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Isolation antivibratoire et antichoc

Solutions technologiques et industrielles


par Bernard GARNIER
Chef du Service Projets à la société MÉTRAVIB RDS

1. Solutions technologiques...................................................................... B 5 141 - 2


1.1 Supports élastiques..................................................................................... — 2
1.1.1 Choix d’un mode de déformation ..................................................... — 2
1.1.2 Supports élastomériques simples..................................................... — 3
1.1.3 Supports lamifiés................................................................................ — 3
1.1.4 Supports élastoméro-hydrauliques .................................................. — 3
1.1.5 Supports métalliques à base de ressorts ......................................... — 4
1.1.6 Supports métalliques à base de câbles ............................................ — 6
1.1.7 Supports pneumatiques..................................................................... — 6
1.2 Butées antichocs.......................................................................................... — 6
1.3 Absorbeurs dynamiques............................................................................. — 8
1.4 Accouplements flexibles ............................................................................. — 10
1.5 Flexibles hydrauliques ................................................................................ — 11
1.6 Suspension de lignes de tuyauteries ......................................................... — 11
1.7 Suspensions adaptatives ............................................................................ — 12
1.8 Amortissement structural ........................................................................... — 12
2. Ingénierie d’une suspension de machine .......................................... — 15
2.1 Approche globale et démarche .................................................................. — 15
2.2 Calcul d’une suspension ............................................................................. — 16
2.2.1 Données à réunir sur l’application .................................................... — 16
2.2.2 Calcul de la suspension...................................................................... — 16
2.2.3 Choix des plots ................................................................................... — 19
2.2.4 Vérifications complémentaires et correctifs..................................... — 20
2.3 Dimensionnement et optimisation d’un massif........................................ — 20
2.3.1 Principes .............................................................................................. — 20
2.3.2 Choix technologiques......................................................................... — 21
2.3.3 Conception du massif......................................................................... — 21
2.4 Influence des structures amont et aval...................................................... — 23
2.5 Double suspension ...................................................................................... — 24
3. Ingénierie d’une suspension d’équipement sensible ..................... — 25
3.1 Protection antivibratoire ............................................................................. — 25
3.1.1 Recueil des données........................................................................... — 25
3.1.2 Calcul de la suspension...................................................................... — 27
3.2 Protection antichoc...................................................................................... — 27
3.2.1 Domaines d’application ..................................................................... — 27
3.2.2 Enjeux d’une protection antichoc...................................................... — 28
3.2.3 Tests standardisés .............................................................................. — 28
4. Conclusion ................................................................................................. — 30
5 - 1994

Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. B 5 142

appelons les différentes fonctions demandées conjointement à une


R
B 5 141

suspension de machine :
— supporter le poids de l’ensemble suspendu, moyennant une déflexion
permanente dite statique ;
— assurer la connexion d’éléments tels que les arbres de transmission (accoup-
lements élastiques), les lignes de fluides (manchons élastiques, flexibles d’échap-
pements...), etc. ;

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— compenser les effets des vibrations, corriger les désalignements, rattraper


les jeux ;
— absorber les efforts transitoires, les à-coups, les chocs, en étalant la resti-
tution d’énergie ;
— amortir l’énergie vibratoire en la dégradant en chaleur du fait de la structure
moléculaire de l’élastomère choisi ;
— découpler la machine de son environnement pour minimiser la propagation
des vibrations et la génération de bruit par les structures environnantes à moins
qu’il ne s’agisse du cas inverse où l’on souhaite se protéger d’une machine
voisine générant de fortes vibrations, ou d’un environnement susceptible de
générer des chocs (séismes), etc. (§ 3).
Pour assurer de manière fiable et durable toutes ces fonctions, on aura donc
tout avantage à employer des composants de suspension déjà industrialisés.
La première impression qui peut se dégager de la consultation des catalogues
des principaux manufacturiers d’éléments de découplage [Doc. B 5 142] est la
très grande diversité des concepts et des formes. Enjeu parfois de très grandes
séries (supports pour le marché automobile en particulier), l’inventivité des indus-
triels est basée à la fois sur les progrès de la maîtrise des élastomères et de
leur mise en œuvre (en particulier l’adhésion des élastomères sur les embases
métalliques), sur une politique de protection industrielle et de brevets – donc
aussi de contournement de brevets – tout comme sur le recours à des per-
fectionnements subtils de la géométrie ou des concepts amortissants pour en
accroître les performances.
Sans prétendre à l’exhaustivité, le paragraphe 1 vise à familiariser le lecteur
aux diverses formes de base, à leurs avantages spécifiques et donc, avant tout,
à guider la présélection des composants les plus adéquats. Il donne une place
prépondérante aux supports élastiques qui représentent la majeure partie des
applications. Le paragraphe 2 traitera de l’étape finale de sélection des éléments
requis en fonction de l’analyse très précise de l’application.

Le lecteur se reportera utilement à l’article [B 5 140] Isolation antivibratoire et antichoc. Défi-


nitions. Principes physiques, ainsi qu’à l’article [R 3 140] Vibrations des structures industrielles
dans le traité Mesures et Contrôle.
L’auteur remercie particulièrement la société Lord SA pour lui avoir permis d’utiliser large-
ment sa documentation technique dans cet article.

