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Techniques de radioprotection

par Solange DESCOURS


Directeur adjoint du Commissariat à l’énergie atomique de Fontenay-aux-Roses
Raymond DOLLO
Chargé de mission en radioprotection à Électricité de France
Jacques KALIMBADJIAN
Chef de service de prévention et radioprotection à la COGEMA de La Hague
et Gilbert TROESCH
Assistant du directeur du Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble

1. Principes généraux de radioprotection ............................................. B 3 906 - 2


1.1 Définitions et normes .................................................................................. — 2
1.2 Responsabilité de l’employeur, du chef d’établissement
ou de l’exploitant nucléaire ........................................................................ — 2
1.3 Dispositions de radioprotection opérationnelle........................................ — 3
1.3.1 Pour les travailleurs exposés............................................................. — 3
1.3.2 Pour la population .............................................................................. — 3
2. Techniques de radioprotection dans les installations nucléaires — 3
2.1 Sources d’exposition................................................................................... — 3
2.2 Exposition des travailleurs.......................................................................... — 3
2.3 Politique de prévention ............................................................................... — 5
2.3.1 Définir des prescriptions à respecter ................................................ — 5
2.3.2 S’assurer de leur application ............................................................. — 5
2.3.3 Contrôler leur efficacité...................................................................... — 5
2.4 Mesures de protection ................................................................................ — 5
2.4.1 Protection contre l’exposition externe.............................................. — 5
2.4.2 Protection contre l’exposition interne............................................... — 6
2.5 Moyens de surveillance et de contrôle ...................................................... — 6
2.5.1 Grandeurs et mesures........................................................................ — 7
2.5.2 Surveillance collective........................................................................ — 7
2.5.3 Surveillance individuelle.................................................................... — 7
3. Protection de l’environnement et du public .................................... — 9
3.1 Sources d’exposition : les rejets................................................................. — 9
3.2 Exposition du public.................................................................................... — 9
3.2.1 Mécanismes de transfert vers l’homme ........................................... — 10
3.2.2 Limites d’exposition du public .......................................................... — 10
3.3 Autorisations de rejets d’effluents radioactifs liquides et gazeux........... — 10
3.4 Prévention .................................................................................................... — 10
3.5 Surveillance de l’environnement ............................................................... — 10
5 - 1996

3.6 Information du public.................................................................................. — 13


4. Situation accidentelle............................................................................. — 13
4.1 Prévention contre les accidents.................................................................. — 13
4.2 Documents de référence ............................................................................. — 13
4.3 Gestion de la crise ....................................................................................... — 15
4.3.1 PC direction et équipe locale de crise ............................................... — 15
B 3 906

4.3.2 Rôle du service compétent en radioprotection ................................ — 15


4.3.3 Communication en cas d’accident .................................................... — 16
Références bibliographiques ......................................................................... — 16

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TECHNIQUES DE RADIOPROTECTION _______________________________________________________________________________________________________

e développement des activités de l’industrie et de la recherche nucléaires


L et des applications médicales implique de limiter les risques radiologiques
associés. L’ensemble des dispositions et moyens à mettre en place relève de la
radioprotection. Les risques radiologiques sont apparus dès la découverte de
la radioactivité naturelle et l’utilisation des premiers appareils de radiographie.
Avec les premiers dommages causés à l’homme, le besoin de réglementer
l’utilisation des rayonnements s’est fait sentir. Ainsi est née la radioprotection.
La Commission internationale de protection contre les rayonnements (CIPR)
depuis sa création en 1928 s'appuie sur de nombreuses études des mécanismes
d'induction et des modes d'apparition des effets biologiques pour proposer et
affiner des « normes de radioprotection ». À partir de ces normes, un dispositif
réglementaire est établi d'abord européen, puis français.
Actuellement, la réglementation française par ses décrets de 1986 et 1988
découle des Directives du Conseil des communautés européennes de 1980 et
1984, elles-mêmes inspirées des normes de la CIPR 26 de 1977. Parallèlement,
les normes de la CIPR 60 de 1990 sont prises en compte dans la nouvelle
directive européenne de 1996. La réglementation française devra donc s'adapter
rapidement.
Les techniques de radioprotection développées dans cet article s'appuient sur
la réglementation en vigueur, les possibilités actuelles en instrumentation
nucléaire et les méthodes liées au retour d'expérience acquis par les exploitants
nucléaires français. La qualité atteinte par la radioprotection trouve sa justifica-
tion dans le niveau d'exposition des travailleurs acceptable comparé aux limites
réglementaires et dans le nombre limité des incidents nucléaires en France.

1. Principes généraux Les recommandations prévoient l’application de trois règles


fondamentales : justification, optimisation et limitation (article Prin-
de radioprotection cipes et normes de radioprotection [B 3 904], dans le présent traité).
L’application de cette réglementation européenne [1] et
nationale [2] [3] [4] conduit à :
Les activités humaines et plus particulièrement celles exercées — soumettre toute activité impliquant une exposition aux rayon-
dans le domaine professionnel engendrent des risques présentant nements ionisants à un régime de déclaration et d’autorisation ;
des degrés de gravité différents. Dans les activités de l’industrie et — organiser la prévention et évaluer les doses intégrées ;
de la recherche nucléaires s’ajoutent aux risques classiques – chi- — assurer la surveillance médicale adéquate ;
miques, électriques, mécaniques – des risques radiologiques. Ces — mettre en place des moyens de protection, de contrôle et de
activités concernent la production, l’utilisation, le traitement, le surveillance adaptés aux conditions d’emploi des sources de rayon-
stockage et le transport de matières radioactives naturelles et arti- nements, qu’il s’agisse de la sécurité individuelle des travailleurs
ficielles, ou l’emploi de générateurs électriques de rayonnements exposés aux rayonnements ionisants ou de la protection sanitaire
ionisants. de la population ;
— imposer pour l’environnement un système de surveillance et
de contrôle, d’inspection et d’intervention en cas d’accident.
1.1 Définitions et normes
1.2 Responsabilité de l’employeur,
La radioprotection est définie par l’ensemble des dispositions à
prendre pour garantir la santé des travailleurs et de la population
du chef d’établissement
et assurer la protection de l’environnement avec l’objectif de réduire ou de l’exploitant nucléaire
le plus possible (dans les limites prévues par la réglementation)
l’exposition des personnes et le nombre d’individus exposés aux
rayonnements. Il incombe à l’employeur (chef d’entreprise ou chef d’établisse-
ment) d’assurer la sécurité et la surveillance de la santé des
Elle s’appuie en France sur une réglementation établie à partir de travailleurs. Plus particulièrement, l’employeur est responsable de
recommandations émanant d’organismes internationaux et de la formation de ses travailleurs, de leur surveillance médicale et de
directives de la Commission des communautés européennes. la dosimétrie individuelle.
Actuellement, le système réglementaire français est toujours basé
sur la législation européenne de 1980 et 1984 [1]. Cependant, une Le chef d’établissement – ou exploitant nucléaire dans l’hypo-
nouvelle directive européenne de 1996 prend en compte les thèse d’un site comportant une ou plusieurs installations nucléaires
recommandations de 1990 (article Principes et normes de radio- de base – met en place les moyens nécessaires à la protection radio-
protection [B 3 904] dans ce traité) et la réglementation nationale logique individuelle, collective et opérationnelle.
devra s’adapter dans les quatre ans.

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1.3 Dispositions de radioprotection 2.1 Sources d’exposition


