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Utilisation des explosifs

dans le génie civil

par Roger THIARD


Docteur ès Sciences
Directeur Technique à Nobel Explosif France
et Alain BLANCHIER
Ingénieur de l’École Centrale Lyonnaise
Docteur Ingénieur en Géotechnique
Ingénieur à la Société Explo-Tech

1. Rappels généraux sur les explosifs..................................................... C 5 420 - 2


1.1 Effets des explosifs...................................................................................... — 2
1.2 Caractéristiques principales des explosifs utilisés en construction ........ — 3
1.2.1 Présentation ........................................................................................ — 3
1.2.2 Caractéristiques pratiques des explosifs .......................................... — 5
1.3 Artifices de mise à feu et amorçage........................................................... — 6
2. Mise en œuvre des explosifs ................................................................ — 7
2.1 Technique générale de foration.................................................................. — 7
2.2 Techniques d’amorçage .............................................................................. — 8
2.2.1 Mise en détonation de l’explosif ....................................................... — 8
2.2.2 Transmission de l’ordre de détonation ............................................. — 8
2.2.3 Retards................................................................................................. — 10
2.2.4 Sécurité. Fiabilité ................................................................................ — 10
2.3 Technique particulière par type de chantier .............................................. — 10
2.3.1 Tirs en gradins .................................................................................... — 10
2.3.2 Tirs de masse ...................................................................................... — 12
2.3.3 Tirs de tranchées................................................................................. — 13
2.3.4 Tirs souterrains ................................................................................... — 14
2.3.5 Tirs de découpage .............................................................................. — 15
2.3.6 Tirs sous l’eau ..................................................................................... — 16
2.3.7 Tirs de démolition ............................................................................... — 17
2.3.8 Tirs spéciaux ....................................................................................... — 18
3. Problèmes de sécurité de l’environnement...................................... — 18
3.1 Réglementation............................................................................................ — 18
3.1.1 Acquisition .......................................................................................... — 18
3.1.2 Transport en circulation ..................................................................... — 18
3.1.3 Stockage .............................................................................................. — 18
3.1.4 Utilisation ............................................................................................ — 18
11 - 1990

3.1.5 Sécurité................................................................................................ — 19
3.2 Nuisances ..................................................................................................... — 19
4. Aspect économique................................................................................. — 20
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 5 420
C 5 420

es explosifs utilisés dans les travaux publics et la construction sont sensible-


L ment équivalents à ceux utilisés dans les autres domaines de l’industrie, en
particulier dans les carrières et les mines.
Cependant, il paraît utile de résumer et surtout d’actualiser les informations
données.

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1. Rappels généraux Le transfert de l’énergie de choc de l’explosif vers la roche se fait


d’autant mieux que le massif est peu déformable (module d’Young
sur les explosifs ou vitesse de propagation des ondes sismiques élevés). L’absence
d’air ou d’eau entre le rocher et l’explosif, c’est-à-dire un couplage
parfait de l’explosif au rocher, favorise également ce transfert.
1.1 Effets des explosifs L’onde émise est, pour l’essentiel, une onde de compression
radiale à la source dans le cas d’une onde sphérique correspondant
L’action de l’explosif dans un massif rocheux peut être à une source ponctuelle. Cette onde directe peut excéder, au voisi-
caractérisée par la succession, voire la superposition, de plusieurs nage immédiat de la charge explosive, la résistance mécanique de
phénomènes (figure 1). la roche et provoquer quelques ruptures.
Lors de la détonation d’un explosif, une onde de choc (onde de
contraintes) se développe dans l’explosif et se propage dans les
milieux connexes.

Figure 1 – Action de l’explosif dans un massif rocheux

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Dans le cas d’une onde sphérique, cette onde radiale en compres- — facilité de mise en œuvre ;
sion s’accompagne d’une onde transversale en traction. La résis- — coût.
tance en traction des roches est très inférieure à celle en compression Pour le reste, le plus difficile est de créer un nombre de surfaces
et l’onde transversale crée une fissuration radiale souvent libres suffisant pour favoriser le travail primordial de l’onde de choc.
importante.
À ce titre, la géométrie du volume de roche à extraire par le tir
Lorsque l’onde de compression directe rencontre une surface de est un facteur déterminant (figure 2). Elle est le plus souvent imposée
réflexion, par exemple une interface roche-air, elle se réfléchit en par le phasage des travaux, lui-même déterminé dans la phase
une onde de traction. Cette dernière est également susceptible de initiale de conception du chantier.
créer une fissuration à l’intérieur du massif rocheux si la distance
de la source à la surface de réflexion est suffisamment faible. Le facteur le plus important pour optimiser un tir, après la géo-
métrie du volume à extraire, est l’amorçage : un choix judicieux de
Toutes les discontinuités internes d’un massif rocheux constituent retards entre les départs de trous permet de générer, pendant le tir,
des surfaces de réflexions potentielles, mais elles sont souvent peu des surfaces libres intermédiaires, quelques millisecondes avant
actives. La surface et les parois rocheuses, appelées surfaces libres, d’induire leur effet.
sont les surfaces les plus actives.
Les discontinuités internes du massif réfléchissent partiellement
l’onde et accroissent son absorption. La répartition de la fracturation
est alors modifiée, la densité de fissuration étant plus importante 1.2 Caractéristiques principales
aux abords des premières discontinuités. La porosité de la matrice des explosifs utilisés en construction
rocheuse joue, à cet égard, le même rôle que les discontinuités du
massif.
La détonation s’accompagne, outre l’onde de choc, de la produc- 1.2.1 Présentation
tion d’une grande quantité de gaz à haute température. Si l’explosif
est confiné au moment de la détonation, les gaz engendrent des Six grands types d’explosifs sont disponibles sur le marché
pressions considérables. français. Ceux-ci sont présentés dans l’ordre chronologique de leur
L’onde de choc provoque, nous l’avons vu, une fissuration impor- apparition en France et leur composition est donnée succinctement
tante au sein d’un massif rocheux. Néanmoins, celle-ci est réalisée dans le tableau 1.
en « pointillé » et est généralement insuffisante pour rompre totale- ■ Les dynamites contiennent de 10 à 90 % de nitroglycéroglycol
ment la roche. Les gaz de détonation, par contre, s’infiltrent dans (NGL), mélange de nitroglycérine et de dinitroglycol. C’est la
les fissures ouvertes du massif affaibli et les agrandissent. proportion de dinitroglycol qui assure la qualité antigel d’une
Les fissures, initialement disjointes, se relient et délimitent ainsi dynamite. Les autres composants sont des combustibles (tourbe,
une nouvelle « blocométrie » du massif rocheux. farine de bois, aluminium, etc.) et des comburants (nitrate
Le taux d’énergie de gaz utilisé pour la fragmentation augmente d’ammonium). Selon le taux de nitroglycéroglycol, on distingue :
avec la densité de fissuration du massif. — les dynamites plastiques ou dynamites gommes, contenant
Enfin, lorsqu’une surface libre est proche, les gaz se détendent plus de 20 % en masse de NGL gélatinisé par du coton azotique ;
brutalement dans l’air, entraînant avec eux les blocs rocheux. — les dynamites pulvérulentes, contenant moins de 10 à 20 %
de NGL et qui se présentent sous forme de matière pulvérulente ;
Les discontinuités, lorsqu’elles sont ouvertes et relient le trou de ces dernières tendent à disparaître du marché français.
mine et l’extérieur du massif, constituent un exutoire privilégié
pour les gaz. On peut éviter la perte d’énergie correspondante en Les dynamites sont commercialisées en cartouches de diamètres
interposant un bourrage entre l’extérieur et la charge explosive. compris entre 25 et 90 mm en standard disponible. Leur masse varie
entre 50 g et 5 kg. Les étuis sont généralement en papier pour les
La nature du massif rocheux intervient donc, à chaque stade, sur petits diamètres et en matière plastique pour les autres diamètres.
le comportement des différents phénomènes évoqués
précédemment. ■ Les explosifs nitratés sont à base de nitrate d’ammonium (80 %
environ en masse) et d’un explosif pur (trinitrotoluène seul ou
■ Optimisation du fonctionnement et effet de l’explosif mélangé avec de la pentrite). Ils sont présentés sous la même forme
Optimiser le fonctionnement signifie favoriser le développement que les dynamites.
des différents processus précédemment décrits.
■ Les nitrates-fiouls sont constitués de nitrate d’ammonium et
Il faut en premier lieu choisir un explosif adapté au massif et aux d’huiles minérales, en général du fioul domestique, dans une
objectifs du tir. Comme nous le verrons plus loin, le choix de l’explosif proportion voisine de 94 % de nitrate d’ammonium, 6 % de fioul par
prend en considération d’autres facteurs : exemple.
— résistance à l’eau ;

Figure 2 – Configurations idéales pour l’abattage

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Tableau 1 – Composition type des principaux explosifs industriels


Types d’explosifs Composition type Pourcentage
Nitroglycéroglycol 20 à 90
Nitrate d’ammonium 10 à 60
plastiques Coton azotique 1 à 5
ou gommes Farine de bois 2 à 6
Dinitrotoluène 0 à 7
Aluminium 0 à 8
Dynamites
Nitroglycéroglycol 10 à 15
Nitrate d’ammonium 30 à 80
Coton azotique ≈1
pulvérulentes
Farine de bois 2 à 10
Sel 0 à 50
Tourbe 0 à 5
Trinitrotoluène 10 à 15
Nitrate d’ammonium 65 à 85
Explosifs nitratés Farine de bois 0 à 5
Stéarate de calcium ≈1
Sel 0 à 20
Nitrate d’ammonium ≈ 94
ordinaires
Fioul ≈6
Nitrates-fiouls Nitrate d’ammonium 88 à 92
à l’aluminium Fioul 3 à 5
Aluminium 5 à 10
Eau 8 à 15
Nitrate d’ammonium, de sodium ou de calcium 35 à 60
Bouillies. Gels
Sensibilisant (explosif aluminium, nitrate de monométhylamine, billes de verre) 5 à 40
Divers (gélifiant, allégeant, réticulant, mouillant, fioul) 2 à 5
Eau 8 à 15
Nitrates minéraux 70 à 80
Émulsions. Nitrates-fiouls alourdis
Huiles diverses 4 à 10
Sensibilisant (chimique ou billes de verre) 0,2 à 5