1. Solutions technologiques 1.1.1 Choix d’un mode de déformation


L’élasticité des supports est obtenue en jouant à la fois sur le choix
1.1 Supports élastiques d’un matériau et d’un facteur de forme. On classe en général
les modes de déformation de l’élément élastique en termes :
Sous cette dénomination, considérons tous les éléments per- — de compression (figure 1a) : dans ce cas, comme le matériau
mettant de supporter un équipement et une machine, au sens est lui-même quasi incompressible au sens d’une réduction de
étymologique d’en reprendre le poids. volume en fonction de la pression, la déformation de l’élément élas-
tique est obtenue par expansion vers ses flancs.
Les supports élastiques doivent en outre satisfaire les objectifs
suivants, à un niveau de priorité qui varie selon l’application : Cette déformation est très dépendante du rapport hauteur/ largeur,
et conduit à des supports raides et non linéaires, la rigidité devenant
— compenser les erreurs ou tolérances entre la géométrie des
points d’attache côté machine et côté support ; très grande à partir d’un écrasement donné (figure 1b) ;
— compenser des variations relatives entre ces deux géométries — de traction (figure 1a), où cette fois le poids est repris en
du fait de dilatations différentielles en fonction de la température ; allongeant l’élastomère par un effet inverse de creusement des flancs
— compenser les déformations de la machine ou de l’équipement du support. Aux petites déformations, la raideur est la même qu’en
compression. On observe par contre un assouplissement du support
liées à son fonctionnement ;
— et, bien sûr, filtrer les vibrations et/ou les chocs, grâce au grand au-delà d’un étirement donné (figure 1b), qui peut bien sûr conduire
contraste de raideur entre le support élastique et les structures ensuite à la rupture. Toutefois, la qualité des élastomères et des
« amont » et « aval » (article Isolation antivibratoire et antichoc. Défi- adhésions sur les supports amène à reporter ce risque de rupture
à des allongements spectaculaires de 300 à 400 % !
nitions. Principes physiques [B 5 140]) et à sa capacité à supporter
de grandes déformations statiques et dynamiques.

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— de cisaillement (figure 1a), qui conduit avec des élastomères


à une souplesse accrue restant linéaire dans un large domaine de
charges (figure 1b ). Un autre avantage est que le caractère iso-
volumique de la déformation maintient l’épaisseur initiale du sup-
port inchangée dans ce même domaine ;
— de flambage (figure 1a), qui conduit à un support fortement
non linéaire : aux très petites charges, il se comporte en compres-
sion, avant de s’assouplir fortement lorsqu’on atteint le seuil de flam-
bage. Il se raidit de nouveau et retrouve une rigidité de compression
lorsque le feuillet déporté par flambage se retrouve complètement
écrasé (figure 1b).
Nota : cette typologie vaut bien sûr tout autant pour les déformations dynamiques que
statiques. La principale différence est que le poids s’exerce dans une direction constante et
connue, alors que les vibrations sont potentiellement omnidirectionnelles – et le sont réel-
lement, au sens d’une équirépartition statistique, dès qu’on atteint les fréquences où la
machine n’est plus dynamiquement rigide (article Isolation antivibratoire et antichoc. Défi-
nitions. Principes physiques [B 5 140]) : un support utilisé en compression au sens du
poids de l’équipement se comportera en cisaillement vis-à-vis d’un certain nombre de
composantes vibratoires, et vice versa.
On introduit une notion supplémentaire d’isotropie ou
d’anisotropie :
— un support sera dit isotrope si, autour de sa position statique
nominale d’emploi, il présente des rigidités dynamiques égales dans
la direction des axes principaux de déformation ;
— un support sera au contraire anisotrope s’il présente des
contrastes importants de rigidité dynamique suivant ces différents
axes.
Nota : il est important de tenir compte de l’effet de la charge statique continue (couram-
ment abrégée CSC) pour apprécier l’isotropie d’un support, du fait de la non-linéarité des
courbes caractéristiques de la figure 1b : la raideur dynamique est au premier ordre
assimilable à la valeur de la tangente de la courbe au point de fonctionnement effectif du
plot, multipliée par le coefficient de rigidification dynamique du matériau (article Isolation
antivibratoire et antichoc. Définitions. Principes physiques [B 5 140]). Cela n’est vrai qu’aux
Figure 1 – Classement des modes de déformation
basses fréquences, et dans l’article [B 5 140], on donne donne un exemple de la complexité des supports élastiques
des comportements d’un plot réel en fonction de la fréquence et de la direction considérée.
Un dernier point à prendre en compte est le taux de charge
continue admissible par le matériau du support sans risque de 1.1.3 Supports lamifiés
fluage important, donc de dégradation progressive de sa géométrie
et de ses caractéristiques. Ce taux de charge maximal varie selon La recherche de raideurs très anisotropes dans certains cas amène
le mode de déformation : pour les caoutchoucs, il ne dépasse pas au besoin d’augmenter la raideur en compression d’un bloc d’élas-
30 à 50 kPa en cisaillement, mais peut atteindre dix fois plus en tomère sans modifier sa raideur en cisaillement. Pour cela, on
compression. En pratique, cela limite leur emploi à des suspensions remplace le bloc initial par un feuilletage métal/ élastomère/métal/
au-delà de 7 à 10 Hz en cisaillement et au-delà de 3,5 à 5 Hz en élastomère, etc . Les inserts métalliques intermédiaires bloquent
compression. alors la capacité d’expansion latérale de l’élastomère en compres-
Enfin, un certain nombre de supports visent à apporter sion, sans affecter sa capacité au cisaillement qui reste celle de la
conjointement une fonction butée antichoc (§ 1.2) du fait de leur somme des couches ainsi constituées (figure 5).
géométrie, en conjuguant par exemple à une déformation de cisail- La figure 6 illustre des pièces industrielles réalisées sur ce prin-
lement aux petites amplitudes une déformation de compression aux cipe pour des matériels ferroviaires.
grandes amplitudes (par exemple, figure 2), d’où à la fois de bonnes
performances de découplage vibratoire en conditions normales et
une sécurité garantie en cas de chocs extrêmes. 1.1.4 Supports élastoméro-hydrauliques