opérationnelle
Les sources d’exposition concernant les travailleurs peuvent être
1.3.1 Pour les travailleurs exposés de nature différente dans chaque domaine du nucléaire : industrie
du cycle du combustible, réacteur de puissance ou centres de
recherche. Ainsi, à chaque type d’installation se posent aux
La protection opérationnelle dans les installations nucléaires et exploitants des problèmes spécifiques.
les locaux à risque radiologique relève de la responsabilité du chef
d’établissement. À ce titre, ce dernier est tenu de mettre en place Dans un réacteur nucléaire par exemple, les sources d’exposition
une organisation générale de protection comportant des mesures (encadré 1) sont constituées essentiellement par des :
et des dispositions d'ordre administratif et technique, notamment : — neutrons et rayonnements γ émis pendant le processus de
— le découpage des lieux de travail en différentes zones ; fission des atomes du combustible (uranium et/ou plutonium) ;
— la classification des travailleurs en différentes catégories avec — des rayonnements α, β, γ issus des produits de fission, des
les obligations que cela comporte en matière de suivi médical, de produits d’activation des matériaux soumis au flux neutronique et
formation et de gestion des expositions subies ; du combustible lui-même.
— la mise en œuvre de dispositions et mesures de contrôle et L’encadré 2 indique les caractéristiques radiologiques et les
de surveillance relatives à ces différentes zones et aux différentes risques associés des principaux radionucléides présents dans une
catégories de travailleurs exposés. usine de retraitement. (0)
Il appartient notamment au chef d’établissement de mettre en
place les moyens humains et techniques pour assurer la prévention
et la protection collective et individuelle, coordonner les inter- 2.2 Exposition des travailleurs
ventions, vérifier la qualification des intervenants et les informer
des risques particuliers de l’établissement.
Enfin, la réglementation impose que les matériels, les procédés Selon la manière dont les rayonnements atteignent l’organisme
et l’organisation du travail soient conçus de telle sorte que les ou les tissus, différents types de risques radiologiques sont à
expositions professionnelles individuelles et collectives soient considérer.
maintenues aussi bas qu’il est raisonnablement possible en
dessous des limites prescrites. À cette fin, les postes de travail ■ Exposition externe
exposés font l’objet d’une analyse dont la périodicité est fonction Il y a exposition par voie externe lorsque le corps humain est
du niveau d’exposition [3] [4]. soumis aux rayonnements émis par une source radioactive qui lui
est externe. Dans ce cas, l’action directe nocive prend fin dès que
l’individu quitte le champ d’irradiation. Si tout l’organisme est
1.3.2 Pour la population atteint, on parle d’exposition globale, et si une partie seulement est
irradiée, il y a exposition partielle.
La protection opérationnelle de la population est l’ensemble des Peuvent agir par exposition externe les neutrons, les rayonne-
dispositions et contrôles qui servent à détecter et éliminer le plus ments γ et les rayonnements β de forte énergie (encadré 1). La dose
possible les risques d’exposition de la population. Les expositions de rayonnement reçue est fonction de l’intensité de l’irradiation et
concernées résultent exclusivement des activités des installations du temps d’exposition.
nucléaires, des sources radioactives ou des générateurs électriques L’exposition externe est à l’origine de la presque totalité des
de rayonnements ionisants. Les autres sources d’exposition, médi- doses reçues par les travailleurs des centrales nucléaires. L’essentiel
cale ou naturelle, ne rentrent pas dans les dispositions de radio- de cette irradiation, dû aux rayonnements γ provenant des dépôts
protection liées à une installation ou à une source de rayonnements. de produits de corrosion sur les tuyauteries véhiculant des fluides
Le chef d’établissement est tenu, en ce qui concerne les radioactifs, est reçu lors des travaux d’entretien et de renouvelle-
personnes du public qui se trouvent à l’extérieur de l’établissement ment du combustible qui nécessitent de longs séjours à proximité
dont il a la responsabilité, de prendre toutes les mesures pour que des circuits.
les prescriptions réglementaires, notamment les limites d’exposi- Il existe une exposition externe superficielle due aux dépôts de
tion, ne soient pas en fonctionnement normal transgressées du fait substances radioactives sur les vêtements ou la peau.
des activités de cet établissement. En particulier, dans tout projet
d’installation, les dispositifs doivent être prévus pour limiter et ■ Exposition interne
contrôler les rejets dans l’environnement à leur point d’émission et Il y a exposition par voie interne lorsque la contamination est liée
pour assurer la surveillance de l’environnement. à l’incorporation dans l’organisme d’éléments soit par inhalation de
gaz ou de substances radioactifs en suspension dans l’air, soit par
ingestion de radionucléides présents dans l’eau et les aliments,
éventuellement par blessure avec un objet contaminé. Les rayon-
2. Techniques nements α, β et γ peuvent être des sources d’exposition interne
(encadré 1).
de radioprotection dans L’origine d’une exposition interne est toujours révélatrice d’une
les installations nucléaires contamination du milieu, c’est-à-dire d’une présence de particules
radioactives dispersées par des sources présentant des fuites.
■ Exposition mixte interne et externe
La radioprotection est la composante essentielle de la sécurité
dans les installations nucléaires. Elle repose sur le respect des Il faut noter que toute contamination (de l’atmosphère, des sur-
dispositions et mesures de contrôle prévues par la réglementation. faces, des vêtements, ou des fluides de refroidissement dans un
Son objectif essentiel est la maîtrise des doses individuelles des réacteur) engendrant une exposition interne est également une
travailleurs dans les limites des normes, associée à un effort source d’exposition externe. En effet, chaque élément de volume ou
soutenu de réduction des doses collectives. de surface contaminé constitue une source radioactive qui irradie
à distance.

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Encadré 1 – Sources d’exposition dans un réacteur nucléaire


La fission de l’uranium ou du plutonium dans les réacteurs Inventaire des rayonnements associés à l'exploitation
nucléaires libère de l’énergie sous forme de chaleur. Cette normale
source de chaleur est aussi une source de rayonnements Dans une centrale, les différents risques dus aux rayonne-
ionisants. ments se situent de la façon suivante.
Réactions de fission — Neutrons
Les neutrons injectés dans l’élément fissile sont absorbés par Pendant le fonctionnement en puissance, le flux neutronique
celui-ci. Sous l’effet de l’instabilité ainsi créée, les noyaux au voisinage du combustible est intense et les protections
éclatent brutalement avec émission de rayonnements de biologiques ne peuvent avoir une efficacité absolue du fait des
neutrons rapides, de rayons γ instantanés et production de traversées de tuyauterie. Au cours de la conception des
fragments. Ces fragments, généralement deux, sont arrêtés au différents paliers, de nombreuses améliorations ont permis de
sein de l’uranium et leur énergie cinétique est transformée en réduire les fuites de neutrons. Actuellement, on évalue à moins
chaleur. Les constituants de ces fragments se regroupent en de 1 % la dose due aux neutrons par rapport à la dose totale
atomes nouveaux appelés produits de fission radioactifs et reçue par les agents. Les zones à risques sont connues et
émetteurs de particules β et rayonnements γ . La plupart des mentionnées sur des cartographies.
produits de fission restent dans le combustible, leur fuite dépend
de l’état de gainage du combustible. À l’arrêt, le combustible irradié continue à émettre des
neutrons, mais en quantités très faibles. Les protections bio-
Réactions de capture logiques du réacteur et l’eau des piscines assurent une protec-
Toutefois, les neutrons de fission ne sont pas tous disponibles tion totale. À signaler cependant le cas particulier des châteaux
pour provoquer une nouvelle fission. Certains, parce que le d’évacuation du combustible ; du fait de l’absence d’une forte
réacteur a des dimensions finies, s’échappent de celui-ci et épaisseur d’eau (très bon ralentisseur des neutrons), il règne un
d’autres sont capturés par des noyaux non fissiles (modérateur, faible débit de dose neutrons (quelques centièmes de mSv/h).
matériaux des structures, etc.). Certaines captures de neutrons — Rayonnements γ intenses
dans le combustible provoquent la formation d’atomes lourds
(plutonium transuraniens) émetteurs α, β et γ. Sous flux neutro- Le risque est dû à la production d’azote 16 par activation de
nique, les structures peuvent s’activer, principalement le nickel l’oxygène de l’eau, mais la période étant très courte, ce type de
et le cobalt. Mais d’autres produits véhiculés par le fluide rayonnement disparaît après arrêt du réacteur.
primaire peuvent s’activer au passage dans le cœur du réacteur. — Rayonnements β et γ
En effet, les surfaces du circuit primaire sont soumises à la Ils sont dus aux dépôts se formant sur les tuyauteries du
corrosion et à l’érosion de l’eau et relâchent une petite fraction circuit primaire et des circuits de traitement d’effluents. Pendant
de leur métal qui est entraînée par l’eau et peut venir se fixer sur le fonctionnement en puissance, seuls apparaissent, à l’extérieur
les gaines du combustible où il est activé. Ces réactions sont
souvent appelées réactions d'activation et les substances des tuyauteries, les rayonnements γ qui peuvent créer des débits
de dose importants lorsqu’il y a accumulation des dépôts, en
produits de corrosion. particulier dans les filtres. En revanche, l’épaisseur des tuyau-
Les cobalt 58 et 60 sont les plus pénalisants pour les teries est suffisante pour arrêter les rayonnements β.
expositions du personnel, compte tenu de l’énergie des
rayonnements γ, de leur période (71 j et 5,3 ans).
L’effet des émetteurs β apparaît
essentiellement dans les opérations
de maintenance à l’arrêt du réacteur
où l’on est amené à ouvrir les
circuits et à travailler au contact
direct des dépôts.
— Rayonnements α
Ils ont un caractère exceptionnel,
puisque les émetteurs α sont formés
uniquement à l’intérieur du
combustible et que les particules α,
très peu pénétrantes, ne peuvent
traverser les gaines. On ne peut les
rencontrer dans les dépôts qu’en cas
de fonctionnement prolongé avec
des ruptures de gaines importantes,
ce qui est contraire aux prescriptions
d’exploitation.

