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TECHNIQUES ET MÉTHODES

MODERNES D’INVESTIGATION
MÉTHODES DE PROSPECTION
DE L’URANIUM

2. MÉTHODES DE PROSPECTION DE L’URANIUM

2.1 Méthodes directes

2.1.1 Radiométrie de surface et aéroportée


2.1.2 Géochimie des sols, des eaux et des alluvions
2.1.3 Étude des gaz émis (hélium et radon)
2.1.4 Diagraphies nucléaires dans les sondages d’exploration (radiocarottage).

2.2 Méthodes indirectes

2.2.1 Méthodes géophysiques au sol et aéroportées

2.2.1.1 Méthodes électriques et électromagnétiques


2.2.1.2 Méthodes gravimétriques et magnétiques
2.2.1.3 Méthodes sismiques

2.2.1.4 géo radar ( ground penetrating radar)


2.2.2 Diagraphies ne mettant pas en jeu la radioactivité

2.2.2.1 Mesure de résistivité
2.2.2.2 Mesure de la susceptibilité magnétique
2.2.2.3 Mesure des ondes acoustiques (sonic logging)

2.2.3 Mesures tomographiques entre forages.

1.3  Méthodologie de la prospection de l’uranium

2.3.1 Prospection générale
2.3.2 Prospection détaillée
2.3.3 Étalonnage radioactivité-teneur dans les sondages

1.4 Nouvelles Technologie de l’Information et de la Communication

2.4.1 Imagerie satellitaire et Télédétection.


2.4.2 Informatique géologique et modélisation.

1.1 Méthodes directes

Elles font appel soit à la radioactivité d’un descendant de l’uranium, soit


directement à la teneur chimique en uranium dans les eaux ou dans les roches.
La méthode qui utilise (mesure) les propriétés radioactives est la prospection radio-
spectrométrique. Celle qui mesure directement la concentration de l’uranium dans
les eaux et les alluvions est la prospection géochimique.

L’opération de mesure radio- spectrométrique faite dans un sondage constitue le


radio- carottage et son enregistrement est une diagraphie.

Un des descendants de l’uranium, le radon, est un gaz radioactif, donc facilement


décelable par des appareils qu’on appelle émanomètres. La méthode de
prospection par le radon s’appelle l’émanométrie.

La prospection par l’hélium 4, qui provient de la désintégration des noyaux


d’uranium et de certains de ses descendants, peut aussi être utilisée en prospection,
mais elle pose encore de nombreux problèmes d’interprétation.

1.1.1. Radio- spectrométrie de surface

Les premières grandes découvertes de gisements d’uranium, dans les années 1950,
ont été d’abord le résultat de la prospection faite au sol, au moyen du radiomètre à
tube compteur de Geiger-Müller (tube GM). À partir de 1952, le détecteur GM a
été supplanté en prospection par le radiomètre à scintillateur, appelé quelquefois
improprement scintillomètre. Le principe de ce détecteur est fondé, non plus sur
l’ionisation d’un gaz par le rayonnement radioactif (cas du tube GM), mais sur la
production, sous l’effet des radiations reçues, de photons lumineux dans un cristal
[habituellement un cristal d’iodure de sodium activé au thallium NaI(Tl) pour le
rayonnement gamma].

La sensibilité des scintillateurs a facilité la prospection au sol et surtout permis le


développement des méthodes aériennes.

Les progrès techniques réalisés depuis lors dans la fabrication des instruments
permettent de faire la discrimination (spectromètres) entre les rayonnements issus
des différentes familles radioactives naturelles du potassium, de l’uranium et du
thorium.

Pour la radio-spectrométrie aéroportée en avion ou hélicoptère, le volume des


détecteurs doit tenir compte de l’altitude de vol et de la vitesse de l’aéronef. Ainsi, un
cristal de 16,4 litres pour une prospection héliportée (à 100 km/h de vitesse moyenne
et à 60 m d’altitude) est largement équivalent à un cristal de 32, voire de 40 litres à
bord d’un avion volant à 250 km/h à 120 m d’altitude par rapport au sol.

Les spectromètres actuels enregistrent le spectre gamma sur 256 ou 512 canaux
numériques. Des mesures supplémentaires d’altimétrie, de température et pression
atmosphérique, sont nécessaires pour réaliser les corrections au cours du traitement
des données.