Un perfectionnement, apparu il y a une quinzaine d’années dans


1.1.2 Supports élastomériques simples le domaine des supports élastiques, et particulièrement pour le
découplage des moteurs d’automobiles à des fins de réduction de
Les supports les plus utilisés dans l’industrie sont les supports bruit dans l’habitacle, est l’association d’un support élastomérique
réalisés en adhérisant un bloc d’élastomère à des embases métal- et d’un amortissement par un fluide – en général une huile silicone
liques permettant leur fixation par boulonnage. (figure 7a).
Le tableau 1 récapitule des exemples variés de composants stan-
dardisés, tandis que la figure 3 donne une idée de pièces beaucoup
plus spécifiques permettant d’intégrer la fonction découplage dans
les pièces techniques aéronautiques (de même pour des composants
automobiles, ferroviaires, etc.).
Le paragraphe 2 donnera au lecteur l’occasion de se familiariser
avec l’emploi des catalogues des fabricants de produits standardi-
sés, et les données « constructeur » à utiliser pour la sélection du
modèle précis à employer. À titre d’exemple, la figure 4 permet de
calculer précisément des plots élastomériques de forme parallélé-
pipédique en compression. Des formes plus complexes requièrent
généralement des calculs par éléments finis.

Figure 2 – Plot à butée antichoc intégrée (modèle Kléber Marine)

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(0)

Tableau 1 – Diversité des supports élastiques industriels


Traction-compression
Cisaillement
Flambage

M fixation côté machine ou équipement, S fixation côté supportage. Les plots (b), (c), (e), (h), et (  ) nécessitent l’évidement du supportage.

Le but est d’optimiser l’amortissement des débattements de Hydrophase (Kléber), Fluidlastic (Lord), Strafluid (Paulstra), etc.
grande amplitude (basses fréquences associées au ralenti du (figure 7). Leur complexité amène souvent à une optimisation par-
moteur, changements soudains de régime, cahots) sans pénaliser ticulière en fonction du spectre d’excitation et de l’optimum de fil-
pour autant le filtrage des hautes fréquences (confort acoustique), trage requis, une collaboration avec le fabricant est donc à peu près
grâce à des transferts de fluide entre deux chambres à travers des toujours nécessaire, et limite leur application à des perspectives de
conduits capillaires ; ces derniers s’ajustent éventuellement avec la séries appréciables ; c’est ainsi que l’élément présenté figure 7c a
charge, et peuvent présenter en eux-mêmes des résonances intéres- été optimisé spécifiquement pour la suspension moteur de la
santes pour modeler le filtrage à des fréquences particulières Peugeot 604 Diesel.
(figure 8).
On observe ainsi qu’autour de 10 Hz on a pu obtenir 20 fois plus
d’amortissement à forte amplitude (± 1 mm) qu’à faible amplitude 1.1.5 Supports métalliques à base de ressorts
(± 0,1 mm) et une raideur dynamique triple. La surtension du mode
de suspension ne dépasse pas 1,5. Les ressorts métalliques à base de fil d’acier dur sont souvent plus
Soigneusement protégés par des brevets, ces supports complexes encombrants que des blocs d’élastomère pour la même charge,
sont en général désignés par des marques commerciales : plots mais ils ont l’énorme avantage d’être très peu sensibles à la

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Figure 3 – Exemples de pièces


destinées à être montées sur un hélicoptère (doc. Lord)

