon les conditions géologiques (tectonique,
circulation de fluides, etc.) régnant au cours de sa transformation. La
figure 42 donne un aperçu sur l’éventail des teintes et des structures des
marbres.

59
Bianco Carrara (Italie) Calacatta Carrara (Italie) Crema Marfill (Italie)

Jaune Atlantide (Egypte) Jérusalem Gold (Palestine) Rose Aurore (Portugal)

Rouge Alicante (Espagne) Marron Imperial (Espagne) Onyx vert (Pakistane)

Figure 42. Diversité de couleurs et de structures de quelques variétés de


marbres célèbres à travers le monde
L’observation microscopique d’une lame mince, taillée dans un marbre,
montre une texture grenue granoblastique composée d’un assemblage de
cristaux de calcite de taille millimétrique (Fig. 43). Ce sont les propriétés
optiques de la calcite et l’engrenage des grains qui donnent au marbre son
aspect "marmoré" et sa grade solidité.

LN LP

1 mm 1 mm

Figure 43. Micrographies en lumière naturelle (LN) et polarisée (LP) du


marbre de Carrare

60
IV-3.3 Les marbres de la Région de RSK
La Région de RSK offre plusieurs variétés de roches carbonatées
exploitées en tant que marbres. Il s’agit en fait de calcaires marbriers, plutôt
que de marbre, du fait que le degré de la recristallisation du calcaire reste
inférieur à celui d’un vrai marbre. Toutefois, ces roches sont assez bien
compactées et capables de prendre un bon poli, ce qui leur donne la valeur
d’un marbre.
La majorité des marbres de la Région de RSK proviennent du socle
paléozoïque (Primaire) qui affleure le long des grands Oueds (O. Bouregreg,
O. Ykem, O. Akrech, etc.) et plus particulièrement des formations
carbonatées d’âge dévonien moyen (- 380 Ma). Celles-ci se présentent en
strates subhorizontales d’épaisseur métrique à décamétrique (Fig. 44). Les
déformations et le métamorphisme subis par ces formations calcaires au cours
de l’orogenèse hercynienne ont dû les transformer en roches marbrières
présentant des teintes (crème, gris clair, gris-sombre, rosâtre, etc.) et des
structures très variées (litées, veinées, bréchifiées, etc.).

Figure 44. Affleurement de calcaire dolomitisé de l’Oued Akrech en épaisses


strates basculées

Plusieurs variétés de calcaires marbriers sont connues dans la Région de


RSK et font l’objet d’exploitations en carrières à ciel ouvert. Certains carriers
continuent à utiliser les anciennes techniques de dégagement des blocs par

61
perforations et câbles hélicoïdaux (Fig. 45A), tandis que d’autres font appel
à l’usage des haveuses-rouilleuses permettant l’obtention de blocs de forme
plus régulière et à plus grande valeur marchande (Fig. 45B).

Carrière de marbre gris-noir de l’Oued Ykem extrait au câble d’acier hélicoïdal

Carrière d’extraction des marbres gris Lido de Tiflet à l’aide d’haveuse


Figure 45. Différentes techniques d’extraction des blocs de marbres de la Région de
RSK : au câble hélicoïdal (A) et à la haveuse (B)

62
La région de RSK, compte une dizaine de variétés de calcaires marbriers
à valeur de marbre. Ceux-ci présentent des couleurs qui varient du gris clair
au gris sombre, noir et rose à rougeâtre avec des structures homogènes,
veinées, granitées et perlées (Fig. 46).

Rose granite de l’O. Akrech Rose perlé de Shoul

Gris Lido Tiflet Noir veiné Antique

Figure 46. Diversité de couleurs et structure des calcaires marbriers de la Région de


RSK

Les réserves potentielles en ces marbres, à l’échelle de la Région, ont été


estimées en 1979 à environ 150 millions de tonnes (Tableau X). Des études
géologiques, plus récentes, ont révélé l’existence de nouveaux gisements de
marbres exploitables, notamment autour de Rabat, Shoul, Tiflet et Khémisset.
Sur la base de ces nouvelles découvertes, les réserves de la Région de RSK
en marbres pourront être reconsidérées à la hausse.

63
Tableau X. Principales variétés de roches ornementales de la Région de RSK et
estimation de leurs réserves potentielles
(Source : Ministère de l’Energie et des Mines, 1979)
Aspect Appellation Localité Réserves
pétrographique commerciale MT
Calcaire blanc tigré Blanc Zayan Khénifra 25
Calcaire gris veiné Gris de l’Oued Ykem Rabat 28
Calcaire gris veiné Gris Lido de Tiflet Khémisset 4,2
Calcaire gris-noir Gris-violet Rabat 18
veiné Mauresque
Calcaire gris Gris perlé Rabat 18
Calcaire noir veiné Noir veiné Antique Rabat 21
Calcaire noir Noir Atlantide Rabat 18
uniforme
Calcaire rose perlé Fleur de pêcheur Rabat 18
Africain
Calcaire rouge Rouge granité Rabat 0,3
granité
Total 150,5

Les études pétrographiques effectuées sur les principales variétés de


calcaires marbriers de la Région de RSK révèlent une nette variation du degré
de recristallisation du calcaire sédimentaire en calcite (Fig. 47A et B).
Toutefois, cette recristallisation reste, dans la majorité des cas, suffisamment
élevée pour donner aux différentes roches calcaires une bonne cohésion
interne et une dureté assez élevée permettant de les qualifier de marbre.

LP LP

0,5 mm 0,5 mm
A B

Figure 47. Vues au microscope polarisant (LP) montrant la faible recristallisation du


calcaire marbrier de l’Oued Ykem (A) par rapport à celui de l’Oued Akrech (B).

64
Les tests technologiques menés sur ces calcaires marbriers de la Région de
RSK, au Laboratoire des Géomatériaux et Géoenvironnement (GeoM&E) de
l’Institut Scientifique de Rabat (Fig. 48), montrent leur bonne performance
physico-mécanique.

Figure 48. Equipements du Laboratoire des Géomatériaux et


Géoenvironnement de l’Institut Scientifique
(A : Presse hydraulique pour la mesure de la résistance à la compression et à la
flexion ; B : Scléromètre pour la mesure de la résistance aux chocs ; C : Tico pour la
mesure des vitesses des ondes ultrasoniques)

A titre de comparaison, les marbres rose-granité de l’Oued Akrech et gris-


veiné de l’Oued Ykem affichent des propriétés technologiques comparables
au célèbre marbre blanc italien de Carrare (Tableau XI).

Tableau XI. Paramètres physicomécaniques des calcaires marbriers de l’Oued Akrech


et l’Oued Ykem comparés à ceux du marbre blanc de Carrare
Echantillons Dureté Masse Porosité Absorpti Rés. à la
de marbre (Mohs) volumique apparente on d’eau compression
(g/cm3) (%) (%) (MPa)
Oued Akrech 3,4 2,72 0,45 0,17 95
Oued Ykem 3,5 2,71 0,34 0,13 98
Carrare 3,7 2,75 0,41 0,15 97

De bels exemples d’utilisation des marbres de la Région de RSK, seuls ou


en combinaison avec des pierres d’autres régions du Maroc ou de l’étranger,
sont illustrés sur les photos de la Planche VI.

65
Planches VI. Exemples d’utilisation des marbres de la Région de RSK en décoration
des façades d’établissements publics et privés de la ville de Rabat

Avenue Mohammed V Poste Maroc


Sol en carreaux polis de marbre gris-rosé de Piliers en marbre gris-Lido) de Tiflet et sol en
l’Oued Akrech marbre rose de l’Oued Akrech

Siège du parlement Entrée du musée de la monnaie


Façades et piliers en gris-rosé de l’O. Akrach Façades et escaliers en gris de Tiflet, pliers en
bouchardé et sol en marbre gris poli rosé de l’O. Akrech bouchardé

Entrée de la Wilaya Entrée d’un immeuble privé


Façades et sol de décorés diverses variétés de Façade et escaliers en grands panneaux de
marbres de différentes régions du Maroc marbre gris-veiné (gris Lido) poli de Tiflet

66
IV-4 Le granite
IV-4.1 Définition et généralités
Le granite est une roche magmatique plutonique, à texture grenue et de
teinte généralement claire, grisâtre à rosâtre (Fig. 49). Il se compose de 80 à
100% de minéraux clairs : 40 à 80 % de feldspaths (35 à 100 % de feldspaths
alcalins et 0 à 65% de plagioclases) et 20 à 60% de quartz. Certains granites
renferment des minéraux colorés (biotite et amphiboles) et de nombreux
minéraux accessoires (apatite, zircon, ilménite, hématite, etc.). Sur le plan
géochimique, le granite est une roche acide en raison de sa forte richesse en
silice (SiO2 = 60 à 80 %).

Granite gris Granite rose


Figure 49. Carreaux de granite à surface polie

L’étude pétrologique des granitoïdes (granite s.s. et ses roches voisines)


présente un grand intérêt scientifique, car elle permet de nous renseigner sur
les modes et mécanismes de fusion des roches en profondeur de la terre et les
processus de remontée des magmas granitiques et leur mise en place vers les
parties supérieures de la croûte terrestre. Outre cet intérêt scientifique, les
granites sont largement exploités comme roches ornementales en raison de
leurs colorations, structures, texture et surtout leur dureté élevée, qui implique
une grande résistance mécanique et insensibilité aux acides.
Par leur nature siliceuse et leur grande dureté, les granites se prêtent
difficilement aux travaux d’extraction, de débitage et polissage. Aussi
demandent-t-ils des équipements spécifiques et des matériaux de coupe à
extrémités diamantées qui sont nettement plus coûteux par comparaison à
ceux utilisés pour les marbres.

67
IV-4.2 Les granites de la Région de RSK
Des plutons granitiques hercyniens, d’âge carbonifère à permien (-330 à -
300 Ma) et d’extension kilométriques, affleurent au sud et sud-est de la
Région de RSK, au niveau des localités d’Oulmès, Zaër et Ment (Fig. 50). Il
s’agit de granite gris à gris bleuté ou argenté, à texture grenue à grenue
porphyrique et principalement composé de quartz, feldspaths et mica noir seul
(biotite) ou à deux micas (biotite et muscovite).

Oulmès

Zaër Ment

Dalle de granite Granite en boules

Figure 50. Localisation des plutons granitiques du Maroc central


(Ment, Oulmès et Zaër) sur fond géologique au 1/1.000.000 (A) et
conditions d’affleurement du pluton granitique de Zaër (B)

Ces plutons granitiques s’étendent sur plusieurs kilomètres carrés en


surface et offrent des zones où la roche, dépourvue d’altération et de
fracturation, peut être exploitée comme roches ornementales. Des carrières
d’extraction à la masse et aux burins du granite gris à deux micas sont

68
ouvertes dans le pluton d’Oulmès, près de l’Hôtel des Thermes, situé à
proximité de la source d’eau thermale de Sidi Ali et d’Oulmès (Fig. 51).
D’autres carrières d’extraction du granite pour l’ornementation se trouvent au
niveau du pluton de Ment.

Figure 51. Carrière d’extraction de blocs de granite d’Oulmès (A) et découpage


de plaquettes du granite à l’aide d’une scie rotative à couronne diamantée

A l’échelle microscopique (Fig. 52), les roches granitiques du Maroc


central (Zaër, Oulmès et Ment) montrent une texture grenue à grenue
porphyrique composée de quartz, feldspaths potassiques, plagioclases, biotite
et/ou muscovite avec de faibles quantités de minéraux accessoires (apatite,
zircon et oxydes de fer et de titane). Par endroit, la roche granitique montre
une altération assez nette qui se traduit par une chloritisation des biotites et
une séricitisation des plagioclases.

69
LP Plagioclase
Orthose
Plagioclase
Biotite

Quartz
Muscovite

x 25
Biotite
Biotite

Plagioclase
1 mm
séricitisé

Figure 52. Micrographie en lumière polarisée (LP) d’un échantillon du granite gris à
deux micas d’Oulmès

Du point de vue technologique, le granite d’Oulmès, par exemple, affiche


une bonne performance physicomécanique (Tableau XII). Toutefois, il
s’avère légèrement plus poreux et mécaniquement moins résistant que les
granites d’importations, d’origine espagnole et française. Ceci étant en
relation directe avec sa faible altération météorique mise en évidence par
l’étude pétrographique.

Tableau XII. Paramètres Physicomécanique du granite d’Oulmès par rapport à


d’autres granites gris étrangers espagnol et français
Granite Densité Porosité Absorption R. à la Résistance Résistance
(g/cm3) (%) d’eau (%) compression à la flexion à l’usure
(MPa) (MPa) (mm)
Gris 2,57 1,21 0,80 163 14,01 21,2
d’Oulmès
Gris Perla 2,64 0,5 0,33 146 14,7 15,3
(Espagne)
Gris du Tarn 2,65 0,41 0,90 171 14,7 19,5
(France)

L’exploitation des granites du Maroc central reste très limitée en raison de


la difficulté liée à leur extraction et transformation en marbrerie (découpe et
polissage), d’une part et d’autre part, à la concurrence imposée par les granites
d’importation (Espagne, Italie et Portugal) qui sont souvent de bonne qualité
et à prix compétitifs. L’usage du granite sur les façades d’établissements
publics et privés est assez familier aux habitants de Rabat (Planche VII).
Selon un ancien marbrier de Salé, le granite gris de la façades extérieures de
la gare de l’ONCF du centre-ville de Rabat serait d’origine locale et
proviendrait des carrières d’Oulmès.

70
Planches VII. Etablissements publics et privés à façades en granite gris.

Façade en granite gris de la gare de l’ONCF du centre-ville de Rabat

Façade du siège de Maroc Telecom à Agdal en granite gris et verre

Travaux de revêtement du sol de l’ancienne Medina de Rabat en granite


gris (septembre 2021)

71
IV-5 La calcarénite
IV-5.1 Définitions et généralités
La calcarénite (ou biocalcarénite ou grès calcaire), roche sédimentaire
détritique, a été décrite dans le chapitre III en tant que pierre à bâtir. Lorsque
cette même calcarénite est sculptée en objets d’art (fontaines, piliers, statues,
etc.) ou plaques à décors floral ou arabesques sur les façades des mosquées
ou villas, etc. on peut la considérer comme une roche ornementale.

IV-5.2 La calcarénite de la Région de RSK


Les dunes de sables consolidés, d’âge plioquaternaire, situées entre Salé et
Mehdia furent intensivement exploitées, à travers le temps, pour l’extraction
de la calcarénite (pierre de Rabat-Salé ou pierre de Salé) ayant servi comme
matériau de base pour la construction des villes de Rabat et Salé.
La calcarénite utilisée en ornementation doit être homogène, dépourvue de
stratifications croisées, de fragments de coquilles et d’enclaves de galets ;
éléments très fréquents dans les faciès de ce type de roches sédimentaires
formées par accumulation de sables en bordures des anciens rivages (Fig. 53).

Figure 53. Carrières de calcarénite de Sidi Bouknadel (A)


et Sidi Taibi (B), situées entre Sidi Salé et Kénitra

72
A l’échelle microscopique, la calcarénite montre une texture poreuse,
composée de grains de sables et de fragments de coquilles liés par un ciment
calcaire à grain très fin (Fig. 53 bis).

LP
Cl C
G Q
Cl P
x 25
G
Cq Q
P
0,5 mm
F
Figure 53 bis. Observations à l’œil nu et à la loupe binoculaire en Lumière Polarisée
(LP) de la calcarénite de Salé (Fig. 35)
(Q : Quartz ; Cq : Coquille ; F : Feldspath ; G : Galet ; Cl : Calcite ; P : Pore)

Sur le plan technologique, la calcarénite s’avère nettement plus poreuse,


tendre et friable par rapport au granite et au marbre (voir tableaux VII etXII),
mais suffisamment résistante aux intempéries, ce qui est attesté par la
longévité des monuments historiques édifiés par cette pierre.
Par son aspect esthétique (grain fin et couleur beige-grisâtre à jaunâtre) et
ses propriétés physicomécaniques, à la fois tendres et résistantes, la
calcarénite de la région de RSK, constitua un matériau de choix pour la
décoration des monuments historiques des Almohades et Mérinides (Tour
Hassan, Kasbahs des Oudayas et Mehdia, Portails de Chellah, Bab Rouah,
Bab Lhad, Bab Lakhmiss, etc.).
La calcarénite a été également et continue d’être utilisée pour la sculpture
et la décoration des façades des mosquées, palais, bâtiments administratifs et
résidences privées. Les photos de la planche ci-dessous (Planches VIII et
IX) illustrent bien la beauté de cette pierre qui a pu résister, s’adapter et
s’imposer comme témoins inaltérables de l’Histoire.

73
Planches VIII. Divers objets d’art sculptés sur la pierre de Rabat-Salé

Atelier de sculpture sur la pierre de Rabat-Salé (route nationale Salé-Kénitra)

Motifs de sculpture sur la pierre de Rabat- Arabesque sur la pierre de Rabat-Salé


Salé (Bab Rouah-Rabat) (Mosquée Lalla Soukaina)

A noter, qu’actuellement, les nouvelles lois sur les carrières et


l’environnement imposent des restrictions sévères sur l’exploitation de la
calcarénite de Rabat-Salé. En effet, l’extraction massive de cette calcarénite
entraine la destruction des cordons dunaires, ce qui a des impacts négatifs sur
l’ensemble de l’écosystème côtier.

74
Planche IX. Différents aspects et lieux de l’utilisation, à travers le temps, de la pierre
de Rabat-Salé comme pierre de construction et d’ornementation

Porte monumentale de Chellah Kasbah de Mehdia

Tour Hassan récemment restaurée (2017) Grande mosquée de Salé

Entrée de la mosquée Lalla Soukaina (Rabat) Minaret de la mosquée Badr (Rabat)

Façade de Banque Al Maghreb (Rabat) Façade d’une belle villa à Hay Riyad

75
IV-6 Les schistes
IV-6.1 Définitions et généralités
Les schistes sont des roches du métamorphisme général (ou régional)
issues de la transformation à l’état solide et en profondeur de la terre,
d’anciennes roches argileuses par augmentation de la température et la
pression. Ils sont de couleur grise à gris bleuté et à structure feuilletée. Une
telle structure permet à la roche de se débiter facilement en feuillets ou en
plaquettes de faibles épaisseurs.
Les schistes constituent des formations géologiques d’une très grande
extension (échelle d’une chaine de montagne) et sont composés
principalement de quartz et muscovite avec accessoirement biotite, chlorite,
feldspath, andalousite, cordiérite, grenat, etc. Selon la nature des terrains
d’origine et le type de métamorphisme (régional ou de contact) et de son
intensité (degré faible, moyen ou élevé), on peut avoir différentes variétés
pétrographiques de schistes : des schistes ardoisiers (qui furent utilisés pour
la fabrication des anciennes ardoises), les schistes tachetés (schiste à
cordiérites, à andalousites, …), les micaschistes, etc.

IV-6.2 Les schistes de la région de RSK


Les schisteux affleurent dans la partie sud de la Région de RSK où ils
constituent une bonne partie du socle paléozoïque. Assez souvent, ces schistes
sont plissés et fortement fracturés. Au niveau de la région de Rommani-
Oulmès-Ezhiliga on trouve des endroits où les schistes forment des panneaux,
parfois redressés à la verticale et qui font l’objet d’une exploitation artisanale
et souvent temporaire comme roches pour l’ornementation (Fig. 54).

Figure 54. Affleurement de schistes bleuté en panneaux


redressés au niveau du socle paléozoïque de la région de Zaër

76
Les plaquettes de schistes bruts sont adroitement taillées et ajustées par des
maçons spécialisés pour en faire des revêtements des façades de villas et
d’immeubles comme c’est illustré sur les photos des figures 55 et 56.