Au sol, on utilise couramment en prospection radiométrique des radiomètres à


cristal de NaI(Tl) et des radiomètres à tubes Geiger pour des mesures précises de
radioactivité dans les travaux miniers. Ces équipements donnent une mesure du
comptage gamma total.
Dans les environnements géologiques riches en thorium, on utilise également des
spectromètres portatifs qui permettent une discrimination entre les diverses
familles radioactives, notamment le thorium et l’uranium.

Familles radioactives naturelles du


potassium, de l’uranium et du thorium

Nom de la famille Isotope utilisé Énergie de la raie MeV Fenêtre de mesure MeV

Potassium Potassium 40 1,460 1,37 à 1,57

Uranium 238 Bismuth 214 1,760 1,66 à 1,86

Thorium Thallium 208 2,615 2,41 à 2,81

Comptage total − − 0,41 à 2,81


1.1.2 Géochimie des sols, des eaux et des alluvions

La prospection géochimique permet la mesure des teneurs en uranium des sols, des
eaux de surface et des alluvions de rivière.

La sensibilité des méthodes et des appareils employés permet de déceler


couramment 0,1 µg.kg−1 d’uranium dans les eaux et 0,1 mg.kg−1 dans les alluvions.

Certains appareils mettent à profit la fluorescence rémanente de l’ion uranyle en


solution, à la suite d’une irradiation de courte durée d’une lumière ultraviolette
délivrée par un laser à azote ; leur sensibilité atteint 0,05 µg.kg −1 et est supérieure à
celle des méthodes fluorimétriques habituelles.

L’intérêt de la prospection géochimique est sa rapidité d’exécution et son faible coût.


Dans les régions à forte couverture végétale l’analyse des sols pallie le manque
d’affleurements. La géochimie des cours d’eau (alluvions ou eaux) permet d’obtenir
des valeurs représentatives du bassin versant situé en amont du point de
prélèvement.

1.1.3 Étude des gaz émis (hélium et radon)

Rappelons brièvement qu’il se dégage deux groupes de gaz radiogéniques à partir

des familles radioactives naturelles, l’hélium ( ) et trois isotopes du radon :

← le ou thoron , de période 54 s ;

← le ou actinon , de période 3,9 s ;

← le ou radon proprement dit , de période 3,8 j.


Ces gaz peuvent être considérés comme des traceurs de l’uranium et du thorium.

1.1.3.1 Hélium

La formation de résulte directement de la radioactivité α, les particules α ayant


la structure de noyaux d’hélium. Après ralentissement et capture de deux électrons,
ces noyaux forment des atomes d’hélium gazeux, en quantités égales au nombre de
particules α émises.
Figure 1 - Chaîne simplifiée de décroissance radioactive de l’uranium 238

Dans la nature, les particules α sont produites surtout par la radioactivité des produits
de filiation de l’uranium et du thorium selon le schéma suivant (figure 1) :

La production d’hélium se fait tout au long de la durée de la filiation, en quantité à


peu près égale, avant et après la formation du radon. L’hélium étant un gaz inerte, on
le dose habituellement au spectromètre de masse. Il n’existe pas actuellement
d’équipement vraiment portatif. Les équipements portables sont généralement
dérivés des détecteurs de fuites industriels, calés sur la masse 4.

Pour résumer, si l’on est capable de faire actuellement des mesures d’hélium dans
les gaz des sols, leur interprétation demeure encore délicate. En effet, à la mobilité
bien connue de l’uranium en solution s’ajoute celle encore plus grande du gaz.
1.1.3.2 Radon

Dans la chaîne de décroissance radioactive de l’uranium et du thorium, les isotopes


du radon se situent entre un isotope du radium et un isotope du polonium.

Le radon est le seul gaz naturel émetteur de rayonnement α. On utilise


généralement cette propriété pour le déceler, au moyen de détecteurs de particules α
: chambres d’ionisation, chambres à scintillation, semi-conducteurs, films détecteurs
de traces, cristaux thermoluminescents. On peut aussi le détecter indirectement par
spectrométries β et γ, appliquées à ses descendants radioactifs solides.

On se contente souvent de mesures relatives exprimées en unités diverses (chocs/s,


nombre de traces/mm2, millirad pour une durée d’exposition donnée, etc.).