température, au flux neutronique ou à des gaz agressifs pour les


élastomères tels que l’ozone, les vapeurs d’essence, etc. Ils ont donc
Figure 4 – Abaque de dimensionnement
un domaine d’applications largement défini par des contraintes
d’un plot élastomérique parallélépipédique
d’environnement.
Par ailleurs, l’acier admet des taux de charge très élevés qui
permettent donc de réaliser ainsi des suspensions à très basse fré-
quence dès 2 à 3 Hz.
Leur principal inconvénient est de présenter un amortissement
intrinsèque très faible (l’acier présente un tan δ de l’ordre de 10–3 ),
donc de conduire :
— à de très grandes amplitudes si la suspension est excitée à sa
résonance ;
— à des pertes très importantes de filtrage aux plus hautes fré-
quences lors des résonances des spires les unes vis-à-vis des autres.
Les palliatifs usuels sont les suivants :
— une première approche est d’utiliser le frottement entre les dif-
férents éléments du ressort, comme le traditionnel ressort à lames
encore utilisé dans les suspensions de poids lourds et de wagons
(tableau 1j ) ; toutefois, ce système est fortement non-linéaire, et
totalement inefficace pour des niveaux faibles de vibrations et/ou Figure 5 – Comparaison entre un bloc d’élastomère et un plot lamifié
des fréquences élevées ; (même géométrie, même élastomère) : le plot lamifié est beaucoup
— une deuxième approche est de bourrer le ressort avec un plus rigide en compression mais aussi souple en cisaillement
tampon de paille de fer, gardant la même insensibilité à l’environ-
nement et créant un amortissement de frottement – avec ses avan-
tages d’efficacité aux grandes amplitudes et ses inconvénients de (figure 9a ). Le support élastique de la figure 9b , basé sur deux
filtrage très médiocre aux fréquences élevées (tableau 1b) ; anneaux d’acier enserrant un compound viscoélastique très amor-
— une troisième approche est d’introduire çà et là entre les spires tissant, relève de la même famille de solutions que le ressort de TGV
des blocs d’élastomère venant décaler leurs fréquences propres que l’on vient de citer ;
respectives et apporter un amortissement viscoélastique. C’est ainsi — une quatrième approche est de mettre en parallèle aux ressorts
par exemple que Métravib a permis de régler le problème de rupture un piston plongeant dans une huile visqueuse – c’est le cas des
par fatigue vibratoire des énormes ressorts des suspensions suspensions largement utilisées dans la conception de massifs
primaires des bogies de la première génération de TGV Sud-Est antivibratoires (§ 2.3 et figure 10) ou de suspensions automobiles.

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Figure 6 – Exemples de supports lamifiés pour des matériels ferroviaires (doc. Lord)

Par ailleurs, le recours à des ressorts coniques ou annulaires — les rames ferroviaires (TGV, en substitution aux ressorts métal-
permet de réduire l’occurrence des résonances aiguës de spires liques précédemment cités) ; ces dispositifs compacts sont implan-
toutes identiques. tés sur les bogies reliant les éléments de caisse ;
— les massifs destinés à des instruments très sensibles aux
vibrations, tels que des microscopes électroniques.
1.1.6 Supports métalliques à base de câbles Nota : leur limite est liée au fait que l’amortissement intrinsèque de l’ensemble enveloppe
souple armée + air comprimé est assez faible, alors même que les fréquences très basses
de ses suspensions (parfois inférieures à 1 Hz) peuvent induire de très grands débattements
Ces supports sont en général constitués d’un câble hélicoïdal dynamiques même pour des sollicitations faibles. On ajoute alors des systèmes de transfert
travaillant transversalement comme une série d’anneaux identiques complexes entre les divers plots pour rattraper l’assiette du système ou introduire un
(figure 11). Les déformations vibratoires induisent un frottement des amortissement visqueux accru par des ajutages freinant ces transferts d’air.
brins élémentaires du câble entre eux, donc un amortissement Inversement, un avantage intéressant est l’ajustement et la correction d’assiette, obtenus
par un dispositif annexe de gonflage variable des divers plots – puisque chaque plot est en
important par friction, qui reste non négligeable même à petits même temps, par nature, un vérin pneumatique. Toutefois, ces réglages jouent sur la
niveaux de vibration. Surtout, on conserve à ces petits niveaux l’élas- fréquence propre de la suspension, qui est une fonction non linéaire de la pression. Elle se
ticité du câble, ce qui limite le raidissement observé dans les mêmes calcule assez simplement en tenant compte des équations d’équilibre thermodynamique du
conditions sur les dispositifs à paille de fer (§ 1.1.5) et rapproche les gaz dans les deux chambres : en notant S la surface de piston équivalente, p la pression de
gonflage, V le volume moyen des chambres à l’équilibre, c p la capacité thermique massique
performances de ce système de celles des ressorts à lames des sus- et γ la constante adiabatique du gaz, on obtient la raideur du plot pour de petits déplace-
pensions de véhicules industriels et de wagons : la raideur dyna- ments autour de l’équilibre :
mique effective varie en fonction des sollicitations vibratoires :
(γ – c )
≈ 2 -------------
2
pS p
— à fort niveau, la raideur totale est la somme de la raideur des K
V
- -------------------
γ
différents brins considérés comme indépendants ;
— à faible niveau, la raideur totale correspond à la raideur plus La suspension hydropneumatique, qui fait la particularité des
élevée d’un barreau d’acier compact de même diamètre que le câble. véhicules Citroën (figure 14), est une variante de la suspension pneu-
matique : l’élément élastique est la bulle d’azote des capacités
Ces supports offrent en particulier une excellente protection
hydrauliques mises en dérivation sur le circuit hydraulique des sus-
antichoc, outre l’insensibilité à l’environnement générale aux dis-
pensions, et on règle l’assiette et l’amortissement en jouant sur les
positifs métalliques. Ils existent dans une très large gamme de
transferts de ce fluide hydraulique en lui-même incompressible aux
charges unitaires. Ils sont, par contre, moins performants aux fré-
fréquences de suspension.
quences élevées que les systèmes élastomériques les mieux
conçus, et peu avantageux par conséquent pour traiter des problè-
mes de gêne acoustique.
On rencontre maintenant des versions présentant des sur- 1.2 Butées antichocs
moulages élastomériques pour augmenter l’amortissement à faible
niveau et tenter de pallier ce handicap. On s’étendra peu sur ce composant extrêmement simple, très
connu, et utilisé largement : le principe est une forme globalement
conique à bout arrondi qui va donc augmenter très progressivement
1.1.7 Supports pneumatiques son aire de contact en fonction de la déflexion (figure 15). L’entrée
en appui va donc être quasi imperceptible, la raideur finale est celle
L’air comprimé est à la fois très élastique et assez visqueux, et d’un plot en compression (figure 1b). On utilise des élastomères
offre donc en soi une manière de réaliser la faible raideur amortie ayant une très grande résilience et une bonne ténacité, ce qui en
requise pour constituer une suspension. fait des composants discrets et durables présents dans tout notre
environnement quotidien.
En excluant le cas particulier du pneumatique, l’automobile est
la première, aux États-Unis, à avoir mis en œuvre des suspensions Il est mentionné au paragraphe 1.1 des exemples d’intégration
pneumatiques (figure 12) pour ses lourdes limousines. de telles butées antichocs dans des supports élastiques (figure 2),
mais le plus souvent elles sont implantées séparément, en veillant
Actuellement, on retrouve principalement ces systèmes à ce que leur axe soit bien dans l’axe du choc et perpendiculaire à
(figure 13) pour la suspension à très basse fréquence de systèmes la surface impactante, pour éviter les efforts tangentiels suscep-
très lourds tels que :