A B

Figure 55. Plaquettes de schistes bruts (A) utilisées pour le revêtement de la façade
d’une villa à Kénitra (B)

Figure 56. Façade d’un immeuble d’habitation à Agdal (Rabat) décorée en plaquettes
de schiste gris

77
IV-7 Le travertin
IV-7.1 Définitions et généralités
Le travertin est une roche sédimentaire calcaire d’origine continentale. Il
présente un aspect concrétionné, une couleur grise, jaunâtre à rougeâtre et se
caractérise par une grande porosité avec la présence, souvent, de grandes
cavités. La roche se forme aux émergences des sources des eaux thermales.
Lorsque les conditions sont favorables (réchauffement de l’eau, agitation,
ensoleillement, forte présence de végétaux, de mousses et de bryophytes),
l'eau souterraine chargée en ions dissous de calcium (Ca2+) et de bicarbonates
(HCO32-) dégage son CO2 et fait précipiter du carbonate de calcium.
Le travertin se définit également comme le dépôt d'une croûte de calcaire
sur la végétation et les plantes situées autour de la source d’eau. Ce qui se
traduit par la présence de cavités et d’empreintes de tiges et de feuillage dans
les travertins. Selon la nature des plantes, le travertin peut montrer des
structures très fines ou, au contraire, assez grossières et poreuses (Fig. 57).
Le travertin se compose principalement de calcaire et d’aragonite qui est
un polymorphe de haute température et haute pression de la calcite. En
conditions ambiantes, l’aragonite se transforme lentement (sur plusieurs
milliers à millions d’années) en calcite.

A B

Figure 57. Affleurement d’une masse de travertin brut (A) et surface d’une dalle de
travertin poli

Le travertin fut très apprécié par son aspect vacuolaire et irrégulier, sa


légèreté et sa facilité de travail comme roche ornementale depuis l’antiquité.
Les grands gisements de travertin de Trivoli (Italie) fournissaient l’essentiel
du travertin pour la construction des plus beaux édifices de la Rome antique
(le colisée, le théâtre de Marcellus) ainsi que de nombreuses églises et
basiliques de la Renaissance (Fig. 58).

78
A B

Figure 58. Le Colisée et le Théâtre de Marcellus de Rome édifiés en travertin

Au Maroc, la cité romaine de Volubilis est en partie construite en


travertin (Fig. 58 bis). Et jusqu’à nos jours, le travertin continue à être utilisé
comme pierre de choix pour le revêtement des façades des monuments
historiques, édifices religieux, palais, … (ex. Grande mosquée Hassan II de
Casablanca). Le travertin peut être utilisé à l’état naturel, après un simple
polissage de la surface des plaques ou après colmatage de ses vacuoles par du
mastique.

Figure 58 bis. Ruines de la cité romaine de Volubilis (Région de Meknès, Maroc)

IV-7.1 Le travertin dans la région de RSK


Un très beau gisement de travertin d’âge plioquaternaire est connu au
niveau de la vallée d’El Khaloua (région de Tiflet). Il se présente en masse

79
concrétionnée bien accrochée sur les falaises de calcaire dolomitisé du
Dévonien (Fig. 59).

Calcaire

Travertin

Calcaire

A B

Figure 59 Affleurement du calcaire dévonien au niveau de la vallée d’El Khaloua (A)


et masse de travertin greffée sur les states horizontales de calcaire

De nombreuses façades d’immeubles et d’établissements publics des villes


de Rabat, Salé et Kénitra sont décorées en plaques de travertin à surface polie
naturelle ou mastiquée. Le travertin a été utilisé au niveau du site historique
de la Tour Hassan (Fig. 60) où il s’intègre parfaitement bien avec les pierres
de construction du minaret, en pierre de Salé et des piliers en marbre gris-rosé
de l’Oued Akrech.

Figure 60. Balustrade en travertin mastiqué de la cour de la Tour Hassan (Rabat)

80
IV-8 Les quartzites
IV-8.1 Définitions et généralités
Les quartzites sont des roches massives, de teinte claire (grisâtre, beige à
rosâtre) et de composition siliceuse. Ils sont constitués principalement de
grains fins de quartz fortement engrenés et bien soudés entre eux, ce qui
donne à la roche une grande compaction et une dureté élevée (Fig. 61). Les
quartzites peuvent avoir une origine soit métamorphique (métaquartzite)
résultant de la recristallisation d’un ancien grès siliceux, radiolarite ou filon
de quartz, soit sédimentaire (orthoquartzite) issu de la cimentation par
diagenèse d'un grès siliceux.

2 mm
A B

Figure 61. Vue macroscopique d’un échantillon de quartzite gris (A) et


micrographie du même échantillon observée en lumière polarisée (B)

Les quartzites sont essentiellement utilisés comme pierres à bâtir, pavés de


chaussées et ballasts des voies ferrées. Leur utilisation comme roches
ornementales (pour la sculpture et la décoration) reste très limitée en raison
de leur grande dureté et la difficulté à les tailler.

IV-8.2 Les quartzites dans la région de RSK


A l’échelle de la Région de RSK, les quartzites, émergent vigoureusement
en barres très fracturées au sein des terrains schisteux et calcaires composant
le socle paléozoïque de la Meseta côtière et du Maroc central. Des
affleurements intéressants de quartzites verdâtres se trouvent dans la région
d’Akrech. Tandis que des barres imposantes de quartzites grisâtres à jaunâtres
affleurent dans la région de l’Oued Cherrat et sur la route allant de Rabat vers
Rommani et Ezhiliga (Fig. 62).

81
Figure 62. Barre de quartzite d’âge ordovicien affleurant près de
l’ancien pont de l’Oued Cherrat
Une belle application du quartzite, en tant que pierre à bâtir et
d’ornementation, se trouve au niveau des anciens ponts suspendus des Oueds
Cherrat et Ykem qui se trouvent sur la route nationale (RN1) reliant Rabat à
Casablanca (Fig. 63). Ces ponts, actuellement hors service, furent construits,
respectivement en 1917 et 1923, par l'ingénieur et industriel français
Ferdinand Arnodin. Il s’agit de ponts suspendus de 100 m de long et d’une
force portante de 12 tonnes. Ces deux ponts correspondent à des ouvrages
d’art d’une grande valeur patrimoniale, historique et architecturale. Ils sont
édifiés entièrement en acier et moellons de quartzites de l’Oued Cherrat et de
calcaire dolomitisé gris-rosé de l’Oued Akrech.

Calcaire
O. Akrech

Quartzite
O. Cherrat

B C

Figure 63. Vue générale sur la structure et les pierres de construction de


l’ancien pont suspendu de l’Oued Cherrat

82
IV-9 Les galets
IV-9.1 Définitions et généralités
Les galets correspondent à des roches sédimentaires détritiques meubles.
Ils font partie de la classe des rudites où le diamètre des éléments est supérieur
à 2 mm. Le terme « galet » fait référence à la forme générale des éléments
plutôt qu’à leur nature pétrographique. En effet les galets présentent des
formes généralement arrondies à ovoïdes et une surface lisse et luisante ou
émoussé traduisant leur transport sur une longue distance en milieu marin,
fluviatile ou éolien. Cependant, ils peuvent avoir différentes couleurs selon la
nature pétrographique de la roche d’origine (andésite, basalte, calcaire,
granite, gneiss, quartzite, etc) ayant subi le transport et l’usure. (Fig. 64 A).
Les galets constituent des matériaux naturels de choix pour la décoration
en construction (Fig. 64 B). Ils présentent l’avantage d’être abondants dans
la nature (le long des lits des oueds et sur les bords de plages) et économiques
(ne nécessitent aucune élaboration à part un simple tri et calibrage). Leur
application est facile et ne demande aucun entretient particulier par la suite
de leur mise en œuvre.

Figure 64. Galets de forme arrondie à ovoïde et de nature pétrographique variée (A)
et mur décoré en galets liés par du ciment Portland

IV-9.2 Les galets dans la Région de RSK


Les lits des Oueds sillonnant la Région de RSK (Bouregreg, Akrech,
Sebou, etc.) ainsi que les bords de plages constituent des gisements
intéressants de galets de différentes tailles et couleurs (Fig. 65 A et B).

83
A

Figure 65. Abondance de gros galets au niveau d’un affluent desséché de l’Oued
Bouregreg (A) et petits galets lavés des bords de plages.

Les galets sont triés par taille et par couleur pour différents usages
décoratifs. Les grands galets sont généralement utilisés pour l’ornementation
des façades de villas et d’immeubles. Les moins grands sont appliqués au sol
et aux allées de jardins. Les petits galets de plages seuls ou en association
avec des fragments de coquillages servent pour la préparation d’une mosaïque
fine dite au jargon des maçons le « Maghssoul ». La Planche X montre
quelques exemples d’utilisation des galets en décoration au niveau de la ville
de Rabat.

84
Planche X. Décoration en galets de différents lieux et établissements de la ville de Rabat

Allées du jardin andalou des Oudayas décorées en galets de différentes tailles et couleurs

Usage des galets dans les couloirs et mures de la Faculté des Sciences de Rabat (Agdal). A :
mosaïque en petits galets (Maghssoul) sur le sol et B : mosaïque en galets et fragments de
coquillages sur les murs

Façades de la Faculté des Sciences JES de Rabat (Agdal) décorées en galets


(Joli décore, malheureusement détruit lors des récents travaux d’aménagement, 2021)

85
V- LES ROCHES ET MINÉRAUX
INDUSTRIELS
V- LES ROCHES ET MINERAUX INDUSTRIELS

V-1 Définitions et généralités


Les roches et minéraux industriels (RMI) regroupent l’ensemble des
géomatériaux non-métalliques, non énergétiques et non hydriques et dont les
propriétés physico-chimiques les rendent utiles pour divers usages, produits
ou procédés industriels. Les RMI se trouvent sous forme de concentrations de
minéraux (espèces minérales à composition et structures définies) ou de
roches (assemblage de minéraux) à différents endroits de l’écorce terrestre
(Fig. 66).

Amiante Barytine Quartz

Fluorine Gypse
Phosphate

Figure 66. Exemples de roches et minéraux industriels du Maroc

Selon leurs propriétés physico-chimiques (couleur, pureté, dureté, inertie


chimique, conductivité thermique et électrique, etc.), les RMI sont utilisés
dans un grand nombre de domaines industriels : la céramique, la verrerie, le
papier, la fonderie, la chimie, la peinture, la filtration, les absorbants, les
abrasifs, les réfractaires, l’électronique, l’optique, l’agro-alimentaire, la
pharmacie, la cosmétique, etc. (Tableau XIII).

89
Tableau XIII. Classification des RMI, basée sur leurs propriétés et leurs domaines
d’utilisation.

Propriétés et usages Exemples de RMI


1- Fondants Feldspaths, Calcite, Dolomite, …
2- Réfractaires et isolants Graphite, Andalousite, Magnésite, …
thermiques
3- Halogénures - Saumures Chlorure de sodium, Potasse, Fluorine, …
4- Phosphates Apatite, Phosphosidérite, …
5- Diélectriques Muscovite, phlogopite, …
6- Piézoélectriques Quartz, Tourmaline, …
7- Optiques Quartz, Calcite, Fluorine, …
8- Absorbants Bentonite, Smectite, Ghassoul, …
9- Abrasif Diamant, Corindon, Grenat, …
10- Isolants et filtrants Perlite (expansée), Diatomite
11- Pierres précieuses et semi- Diamant, Rubis, Topaze, Zircon, …
précieuses
12- Matériaux pour céramique et Argile, Kaolin, Sable siliceux, Calcaire, …
verre
13- Matériaux pour ciment et Calcaire, Argile, Gypse, Pouzzolane, …
plâtre
14- Matériaux pour charge et Calcite, barytine, …
forage

Sur le plan géologique, les concentrations de RMI exploitables se trouvent


dans des contextes géologiques variés et en association avec diverses
formations : roches magmatiques effusives et plutoniques, roches
sédimentaires chimiques et détritiques, roches du métamorphisme de contact
et général.

V-2 Les roches et minéraux industriels au Maroc


Le sol marocain recèle une grande diversité de RMI. Plus de 25 variétés
de substance sont recensées et se trouvent réparties sur l’ensemble du
territoire national à des concentrations variables. La carte de la figure 67,
publiée par l’Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) en
2005, montre la diversité des RMI du Maroc et leur répartition géographique.

90
Figure 67. Répartition géographique des principaux RMI du Maroc (ONHYM, 2005)

Parmi les différents RMI, le phosphate constitue la principale richesse du


pays (Fig. 68) ; les réserves du Maroc en phosphate sont de l’ordre de 50
milliards de tonnes, soit 70 % des réserves mondiales (selon l’USGS, 2016).

A C

Figure 68. Gisement de phosphate de la région de Khouribga (A) et son contenu


fossilifère : Ossements de mammifères (B) et Dents de requins (C)

91
A l’instar de toutes les matières premières à valeur économique, les
géoressources, dont fait partie les RMI sont soumises à une réglementation
précisant les modalités et conditions de leur prospection et leur exploitation.
Chaque pays possède sa propre loi sur ses géoressources. Des informations
détaillées sur les lois relatives à la recherche et l’exploitation des mines et des
carrières du Maroc seront fournies dans la sixième partie de ce document.
A ce niveau, nous rappelons juste que la législation marocaine classe les
substances minérales utiles en deux catégories : Les « Mines » et les
« Carrières ». La nouvelle loi 33-13, relative aux mines, classe les RMI
comme Mines, au même titre que les combustibles, les substances
métalliques, les phosphates, les substances radioactives, les roches
ornementales, les pierres précieuses, les haldes et terrils, les eaux salées
souterraines et les gites géothermiques. Les autres substances, notamment les
matériaux de construction (sable, argile, marne, pierres à bâtir, etc.),
présentées précédemment, sont classées comme « Carrières » et sont
soumises à la Loi 27-13 relative aux matériaux de carrières.
A l’échelle de la région de RSK, on note la présence d’un certain nombre
de RMI dont les concentrations varient d’une substance à l’autre. En effet,
certaines d’entre elles constituent de véritables gisements exploitables, tandis
que d’autres ne sont connues qu’à l’état d’indices. Selon l’objectif
pédagogique et instructif de ce document, nous essayerons dans ce qui suit de
fournir le maximum d’informations utiles sur tous les RMI connus dans la
région de RSK, quel que soit leur abondance (concentration ou indice), à
savoir : l’andalousite, l’argile kaolinique le calcaire, la fluorine, le gypse et le
plâtre, le sel gemme et la potasse, le quartz, la barytine, la calcite, la diatomite,
la muscovite, l’ocre, l’orthose et la tourmaline.

V-3 L’andalousite
V-3.1 Définitions et généralités
L'andalousite est un minéral indicateur des roches métamorphiques
argileuses. Elle se rencontre en abondance dans les roches de l'auréole du
métamorphisme de contact (Fig. 69 A) et peut constituer un minéral
accessoire des roches granitiques hyperalumineuses (Al2O3 > 18 %). Les
cristaux d’andalousites se présentent en prismes de taille millimétrique à
centimétrique et à section basale carrée (Fig. 69 C). Ils sont de couleur
rosâtre, verdâtre à jaunâtre et souvent riches en inclusions de charbon
disposées en croix (chiastolite). Les andalousites correspondent à des silicates
d’alumine, de formule structurale (SiAl2O5), du système orthorhombique et
possèdent deux polymorphes (la sillimanite et le disthène).

92
C

3 cm

1 cm
A Zone I : Schiste tacheté à cordiérite ; Zone II : Schiste à micas et andalousite ; Zone III ; Cornéenne. B

Figure 69. Schéma de la zonation métamorphique observée au niveau de l’auréole de


métamorphisme de contact (A) et vue rapprochée d’un schiste à andalousite (B).
Aspect macroscopique des cristaux automorphes d’andalousite (C)

Les cristaux d’andalousites ont une dureté élevée (7,5 / l’échelle de Mohs)
et sont réfractaires à la fusion et résistants aux acides. Sur la base de ses
propriétés physiques, l’andalousite est utilisée pour la fabrication des briques
réfractaires. Le traitement à haute température permet la transformation de
l’andalousite en mullite qui est un minéral de synthèse hautement réfractaire
à la fusion. Les briques réfractaires servant au revêtement des parois de hauts
fourneaux et des cheminées domestiques (Fig. 70 A et B). Les variétés claires
et limpides d’andalousite ont la valeur de pierres semi-précieuses et sont
utilisées en bijouterie (Fig. 70 C).

Briques réfractaires

Briques réfractaires

A B

Figure 70. Usages des briques réfractaires à base d’andalousite pour le


revêtement des parois des hauts fourneaux (A) et cheminées (B) –
Variétés de cristaux d’andalousite utilisées en bijouterie (C)

93
V-3.2 L’andalousite dans la Région de RSK
Des zones de schistes à grands cristaux d’andalousite (schistes tachetés)
sont bien connus au niveau du socle paléozoïque du Maroc central. Ces zones
appartiennent aux auréoles de métamorphisme de contact des plutons
granitiques d’Oulmès, Ment et Zaër (Fig. 71).

Zaër Oulmès

Ment

Figure 71. Zones des schistes à andalousite développées autour des


plutons granitiques du Maroc central (extrait de la carte géologique
du Maroc au 1/1.000.000, Ministère de l’Energie et des Mines).
Les travaux de recherches géologiques effectués autour du pluton
granitique d’Oulmès révèlent l’existence de zones de schistes renfermant
d’importantes concentrations d’andalousite et qui constituent localement des
gisements exploitables (Fig. 72). Des travaux techniques plus détaillés
permettront d’estimer les réserves de la région en andalousite.

Schiste à andalousite

Contact

Granite alcalin

Andalousites
Vues
B

C
2 cm
A

Figure 72. Carte géologique du pluton granitique d’Oulmès et de son auréole


de métamorphisme de contact (A). Zone de schiste à andalousite au contact
du granite (B) vue rapprochée du schiste riche en andalousite (C)

94
V-4 L’argile kaolinique
V-4.1 Définitions et généralités
L’argile kaolinique ou le kaolin est une roche sédimentaire résiduelle,
blanche et friable. Elle résulte de l’altération des roches magmatiques riches
en feldspath (généralement les granitoïdes) et se compose principalement de
kaolinite (minéral argileux) et d’impuretés diverses (quartz, calcite, dolomite,
oxydes de fer, ...). La kaolinite provient de l’hydrolyse des feldspaths
potassiques (orthose) selon la réaction suivante (Fig. 73) :

2(Si3Al)O8K + 11H2O Si2O5Al2(OH)4 + 4Si(OH)4 + 2(K+, OH-)

Orthose + eau kaolinite + solution de lessivage

Hydrolyse

Orthose Kaolin

Figure 73. Aspect macroscopique du kaolin issu de l’hydrolyse de l’orthose

Sur le plan géologique, on distingue deux types de gisements de kaolin :


✓ Les gisements primaires qui se trouvent sur ou à proximité de la roche
altérée et qui montrent une faible teneur en kaolinite avec une forte
proportion d’impuretés.
✓ Les gisements secondaires qui se situent loin de la roche altérée, sous
forme de poches ou de couches stratifiées, très riches en kaolinite et
pauvres en impuretés. La concentration et la pureté des gisements
secondaires s’expliquent par un tri sélectif des minéraux argileux lors
de leur transport, plus ou moins loin, des gisements primaires.
Le kaolin constitue la matière minérale principale pour la fabrication des
céramiques et des réfractaires. Le mélange du kaolin et d’autres adjuvents
(sable, feldspath, calcaire, etc.) finement broyé et modelé puis porté à des
températures élevées (1100 - 1600 °C) se transforme, selon la formulation du
mélange, en divers produits céramiques (faïence, porcelaine, grès, etc.). Le

95
kaolin de bonne qualité est utilisé dans d’autres domaines industriels à valeur
ajoutée (papier, peinture, verre, etc.).
Très peu de gisements de kaolin sont connus au Maroc. En outre, ils sont
de très faible extension et de qualité moyenne. Il s’agit essentiellement de
gisements primaires liés à l’altération des roches granitiques. Des gisements
intéressants se trouvent associés aux plutons granitiques du Maroc oriental
(ex. granitoïdes de Guenfouda).