Il existe plusieurs types d’équipements de prospection par le radon, selon les types
de détecteurs mis en jeu.

Les équipements pour mesures instantanées (émanomètres ou


hydroémanomètres) à prise d’échantillons de gaz par pompage et lecture
immédiate : il existe des appareils à chambre à scintillation ou à chambre
d’ionisation.

Les équipements pour mesures intégrées : ce sont des dispositifs qui permettent
d’exposer in situ des détecteurs, en leur assurant une protection efficace contre la
radioactivité α du milieu environnant. Dans la méthode par gravure de traces α, plus
connue sous le nom de méthode Track Etch (brevet Terradex), le détecteur est fixé
au fond de gobelets en plastique, lesquels sont exposés in situ en position
renversée. Il s’agit d’un film qui garde la trace des dommages provoqués par les
particules α émises par le radon qui se dégage du gaz ou de l’eau du sol. Les traces
sont gravées sur le film au laboratoire par un réactif, puis comptées. Les résultats
sont exprimés en densité de traces par unité de surface pour un temps donné.

Les procédés dits d’intégration à court terme (quelques dizaines de jours),


utilisent des détecteurs tels que le charbon activé, les alphamètres à semi-
conducteurs, les détecteurs luminescents. En outre, des mesures de concentration
en , descendant du radon, à période longue (22 ans), devraient rendre compte
indirectement de la radioactivité du radon intégrée sur plusieurs dizaines d’années.

La thermoluminescence des minéraux naturels du sol (quartz, calcite, feldspaths,


fluorine, etc.) peut donner une image qualitative de la radioactivité α du radon
intégrée sur des temps géologiques.

Si l’utilisation des gaz constitue une méthode efficace pour repérer la fracturation,
elle a en revanche très rarement permis de découvrir des minéralisations uranifères
économiques. Le principal problème vient de l’ambiguïté des signatures observées et
de l’impossibilité de localisation précise de la source de l’anomalie observée. Les
anomalies les plus fortes sont très souvent associées à des minéralisations de
subsurface qui n’ont pas le moindre intérêt économique.
1.1.4 Diagraphies nucléaires dans les sondages d’exploration
Diverses mesures radiométriques sont effectuées couramment dans les sondages
soit au stade de l’exploration, soit au stade de l’évaluation de gisements. On les
regroupe sous le nom de diagraphies nucléaires. Les différentes mesures sont
enregistrées sous forme numérique. Les restitutions analogiques sous forme de
courbe de radiocarottage en fonction de la profondeur constituent les diagraphies (ou
logs) radiométriques.
Les mesures de radioactivité peuvent être classées selon la source de rayonnement.

← Mesure du rayonnement naturel.

Il s’agit essentiellement du rayonnement γ qui donne soit une image globale de la
teneur en élément radioactif par mesure du rayonnement total et, par déduction,
l’estimation de la passe minéralisée, soit une image sélective du spectre d’énergie
permettant de discriminer les rayonnements provenant de l’uranium, du thorium ou
du potassium.
Mesure de rayonnements provenant d’une source artificielle ou provoqués par
elle.

Ces mesures habituelles sont de quatre types :
 Mesure gamma-gamma : une source émettrice γ (généralement du cobalt 60
ou du césium 137) placée en bout de sonde, irradie le terrain; une partie du
rayonnement, dégénérée par effet Compton, retourne vers la sonde où elle
est mesurée par un détecteur lui-même protégé du rayonnement direct de la
source. Plus la roche est dense plus le rayonnement incident est absorbé,
diminuant ainsi le rayonnement secondaire. Cette mesure fournit donc une
image de la densité de la roche.

 Mesure neutron-neutron : une source de neutrons rapides (habituellement
américium/béryllium ou californium 252) irradie le terrain; une partie du
rayonnement neutronique, amenée au niveau d’énergie thermique par chocs
sur les noyaux d’hydrogène présents, retourne vers la sonde où elle est
mesurée par le détecteur sélectif et fournit une image de la teneur en
hydrogène, donc de la teneur en eau totale de la roche. Cette mesure est à
rapprocher de la mesure classique de résistivité qui, à concentration
constante de sels dissous, donne une image de leur teneur dans l’eau
contenue. La mesure neutronique présente l’avantage de pouvoir être
effectuée dans des forages tubés puisque les neutrons traversent l’acier.