La qualité du nitrate, et en particulier sa porosité, joue un rôle ■ Les nitrates-fiouls alourdis sont les explosifs de la génération
important sur les performances du nitrate-fioul. la plus récente. Ils sont constitués par du nitrate-fioul (25 à 75 %)
Dans certains cas, les nitrates-fiouls peuvent contenir de la poudre enrobé dans une matrice d’explosif d’émulsion (25 à 75 %), dont le
d’aluminium, ce qui les rend plus énergétiques. rôle est d’améliorer les performances et la résistance à l’eau du
nitrate-fioul.
Ils sont conditionnés, uniquement en vrac, en sacs de papier multi-
couches de 25 kg. Les nitrates-fiouls alourdis sont surtout utilisés en vrac. Ils se
présentent sous la forme :
■ Les gels ou les bouillies sont constitués d’un mélange de sels — de produits granulaires plus ou moins collants lorsque la
« comburants », généralement des nitrates minéraux dissous dans proportion de nitrate-fioul est supérieure à 40 % ; dans ce cas, leur
l’eau, et d’une phase combustible parfois soluble dans l’eau (sucre - chargement en vrac s’effectue par gravité ;
glycol - aluminium). — de pâtes plus ou moins visqueuses contenant des granulés
L’ensemble est épaissi par un agent gélifiant qui donne au produit épars de nitrate-fioul lorsque la proportion de nitrate-fioul est
l’aspect voulu (bouillie fluide pompable en vrac, ou explosifs pâteux inférieure à 40 % ; dans ce cas, leur chargement en vrac s’effectue
en cartouches) et maintient les produits non solubles en suspension. par pompage.
Les mélanges sont rendus réellement explosifs par la présence Ces produits, généralement assimilés à la catégorie des
d’un agent sensibilisant : émulsions, sont préparés sur les lieux d’utilisation à partir des
— nitrate organique pour les explosifs dénommés Sigmagels ou constituants de base : nitrate d’ammonium, fioul domestique,
Titagels ; émulsion, et éventuellement sensibilisant. Cette préparation s’effec-
— aluminium qualité peinture pour les explosifs dénommés tue à bord d’un camion, amené sur la plate-forme de tir, assurant
Gelsurite 2000, Gelsurite 3000 et Iremite 110. en continu la fabrication de l’explosif et son chargement dans le trou
de mine.
■ Les émulsions sont des mélanges intimes de nitrates minéraux
en solution aqueuse dispersés en gouttelettes très fines (de taille ■ La présentation des explosifs, pour être complète, doit
inférieure au micromètre) dans une phase combustible liquide. mentionner trois explosifs spéciaux particulièrement utilisés sur
les chantiers de travaux publics :
Ces émulsions sont sensibilisées par la présence de bulles
gazeuses bien dispersées ; ces bulles peuvent être produites par un — la Cisalite, gel allégé présenté sous forme de chapelet de car-
agent chimique ou introduites sous forme de billes de verre creuses. touches de diamètre 25 mm (en boudins, avec cordeau latéral) ; elle
est utilisée pour les travaux de découpage ou de prédécoupage ;

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— le Cisalex, explosif nitraté allégé présenté sous forme de convenable de l’énergie réelle disponible d’un explosif, prenant en
cartouches rigides de diamètre 13 ou 17 mm emboitables avec compte son rendement ;
centreurs et espaceurs ; cet explosif est utile pour les travaux de — la mesure de la vitesse de détonation, assez précise, est
découpage en galerie et la démolition ; effectuée sur des échantillons non confinés de diamètre 30 mm pour
— le Boostex 65, relai d’amorçage de 350 g en explosif coulé les explosifs encartouchés, et sur des échantillons de diamètre
dont le pouvoir d’amorçage et la facilité d’emploi sont appréciés 36 mm confinés dans un tube d’acier ; il faut signaler que la vitesse
dans les travaux de minage. de détonation augmente avec le diamètre pour la plupart des explo-
sifs (de 10 à 50 % dans le cas extrême) ;
— le coefficient de self-excitation (CSE ) émane d’un test de
1.2.2 Caractéristiques pratiques des explosifs mesure de la distance moyenne de transmission de la détonation
entre de petites cartouches de diamètre 30 mm à travers un vide
Les performances des explosifs sont regroupées dans les d’air ;
tableaux 2 et 3 de présentation de chaque catégorie d’explosif. La — la résistance à l’eau est un critère fondamental dans le choix
signification de chaque caractéristique peut être résumée de l’explosif ; la présence d’eau dans les trous de mines réduit la
succinctement ainsi : sensibilité et l’énergie réelle des explosifs et, dans les cas extrêmes,
entraîne des ratés des explosifs.
— les résultats du tir au mortier balistique (TMB), test ancien
fournissant une indication approximative de l’énergie, ne sont pas Les caractéristiques précédentes sont soit déterminées par le
significatifs pour les explosifs récents ; par ailleurs, les résultats sont laboratoire officiel de la Commission des substances explosives, soit
fluctuants (des valeurs moyennes sont données dans les tableaux 2 extraites de fiches commerciales, soit issues de tests spécifiques
et 3) ; réalisés par certains laboratoires de fabricant. Dans les tableaux 2
— l’énergie théorique massique de détonation est issue d’un et 3, les explosifs sont classés dans l’ordre : catégorie, fabricant et
calcul thermodynamique de l’énergie théorique dégagée lors de énergie croissante.
l’explosion ; elle surestime les explosifs qui contiennent de En l’absence de valeur précise, nous avons dû, dans de nombreux
l’aluminium, la réaction de ce dernier n’étant pas totale ; cas, indiquer la fourchette de performances pour chaque catégorie
— l’énergie massique mesurée provient d’un test d’explosion d’explosif. Toutefois, cette information est suffisante pour permettre
réalisé sous l’eau dans une piscine ; ce dernier fournit une estimation à l’utilisateur d’effectuer un choix.
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Tableau 2 – Performances des explosifs encartouchés


Vitesse
Masse Énergie Énergie CSE
Types d’explosifs de TMB Résistance
volumique mesurée calculée (3)
(1) détonation (2) à l’eau
(g/cm3) (J/g) (m/s) (J/g) (cm)

Dynamites
NEF F 16  
F 19  
NB NC 2  4 000 3 000 126 4 650 8 
NC 1  ≈ 1,45 à à à à à  excellente
 4 400 6 300 133 5 000 10 
Tit Titadyne 25  
Titadyne 40  
Gels
NEF Gelsurite 2000 
Iremite 110  
Gelsurite 3000  
 1,15 2 700 3 500 90 2 900 3 
NB Sigma 6  
 à à à à à à  bonne
Sigma 605
 1,30 3 600 4 100 110 5 400 5 
Sigma 612 

Tit Titagel 1100  
Titagel 1300 
Nitrates
NEF N 40 R 1,10 3 200 4 700 112 4 150 6 
 moyenne
N 31 R 1,15 3 900 4 300 120 5 400 6 
Émulsions
NEF Iremite 1000 1,20 3 100 4 800 95 3 150 6 
Iremite 4000 1,20 3 700 4 800 110 4 500 6  excellente

(1) NEF Nobel Explosif France.
NB Nitro Bickford.
Tit Titanite.
(2) TMB tir au mortier balistique.
(3) CSE coefficient de self-excitation.
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Tableau 3 – Performances des explosifs en vrac


Masse Énergie Vitesse Énergie
Types d’explosifs volumique mesurée de détonation TMB calculée Résistance
(1) (g/cm3) (J/g) (m/s) (2) (J/g) à l’eau

Nitrate-fioul ordinaire

NEF D7 fioul NR 20      
     
NB Nitro D 7  ≈ 0,75  ≈ 2 700  ≈ 3 200  ≈ 115  ≈ 3 850  nulle
Tit Anfotite no 1      
     
NEF NF 4      
Tit Ferrolite  ≈ 0,85  ≈ 2 700  ≈ 2 500  ≈ 95  ≈ 3 850  nulle
     
Nitrate-fioul aluminium
     
NEF N 135      
NB Nitral  ≈ 0,85  ≈ 3 400  ≈ 3 000  ≈ 120  ≈ 4 700  nulle
Tit Anfotite no 3      
     
Émulsions
NEF Gelsurite EP 2 1,20 2 800 5 400 2 800 
NEF Gelsurite EP 10 1,20 3 300 5 400 3 650  excellente

Bouillie
NB Sigma 89 ≈ 1,2 4 200 116 bonne
Nitrate-fioul lourd
NEF Gemulsite 30 1,10  3 600 3 500 moyenne
NEF Gemulsite 50 1,30  2 850 3 800 3 300 bonne

(1) NEF Nobel Explosif France.
NB Nitro Bickford.
Tit Titanite.
(2) TMB tir au mortier balistique.

1.3 Artifices de mise à feu et amorçage Les détonateurs Nonel peuvent être reliés entre les trous par des
raccords de surface (dits raccords GT ), dont les retards actuels sont
de 25 ou 50 ms et vont passer à 17 ; 25 ou 42 ms. De tels retards
Les accessoires du tir sont fondamentaux dans la réussite d’un
tir. Il est nécessaire là aussi de résumer et de compléter. de surface peuvent permettre alors de mettre en place un seul déto-
nateur Nonel en fond de trou, par exemple 500 ms.
■ Les détonateurs initient une détonation dans les explosifs Dans tous les schémas de tirs, il y a alors lieu de tenir compte
contigus à l’aide d’une charge amorçante de 0,6 g de pentrite, de la durée de transmission du signal dans le tube qui se transmet
elle-même activée par un explosif primaire très sensible (capable de à une vitesse de 2 000 m/s.
passer d’une combustion ordinaire à une détonation).
L’énergie thermique nécessaire pour leur initiation est fournie ■ Les cordeaux détonants sont destinés à l’amorçage latéral, tout
essentiellement, aujourd’hui, par : le long du trou de mine, des explosifs.
— une perle d’allumage échauffée par un courant électrique Ils sont commercialisés aujourd’hui sous 4 formes :
(figure 3) ; — cordeau à 6,5 g /m de pentrite (Hericord ), uniquement pour
— la détonation d’un explosif confiné dans un guide d’onde de l’amorçage de dynamites et pour le raccord entre trous de
choc (un tube) ; ce système non électrique est commercialisé sous détonateurs Nonel (à la place de raccords GT instantanés) ;
le nom de Nonel en France. — cordeau à 10 g/m de pentrite, recommandé pour l’amorçage
des explosifs nitratés, des gels et des dynamites, et parfois des
Tous les détonateurs comportent une poudre retardatrice, dont la
durée de combustion s’échelonne : nitrates-fiouls les plus sensibles ;
— cordeau à 20 g/m de pentrite, recommandé pour l’amorçage
— pour les courts retards, de 0 à 2 000 ms par pas de : des gels et émulsions et de la plupart des nitrates-fiouls ;
• 25 ms pour les détonateurs no 1 à 20, — cordeaux à 40 g/m et 70 g /m de pentrite, surtout destinés aux
• 100 ms pour les détonateurs no 24 à 40, travaux de découpage en travaux publics.
• 200 ms pour les détonateurs no 48 à 80 ;
— pour les détonateurs à retard, par pas de 500 ms du no 1 au ■ Les exploseurs sont des appareils conçus pour alimenter
no 12. électriquement les circuits de tir. Ils sont, aujourd’hui, tous à
condensateur.
Les détonateurs permettent d’effectuer un amorçage ponctuel des
explosifs ; ceux-ci pourront être mis en fond de trou de chantiers
souterrains ou dans certains chantiers à ciel ouvert. L’amorçage
ponctuel permet d’obtenir généralement un meilleur rendement des
explosifs.