V-4.2 L’argile kaolinique dans la Région de RSK


A l’échelle de la Région de RSK, des petits gisements d’argile kaolinique
se trouvent sur la bordure est du pluton granitique hercynien d’Oulmès
(Fig. 74). La bande du granite kaolinisé est de l’ordre de 10 à 20 m de large.
A l’affleurement, la roche granitique kaolinisée apparait friable et de teinte
blanc-grisâtre à jaune-rougeâtre. Son écrasement aux doits donne une poudre
blanche pulvérulente qui atteste de sa richesse en kaolin.

A B

Encaissant
schisteux
Granite
kaolinisé

Figure 74. Carte du pluton granitique d’Oulmès et ses zones kaolinisées (A) et
affleurement de la bordure du granite kaolinisé (B)

Un travail de recherche de l’équipe des Géomatériaux et Géo-


environnement de l’Institut scientifique (GeoM&E) a permis de valoriser ces
argiles kaoliniques d’Oulmès dans le domaine des réfractaires. La teneur en
argile pure (fraction < 63 µm) récupérable par tamisage du mélange argileux
brut varie selon les zones d’échantillonnage de 10 à 20 % (Fig. 75). Le reste
du mélange (fraction > 63 µm) composé principalement de quartz, micas et
oxydes de fer (constituants du granite non altéré) forment l’arène granitique.

96
A B

Figure 75. Petite carrière d’échantillonnage de l’argile kaolinique d’Oulmès (A).


Traitement de l’argile brute pour la récupération du kaolin pur (fraction < 63 µm)

V-5 Le calcaire à chaux


V-5.1 Définitions et généralités
Le calcaire est une roche sédimentaire chimique ou biochimique composée
principalement de carbonates de calcium (CaCO3). Il se forme généralement
dans les milieux marins par interaction entre les ions dissous Ca2+ et HCO3-.
Les organismes vivants contribuent à la formation des calcaires par
l’accumulation de leurs coquilles carbonatées. Certaines roches calcaires sont
formées presque entièrement de débris de coquilles sont les lumachelles.
Les calcaires, appelés aussi pierres à chaux, constituent la matière première
pour la fabrication de la chaux vive (CaO). Celle-ci est obtenue par
calcination du calcaire, vers 900°C, selon la réaction suivante (Fig. 76) :

Cuisson (900 °C) Dégagement


CaCO3 -----------> CaO + CO2
Calcaire Chaux vive dioxyde de carbone

Cuisson
(900 °C)

Calcaire Chaux

Figure 76. Transformation du calcaire en chaux vive par calcination à 900 °C

97
La chaux est produite dans des fours verticaux Trois tonnes et demi (3,5
T) de calcaire, environ, sont nécessaires pour produire une tonne de chaux.
La décarbonatation de la roche calcaire s'accompagne d'une importante perte
de masse et de volume correspondant au dégagement du dioxyde de carbone
(CO2). L’opération de production de la chaux est fortement énergivore ; le
coût du combustible représente à lui seul environ 40 % du prix de revient de
la chaux produite. La figure 77 schématise les étapes de la préparation
traditionnelle de la chaux vive à partir du calcaire dans un four vertical.

Figure 77. Préparation traditionnelle de la chaux vive dans


un four vertical

La chaux vive (CaO) est un produit basique très corrosif et dangereux pour
la peau, les yeux et les poumons. La transformation de la chaux vive en chaux
éteinte s'effectue par ajout d'eau (H2O) ; opération dite d'extinction, qui
produit l'hydroxyde de calcium Ca(OH)2, avec un fort dégagement de chaleur.
La réaction chimique d’extinction de la chaux est la suivante :

CaO + H2O → Ca(OH)2 + 1 155 kJ /kg CaO

98
La nature de la chaux obtenue est liée à la quantité d’argile contenu dans
le calcaire de départ :
✓ A teneur < 5 % d’argile, le calcaire donne une chaux aérienne
(chaux grasse) qui durcit à l’air libre.
✓ Entre 5 et 20 % d’argile, le calcaire donne une chaux hydraulique
(chaux maigre) qui durcit en milieu humide voire sous l’eau.

La chaux est utilisée depuis l'Antiquité, notamment dans la construction et


pour les assises et fondations des bâtiments. Actuellement, le secteur du
Bâtiment (gros-œuvres, travaux de décoration, enduits, ...) en consomme, à
lui seul, environ 15% de la production. La majore partie de la chaux produite
est utilisée en agriculture (correction de l’acidité et de la texture des sols,
antibactérien et antifongique) et dans de nombreux domaines industriels
(sidérurgie, raffinage alimentaire, verrerie, papeterie, chimie, pharmacie,
etc.). La chaux trouve également des applications utiles dans le domaine de
la protection de l’environnement, tels que le traitement des fumées contenant
des gaz toxiques, la désinfection et la régulation du pH et du taux de calcaire
de l’eau potable.
Les pierres calcaires appropriées à la fabrication de la chaux sont
abondantes à l’échelle de l’ensemble du Maroc. Les périodes, notamment, du
Dévoniens et du Jurassique, offrent des séries très épaisses de calcaires qui
affleurent dans différents domaines structuraux (Haut et Moyen Atlas,
Mesetas occidentale et orientale, le Rif, etc.).
V-5.2 Le calcaire à chaux de la Région de RSK
La Région de RSK est très riche en calcaire à chaux. Ces calcaires sont
puisés dans deux sources principales :
1/ Les calcaires dévoniens du socle paléozoïque affleurant le long des
grands Oueds et au niveau de quelques boutonnières dans le Maroc
central.
2/ La calcarénite plioquaternaire formant les cordons dunaires qui
longent la côte atlantique entre Rabat et Kénitra.
Des traces de fours à chaux existent dans la région de Salé. Jadis,
l’essentiel de la chaux produite est utilisé comme liant hydraulique pour
l’édification des murailles et des maisons d’habitation en pierres et pisé des
villes de Rabat et Salé. La chaux, également nécessaire pour le blanchiment
des façades des habitations et des mosquées, était produite dans la région de

99
Salé par cuisson de la calcarénite, notamment les faciès plus riches en
coquilles calcaires (lumachelle).
A nos jours, il existe encore des fours traditionnels de préparation de la
chaux, comme celui que nous avons rencontré lors d’une mission de terrain
dans la région de Larbaa Shoul en 2011 (Fig. 78).

Calcaire
Gueulard

B
Chaux

Gueule de
défournement

A C

Figure 78. Four à chaux vertical (A). Calcaire construit (à polypiers) provenant de la
région de Tiflet (B). Chaux vive produite sur place (C)

V-5.3 Utilisations pratiques de la chaux dans la Région de RSK


L’usage de la chaux se manifeste au quotidien, au niveau de la Région de
RSK, notamment dans le domaine de la construction et de l’agriculture.
Avant la découverte du ciment portland, vers les années 1850, la chaux
constitua le principal liant hydraulique. Toutes les anciennes habitations et
monuments historiques des villes de Rabat, Salé et Kénitra furent construits
en argile et en pierres liées par la chaux.
Jusqu’à présent, la chaux continue d’être utilisée pour les travaux de
restauration des monuments historiques, notamment les murailles en pisé. En
effet, pour garder l’authenticité de ces monuments, les parties dégradées sont
remplacées par les mêmes matériaux d’origine (Fig. 79) et selon les mêmes
techniques de construction ancestrales. Le mode de préparation du mélange
de pisé et son application pour l’édification des murs sont décrits dans la
partie III de ce document (§ III-2 Le tout-venant).

100
Argile rouge Tout-venant Chaux

Pendant Après

Figure 79. Chantier de préparation du mélange de pisé, près de Bab Rouah,


pour la restauration de la muraille Almohade (photos prises en 2002)

La chaux éteinte est très largement utilisée pour peindre les façades et
l’intérieur des maisons. Les habitations des villes côtières atlantiques et
méditerranéennes sont souvent blanchies à la chaux avec des décorations en
bleu au niveau des contours des fenêtres et des portes (Fig. 80). La couleur
bleue est obtenue en ajoutant à la chaux un pigment bleu indigo (appelée Nila
en arabe) et qui est un aluminosilicate de sodium polysulfuré. Jadis, ce sont
les femmes qui furent chargées de cette opérations du blanchiment à la chaux
des façades de leurs maisons ; entretien qu’elles effectuèrent régulièrement,
surtout la veille des cérémonies et des fêtes religieuses.

A B

Figure 80. Vue générale des maisons du quartier des Oudayas entièrement blanchies à
la chaux (A) et ruelle du même quartier peinte à la chaux avec décoration en bleu

101
Par ailleurs, on constate assez souvent que les troncs d’arbres des avenues
et des jardins des villes de la région sont blanchis à la chaux (Fig. 81 A et B).
Il s’agit en fait d’un traitement antibactérien et antifongique des arbres au lait
de chaux (chaux très diluée). Un tel traitement traditionnel détruit les larves
de parasites microscopiques nichant dans les replis de l’écorce de ces arbres
et permet ainsi de les protéger efficacement contre les maladies
cryptogamiques, telles que la cloque, la moniliose et le chancre.

A B

Figure 81. Traitement des troncs d’arbre à la chaux (A) pour les protéger
contre le développement de lichens et maladies cryptogamiques (B)

V-6 Le sel gemme et la potasse


V-6.1 Définitions et généralités
Le sel gemme ou halite (NaCl) et la potasse (sylvite : KCl) correspondent
à des minéraux salins de la famille des chlorures. Ils forment des roches
sédimentaires du groupe des évaporites, c’est à dires, des roches formées par
évaporation des eaux de mers ou de lacs riches en saumures : chlorures de
sodium, potassium, etc. (Fig. 82 A). Les deux sels se présentent en cristaux
cubiques (Fig. 82 B) ou en masses incolores à blanchâtres lorsqu’ils sont purs
ou de différentes couleurs (grise, verte, rouge, etc.) selon la nature des
impuretés qu’ils contiennent (argile, oxydes, fluor, etc.).
Les deux sels sont assez tendres (2 à 2,5 sur l’échelle de Mohs), à goût salé
à amère, hygroscopiques et fortement solubles dans l’eau (350 g/l à T =
20°C). Leur densité est faible (1,8 à 1,9) et leur température de fusion se situe
autour de 790°C.

102
Sel gemme
B

A
Potasse (Sylvite)

Figure 82. Schéma du mode de formation des évaporites et leur séquence de


précipitation (A). Aspects macroscopiques des cristaux de sel gemme et de potasse (B)

Au cours de la période géologique du Trias, (-245 à -205 Ma), le


paléoclimat fut sec et chaud sur l’Europe occidentale et l’Afrique du Nord.
Cela contribua à une intense évaporation des mers et le dépôt de masses
considérables de sels (halite, sylvite et gypse). Les plus importantes mines
européennes de sel (France, Suisse, Allemagne, …) sont d’âge triasique.
Les couches du sel triasique de plusieurs centaines de mètres d’épaisseur,
déposées durant le Trias, s’enfouissent progressivement en profondeur sous
la charge des sédiments des périodes et ères géologiques postérieures
(Jurassique, Crétacé, Tertiaire et Quaternaire). De nature physique
déformable (plastique) et de densité inférieure à celle des roches encaissantes,
ces sels tendent à remonter, par gravité, vers la surface de la terre sous forme
de dômes en forme de champignons, qu’on appelle les diapirs (Fig. 83).

Figure 83. Modèle de remontée diapirique d’un dôme de sel à la suite de


l’érosion (A) ou de l’amincissement de la croûte terrestre (B)

103
Selon le modèle de cette figure, la montée diapirique est facilitée par deux
processus : l’érosion des terrains sus-jacents (A) ou l’amincissement et la
fracturation des terrains lié à une tectonique distensive (B).
Le sel gemme est un produit minéral très demandé par l’industrie
agroalimentaire (conservateur de viandes, exhausteur de goût, etc.), ainsi que
pour le salage des routes (fondant de glace et de neige). Il correspond à une
importante source d’extraction du chlore, bore, iode et sert à la fabrication de
la soude et de l’acide chloridrique. La potasse constitue le principal minerai
du potassium (K) ; élément fondamental pour la fabrication des engrais et
produit de base des dérivés potassiques, tels que les détergents (savon mou).
Elle est utilisée également en pharmacie et en industrie alimentaire (Chocolat,
café, etc.).
Les terrains marocains d’âge secondaire (-245 à -65 Ma), renferment
souvent des quantités plus ou moins importantes d’évaporites (sel gemme,
potasse, gypse et anhydrite). Des concentrations exploitables de ces sels
existent dans différents domaines structuraux du Maroc (Haut Atlas, Maroc
central et Rif). Les gisements d’évaporites les plus célèbres à l’échelle
nationale sont :
✓ les dépôts de gypse de la région de Safi (couche de 100 m
d’épaisseur et d’extension kilométrique, constituant une réserve de
plus de 10 milliards de tonnes) ;
✓ la mine de sel de Mohammadia (couche de 80 m d’épaisseur de
NaCl à plus de 89 % et dont les réserves s’élèvent à 3 milliards de
tonnes) ;
✓ la mine de sel gemme et potasse de Khémisset (avec 3 secteurs
totalisant 388 millions de tonnes à teneur en K2O variable autour de
10%).
V-6.2 Le sel et la potasse dans la Région de RSK
La mine de sel et potasse de Khémisset, appartenant à la région de RSK,
fut découverte vers les années 1930, lors des premiers travaux géologiques
menés sur le bassin subsident de Khémisset. Les opérations de prospection
exécutées depuis 1967 (réalisation de 133 sondages sur une superficie de 585
km2) ont permis de délimiter 3 secteurs contiguës mais bien distincts (Fig.
84 A) :
1/ Secteur de Sidi Daoui, d’extension limitée, à sylvite (KCl) ;
2/ Secteur central de Khémisset riche en carnallite (KMgCl3, 6H2) ;
3/ Secteur de l’Oued Beht de grande extension et riche en rinneite
(NaK3FeCl6).

104
A B

Figure 84. Localisation des trois secteurs salifères du bassin de Khémisset sur image
satellite Google Earth (A). Log stratigraphique synthétique de la série triasique de
Khémisset à sel gemme et potasse (B)

Le log stratigraphique synthétique de la figure 84 B montre que la


formation saline du bassin subsident de Khémisset, de plusieurs centaines de
mètres d’épaisseur, repose en discordance sur le socle paléozoïque et
renferme deux épaisses séries salifères séparées par une couche de 70 m de
basalte doléritique.
Les plus grandes réserves prouvées en sel et potasse de la région se
trouvent au niveau du secteur central de Khémisset (2). Elles sont de l’ordre
de 187 millions de tonnes à teneurs variables entre 9,5 et 11% de K2O. Les
réserves des deux autres secteurs (1 et 3) restent moins précises et s’élèvent à
environ 201 Mt à 9,8% K2O. Actuellement la mine de Khémisset est opérée
pour la potasse par la société américaine Emmerson pour l’extraction de la
potasse et du sel gemme pour le déneigement.
Le bassin sédimentaire de Khémisset renferme d’autres concentrations
salifères de tailles variables dont certaines sont exploitées par des particuliers.
Ces gisements affleurent en plein terrains triasiques composés de puissantes
couches d’argiles rouges. L’une de ces concentrations de sel se trouve à
environ 10 km, à vol d’oiseau, au sud-est de Khémisset (Fig.85 A). Le toit de
la masse de sel se situe à une dizaine de mètres de la surface, sous une couche
d’argile rouge du Trias comportant quelques lits basaltiques de teinte verte et
localement riche en trainés blancs d’évaporites (Fig. 85 B).

105
Khémisset

Entrée de la Mine de sel

Figure 85. Vue satellitaire de l’environnement de la mine de sel située au SE de


Khémisset (A) et affleurement du terrain triasique encaissant cette mine de sel (B)

Peu d’informations ont été recueillies sur cette mine en exploitation par un
particulier, qu’on a pu visiter en 2013. Selon les observations effectuées sur
l’environnement de la mine et à l’entrée de la galerie supérieure, il s’agirait
de l’apex d’un diapir de sel gemme de teinte grise, très riche en inclusions
argileuses, et qui apparait s’élargir vers la profondeur. Les teneurs et les
réserves de cette mine de sel semblent intéressantes mais des études détaillées
restent nécessaires pour les confirmer (Planche XI).

106
Planche XI. Vues de l’entrée et des galeries de la mine de sel gemme de Khémisset

Entrée de la mine de sel dans la couche d’argile rouge violacée d’âge triasique

Stalactites de sel gemme soulignant les fissures du toit de la galerie superficielle


d’extraction du sel

Traces de grattage rotatif sur la paroi de la Concrétions de sel sur le plancher de la


masse de sel exploité galerie superficielle de la mine

107
V-7 Le gypse
V-7.1 Définitions et généralités
Le gypse fait partie des roches sédimentaires évaporitiques, qui au même
titre que le sel gemme, la sylvite, la carnallite, etc. se forme en milieux marins
ou lagunaires par évaporation des eaux saumâtres. Le schéma de la figure
82 A explique le mode de formation et l’ordre de cristallisation des minéraux
évaporitiques.
Suite à l’évaporation du milieu fermé (mer, lac, lagune, etc.) les ions (Ca2+,
Na2+, Mg2+, K2+, etc.) se concentrent et finissent par précipiter au fond du
bassin selon un ordre bien précis : c’est la séquence évaporitique. Après le
dépôt des calcaires et dolomites c’est le gypse qui précipite le premier, suivi
par le sel gemme puis les sels de K et Mg (sylvite, carnallite). La précipitation
du gypse débute lorsque le taux d’évaporation de l’eau de mer atteint 80%.
Le gypse est un sulfate de calcium hydraté, de composition (CaSO4,
2H2O). Il désigne également la roche formée principalement du minéral
gypse. Il s’agit d’un minéral translucide à blanc (lorsqu’il est pur) à
légèrement teinté en jaune ou rouge (Fig. 86). Il est très tendre (rayable à
l’ongle), de dureté égale à 2 sur l’échelle de Mohs et de densité égale à 2,33.
Le gypse est faiblement soluble dans l’eau (2,1 g/l à 20°C) et se dissout dans
l’acide chloridrique (HCl) chaud.

Gypse fibreux

Gypse
lamellaire Gypse massif (saccharoïde)

Figure 86. Différents aspects macroscopiques du gypse : lamellaire, fibreux et


saccharoïde

108
Le gypse est utilisé comme matériau de construction pour la préparation
du plâtre qui est un liant hydraulique connu depuis l’antiquité. La réaction de
transformation du gypse en plâtre est la suivante :

Cuisson (150°C)
CaSO4 , 2H2O --------------> CaSO4 0,5 H2O + 1,5 H2O
Gypse (forme stable) Plâtre (forme métastable)

L’hydratation de la poudre de plâtre (son gâchage) permet la formation


massive et rapide de minuscules cristaux enchevêtrés ; c’est ce qui assure la
prise (consolidation) du plâtre.
En construction, le plâtre possède un faible coefficient de conductivité
thermique, variable entre 0,2 et 0,6 W/(m.K), ce qui le classe comme un bon
isolant thermique et phonique. Il est, par ailleurs, ignifuge (incombustible) ;
lors d’un incendie, le plâtre libère 18 à 20% de son eau de constitution et
constitue un bon « coupe-feu ». Ainsi, par exemple, une porte revêtue de 2
cm d’un enduit de plâtre peut résister jusqu’à 1h30 au feu. Le plâtre, présente
cependant l’inconvénient de se dégrader facilement dans les endroits
humides. Chauffé à très haute température (1.200°C), le gypse se transforme
en anhydrite (CaSO4 : forme anhydre du gypse) puis se décompose pour
donner l’acide sulfurique (H2SO4), suivant les réactions (1) et (2) :

(1) CaSO4 -------> CaO + SO3


(2) SO3 + H2O ----> H2SO4

V-7.2 Le gypse au Maroc


De nombreux gisements de gypse de dimensions variables sont connus à
travers le Maroc et se trouvent étroitement associés aux terrains argileux et
marneux d’âge secondaire (- 245 à - 65 Ma). Parmi ces gisements, celui de
Safi est le plus important à l’échelle nationale avec des réserves qui s’élèvent
à 10 milliards de tonnes (90% des réserves nationales). Une partie du gypse
de Safi est exportée et tout le reste est transformé pour la production de l’acide
sulfurique et du plâtre (Fig. 87).