 Mesure neutron-neutron de fission : dans ce procédé, on utilise le
phénomène où la capture neutronique est suivie de la fission de l’élément. La
mesure porte sur les neutrons émis lors de la fission, ou avec un certain
retard, et on admet que, dans les conditions in situ, la part thermique
prédomine largement et que ce phénomène n’intéresse que l’uranium.
L’intérêt du procédé est qu’il permet d’appréhender directement la teneur en
uranium du minerai et des roches in situ, et non plus seulement comme avec
les procédés classiques, la teneur en descendants émetteurs de γ. Lorsque
l’uranium est en déséquilibre, cette mesure devient capitale, car la mesure de
la radioactivité gamma n’est plus le reflet de la teneur en uranium.

 Mesure neutron-gamma de captures radiatives et neutron-gamma
d’activation : elles sont simplement citées ici pour mémoire, car elles ne
concernent pas l’uranium, mais des éléments qui peuvent être des traceurs
géochimiques de l’uranium, comme par exemple le fluor, le plomb, le titane, le
tungstène, etc.
1.2 Méthodes indirectes

1.2.1 Méthodes géophysiques

Comme les rayonnements naturels sont pratiquement absorbés en totalité par des
morts-terrains (stériles) d’un mètre d’épaisseur, le prospecteur d’uranium, à la
recherche de concentrations profondes ou cachées, se retrouve donc souvent dans
la même situation que le prospecteur des autres substances métalliques. Toute
recherche de gisement d’uranium passe certes par l’étude des affleurements de
surface, mais, comme le manteau d’altération (ou la couverture végétale) masque la
roche en place dans de nombreux cas, on doit recourir aux méthodes géophysiques
pour mieux connaître la géologie du sous-sol. Dans la recherche de l’uranium en
surface, on fait appel, par ordre d’importance décroissante, aux méthodes
électriques et électromagnétiques, aux méthodes sismiques, magnétiques et
gravimétriques. Dans les forages, on réalise des diagraphies de résistivité quand les
trous ne sont pas tubés. On mesure couramment les déviations de sondage et le
diamètre des trous. Enfin, dans certains cas, on peut utiliser des sondes de mesure
de la susceptibilité magnétique, de la conductivité électrique des roches ou des
sondes acoustiques.

1.2.1.1 Méthodes électriques et électromagnétiques

Les prospecteurs d’uranium ont adapté à leurs besoins ces méthodes qui permettent
d’obtenir une connaissance détaillée du terrain aux échelles de la prospection
minière (1/1 000 à 1/5 000). Ces techniques permettent de rechercher efficacement
les structures tectoniques, les épisyénites ou les corps graphiteux susceptibles d’être
porteurs de minéralisations uranifères.

Deux techniques sont utilisées pour mesurer la résistivité des roches en place ; elles
sont basées sur l’injection dans le sol de courant électrique. Dans la technique du
dipôle électrique (méthode électrique), le courant continu ou alternatif est injecté
directement à l’aide d’électrodes plantées dans le sol. Dans celle du dipôle
magnétique (méthode électromagnétique), le courant, obligatoirement alternatif,
est injecté par induction à partir de boucles horizontales ou verticales dans lesquelles
circule un courant primaire.

De nombreux dispositifs de mesure de la résistivité permettent d’adapter la mise en


œuvre des méthodes électriques en fonction du problème géologique (sondages
électriques, profilage électrique, cartographie de résistivité, panneau électrique, etc.).
Leur profondeur d’investigation peut varier, selon le dispositif de mesure, de la
subsurface à plusieurs centaines de mètres. Une variante de cette méthode, la
polarisation provoquée, mesure, outre la résistivité électrique des terrains, leur
chargeabilité, souvent en relation avec des sulfures disséminés ou du graphite,
caractéristiques de zones réductrices favorables au piégeage de l’uranium.