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Figure 8 – Performances du plot Fluidlastic (doc. Lord)

tibles de les conduire au flambage et même à l’arrachement ou à


des déchirures internes.

Figure 7 – Exemples de supports élastoméro-hydrauliques

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1.3 Absorbeurs dynamiques


Le principe des absorbeurs dynamiques (appelés aussi batteurs
ou dampers) est d’ajouter un système masse-ressort à l’objet initial
en accordant sa fréquence propre à la fréquence des vibrations que
l’on désire réduire.

On observe alors que l’énergie vibratoire se concentre dans ce


système adventice, jouant le rôle d’un puits d’énergie vis-à-vis
de la structure à laquelle on l’a fixé ; le niveau vibratoire diminue
partout ailleurs, tandis que l’énergie vibratoire est entièrement
dissipée par l’amortissement intrinsèque de l’absorbeur
dynamique.

Figure 11 – Exemples de suspensions à base de câbles métalliques

Figure 9 – Exemple de supports métalliques à base de ressorts

Figure 12 – Suspension pneumatique automobile


(doc. General Motors, Chevrolet)

Figure 10 – Suspension d’une presse sur quatre systèmes Figure 13 – Suspension pneumatique industrielle (doc. Firestone)
de quatre ressorts métalliques associés à un amortisseur visqueux
(doc. Gerb)

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qui est donc paramétré par l’amortissement η de l’absorbeur


(figure 16) ; le résultat est manifeste : l’effet initial de résonance du
système suspendu à Ω0 est considérablement limité, la surtension
ne dépassant jamais 4 si η  0,4 sans changer le filtrage au-delà

de la fréquence de coupure ω  1

2 Ω 0 soit f  ------------ Ω 0 .