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La foration s’appuie sur deux principes :


— la rotation ;
— la rotopercussion.
La foration par rotation pure s’apparente à l’usinage sur
machine-outil. Selon le diamètre de foration, elle est réalisée avec
un outil à lame (∅ < 150 mm) ou avec un outil tricône (∅ > 150 mm).
Les efforts sont transmis à l’outil par l’intermédiaire d’un train de
tiges de diamètre important qui transmet la rotation et la poussée
sur l’outil.
La foration rotative avec tricône est utilisable quel que soit le type
de roche. Par contre, avec outil à lame, elle est limitée aux roches
à faible résistance en compression (< 100 MPa) et surtout faible
abrasivité (figure 4).
La foration par rotopercussion allie la percussion d’un marteau
(pour broyer la roche) à la rotation de l’outil pour dégager les débris.
Le marteau peut être en hors trou : la percussion est alors trans-
mise par l’intermédiaire du train de tiges. Ce dernier, soumis à des
efforts importants, est sujet au flambement, d’où une qualité médio-
cre de la foration.
Lorsque le marteau est placé dans le trou, le train de tiges n’inter-
vient que pour retenir et ultérieurement remonter le marteau. Par
contre, l’encombrement du marteau interdit son utilisation en deçà
du diamètre de foration de 102 mm.
Dans tous les cas, les débris de foration sont évacués par entraîne-
ment par un fluide foreur, généralement de l’air, amené par le train
de tiges.
Le massif rocheux influe sur la qualité et le coût de la foration,
et donc sur les choix possibles.
Le coût de la foration est lié à la vitesse d’avancement de la
foration et à l’usure des pièces.
La vitesse d’avancement diminue lorsque la résistance en
compression augmente. Elle diminue également lorsque le taux de
fracturation est trop élevé : des débris tombent et bloquent le taillant,
obligeant à ramoner le trou de mine.
L’usure des taillants et des tiges augmente avec l’abrasivité (teneur
en silice) de la roche. L’usure des tiges varie également avec les
efforts transmis.
La qualité de la foration dépend :
— du choix technique de foration ;
— de la précision d’implantation ;
— de la structure du massif.
Pour respecter les distances favorables au bon travail de l’explosif,
Figure 3 – Détonateur électrique la règle première est d’implanter correctement la foration
(positionnement en tête, orientation et valeur de l’inclinaison).
Pour multiplier les possibilités de « départ » des trous, ou séries Traditionnellement, l’implantation est déterminée par deux
de trous de mines, des exploseurs « séquentiels » sont disponibles. processus :
Ils sont particulièrement appréciés dans les grands chantiers et la — le décalage par rapport aux forations précédentes ;
démolition. Citons : — le plombage du front au fil à plomb.
— l’exploseur BM-20F-10-ST qui permet de disposer de 10 délais Compte tenu de la géométrie irrégulière du front liée aux réactions
de départ réglables de 1 à 199 ms. Le « pas » est alors fixé entre variables du massif à l’explosif, ces deux méthodes ne permettent
chaque séquence ; qu’une détermination souvent approximative de la position des
— l’exploseur BM-20F-10-PT qui permet de disposer de 10 délais trous.
de départ réglables de 1 à 999 ms. Le pas est, de plus, réglable, donc
variable entre chaque séquence. Des logiciels spécialisés sont apparus, utilisant les résultats de
mesures au théodolite qui permettent de réaliser une implantation
soignée des trous.
Le second facteur dégradant la qualité de la foration est l’existence
2. Mise en œuvre des explosifs de déviations possibles. Elles sont d’autant plus importantes :
— que le rapport diamètre de tige/diamètre de taillant est élevé ;
— que la poussée sur le train de tiges est importante ;
2.1 Technique générale de foration — que les discontinuités du massif sont ouvertes et inclinées sur
l’axe de foration.
La répartition des explosifs à l’intérieur du massif et le respect
des distances aux surfaces libres facilitent le transfert de l’énergie
vers le rocher. La mise en place des charges étant réalisée dans
des trous de mines, la foration intervient donc directement sur les
résultats de tir.

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Figure 4 – Technique de foration

2.2 Techniques d’amorçage — certains explosifs, comme les gels, perdent partiellement leur
sensibilité pour des températures inférieures à 0 oC. Il est alors
L’amorçage a deux fonctions essentielles : nécessaire d’utiliser un amorçage plus puissant.
— la mise en détonation correcte des charges ; Dans le cas d’un amorçage ponctuel, l’explosif ou les explosifs,
— la séparation des détonations des charges dans le temps. après la première initiation, doivent s’amorcer par eux-mêmes.
Cela impose deux conditions :
Pour ce faire, le système d’amorçage est composé de divers
éléments ayant chacun un ou plusieurs rôles précis : — absence d’arrêt de la détonation (continuité de la charge) : un
explosif peu sensible ne peut être amorcé que par un produit ayant
— initiation ; une pression de détonation, donc une vitesse de détonation, voisine ;
— retard ; — compatibilité des explosifs entre eux.
— transmission ;
— amorçage à proprement parler.
La chaîne d’amorçage ainsi constituée peut être parfois complexe. 2.2.2 Transmission de l’ordre de détonation

Elle se fait en surface et, pour le cas de l’amorçage ponctuel, dans


2.2.1 Mise en détonation de l’explosif le trou. Cette dernière ne doit pas être perturbée par les détonations
de charges voisines.
Elle peut être réalisée par du cordeau détonant (il s’agit alors d’un L’amorçage ponctuel utilisant un détonateur électrique ou Nonel
amorçage latéral), ou par un détonateur éventuellement et un bousteur est universel et permet d’obtenir le meilleur rende-
accompagné d’un bousteur ou d’une cartouche (amorçage ment de chaque explosif.
ponctuel).
En effet, au cours d’un tir, avec un amorçage latéral, l’onde de
Tous les explosifs présentent des comportements différents selon choc se propage perpendiculairement à l’axe du trou de mine.
l’énergie de l’amorçage qui leur est adjoint. On peut distinguer trois
domaines pour des énergies croissantes du dispositif d’amorçage : La distance de parcours de l’onde dans l’explosif est faible,
aussi, le plus souvent, la détonation n’atteint-elle pas son régime
— insensibilité sans perturbation ; stable. Cette diminution du rendement de l’explosif est confirmée
— insensibilité avec perturbation (désensibilisation partielle) ; par les mesures.
— sensibilité.
L’onde de choc remontant vers le bourrage est faible, ce qui
Il n’y a pas de frontière marquée entre ces domaines. Ainsi signifie que la fragmentation y est, a priori, insuffisante.
passe-t-on continûment, lorsque l’énergie d’amorçage croît, d’une
perturbation de l’explosif à une détonation incomplète, puis à un Enfin, dans le cas de l’amorçage latéral (comme dans le cas de
régime faible de détonation pour atteindre un régime optimal. l’amorçage ponctuel en tête), les gaz sont formés d’abord en tête
de colonne. L’expulsion du bourrage est rapide (risques de
Si les dynamites ou les explosifs nitratés atteignent leur régime projection) et, en conséquence, le déplacement du pied et de
optimal (dans des conditions normales d’utilisation) avec un l’ensemble des fragments de roche du massif est plus faible.
amorçage latéral au cordeau 12 g/m, il n’en va pas de même pour
les produits plus récents, plus sûrs, mais souvent moins sensibles. On peut donc attendre de l’amorçage latéral :
La plupart des explosifs présentent des modifications de sensibi- — un rendement parfois plus faible de l’explosif ;
lité en fonction des conditions extérieures : — une fragmentation moins poussée du massif ;
— des projections éventuelles ;
— les gels, les nitrates et les dynamites sont sensibles à la — un déplacement du pied insuffisant ;
pression statique. Ils ne détonent plus, voire ont un régime faible, — des blocs au niveau du bourrage.
pour des pressions comprises entre 2 et 4 bar sous l’eau. Ils sont
alors déconseillés comme cartouches amorces. L’utilisation d’un
bousteur permet d’éviter cette difficulté ;

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Dans le cas de l’amorçage ponctuel au pied, l’onde qui Les principales sources de discontinuités (involontaires) sont
descend dans le massif sous-jacent est faible, alors que celle qui indiquées dans le tableau 4 et les dispositifs de sécurité
remonte dans la zone de bourrage et qui se réfléchit à la surface recommandés correspondants sont représentés sur la figure 5.
est puissante. De plus, les gaz formés d’abord au pied sont mieux Enfin, l’amorçage en fond de trou permet de séparer, dans le
confinés ; ainsi, le pied est-il bien dégagé. Le bourrage est soumis temps, les détonations de charges d’un même trou, ce qui diminue
à une pression des gaz moins importante et plus tardive, d’où les les nuisances. Par ailleurs, cette technique améliore dans certains
résultats suivants : cas le foisonnement du pied et donc le rendement du chargement
— bon déplacement du pied ; du tas.
— bonne fragmentation générale et plus particulièrement dans Pour chaque charge individuelle, on doit respecter les mêmes
la zone du bourrage ; règles que pour l’amorçage en fond de trou d’une charge unique.
— diminution des projections ; La sécurité par cordeau remontant est inutilisable, sauf dans le cas
— protection du massif sous-jacent. de la charge supérieure.
L’amorçage en fond de trou est une pratique relativement Les bourrages entre les charges doivent empêcher la transmission
courante dans le cas des mines de moins de 6 m. Grâce à la de la détonation d’une charge à l’autre ou la désensibilisation. Ils
réglementation nouvelle (octobre 1987), cette technique est autori- devront être dimensionnés en fonction de la présence d’eau et du
sée pour l’ensemble des mines et en particulier les mines profon- diamètre de foration. Ils sont compris entre 6 et 15 fois le diamètre
des verticales. de foration.
Contrairement à l’amorçage latéral, l’amorçage en fond de trou Les matériaux de bourrage doivent être d’une granulométrie
(amorçage ponctuel) impose une continuité parfaite de la charge suffisante pour éviter qu’ils ne s’écoulent dans le vide annulaire entre
explosive. Dès qu’un doute apparaît sur cette continuité, il est les cartouches et la paroi du trou et pour éviter la formation de
nécessaire de mettre en œuvre des amorçages complémentaires bouchons ou la striction de la charge. Du gravillon 6 /10 est d’une
de sécurité. taille généralement suffisante, à cet égard.

Figure 5 – Différents dispositifs de sécurité

(0)

Tableau 4 – Principales sources de discontinuités de la charge explosive


Cause d’incident Circonstances Solution
Coincement de cartouche ∅ faible Cordeau de sécurité remontant
Grande hauteur de front (figure 5d )
Massif difficile
Striction de la charge Gainage de nitrate-fioul en présence d’eau Amorçage ponctuel en tête
Explosif en vrac peu sensible en petit diamètre de sécurité
(figure 5c )
Déplacement du massif Massif présentant un plan de discontinuités instable (sectionnant les Amorçage en tête de sécurité
Sectionnement du trou trous) (figure 5c )

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2.2.3 Retards 2.2.4 Sécurité. Fiabilité