Il existe trois grandes méthodes électromagnétiques suivant l’origine du champ :


 La méthode magnéto-tellurique (MT) utilise le champ naturel.
L’audiomagnéto-tellurique (AMT) utilise des fréquences plus hautes
capables de caractériser les terrains moins profonds. Cette technique est de
moins en moins utilisée, car les signaux naturels, très souvent perturbés par
l’activité industrielle, donnent des mesures rarement répétitives ;

 La méthode VLF (Very Low Frequency) utilise un champ artificiel créé à de


très grandes distances par des émetteurs radio puissants, à très basse
fréquence (15 à 30 kHz). Elle est très employée, au sol ou aéroportée, dans la
prospection de l’uranium, pour la cartographie de la fracturation des terrains
cristallins. La profondeur d’investigation est fonction de la résistivité des
terrains (entre 10 et 50m).

Si l’émetteur se situe dans la bande des fréquences audio, il s’agit de méthode


audiomagnéto-tellurique à source contrôlée ou CSAMT. Leur profondeur
d’investigation est de quelques centaines de mètres :

Les autres méthodes électromagnétiques (EM) utilisent un champ artificiel, créé


sur place, à proximité immédiate du point de mesure. Ces méthodes appartiennent à
deux grandes familles : les méthodes électromagnétiques fréquentielles et les
méthodes électromagnétiques transitoires.

Leur profondeur d’investigation est fonction de la géométrie du dispositif émission-
réception et du moment magnétique de la bobine émettrice. Elle varie, selon
l’équipement, de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres.

Les matériels existants utilisent trois principes différents pour la mesure de la


résistivité (ou de la conductivité) :

 La méthode magnéto-tellurique [champs naturels (MT) ou artificiels (CSAMT


et VLF)] mesure du rapport E/H où E est le vecteur champ électrique et H le
vecteur champ magnétique ;

 La méthode électromagnétique fréquentielle mesure du rapport Hs /Hp où


Hp est le vecteur champ primaire créé par l’émetteur, et Hs le vecteur champ
secondaire fourni au récepteur par le courant induit dans le sol (méthode des
champs artificiels créés sur place) ;

 La méthode électromagnétique transitoire mesure la décroissance, en


fonction du temps, du champ secondaire Hs fourni au récepteur par le courant
induit dans le sol, pendant l’interruption du champ primaire inducteur.

Les constructeurs de matériel de prospection électromagnétique sont principalement
canadiens.

Ces trois catégories de méthodes peuvent être mises en œuvre lors de campagnes
aéroportées ou au sol. Les campagnes aéroportées permettent de réaliser
rapidement la cartographie des structures tectoniques ou des conducteurs
susceptibles de porter des minéralisations. Les campagnes de détail au sol sont
indispensables pour préciser la localisation et la géométrie de ces structures avant
l’implantation des forages.

1.2.1.2 Méthodes gravimétriques et magnétiques

Elles sont fondées respectivement sur la mise en évidence et l’interprétation des


anomalies de la pesanteur et du champ magnétique terrestre, liées aux propriétés
physiques (densité et susceptibilité magnétique) des roches et, plus rarement, de
certains minerais eux-mêmes. On peut mettre en œuvre ces méthodes à petite
échelle pour des reconnaissances régionales (1/50 000 à 1/100 000). Elles
permettent de mesurer les grandes anomalies régionales, qui traduisent des
contrastes de densité ou d’aimantation et d’obtenir ainsi une cartographie
lithologique et structurale générale. On peut par exemple repérer les irrégularités
d’un socle plus dense et plus magnétique sous une couverture sédimentaire, la
présence de corps granitiques de faible densité et de faible aimantation contrastant
avec un encaissant métamorphique plus dense et plus magnétique. Les mesures
sont faites soit le long de profils aériens parallèles, soit au sol à une maille
hectométrique ou kilométrique. Elles sont restituées sous la forme de cartes
d’anomalies magnétiques ou gravimétriques. La sensibilité des appareils est de
l’ordre de 1 milligal (mGal) en prospection gravimétrique aéroportée et de 0,001
nanotesla (nT) en prospection magnétique aéroportée.

On peut aussi utiliser les méthodes magnétiques et gravimétriques pour des


reconnaissances détaillées, à grande échelle, en utilisant des appareils très
sensibles et en rapprochant les stations de mesure (maille hectométrique,
décamétrique ou même métrique).

On peut déceler par méthode micro – gravimétrique des anomalies associées à


des structures géologiques à l’échelle minière, voire certains gisements à teneur
élevée, au moyen de gravimètres dont la sensibilité atteint 10 −6 Gal (1 Gal = 10−2
m.s−2).