La sensibilité du résultat aux paramètres ω 0 , µ et η est telle
qu’une approche systématique d’optimisation est nécessaire pour
chaque cas ! On peut démontrer qu’un rapport µ compris entre
0,15 et 0,25 conduit à de très bonnes performances, mais ce n’est
pas toujours facile d’intégrer un absorbeur d’une telle masse si le
système originel est lourd.
On démontre aussi qu’il est intéressant de choisir la pulsation
propre ω 0 de l’absorbeur en fonction de la pulsation Ω 0 à absorber
de manière à satisfaire à la relation :
Ω KMm
ω0 ≈ -------------
1+µ
0
- soit k = ------------------------2
M + m
La figure 16 présente les résultats obtenus dans ce cas pour
µ = 0,25 en faisant varier η .
Lorsque η est infini, l’absorbeur ne fonctionne plus, et on retrouve
le pic de vibrations initial abaissé en fréquence du fait de l’ajout de
la masse m. Lorsque l’absorbeur ne présente aucun amortissement,
la vibration devient nulle à sa fréquence propre ω 0 (soit ici 0,8), mais
on a remplacé le pic de vibrations initial par deux résonances
Figure 14 – Schéma de la suspension arrière d’une BX Citroën
respectivement en deçà et au-delà de la fréquence initiale.
Il existe donc un optimum assez « pointu » de l’amortissement
de l’absorbeur dynamique, de l’ordre de 0,4, pour en obtenir le
meilleur résultat, qui en fait dans la pratique, malgré un principe
très simple, une réalisation de spécialiste.
C’est encore plus évident quand on doit prendre en compte l’effet
de la température sur les caractéristiques de raideur (donc de fré-
quence propre) de l’absorbeur (qui risque de s’échauffer sous l’effet
de l’énergie vibratoire qu’il dissipe en son sein du fait de son amor-
tissement η ) et la difficulté technologique de le rendre résistant à
des millions de cycles de vibrations à assez forte amplitude.
On rencontre malgré tout très fréquemment des absorbeurs
Figure 15 – Butée antichoc : principe dynamiques dans des machines industrielles, en particulier pour
limiter les vibrations de torsion des lignes d’arbres (figure 17a) et
des vilebrequins de moteurs thermiques (ce qui sort du cadre de
La mise en équation du système est assez simple, si l’on cet article) ; on les emploie aussi pour maîtriser çà et là des raies
considère la structure initiale comme réductible à un système vibratoires bruyantes de machines tournant à des régimes stables
masse-ressort selon le degré de liberté de la vibration à absorber : (aéronefs à la vitesse de croisière) ou pour réduire l’effet de modes
le système est alors celui décrit à la figure 16. propres de structures de supportage de machines dont on ne peut
En notant Ω 0 la pulsation propre du système initial et ω 0 la pul- empêcher qu’ils soient excités à la résonance (§ 2.5). Une autre
sation propre de l’absorbeur dynamique implanté sur un support application fréquente est l’absorption des vibrations du porte-outil
rigide, µ le rapport de la masse de l’absorbeur à celle du système et/ou de la table de fraiseuses, tours et machines de perçage pour
initial (µ = m/M ), on peut établir que le rapport d’amplitude de la éviter le broutement des outils de coupe (figure 17b).
vibration à la pulsation ω de la masse M après (Z a)/avant (Z i ) On rencontre enfin parfois des absorbeurs dynamiques au sein
l’implantation de l’absorbeur, pour la même excitation F = F 0 sin ωt, même de supports élastiques, pour absorber une fréquence singu-
s’établit à : lière, mais cette disposition perturbe le filtrage initial et se révèle
peu avantageuse.
2 2 2 2
Z η ω 0 + ω 2 – ω 0 
-----a- ( ω ) ≈ -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Zi Ω
2 2
ω0
2 2
2 2 ω ω2
   
2 2
 η ω 0  --------2- 1 – --------20- + µ + µω 2 --------2- – --------2- – 1  ω 2 – ω 0 
Ω0 ω Ω0 Ω0

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Figure 16 – Courbes de transmission de l’absorbeur dynamique en fonction de l’amortissement

Figure 17 – Exemples d’absorbeurs dynamiques

1.4 Accouplements flexibles


Les accouplements flexibles, tout comme les supports élastiques,
sont utilisés à la fois pour filtrer les vibrations de flexion et de torsion
des arbres de machine et pour rattraper les désalignements et les
jeux résiduels entre les éléments successifs, tout en transmettant
bien sûr le couple nominal et donc toute la puissance motrice de
l’arbre. On rencontre de nouveau, par conséquent, la superposition Figure 18 – Exemple de rotule élastomérique lamifiée
de charges statiques continues élevées à des charges dynamiques
plus faibles qu’il faut filtrer efficacement, avec en plus des effets de
désalignement qui créent des mouvements transverses cycliques en reliés respectivement aux flasques amont et aval des arbres. Bien
basse fréquence (à la période de rotation). sûr, ils sont soigneusement équilibrés pour ne créer aucun balourd
supplémentaire. Suivant que l’on cherche à faciliter la correction d’un
désalignement de translation ou angulaire, on pourra identifier des
L’objectif premier des accouplements élastiques est d’ aug- composants plus souples selon l’un de ces degrés de liberté. C’est
menter la fiabilité des machines en minimisant les risques ainsi qu’il existe de véritables rotules élastomériques à base de
d’usures et de ruptures dus aux couplages vibratoires entre les coupelles lamifiées (figure 18) permettant de constituer des joints
différents éléments (moteurs, réducteurs, pompes, génératrices à la Cardan sans le moindre jeu mécanique, et que l’on rencontre
électriques, etc.). Mais ils offrent un potentiel antivibratoire et aussi comme fixation nominale des pales d’hélicoptères : cette struc-
antibruit important à une époque où le confort des opérateurs ture lamifiée permet de ne leur donner de souplesse que sur le degré
devient une préoccupation croissante dans l’industrie. de liberté prescrit (pour garder le même exemple, l’angle d’incidence
de la pale).
La figure 19 récapitule des formes courantes d’accouplements
Sur le plan technologique, on retrouve les mêmes combinaisons
flexibles industriels disponibles dans une large gamme de puis-
d’éléments souples (le plus souvent élastomériques) travaillant tant
sances à transmettre.
en cisaillement qu’en compression, entre les inserts métalliques

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Figure 19 – Exemples d’accouplements


industriels, selon la puissance à transmettre :
Gamme Dynaflex (sté Lord)

Les modèles de forte capacité (modèle LCD Lord) font l’objet de


perfectionnements supplémentaires tels que la précontrainte radiale
de l’élastomère, qui augmente sa capacité de charge en torsion, et
la capacité de glissement éventuel de l’élastomère vis-à-vis du
flasque externe simplement emmanché à force, qui constitue une
protection mécanique des machines aux surcharges et transitoires
excessifs (par exemple, protection du moteur entraînant vis-à-vis
d’un grippage soudain d’un palier de la machine entraînée : l’accou-
plement LCD débraye alors dès que le couple résistant dépasse le
couple de frottement élastomère précontraint/métal). Figure 20 – Flexible à base de tuyau annelé et de tresse
(doc. Angst et Pfister)

1.5 Flexibles hydrauliques


La suspension d’une machine à des fins d’isolation antivibratoire
et antichoc impose d’introduire des liaisons souples sur toutes les
liaisons fluides (eau, huile, gaz d’échappement, etc.) et électriques,
qui soient :
— d’une raideur faible devant la raideur de la suspension ;
— d’un débattement au moins égal à l’amplitude permise en fonc-
tionnement extrême par la suspension au point de liaison en ques-
tion (amplification par les mouvements couplés de basculement,
etc.).