109
Figure 87. Vue générale de l’une des carrières d’extraction du gypse de Safi

La variété fibreuse de gypse, blanc à rougeâtre, appelée aussi « Pierre


sélénite », de la région de Midelt (Fig. 88 A), par exemple, est utilisée pour
la fabrication de divers objets de décoration : abat-jours, cœurs, œufs, etc.
(Fig. 88 B).

Abat-jour Coeurs

B
Œuf

Figure 88. Carrière d’extraction de blocs de gypse fibreux de la région de Midelt (A)
et objets de décoration fabriqués à partir de cette pierre (B)

Les roses des sables, provenant des zones sahariennes marocaines,


correspondent à une variété de gypse qui cristallise en milieu sec à climat
aride, sous forme de lamelles enchevêtrés, dont les surfaces sont tapissées de
grains de sable (Fig. 89 A). D’autres formes de gypse, en forme de fleurs
(Fig. 89 B) sont également connues au Maroc.

110
A

Figure 89. Variétés de gypse marocain, en rose des sables (A) et en fleur (B)

V-7.3 Le gypse dans la région de RSK


La région de RSK, montre localement, au niveau de ses terrains triasiques,
des concentrations notables en gypse sous forme de couches, lentilles, ou
veinules. Ces gypses s’y trouvent seuls ou en association avec d’autres
minéraux évaporitiques (sel gemme et potasse). Des niveaux, de puissance
variable, de ces associations d’évaporites se rencontrent dans les régions de
Tiddas, Rommani, Khémisset, etc. (Fig. 90).

Figure 90. Argile rouge du Trias lézardée de veinules blanches


de gypse (sur la route de Tiddas-Rommani)

111
De par sa nature géologique, la région de RSK pourrait renfermer des
potentialités intéressantes en gypse, notamment au niveau de ses bassins
d’âge secondaire. Des travaux de recherches géologiques et minières poussés,
avec la réalisation de sondages carottés, permettront probablement de détecter
des concentrations exploitables de gypse ainsi que d’autres géomatériaux
utiles.

V-8 La fluorine
V-8.1 Définitions et généralités
La fluorine (ou fluorite) est un minéral des filons hydrothermaux de basse
température qui se trouve souvent associée au quartz, à la calcite et à la
barytine. Parfois, elle constitue avec ces derniers la gangue de
minéralisations sulfurées à plomb, zinc, argent, etc. La fluorine se trouve
accessoirement dans les pegmatites et rarement dans les roches volcaniques
et métamorphiques.
La fluorine cristallise dans le système cubique, sa formule idéale est CaF2,
mais le minéral peut contenir dans son réseau cristallin des traces de Si, Al,
Fe, Mg ainsi que des terres rares (lanthane, cérium, europium, etc.). Ces
éléments en traces sont à l'origine de coloration très variée de la fluorine :
jaune, vert, bleu, violet, etc. (Fig. 91).

Fluorine verte Fluorine Jaune Fluorine violette

Figure 91. Cristaux de couleurs variées de fluorine marocaine

La fluorine possède une dureté de l’ordre de 4, sur l’échelle de Mohs, et


une densité égale à 3,18. Elle se distingue par une forte fluorescence en
lumière ultraviolette (Fig. 92).

112
Figure 92. Fluorescence à la lumière ultraviolette de la fluorine

Les beaux cristaux de fluorine sont très recherchés par les collectionneurs
des minéraux et par les grands musées de minéralogie. La fluorine est utilisée
principalement pour la production d’acide fluorhydrique et des produits
fluorés dérivés (fluorure d’aluminium, fluides réfrigérants, agents gonflants
de mousses de polyuréthane, polymères, solvants, etc.). Elle est utilisée
également comme fondant d’acier ainsi que pour la fabrication de verre, de
fibres de verre, d’émaux de céramique et de baguettes de soudure. La fluorine
pure et limpide est utilisée en bijouterie et dans les instruments d’optique
(microscope, spectromètre, télescope, zoom, etc.) pour sa meilleure qualité
de transmission de la lumière (Fig. 93).

Fluorine rubanée Bracelet en fluorine Bague en or et fluorine bleu-vert

Lentilles en fluorine Zoom d’appareil photo à lentilles en fluorine

Nikkor 500 mm
f/4E FL ED

Figure 93. Usages de la fluorine pure et limpide en bijouterie et en optique

113
V-8.2 La fluorine au Maroc
Cinq sites intéressants de fluorine sont connus à l’échelle du Maroc
(Fig. 94) : 1/ El Hammam (Maroc central) ; 2/ Aouli (Haute Moulouya) ; 3/
Aghbala et 4/Zaouït sidi Hamza (Haut Atlas) ; et 5/ Touroug (Anti-Atlas).

1
2

3 4

Figure 94. Situation géographique et géologique des principaux sites de


fluorine du Maroc
(1 : El Hammam ; 2 : Aouli ; 3 : Aghbala ; 4 : Zaouït Sidi Hamza ; 5 : Touroug )

Le site d’El Hammam fait partie des plus importantes mines productrices
de fluorine au monde. Le district d’El Hammam est situé dans le Maroc
central, à environ 50 km au SW de Meknès et se trouve sur la limite des deux
Région de RSK et de Béni Mellal-Khénifra. La minéralisation fluorée d’El
Hammam est de type filonien hydrothermal, en relation avec des roches
granitiques cachées et des filons de quartz minéralisés en étain (Sn) et
tungstène (W). La fluorine d’El Hammam, de couleur vert-pâle, est exploitée
dans un filon de 4 km de long sur 10 m de puissance qui jalonne la faille d’El
Hammam (Fig. 95 A). D’autres filons secondaires offrent une fluorine
violette. L’ensemble des filons fluorés se trouvent encaissés dans des schistes
viséens et des calcaires dévoniens du socle paléozoïque. Les beaux cristaux
de fluorines d’El Hammam sont souvent associés à la calcite, au quartz et à
la pyrite (Fig .95 B).

114
B

Encaissant

A C

Figure 95. Schéma structural de la minéralisation filonienne en fluorine d’El


Hammam (A). Cristaux de fluorine jaune associés au quartz (B) et Fluorine verte
couverte de pyrite (C)

L’exploitation de la fluorine d’El Hammam est assurée par la Société


Anonyme (SAMINE), Filiale du pôle minier marocain MANAGEM. La mine
d’El Hammam est exploitée depuis 1974. Sa production, durant ces dernières
années, a évoluée de 60.000 à 100.000 tonnes par an. Les réserves en fluorine
du Maroc sont estimées à environ 320.000 tonnes, avec une concentration à
98 % (USGS, 2019).

V-8.3 La fluorine dans la Région de RSK


Etant donné que les formations et les structures géologiques se continuent
entre les Régions de RSK et de Béni Mellal-Khénifra, des concentrations
intéressantes de fluorines, de même nature que celles d’El Hammam, pourront
exister dans le sous-sol de la Région de RSK. Ceci étant fort probable en
raison de l’existence d’indices de fluorine dans la partie SE de la Région de
RSK. Aussi, des programmes de recherche géologiques et des travaux
d’exploration minière restent-ils à développer dans cette Région.

V-9 Le quartz
V-9.1 Définition et généralités
Le quartz est le principal minéral du groupe des silicates. De formule
chimique SiO2 (dioxyde de silicium), il constitue à lui seul plus de 12% en

115
volume de la croûte terrestre. Le quartz se trouve dans différents contextes
géologiques (magmatique, hydrothermal, sédimentaire et métamorphique). Il
est le constituant principal des granitoïdes et des roches qui leurs sont
associées (aplites, pegmatites, filons de quartz). Le quartz est omniprésent
dans les roches métamorphiques (schistes, gneiss, quartzites, etc.) ainsi que
dans les roches sédimentaires détritiques meubles (sable et galets) et
cohérentes (grès et conglomérats). Il peut être incolore, blanc, jaune, violet,
verdâtre ou rouge et présente différentes formes (Fig. 96) :
- prismes centimétriques à extrémités pyramidales ;
- cristaux courts à terminaisons pointus tapissant la surface des géodes ;
- masse amorphes remplissant les caisses filoniennes ;
- grains anguleux ou arrondis dans les sables.

Quartz hématoïde Quartz bipyramidé

3 cm 1 cm

Quartz Sable siliceux


améthyste

4 cm 1 mm

Figure 96. Différents aspects, formes et couleurs des cristaux de quartz

Le quartz présente un éclat vitreux, parfois gras, une dureté élevée (7 sur
l’échelle de Mohs), une densité moyenne de 2,65et une température de fusion
de l’ordre de 1650 °C. Par ses nombreuses propriétés physiques comme
l'inaltérabilité, la solidité, un coefficient élastique important, des frottements
internes extrêmement faibles, etc. le quartz est utilisé dans de nombreux
domaine industriels (verrerie, optique, filtration, abrasif, sablage, etc.). Sa
propriété piézoélectrique, plus particulièrement, le rend très utile en
électronique et en horlogerie. En raison de sa propriété piézoélectrique, le

116
quartz constitue le « cœur » des montres et horloges dites à « Quartz » ; un
minuscule grain de quartz taillé en diapason et alimenté par une pile vibre à
très haute fréquence (32 kHz). Les vibrations ainsi générées rythment pas à
pas le fonctionnement de la montre en divisant le temps et en faisant tourner
ses aiguilles (Fig. 97). C’est la marque Seiko qui inventa en 1964, le premier
compteur de temps à quartz au monde.

ne ztrauQ
nosapaid Quartz
Quartzen
en
diapason
diapason

Pile

Bobine

Quartz
encapsulé

A B

Figure 97. Modèle d’une montre à quartz (A) et son mécanisme de fonctionnement à
quartz (B)

V-9.2 Le quartz dans la Région de RSK


La Région de RSK recèle de nombreux gisements de quartz de type, de
forme et de tailles variables. Parmi ces gisements, on note des :
✓ filonets de quartz massif, translucide ou laiteux, parfois minéralisés,
de puissance centimétrique à décimétrique, liés aux granites de Zaër
et d’Oulmès (Fig. 98) ;
✓ lentilles de pegmatites à grandes masses de quartz translucides en
association avec des feldspaths et des micas au niveau des coupoles
des plutons granitiques ;
✓ lits et nodules de quartz / silex au sein des calcaires dolomitisés d’âge
dévonien moyen ;
✓ gros galets de quartz dans les lits des grands oueds de la Région
(Bouregreg, Sebou, Ykem, …) ;
✓ accumulations locales de grains grossiers de quartz résultant du tri par
transport des arènes granitiques (Oulmès et Zaër) ;
✓ sables siliceux continentaux, composés de plus de 70% de grains fins
de quartz accumulés dans les zones en dépression et le long des cours
d’eaux.

117
Cassitérite
(SnO2)
Granite fin

Quartz massif
translucide

Quartz

3 cm
A

Calcaire massif
Muscovite

Quartz
Niveaux siliceux

Calcaire massif

Tourmaline

B C

Figure 98. Différents gisements de quartz de la région de RSK.


A : filets de quartz minéralisé en bordure du granite d’Oulmès. B : Pegmatite
à quartz, muscovite, orthose et tourmaline du granite de Zaër. C : Barre de
calcaire massif à niveaux siliceux de la région de Khaloua

La Région de RSK offre d’autres minéraux de la silice, de la même famille


que le quartz mais qui en différent par leur mode de cristallisation, leur
structure et leur coloration. Parmi ces formes de la silice, on note à titre
d’exemple la calcédoine, le silex, le jaspe, (Fig. 99). Ces différents matériaux
se trouvent associés à des roches sédimentaires calcaires et des basaltes
altérés et sont très sollicités par les collectionneurs de minéraux.

Calcédoine Jaspe

Silex Silex taillé

Figure 99. Différentes formes de la silice : calcédoine, jaspe et silex

118
Outre les roches et minéraux précédemment décrits (andalousite, argile
kaolinique, calcaire, sel et potasse, gypse, fluorine et quartz) et qui forment
des gisements et des indices prometteurs, le sol de la Région de RSK recèle
divers d’autres RMI que nous signalons rapidement ci-dessous.

V-10 La barytine
La barytine (ou baryte) est un sulfate de baryum de composition (BaSO4),
d’origine hydrothermale. Elle se présente en cristaux lamellaires et crêtés, en
masses concrétionnées ou saccharoïdes (Fig. 100). Sa couleur est blanche
mais peut être jaune, brune ou rougeâtre. Sa dureté est faible (3 à 3,5 sur
l’échelle de Mohs), par contre sa densité est élevée (4,3 à 4,8).

Barytine blanche

Encaissant
(Calcaire dolomitisé)

B
Barytine blanche C

A Barytine rose

Figure 100. Affleurement d’un filonet de 20 à 30 cm de puissance de barytine blanche


(A). Barytine en lamelles transparente (B) et barytine rose crêtée (C)

La barytine constitue la principale source du baryum et sert en industrie


chimique pour la synthèse des dérivés des dérivés de baryum, tels les
carbonates, chlorures, oxydes, hydroxydes, peroxydes, nitrates et sulfates de
baryum. Elle est utilisée en grande partie (80 %) comme boue lourde pour les
forages pétroliers et aussi comme charge et pigments (jaune de baryte).

119
Des indices de barytine, en association avec la calcite et la fluorine,
existent sous forme de filonets ou lentilles recoupant le socle paléozoïque du
Maroc central sont signalés dans différents endroits de la Région de RSK.

V-11 La calcite
La calcite est un minéral carbonaté de composition CaCO3 avec des
traces de Mn, Fe, Zn, Co, Ba, Sr, … Elle cristallise dans le système
Rhomboédrique et montre trois formes cristallines de base : Rhomboédrique,
prismatique, et scalénoèdriques (Fig. 101). La calcite est blanche, lorsqu’elle
est pure, mais peut prendre différentes teintes suivant la nature des impuretés
qu’elle renferme dans son réseau cristallin. Sa dureté est faible (3 / échelle de
Mohs), sa densité est moyenne (2,71) et elle est assez soluble dans l’eau (15
à 20 mg/l).

Prisme
Formes cristallines de base de la calcite

1 cm

Rhomboèdre

2 cm 1 cm
Scalénoèdre

Figure101. Différentes formes cristallines de la calcite dérivées de leur


système de cristallisation cristallin

La calcite se trouvent également en masse saccharoïdes, en stalactites et


stalagmites ainsi qu’en géodes à cœur tapissé de cristaux prismatiques et
extrémités pointus (Fig. 102). Par ailleurs elle constitue le minéral de base

120
des roches sédimentaires calcaires et certaines roches métamorphiques
(marbre, cipolin, skarns) et magmatiques (carbonatites). La calcite forme
également en association avec le quartz, la barytine et la fluorine la gangue
des minéralisations sulfurées des filons hydrothermaux.

Géode de calcite

Calcite saccharoïde

Figure 102. Deux formes fréquentes de cristallisation e la calcite

La calcite transparente est utilisée en optique pour réaliser des filtres


polarisants. Elle sert en agriculture pour amender les sols trop acides, comme
elle constitue un composant principal pour la fabrication du ciment Portland.
La variété de calcite pure et blanche est recherchée pour son utilisation
comme matériaux de charge minéral dans le papier, la peinture, le plastique,
etc.
Quelques filonets, petites masses et géodes de calcite se rencontrent
sporadiquement à différents endroits de la Région de RSK. De par sa géologie
et sa richesse en faciès carbonatée, la Région pourrait renfermer des
potentialités intéressantes en calcite de bonne qualité.

V-12 La diatomite
La diatomite est une roche sédimentaire composée principalement de
micro-coquilles siliceuses des diatomées (algues unicellulaires). La roche est
généralement blanche, très poreuse, friable et d’une très faible densité,
variable entre 200 à 300 kg/m3 (Fig. 103). La diatomite se forme au fond des
mers et des lacs calmes, souvent en relation avec une activité volcanique
(source de chaleur). La diatomite se caractérise par une granulométrie fine
(10 à 200 µm) et une composition siliceuse (70 à 90% SiO2).

121
10 µm

A B

Figure 103. Aspect macroscopique d’une diatomite (A) et observation d’une


diatomite au microscope électronique au balayage (MEB) (B)

Par sa porosité et sa capacité d’absorption et d’abrasion, la diatomite est


utilisée dans de nombreux domaines industriels comme :
✓ Abrasif : poudre à récurer, produits de polissage, dentifrice, nettoyage
du cuivre, de l'inox et de l'argenterie.
✓ Absorbant qui facilite le mélange en permettant d'obtenir des matières
de meilleure résistance (ex. pneus en caoutchouc) et aide à disperser
l'élément actif chimique (ex. la dynamite, les allumettes, etc.).
✓ Filtre pour la préparation de certaines boissons (jus de fruit,
vin, bières) ou pour le nettoyage des eaux de piscines.
✓ Adjuvent en matériaux de construction pour augmenter l'homogénéité
et la légèreté du béton, la fabrication de briques réfractaires et
isolantes, etc.
Quelques couches de diatomites, d’épaisseur métrique, sont connues au
sud de la Région de RSK, autour des localités de Moulay Bou Azza et
d’Oulmès.

V-13 L’orthose
L’orthose ou feldspath potassique (Fk) est un silicate d’alumine de
composition KAlSi3O8 pouvant contenir des traces de Na, Fe, Ba, Rb et Ca,
etc. Sa couleur varie du blanc au gris ou rose selon la nature des impuretés
(Fig. 104). L’orthose montre 3 plans de clivage, sa densité est moyenne (2,55
à 2,63) alors que sa dureté est élevée (6 à 6,5 sur l’échelle de Mohs).
L’orthose est un minéral commun des roches magmatiques granitiques et
certaines roches métamorphiques (schiste, gneiss, migmatite, etc.) où il se

122
présente en cristaux automorphes, souvent maclés (phénocristaux de taille
centimétrique), ou en plages millimétriques remplissant les interstices entre
les autres constituants de la roche (quarte, plagioclase, biotite, etc.). De
grandes masses d’orthose se trouvent en association avec du quartz,
muscovite, tourmaline, béryl, etc. dans les filons et lentilles de pegmatite.

1 cm B
A

Figure 104. Cristal automorphe et à macle de Carlsbad d’orthose blanche (A) et


fragments d’orthose rose (B)

L’orthose est utilisé en céramique, plus particulièrement pour la


fabrication de carrelage, en raison de sa qualité de fondant, c’est-à-dire, un
produit permettant d'abaisser la température de fusion lors de la cuisson. Il
sert également comme adjuvent au sable siliceux pour la fabrication du verre
(verre creux, verre plat et fibre de verre). Comme il est utilisé, en agriculture,
pour l'amendement des sols. Rappelant, également, que l’altération
(hydrolyse) des feldspaths potassiques donnent l’argile kaolinique (§ V-4
l’argile kaolinique).
A l’échelle de la Région de RSK, des masses centimétriques de feldspath
potassique se trouvent en association avec du quartz, de la muscovite et des
tourmalines dans les pegmatites situées en apex et en bordures des plutons
granitiques de Zaër et d’Oulmès.

V-14 La muscovite
La muscovite ou mica blanc et un phyllosilicate de composition
Al2(AlSi3O10)(OH,F)2 avec des traces de Li, V, Cs, Rb, etc. Elle se présente
en paquets de feuillets gris-argenté à luisants, facilement séparables les uns
des autres (Fig. 105). Sa densité est de 2,8 à 3 et sa dureté, sur l’échelle de
Mohs, est égale à 2,5.

123
Muscovite

Muscovite

A B

Figure 105. Feuillets de muscovite associés à du feldspath potassique dans


une pegmatite (A) et feuillets isolés de muscovite de teinte vert argenté (B)

Par sa résistance thermique et mécanique, la muscovite, en feuillets


d’assez grande taille (S > 4 cm2), est utilisée en industrie électronique,
électrique et thermique :
✓ En électronique, la muscovite entre dans l’élaboration des lasers
hélium-néon et dans la fabrication des condensateurs de voltage élevé
et haute fréquence.
✓ En électrique, la muscovite sert à la fabrication de transformateurs,
petits objets chauffants, rhéostats, fusibles, fer à repasser, bouilloires
électriques, etc.
✓ En thermique, le mica est utilisé pour le blindage de jauges de
chaudières et d’autoclaves ainsi que pour la fabrication des regards
pour les fours et les accumulateurs pour missiles thermosensibles.
Des petites quantités de muscovite d’assez grande taille se trouvent dans
les pegmatites granitiques (Zaër et Oulmès) en association avec le quartz,
l’orthose et la tourmaline.