Deux types de magnétomètres sont couramment utilisés en prospection :

 les magnétomètres à précession de protons à sensibilité environ 0,01 nT le


plus souvent utilisés pour les levés au sol ;

 les magnétomètres nucléaires à pompage optique de vapeur de césium
de sensibilité 0,001 nT, utilisés pour les mesures magnétiques aéroportées.

1.2.1.3 Méthodes sismiques

Elles sont basées sur l’étude de la propagation des ondes élastiques de compression
dans le sous-sol. Selon le mode de propagation des ondes utilisées, on distingue, la
sismique réflexion et la sismique réfraction.

Ces méthodes, très efficaces dans l’étude de la morphologie des bassins


sédimentaires pour la recherche pétrolière, sont également employées pour la
recherche de l’uranium. En effet, la mobilité de l’uranium au sein des nappes
aquifères est conditionnée par la structure des bassins (flexures, failles, zones
subsidentes ou de plate-forme, etc.). Or, pour appréhender la géologie de moyenne
profondeur à l’échelle des objectifs miniers, c’est-à-dire du 1/5 000 au 1/10 000, les
méthodes sismiques s’avèrent particulièrement indiquées.

L’adaptation de cette technique à des objectifs de faible profondeur (sismique


réflexion haute résolution) permet d’obtenir des informations sur la géométrie des
couches du sous-sol dans la zone proche de la surface du sol.
Les performances des systèmes d’acquisition des données ainsi que celles des
techniques de traitement ont connu des progrès spectaculaires au cours des
dernières années.

1.2.1.4 géo radar (Ground Penetrating Radar-GPR)


1.2.2 Diagraphies ne mettant pas en jeu la radioactivité

1.2.2.1 Mesure de résistivité

Dans les sondages non carottés et non tubés exécutés dans la recherche d’uranium
en terrain sédimentaire, on réalise couramment des mesures de résistivité des
terrains et de polarisation spontanée (PS).

Il existe de très nombreux dispositifs destinés à mesurer la résistivité, mais le plus


simple et le plus employé est le dispositif mono-électrode qui mesure la résistance
de prise d’une électrode dans le fluide de forage.

Les diagraphies de résistivité, de type normal ou latéral, sont également utilisées, de


même que, dans certains cas, des diagraphies de polarisation provoquée (PP).

Dans les sondages forés à l’eau claire et tubés, la mesure de résistivité est souvent
remplacée par la mesure de la teneur en eau totale des roches au moyen de la
sonde neutron-neutron. Il existe des outils capables de mesurer en forage la
conductivité électrique des roches par induction. Cette technique s’accommode des
tubages pourvu qu’ils soient non métalliques.

1.2.2.2 Mesure de la susceptibilité magnétique

L’utilisation dans les sondages des paramètres relatifs aux propriétés magnétiques
intrinsèques des roches est peu développée en prospection de l’uranium.

Il existe toutefois des outils de petit diamètre capables de mesurer la susceptibilité


magnétique des roches, ainsi que le champ magnétique total en forage. Ces
diagraphies ont un grand intérêt pour la caractérisation lithologique des formations
géologiques.

1.2.2.3 Mesure des ondes acoustiques (sonic logging)

Cette diagraphie consiste à mesurer la vitesse des ondes acoustiques dans la


formation géologique entourant le forage entre un dispositif piézo-électrique émetteur
générant des ondes acoustiques de fréquence 10 à 30 kHz et plusieurs récepteurs.

La généralisation de la technique de carottage acoustique (sonic logging full wave)


permet d’enregistrer la totalité du train d’onde comportant une onde de compression
P, une onde de cisaillement S et une onde de Stoneley (onde de surface). Cette
diagraphie renferme un nombre important d’informations permettant de caractériser
la nature, le degré d’altération, les modules mécaniques ainsi que la fracturation
(ouverte ou fermée) de la formation géologique au voisinage du forage.

1.2.3 Mesures tomographiques entre forages


Les techniques électriques, électromagnétiques et sismiques commencent à être
utilisées pour imager des volumes rocheux situés entre forages ou entre forages et
galeries de mines. Ce mode de mise en œuvre, appelé tomographie, permet de
valoriser les forages existants pour reconnaître, à proximité même d’un gisement,
des zones non recoupées par les forages, en vue de trouver de nouvelles
extensions.