Ils sont soit en surface (relais, raccords, détonateurs sur cordeau, En matière de sécurité et de fiabilité, pour tous les dispositifs
exploseur séquentiel), soit dans le trou (détonateurs), soit les deux. d’amorçage existants, on doit distinguer le réseau de surface et les
retards dans le trou.
La combinaison de retards de surface et de retards de fond de
trou permet une simplification de la mise en place, plus répétitive, Le retard de surface est constitué de lignes électriques
et une plus grande souplesse d’utilisation (figure 7). « déclenchées » à des temps différents dans le cas de l’utilisation
d’un exploseur séquentiel, de détonateurs ou de raccords (ou relais)
Par ailleurs, seule la combinaison de retards de surface et dans de surface.
le trou autorise la réalisation des tirs séquentiels, tirs avec un choix
de retards qui permet : Les principaux risques de ratés sont dus à des coupures du réseau
de surface provoquées par les effets de la détonation des charges
— le contrôle des projections ;
explosives précédemment amorcées. Ces ruptures sont liées à des
— le contrôle des vibrations ;
projections intempestives, mais également à des déplacements de
— une meilleure fragmentation.
terrain dus à l’infiltration des gaz dans les failles.
Dans un tir séquentiel, chaque trou doit faire son « travail » et
Pour éviter de tels phénomènes, il faut laisser la plus grande
uniquement son « travail ». Dans le cas contraire, on assiste le plus
distance possible entre la position de l’initiation du réseau de surface
souvent à une fissuration d’un plus grand volume du massif qui
et la charge qui détone.
conduit à une granulométrie plus grossière.
La sécurité totale est atteinte lorsque la totalité du réseau de
Il faut donc laisser au processus de fragmentation de chaque trou
surface est initiée au moment où le premier trou détone.
le temps de s’achever, soit 3 à 10 ms par mètre de banquette. Cela
concerne : Dans la pratique, la sécurité totale ne peut que rarement être
— la propagation de l’onde de choc générée par la charge du trou réalisée ; on obtient généralement une sécurité partielle. La distance
jusqu’à la surface libre ; minimale de sécurité est de trois intervalles entre trous entre le
— puis, la propagation réfléchie jusqu’au trou pour affaiblir le réseau de surface et les détonations, pour obtenir un niveau de sécu-
massif ; rité satisfaisant. Cette sécurité s’obtient en choisissant des retards
— enfin, la propagation du front de gaz jusqu’à la surface libre adaptés en fond de trou (donc avec un numéro relativement élevé).
pour parachever la fragmentation. Cette règle est inapplicable en souterrain où la sécurité doit être
totale.
Par ailleurs, dans le cas d’un tir à plusieurs rangées, il faut laisser
le temps au massif de « gonfler ». Dans le cas contraire, on assiste Si les retards et les branchements en surface peuvent être
à des projections verticales et à un blocage du pied. contrôlés, vérifiés, voire modifiés jusqu’au dernier moment avant
le tir, il n’en est pas de même pour les retards en fond de trou. Cela
Inversement, si l’intervalle de temps entre deux rangées est trop conduit à une règle de sécurité liée à la mise en place : réduire au
long, le pied est bloqué par le tas déjà formé dû aux rangées maximum le nombre de retards en fond de trou.
précédentes.
Compte tenu des vitesses de déplacement du massif rocheux, il
faut laisser un intervalle de 10 à 30 ms par mètre de banquette entre 2.3 Technique particulière
deux rangées.
Enfin, les retards entre rangées doivent être de 3 à 5 fois les retards
par type de chantier
entre trous pour provoquer un détachement du massif en « dents
de scie », favorable à la fragmentation, augmentant les surfaces L’utilisation des explosifs dans le génie civil est diversifiée : ils sont
libres. destinés au terrassement rocheux de voies de communication à ciel
ouvert ou en souterrain (routes, voies fluviales, chemin de fer), au
Bien évidemment, pour des raisons d’efficacité, mais également creusement de fondations d’ouvrages d’art ou à la démolition.
pour des raisons de faisabilité et de fiabilité, le tir séquentiel est
associé à l’amorçage en fond de trou. En effet, si les règles Dans le cadre de ces réalisations, l’explosif est utilisé pour :
précédentes étaient appliquées à des tirs amorçés au cordeau — excaver et fragmenter ;
détonant en tête, le risque de coupure de ces lignes « descendantes » — découper ;
de cordeaux serait élevé dans de nombreux massifs rocheux. — déplacer ;
— compacter.
Pour éviter une superposition des signaux de vibrations ou plus
exactement des premiers pics de deux signaux de vibrations émis L’utilisation la plus fréquente consiste en la réalisation d’excava-
par deux trous, l’intervalle de temps entre deux détonations de tions. Dans ce cas, les techniques particulières de mise en œuvre
deux trous quelconques doit excéder un intervalle de temps dépendent principalement de la géométrie du volume de matériaux
minimal. à extraire.
On constate expérimentalement et statistiquement qu’une valeur
de 8 ms suffit généralement à réaliser cette séparation. Selon les
massifs, et pour des détonateurs donnés, cette valeur peut varier
2.3.1 Tirs en gradins
entre 6 et 10 ms.
2.3.1.1 Principes
Pour deux trous contigus, on adopte une règle plus sévère, avec
un minimum de 17 ms. Cette règle supplémentaire a également un La technique du tir en gradins consiste en la réalisation d’une
rôle sur l’efficacité du tir. « falaise » artificielle appelée front de taille. Les explosifs sont mis
Cette dernière règle s’applique aussi aux retards entre charges en œuvre sous la forme de charges cylindriques allongées,
d’un même trou séparées par des bourrages intermédiaires afin de sensiblement parallèles à la paroi quasi verticale du front, seule face
diminuer la charge unitaire du tir. Ces bourrages devront, par libre active du tir.
contre, respecter certaines règles de bon fonctionnement. Les volumes dégagés par chaque charge, de forme prismatique,
Par ailleurs, l’utilisation de retards faibles conduit à la création de ont une section droite de dimension très inférieure à la hauteur du
signaux vibratoires de fréquence élevée. Ces derniers, qui front. Lorsque les matériaux qui les constituent sont désorganisés
conduisent à des déplacements plus faibles, sont moins nuisibles par le tir, ces volumes, du fait de leur géométrie, deviennent
pour l’environnement. instables. Ils nécessitent donc peu d’énergie pour être extraits.

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La plus grande part de l’énergie requise est utilisée pour arracher La longueur de la charge de colonne L c se déduit alors de la
la partie inférieure du front, le pied, plus bloquée. Cette part est longueur totale de la foration L par la relation :
d’autant plus grande que le tas de roche entrave davantage la sortie
du pied. Pour accroître l’étalement du tas abattu, et donc faciliter L c = L – 2,3 B (4)
le dégagement de ce dernier, la charge de la colonne, partie médiane La banquette (épaisseur de roche à abattre) maximale peut être
du front, excède parfois fortement la charge limite pour désorganiser évaluée à partir des caractéristiques du massif à abattre, des para-
la roche. mètres géométriques du gradin et de la foration, des performances
de l’explosif de pied utilisé, par la formule suivante :
2.3.1.2 Détermination des charges
sp ρp 1/2 ∅
Les relations les plus courantes permettant de déterminer la
charge en explosif ont été développées empiriquement par 
B max = K ∅ ---------------
s0 ρ0  --------c-

(5)
Langefors (in The modern technique of rock blashing. 1979.
AWC /GEBERS. Stockholm). avec K coefficient constant dépendant de la référence
utilisée et du massif rocheux,
Les règles de Langefors définissent de manière précise certains
éléments de la géométrie du tir. Tous ces éléments sont détermi- ∅ (mm) diamètre de foration,
nés en fonction de la banquette B : épaisseur de la tranche de mas- ∅c (mm) diamètre de la charge explosive de pied,
sif abattue par une mine (figure 6). sp (MJ/kg) énergie pondérale de l’explosif de pied utilisé,
Les relations suivantes ne sont applicables qu’à des fronts ρp (kg/m3 ) masse volumique de l’explosif de pied utilisé,
élevés, de hauteur supérieure au double de la banquette. En deçà,
l’énergie explosive contenue dans le trou de mine est s0 (MJ/kg) énergie pondérale de l’explosif de référence,
approximativement proportionnelle au volume abattu par cette ρ0 (kg/m3) masse volumique de l’explosif de référence.
mine. Cette relation permet de ramener l’explosif de pied utilisé à un
La foration présente une surprofondeur L s par rapport à la plate- explosif de référence, en utilisant d’autres caractéristiques énergé-
forme inférieure définie par la relation : tiques que la « strength », plus représentatives, comme les énergies
mesurées dans les tests en piscine (encore appelés tests de la bulle).
Ls = 0,3 B (1)
Si l’on utilise comme référence le Dynamex suédois ou un
Le bourrage terminal B t , qui permet de confiner la charge à explosif analogue (dynamite F16, dynamite NC1 ), compte tenu du
l’intérieur du trou de mine, est défini par la relation : rapport courant entre le diamètre des cartouches et celui du trou
Bt = B (2) de foration, le coefficient K vaut :
K = 38 (6)
Il peut être réduit jusqu’à 0,5 B dans le cas d’amorçage en fond
de trou. Il est souvent réalisé avec les résidus de la foration. De plus La relation (5) correspond à un écartement entre trous E tel que :
en plus, des matériaux concassés, en général du 4 /6 mm, leur sont
E = 1,25 B (7)
substitués, améliorant le confinement.
La charge explosive, elle-même, peut être décomposée en deux Cette valeur correspond à un compromis entre une bonne
parties, la charge de pied de longueur L p – partie inférieure de la granulométrie résultante du tir et une géométrie finale satisfaisante.
charge explosive – et la charge de colonne. La longueur de la charge Toute variation de l’espacement E s’accompagne d’une variation
de pied est déterminée par : conjointe de B, la maille, produit de E par B, restant approximative-
Lp = 1,3 B (3) ment constante.
La banquette maximale doit être corrigée, en tenant compte des
déviations de la foration, pour obtenir une banquette réalisable. En
prenant une foration de qualité moyenne et une hauteur de front
courante de 15 m, la relation (6) devient alors :
K = 32 (8)
La charge de colonne minimale correspondante se déduit de la
charge de pied par la relation :
S c ρ c = 0,5 S p ρ p (9)

avec Sc (MJ/kg) énergie pondérale de la charge de colonne,


ρ c (kg/m) masse linéique de la charge de colonne,
Sp (MJ/kg) énergie pondérale de la charge de pied,
ρ p (kg/m) masse linéique de la charge de pied.
La diminution de la charge de colonne peut être réalisée en
insérant, en colonne, des bourrages intermédiaires constitués de
matériaux inertes. Il est souvent préférable, pour des considérations
économiques, d’utiliser en colonne un explosif, chargé en continu,
moins énergétique qu’en pied.
Dans la plupart des terrassements rocheux, les matériaux extraits
sont réutilisés pour la construction de remblais. Pour des raisons
de stabilité et de déformabilité de ces ouvrages, les matériaux
utilisables doivent entrer dans un fuseau granulométrique limité. Les
Figure 6 – Géométrie du tir blocs de dimensions importantes doivent être éliminés (le déficit en
matériaux est alors comblé par des apports provenant d’une carrière
ou d’une zone d’emprunt) ou retraités par l’intermédiaire d’une