V-15 La tourmaline
La tourmaline est un minéral du groupe des cyclosilicates à composition
variable mais toujours riche en bore. On connait plusieurs variétés de
tourmaline de compositions et de couleurs très variables (Fig. 106). Les deux
variétés les plus représentées dans la nature sont :
- La schorlite [NaFe3Al6(BO3)3(Si6O18)(OH)4], variété ferreuse de couleur
noire.
- L’elbaïte [Na(Li,Al)3Al6(BO3)3(Si6O18)(OH)4], variété lithinifère de
couleur verte à rose.

124
Généralement, la tourmaline se présente en prismes allongées à section
triangulaire et à faces striées. Sa densité est égale à 3 et sa dureté est élevée
(7 à 7,5 sur l’échelle de Mohs). Les tourmalines se rencontrent dans les
pegmatites, souvent en association avec d'autres minéraux (apatite, fluorine,
topaze, etc.) qui renferment des composés volatils et rares (fluor, bore,
lithium, césium, rubidium, etc.). Par leur résistance à l’altération et à l’usure,
elles peuvent également s’accumuler dans dépôts alluvionnaires (placers).

Tourmaline rose

Tourmaline noire

Tourmaline « melon d’eau »


Tourmaline verte

Figure 106. Diversité de formes et de couleurs des cristaux de tourmaline

La tourmaline possède des propriétés pyroélectriques (variation de


polarisation électrique par changement de température) et piézoélectriques
(polarisation électrique sous l’effet de pression), ce qui permet son utilisation
en électronique. La tourmaline est utilisée, à titre d’exemple, dans la
fabrication des manomètres pour la mesure des pressions en sondages
profonds.

125
Par sa très large gamme de coloration, sa limpidité et sa dureté, d’une part
et d’autre part, ses diverses possibilités en matière de taille, les tourmalines
sont très largement utilisées comme pierres fines dans la bijouterie (Fig. 107).

Figure 107. Exemples d’utilisation des tourmalines en bijouterie


comme pierres semi-précieuses

A noter que de très beaux cristaux de tourmaline noire et d’assez grande


taille se trouvent en association avec du quartz, de l’orthose et de la muscovite
dans les pegmatites des plutons granitiques d’Oulmès et de Zaër.

V-16 L’ocre
L’ocre est une terre argilo-siliceuse, colorée par des hydroxydes de fer.
Selon la nature du minéral de fer oxydé, l’ocre peut avoir trois couleurs
possibles : jaune lorsqu’elle dérive de la goethite ; brune pour la limonite et
rouge pour l'hématite (Fig. 108).
Les ocres se forment dans les régions à climat tropical (chaud et humide),
lorsque les sédiments des fonds marins, riches en grains de fer, émergent en
surface, s’oxydent et cristallisent en goethite, limonite et hématite. L’ocre se
forme également autour des gisements de fer (hématite et magnétite).

126
Ocre jaune clair Ocre jaune Ocre jaune citron Ocre rouge

Figure 108. Différentes nuances de pigments d’ocres naturels commercialisés pour


peinture

Les ocres constituent un matériau naturel d’un large éventail d'utilisations


préhistoriques : peintures rupestres, décoration de la poterie, peintures
murales, tatouages humains, etc. Il fut utilisé aussi comme produits de
traitement de la peau contre les rayons solaires. De nos jours, l’ocre reste un
pigment incontournable pour la peinture.
Des poches d’ocres se trouvent à différents endroits de la Région de RSK,
souvent à proximité des mines d’oxydes et de sulfures de fer. Des petites
exploitations d’ocre sont connues dans l’environnement de la mine de fer de
Tiflet (Fig. 109). Des études archéologiques indiquent que cet ocre de Tiflet
fut découvert et utilisé par l’Homme de Rabat-Témara.

Figure 109. Tranchée de l’ancienne mine de fer de Tiflet (A) et nature de l’ocre
rouge qui se trouve autour de cette mine (B)

127
VI- EXPLOITATION DES
GÉOMATÉRIAUX ET
ENVIRONNEMENT
VI- EXPLOITATION DES GÉOMATÉRIAUX ET
ENVIRONNEMENT

VI-1 Problématique
L’exploitation des géoressources (substances énergétiques, métalliques,
hydrique et géomatériaux) constitue un enjeu majeur du développement
socioéconomique du pays. En effet, l’exploitation des géoressources
naturelles fait partie de l’activité économique du secteur primaire et permet
de générer de la richesse et de créer des emplois. Toutefois, cette activité
extractive peut causer un certain nombre de nuisances et d’impacts négatifs,
parfois très graves et irréversibles, sur la santé de l’Homme et sur l’équilibre
des écosystèmes de son environnement.
Aussi cette dualité entre l’intérêt économique, lié à l’exploitation des
géoressources et l’impératif de protéger l’environnement pose-t-elle une
sérieuse problématique (Fig. 110). Et la vraie question que se pose les
décideurs est de savoir :
✓ Est-ce qu’ils doivent continuer à autoriser l’exploitation des
géoressources pour créer de la richesse et contribuer au
développement socioéconomique du pays ?
ou
✓ Doivent-ils arrêter l’exploitation de ces géoressources dans le souci
de préserver l’environnement ? tout en sachant que ce deuxième choix
entrainera une pénurie de la matière minérale première et une crise
économique et sociale.

Continuer l’exploitation Arrêter l’exploitation

Création de richesse et d’emplois Pénurie de matière minérale

Protection de
Développement l’environnement
socio-économique

Figure 110. Schématisation de la dualité entre l’exploitation


des carrières et la protection de l’environnement

131
Etant donné que ce document s’intéresse plus spécialement aux
géomatériaux de la Région de RSK, nous allons procéder par une analyse
détaillée de l’état des carrières d’exploitation des géomatériaux de cette
Région, aussi bien celles qui sont en activité que celles qui sont actuellement
fermées et abandonnées. Cela nous amènera à dégager les différents impacts
existant réellement sur le terrain et d’évaluer leur degré de nuisance. Dans un
deuxième temps, nous présentons un certain nombre de rappels sur : les lois
marocaines sur les mines et les carrières ; le projet des schémas régionaux de
gestion des carrières ; les principes de gestions et de réhabilitation des
carrières et enfin ; les notions de développement durable et des bonnes
pratiques.

VI-2 Types d’impacts


L’activité extractive des géomatériaux, qui consiste à prélever des
matériaux minéraux en surface de la terre (carrières) engendre des nuisances
dont le degré de gravité et l’étendue de leur impact, dans le temps et l’espace,
sont très variables. Cela dépend de la nature et de la quantité des géomatériaux
exploités, des méthodes et techniques d’extraction utilisées ainsi que de la
sensibilité écologique des sites où se trouvent les carrières.
Les impacts liés à l’exploitation des géomatériaux des carrières sont
généralement de deux types :

VI-2.1 Impacts sur le milieu physique


Ce premier type d’impact touche tous les éléments physiques du milieu
naturel :
- Le paysage qui peut montrer des « cicatrices », parfois irréversibles, suite
aux travaux d’extraction.
- Le sol, notamment cultivable, qui subit une importante réduction par les
travaux de décapage et de la circulation des camions.
- L’eau de surface et des nappes dont la circulation peut être perturbée par
les excavations et dont la qualité peut être polluée par les huiles des engins.

132
- L’air dont la qualité subit une forte dégradation par les poussières
dégagées lors de l’extraction et le chargement des matériaux exploités.

VI-2.2 Impacts sur le milieu biologique


Ce second type d’impact touche tous les organismes vivants du milieu :
- L’Homme est touché, en premier lieu, dans sa santé et sa sécurité par la
pollution de l’air et les risques de circulation des camions de transport des
matériaux sur les routes.
- La flore dont la croissance et la diversité se voient limitées par les
quantités élevées des poussières qui se déposent sur leurs feuillages,
réduisant ainsi leurs activités de photosynthèse.
- La faune, notamment les espèces très sensibles, que la moindre
perturbation de l’équilibre de leurs biotopes, par les bruits et l’activité
humaine créée autour des carrières, les obligent à migrer, s’ils arrivent à le
faire, sinon ils finissent par mourir sur place.

Ces différents types d’impacts sont bien exprimés, à des degrés variables,
autour des carrières d’extraction des géomatériaux de la Région de RSK.

VI- 3 Etat des carrières de la région de RSK


La région de RSK compte quelques centaines de carrières de
géomatériaux. Celles-ci-présentent différents statuts : 1/ carrières en activité
permanente ; 2/ carrières en activité intermittente ; 3/ carrières en arrêt
provisoire et ; 4/ carrières abandonnées. Dans ce qui suit, nous essaierons
d’illustrer, par des photos de terrain, l’état d’un certain nombre de carrières
en activité et abandonnées (Planches XII et XIII).

VI-3.1 Etat des carrières en activité


Les photos de la planche XII montrent la diversité des géomatériaux
exploités dans la Région de RSK (argile, calcaire, marne, pierre à bâtir,
marbre, etc.) et illustrent les divers impacts liés à leur exploitation sur
l’environnement (défiguration du paysage, dégagement de poussière,
destruction du couvert végétal, déviation des cours d’eau, etc.).

133
Planche XII. Etat des carrières d’extraction des géomatériaux de la Région de RSK

Dégagement de poussières : Unité de Destruction du sol végétal : Exploitation du


production du gravier par concassage sol argileux « tout-venant »

Salinisation du sol végétal : Perturbation des cours d’eau : Extraction


Exploitation d’une mine superficielle de de galets du lit de l’Oued Bouregreg (Région
sel et potasse (région de Khémisset) d’El Khaloua)

Création d’excavation : Extraction de Risque sur la circulation : Dépôt de pierres


calcaire massif pour marbre et gravier à bâtir sur le bord de la route

Risque de glissement de terrain : Défiguration du paysage : Exploitation des


Extraction d’argile près des habitations calcaires et des marnes (El Oulja)

134
VI- 3-2 Etat des carrières abandonnées
Des centaines de carrières d’extraction de géomatériaux sont fermées pour
diverses raisons, notamment un épuisement du stock ou des conflits entre
propriétaires du terrain et exploitants. Ces carrières abandonnées n’ont jamais
fait l’objet d’un quelconque réaménagement. Aussi se trouvent-elles dans des
états désolants (Planche XIII).

Planche XIII. Etat des carrières abandonnées d’extraction des géomatériaux de la


Région de RSK

Pollution de la nappe : Ancienne carrière Décharge incontrolée : Carrière de


d’extraction du marbre (R. de l’O. Ykem) calcarénite (Sidi Bouknadel)

Risque de glissement de terrain : Carrière Defiguration du paysage : Carrière de


de marne pour poterie (Oued Akrech) calcare massif (région de l’Oued Akrech)

Pollution et impact visuel : Equipements Risque de circulation. Carrière de


de concassage abandonnés (région de Tiflet) marbre (région de Rabat-Témara)

135
VI- 4 Lois sur les mines, les carrières et l’environnement
L’enjeu socio-économique lié à l’exploitation des géoressources ainsi que
les impacts négatifs de l’activité extractive sur l’environnement font que
plusieurs lois et circulaires ont été mises en place par le Maroc afin de bien
réguler et contrôler les processus complexes de gestion des mines et carrières
et leurs impacts sur l’environnement.

VI-4.1 Lois sur les mines et les carrières


Un pas géant a été franchi par le Maroc, tout récemment, en matière
législative avec la promulgation des deux nouvelles lois sur les mines et les
carrières :
- Loi n° 33-13 relative aux Mines, (Dahir n° 1-15-76 du 1er juillet 2015 et
son texte d’application (Décret n° 2-15-807 du 20 avril 2016).
- Loi n° 27-13 relative aux Carrières (Dahir n° 1-15-66 du 9 juin 2015) et
son texte d’application (Décret n° 2-17-369 du 14 décembre 2017)
Ces nouvelles lois, qui amendent et complètent les anciennes lois devenues
obsolètes, visent principalement à :
✓ Répartir les richesses minérales du pays d’une manière équitable et
équilibrée.
✓ Simplifier les procédures administratives et activer l’instruction des
demandes d’ouverture et d’exploitation.
✓ Encourager les investissements dans le cadre de la compétitivité, le
professionnalisme et la qualité des services.
La loi 27-13, plus particulièrement, apporte un grand nombre de
dispositions permettant une bonne gestion des carrières, une meilleure
adéquation de l’offre et la demande et un contrôle efficace du coût des
matériaux extraits. Parmi ses nouveautés, on note :
✓ Abolition des fameux agréments en instaurant un système déclaratif
consistant en une procédure qui se veut plus simple et transparente.
✓ Soumission de l’ouverture et de l’exploitation des carrières à une
déclaration d’exploitation à déposer contre récépissé.
✓ Dépôt de garanties financières par l’exploitant pour assurer le
réaménagement de la carrière à l’issue de la période d’exploitation.
✓ Fixation de la durée d’exploitation d’une carrière à 20 ans, extensible à
30 ans pour une industrie transformatrice qui dépasse 40 millions de
dirhams et réduite à 10 ans lorsque l’exploitation est située en mer.

136
✓ Réalisation de schémas régionaux de gestion des carrières à travers tout
le pays afin d’évaluer les ressources et les besoins en matériaux de
carrières de chaque Région, d’indiquer les zones potentielles où
l’exploitation peut être autorisée et de délimiter les aires sensibles et
d’intérêt biologique, écologique, scientifique, etc. qu’il faut protéger.

VI-4.2 Lois sur l’environnement


Les deux lois sur les mines et carrières (lois 33-13 et 27-13) se trouvent,
par ailleurs, appuiées par d’autres législations toujours en rapport avec
l’exploitation des géoressources naturelles et qui visent principalement la
protection de l’environnement. Parmi ces législations on rappelle :
- Loi n°11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de
l’environnement (Dahir n°1-03-59 du 12 mai 2003).
- Loi-cadre n° 99-12 portant Charte Nationale de l’Environnement et du
Développement Durable (B.O. n° 6240 du 20 mars 2014).
L’ensemble de ces législations atteste l’intérêt capital accordé par le Maroc
pour garantir une gestion durable avec un impact de pollution minimal sur
l’environnement. Par ailleurs, ces législations s’alignent sur les autres
dispositions réglementaires existant déjà sur les composants vitaux,
notamment l’urbanisme, la protection de la nature, la préservation des espèces
halieutiques et de leur habitat, la conservation et l’exploitation des ressources
forestières, cynégétiques et piscicoles et la mise en valeur agricole et
forestière (Fig. 111).

Urbanisme Environnement

Mines et Eaux et Forêts


Aires protégées
Carrières
Ressources . Cynégétiques
Halieutiques et Piscicoles

Figure 111. Intégration des activités de l’exploitation des mines et


carrières avec les autres composants vitaux de la nature

137
VI-5 Les schémas régionaux de gestion des arrières
L’une des nouveautés de la nouvelle loi sur les carrières (Loi n° 27-13) est
l’instauration des schémas régionaux de gestion des carrières (SRGC). Ces
derniers consistent en des études détaillées, menées par des professionnels
sous la supervision du Ministère de l’Equipement, du Transport et de la
Logistique (METL) et qui couvrent les différentes Régions du Maroc. Leur
objectif est de définir la vision stratégique, à l’horizon 2040, pour une gestion
rationnelle des carrières, l’alimentation du marché en matériaux de carrière et
la maîtrise de l’offre et de la demande à l’échelle nationale et dans le cadre
d’un développement durable.
Le programme de réalisation des SRGC fut lancé en 2014 par le METL,
mais aussitôt arrêté suite au changement intervenu en 2015 dans le découpage
territorial du Maroc, où le dahir n° 2-15-40 du 20 février 2015 instaure 12
Régions au lieu de 16. Le programme a été relancé en 2019 et les SRGC de
quelques Régions du Maroc sont actuellement en cours de réalisation.
Les études relatives à l’élaborations des SRGC, établies généralement pour
une période de 20 ans, consistent à faire :
✓ Un inventaire détaillé des carrières existantes dans chaque Région pour
déterminer leur nombre, leur situation (en activité, en arrêt temporaire
ou abandonnée) ainsi que la nature et la quantité des matériaux extraits.
✓ Une évaluation des besoins existants et à venir en matériaux afin de
déterminer les quantités minimales à exploiter, ainsi que les modalités
de leur extraction par catégorie et par carrière.
✓ Une analyse détaillée de l’environnement des carrières permettant
d’évaluer l’impact de l’exploitation sur le milieu biologique et
physique, de repérer les zones de la Région qui devront être protégées,
compte tenu de la sensibilité et la fragilité de leur environnement (zones
rouges), puis prévoir les orientations à privilégier en matière de
réaménagement des carrières à la fin de leur exploitation.
Les SRGC permettront ainsi d’organiser et de suivre la vie des carrières
depuis leur ouverture jusqu’à leur fermeture définitive (Fig. 112).

138
1- Identification du site de la carrière
Planification de l’exploitation des géomatériaux de la carrière
selon les impératifs du SRGC et dans le respect des législations en
vigueur sur les carrières et l’environnement.

2- Lancement de l’exploitation

Déclaration préalable de l’ouverture de la carrière et le début de


son exploitation sur la base d’un cahier de charge avec la
présentation obligatoire de l’étude d’impact sur l’environnement
et le dépôt d’une caution bancaire.

3- Suivi des travaux d’exploitation

Application stricte des mesures de sécurité pour le personnel et de


protection de l’environnement sous contrôle des instances
administratives.

4- L’après exploitation de la carrière

Déclaration obligatoire par l’exploitant de la fin des travaux


d’extraction et réhabilitation du site de la carrières dans un délai
d’une année.

Figure 112. Principales étapes de la vie d’une carrière depuis l’identification


du site exploitable jusqu’à la fin des travaux d’extraction

Aussi le SRGC constituera-il une base de données et un outil de travail


pratique pour l’Administration chargée de l’octroi des autorisations
d’ouverture des carrières. Cette base de données permettra également de
contrôler efficacement la gestion des carrières autorisées et de prévoir leur
devenir.

VI-6 Gestion et réhabilitation des carrières


Depuis sa création et jusqu’à sa fermeture, la carrière demande une gestion
bien réfléchie et appropriée afin d’assurer une exploitation rationnelle de ses
ressources avec un minimum d’impact sur l’environnement. Jadis, peu
d’attention fut accordée aux notions d’économie de la matière et de la
protection de l’environnement, au point que d’énormes quantités de
matériaux furent gaspillés, sans parler des dégâts écologiques considérables
qui furent causés autour des sites d’exploitation et qui ne furent jamais
réparés. Les photos présentées précédemment sur les carrières de la Région

139
de RSK témoignent de ce comportement ancien qui, heureusement, n’est plus
toléré, voire même pénalisé, actuellement.
Les nouvelles législations sur les carrières et l’environnement ont mis fin
à ces abus en obligeant les exploitants à :
✓ préciser le mode de gestion à adopter à la carrière qu’ils projettent
exploiter ;
✓ fournir une étude d’impact environnemental qui précise l’état initial de
la zone où sera ouverte la future carrière ;
✓ s’engager à réaménager le site de la carrière à la fin des travaux
d’exploitation.
Concernant ce dernier point, la loi exige le dépôt de garanties financières
(caution) permettant, en cas du non-engagement de l’exploitant, de financer
les travaux de réaménagement. Et tout manquement à ces engagements est
passible d’amandes voire d’emprisonnement.
Trois types d’interventions sont généralement menées pour assurer une
meilleure intégration environnementale d’une carrière, depuis son ouverture
jusqu’à sa fermeture définitive : une gestion au quotidien, un aménagement
et une réhabilitation (Tableau XIV).