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• catégorie B : il s’agit des personnes dont les conditions habi-


Encadré 2 – Caractéristiques radiologiques tuelles de travail sont telles qu’elles ne peuvent normalement pas
et risques associés entraîner le dépassement des trois dixièmes des limites annuelles
d’exposition ;
Exposition externe Ruthénium 106
— la classification des travailleurs non exposés (NE) et du
Krypton 85 Le Ru 106 est un métal qui se public : il s’agit des personnels qui ne sont classés ni en catégorie
Kr 85 est un gaz rare, inerte, caractérise par une large distribu-
tion de valence variable suivant A ni en catégorie B et qui travaillent en zone non réglementée dont
et dépourvu de réactivité l’exposition annuelle est inférieure au dixième de la limite annuelle
chimique, ce qui le rend diffi- les conditions dans lesquelles il
se trouve. Cette propriété le rend d’exposition ;
cile à piéger. Sa période
radioactive est de 10,7 ans. très difficile à piéger chimique- — les consignes générales de radioprotection, qui traduisent la
L’inertie chimique et son ment puisqu’il possède toujours réglementation en consignes opérationnelles ;
activité, essentiellement un certain nombre d’états qui — la conduite à tenir en cas d'incident radioactif (repli du chan-
constituée par le rayonnement échappent aux extractions ou aux tier, évacuation, port de protection respiratoire, etc.).
β, conduit essentiellement à un précipitations sélectives. Sa
période radioactive est de 1 an. La réglementation prévoit en outre des dispositions spéciales, en
risque d’irradiation externe de
la peau. Il ne se fixe pas dans Cependant, si sa présence est particulier des autorisations administratives, pour des expositions
l’organisme. générale dans les produits de exceptionnelles et des expositions d'urgence (tableau 1) [3]. (0)
fission, sa nocivité reste modérée.
Exposition interne Césium 137
2.3.2 S’assurer de leur application
Iodes 131 et 129 C’est un métal qui possède la
L’iode est libéré sous forme même chimie que le potassium,
de vapeur d’iode chimique- c’est-à-dire qu’il peut se fixer L’application de l’ensemble des prescriptions communes à tout
ment active et se fixe préféren- dans l’ensemble de l’organisme le personnel y compris le personnel des entreprises prestataires
tiellement sur la thyroïde. et plus particulièrement dans les nécessite d’importants efforts de formation et d’encadrement.
— Iode 131 : une grande muscles.
partie de sa décroissance est Strontium 90
due à sa période de 8 jours. 2.3.3 Contrôler leur efficacité
— Iode 129 : c’est un iso- C’est un métal qui possède la
tope formé en réacteur et spé- même chimie que le calcium
cifique au retraitement des c’est-à-dire qu’il peut se fixer plus Les moyens efficaces de s’assurer de la validité des dispositifs de
combustibles. Sa période est particulièrement dans les os. Il est prévention reposent sur :
un des rares émetteurs β purs, ce
de 1,6 x 107 ans. qui le rend indiscernable lors des — les contrôles radiologiques permanents des locaux ;
Tritium spectrométries γ. — la recherche systématique des anomalies à travers les visites
Isotope lourd de l’hydro- Antimoine 125 de chantier ;
gène formé dans le combus- — le suivi de certaines évolutions dosimétriques ;
tible irradié par fission Élément assimilable dans
ternaire, il existe dans les gaz l’organisme, sa période radio- — l’analyse d’incidents de radioprotection ;
rejetés sous forme de molé- active est de 2 ans. C’est un — les bilans dosimétriques.
cules de gaz ou plus souvent radioélément conservatif, Ces actions permettent de valider l’organisation et son fonction-
sous forme d’eau tritiée. Sa c’est-à-dire entièrement dissous.
nement et de proposer des possibilités d’amélioration.
période radioactive est de
12,3 ans.

2.4 Mesures de protection


2.3 Politique de prévention
2.4.1 Protection contre l’exposition externe
En plus des objectifs de radioprotection à prendre en compte dès
la conception de l’installation, une politique de prévention impose Il existe trois moyens de se protéger contre l’exposition externe :
de mettre en place les moyens et l'organisation nécessaires
(personne compétente ou service compétent) afin de définir des — le temps : un moyen efficace de protection contre l’exposition
prescriptions à respecter, s’assurer de leur application et contrôler externe consiste à utiliser la décroissance radioactive des radionu-
leur efficacité. cléides et à limiter la durée d’exposition ;
— la distance : le débit de dose décroît en fonction de la distance
à la source selon la géométrie de cette dernière et le type de rayon-
nement à considérer. Pour cette raison, on fait appel, dans les
2.3.1 Définir des prescriptions à respecter installations nucléaires, à la téléopération, la robotique et la
conduite à distance ;
Les prescriptions qui doivent permettre de respecter les normes
— les écrans : un moyen également efficace de protection sou-
d’exposition du tableau 1 portent en particulier sur :
vent économique pour limiter l’exposition externe consiste à inter-
— la classification et la délimitation des zones de travail : le chef poser entre la source de rayonnement et les opérateurs des écrans,
d’établissement doit définir autour de toute source de rayonnement existant sous formes diverses, solides ou liquides. La détermination
une zone contrôlée, elle-même décomposée en sous-zones verte, des caractéristiques des écrans (nature et épaisseur) exige la
jaune, orange et rouge. La définition de ces sous-zones a un carac- connaissance de l’intensité des sources, du type de rayonnement
tère administratif. Elle s’accompagne d’une définition des émis ainsi que de la fluence énergétique associée. Leur emplace-
conditions d’accès à chaque zone et des précautions à prendre ment doit tenir compte des effets de ciel ou de rétrodiffusion.
avant et pendant l’intervention vis-à-vis du risque radiologique.
Cette pratique est étendue également aux postes de travail ; Le rayonnement γ étant très prépondérant dans une centrale
— la classification des travailleurs exposés : la réglementation en nucléaire, on utilise en général des matériaux de numéro atomique
vigueur impose le classement du personnel en deux catégories élevé tels que le plomb. Par exemple, dans le cas du cobalt 60,
définies selon le niveau de risque encouru : 13 mm de plomb divise par 2 le débit de dose et par 10 pour une
épaisseur de 42 mm.
• catégorie A : il s’agit des personnes dont les conditions habi-
tuelles de travail sont susceptibles d’entraîner le dépassement
des trois dixièmes des limites annuelles d’exposition,

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Tableau 1 – Normes d’exposition des travailleurs et du public (1) [3]


Exposition externe (à l’exclusion de toute exposition interne)
Catégories Mains, avant-bras
de personnes Organisme entier Peau Cristallin pieds, chevilles
(mSv/an) (mSv/an) (mSv/an) (mSv/an)
Travailleurs (3) 50 500 150 500
de catégorie A (2) (4) 30 300 90 300
Travailleurs de catégorie B 15 150 45 150
Travailleurs non exposés,
public 5 50 15 50

Exposition interne (à l’exclusion de toute exposition externe)


■ Pour les travailleurs
Pour un radionucléide : au cours d’une période de 12 mois consécutifs, l’activité incorporée A i est inférieure ou égale à la limite annuelle
d’incorporation par ingestion et par inhalation (LAI).
Pour un mélange de radionucléides : la condition à satisfaire est :
I1 I2
-------- + -------- + ...  1
L1 L2

avec I1 , I2 , ... les activités incorporées en 12 mois consécutifs et L1 , L2 , ... les limites annuelles d’incorporation.
■ Pour le public
Les valeurs à prendre en compte sont égales au dixième de celles relatives aux travailleurs exposés.
Exposition interne et externe mixte
Dans ce cas, la condition à remplir est la suivante :
H I1 I2
-------- + -------- + -------- + ...  1
HL L1 L2

où H et H L sont respectivement l’équivalent de dose maximal en profondeur reçue en 12 mois consécutifs et la limite annuelle
correspondante ; I1 , L1 , I2 , L2 , ayant les mêmes significations que ci-dessus.
(1) En situation exceptionnelle concertée, les limites ne doivent pas dépasser en un an le double des limites annuelles (en exposition interne et externe ci-dessus)
et, au cours de la vie, le quintuple de ces limites.
En situation d’urgence, une limite supérieure est préalablement fixée par le médecin du travail.
(2) Pour les femmes en état de procréer, 12,5 mSv/3 mois consécutifs.
Pour les femmes enceintes, 10 mSv entre la déclaration de grossesse et l’accouchement.
(3) Au cours de 12 mois consécutifs.
(4) Au cours de 3 mois consécutifs.

La protection contre les neutrons est fondée sur leur ralentisse- (système de ventilation et de filtration). Elle est complétée en exploi-
ment jusqu’à l’énergie thermique grâce à l’utilisation de matériaux tation par les dispositions spécifiques de radioprotection destinées
légers tels que l’eau et sur l’absorption des neutrons ralentis par à surveiller et contrôler leur efficacité.
du bore ou du cadmium. À EDF, le concept centrale propre a été retenu et permet de limiter
En outre, les dispositions à prendre sont principalement des sur le plan collectif à des niveaux extrêmement faibles l’exposition
mesures de bon sens : interne d’origine atmosphérique. Deux critères sont définis à partir
— préparer soigneusement l’intervention (coopération entre les des limites annuelles d’incorporation (LAI) et des limites dérivées
différents acteurs, outillage spécialisé, cartographie des lieux, zones de concentration de radionucléides dans l’air (LDCA) pour respecter
de repli à prévoir, procédures d’intervention à jour, entraînement cette volonté : l’un porte sur la limite admissible en contamination
des opérateurs, etc.) ; atmosphérique, l’autre sur le seuil de contamination surfacique non
— limiter le nombre de personnes présentes en zone contrôlée fixé (encadré 3). (0)
au strict minimum ; Au groupe CEA, des limites de contamination surfacique sont
— prendre en compte les expériences acquises lors de précé- établies à partir des limites dérivées de contamination atmosphé-
dentes interventions en France ou à l’étranger, etc. rique (LDCA) (encadré 3).
Au niveau individuel, la protection est assurée par le port de
masques de protection des voies respiratoires et de vêtements
2.4.2 Protection contre l’exposition interne spéciaux (tenue autonome).