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installation de concassage. Le plus souvent, une hausse de la 2.3.2 Tirs de masse


consommation d’explosif en colonne permet d’adapter la granularité
des matériaux aux besoins, de façon plus économique. Les tirs de masse consistent en la mise en œuvre de charges peu
profondes réparties sur une grande surface.
2.3.1.3 Conception et calcul informatique des tirs Initialement, cette technique s’appuyait sur le principe des tirs en
La conception d’un tir, faisant intervenir de nombreux para- cratère : chaque charge explosive, agissant vers la seule surface
mètres (dimensionnement de tir, choix des explosifs, matériel de libre disponible (la surface horizontale du volume à excaver) dégage
foration et d’extraction utilisé, destination et traitements ultérieurs un cratère de matériaux.
des matériaux extraits, contraintes d’environnement), conduit à de Tous les éléments du tir sont indépendants les uns des autres. La
nombreuses solutions dont il faut analyser ensuite le coût. répartition des retards n’a alors pour seul intérêt que de diminuer
Les règles de calcul présentées précédemment sont parfois les nuisances et, en particulier, les vibrations émises dans
simplistes. Elles ne prennent pas en compte le processus réel de l’environnement (§ 3.2).
l’abattage et sont incapables de prédire les résultats détaillés d’un Compte tenu des faibles surfaces libres disponibles, le rendement
tir, comme la courbe granulométrique des matériaux abattus, de ce type de tir de masse est faible : l’onde de choc émise par l’explo-
l’aspect du front final, l’étalement du tas formé et son foisonnement. sif travaille mal, les gaz fragmentent peu et génèrent surtout des
Elles ne fournissent donc pas une assistance satisfaisante à la déplacements importants des éléments de roche extraits, d’où des
conception d’un projet ou à l’optimisation des coûts. projections verticales fréquentes.
Compte tenu de ces insuffisances, les concepteurs de tirs ont été Aussi les tirs de masse apparaissent-ils souvent sous la forme de
amenés à développer des programmes informatiques de calcul, tirs d’ébranlement : les charges explosives sont réduites au
seule possibilité existante de prendre en compte la multiplicité des minimum dans le seul but de désorganiser les matériaux en place.
paramètres et des solutions. Cette réduction de la charge permet de limiter les projections. Le
plus souvent, les déplacements sont très faibles. Cette solution
Dans ce domaine, il y a lieu de distinguer les logiciels simples technique impose toutefois de reprendre les matériaux ébranlés
fondés sur les règles précédentes ou des règles analogues, et les avec des engins mécaniques (rippeurs) avant de les charger. Le
logiciels complets prenant en compte une modélisation fine de coût d’extraction de la roche est généralement élevé.
chaque processus intervenant dans l’abattage.
Sous cet aspect, le tir de masse n’était utilisé que dans le cas de
Les premiers, utilisables sur calculateurs de poche ou micro- couches de matériaux à extraire peu épaisses.
ordinateurs, n’apportent aucun élément de réponse supplémentaire
satisfaisant sur la conception des plans de tir. L’amélioration de la compréhension des phénomènes physiques
intervenant dans l’abattage ainsi que l’évolution des produits et
Les seconds sont apparus depuis le début des années 80. Ils des techniques d’amorçage ont permis de transformer les tirs de
permettent des évaluations précises de la géométrie de foration, du masse en une extension des tirs en gradins.
chargement des explosifs et des résultats complets du tir à la fois
techniques et économiques. Grâce à un choix judicieux de retards, il est possible de créer des
surfaces libres intermédiaires qui définissent des éléments de
Ils s’appuient sur des équations théoriques, modélisant les phéno- massif dont la forme est approximativement une portion de sphère
mènes du processus de l’abattage, pour lesquelles des hypothèses au centre de laquelle se trouve une charge explosive, également
empiriques simplificatrices ont permis de trouver des relations quasi sphérique, prête à détoner. Ces surfaces libres intermédiaires
analytiques. Ils utilisent des banques de données importantes et se forment pendant le tir peu de temps avant d’être utilisées
nécessitent des moyens informatiques allant d’un micro-ordinateur (figure 7).
à des ordinateurs très puissants selon le cas.
Compte tenu de l’importance des surfaces libres offertes à chaque
Citons les programmes BLASPA de R. Favreau, HP-BLAST de SNPE charge, l’action de l’onde de choc et, par suite, celle des gaz des
ou EXPLO-TECH en France, SABREX de ICI. Ces logiciels sont utilisés explosifs sont importantes en matière de fragmentation. Les dépla-
sur de nombreux sites où ils ont été validés. cements sont relativement faibles du fait de la faible énergie des gaz
Par exemple, le logiciel français HP-BLAST fournit les informations après l’action de fragmentation. La courbe granulométrique, le foi-
quantitatives suivantes : sonnement des matériaux extraits, ainsi que la faible hauteur du tas
— limite de fracturation par l’onde de choc, qui permet d’appré- formé (du fait de la faible profondeur d’extraction) permettent des
hender les risques de blocage du pied de mine, les effets arrière et rendements importants des engins de chargement. Par ailleurs, la
les risques d’instabilité du front définitif ; grande étendue au sol de la zone de tir et les faibles déplacements
— la fragmentation du tas abattu, permettant une adaptation des matériaux facilitent la rationalisation de la production :
précise aux objectifs granulométriques ; — chaque poste (foration, chargement des explosifs, chargement
— le déplacement du front et la longueur du tas (qui permet de la roche abattue) dispose d’une surface de manœuvre importante
d’appréhender le foisonnement et donc la facilité de chargement qui autorise la simultanéité des tâches ;
du tas abattu) ; — la spécificité et l’importance de chaque tâche et les faibles
— les coûts totaux de l’abattage. déplacements permettent d’envisager l’automatisation de certains
postes (chargement mécanique des explosifs) et d’obtenir des
2.3.1.4 Limite des tirs en gradins rendements très élevés.
Les tirs de masse sont utilisés d’une manière très large dans les
La principale difficulté des tirs en gradins réside dans la réalisation
travaux publics dès que la dimension du projet le permet et même
de trous de foration de bonne qualité géométrique (rectitude et paral-
pour des profondeurs d’excavation importantes (à condition de
lélisme). Les imperfections des trous forés induisent des sur-
réaliser des approfondissements successifs).
consommations en explosifs et /ou en foration pour contrecarrer la
résistance des surépaisseurs de matériau. En l’absence de front de dégagement, une ouverture généralement
centrale est réalisée. La technique utilisée pour ce faire s’apparente
Les risques de projections intempestives deviennent très impor-
à celle utilisée en souterrain dans le cas du bouchon (§ 2.3.4). On
tants dès lors que le front s’élève. Cela conduit à réduire les charges
parle alors de tirs de fonçage.
du tir, ce qui est souvent incompatible avec une fragmentation du
massif rocheux adaptée aux impératifs de réemploi des matériaux. Une méthode consiste à accroître, dans la zone d’ouverture, la
densité de charge (§ 2.3.4 : bouchon canadien) ; toutefois, cela
Enfin, le tir en gradin n’est réalisable que lorsque l’épaisseur du
conduit à des projections verticales importantes. La technique la plus
volume à excaver est importante.
courante consiste à incliner les trous dans la zone d’ouverture
(§ 2.3.4 : bouchons à mines inclinées et figure 8).

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Figure 7 – Tir séquentiel

Une fois l’ouverture réalisée, le reste du tir est analogue aux tirs
de masse précédents.

2.3.3 Tirs de tranchées

Les tirs de tranchées ont pour objectif de réaliser des excavations


de faible section et de grande longueur.
Les charges explosives permettent à la fois d’assurer le
foisonnement et la fragmentation des matériaux et de respecter la
géométrie définitive de la tranchée. Les trous de mine extérieurs
sont parallèles à la paroi définitive à 30 cm environ de cette
dernière (figure 9).
Dans le cas de fouilles de faible largeur, les trous de mine sont
disposés en zig-zag.
Afin de limiter les vibrations engendrées par le tir dans
l’environnement, les détonations des charges sont échelonnées dans
le temps : un minimum de 50 ms est alors nécessaire entre les
rangées.
Pour obtenir un foisonnement suffisant de la roche (soit une
augmentation de volume de 25 % environ) facilitant son charge-
ment, la quantité d’explosifs doit être augmentée par rapport aux
règles précédentes (§ 2.3.1.2) pour contrebalancer le confinement
particulièrement élevé des matériaux. La consommation en explosifs
varie entre 0,6 et 0,9 kg /m 3 contre 0,3 à 0,6 kg /m 3 , soit une
augmentation de 50 à 100 %.
Cette technique est particulièrement adaptée à la pose de
pipelines. Des réalisations récentes ont ainsi permis le doublement
de pipelines existants (en Arabie Saoudite, par exemple, avec des
contraintes d’environnement très sévères : limitation des vibra-
tions à 50 mm/s voire 25 mm/s sur les équipements existants en
fonctionnement situés à 15 m des tirs).
Une méthode utilisée dans les zones quasi désertiques et en
l’absence de toute contrainte de nuisance consiste à utiliser une
charge cylindrique posée sur le sol le long de l’axe de la tranchée.
La détonation de l’explosif crée un cratère sur toute la longueur de
la charge.

Figure 8 – Tir de fonçage

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2.3.4 Tirs souterrains Une difficulté de cette technique est l’élimination des eaux
susceptibles de s’écouler dans le puits. La technique la plus courante
La construction de voies de communication dans des sites reste encore un schéma en demi-éventail.
montagneux, les aménagements de barrages, la réalisation de Le fonçage de puits est essentiellement utilisé pour la réalisation
cavités souterraines de stockage conduisent à utiliser l’explosif. de conduits d’aération pour les tunnels routiers, de conduites
Dans ce cas, toute opération commence par la construction d’une forcées pour les barrages « de pointe » et de fondations spéciales,
galerie ou d’un puits, excavations subhorizontale et subverticale en particulier pour les viaducs autoroutiers.
respectivement.
Lors du creusement d’une galerie, l’explosif ne dispose
initialement que d’une surface libre, le front de galerie. L’objectif
des premières charges, constituant le bouchon, est de créer une
nouvelle surface libre active orthogonale au fond de la galerie et
un volume de dégagement pour les charges ultérieures de la
volée (figure 10).
La technique la plus ancienne, bouchons à mines non
parallèles, consiste à passer progressivement d’une foration peu
inclinée sur le front à une foration orthogonale à ce dernier.
L’avancement réalisable dépend alors essentiellement de la largeur
de la galerie en raison de l’encombrement des glissières des
engins de foration (figure 11).
Les bouchons canadiens formés de trous chargés très proches,
éventuellement accompagnés de trous vides de décompression de
même diamètre, pulvérisent localement la roche. Très sensibles à
la nature du terrain, ils sont difficiles à mettre au point. Par
ailleurs, ils génèrent des vibrations et des projections importan-
tes (figure 12).
Les bouchons à gros trou utilisent un trou foré comme première
surface libre et volume de dégagement. La distance d’un trou à tirer
par rapport au trou vide existant augmente avec le volume du trou
vide. Les trous sont donc répartis selon une (ou plusieurs) spirale.
L’avancement est limité par la précision de la foration, et plus
particulièrement son parallélisme, et par le diamètre de foration du
gros trou (figure 13).
Les mines suivantes de la volée, dites de dégraissage, respectent
les mêmes règles que celles des tirs à ciel ouvert. La
consommation en explosif varie entre 1 et 1,4 kg/m3. Pour les
mines de la partie inférieure de la volée (sole et piedroits), elle
augmente de 10 % environ pour tenir compte du confinement
défavorable.
Le schéma de tir se termine par un découpage, le plus souvent
un postdécoupage, afin de respecter les cotes initiales du projet et
préserver l’intégrité du massif.
Dans le cas de massifs caractérisés par des venues d’eau impor-
tantes, les terrains sont éventuellement congelés avant le tir. Cette
technique assure, en outre, une meilleure stabilité de la galerie à
court terme.
Le fonçage des puits utilise les mêmes techniques de bouchons
que le percement des galeries (figure 14).

Figure 9 – Tir de tranchée Figure 10 – Phases successives du tir d’une volée en galerie

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Figure 11 – Bouchon à mines non parallèles

Figure 14 – Fonçage des puits

Figure 12 – Bouchon canadien

Figure 15 – Creusement de galerie

L’extension de la cavité est alors accomplie par des mines


horizontales pour les zones latérales ou supérieures et, pour la
partie sous-jacente, par une succession de tirs en gradins ou de tirs
de masse selon la géométrie du projet et les choix matériels de
l’entreprise.