Tableau XIV. Types d’interventions pour une meilleure gestion et intégration des
carrières

Type d’intervention Objectifs


Action qui doit se faire par une équipe mixte (personnel de la
Gestion au carrière et des spécialistes) dans le souci de rationaliser
quotidien l’exploitation des géomatériaux tout en minimisant l’impact de
l’activité extractive sur l’environnement immédiat de la carrière
Action qui doit être menée d’une manière permanente, au fur et à
mesure de l’avancement des travaux, en tenant compte des types de
Aménagement carrière (en fosse, à flanc de couteau ou mixte) et afin de limiter le
dérangement des peuplements animaux et végétaux de
l’environnement de la carrière.
Action qui doit se faire à la fin de la cessation des travaux de la
carrière et qui consiste en un ensemble de travaux élaborés,
programmés à l’avance. Les travaux de réhabilitations sont faits par
Réhabilitation des entreprises spécialisées et supervisés par des scientifiques. Ses
objectifs étant de mettre en sécurité les fronts de tailles et les
excavations de la carrière puis l’insertion satisfaisante de l’espace
affecté par l’exploitation dans le paysage.

140
La réhabilitation (ou la remise en état ou la restauration) est une opération
souvent couteuse et qui dépend de la nature de la carrière et de ses dimensions
ainsi que des objectifs visés par cette réhabilitation (Fig. 113).

✓ Remise en état écologique


✓ Retour en terre agricole
Réhabilitation

✓ Reboisement et reforestation
✓ Transformation en espaces de détente et de
loisirs (parc de jeux, terrains de sport, ...)
✓ Réserve ornithologique
✓ Zone industrielle
✓ Projet économique (habitations, hotels, …)
✓ Décharge contrôlée
Figure 113. Principaux objectifs de la réhabilitation d’une carrière abandonnée

VI-7 Notion de développement durable


La forte croissance économique de la fin des années 1970, impliqua une
demande conséquente sur les ressources naturelles. Le monde commença
alors à connaitre de sérieux problèmes d’épuisement des ressources
naturelles, suite à leur exploitation excessive. Par ailleurs, des taux
inquiétants de pollution environnementale furent enregistrés, suite à l’activité
abusive d’extraction et de transformation de ces ressources. Cela amena la
communauté internationale à reconsidérer les anciens modèles de
développement économiques pour y intégrer l’aspect social et
environnemental. Aussi est-il né le concept de Développement Durable (DD).
Le Rapport Brundtland (1987), intitulé « Our Common Future », fut la
pierre angulaire du concept du DD qui se définit comme étant « un
développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
Les projets de Développement Durable visent à concilier entre
l’Economie, le Social et l’Environnement (Fig. 114) ; trois domaines qui
apparaissent à première vue bien opposés, mais qui pourront fonctionner
ensemble et d’une manière harmonieuse une fois on leur adopte une
dimension éthique.

141
Figure 114. Représentation schématique du concept de Développement Durable et des
domaines d’interactions entre l’économie, le social et l’environnement

✓ Economie. Sur le plan économique, les modes de production et de


consommation excessifs et coûteux devront être réduits au maximum.
En même temps, des efforts doivent être déployés pour éviter le
surdéveloppement d’une région ou d’une partie du monde au dépend
d’autres parties ou régions. Aussi faut-il dans ce domaine lutter contre
la pauvreté, d’assurer une répartition égale des richesses et de réduire
les contrastes des niveaux de vie.
✓ Social. L’aspect social place l’être humain au centre de l’action de
développement et vise à améliorer sa qualité de vie. Il prévoit des
actions de solidarité aux plus défavorisés afin d’assurer un
développement social durable. La représentation de tous les groupes
aux processus de prise de décision constitue un élément de base
permettant de garantir la créativité pour améliorer l’avenir. L’autre
volet intéressant de cet aspect social étant la reconnaissance de
l’identité et des intérêts des populations.
✓ Environnement. L’aspect environnemental vise en premier lieu une
gestion responsable et rationnelle des ressources naturelles et des
déchets résultant de leurs transformations afin d'assurer la pérennité
du patrimoine matériel et immatériel (paysage, biodiversité, culture,
tradition, ...). Ce qui revient à préserver les écosystèmes et d’assurer
les viabilités entre les intérêts socio-économiques et la protection de
l’environnement.

142
VI-8 Les Bonnes Pratiques
En plus des lois qui régissent et organisent les aspects administratifs et
législatifs des activités d’un domaine donné, il existe ce qu’on appelle les
Bonnes Pratiques (BP). Celles-ci se définissent comme étant l’ensemble des
actes ayant fait leurs preuves pour obtenir de bons résultats, et qui sont dès
lors recommandées comme modèle à suivre. Autrement dit, il s’agit
d’expériences réussies, répétées, testées et validées, qui méritent d’être
partagées afin qu’un plus grand nombre de personnes puisse les approprier.
Une bonne pratique doit répondre aux six critères consignés dans le tableau
suivant (Tableau XV).

Tableau XV. Principaux critères d’une Bonne Pratique

1- Réussite assurée. La BP doit avoir prouvé sa pertinence stratégique comme le moyen


le plus efficace pour atteindre un objectif spécifique avec succès et impacts positifs sur
les individus et leur environnement.

2- Durabilité sur le plan environnemental, économique et social. Les résultats positifs


de la BP doivent être continus dans le temps et conformes aux principes du
Développement Durable.

3- Sensible au genre et avantages immédiats. La BP doit améliorer substantiellement les


moyens et le mode de vie des acteurs, hommes et femmes, impliqués dans le processus.

4- Viabilité technique. La BP doit être techniquement faisable et surtout simple à


apprendre et à mettre en œuvre.

5- Implication de processus participatif. La BP doit se baser sur des approches


participatives permettant de générer auprès des individus un sentiment d’appropriation
des décisions et des actions.

6- Reproductibilité et adaptabilité. La BP doit avoir un taux élevé de reproductibilité et


une large adaptabilité à des objectifs similaires dans des contextes différents.

7- Risque minimal. La BP doit contribuer à la réduction des risques liés aux catastrophes
et au renforcement de la résilience (endurance, résistance, solidité) permettant de faire
face à l’adversité.

Concernant, plus spécialement, le domaine de l’exploitation des carrières


de géomatériaux, objet du présent document, un certain nombre de mesures
de bonnes pratiques, simples et faciles peuvent être appliquées afin de
minimiser les différents impacts négatifs, liés aux activités extractives, sur
l’environnement.

143
CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

La Région de Rabat-Salé-Kénitra, présente l’avantage d’appartenir à un


domaine structural privilégié montrant une importante succession de terrains
géologiques, allant du Cambrien (- 541 Ma) à l’actuel, et une large gamme de
faciès pétrographiques (argiles, basaltes, calcaires, gabbros, granites, marnes,
schistes, etc.). À ces roches très variées sont associées des concentrations,
plus ou moins importantes, de géomatériaux assez divers (andalousite, argile
kaolinique, gypse, quartz, sable, sel gemme, pierre à bâtir, roches
ornementales, etc.).
Ces géomatériaux constituent des géoressources exploitables, permettant
à la Région de répondre à sa propre demande sur les matériaux de
construction, les roches ornementales et les minéraux industriels.
A travers la description et l’analyse globales, présentées dans ce document
sur les géomatériaux de la Région de RSK, on peut dire que, si l’histoire
géologique et la nature pétrographique de la Région sont actuellement bien
connues, des travaux de recherches scientifiques, techniques et
technologiques restent encore à développer. En effet, des études
pluridisciplinaires détaillées et bien ciblées permettront de :
✓ Découvrir de nouvelles concentrations de géomatériaux inconnus ou
signalés juste à l’état d’indices ; cas de l’andalousite, la fluorine, la
barytine, etc.
✓ Estimer les teneurs et les réserves certaines des géomatériaux et préciser
les techniques appropriées de leur extraction et leur traitement.
✓ Approfondir la caractérisation technologique des géomatériaux de la
Région afin de mieux les valoriser et leur trouver de nouvelles
applications ; cas de l’argile kaolinique, l’andalousite, la tourmaline, les
roches ornementales, etc.
Les résultats de ces travaux de recherche scientifiques et techniques,
contribueront certainement à la promotion des géomatériaux de la Région de
RSK et à les faire connaitre auprès des investisseurs, ce qui conduit par
conséquent à les exploiter d’une manière rationnelle et dans l’intérêt général
de cette Région et de sa population.

147
Bien que l’exploitation des géomatériaux constitue une source de richesse
pour la Région, cela ne doit pas être fait au détriment de l’environnement. Il
s’agit là d’un principe fondamental sur lequel nous avons bien insisté dans la
partie VI de ce document. En effet, rappelons-le, l’exploitation abusive et le
peu d’attention accordée à l’environnement, pratiquées jadis, ont eu des
conséquences catastrophiques ; les photos des anciennes carrières
abandonnées, présentées plus haut, sont bien éloquentes à cet égard.
Le Maroc dispose de tout un arsenal juridique (loi 11-03, loi cadre 99-12,
etc.), relatif à la protection de l’Environnement et au Développement Durable.
Plus récemment, les deux nouvelles lois sur les Carrières (loi 27-13) et les
Mines (loi 33-13), apportent un certain nombre d’amendements en mesure de
faciliter les procédures et améliorer la gestion de l’ensemble de l’activité
extractive. Ces mêmes lois exigent le dépôt de caution permettent, en cas de
défaillance de l’exploitant, de financer les travaux de réhabilitation du site
d’exploitation après cessation des travaux. La loi sur les carrières stipule, par
ailleurs, l’élaboration de schémas régionaux de gestion des carrières (SRGC),
pour les 12 Régions du Maroc, afin d’assurer une gestion rationnelle et
transparente des ressources en matériaux de construction et de garantir leur
exploitation dans le cadre d’un Développement Durable. Ces SRGC
présentent le grand avantage de délimiter les zones sensibles (rouges),
d’intérêt écologique, biologique, touristique, scientifique, etc., qui devront
être protégées, et d’indiquer les zones (vertes) où l’exploitation, modérée et
bien menée, engendre un risque environnemental minimal.
Aussi s’avère-t-il qu’en respectant les lois en vigueurs et en se basant sur
les recommandations des SRGC, on arrivera à concilier entre l’intérêt
socioéconomique lié à l’exploitation des carrières et la protection de
l’environnement.
D’autre part, l’exploitation des géomatériaux peut être encore plus propre
et optimisée en veillant au respect de deux notions fondamentales qui ont
montré leur efficacité en matière de gestion des ressources naturelles, d’une
manière générale :
- La notion de Développement Durable (DD) qui consiste à limiter les
quantités prélevées de matériaux au strict besoin actuel pour en laisser
suffisamment aux générations futures.
- La notion de Bonnes Pratiques (BP) qui se base sur des critères de bon
sens, simples et faciles à appliquer et permettant de minimiser les impacts

148
négatifs des activités extractives sur l’environnement. Ces mesures de BP
peuvent être appliquées à deux niveaux :
1- Au niveau des carrières en activité :
✓ Arrosage régulier des sites d’exploitation et des pistes de transport
pour réduire les dégagements des poussières.
✓ Recherche d’effet d’écran pour stopper la propagation des bruits et
des poussières.
✓ Récupération des eaux de traitement dans des bassins de décantation
avant de les rejeter dans le milieu naturel et/ou de les recycler.
✓ Orientation des fronts de taille des carrières de façon à ce qu’ils soient
loin et à l’abri des axes de communications (routes, voies ferrées,
etc.).
✓ Installation de panneaux de signalisation à l’entrée et à la sortie des
carrières, autour des excavations et tous les lieux présentant des
risques, notamment pendant la nuit.
✓ Utilisation d’engins d’extraction et de transport modernes, moins
polluants et à faible consommation d’énergie.
2- Au niveau des carrières abandonnées :
La solution la plus intéressante pour les anciennes carrières
abandonnées est de les réhabiliter. Toutefois, cette solution reste
techniquement difficile et souvent très couteuse. Aussi, pour limiter les
risques potentiels de ces carrières abandonnées, il est possible d’entreprendre
deux mesures assez simples :
✓ Procéder au nettoyage de la carrière pour éliminer tous les rejets et
les anciens équipements de la carrière (ferraille, pneus, etc.).
✓ Sécuriser le site en mettant en place des panneaux de signalisation et
des clôtures (grillages) autour des zones dangereuses (zones de
glissement, excavations, etc.).
De son côté, l’Etat doit encourager les jeunes promoteurs qui souhaitent
investir sur les sites des anciennes carrières pour les transformer en zones de
distractions et de loisir ou tout autre projet d’intérêt public.

149
GLOSSAIRE
------------ A ------------
Acide (roche -). Roche magmatique très riche en silice (> 65% SiO2) et qui présente
généralement une teinte claire (ex. granite, aplite, rhyolite, …). Opposé : roche basique,
généralement de teinte sombre et riche en Fe-Mg.
Affleurement. Zone de terrain où la roche du sous-sol est visible en surface ; non couverte
par le sol ou la végétation. L’affleurement naturel est créé par l’action de la tectonique et
l’érosion.
Agrément. Permission officielle, émanant d’une autorité, qui donne a une personne le droit
d’exploiter une ressource ou de bénéficier d’un titre professionnel.
Agroalimentaire. Secteur d'activité industriel relatif à la transformation des produits
agricoles pour la production d’aliments pour l’Homme et les animaux.
Alaouites. Dynastie arabe, originaire du sud marocain, qui règne au Maroc depuis le XIII ème
siècle.
Albite. Minéral silicaté de couleur claire, correspondant au pôle sodique (NaAlSi 3O8 ) de la
série des feldspaths calcosodiques (plagioclases). Le pôle opposé (calcique) de l’albite est
l’anorthite.
Alluvion. Sédiment transporté et déposé par un cours d’eau et dont la composition est très
variée (galets, graviers, sables, argile et limons. Adj. Alluvionnaire.
Almohades. Dynastie berbère-musulmane, originaire du Haut-Atlas marocain qui ont régné
sur le Maghreb et le sud de la péninsule ibérique (Andalousie) de 1130 à 1269.
Almoravides. Dynastie berbère-musulmane, originaire du Sahara marocain et qui constitua
un vaste empire entre 1056 et 1147, englobant le Maroc, la Mauritanie, l’ouest de l’Algérie
et le sud de péninsule ibérique.
Amincissement (- crustal). Réduction de l’épaisseur de la croûte terrestre suite à une
tectonique extensive qui étire la croûte et finit par en créer des failles normales et un
effondrement axial.
Amphibole. Minéral de la famille des inosilicates de fer, calcium ou magnésium, en prismes
allongés de teinte sombre. Elle est fréquente dans les roches magmatiques basiques et les
roches métamorphiques.
Andalousites. Principal silicate d’alumine de composition SiAl2O5, en prisme allongé et à
section basale carrée. Il est typique des roches argileuses du métamorphisme de contact.
Anhydrite. Sulfate anhydre de calcium (CaSO4), généralement incolore, grise, bleutée à
rosâtre et qui se présente en masse finement cristallisée ou en petits cubes de faible densité.
Antifongique. Dit aussi fongicide, produits naturels ou de synthèse possédant la capacité de
traiter les infections (mycoses) causées par des champignons microscopiques.
Apatite. Minéral du groupe des phosphates de calcium naturel, de composition :
Ca5(PO4)3(OH, Cl, F). L’apatite se trouve comme minéral accessoire dans les roches
magmatiques.
Aplite. Roche magmatique filonienne, claire, à grain fin et qui est composée principalement
de quartz, feldspath-K et albite. Les filons d’aplite sont souvent liés aux plutons granitiques.
Arène (- granitique). Roche sédimentaire meuble, composée essentiellement de grains
grossiers de quartz, feldspaths et micas issus de l’altération météorique des roches
granitiques.

153
Argile. Roche sédimentaire composée principalement de minéraux argileux (kaolinite, Illite,
montmorillonite, …) et qui a la propriété de se transformer en pâte plastique par
hydratation.
Auréole (- du métamorphisme de contact). Bande de terrain qui entoure les intrusions
magmatiques (granites et gabbros) et qui montrent des transformations à l’état solide de la
roche encaissante initiale par élévation de température induite par l’intrusion.

------------ B ------------
Barbotine (- argileuse). Pâte argileuse très fluide (liquéfiée à l'eau) servant aux céramistes,
après atomisation, à la préparation de carreaux par pressage ou directement dans la
technique de coulage.
Barytine. Minéral composé de sulfate de baryum (BaSO4), d’origine hydrothermale et qui
se caractérise par sa densité élevée (4,48). Minéral recherché pour ses applications
industrielles.
Basalte. Roche magmatique effusive, constituant des coulées, parfois très étalées, en surface
de la terre. La roche est noire, à texture vitreuse (non cristallisée) et à structure souvent
vacuolaire.
Bassin (- sédimentaire ou de décantation). Grande et large dépression de la croûte terrestre,
située sur un continent émergé, un plateau continental, ou encore dans un océan et qui
accumule, avec le temps, des quantités importantes de sédiments. Ceux-ci se transforment
progressivement par diagenèses en couches stratifiées de roches sédimentaires.
Béton. Matériau de construction fabriqué par mélange de granulat, sable et liant hydraulique
(généralement le ciment portland). En y incluant des barres de fer on obtient le béton armé.
Biocalcarénite. Voir calcarénite.
Biodiversité. Terme qui désigne la diversité des espèces vivantes (micro-organismes,
végétaux et animaux) présentes dans un milieu donné sur la terre ferme, ou en mileu
aquatique (océan, mer, oued, lac, …).
Biotite. Variété noire du mica, phyllosilicate d’aluminium, fer, magnésium et potassium de
formule idéale : K(Mg,Fe)3(OH,F)2(Si3AlO10) et qui renferme des traces de Mn, Ti, Li, Ba,
Na, Sr, Cs, Fe, Cl. La variété blanche du mica est la muscovite.
Bitume. Produit naturel ou résultant du raffinage des hydrocarbures et qui est utilisé pour le
revêtement des chaussées et des trottoirs.
Brèchique (structure -). Structure comportant des éléments, souvent liés par un ciment et
dont l’origine peut être sédimentaire (ex. brèche de pente), volcanique (ex. brèches
d'explosion) ou tectonique (ex. brèche de faille).
Brise-lame. Construction du type épis, digue ou jetée, établie devant un port, une plage ou
un littoral pour amortir les grandes vagues et protéger la zone de mouillage lors de mauvais
temps.
Bronze (Age de -). Période de la préhistoire qui succède au Néolithique et précède l'Âge du
fer durant laquelle l’Homme à appris à préparer le bronze en faisant fondre à haute
température le cuivre et l'étain pour fabriquer ses outils (haches, statues, récipients, …).
Burin. Outil sous forme de tige, en acier dur, a extrémité pointue ou plate et sur lequel en
frappe à l’aide d’un marteau pour trancher des matériaux durs (roche, béton, …).