La protection contre l’exposition interne s’exerce au niveau des


locaux (protection collective) et au niveau des individus (protection
individuelle). 2.5 Moyens de surveillance et de contrôle
Au niveau collectif, la protection contre l’exposition interne est
assurée dès la conception par le confinement statique (trois La surveillance et le contrôle aux niveaux collectif et individuel
barrières pour les installations nucléaires de base) et dynamique nécessitent l’utilisation de matériels et d’équipements capables de
mesurer les grandeurs représentatives des dommages encourus.

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déclencher un dispositif d’alarme, soit par des appareils portatifs


Encadré 3 – Protection contre l’exposition interne qui permettent de suivre localement l’évolution du niveau de
rayonnement. L’exposition due aux neutrons peut être mesurée par
Contamination atmosphérique
Exemple EDF : concept « centrale propre » divers types d’appareils en fonction de la gamme d’énergie et de
la fluence des neutrons.
La réglementation impose pour l’homme le respect des limites
annuelles d’incorporation (LAI) et de limites dérivées de L'exposition collective interne est contrôlée dans les locaux en
contamination atmosphérique (LDCA) pour chaque radionucléide. continu ou de façon périodique.
Ainsi, une personne travaillant pendant 1 an, soit 2 000 h, dans un
local à activité volumique moyenne égale à 1 LDCA incorporera — Contrôles continus : la surveillance porte sur l’atmosphère des
1 LAI. locaux et, en cas d’évolution anormale, une alerte est déclenchée
avec actions automatiques (dans un réacteur EDF, basculement de
Quelques exemples de valeurs de LAI et LDCA la filtration sur piège à iode, isolement de l’enceinte, etc.) avec
Radionucléide LAI (Bq) LDCA (Bq/m3) éventuellement l’évacuation du personnel. Dans un réacteur EDF, le
système comporte environ 60 chaînes de mesure par paire de
Iode 129 3× 105 100 tranches. Ces chaînes dites de surveillance radiologique sont essen-
Césium 137 6 × 106 2 000 tielles pour garantir le niveau de sûreté et de sécurité des tranches.
Cobalt 60 106 3 000 — Contrôles périodiques : la complexité de l’installation ne
permet pas de disposer dans chaque local de mesures continues
Tritium 3 × 109 800 000 des différentes nuisances possibles. L’accès dans les locaux
La limite opérationnelle est la limite pratique que se fixe susceptibles d’être contaminés n’a lieu qu’au cours de rondes, de
l’exploitant pour atteindre certains objectifs. Ainsi, à EDF la manœuvres d’exploitation de courte durée ou de travaux. Les
concentration moyenne dans l’air ambiant doit rester inférieure à valeurs de débit de dose et de contamination régnant dans chaque
1/100 de la LDCA équivalente. local sont mesurées périodiquement avec des appareils portatifs
La LDCA équivalente se calcule à partir des LDCAi des différentes par les agents de radioprotection.
radionucléides i composant le mélange, et de leur pourcentage en
activité volumique :
Ai 2.5.3 Surveillance individuelle
LDCA eq = ∑ -------
At
LDCA i
i ■ Exposition externe
Contribution de la contamination surfacique L’exposition individuelle externe est mesurée par des
à la contamination atmosphérique dosimètres ; la dosimétrie constitue un moyen essentiel pour que
Exemple Groupe CEA soit assuré pour le travailleur le respect des deux principes de limi-
La contamination surfacique As est susceptible de générer une tation et d’optimisation. Elle revêt deux aspects, l’un réglementaire,
contamination atmosphérique A c par remise en suspension de l’autre opérationnel.
l’activité non fixée. Si k est le coefficient de remise en suspension, ● Dosimétrie réglementaire : elle est obligatoire pour les
1 A c = k As . travailleurs exposés de catégorie A et a pour but :
En pratique, on adopte la valeur k = 10 –4 m–1 et, dans ce cas, As — de vérifier qu’il n’y a pas dépassement des limites d’exposition
(exprimé en Bq/cm2) est égale à Ac (exprimé en Bq/m3) : (interne et externe) fixées par la réglementation (tableau 1) et
permettre au médecin du travail, en cas de dépassement, de
Ac (Bq/m3) = As (Bq/cm2) prendre les mesures qu’il juge utiles (examen complémentaire,
changement d’affectation de l’intéressé) ;
Ainsi, la limite de contamination surfacique en césium 137 est — de transcrire les mesures d’exposition (externe et éventuelle-
égale à la LDCA, soit 2 000 Bq/cm2. ment interne) sur la fiche d’exposition du dossier médical ;
— d’archiver pendant toute la vie de l’intéressé les expositions
qu’il a subies pendant la vie professionnelle.
2.5.1 Grandeurs et mesures Cette surveillance implique l’obligation pour les travailleurs de la
catégorie A de porter un dosimètre individuel de type émulsion
Comme beaucoup de grandeurs représentatives d’une nuisance, photographique. En outre, les travailleurs de la catégorie B doivent
celles utilisées en radioprotection posent des problèmes de mesure faire l’objet d’une évaluation individuelle de l’exposition dès qu’ils
et d’interprétation. La Commission internationale des unités et opèrent en zone contrôlée.
mesures de rayonnements (ICRU) a défini les grandeurs les plus La mise en œuvre de la dosimétrie réglementaire peut être
représentatives possible de la nuisance (article Principes et normes opérée :
en radioprotection [B 3 904] dans le présent traité). Certaines sont — soit par l’Office de protection contre les rayonnements
directement accessibles à la mesure (kerma, dose absorbée), ionisants (OPRI) dont l’intervention est obligatoire ou celle d’un
d’autres font l’objet d’une évaluation approchée (équivalent de organisme agréé à cet effet sur son avis dans le cas où l’employeur
dose). n’est pas le chef d’établissement de l’installation nucléaire de base ;
— soit par l’employeur lui-même pour son propre personnel à
condition qu’il y ait été autorisé par arrêté ; dans ce cas, les résultats
2.5.2 Surveillance collective sont communiqués à l’OPRI qui vérifie la qualité des mesures. Les
établissements du Commissariat à l’énergie atomique ont été
La surveillance collective permet de limiter l’exposition des autorisés par arrêté du 17 juillet 1989 et ceux de L’Électricité de
opérateurs à un niveau jugé admissible. Elle s’exerce par des France par arrêté du 5 mars 1990 ;
mesures dites d’ambiance dans les locaux de travail. Ces mesures — soit par un organisme spécialisé choisi par l’employeur (hors
portent principalement sur l’irradiation γ et par les neutrons installations nucléaires de base).
(sources d’exposition externe pour les travailleurs) et sur la
● Dosimétrie opérationnelle : ce concept a été introduit pour
contamination atmosphérique (sources d’exposition interne). Elles
pallier l’insuffisance technique de la dosimétrie réglementaire
sont complétées par le contrôle de l’intégrité des dispositifs de
mensuelle par film à satisfaire l’objectif d’optimisation ALARA de la
protection décrits au paragraphe 2.4.
radioprotection (encadré 4). (0)
L'exposition collective externe due aux rayonnements γ est
mesurée soit par des appareils fixes qui sont susceptibles de

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Encadré 4 – Principe d’optimisation ALARA


Le concept ALARA (As Low As Reasonably Achievable ), qui Suivi
consiste à maintenir les expositions aussi bas qu’il est raison- Il convient ensuite de se doter d’un système de recueil
nablement possible compte tenu des considérations économiques d’informations permettant de suivre l’évolution de ces
et sociales, est une façon d’exprimer ce principe d’optimisation expositions pendant la réalisation du programme de travail
des expositions collectives. pour dépister toute dérive et mettre en œuvre, si néces-
Pour le mettre en œuvre, la CIPR recommande d’utiliser des saire, des actions correctives.
méthodes qui vont du simple bon sens à des techniques d’analyse La dosimétrie réglementaire mensuelle ne permet pas
de type coût-avantage ou multicritères. Ces méthodes aident à d’effectuer le suivi en temps réel des expositions profes-
décider, pour une pratique donnée, à partir de quel moment un sionnelles et de prendre des décisions rapides, car elle
effort suffisant a été appliqué à la réduction de l’exposition collec- n’est disponible qu’avec retard et intègre toutes les acti-
tive. Elles passent par trois étapes successives. vités effectuées pendant un mois.
Un système de dosimétrie opérationnelle avec stylos
dosimètres, dosimètres électroniques à alarme ou avec
dosimètres nominatifs type carte à puce permet le recueil
d’informations par tâche. Ce système permet en outre
l’intégration d’un véritable passeport électronique permet-
tant le suivi de l’agent sur le plan des aptitudes médicales,
des dosimétries cumulées (jour, mois, an, cumul vie), la
gestion des habilitations et des formations de sécurité,
l’adéquation entre les formations des intervenants et les
tâches à exécuter.
Retour d'expérience
Les données recueillies (débits de dose au poste de
travail, temps de travail d’exposition et doses individuelles
par tâche) sont à leur tour indispensables pour une bonne
analyse de retour d’expérience qui permet de prévoir et
d’optimiser les expositions correspondant aux
programmes de travail ultérieurs.
L’efficacité de la démarche ALARA est d’autant plus
grande qu’elle correspond à une volonté et un engagement
de la hiérarchie concernée de mettre en œuvre une
véritable prévention des risques, que la radioprotection et
la gestion des risques sont intégrées dès la conception des
installations, et lors de l’élaboration des procédures
d’exploitation, et que tous les acteurs concernés sont
informés des hypothèses concernant l’existence du risque
résiduel et motivés pour sa réduction. Il apparaît de façon
Préparation essentielle que la qualité de la planification et de la prépa-
Il est nécessaire de fixer au préalable des objectifs d’exposition ration ainsi que du réexamen des tâches contribue pour
à ne pas dépasser, de mettre en place une étude prévisionnelle des beaucoup à la conformité des expositions professionnelles
doses collectives et individuelles associées au programme de au principe ALARA.
travail envisagé, d’imaginer et de quantifier les actions de protec- Il faut compléter cette démarche en s’appuyant sur des
tion possibles et de retenir celles qui sont compatibles avec les échanges d’informations, sur les techniques et les expé-
contraintes économiques et sociales. Ce processus implique la riences de réduction de l’exposition professionnelle indivi-
participation active des divers acteurs concernés que sont duelle de façon à avoir une approche globale du travail.
l’exploitant nucléaire, la maintenance et la radioprotection.