2.3.5 Tirs de découpage

La plupart des terrassements rocheux à l’explosif, en souterrains


et à ciel ouvert, doivent respecter des cotes définitives très strictes.
En souterrains, par exemple, les parois des galeries sont
Figure 13 – Bouchon à double gros trou central généralement bétonnées afin d’améliorer la stabilité à long terme
et, éventuellement, l’état de surface dans le cas de conduits d’écoule-
ment. Tout hors profil de la galerie brute de tir conduit à une sur-
Outre l’élargissement des galeries souterraines, on peut réaliser consommation importante de béton, préjudiciable au coût de
de grandes cavités souterraines pour, par exemple, l’installation l’ouvrage, ou à un déficit préjudiciable à sa stabilité à long terme.
des unités de ventilation dans les tunnels routiers ou le stockage Les techniques de découpage permettent d’améliorer l’état final
en souterrain. des excavations à l’explosif. Elles consistent à forer des trous copla-
Dans tous les cas, une galerie est préalablement creusée (celle-ci naires à faible distance les uns des autres et à les faire détoner
sert souvent de galerie de reconnaissance). Elle est le plus simultanément ou par petits groupes. Une fissure se propage alors
généralement située à la partie haute de réalisation définitive dans le plan de foration des trous.
(figure 15).

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Plusieurs explications théoriques ont été données sur le processus


de découpage, une seule explique l’ensemble des expériences à ce
jour.
L’onde de choc, créant une fissuration anarchique à l’intérieur du
massif, doit être réduite au minimum. Pour ce faire, l’explosif est
découplé, c’est-à-dire séparé de la roche par un vide d’air annulaire.
Le seul intérêt de l’onde de choc est éventuellement de créer une
amorce de fissure au voisinage immédiat du trou de mine.
La pression des gaz après détonation à l’intérieur du trou de mine,
dite pression de paroi, est approximativement égale à :
∅c
 
1 2,6
P = ----- ρ V 2 --------- (10)
8 ∅
avec P (Pa) pression de paroi,
∅c (m) diamètre de la charge explosive,
∅ (m) diamètre du trou de mine,
V (m/s) vitesse de détonation de l’explosif,
ρ (kg/m3 ) masse volumique de l’explosif.
La pression de paroi doit être inférieure à la résistance en
compression de la roche de manière à éviter son broyage. Par
ailleurs, la pression développée par les gaz doit excéder la résistance
du massif pour ouvrir une fissure entre les trous. Elle suit donc la
relation :
P ∅ = (R t + σi ) (E – ∅) (11)
avec P (Pa) pression de paroi,
∅ (m) diamètre du trou de mine,
Rt (Pa) résistance à la traction de la roche,
σi (Pa) contrainte interne du massif,
E (m) espacement entre les trous.
Compte tenu du rapport entre résistance à la compression et
résistance à la traction, compris entre 10 et 15, l’écartement maxi-
mal réalisable entre les trous de découpage varie dans les mêmes
proportions selon la contrainte interne du massif. Figure 16 – Prédécoupage et tir ménagé en production
Des variantes apparaissent selon la date de tir des trous de
découpage par rapport à celle des tirs de production voisins.
Le prédécoupage est réalisé avant les tirs de production, qu’il Afin de ménager le massif, le découpage s’accompagne d’un tir
soit tiré indépendamment ou à l’intérieur du tir de production ménagé : la rangée de trous proche du découpage a une maille
(figure 16). réduite et une charge réduite proportionnellement (environ 25 %
des valeurs du tir de production). Ce tir ménagé peut comporter
La fissure créée, si elle est suffisamment ouverte, permet de deux rangées de charge réduite.
réfléchir partiellement les ondes générées par les tirs de masse.
Elle permet ainsi de préserver le massif en place lorsque le tir de Le postdécoupage est réalisé après les tirs de production, qu’il
production n’est pas trop brutal. soit tiré indépendamment ou à l’intérieur du tir de production.
Au moment du tir, les contraintes internes du massif ne sont pas Au moment du tir, les contraintes internes du massif se sont
relachées, ce qui conduit à une consommation en explosifs plus libérées, ce qui conduit à une consommation en explosifs plus faible.
élevée. L’écartement entre trous vaut environ quinze fois le diamètre de
Le chargement de trous de découpage était souvent réalisé en foration, ce qui réduit fortement le coût du découpage.
fixant à intervalle régulier des cartouches sur du cordeau détonant Les autres règles de base sont identiques à celle du prédécoupage.
12 g/m. Cette opération est longue et donc onéreuse, l’utilisation Une attention particulière devra être accordée au tir ménagé
de cordeau détonant de fort grammage (40 g/m) ou de dispositifs accompagnant le découpage afin de préserver le massif.
spéciaux (Cisalite ou Cisalex ) lui est substituée.
Les règles de base sont les suivantes :
— l’écartement entre trous vaut environ dix fois le diamètre de
2.3.6 Tirs sous l’eau
foration ;
— la limitation de la pression dans les trous conduit à l’utilisation Dans le cadre de la réalisation d’installations portuaires,
de Cisalite 25 dans des trous de diamètre 89 à 105 mm, de cordeau d’aménagements fluviaux ou de piles de ponts, il peut être néces-
40 g/m dans des trous de 64 à 89 mm, de Cisalex 17 dans des trous saire de réaliser des tirs sous l’eau.
de 51 mm ; Une méthode consiste à se ramener aux tirs habituels en
— un bourrage terminal de 0,6 à 0,9 m est réalisé avec un gravier étanchéifiant la fouille par un rideau de palplanches ou un gabion.
grossier, le vide annulaire autour de la charge peut également être Toutefois, les progrès des engins de foration permettent maintenant
rempli de gravier analogue. de tirer dans l’eau aisément, ces engins étant embarqués sur des
pontons ou des barges.

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L’interface roche-eau constitue une surface de réflexion peu Lors du tir, les charges explosives détruisent soit les piliers
efficace pour les ondes de choc. Cela a pour conséquences un restants (il s’agit alors d’un tir avec une importante face libre
rendement faible de l’onde de choc en matière de fissuration et une analogue à une charge de tir de masse), soit sectionnent les cloi-
transmission importante des vibrations dans les milieux connexes. sons (il s’agit alors d’un tir de découpage). Dans le cas de block-
Aussi les charges sont-elles deux à trois fois supérieures à celles haus, la destruction des murs ne peut pas être réalisée en une
d’un tir équivalent à l’air libre. seule fois, mais par approfondissements successifs.
Pour améliorer le rendement de l’onde de choc, on établit un rideau
de bulles d’air le long de la paroi du front. De la même manière,
pour diminuer le niveau des vibrations transmises, on interpose un
rideau de bulles entre le tir et la partie à protéger.

2.3.7 Tirs de démolition

La démolition à l’explosif s’adapte parfaitement aux ouvrages de


grande hauteur (bâtiments, etc.) ou très résistants (blockhaus, etc.)
pour des raisons économiques et de sécurité.
Pour les édifices de grande hauteur, deux méthodes sont utilisées :
— le semi-foudroyage qui conduit à un basculement de l’ouvrage ;
— le foudroyage, appelé abusivement implosion, dans lequel la
construction s’effondre sur elle-même.
Ces deux méthodes peuvent être associées dans certaines Figure 17 – Semi-foudroyage
démolitions.
Le semi-foudroyage consiste à affaiblir de manière dis-
symétrique la base de la construction, de sorte que son centre de
gravité soit en dehors de la zone intacte. Si le moment résistant de
la zone intacte de la base, appelée talon, est suffisamment faible,
l’ensemble de l’édifice bascule (figure 17).
Le talon tend à être projeté dans la direction inverse au bascule-
ment. Il doit donc souvent être renforcé.
Le semi-foudroyage est utilisé lorsque :
— on dispose de la place suffisante pour que les matériaux de
la construction puissent s’étaler ;
— la faible section de la base, en regard de sa hauteur, rend
aléatoire la verticalité de sa chute.
On rencontre donc cette méthode dans les démolitions de
cheminées d’usine, de châteaux d’eau, etc.
La difficulté essentielle réside dans le contrôle de la direction de
chute pour ces constructions de base à section circulaire. Cela
nécessite une symétrie parfaite du chargement et des détonations Figure 18 – Foudroyage intégral
par rapport à la direction de chute.
Le foudroyage intégral consiste à faire s’effondrer l’édifice sur
lui-même. Il est généralement inutile de dynamiter la totalité de la
construction si elle est de grande hauteur (figure 18). Les zones
intactes, correspondant à des niveaux complets et délimitées par
les zones dynamitées, se brisent lors de l’impact avec les autres
éléments de structure. La hauteur de chute de ces zones, et donc
leur énergie cinétique, est déterminée en fonction de leur
résistance mécanique.
La méthode américaine des frères Loizeau utilise des blocs
(zones intactes) importants séparés par des retards longs. La
méthode française développée par Cemerex est basée sur des
petits blocs.
Dans tous les cas, dans les zones dynamitées (figure 19) :
— tous les éléments non porteurs sont enlevés (ou affaiblis pour
les cloisons intérieures en étage) ;
— les éléments porteurs (murs ou piliers) sont affaiblis en tenant
compte de la descente de charge et des surcharges climatiques
(vent, etc.) ;
— tous les éléments résistants se prolongeant selon la hauteur
de la structure (cages d’escaliers et escaliers, cages d’ascenseurs,
gaines de ventilation, etc.) sont détruits ou affaiblis ;
— tous les éléments de conduits extérieurs sont retirés pour
éviter les risques de projection liés aux surpressions (cheminées, Figure 19 – Détails d’un foudroyage intégral
etc.).