Ces exigences ne sont pas toujours faciles à satisfaire quand


il s’agit de liaisons de sécurité soumises par ailleurs à de fortes
contraintes de conception (circuits électriques résistant au feu, Figure 21 – Montage correct des flexibles hydrauliques
fluides dangereux ou circuit de sécurité tel que l’assèchement
d’une cale de navire, etc.) ! L’expérience montre beaucoup trop
de cas où ces liaisons se trouvent de fait court-circuiter les Certains dispositifs peuvent permettre de pallier l’effet de fond
suspensions (donc, face aux vibrations et chocs, tenir de facto la sans porter préjudice à l’efficacité du découplage (figure 22) :
machine, avec les risques que cela présente), ce qui nous amène — faire en sorte que les effets de divers réseaux s’annulent
à insister sur ce point ! diamétralement par rapport au centre de gravité de la machine,
par un choix judicieux des sections des flexibles (figure 22a ) ;
Il est toutefois impossible de présenter la totalité des dispositifs — précontraindre les flexibles par des tirants reprenant l’effet
utilisables pour découpler les liaisons fonctionnelles des machines. de fond sans pour autant court-circuiter le découplage, au prix
Les plus courants reposent sur l’emploi de flexibles élastomériques d’un second flexible symétrique (figure 22b ) ; les flexibles
armés et de flexibles en acier annelé (figure 20) protégés le cas doivent alors être deux fois plus souples que dans le montage
échéant par des tressages métalliques. standard.
Nous insisterons plutôt (figure 21) sur la notion de bon montage
de ces dispositifs et sur le problème de l’effet de fond propre à tout
réseau pressurisé qui amène à créer un effort proportionnel à la 1.6 Suspension de lignes de tuyauteries
pression et à la section du tuyau sur le côté découplé, qui va donc
s’ajouter au poids de la machine dans la détermination de la Les tuyauteries peuvent apparaître comme une voie privilégiée de
charge statique continue de la suspension et de la déformation transfert de bruit mécanique, en particulier les fluctuations de pres-
permanente en service des plots. sion des pompes (comme les raies caractéristiques de passage des
pales devant le bec de la volute des pompes centrifuges et le spectre
très riche des pompes à engrenages et à pistons), mais aussi les
tourbillons et instabilités hydrauliques générés par les valves et

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Figure 23 – Collier de suspension pour tuyauteries


(d’après modèle Vibrachoc)