La dosimétrie opérationnelle ne concerne que l’exposition Les mesures sont effectuées, pour le CEA et COGEMA dans
externe et permet : chaque établissement, par le Laboratoire d’analyses de biologie
— pour l'employeur et le travailleur, l’analyse périodique des médicale agréé. Les prélèvements biologiques sont analysés à EDF
postes de travail de façon à maintenir les expositions individuelles par le laboratoire du Service général de la médecine du travail
et collectives à un niveau aussi bas qu’il est raisonnablement (SGMT). Les techniques utilisées par les différents laboratoires sont
possible (principe d’optimisation) ; voisines et des intercomparaisons régulières sont organisées dans
— pour le travailleur, la connaissance immédiate de la dose le cadre d’un groupe de travail des biologistes du groupe CEA élargi
intégrée et le déclenchement éventuel d’une alarme en dose et débit en 1985 à EDF et au Service de santé des armées, plus récemment
de dose. à de nombreux laboratoires européens.
La dosimétrie opérationnelle est en outre un complément La base de cette surveillance repose sur des mesures systéma-
indispensable à la dosimétrie réglementaire par film dans la mesure tiques ou « de routine » :
où elle permet, en particulier, l’utilisation de dosimètres mieux — la mesure directe de la radioactivité du corps par anthropora-
adaptés à la nature de certains rayonnements ou à certains types diamétrie γ (et /ou X ) à un rythme bisannuel pour les agents
d’opérations et est seule utilisable pour faire de l’optimisation. Elle permanents, à l’arrivée et au départ du site pour les agents des
est réalisée par dosimètres à lecture directe, exploitables en temps entreprises intervenantes ;
réel. Les résultats de cette dosimétrie sont confiés aux personnes — l’analyse des excreta :
ayant à les connaître (par exemple, personnel de sécurité radio- • l’analyse est faite sur des prélèvements urinaires recueillis sur
protection). un ou plusieurs jours de préférence, à EDF, pendant les arrêts de
À EDF, un système de gestion informatisée de la dosimétrie tranche pour maintenance,
opérationnelle a été mis en place (encadré 5). • pour l’exposition aux transuraniens, le seul examen ayant
actuellement une sensibilité suffisante est le prélèvement de
■ Exposition interne selles.
La surveillance individuelle de l’exposition interne est de la
responsabilité du médecin du travail qui prescrit les analyses et
établit les bilans.

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Encadré 5 – Gestion informatisée de la dosimétrie Encadré 6 – Sources d’exposition liées aux rejets
opérationnelle des travailleurs extérieurs dans l’usine de La Hague

Pour mettre en œuvre une politique de réduction des doses, Rejets gazeux Rejets liquides
les exploitants ont développé des réseaux informatisés ayant Origines Les opérations de cisaillage Les différentes opéra-
pour objectif d’optimiser les moyens de suivi dosimétrique à libèrent une partie des tions de traitement des
l’échelon national, voire européen à l’avenir, dans le strict produits de fission gazeux. combustibles irradiés se
respect de la réglementation. Ainsi, les exploitants français La dissolution des éléments font en solution aqueuse
(CEA-COGEMA-DGA-EDF) et le Groupe intersyndical des entre- combustibles par l’acide généralement en milieu
prises de l’industrie nucléaire (GIIN), en accord avec les nitrique concentré et chaud acide nitrique. Les diffé-
organismes de tutelle, ont décidé de mettre en œuvre un conduit la mise en solution rents stades du traite-
système national de recueil de la DOSIMétrie Opérationnelle de l’uranium, du plutonium ment conduisent à la
et des produits de fission production d’effluents
baptisé DOSIMO. transformés en sels radioactifs très variables
Une première étape en vue de la mise en œuvre de DOSIMO solubles. en volume et en niveau
est le système informatique DOSINAT qui enregistre les doses Cette opération achève de d’activité.
reçues par l’exploitant EDF au niveau national par rapproche- libérer les éléments gazeux.
ment des fichiers de chaque site électronucléaire. Depuis fin
Nature Ces vapeurs et gaz sont Les effluents radioactifs
1992, ce système offre une base nationale où remontent, auto- des radio- traités avant leur rejet dans provenant des installa-
matiquement et quotidiennement, les données locales de nucléides l’atmosphère. Ils traversent tions sont préalablement
chaque intervenant. Ce suivi constitue un indicateur majeur de d’abord des colonnes d’eau traités à la station de
la sécurité dans le nucléaire. Fin 1995, DOSINAT gérait environ qui assurent le rinçage des traitement des effluents
50 000 personnes. aérosols et l’oxydation du et filtrés avant rejet.
tritium, puis circulent à Principaux radionuclé-
contre-courant à travers ides présents dans les
une solution de soude rejets :
concentrée qui fixe les pro- Ru-Rh 106 (1 an)
duits nitrés et la plus Sr-Y 90 (28 ans)
grande partie des iodes Sb 125 (2,7 ans)
contenus dans les gaz.
Enfin, ils sont filtrés par des Cs 137 (30 ans)
filtres à double étage qui
arrêtent les aérosols en sus-
pension ou des filtres à
zéolithes pour l’iode.
Les principaux radio-
nucléides gazeux rejetés
sont le krypton, les iodes et
le tritium.

À partir des autorisations de rejet délivrées par arrêté ministériel,


la gestion des rejets comme la surveillance de l’environnement
sont de la responsabilité de l’exploitant.
Des contrôles portant sur les mesures prises et les règles de
gestion sont effectués par la DSIN et l’OPRI, en particulier pour ce
qui concerne la comptabilité et l’archivage des radionucléides
rejetés, ainsi que la dilution dans le milieu environnant.

3. Protection 3.1 Sources d’exposition : les rejets


de l’environnement On distingue les rejets gazeux émis dans l’atmosphère et pour
et du public lesquels les points d’émission sont les cheminées des bâtiments,
des rejets liquides pour lesquels, selon les établissements, le point
d’émission est en mer ou en rivière.
La protection de l’environnement et du public nécessite la
connaissance des risques radioactifs générés par une installation Les principaux radionucléides émis ainsi dans l’environnement
nucléaire. Ces risques sont dus essentiellement aux rejets radio- dépendent des installations concernées et font l’objet des
actifs liquides ou gazeux associés aux activités ou aux procédés demandes d’autorisation (§ 3.3). À titre d’exemple, l’encadré 6
industriels des installations. Ils engendrent pour le public des expo- indique les principaux radionucléides présents dans les rejets de
sitions qui sont fonction des niveaux d’activité dans le milieu l’usine de La Hague.
naturel et des mécanismes de transfert dans l’environnement.
Avant la création d’une installation nucléaire, il est nécessaire
d’effectuer une étude d’impact afin : 3.2 Exposition du public
— d’identifier les sources d’exposition liées aux rejets gazeux et
liquides de l’installation ; Libérés dans l’environnement, les radionucléides se dispersent au
— d’étudier leurs effets sur l’environnement et l’exposition du sein du milieu dans lequel ils ont été rejetés et peuvent sous
public en fonction des modes de dispersion de ces rejets ; l’influence de divers mécanismes atteindre d’autres milieux. Ainsi,
— d’engager la demande d’autorisation de rejet annuel dans le au terme d’un cheminement plus ou moins long et complexe, ils
strict respect des normes en vigueur en l’accompagnant d’un peuvent parvenir jusqu’à l’homme, pouvant provoquer une expo-
programme de surveillance de l’environnement. sition interne ou quelquefois externe.
(0)