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Dans les démolitions par foudroyage intégral, les explosifs Malgré une refonte et une clarification des textes, cette
utilisés en rez-de-chaussée sont la dynamite NC2 en petit diamètre réglementation reste complexe.
ou le Cisalex 17, en étage le Cisalex 13 ou du cordeau 70 g /m. Les
consommations en explosif varient selon le taux de ferraillage des
éléments considérés. Elles dépassent le plus souvent 350 g /m3. 3.1.1 Acquisition
Compte tenu du nombre de retards différents nécessaires et de
la précision sur les dates de détonation, les tirs sont généralement Pour pouvoir obtenir des explosifs auprès d’un distributeur ou
réalisés avec un exploseur séquentiel. Une attention particulière d’un fabricant, il faut détenir :
est apportée à la vérification de toute la chaîne d’amorçage. — un certificat d’acquisition délivré par l’autorité préfectorale aux
Compte tenu de la proximité immédiate d’autres habitations lors titulaires :
des démolitions en site urbain, une attention particulière doit être • d’une autorisation préfectorale d’exploiter un dépôt fixe ou
portée aux nuisances. mobile,
• d’un justificatif assurant que le détenteur peut utiliser un
Les poussières déferlant après le tir ne concernent significative-
dépôt agréé d’un tiers,
ment qu’un périmètre de 200 m autour de l’édifice. Il est
• d’une autorisation préfectorale à utiliser des produits explosifs
recommandé que les fenêtres des maisons riveraines soient
en quantité supérieure à 25 kg ;
fermées.
— un bon de commande rédigé par le demandeur, visé par les
La surpression aérienne, onde de choc dans l’air, conditionne le autorités de police ou de gendarmerie du lieu d’emploi. Ce bon est
niveau de la charge unitaire explosive (plus forte charge par retard). valable 3 mois et sert de bon d’accompagnement pour le transport
Elle reste généralement faible au-delà de 30 m. des explosifs. Une personne ne peut obtenir que 2 bons de
Le bruit est le plus souvent mal ressenti. Il est fortement commande par an.
recommandé de prévenir la population du moment du tir, éventuelle-
ment par haut-parleur. Le bruit est généralement acceptable au-delà
de 300 m. 3.1.2 Transport en circulation
Les risques de projections conduisent à installer des protections
Toute personne qui transporte des explosifs doit avoir obtenu
parfois onéreuses :
une autorisation préalable du Préfet de son domicile ou du siège
— grillages, plaques et toiles renforcées (Dynastat ) en étage ; social. Les détenteurs d’un certificat d’acquisition ou d’un bon de
— paille et grillage autour des piliers ; commande en sont dispensés pour le transport des explosifs
— etc. afférents au titre dont ils disposent.
Les vibrations sont de trois ordres : Tout transport d’explosifs nécessite un document identifiant
— celles liées à l’explosion des charges sont très faibles ; parfaitement les produits :
— celles liées à la mise en résonance des bâtiments voisins sous — un titre d’accompagnement en 3 exemplaires indique la nature,
l’effet de la surpression aérienne sont de forte amplitude et de le numéro d’agrément, les types d’emballage, la masse unitaire, la
haute fréquence ; quantité et le numéro d’identification des produits (un des
— celles dues à la chute du bâtiment sont de très forte amplitude exemplaires est destiné au Préfet qui a établi le titre d’acquisition,
et de faible fréquence. le deuxième au transporteur et le troisième à l’expéditeur) ;
— une inscription sur le registre d’accompagnement du véhicule.
2.3.8 Tirs spéciaux Les véhicules doivent être spécialement équipés, et le chauffeur,
assisté d’un convoyeur, doit justifier d’une formation adaptée.
L’explosif est également utilisé dans certains travaux spéciaux
comme les trous à poteaux, le découpage de tuyaux. Ces derniers 3.1.3 Stockage
sont réalisés en enroulant du cordeau détonant autour du tuyau à
ciel ouvert ou par des charges appliquées fonctionnant sur le Toute personne qui stocke des explosifs en vue de les utiliser doit
principe des charges creuses en sous-marin. y avoir été autorisée par arrêté préfectoral. Elle doit donc justifier
Des techniques de déplacement de matériaux (utilisant essentielle- d’une autorisation d’exploiter un dépôt permanent (de 1re, 2e ou
ment l’impulsion de l’explosif) ont été développées dans le cadre 3e catégorie) ou un dépôt mobile (véhicule spécialement adapté).
de la réalisation de canaux ou de tranchées. Elles permettent de Des mesures d’ordre général, concernant plus particulièrement la
déblayer en partie la tranchée et de remblayer les rives. surveillance contre le vol, doivent être appliquées, ces dernières
Enfin, des essais fructueux de compactage dynamique à l’explosif étant très contraignantes dans certaines régions.
ont été réalisés.
Ces utilisations spéciales, parfois prometteuses pour l’avenir,
demeurent très marginales. 3.1.4 Utilisation

Tout utilisateur doit détenir un registre de réception et de


consommation d’explosifs précisant les numéros d’identification des
3. Problèmes de sécurité produits. En cas d’utilisation à réception, tous les produits livrés
doivent être consommés dans la période journalière d’activité ou
de l’environnement repris par le fournisseur.
La personne physique responsable de la garde ou de la mise en
œuvre des explosifs doit être habilitée par la préfecture. Par ailleurs,
3.1 Réglementation la personne physique qui met en œuvre les explosifs doit justifier
d’une formation spécifique et être titulaire du certificat de préposé
L’acquisition, le transport, le stockage et l’utilisation des explo- au tir.
sifs sont réglementés par un grand nombre de lois, décrets, arrêtés
émanant de différents ministères [Doc. C 5 420]. Dans le cas d’un vol, il faut prévenir les services de police ou la
gendarmerie dans les 24 h sous peine d’amende et d’emprisonne-
ment.

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3.1.5 Sécurité ■ Au cours du chargement, principalement dans les mines


profondes et verticales, vérifier la progression de la hauteur de
Un effort important a été réalisé pour rendre la réglementation l’explosif dans le trou, de façon à déceler rapidement une éventuelle
des travaux publics cohérente avec les évolutions techniques et la faille ou caverne dans laquelle s’accumulerait l’explosif qui
réglementation des carrières. provoquerait alors des projections dangereuses.
Dans les entreprises qui utilisent l’explosif, le chef d’établissement, ■ Avant le tir, le responsable doit faire évacuer la totalité de la zone
ou son préposé doit : environnante qu’il juge dangereuse. Des sentinelles doivent être
— fournir à son personnel des produits explosifs et du matériel postées suffisamment loin à tous les points d’accès de la zone
agréé ; dangereuse. Un ou plusieurs signaux sonores connus de tout le
— faire une déclaration d’ouverture de chantier auprès de l’Orga- personnel doivent précéder la mise à feu.
nisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux
Publics (OPPBTP), en informer le Comité d’Hygiène, de Sécurité et ■ Après le tir proprement dit, le préposé doit effectuer une
des Conditions de Travail (CHSCT) ou à défaut les délégués du reconnaissance minutieuse de façon à pouvoir déceler un éventuel
personnel ; raté partiel et la présence d’éléments explosifs qui ne seraient pas
— rédiger des fiches de prescriptions, distribuées et commentées détruits, soit à l’intérieur des déblais, soit à l’intérieur d’un trou de
au personnel intéressé, concernant le transport, le stockage, la mine qui n’a pas détoné. Tout raté doit être traité avec circonspection.
distribution des produits explosifs, le chargement et l’amorçage des Les principales modifications de la réglementation en vigueur
trous de mine, les mesures à prendre avant le tir, le retour au chantier concernent :
et le traitement des ratés, etc. ; — l’interdiction d’utiliser la poudre noire et l’oxygène liquide ;
— établir les plans de tir ; — la limitation de l’utilisation de la mèche lente ;
— délivrer les permis de tirs aux détenteurs d’un certificat de — l’autorisation d’utiliser l’amorçage ponctuel en fond de trou
préposé au tir, d’une habilitation du Commissaire de la République, dans le cas des mines de plus de 6 m ;
d’une pratique suffisante sous l’autorité d’un chef mineur confirmé. — la détermination précise des conditions de foration et de
L’utilisation d’explosifs peut être réalisée sans problèmes chargement des trous de mine simultanés ;
particuliers de sécurité si un certain nombre de règles élémentaires — le traitement des ratés par débourrage (préféré aux mines de
et simples sont appliquées et portées systématiquement à la remplacement).
connaissance des personnels sur des consignes de sécurité
énoncées ci-après.
■ Il faut prendre toutes les dispositions pour éviter d’exposer les 3.2 Nuisances
produits explosifs aux chocs, à la chaleur et à la friction ; cela est
particulièrement vrai pour les dynamites et les détonateurs.
L’énergie inutilisée des explosifs pour la fragmentation et le
■ Il est interdit de fumer dans les dépôts, lors du transport ou de la déplacement est libérée dans l’environnement. Elle est responsable
manipulation d’explosifs. de nuisances (bruit, vibrations et projections) qu’il est presque
■ Sur les chantiers, le transport du personnel et des produits toujours possible de ramener à un niveau acceptable.
explosifs doit être fait dans des véhicules séparés : le véhicule trans- ■ Une explosion dans l’air génère une surpression aérienne
portant les explosifs doit être facilement identifiable et être équipé (souvent appelée souffle à faible distance). Cette dernière, qui
d’extincteurs. peut atteindre plusieurs centaines de bars au contact de l’explosif,
■ Un plan de tir précis, indiquant la position et la longueur des s’amortit très vite avec la distance à la charge selon la loi suivante :
forages, la nature et la quantité d’explosifs à y introduire ainsi que la – 1,2
 
nature et la position des systèmes d’amorçage, doit être réalisé par d
P = K ------------
- (12)
écrit. Q 1/3

■ Lorsque l’on utilise des détonateurs électriques, il faut s’assurer avec P (Pa) surpression,
qu’ils ne peuvent pas être amorcés d’une façon intempestive par la K constante de site,
présence de courants vagabonds, de courants induits dus à la
d (m) distance de la charge,
proximité d’une ligne à haute tension ou, tout simplement, par
l’arrivée d’un orage. Dans certains cas, l’utilisation de détonateurs Q (kg) charge unitaire.
haute ou très haute densité permet d’améliorer la sécurité. La surpression aérienne peut avoir des conséquences néfastes sur
les personnes et les biens. Signalons par exemple une probabilité
■ N’effectuer le branchement des détonateurs entre eux et à la
significative de rupture de vitres pour une surpression supérieure
ligne de tir qu’au dernier moment, lorsque la totalité des trous est
à 133 dB soit 0,5 Pa.
chargée et bourrée.
Dans les conditions habituelles d’utilisation, la charge étant
■ Lors d’un tir électrique, avant la mise à feu à l’aide d’un exploseur, confinée, les seules sources importantes de surpression aérienne
toujours contrôler la résistance du circuit à l’aide d’un ohmmètre, de sont le débourrage prématuré et la détonation de cordeau détonant
façon à la comparer à celle obtenue par le calcul et à pouvoir ainsi en surface. Cet effet peut être supprimé en utilisant un amorçage
détecter une éventuelle anomalie et y remédier (il peut s’agir d’une Nonel ou électrique en fond de trou.
erreur de branchement des détonateurs entre eux, d’une perte de
charge au niveau des épissures si elles sont en contact avec le sol, ■ La détonation d’une charge confinée produit dans la roche une
d’un défaut d’isolement de la ligne de tir, etc.). onde de vibrations, due à l’onde de choc non utilisée pour une
grande part. Cette onde se transmet de proche en proche aux
■ Lorsque l’on utilise du cordeau détonant, il est indispensable de habitations et autres types de constructions, et est susceptible de
veiller à ce que des cordeaux ne se croisent pas en étant au contact créer une fissuration des ouvrages.
l’un de l’autre ; en effet, dans ce cas, la détonation du premier
sectionne l’autre sans automatiquement l’amorcer. Le risque de fissuration est d’autant plus grand que la fréquence
des vibrations est proche de la résonance de l’ouvrage étudié.

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Aucune réglementation française ne précise les limites La mise en place de comptabilité plus précise rend de plus en plus
acceptables ; toutefois diverses recommandations ou règlements évidente l’imbrication des tirs et des autres postes, en particulier en
étrangers existent en la matière. terme de coût.
On montre que le niveau de vibration, exprimé par la vitesse Dans un massif donné, le coût de l’abattage (foration - explosifs)
particulaire, est lié à la charge maximale par retard utilisée dans le est sensiblement constant pour des résultats analogues : en général,
tir : toute augmentation du diamètre, induisant une augmentation de
– 1,8 maille et donc une diminution du coût de la foration par unité de
 