154
------------ C ------------
Calcaire. Roche sédimentaire carbonatée, composée principalement de carbonates de
calcium (CaCO3). Il se forme en milieux marin par précipitation chimique de CaCO3 et
accumulation de coquilles (fossiles). On distingue des calcaires tendres, durs, fossilifères,
dolomitisés, …
Calcarénite – (ou grès calcaire ou biocalcarénite). Roche sédimentaire cohérente, souvent
stratifiée, qui se compose de grains de quartz et fragments de coquilles ± abondants, liés
par un ciment calcaire.
Calcédoine. Minéral ou roche composée de cristallites de quartz (microfibres de silice de 50
à 100 nm) dont la couleur varie du rouge au vert foncé. Des variétés de calcédoine sont
utilisées pour l’ornementation.
Calcite. Minéral d’origine chimique ou biochimique de composition CaCO 3. Blanche
lorsqu’elle est pure, elle peut se présenter en concrétions, stalactites, stalagmites, grains ou
cristaux automorphes de grande taille (ex. spath d’Islande).
Carbonifère. Période géologique de l’ère primaire qui s’étend de -360 à - 295 Ma (millions
d’années). Son nom est lié aux épaisses couches de charbon qui se trouvent dans les terrains
de cette période situés notamment en Europe de l’ouest.
Carnallite. Minéral du groupe des évaporites correspondant à un chlorure de potassium et
magnésium (formule : KCl.MgCl2.6H2O). Elle peut former des cristaux tabulaires mais se
présente souvent en masse (roche) tendre et légère avec des teintes allant du rouge au jaune.
Carrare (marbre de -). Variété de marbre blanc à veinage discret, très appréciée et exploitée
depuis l’antiquité comme pierre noble. Il est extrait des carrières des Alpes Apuanes de la
région de Carrare, (ville d’Italie).
Cassitérite. Minéral de l’étain de formule SnO2, pouvant contenir des traces de Fe, Ta, Nb,
Zn, W, … Elle se présente en cristaux prismatiques à faces striées, de couleur rouge à jaune
et éclat adamantin à submétallique. Sa dureté est de 6 à 7 et son point de fusion = 1630°C.
Céramique. Matériaux ou technique permettant la fabrication d’objets par traitement à haute
température de matière argileuse silicatée (céramique traditionnelle). La céramique
technique utilise une matière première à base d'oxydes, de carbures, de nitrures, etc.
Chancre. Maladie des arbres due à un champignon qui se développe sur l’écorce et provoque
l’ulcération nécrotique de son tissu ligneux externe.
Charbon (- fossile). Roche sédimentaire combustible riche en carbone (C). Il résulte de la
transformation de débris végétaux enfouis dans le sol au cours des temps géologiques
(Carbonifère). L’anthracite est une variété appréciée de charbon, contenant jusqu’à 95 de
Carbone.
Charge. Matière solide, non miscible et qui est dispersée d’une manière homogène dans une
matrice (peinture, polymère, plastique, …) pour lui donner du volume.
Chauler. Traiter la terre et les troncs d’arbre par une solution à base de chaux diluée dans
l’eau (lait de chaux) pour les rendre plus fertiles et résistants aux parasites.
Chaussée. Partie d'une voie publique réservée à la circulation des véhicules. Jadis, elle fut
recouverte de cailloux et de pierre liés à la chaux. Actuellement, les chaussées sont
généralement bitumées, parfois bétonnées.
Chaux. Matériau minéral (CaO) en masse ou poudre blanche obtenu par calcination du
calcaire ; c’est la chaux vive. Après réaction complète avec l'eau et un séchage rigoureux,

155
elle se transforme en chaux éteinte. La chaux est largement utilisée comme liant
hydraulique.
Chiastolite. Variété d'andalousite maclée qui montre en coupe, à l’échelle microscopique,
une forme en sablier ou en croix correspondant à des accumulations de grains charbonneux.
Ciment (- Portland). Liant hydraulique obtenu par broyage fin du clinker préparé par
traitement à haute température (1.450°C) d’un mélange de silicates de calcium, de sulfate
de calcium (gypse/plâtre) et autres adjuvents pour obtenir différents types de ciments
(ciment composé, ciment pouzzolanique, …).
Clivage. (plan de -). Surface plane suivant laquelle le minéral peut se débiter facilement.
Certains minéraux n’ont pas de clivage (ex. quartz) d’autres possèdent 1 (ex. micas), 2 (ex.
pyroxènes) ou 3 plans (ex. orthose). Les clivages sont liés au système cristallin du minéral.
Cloque. Champignon qui niche dans les écailles des bourgeons et les anfractuosités des
rameaux des arbres fruitiers. Il attaque l’arbre durant l’hiver et en été, les feuilles se
boursouflent, virent au rouge et tombent.
Coffrage. Enceinte provisoire, généralement en bois, destinée à maintenir en place un
matériau de construction le temps que celui-ci devienne autoportant par prise et séchage
(béton, pisé).
Compactage. Technique utilisée en génie civil afin de consolider les sols pour la
construction. Elle consiste à exercer une pression élevée sur ce sol pour augmenter sa
densité par rapprochement des grains solides entre eux et évacuation de l'air et du liquide.
Concassage. Action mécanique consistant à réduire les grands blocs de roches en fragments
de plus petites tailles (gravier). Les concasseurs sont généralement à mâchoires en acier dur
et écartement réglable pour contrôler les dimensions du gravier à préparer.
Conglomérat. Roche sédimentaire détritique composée de fragments de roches liés par un
ciment calcaire ou siliceux. Lorsque les fragments sont anguleux, c’est une brèche et
lorsqu’ils sont arrondis c’est un poudingue.
Cristallisation. Développement de cristaux, à partir d’un magma (processus magmatique)
ou d’une roche (processus métamorphique). Selon les conditions physiques (T, P, …) et la
composition chimique du matériau de départ, différentes espèces minérales peuvent
cristalliser suivant un ordre chronologique précis (course de cristallisation).
Croûte (- terrestre). Appelée aussi écorce terrestre, est la couche superficielle et solide de la
Terre. La croûte terrestre et le manteau supérieur, séparés par la discontinuité Mohorovicic,
forment ensemble la lithosphère.
Cryptogamique (maladie -). Maladie fongique causée aux plantes par un champignon
parasite. Elle se propage sur les végétaux par dissémination des spores (Rouille, cloque,
mildiou, ...) et représentent 90% des maladies des végétaux du jardin.
------------ D ------------
Débitage. En termes de marbrerie, le débitage consiste à découper les grands blocs de roches
(marbre, granite) en plaquettes d’épaisseur définie. Le débitage se fait à l’aide de scies à
lames parallèles ou circulaires à extrémités tranchantes, en acier dur et parfois à grains de
diamants.
Déneigement. Opération d’enlèvement de la neige sur les voies de circulation. Elle se fait en
repoussant la neige sur les bordures à l’aide d’engins spécialisés puis en répondant du sel
(salage) pour faire fondre la pellicule de glace ou de neige compactée qui subsiste sur la
route.

156
Détritique (roche -). Adjectif qualifiant les roches sédimentaires composées essentiellement
de débris solides provenant de la désagrégation mécanique d’anciennes roches. Opposition
aux roches chimiques, évaporitiques, …
Dévonien. Période géologique qui s’étend de -410 à -360 Ma. Il est précédé par le Silurien
et suivi par le Carbonifère. Le Dévonien est nommé par référence aux affleurements de
couches de cette époque définies au Devonshire en Angleterre.
Diapason. Oscillateur à deux branches en forme de « U » qui produit un son à la hauteur de
la note « La » permettant aux musiciens d’accorder leurs instruments de musique.
L’utilisation d’un diapason de quartz, en horlogerie, produit des vibrations à une fréquence
plus stable que celle des mécanismes à balancier-spiral.
Diapirs. Sorte d’intrusion, en forme de bulle, de différentes dimensions (parfois
plurikilométrique) résultant de la remontée de roches plus légères à travers des roches plus
denses. Il peut s'agir de diapir salifère, granitique, asthénosphérique, mantellique, …
Diatomite. Roche siliceuse légère, poreuse et friable. Elle est formée majoritairement de
« squelettes » de diatomées qui sont des algues microscopiques marines ou lacustres et dont
la membrane est entourée d'une coque silice (le frustule). Par leur grande porosité et dureté,
la diatomite est utilisée comme matériaux de filtration et d’abrasion.
Diffraction (- de rayons X). Technique d’analyse basée sur la diffraction des rayons X par
la matière cristallisée. Elle est efficace pour déterminer la composition minéralogique des
matériaux finement cristallisés, tels que les argiles.
Dispersion (- chromatique). Variation de temps de propagation des diverses longueurs
d’ondes dans les milieux transparents (ex. minéraux clairs, fibre optique, …). Certains
minéraux, tels que la fluorine, ont une faible dispersion chromatique.
Disthène (kyanite). Silicate d’alumine (SiAl2O5), typique des roches métamorphiques. C’est
un polymorphe de basse température / haute pression de l’andalousite et la sillimanite.
Dolomite. Minéral de carbonate de calcium et magnésium de formule chimique
CaMg(CO3)2, avec des traces de Fe, Mn, Co, Pb et Zn. La roche constituée à plus de 50 %
de dolomite est appelée dolomie.
Dynamite. Substance explosive, composée d'un mélange de nitroglycérine et de matières
solides. Plus puissante (x 1,25) que la TNT, la dynamite est utilisée pour la fracturation des
matériaux rocheux des carrières.
------------ E ------------
Ecorce (- terrestre). Voir croûte terrestre
Ecosystème. Unité écologique de base formée par le milieu (biotope) et les organismes qui
y vivent (biocénose). Les 2 composants ont des dépendances et des échanges permettant le
maintien et le développement de la vie.
Effusive (roche -). Roche magmatique formée par refroidissement rapide de la lave en
surface de la Terre, suite à une à une éruption volcanique (ex. basalte). Opposé : roche
plutonique formée en profondeur (ex. granite).
Embouchure. Lieu où un cours d'eau se jette dans un lac, une mer ou un océan.
L'embouchure prend généralement la forme d'un estuaire ou d'un delta.
Enduit. Préparation généralement pâteuse que l'on applique sur une surface pour la lisser, la
protéger ou la décorer. L’enduit est constitué d'un liant ou colle, une charge et des adjuvents
lui donnant coloration, brillance, …

157
Enrochement. Grands blocs de roches massives ou de pièces en béton (tétrapodes) que l'on
entasse sur un sol mouvant ou submergé afin de servir de fondations pour la construction
de jetées, barrages, ponts, …
Equarrissage. Opération qui consiste à éliminer les parties inutilisables (croûte altérée,
arrêtes tranchantes, …) d’un bloc de roche directement extrait de la carrière pour le rend le
plus régulier possible. Cela donne plus de valeur commerciale au bloc et améliore son
rendement au sciage.
Erosion. Processus naturel responsable de la dégradation et de la transformation des roches
et des reliefs composant la surface de la Terre. L’érosion est provoquée par le vent, l’eau,
la pluie, la neige, …
Evaporite. Roche sédimentaire formée par évaporation des eaux de mers et de lacs riches en
saumures. Elle est composée de chlorures et sulfates (gypse, halite, carnallite, sylvite, …)
et se présente en couches continues ou lentilles intercalées dans des terrains argileux ou
sableux.
Exploration. L’une des premières phases de la recherche sur le terrain des concentrations de
substances minérales utiles (mines, carrières, pétrole, etc.) en vue de les exploiter.
Extraction. Dans le domaine des mines et des carrières, l’extraction est une opération qui
consiste à utiliser la technicité et les équipements appropriés pour prélever la partie riche
du gisement (minerais, minéral, roche, …) d’une manière efficace et sans risque.
------------ F ------------
Faciès (- pétrographique). Ensemble des caractères visibles (couleur structure, etc.) d'une
roche ou d'un affleurement de terrain, permettant de les reconnaitre pour une application en
cartographier et pouvoir les comparer à d’autres formations équivalentes.
Faïence. Céramique fine à pâte blanche, dense et sonore. Elle est préparée à partir d’une
argile riche en kaolin, sable siliceux et feldspaths. La première cuisson se fait vers 1.200°C
et l’émaillage à 1.000°C environ.
Fer (Age de -). Période archéologique ou l’Homme préhistorique est arrivé à maitriser la
métallurgie du fer. Elle fait suite à l'âge du bronze.
Filonien (gisement -). Caractérise les roches (ex. aplite) ou minéraux (ex. quartz, barytine)
qui apparaissent sur le terrain sous forme de filon d’épaisseur centimétrique à métrique et
de grande extension.
Fluorine (ou fluorite). Minéral composé de fluorure de calcium (formule CaF 2) et de traces
de Al, Fe, Mg, Eu, Sm, ... Elle se présente en cubes interpénétrés de teinte très variés : verte,
bleue, jaune, … et qui montrent une belle fluorescence à la lumière ultraviolette.
Fondant. En céramique, le fondant est une substance qu’on ajoute à la pâte argileuse pour
abaisser son point de fusion et gagner sur l’énergie. Dans la préparation de la porcelaine,
l’ajout du feldspath fait baisser le point de fusion du kaolin de 1.800°C à 1.400°C.
Fondation. Partie basale des ouvrages de travaux publics qui assure la stabilité et la durabilité
de l’ouvrage par transmission vers le sol de toute sa charge (poids propre, charge
d’exploitation, forces sismiques, etc.).
Forage (- carotté). En exploration, on utilise le forage ou sondage carotté qui permet de
récupérer des échantillons de la tranche de terrain foré à l’aide d’un tube cylindrique
(carottier).
Foraminifères. Organismes unicellulaires marins formant l’embranchement des
Protozoaires et qui se caractérisent par leur squelette (test) perforé. Ils sont apparus au

158
Cambrien inférieur (-540 Ma) et se sont développés à partir du Trias (- 245 Ma). Les
foraminifères, riches de plus de 50.000 espèces, constituent un outil performant de l'étude
des paléoenvironnements.
Front de taille. Face verticale frontale d’une carrière faisant l’objet d’une exploitation.
L’abatage du matériau de la carrière (marne, argile, pierre, …) avance au niveau du front
de taille par désagrégation mécanique ou à l’explosif.
------------ G ------------
Gabbro. Roche magmatique plutonique vert-foncé à noire, à gros grains (1cm ou plus) et
composée essentiellement de plagioclases calciques, pyroxènes, amphiboles et olivines.
Son chimisme est basique avec une faible teneur en silice (45 < SiO2 % < 55).
Gâchage (eau de -). Dans la préparation du béton, c’est l’eau qu’on ajoute au mélange de
ciment + granulat afin d'enclencher sa prise et lui conférer sa plasticité et donc son
ouvrabilité. L’eau doit être propre et bien dosée ; polluée ou ajoutée en excès, elle risque
de fragilise le béton.
Gangue. Masse de minéraux ou de roches, sans intérêt économique, où se trouve englobées
des minéralisations ou des minéraux utiles dans leurs gisements (filon, lentilles, couches,
…). Un traitement approprié permet de séparer le concentré de la substance utile du reste
inutile (la gangue).
Gastéropodes. Classe de mollusques caractérisés par la torsion de leur masse viscérale. Ils
présentent une très grande diversité de formes et possèdent souvent une coquille dorsale,
en une seule pièce, souvent spiralée (ex. escargot), parfois droite (ex. patelle ou "chapeau
chinois").
Géode. Masse creuse, de taille centimétrique à décimétrique et dont la paroi interne est
tapissée de cristaux dont les sommets pointus sont dirigés vers le centre. Les géodes sont
rencontrées dans les roches volcaniques (basaltes) altérées et dans les brèches de faille (ex.
géodes de quartz bleu améthyste).
Gisement. Concentration d’une substance minérale utile (minerais métalliques, minéraux
industriels, phosphate, pétrole, …) qui se trouvent dans le sol ou le sous-sol. On parle de
gisement plutôt que d’une concentration lorsque celle-ci peut être exploitée avec intérêt
économique.
Gneiss. Roche du métamorphisme général de haut degré (méso-à catazonal). Il montre une
texture grenue moyenne à grossière et une structure, souvent, litée avec une alternance de
lits sombres, riches en biotite et amphiboles, et de lits clairs à quartz et feldspaths.
Goethite. Variété d’hydroxyde de fer de composition FeO(OH) avec des traces de Mn et
H2O. Les cristaux, de formes variées (lames, prismes et masses mamelonnées), sont noirs
à rouge-rouille et à éclat métallique. A haute température, la goethite se transforme en
hématite (Fe2O3).
Gros-œuvres. Ossature d’une construction comportant les éléments porteurs qui concourent
à la stabilité et la solidité du bâtiment ainsi que les éléments qui assurent le clos, le couvert
et l'étanchéité.
Granite. Roche magmatique plutonique acide, de teinte grise à rouge, à texture grenue et
qui se compose principalement de quartz, feldspath (orthose > plagioclases) et micas. Le
granite et roches voisines (granitoïdes) forment l’essentiel de la croûte continentale
terrestre. C’est un matériau très résistant et assez largement utilisé comme roches
ornementales.

159
Granité (structure -). Aspect d’une roche, autre que granitique (ex. calcaire dolomitisé) qui
rappelle la teinte et la texture granulée du granite.
Granoblastique (texture -). Mode d’arrangement des minéraux des roches métamorphiques,
en grains presque de même taille, bien engrenés et qui ne montrent aucune orientation
préférentielle.
Gravier. Roche sédimentaire détritique meuble dont la taille des éléments est de l’ordre de
quelques millimètres (classe des rudites). La gravette est un gravier obtenu par concassage
des roches massives et qui est ensuite calibré selon ses utilisations dans le bâtiment et les
travaux publics.
Grenat. Minéral du groupe des nésosilicates, cristallisant dans le système cubique. On
distingue des grenats alumineux (grossulaires), ferrifères (andradites), chromifères
(uvarovites), … Les grenats purs et limpides ont la valeur de pierres semi-précieuses.
Grès. Roche sédimentaire détritique, résultant d’une consolidation par diagenèse d’un ancien
sable composé de grains millimétriques de quartz et de fragments de coquilles. Selon la
nature des grains majoritaires et du ciment, on distingue des grès calcaires, des grès siliceux,
...
------------ H ------------
Hélicoïdal (Câble -). Fil en acier dur, à 2 ou 3 torons torsadés qui sert pour découper les blocs
de marbre. Le câble, appliqué sur la surface du marbre et entrainé par un moteur électrique.
En tournant il porte avec lui de l’eau qui le refroidit et du sable qui sert d’abrasif.
Hématite. Minéral métallique du groupe des oxydes de fer, de formule Fe 2O3 avec des traces
de Ti, Al, Mn, ... Elle est de couleur noire à gris argenté, brun à rouge, ou rouge, avec de
nombreuses formes cristallines : tabulaire, pyramidale, prismatique, hexagonale, …
Hydrothermal (fluide -). Solution chaude riche en eau, qui circule et dissout les minéraux
présents dans les roches traversées. Des facteurs magmatiques, tectoniques, … font que les
éléments chimiques transportés précipitent pour former des gisements (minerais d'or,
cuivre, barytine, ...).
Hygroscopie. Capacité des substances minérales qui ont tendance à retenir l’humidité de l’air
par absorption ou adsorption. Exemples : chlorure de calcium, hydroxyde de potassium et
hydroxyde de sodium.
------------ I ------------
Illite. Groupe des minéraux argileux non gonflants, de couleur blanche et éclat nacré. Elles
sont composées de trois couches de phyllosilicates (Si-Al-Si), avec comme formule :
(K,H3O)(Al,Mg,Fe)2(Si,Al)4O10. L’illite est largement utilisée en industrie de céramique
traditionnelle.
Ilménite. Minéral métallique du groupe des oxydes de fer et de titane, en cristaux tabulaires,
parfois de grande taille (25 cm) de couloir noir de fer, à brun-noir et de formule FeTiO3
avec traces de Mg, Mn, ...
Interfoliaire (espace -). Espace nanométrique (1nm = 10-9m) qui sépare les feuillets
tétraédriques ou octaédriques composant les minéraux argileux et au niveau duquel peuvent
être captés divers cations : K+, Na+, Ca2+, …

160
------------ J ------------
Jaspe. Roche sédimentaire à 95 % de silice, souvent classée avec les quartz microcristallins.
Certains jaspes sont constitués de radiolaires liés par un ciment de calcédoine. Le gaspe est
généralement rouge et sert de pierre ornementale pour confectionner des objets décoratifs.
Jurassique. Période géologique qui s’étend de -205 à -135 Ma et qui constitue la période de
l'ère Mésozoïque connue sous le nom d'«ère des dinosaures». Le début du Jurassique est
marqué par une extinction massive ; disparition rapide d’au moins 75% des espèces
animales et végétales présentes sur la Terre.
------------ K ------------
Kaolin. Roche sédimentaire, généralement friable et de couleur blanche. Il se compose
principalement de minéraux argileux de la famille de la kaolinite. Le kaolin est une argile
noble recherchée pour ses nombreuses applications industrielles (céramique, papeterie,
pharmacie, …).
Kaolinite. Minéral argileux de la famille des silicates d’alumine hydraté et du sous-groupe
des phyllosilicates de formule Al2Si2O5(OH)4.
Kasbah. Construction en citadelle assez typique des pays de l’Afrique du Nord (ex. Kasbah
des Oudayas au Maroc et Kasbah d’Alger en Algérie). Jadis, les kasbahs font office de
fortifications militaires.
Ksour. Pluriel de Ksar (palais), qui désignent les fortifications du sud marocain de style
architectural berbère. Ils sont construits en pisé et en pierres, combinant greniers et
chambres d’habitation et sont édifiés sur des contreforts proches des oasis.
------------ L ------------
Lamellibranches. Classe de mollusques d'eau douce et d'eau de mer, qui comprend les
palourdes, les huîtres, les moules, ... Le corps mou des mollusques est protégé par une
coquille composée de deux valves articulées.
Limon. Roche sédimentaire dont la taille des grains et de 2 à 63 micromètres, intermédiaire
entre celles des argiles et des sables. Le limon est l'ultime produit de l'érosion fluviale des
roches et se compose de débris très fins de quartz, mica, feldspath, …
Limonite. Hydroxyde de fer microcristallin, de composition FeO(OH).nH2O et qui se
présente en masses jaunâtres, compactes, poreuses et terreuses (ocre jaune). Elle se forme
par altération superficielle des minéraux de fer (magnétite, pyrite, …). La limonite est
utilisée comme colorant depuis l’antiquité.
Litée (structure -). Structure qualifiant les roches sédimentaires et parfois magmatiques qui
montrent une succession de lits ou couches parallèles, parfois plissées, de couleurs et de
compositions différentes.
Lithologie. Terme qui désigne autrefois la nature géologique des roches et des formations
géologiques en général. Actuellement, il est remplacé par le terme pétrographie.
Lumachelle. Roche sédimentaire calcaire, dite biochimique, composée essentiellement de
débris de de coquille entiers ou brisés, liés par un ciment calcaire.
------------ M ------------
Marbre. Roche métamorphique issue de la transformation des roches calcaires et qui est
composée principalement de cristaux de calcite. Au sens des marbriers, le marbre
correspond à toute pierre, massive, quel que soit son origine et sa composition, capable de
prendre un bon poli.