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3.2.1 Mécanismes de transfert vers l’homme remarques est notifié à l’exploitant pour lui permettre de déposer
sa demande d’autorisation de rejets.
La libération d’éléments radioactifs dans l’atmosphère peut Cette demande est accompagnée de l’étude définitive et déposée
atteindre l’homme par la pollution de l’air qu’il respire, par le dépôt au plus tard un an avant les premiers rejets de l’installation. Ces
au sol ou par le transfert à d’autres milieux comme la chaîne documents sont traités de la même façon que l’étude préliminaire.
alimentaire. Le dossier de la demande, complété par l’avis de l’OPRI, est
La dispersion atmosphérique est étroitement liée à la fois à la adressé au préfet du département concerné pour examen. À cet
vitesse, à la direction et à la turbulence locale du vent. Elle dépend effet, le préfet organise une conférence administrative entre les
aussi des conditions d’émission (hauteur de cheminée) et des services départementaux intéressés et ouvre une enquête
phénomènes macroscopiques dont l’atmosphère est le siège publique [7].
(pluie). L’autorisation de rejets est finalement décernée par un arrêté
Par ailleurs, les canalisations des fluides radioactifs d’un site conjoint des différents ministres et, dans le cas de rejets d’effluents
présentent un risque potentiel vis-à-vis du milieu aquifère (rivières, radioactifs liquides en bordure de mer ou en estuaire, du ministre
nappes, mer). Pour évaluer les conséquences d’un défaut de chargé de la Mer (encadré 8). L’arrêté d’autorisation, publié au
l’étanchéité de ces ensembles, il est nécessaire de connaître la Journal officiel, fixe les limites, les modalités d’exécution, les
géologie du sous-sol, les mouvements des nappes phréatiques et mesures de contrôle des rejets, etc. ainsi que le programme de
de disposer d’un modèle mathématique permettant de rendre surveillance de l’environnement du site. Cet arrêté s’accompagne
compte des transferts des radionucléides dans ce milieu. de prescriptions techniques éditées par l’OPRI.
Les installations nucléaires construites en bordure de fleuves ou
de rivières justifient le développement d’un modèle de transfert
hydrologique. Le cas de rejets en mer de l’usine de retraitement de 3.4 Prévention
La Hague est détaillé dans l’encadré 7. (0)

Dans tous les cas, l’exploitant prend toutes les dispositions pour
3.2.2 Limites d’exposition du public que les limites fixées dans l’arrêté d’autorisation de rejets soient
respectées. Ces limites ne représentent qu’un maximum en deçà
Les limites d’exposition globale (interne et externe) du public aux duquel il y a lieu de maintenir des activités toujours aussi basses
rayonnements ionisants ont été fixées pour que les risques sur la que possible. Des actions importantes sont engagées pour diminuer
santé soient très faibles. L’équivalent de dose maximal reçu en les rejets liquides et gazeux afin que l’impact sur l’environnement
profondeur au cours d’une année ne doit pas dépasser 5 mSv soit négligeable.
(tableau 1).
Cette démarche d’optimisation ALARA est identique à celle
Lors d’une exposition interne (incorporation de radionucléides adoptée pour l’optimisation de la dosimétrie des travailleurs et de
dans l’organisme), les voies de pénétration sont respiratoires, la production des déchets solides radioactifs.
digestives et transcutanées. Le métabolisme d’un radionucléide
L’objectif est de maintenir des rejets des effluents radioactifs
donné est différent selon le mode d’incorporation ; c’est pourquoi
liquides et gazeux à un niveau aussi bas qu’il est raisonnablement
il existe des limites différentes selon qu’il s’agit d’une
possible, compte tenu des facteurs économiques et sociaux.
contamination respiratoire (LAI inhalation) ou digestive (LAI inges-
tion) (tableau 1). L’activité incorporée annuellement par une L’amélioration porte en particulier sur la collecte et le recyclage
personne du public dans le cas d’un radionucléide unique ne doit des effluents liquides, sur les installations de traitements supplé-
pas dépasser le dixième des limites annuelles d’incorporation (LAI) mentaires d’évaporation et de concentration, ainsi que sur les
fixées pour les travailleurs. modalités de rejets liquides et gazeux [7]. L’encadré 9 donne
l’exemple de ces modalités dans le cas du retraitement à l’usine de
Ces différentes expositions externe et interne s’ajoutent aux
La Hague.
expositions dues à la radioactivité naturelle. Le niveau de la radio-
activité naturelle est variable en fonction du site et de sa géologie ;
il est en général pris inférieur à 1 mSv/an.
3.5 Surveillance de l’environnement

3.3 Autorisations de rejets d’effluents La protection de notre environnement est un sujet de


radioactifs liquides et gazeux préoccupation du public. L’énergie nucléaire est et reste, malgré les
craintes et les oppositions qu’elle suscite, une solution d’avenir
pour la production d’énergie dont les besoins mondiaux croissent
Ces autorisations justifient de deux procédures administratives rapidement. La matière nucléaire est également présente dans notre
[5] [6] similaires mais indépendantes. société au travers du domaine médical, de la recherche et de
L’exploitant doit adresser une étude préliminaire [7] d’impact de l’industrie. Cela implique bien sûr la parfaite maîtrise de ces
son installation aux ministres chargés de l’Environnement et de activités : la radioprotection est, au même titre que la sûreté, une
l’Industrie, au plus tard lors du dépôt de la demande d’autorisation des composantes de l’acceptation de l’énergie nucléaire par le
de création (article Réglementation de la sûreté nucléaire [B 3 815] public.
dans le présent traité). Cette étude a pour but de préparer l’instruc- Suivant sa sensibilité, le public est essentiellement préoccupé par
tion de la demande d’autorisation de rejets. Elle comporte l’indica- les trois thèmes ci-après :
tion de la nature, de l’importance et des modalités des rejets liés — les rejets radioactifs, en particulier les rejets liquides dans les
au fonctionnement normal de l’installation ainsi que toutes les infor- cours d'eau ou les océans ;
mations disponibles concernant les autres rejets radioactifs exis- — les déchets radioactifs, qu’ils proviennent du fonctionnement
tants ou prévus. des installations ou de leur démantèlement. Le devenir des déchets
Après avoir fait éventuellement compléter cette étude, les à vie longue provenant du retraitement du combustible est un sujet
ministres chargés de l’Environnement et de l’Industrie la trans- particulier d’inquiétude ;
mettent aux autres ministres concernés, en particulier au ministre — la surveillance de l'environnement.
chargé de la Santé qui recueille l’avis de l’OPRI. L’ensemble des

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Encadré 7 – Transferts en milieu marin dans l’usine de retraitement de La Hague


Les activités des radionucléides rejetés en mer par les effluents diffusion en milieu marin. Une des applications directes sur
de l’établissement sont soumises à des réglementations qui défi- l’exploitation de la station de traitement des effluents de La
nissent les enveloppes maximales autorisées. Ces autorisations de Hague a été l’adaptation de la période de rejet par rapport à
rejets délivrées par arrêté en 1980 ont été complétées en 1984 par l’heure de pleine mer.
des exigences concernant la dilution des effluents en mer (1). Ces rejets s’effectuent dans le raz Blanchard qui est le
Les différents radionucléides ainsi rejetés peuvent après dilution siège de courants violents permettant la dilution rapide et
ou sédimentation remonter jusqu’à l’homme par la faune ou la efficace.
flore aquatique. Le travail consiste donc, d’une part, à surveiller La conjugaison de la modélisation et des mesures quantita-
que, compte tenu des radionucléides et de leurs natures tives de la distribution des traceurs radioactifs apporte la vali-
chimiques, les facteurs de dilution attendus sont bien vérifiés et, dation aux modèles physiques et permet de définir des lois
d’autre part, que ces radionucléides, comme prévu dans le cadre qui régissent la dispersion des rejets. Les conséquences de
de l’étude d’impact, ne se retrouvent pas en quantités significa- ces investigations fournissent une estimation quantitative de
tives dans les différents éléments constitutifs de la chaîne l’impact de l’usine et de son faible niveau de risque associé.
alimentaire. L’impact radiologique des rejets à travers l’eau de mer, les
Les phénomènes de dispersion des rejets en mer font l’objet sédiments et les espèces animales consommées (poissons,
d’une collaboration étroite avec le Laboratoire de radioécologie crustacés, mollusques, etc.) fait l’objet d’un programme de
marine de l’IPSN. La grande précision des mesures de radio- surveillance permanente en collaboration avec la Marine
activité, le choix judicieux des marqueurs spécifiques ont permis nationale, établi sous l’autorité du ministère de la Santé
d’améliorer la connaissance des courants et des phénomènes de (OPRI).

(1) Journal Officiel 9610 NC du 1er novembre 1980.


Journal Officiel 3363 NC du 10 avril 1984.