d
V = K ------------
- (13) volume abattu, doit être compensée par une augmentation de la
Q 1/2
consommation d’explosifs.
avec V (mm/s) vitesse particulaire, ■ L’abattage prend une part prépondérante au ciel ouvert, alors
K constante de site, qu’il n’occupe qu’une place marginale en souterrain dans le coût
d (m) distance de la charge, global du projet.
Q (kg) charge unitaire. Dans tous les cas, son impact est important sur l’efficacité des
opérations en aval. Cela intervient sur le respect des délais et les
La limitation des vibrations passe donc par la limitation de la coûts globaux.
charge unitaire. Cela conduit à une réduction de la taille des tirs ou
à des plans d’amorçage plus complexes utilisant le tir séquentiel, Ainsi la fragmentation du matériau extrait intervient directement
éventuellement l’amorçage par charges étagées. sur :
Des enregistreurs existent sur le marché, permettant de surveiller — la facilité de pénétration du godet de l’engin de chargement ;
les niveaux de vibrations, éventuellement selon la fréquence. — le taux de remplissage de ce godet et des engins de transport ;
— la durée de vie des pièces d’usure.
Les nuisances dues aux vibrations revêtent également un
caractère psychologique. Elles peuvent donc être réduites par le De plus, les blocs surdimensionnés nécessitent d’être repris ou
biais d’une information préalable diffusée aux riverains concernés. obligent à des emprunts extérieurs.
La forme du tas de déblais, avec le foisonnement (liés à la
■ Des projections exceptionnelles intempestives peuvent inter- vitesse d’éjection des matériaux), influe également fortement sur le
venir chaque fois que la concentration de la charge est trop rendement de l’engin de chargement.
importante par rapport à la masse de matériau à mettre en
mouvement : Les choix techniques du tir, en particulier le diamètre de foration,
influent sur le mode de chargement des explosifs : les diamètres
— accumulation d’explosif dans une poche du massif ou devant importants de foration permettent d’envisager la mise en œuvre
une faille ouverte ; d’explosifs en vrac peu sensibles, fabriqués sur site. Cette option
— hauteur de bourrage insuffisante, etc. s’accompagne de tirs (en général de tirs de masse) plus importants
Elles sont réduites en portant une attention plus particulière au favorables à une organisation structurée des différentes opérations
chargement des explosifs, aux défauts structuraux du massif et, et à des cadences plus importantes (meilleure productivité).
lors de l’étude, par une définition correcte du plan de tir.
■ Autres formes d’extraction
Lorsque les conditions d’environnement sont très sévères (milieu
urbain), il est possible de se prémunir des projections accidentelles À ciel ouvert, l’explosif n’a pas réellement de concurrence : le rip-
en recouvrant la zone de tir par des bottes de paille, des treillis, etc. peur, même s’il est parfois utilisé au-delà de ses limites
économiques, est limité aux massifs de très faible tenue mécanique.
En souterrain, les tunneliers, voire les machines à attaque
ponctuelles, développés surtout par crainte des explosifs, ne sont
4. Aspect économique réellement économiquement intéressants que dans des massifs
géologiquement favorables.
L’optimisation du tir à l’explosif, au plan économique, s’est Par ailleurs, les améliorations tant en matériel de foration qu’en
le plus souvent limitée à la réduction de ce coût, vraisemblablement chargement des explosifs et organisation du tir (tirs séquentiels en
en raison de la difficulté à cerner économiquement les autres postes. souterrain) ont permis d’améliorer la compétitivité du tir à l’explosif.
Des progrès en productivité sont encore possibles tant en matière
d’organisation du chantier qu’en technique de tir.

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C 5 420 − 20 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction
P
O
U
Utilisation des explosifs R
dans le génie civil
E
par Roger THIARD
N
Docteur ès Sciences
Directeur Technique à Nobel Explosif France
et Alain BLANCHIER
Ingénieur de l’École Centrale Lyonnaise
S
Docteur Ingénieur en Géotechnique
Ingénieur à la Société Explo-Tech A
V
Réglementation
Principaux textes réglementaires, en vigueur au 1er janvier 1990, régissant l’acquisition, le transport, le stockage et l’utilisation des explosifs industriels.
O
Textes d’application générale
1. Loi no 79-519 du 2 juillet 1979 réprimant le défaut de la déclaration de la
17. Arrêté du 15 février 1928 réglementant les conditions techniques générales
auxquelles sont soumis l’établissement et l’exploitation des dépôts de
substances explosives destinées à être employées dans des travaux de
I
disparition de produits explosifs (JO des 2 et 3 juillet 1979).
2. Décret no 80-1022 du 15 décembre 1980 pris pour l’application de la loi
précédente (JO du 20 décembre 1980).
mines (modifié par les arrêtés du 10 décembre 1936, 26 avril 1949,
3 juillet 1950, 20 avril 1951, 4 novembre 1953 et 15 juin 1955). R
Textes particuliers relatifs à l’utilisation des explosifs
3. Décret no 79-846 du 28 septembre 1979 portant règlement d’administration
publique sur la protection des travailleurs contre les risques particuliers 18. Arrêté du 15 avril 1919 réglementant les conditions dans lesquelles les
auxquels ils sont soumis dans les établissements pyrotechniques (JO du substances explosives provenant des dépôts permanents ou temporaires
2 octobre 1980).
4. Arrêté interministériel du 26 septembre 1980 fixant les règles de
régulièrement autorisés peuvent être placées momentanément à proxi-
mité des chantiers où elles doivent être utilisées (modifié par arrêté du
19 mars 1980).
P
détermination des distances d’isolement relatives aux installations pyro-
techniques (JO du 2 octobre 1980).
5. Circulaire d’application de l’arrêté précédent, en date du 8 mai 1981, avec
19. Arrêté du 12 mai 1939 portant réglementation des explosifs agricoles
(modifié par les arrêtés des 25 septembre 1950 et 7 août 1954).
L
4 annexes dont l’une donne la liste des matières et objets explosibles avec
leur classement en division de risques et groupes de compatibilité.
20. Circulaire du même jour pour l’application de cet arrêté.
21. Décret no 51-508 du 4 mai 1951 portant règlement général sur
l’exploitation des mines de combustibles minéraux solides (JO du
U
6. Décret no 81-972 du 21 octobre 1981 relatif au marquage, à l’acquisition,
à la détention, au transport et à l’emploi de produits explosifs (JO
du 29 octobre 1981).
8 mai 1951 et rectificatifs JO des 10 mai, 19 août, 13 décembre 1951 et
9 mars 1954), modifié par décrets du 10 mai 1955 (JO du 15 mai 1955), du
2 août 1960 (JO du 7 août 1960), du 22 avril 1963 (JO du 30 avril 1963), du
S
7. Arrêté interministériel du 3 mars 1982 (JONC du 20 mars 1982) portant sur 22 mars 1967 (JO du 24 mars 1967) et du 29 septembre 1969 (JO du
le marquage et l’identification des produits explosifs. 30 octobre 1969).
8. Circulaire du 9 novembre 1982 (JONC du 21 novembre 1982) se rapportant 22. Arrêté du 21 juin 1955 réglementant les conditions dans lesquelles
au décret no 81-972 du 21 octobre 1981 et à ses arrêtés d’application. peuvent être utilisées les substances explosives provenant de dépôts
9. Décret no 90-153 du 16 février 1990 portant sur diverses dispositions mobiles.
relatives au régime des produits explosifs (JO du 18 février 1990). 23. Décret no 59-285 du 27 janvier 1959, portant règlement général sur
Textes particuliers relatifs au transport et à l’acquisition l’exploitation des mines autres que les mines de combustibles minéraux
solides et les mines d’hydrocarbures explosibles par sondage
10. Règlement pour le transport par chemin de fer, par voies de terre et par
(JO du 13 février 1959) modifié par les décrets no 60-826 du 2 août 1960
voies de navigation intérieure des matières dangereuses, approuvé par
(JO du 7 août 1960), no 63-869 du 20 août 1963 (JO du 24 août 1963) et
arrêté ministériel du 15 avril 1945, et modifié ensuite par de nombreux
11 - 1990

no 69-900 du 29 septembre 1969 (JO du 3 octobre 1969).


arrêtés.
24. Décret no 59-962 du 31 juillet 1959 concernant l’emploi des explosifs dans
11. Arrêté du ministère des Transports du 27 février 1979 sur le transport et
les minières et les carrières (JO du 7 août 1959).
la manutention des matières dangereuses (formation des personnes
chargées de la conduite des véhicules). 25. Arrêtés ministériels du 4 janvier 1960 fixant les conditions d’emploi du
cordeau détonant et les détonateurs à retards dans les minières et les
12. Arrêté interministériel du 3 mars 1982 (JONC du 20 mars 1982) relatif à
carrières.
l’acquisition des produits explosifs.
26. Arrêté ministériel du 16 mai 1963 relatif aux conditions spéciales d’emploi
13. Arrêté interministériel du 3 mars 1982 (JONC du 20 mars 1982) relatif au
Doc. C 5 420

des explosifs et des artifices de mise à feu dans les mines classées
contrôle de la circulation des produits explosifs.
grisouteuses ou poussiéreuses (JO du 23 mai 1963), modifié par arrêté du
Textes particuliers relatifs au stockage 21 juillet 1965.
14. Arrêté du 20 juin 1955 réglementant les conditions techniques auxquelles 27. Arrêtés ministériels du 7 octobre 1969 sur la réglementation des tirs par
sont soumis l’établissement et l’exploitation des dépôts mobiles de mines profondes verticales dans les exploitations à ciel ouvert des mines,
substances explosives. minières et carrières, et autorisant le chargement par gravité d’explosifs
15. Arrêté du 16 février 1977 sur les dépôts de substances explosives en vrac dans les mines verticales des exploitations à ciel ouvert (JO du
destinées à être employées à des travaux de mines (JONC du 6 avril 16 octobre 1969).
1977). 28. Arrêtés du ministère du Travail du 15 décembre 1969 (JO du
16. Décret no 90-155 du 16 février 1990 modifiant le décret no 81-972 du 4 janvier 1970), du 15 mai 1974 (JO du 29 mai 1974) et du 10 février 1976
21 octobre 1981 relatif au marquage, à l’acquisition, à la détention, au (JO du 24 février 1976).
transport à l’emploi des produits explosifs.

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est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction Doc. C 5 420 − 1
P UTILISATION DES EXPLOSIFS DANS LE GÉNIE CIVIL ___________________________________________________________________________________________
O
U 29. Arrêté du 15 décembre 1976 portant création du certificat de préposé au 32. Arrêté ministériel du 21 octobre 1987 relatif à l’emploi de détonateurs

R tir (JO du 28 décembre 1976) modifié par arrêté du 29 janvier 1982


(JONC du 11 février 1982).
30. Arrêté du 18 janvier 1982 (JONC du 31 janvier 1982) pris pour le
dans les mines verticales profondes des travaux à ciel ouvert des mines
et carrières (JO du 31 octobre 1987).
33. Décret no 87-231 du 27 mai 1987 sur les mesures de protection relatives
chargement pneumatique et le tir sans bourrage de certains explosifs à l’emploi d’explosifs dans les chantiers du bâtiment et des travaux
en vrac. publics (JO du 3 avril 1987) qui a remplacé le décret no 62-118 du
31. Circulaire DM /TSS no 115 du 26 mars 1982 donnant la liste mise à jour 15 octobre 1962 avec arrêtés du 15 décembre 1969 (JO du 4 janvier 1970),
E des explosifs autorisés pour :
— le chargement pneumatique en vrac (au titre de la circulaire D no 107 du
du 15 mai 1974 (JO du 29 mai 1974) et du 10 février 1976 (JO du 24 février
1976) et circulaires ministérielles TMO 26/62 du 30 novembre 1962 et
TMO 5/63 du 28 février 1963.
N 4 avril 1969) ;
— le chargement par gravité en vrac ;
— le chargement par chute libre des cartouches ;
34. Décret no 90-155 du 16 février 1990 modifiant le décret no 81-972 du
21 octobre 1981 relatif au marquage, à l’acquisition, à la détention, au
— le chargement en vrac par pompage (ces trois dernières listes au titre de transport et à l’emploi des produits explosifs (JO du 18 février 1990).
la circulaire DM /H no 362 du 21 novembre 1969).

S Constructeurs. Fournisseurs
A Davey Bickford Smith et Cie.
Explo-Tech (Sté).
V Nitro Bickford (Sté).
Nitrochimie (Sté).

O Nobel Explosif France (Sté).


SNPE (Sté Nationale des Poudres et Explosifs).

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