161
Marnes. Roche sédimentaire marine correspondant à un mélange de calcaire et d'argile dans
des proportions à peu près équivalentes variant de 35 % à 65 %. Au-delà de 65 % de
calcaire, il s'agit d'un calcaire argileux, tandis qu'en deçà de 35 % de calcaire, on parle
d'argile calcaire.
Medersa. Terme provenant de l’arabe « Madrassa » qui signifie école. La Medersa est un
établissement à caractère religieux mais dont le rôle est culturel, éducatif et politique.
Plusieurs medersas furent édifiées par les Mérinides (XIII-XV siècle) à Salé et Fès.
Mérinides. Dynastie d'origine berbère-zénète, du bassin de la Haute Moulouya (Maroc
oriental). Elle créa un grand empire entre 1244 et 1465 qui régnait sur le grand Maghreb
et l’Andalousie.
Meseta (- marocaine). Domaine structural marocain formant un grand plateau entouré de
massifs montagneux de moyenne altitude. La Meseta marocaine comprend la Meseta
orientale et la Meseta occidentale séparées par la chaîne du Haut et Moyen Atlas.
Métamorphisme. Processus géologique responsable de la transformation à l’état solide des
roches de l’écorce terrestre sous l’effet de la température, la pression, les fluides, … On
distingue le métamorphisme de contact (T) et le métamorphisme général ou régional (T et
P). La nature des roches métamorphiques dépend de la composition des roches initiales et
du type et du degré du métamorphisme.
Micas. Famille des minéraux, du groupe des phyllosilicates, composés principalement de Si,
Al et K, avec Fe, Mg, Na, Ti, … et qui constituent avec le quartz et les feldspaths les
principaux minéraux des granites. On distingue généralement les micas noirs (biotite)
riches en Fe et Mg et les micas blancs (muscovite) riche en Si, Al et K.
Micaschiste. Roche du métamorphisme général de degré moyen, à structure foliée,
facilement débitable en plaquettes à surface brillante, et qui se compose essentiellement de
quarte et de phyllosilicates (micas, chlorite, talc, …).
Mohs (échelle de -). Echelle relative de détermination de la dureté des minéraux, subdivisée
en 10 degrés, allant de 1 : minéral le plus tendre (Talc) à 10 : minéral le plus dur (Diamant).
Moniliose. Maladie fongique des arbres fruitiers provoquée par des champignons parasites
du genre Monilinia. Le champignon s’attaque principalement aux fruits à pépins et à noyau.
Mortier. Mélange d'un liant (ex. ciment) et d’un agrégat (ex. sable) avec une quantité d’eau
juste suffisante pour obtenir un matériau pâteux. Le mortier est utilisé en maçonnerie
comme élément de liaison des pierres, briques, carreaux ou comme enduit de surface.
Mullite. Silicate d'aluminium rare dans la nature. Elle peut être synthétisée, à haute
température & basse pression à partir de l’andalousite. La mullite est un constituant
fondamental des matériaux réfractaires silico-alumineux où elle apparait en très fines
aiguilles.
------------ N ------------
Nanocomposite. Matériau solide composé généralement d’une matrice à base de polyamide,
polypropylène, polyester, … et d’une nanocharge ou renfort, correspondant à des lamelles
d’argile (ex. montmorillonite) injectées et répartie d’une manière homogène dans la
matrice.
Normes (- de construction). Ensemble des règles publiées par des organismes habilités et qui
définissent les caractéristiques et la qualité des matériaux ainsi que les procédures à
respecter pour assurer une construction selon l’état de l’art.

162
------------ O ------------
Offre (- et demande). La loi de l'offre et de la demande est un modèle microéconomique
permettant de fixer les prix des objets et des services dans un marché libre. En général, plus
la quantité offerte des objets et des services est élevée et plus la demande et le prix
diminuent. Et inversement.
Orogenèse. Ensemble des processus géodynamiques en rapport avec la tectonique des
plaques qui conduisent à la formation des chaînes de montagnes et qui se poursuivent
jusqu’à leur destruction. Plusieurs phases orogéniques se sont succédées à travers les temps
géologiques : panafricaine, calédonienne, hercynienne et alpine.
------------ P ------------
Paléozoïque. Ere géologique, appelé aussi « Primaire », qui s’étend de -540 à -245 Ma. Il est
précédé par le Précambrien et suivi par le Mésozoïque (Secondaire). Son début correspond
à l'apparition de la vie sur Terre et sa fin est marquée par une extinction massive.
Pavé. Bloc de pierre (calcaire, granite) taillé en cube centimétrique et utilisé pour le
revêtement du sol, trottoir, route, …. De nos jours, il est préparé aussi en béton et sert
essentiellement pour les voies piétonnières.
Pegmatite. Roche magmatique à cristaux géants (quelques cm à dm). Les pegmatites forment
des lentilles de différentes tailles en bordure des plutons granitiques et se composent de
quartz, muscovite, tourmaline, topaze, …
Pétrographie. Voir Lithologie.
Pétro-physiques (propriétés -). Ensemble des paramètres physiques et mécaniques (densité,
porosité, dureté, résistance à la compression, …) propres à une pierre et qui permettent de
la caractériser et de déterminer son aptitude à être utilisée comme matériau de construction.
Phosphate. Roche sédimentaire marine riche en phosphore. Ce dernier se trouve sous forme
de phosphate (P2O5) concentré dans la matière organique (squelettes et os d’animaux). Le
phosphate est utilisé principalement comme engrais et pour la fabrication des détergents.
Pierre (Age de -). Période de la Préhistoire durant laquelle les humains ont fabriqué et utilisé
des outils et des armes en pierre (silex, …) et ce, avant l'usage prépondérant des métaux.
(Voir âge du bronze et âge de fer).
Piézoélectrique. Terme qualifiant certains minéraux (ex. quartz et tourmaline) capables de
se polarise électriquement sous l’action d’une contrainte mécanique et de se déformer
lorsqu’on leur applique une charge électrique. Ces minéraux sont utilisés en électronique
comme oscillateurs de fréquence (ex. utilisation du quartz dans les montres électroniques).
Pisé. Mode de construction en terre argileuse mélangée avec des sables, des gravillons de la
chaux et l’eau (parfois d’autres adjuvents). Le mélange pâteux est transvasé dans un
coffrage puis compacté. Après compactage, on décoffre le mur pour le laisser sécher.
Plagioclases. Minéraux silicatés de la famille des feldspaths. Ils forment une solution solide
entre le pôle sodique (albite : NaAlSi3O8) et le pôle calcique (anorthite : CaAl2Si2O8). Les
plagioclases sont des minéraux cardinaux des roches magmatiques (granites, syénite,
diorites, gabbro, …).
Plioquaternaire. Période géologique qui va du Pliocène (-5,3 Ma) au Quaternaire qui débute
à -1,8 Ma, soit un laps de temps de 5 à 6 Ma.
Plutonique. Qualifie les roches magmatiques formées par refroidissement lent en profondeur
de la Terre et qui se caractérisent par une texture grenue (ex. granite, gabbro, syénite, …).

163
Contrairement aux roches effusives qui se forment en surface et qui montrent des textures
vitreuses à microcristallines.
Porcelaine. Variété de céramique blanche, fine et translucide fabriquée par cuisson vers
1.200°C de l’argile kaolinique. Elle est spécialement utilisée dans les arts de la table
(vaisselle, plat, tasses, couvert, …).
Porosité. Ensemble des vides (pores) existant dans un matériau (roche, céramique, …) et qui
conditionne la capacité de ce matériau à écouler et retenir un fluide (eau, air, …). P% = 100
x (Volume vide/ Volume total).
Potasse. Minéral évaporitique de potassium, nommé sylvine ou sylvite (KCl) et qui se trouve
associé au sel gemme (NaCl) et sel de Nigari (MgCl2). La potasse est utilisée pour fabriquer
les savons mous et les engrais.
Prise (- de ciment). Passage du mélange pâteux (ciment + granulat + eau) au matériau solide
(mortier et béton à travers l’ensemble des réactions chimiques. L’essai de prise qui se fait
à l’aide de l’aiguille de Vicat, permet de déterminer le temps entre l’hydratation du ciment
et sa consolidation.
Pyroélectrique. Qualifie les minéraux qui répondent au changement de température par la
création d’une différence de potentiel capable de générer un courant électrique. Les
minéraux pyroélectriques (ex. quartz) sont utilisés pour la détection des radiations UV et la
production d’électricité.
------------ Q ------------
Quartz. Principal minéral de la silice (SiO2), très abondant dans la nature. Il se présente en
cristaux automorphes, grains et masse continue, incolore à teinté (jaune, rouge, bleu, …).
Par ses propriétés (dureté, stabilité et piézoélectricité), il est utilisé en verrerie, électricité
(fibres optiques), électronique (oscillateurs et montres à quartz), …
Quartzite. Roche siliceuse, massive, très dure et à cassure conchoïdale. Il est composé à plus
de 95% de quartz en grains jointifs et soudés. Parmi les quartzites, on distingue
l’orthoquartzite d’origine sédimentaire et le métaquartzite d’origine métamorphique.
Quaternaire. Troisième période géologique de l'ère Cénozoïque (Tertiaire) et la plus récente
sur l'échelle des temps géologiques. Cette période se caractérise par le retour des glaciations
et l’apparition de l’Homme.
------------ R ------------
Réfractaire (brique -). Matériau résistant à la haute température (> 1.300°C). Les briques
réfractaires sont synthétisées à partir de matériaux acides (alumino-silcatés) ou basiques
(magnésiens) pour être utilisées comme revêtement des parois des cheminées et des hauts
fourneaux.
Réfraction (indice de -). L’indice de réfraction décrit le comportement de la lumière
traversant un milieu transparent (fluide, minéral). C’est le rapport de la vitesse de la lumière
dans le vide (c) par la vitesse de la lumière dans le milieu (v). l’IR est propre à chaque
minéral ; la brillance des pierres précieuses est liée à leur IR élevé (verre = 1,5, diamant =
2,5).
Réhabilitation (- de carrières). La réhabilitation ou la remise en état d’une carrière consiste
en la réalisation d’un ensemble d’opérations permettant de dépolluer le site et de le
réaménager, afin de le rendre apte à un usage donné (zone de loisir, parc, complexe
touristique…).

164
Remblaiement. Action de combler une cavité avec des matériaux rapportés pour rehausser
ou niveler le terrain. Le remblaiement est suivi du tassement qui permet de réduire le vide
et augmenter la cohésion du remblai. Ainsi la zone remblayée pourra supporter les
sollicitations ultérieures (trafics routier, bâtiments, …) sans déformation préjudiciable.
Rinneite. Minéral du groupe des évaporites, de composition K 3Na(FeCl6). Il se trouve dans
les gisements de sel d’origine marine en association avec les chlorures (sel gemme, potasse,
…).
------------ S ------------
Sala Colonia. Ancienne ville romaine de la Mauritanie tingitane, établie sur un ancien
comptoir phénicien. Elle correspond à l’actuel forteresse de Chellah qui se trouve à Rabat,
sur la rive sud de l’oued Bouregreg.
Salage (- des routes). Action de répandre du sel sur la chaussée afin de faire fondre la
pellicule de glace ou de neige compactée. Le sel peut être épandu même avant pour
empêcher la glace de se former.
Saumure. Eau chargée en sel résultant d’une intense évaporation. Les saumures proviennent
aussi d’une congélation de l'eau de mer ou d’une dissolution d’anciennes roches
sédimentaires salines.
Schiste. Roche métamorphique à structure feuilletée ; pouvant se débiter en plaques fines
(feuillets). On distingue les schistes ardoisiers, les schistes tachetés, les schistes à
andalousite, …
Sélénite. Belle variété cristalline du gypse (CaSO4), blanche à teintée en rose et assez
translucide. Elle est souvent taillée et sculptée pour en faire des objets de décoration (abat-
jours, œufs, …).
Silex. Roche sédimentaire siliceuse, très dure et à cassure conchoïdale. Il est constitué de
calcédoine pure et d’inclusions d’oxydes qui influent sur sa couleur. Le silex se trouve sous
forme de nodules dans les formations calcaires, découvert et utilisé par l’Homme
préhistorique.
Sillimanite. Minéral de silicate d’alumine (Al2SiO5), polymorphe de l’andalousite et du
disthène. Il se présente en cristal fibreux (d'où son autre nom de fibrolithe) ou lamellaire et
d’aspect nacré.
Silurien. Période géologique qui s'étend de -444 à -416 Ma, entre l’Ordovicien et le
Dévonien. Le Silurien se marque par deux extinctions de masse qui ont causé la disparition
de 60 % des espèces marines (crise biologique de l'Ordovicien-Silurien).
Smectite. Variété de phyllosilicate de la famille des minéraux argileux composée de 2
couches tétraédriques séparées par une couche octaédrique. La smectite, très gonflante et à
grande capacité absorbante est utilisée en cosmétique et pharmacie comme nettoyant et
purifiant.
Socle. Formation rocheuse ancienne, métamorphisée, plissée et granitisée (ex. socle
paléozoïque). Les formations géologiques plus récentes et moins déformées qui surmontent
le socle constituent la couverture (ex. couverture mésozoïque).
Soude. Hydroxyde de sodium de formule NaOH, appelé aussi soude caustique. A l’état
naturel et à température ambiante, elle se trouve sous forme de solide cristallin. Elle est très
soluble dans l’eau (1.090 g/l à 20 °C) et correspond à une base fortement corrosive.

165
Subsidence. Phénomène géologique, d’origine tectonique ou thermique qui fait qu’une partie
de la surface de la croûte terrestre s’affaisse lentement. La subsidence est à l’origine de la
formation des bassins sédimentaires où s’accumulent des sédiments de grande épaisseur.
Sylvine. Appelé aussi sylvite ou sel amer est un minéral typique des roches évaporitiques de
la famille des chlorures de potassium de formule (KCl). Elle est utilisée à l’état brut comme
engrais pour les cultures peu sensibles et après transformation en sulfate pour les cultures
délicates.
------------ T ------------
Tectonique. Etude des déformations des roches causées par les forces de la dynamique
externe de la Terre. La déformation des terrains ductiles entraine leur plissement. Lorsque
les roches sont dures elles finissement par se casser ce qui donne des failles et des fractures.
Terrasse (- alluviale ou fluviale). Gradin topographique horizontal sur le versant d’une vallée
et qui se trouve comblé d’alluvions riches en galets déposés par les cours d’eaux d’une
manière périodique et successive.
Tétrapode. Grande pièce fabriquée en béton et comportant quatre pieds de forme tronquée.
Les tétrapodes sont utilisées en travaux publics et plus particulièrement en ingénierie
hydraulique pour la confection de jetées et de brise-lames, servant de digue de protection
contre les grandes vagues
Tourmaline. Minéral de la famille des silicates, sous-groupe des cyclosilicates, de formule :
(Mn,Mg,Fe,Al,Ti,Cr)9((OH,F)4/(BO)3/Si6O18). Elle se présente généralement en prismes à
surface striée, de couleur verte à noire et de dureté élevée (7 à 7,5). La tourmaline est assez
abondante dans les pegmatites granitiques et sert comme pierre semi-précieuse.
Tout-venant. En géologie minière, c’est le produit brut directement extrait de la mine et qui
comporte le minerai et sa gangue. Dans le cas des matériaux de carrière, c’est un mélange
de terre sans granulométrie ou composition bien définies et qui sert de remblai ou pour la
construction en terre crue (ex. pisé) à lui seul ou on lui ajoutant de la chaux.
Travertin. Roche sédimentaire calcaire continentale. Elle se caractérise par sa couleur claire
(gris, beige à rosâtre) et sa structure litée ou concrétionnée et vacuolaire. Il se forme en
bordure des sources d’eaux riches en carbonates par précipitation du calcaire sur des
végétaux qui s’encrouent puis se décomposent progressivement pour ne laisser que leurs
empruntes.
------------ V ------------
Viséen. Etage géologique inférieur de la période du Carbonifère qui s'étend de -347 à -330
Ma et qui succède au Tournaisien. Les terrains de cet étage ont été définis près de la ville
de Visé en Belgique.
Volcanique (roche -). Roche magmatique effusive ou extrusive, résultant du refroidissement
rapide d'une lave très chaude à son arrivée et écoulement en surface de la Terre (ex. basalte,
andésite, rhyolite). Opposé des roches plutoniques cristallisant en profondeur (ex. granite,
gabbro, …).
------------ Z ------------
Zellige. Mot arabe désignant une mosaïque composée d’éléments appelés tesselles. Celles-
ci correspondent à des morceaux de carreaux de terre cuite colorée et émaillée puis
découpée en pièces de différentes formes. Les tesselles sont ensuite assemblées sur un lit
de mortier pour former des décors géométriques mono ou polychromes.

166
REFERENCES
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http://ww12.mindata.org/
http://www.fabreminerals.com/
http://www.israbat.ac.ma/Lithotheque-du-Maroc
https://www.hcp.ma/region-rabat/Indicateurs-statistiques_r9.html

171
Remerciements

J’adresse mes vifs remerciements et ma profonde gratitude à toutes


les personnes et à l’ensemble des organismes qui ont contribué, de près
ou de loin, à la réalisation et à l’édition de ce document, en citant plus
particulièrement :
- le Président de de l’Université Mohammed V de Rabat ;
- le Président Perpétuel de l’Académie Hassan II des Sciences
et Techniques ;
- La Directrice du Centre National pour la Recherche
Scientifique et Technique ;
- Le Directeur de l’Institut Scientifique ;
- Le Directeur du Bureau d’Etude ANZAR-Conseil ;
- La direction de l’Etablissement Benthami des Marbres et
Pierres sculptés de Salé.
J’exprime ma gratitude et mon amitié les plus sincères à mes
collègues du Département de Géologie de l’Institut Scientifique, MMs
les professeurs : Mohamed ACHAB, Lahcen ASEBRIY, Bouazza
FEDAN Ahmed EL HASSANI, Abdelali EL KHADIRI, Hamid
SLIMANI et Abdelfetah TAHIRI pour leurs conseils, leurs
suggestions et leurs encouragements.
En fin, je ne manque pas de remercier vivement mon épouse,
professeur Jamila Haïmeur, pour ses remarques constructives ainsi
que pour sa révision du document final.

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