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Encadré 8 – Arrêtés d’autorisation relatifs Encadré 9 – Modalités de rejets gazeux et liquides


aux rejets gazeux et liquides dans l’usine de retraitement de La Hague
pour l’usine de retraitement de La Hague
Rejets gazeux
L’arrêté d’autorisation fixe les limites et les modalités d’exé- Nature des rejets : ce sont les radionucléides en suspension
cution des rejets d’effluents radioactifs que l’exploitant est auto- dans les gaz ou les vapeurs et provenant généralement d’opéra-
risé à effectuer ainsi que les mesures de contrôle qu’il est tenu tions générant des poussières et liées tout particulièrement aux
d’assurer. phases mécaniques du procédé. De même, des aérosols
Dispositions générales radioactifs peuvent se former par fixation d’éléments radioactifs
Conformément aux prescriptions de l’arrêté, l’établissement sur des poussières inactives préexistantes. L’efficacité des
de La Hague dispose : traitements d’épuration varie en fonction de la nature physico-
— d’un laboratoire de contrôle des effluents et d’un labora- chimique des éléments.
toire des mesures de l'environnement, séparés, dont les appa- Les rejets sont neutres. Du fait de l’efficacité élevée du
reils et les techniques de mesure sont choisis en accord avec piégeage des vapeurs nitreuses, seules quelques traces de ces
l’OPRI ; vapeurs pourraient s’y trouver. Leur température est de l’ordre
— de deux véhicules laboratoires tout terrain, dont l’équipe- de 20 à 30 oC.
ment est fixé par l’OPRI et qui sont maintenus en état d’inter- Dispositifs de contrôle et point de rejet : tous les rejets
vention à l’intérieur et à l’extérieur du site quelles que soient les d’effluents gazeux s’effectuent en continu à débit sensiblement
circonstances ; constant. Des cheminées assurent le rejet des évents provenant
— d’une permanence en radioprotection. de la ventilation des appareils de procédé et de l’air issu des
L’exploitant transmet chaque mois à l’OPRI, les feuillets cellules actives où existent des risques de dissémination de
numérotés des quatre registres réglementaires qui sont signés substances radioactives. Ces effluents contiennent la quasi-
par le directeur de l’établissement, ce qui engage sa totalité des activités rejetées. Les deux usines UP3 et UP2 800
responsabilité : sont dotées chacune d’une cheminée dont le point de rejet est
situé à 100 m au-dessus du niveau du sol.
— registre de maintenance et d’étalonnage des appareils de
Contrôle des émissaires de rejet :
mesure ;
— en continu : débit ; activités volumiques des gaz, α et β
— registre des états quotidiens des rejets liquides ;
totales des aérosols ;
— registre des états des rejets gazeux ;
— en différé, à partir de prélèvements continus : activités volu-
— registre des résultats de mesures d’environnement.
miques en tritium, en iode, α et β totales des aérosols.
Il transmet également à l’OPRI des prélèvements et l’informe
de tout incident pouvant avoir des répercussions sur le plan de Rejets liquides
la radioprotection. Nature des rejets : les effluents radioactifs acheminés vers
L’OPRI effectue de son côté ses propres prélèvements et les stations de traitement des effluents sont rejetés en mer
mesures et peut à tout moment pénétrer dans l’établissement après traitements et contrôles.
pour vérifier les registres et les conditions de rejet. Si l’OPRI Dispositif de contrôle et point de rejet : sur la canalisation de
constatait une infraction caractérisée aux conditions fixées par rejet des effluents, est installé par mesure de précaution, un
l’arrêté d’autorisation de rejet, il en informerait immédiatement contrôle de la radioactivité avec enregistrement et signal
le ministre chargé de la Santé et le ministre chargé de l’Industrie d’alerte arrêtant le rejet.
afin qu’ils prennent les dispositions ressortissant à leurs respon- Les rejets des effluents traités s’effectuent en mer par une
sabilités respectives. conduite dont la partie terrestre a une longueur de 2 500 m et
Rejets gazeux une partie marine de 5 010 m. Le point de rejet est situé à
Les limites annuelles de rejet sont : 1 700 m de la côte, à la cote – 28 m du nivellement général de la
480 000 TBq pour les gaz autres que le tritium France. La contenance de la partie marine de la conduite est
2 200 TBq pour le tritium d’environ 200 m3.
110 GBq pour les halogènes Procédure de rejet et mesures effectuées : chaque rejet uni-
74 GBq pour les aérosols taire en mer est soumis à l’autorisation du chef de Service de
Rejets liquides prévention et de radioprotection (SPR), par délégation du direc-
L’exploitant prend toujours les dispositions nécessaires afin teur de l’établissement. Cette autorisation est accordée après
d’étaler les rejets liquides en vue de leur diffusion la plus grande examen des résultats des analyses opérées sur un prélèvement
possible, et les activités volumiques moyennes quotidiennes préalable et dans les limites des autorisations délivrées par les
ajoutées après dilution ne doivent pas dépasser, à un kilomètre autorités compétentes.
du point de rejet : Les échantillons d’effluents font l’objet des mesures
4 000 Bq/L pour le tritium préalables suivantes : activités volumiques α, β et tritium,
200 Bq/L pour les radionucléides autres que le tritium spectrométrie γ quantitative et mesures du pH. Elles font
Aucun rejet n’est effectué sans une analyse préalable en labo- également l’objet des mesures complémentaires suivantes :
ratoire portant sur un échantillon représentatif de la totalité du activités volumiques en 90Sr, en 238 Pu, 239Pu, 240Pu et dosage
volume rejeté et après homogénéisation. Les conditions mini- de l’uranium.
males du contrôle des rejets et de la surveillance de l’environne- La période favorable pour atteindre une dilution maximale
ment sont définies par I’OPRI. des rejets d’effluents actifs déterminée par rapport aux heures
Les limites annuelles de rejet sont : de marée est située entre 2 h 30 avant la pleine mer et une
37 000 TBq pour le tritium demi-heure après, soit une durée de rejet de 3 h. L’opération de
1 700 TBq pour les émetteurs β autres que le tritium rejet d’effluents à vérifier s’effectue sans condition particulière
220 TBq pour le strontium 90 et le césium 137 d’horaire.
1,7 TBq pour les émetteurs α

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Pour ce dernier point, le programme de surveillance de l’environ- résultats des prélèvements effectués hors site du mois précédent
nement autour de chaque établissement fait l’objet de prescriptions selon la procédure indiquée dans l’encadré 11 dans le cas de I’usine
dans les arrêtés d’autorisation. de La Hague. (0)
L’exemple du programme de l’usine de La Hague est détaillé dans
l’encadré 10. Les moyens de surveillance et de contrôle peuvent se
diviser en deux catégories du point de vue de leur exploitation :
— surveillance en continu, qui permet en cas d’évolution d’un 4. Situation accidentelle
paramètre d’engager rapidement les actions correctives. Le grand
nombre de mesures a nécessité une centralisation à un poste de Un accident nucléaire engendre une exposition externe et interne
contrôle de l’environnement. Ce contrôle s’exerce sur les rejets des travailleurs de l’installation et éventuellement du public
gazeux, les réseaux gravitaires et les paramètres météorologiques ; environnant. Ces expositions sont dues soit à l’installation elle-
— surveillance en différé, qui permet au moyen de prises même qui constitue une source d’exposition externe, soit aux rejets
d’échantillons dans l’environnement et d’analyses en laboratoire de essentiellement gazeux qui sont émis, de manière concertée et
compléter la surveillance et les bilans. Le contrôle consiste à différée ou de manière brutale, à l’extérieur de l’installation.
prélever de façon systématique dans l’environnement des échan-
tillons significatifs qui sont ensuite analysés par le Laboratoire de Il est habituel de distinguer :
l’environnement du service de radioprotection. Cette surveillance — les accidents de portée restreinte, qui ne concernent que
préventive permet d’élaborer des bilans précis. (0) quelques personnes, atteintes le plus souvent au cours d’activités
professionnelles ;
Afin de garantir l’innocuité des activités liées à la manipulation
— les accidents de grande portée qui, par leur nature et les
des sources et matières radioactives, la réglementation nationale
circonstances dans lesquelles ils se sont produits, peuvent causer
et internationale a édité un ensemble important de prescriptions en
de nombreuses victimes et justifier la prise de mesures de sécurité
matière de pratiques et de contrôles. Ainsi, indépendamment de
au niveau de la population (par exemple, Tchernobyl en 1986).
l’exploitant, des contrôles sont réalisés par l’OPRI qui est chargé de
pratiquer toutes les mesures, analyses ou dosages permettant la Le rôle de l’exploitant nucléaire face au risque accidentel est de
détermination de la radioactivité ou des rayonnements ionisants mettre en place les moyens de prévention contre les accidents,
dans les divers milieux où leur présence peut présenter un risque organiser et prévoir la gestion de l’accident qui lui incombe au
pour la santé de la population ou celle des travailleurs. L’OPRI niveau de son propre site et dans le cadre d’une organisation
contrôle également l’observation des prescriptions réglementaires nationale.
de radioprotection.