Ces techniques devraient connaître un développement important dans le futur tant


pour l’acquisition des mesures que pour le traitement et l’interprétation.

1.3 Méthodologie de la prospection de l’uranium

La méthodologie de la prospection de l’uranium fait appel aux différentes méthodes


décrites précédemment. Elle est fonction de nombreux facteurs dont les plus
importants sont la nature du terrain, la profondeur des cibles recherchées, le type de
région prospectée (équatorial, désertique, tempéré, glaciaire), la législation minière
en vigueur, la pression de la concurrence, etc.

Les travaux de prospection sont souvent réalisés par phases successives, de


l’échelle régionale à l’échelle détaillée :

 une phase de reconnaissance qui a pour but de rechercher les provinces


géologiques et métallogéniques favorables à la présence de minéralisations
uranifères (échelle 1/50 000 à 1/500 000) ;

 une phase d’exploration (échelle 1/5 000 à 1/25 000) qui comprend les
travaux effectués entre le début des recherches et la mise en évidence de
minéralisations susceptibles de constituer des gisements au sens industriel du
terme ;

 une phase de développement (à l’échelle minière : 1/1 000 à 1/100) qui


permet de préciser les caractéristiques économiques (géométrie, teneur) des
minéralisations reconnues.

1.3.1 Prospection générale

On commence souvent, à ce stade, par une prospection géophysique aéroportée


(hélicoptère ou avion) associant habituellement spectrométrie gamma, magnétisme
et électromagnétisme transitoire ou fréquentiel.

Le positionnement des lignes de vol et des mesures est réalisé par satellites [GPS
(Global Positioning System) différentiel] avec une précision absolue de l’ordre de 5
m.

Ces techniques permettent de couvrir très rapidement et de façon homogène avec


une gamme de plusieurs méthodes, de vastes surfaces, parfois peu accessibles.
Après traitement, les cartes qui en résultent constituent un outil efficace pour la
cartographie géologique et la recherche de cibles.
Ces travaux sont complétés par des prospections géophysiques et géochimiques au
sol.

1.3.2 Prospection détaillée

À ce stade, on a recours largement aux méthodes magnétiques et gravimétriques,


mais surtout aux méthodes radiométriques, électriques ou électromagnétiques de
détail pour rechercher les guides de la minéralisation (filons, failles, zones altérées,
contacts lithologiques, etc.) et caractériser leur signature géophysique. Les levés de
détail permettent de caler les levés aéroportés et de préparer des cibles pour les
forages. Dans les sondages, on utilise couramment les diagraphies de radioactivité,
les diagraphies électriques ainsi que les diagraphies densité (gamma-gamma) et
porosité (neutron-neutron).

1.3.3 Étalonnage radioactivité-teneur dans les sondages

Au stade du développement, souvent réalisé au moyen de sondages non carottés, il


est très important de bien apprécier les teneurs en uranium du minerai en place à
partir des diagraphies de radiocarottage.

En France, on utilise couramment la méthode de corrélation par droite de


correspondance dite de radioactivité-teneur. La droite est établie à partir de couples
de mesures constituées par la teneur chimique en uranium, sur la passe minéralisée
du sondage et la mesure du rayonnement émis par la paroi du trou correspondant à
cette passe et mesurée au cours du radiocarottage.

Cette manière de procéder permet de tenir compte de phénomènes non mesurables


d’une manière simple, tels que la distribution de la minéralisation dans le minerai en
place, sa nature, son état d’équilibre radioactif, ses variations de densité, etc. Elle est
d’autant plus correcte que l’échantillonnage est plus représentatif de la population
minéralisée et que l’on dispose d’un nombre suffisant de mesures pour faire un
calcul statistique.

Les géologues russes et américains préfèrent calibrer leurs sondes de


radiocarottage et leurs radiamètres à partir d’étalons, sources de radium ou blocs de
béton à teneur en uranium connue. Ces mesures peuvent être entachées d’erreurs,
quelquefois importantes, si les étalons artificiels n’ont pas les mêmes
caractéristiques de matrice et d’équilibre radioactif, par exemple, que les minerais.

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