4.1 Prévention contre les accidents


3.6 Information du public
Elle est fondée sur la sûreté des installations avec :
L’information du public, en ce qui concerne les activités nucléaires — l’utilisation de matériels fiables ;
et en particulier les rejets radioactifs, correspond à une volonté du — des dispositifs de signalisation adaptés ;
gouvernement, dans le cadre de sa politique de transparence sur — la formation en radioprotection du personnel ;
la radioactivité dans l’environnement. Depuis 1989, les exploitants — le respect des consignes de sécurité ;
nucléaires ont la possibilité de diffuser, sous leur propre responsa- — les contrôles périodiques qui doivent garantir le bon fonction-
bilité, les informations concernant leurs activités. Cette information nement des appareils (en particulier, suite à leur modification).
s’adresse à l’ensemble des personnels d’exploitation et d’agents
d’entreprises extérieures, ainsi qu’aux autorités de tutelle.
La communication doit également être réalisée vers le grand 4.2 Documents de référence
public et au travers des commissions locales d’information ; cette
information vers les médias et le public doit être pédagogique.
L’organisation des actions et des secours doit être prévue et
■ Information de l’OPRI : 36 14 - code TELERAY décrite dans des documents de référence.
Le réseau national de surveillance radiologique du territoire lancé ■ À l'intérieur du site : le plan d'urgence interne (PUI) a pour objet
en 1991 par l’OPRI, TELERAY, répond de façon exemplaire au souci de permettre à l’exploitant d’évaluer la nature et l’évolution
de la transparence voulue par le gouvernement pour l’information prévisible de l’accident, de prendre toutes les dispositions nécessai-
continue de la population sur les rayonnements et l’énergie res pour assurer la protection du personnel, le secours aux blessés,
nucléaire. Cette réalisation est sans équivalent à l’étranger. le traitement des agents contaminés, de limiter les conséquences de
Le serveur présente les mesures d’irradiation d’un certain nombre l’accident, de replacer l’installation dans l’état de sûreté le meilleur
de points géographiques du territoire français et de pays étrangers. possible et d’informer les pouvoirs publics. Le PUI est de la respon-
Les stations de mesures TELERAY équipent les préfectures de sabilité de l’exploitant.
France, les aéroports, les sites nucléaires (CEA, EDF et COGEMA),
■ À l'extérieur du site : le plan particulier d'intervention (PPI) est
les hauts sommets ainsi qu’un certain nombre de villes d’outre-mer
destiné à apporter à l’exploitant l’appui de moyens d’intervention
ou de pays voisins (Belgique, Grande-Bretagne, îles Anglo-
extérieurs et à protéger les populations au cas où celles-ci
Normandes, Allemagne, Suisse, Italie, Espagne, etc.).
viendraient à être menacées. Le déclenchement du PPI met en jeu
■ Information de l’IPSN : 36 14 - code MAGNUC les structures et moyens classiques liés au dispositif ORSEC
général. Le PPI est de la responsabilité du préfet. Ces documents
Géré par l’IPSN, ce serveur accessible par Minitel présente
différentes informations sur les sites nucléaires français (CEA, EDF publics, élaborés par les préfets, sont regroupés en vertu de la loi
et COGEMA). Les résultats d’analyses effectuées sur les échantillons Sécurité civile du 22 juillet 1987, avec les plans d’organisation des
secours (plans ORSEC) et les plans d’urgence adaptés à la spécificité
de l’environnement (mesures différées) y sont présentés. En parti-
de certains risques (plans ORSECRAD départementaux).
culier, les exploitants diffusent chaque mois l’ensemble des

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Encadré 10 – Programme de surveillance de l’environnement de l’usine de retraitement de La Hague


Surveillance en continu par des mesures , et gaz en irradiation ambiante dans les stations périphériques et extérieures.

Surveillance en différé : prélèvement de 23 000 échantillons par an en 820 points différents pour 79 000 analyses. Elle repose sur le
contrôle des trois familles de transferts de la radioactivité vers la chaîne alimentaire ou biologique : transferts atmosphériques, hydro-
géologiques ou marins.
Surveillance terrestre Surveillance marine
(points de prélèvements d’herbe)

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Encadré 11 – Diffusion des résultats de l’usine de retraitement de La Hague


La diffusion des résultats liés à la sur-
veillance de l’environnement est importante,
outre la diffusion aux organismes officiels.
L’établissement publie ses résultats à l’inten-
tion du public.
Diffusion permanente :
— vers la Commission spéciale permanente
d’information de l’établissement de
La Hague (CSPI) ;
— vers les élus locaux à travers une plaquette
mensuelle regroupant de façon synthé-
tique l’ensemble des mesures sur l’envi-
ronnement (maires du district, députés,
président du district, président du conseil
général) ;
— vers la presse locale et régionale (la Presse
de la Manche, La Manche libre, Ouest-
France) ;
— vers les représentants du gouvernement
(préfecture de la Manche) ;
— vers le grand public au travers d’une borne
de communication interactive. Cette borne
est implantée au centre d’information de
La Hague et au centre culturel de
Cherbourg. Elle permet au grand public
d’accéder de façon simple aux résultats
journaliers des stations de l’environne-
ment et à tous les résultats mensuels. Des
informations sur les activités de COGEMA
et particulièrement sur le retraitement-
recyclage sont également disponibles.
Diffusion ponctuelle :
— dans le cadre des visites de l’établis-
sement, le PC environnement est présenté.
Chaque visiteur reçoit une documentation ;
— de nombreux articles centrés sur la sur-
veillance de l’environnement sont publiés
par des associations spécialisées : SFEN
(Société française de l’énergie nucléaire),
ATSR (Association pour les techniques et
sciences de la radioprotection), SFRP
(Société française de la radioprotection).

4.3 Gestion de la crise — Mesurer l’exposition : l’évaluation de la radioactivité ambiante


peut être déterminée d’après des mesures effectuées en temps réel
sur le terrain ou par des calculs prévisionnels des conséquences
4.3.1 PC direction et équipe locale de crise radiologiques de l’accident en fonction du terme source. Les
mesures sur le terrain sont pratiquées le plus tôt possible après le
Dans l’installation accidentée, s’organise un Poste de début des rejets par les équipes de détection renforcées d’une ou
commandement direction (PCD) et une équipe locale de crise qui de plusieurs cellules mobiles d’intervention radiologique (CMIR),
s’intègrent dans l’organisation nationale de crise (article Organisa- qui sont sur place et interviennent très précocement, immédiate-
tion opérationnelle en cas d’urgence nucléaire ou radiologique ment après celles de l’installation nucléaire.
[B 3 870], dans le présent traité).
— Prévoir l’évolution et les conséquences radiologiques : l’éva-
La radioprotection du site accidenté a pour mission d’évaluer le luation des conséquences radiologiques est fondée sur l’intro-
terme source et de prendre toutes les mesures pour éviter et limiter duction, dans un modèle de dispersion atmosphérique adapté au
les conséquences de l’accident pour l’homme et pour l’environne- site, de différents paramètres estimant l’importance et la
ment. Ainsi, la radioprotection participe pleinement à toutes les composition des rejets (teneur en iode en particulier) et définissant
phases de gestion de la crise à la demande des autorités civiles. les conditions météorologiques locales. Elle est de la responsabilité
de l’IPSN, support technique des ministères de l’Industrie et de
l’Environnement.
4.3.2 Rôle du service compétent en radioprotection — Proposer les contre-mesures : la proposition des contre-
mesures est de la responsabilité de l’OPRI pour le ministère de la
Le service compétent en radioprotection agit pour le compte du
Santé. Elle est fondée sur le concept de niveaux d’intervention rela-
PCD du site accidenté. Certaines de ses actions sont de sa tifs` à l’exposition estimée du public et définis dans la CIPR 63.
responsabilité totale (mesure des expositions), d’autres viennent en
complément des actions engagées par les ministères.

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Diverses contre-mesures dont la décision finale appartient au préfet 4.3.3 Communication en cas d’accident
peuvent être envisagées :
— l’interdiction de pénétration dans certaines zones ; Elle est de la responsabilité de l’exploitant et s’exerce lors de la
— l’évacuation ; publication de son PPI (relatif à son installation), dès l’alerte et tout
— le confinement ; au long de la crise.
— l’administration d’iode stable ;
— les restrictions de consommation ;
— la décontamination des personnes ;
— la décontamination des sols et des voies de circulation.

Références bibliographiques

Réglementation [3] Décret no 86-1103 du 2 octobre 1986 relatif à la [6] Décret no 74-1181 du 31 décembre 1974
protection des travailleurs contre les dangers modifié par le décret no 95-540 du 4 mai 1995
[1] Directives du Conseil des communautés euro- des rayonnements ionisants modifié par les relatif aux rejets d'effluents radioactifs
péennes du 15 juillet 1980 et du 3 septembre décret no 88-662 du 6 mai 1988 et no 91-963 du liquides et aux prélèvements d'eau des instal-
1984 portant modification des directives fixant 19 septembre 1991. lations nucléaires de base.
les normes de base relatives à la protection [4] Décret no 75-306 du 28 avril 1975 relatif à la [7] Arrêté no 76/08/10 du 10 août 1976 relatif aux :
sanitaire de la population et des travailleurs protection des travailleurs contre les dangers — études préliminaires en vue de la demande
contre les dangers résultant des rayonne- des rayonnements ionisants dans les installa- d'autorisation de rejets gazeux ou liquides ;
ments ionisants. tions nucléaires de base (modifié par le décret — conditions d'enquête publique prévues par
[2] Décret no 66-450 du 20 juin 1966 modifié par no 88-662 du 6 mai 1988). l'article 5 du décret no 74-945 ;
le décret no 88-521 du 18 avril 1988 relatif aux [5] Décret no 74-945 du 6 novembre 1974 modifié — limites et modalités de rejet des effluents
principes généraux de protection contre les par le décret no 95-540 du 4 mai 1995 relatif radioactifs gazeux ou liquides.
rayonnements ionisants. aux rejets d'effluents radioactifs gazeux.

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