vis-à-vis de la caisse du véhicule que pour le véhicule vis-à-vis de


la route. C’est pourquoi se développe maintenant, grâce aux progrès
de la microélectronique qui font chuter les coûts des capteurs, con-
Figure 22 – Compensation de l’effet de fond sur les flexibles trôleurs et actionneurs nécessaires, un ensemble de technologies
permettant de modifier les paramètres de raideur et d’amortis-
autres singularités hydrauliques des réseaux. Ces fluctuations de sement d’une suspension en fonction de la situation précise.
pression excitent la conduite, parfois très loin des sources, et se Abusivement dénommée parfois suspension active , puisqu’on ne
transmettent ensuite aux bâtiments, d’où des bruits parfois très cherche pas à annuler frontalement la vibration occurrente mais
perceptibles. seulement à paramétrer au mieux la suspension passive pour un
Il est donc intéressant de les suspendre à des fréquences assez filtrage optimal, cette technique est d’ores et déjà disponible indus-
basses pour que le filtrage soit efficace. triellement et offerte sur les véhicules haut de gamme pour optimiser
le confort et le comportement routier. Un exemple est donné à la
On voit souvent les installateurs prendre la précaution d’insérer
figure 24.
un anneau de caoutchouc entre les tuyaux et les colliers de montage,
mais force est de constater que le seul effet positif est de permettre Les capteurs employés sont en général des accéléromètres, qui
la dilatation relative du tuyau dans ses colliers : l’efficacité de filtrage permettent de caractériser l’amplitude des vibrations à filtrer et leur
vibratoire est en général nulle, parce que la raideur du filtre est trop spectre instantané, mais aussi des contacteurs sur les pédales
grande et la masse suspendue trop faible, pour les raisons suivantes : d’accélération et de freinage, voire une mesure de l’angle du volant.
— l’élastomère travaille alors en compression, sur une grande Leur signal est traité par un contrôleur électronique qui délivre un
surface, et souvent avec une forte précontrainte pour une faible signal de commande à un actionneur tel qu’une minuscule servo-
épaisseur : le facteur de forme est tel qu’on est d’emblée en butée valve qui va ajuster l’orifice de communication entre les 2 chambres
sur la caractéristique raideur/déflexion (figure 1b ) ; d’une suspension élastoméro-hydraulique ou pneumatique (§ 1.1.4
— le tuyautage est relativement souple, si bien qu’il ne peut pas et 1.1.7), ajustant ainsi tant sa raideur que son amortissement. Les
toujours être considéré comme indéformable à la fréquence de sus- enjeux très importants de propriété industrielle ne permettent pas
pension. Dans ce cas, la masse qui définit la fréquence de suspension de détailler les algorithmes de contrôle employés ; mais il suffit de
sur le collier est seulement la fraction de tuyau à ± 1/2 longueur passer brutalement de deux types de revêtements routiers de qua-
d’onde de flexion du collier, et non plus la fraction à ± 1/2 distance lités très différentes pour en mesurer l’efficacité et comprendre le
entre crampages (article Isolation antivibratoire et antichoc. Défini- succès commercial des suspensions hydractives ! Les stratégies de
tions. Principes physiques [B 5 140]). pilotage intègrent bien entendu des critères de tenue de route aux
préoccupations de pur confort.
Ces mêmes technologies ouvrent la voie à des réalisations
La seule solution est donc de recourir à des colliers très d’absorbeurs dynamiques capables de suivre des raies vibratoires
souples , dont l’élastomère sera ajouré à la fois pour réduire les variables (§ 1.3), mais nous n’en connaissons pas encore d’exemple
sections travaillantes et pour favoriser un travail en cisaillement industriel à ce jour.
du matériau (figure 23) ; une autre approche consiste à
regrouper rigidement toutes les lignes de tuyauteries à décou-
pler, à suspendre globalement, par des plots classiques, le fagot
ainsi créé... et à se ramener ainsi au cas des supports 1.8 Amortissement structural
élastiques (§ 1.1), avec une masse accrue.
L’amortissement des structures n’est pas en soi une mesure d’iso-
lation antivibratoire, mais plutôt une mesure d’accompagnement
utile d’un dispositif efficace de découplage, au sens des définitions
1.7 Suspensions adaptatives posées à l’article Isolation antivibratoire et antichoc. Définitions. Prin-
cipes physiques [B 5 140]. En effet, toute résonance structurelle tant
Autant la suspension d’une machine tournant à vitesse constante de la structure qui supporte l’installation, ou de la machine
peut être optimisée une fois pour toutes, autant il est difficile de elle-même, que du support lui-même, conduit à une perte importante
trouver un compromis satisfaisant en toutes circonstances lorsque d’isolation relative au système indéformable idéalisé. L’apport d’un
le régime moteur, la charge ou l’environnement varient dans de très dispositif accroissant l’amortissement naturel de chacun de ces élé-
larges proportions. L’automobile est un bon exemple de cette varia- ments réduira considérablement les vibrations et le bruit transmis.
bilité des critères de choix d’une suspension, tant pour le moteur

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Figure 24 – Suspension automobile adaptative (doc. Renault)

L’amortissement intrinsèque du plot pour limiter l’ampleur de ses


Plus précisément on se souviendra : résonances et antirésonances internes est très lié à la conception
— que la machine convenablement isolée présente des même des supports élastiques, et n’est pas d’une mise en œuvre
niveaux vibratoires sensiblement plus importants que son homo- directe par l’utilisateur (§ 1.1.5). C’est malgré tout un élément essen-
logue fixée rigidement, et requiert donc à la fois un équilibrage tiel de performances à considérer dans le choix d’un support, si le
plus précis et l’amortissement de toute résonance excitée filtrage doit couvrir une bande de fréquences s’étendant assez haut
durablement en fonctionnement – l’idéal étant d’éviter toute (gêne finale acoustique en particulier), et c’est sur la capacité à mini-
résonance dans toute la plage de fonctionnement par une miser ces effets de résonances internes que l’on juge la technicité
conception structurale appropriée (article Vibrations des struc- d’un fabricant de supports industrialisés.
tures industrielles [R 3 140] dans le traité Mesures et Contrôle) ; L’amortissement des structures mécanosoudées qui constituent
— qu’une résonance locale de la patte de la machine fait chuter le plus souvent l’environnement direct d’une machine est obtenu par
sa raideur dynamique dans la bande de fréquences corres- apport d’un revêtement d’élastomère viscoélastique qui va trans-
pondante jusqu’à des valeurs qui deviennent au mieux du même former en chaleur la fraction d’énergie vibratoire de déformation
ordre que la raideur du support élastique, lui enlevant par qu’il va pouvoir dériver de la structure initiale.
là-même toute efficacité propre (intrinsèquement liée à un
contraste de raideur), tout en amplifiant le niveau de la machine ;
— que des antirésonances du plot augmentent à l’inverse sa Les conditions d’efficacité sont alors faciles à énoncer :
raideur dynamique au point de créer un court-circuit de la — l’élastomère employé doit être au centre de sa zone de tran-
suspension aux fréquences correspondantes ; sition entre les états vitreux et caoutchoutique aux températures
— que des résonances locales ou globales de la structure de et fréquences requises pour présenter un taux élevé d’amortis-
supportage font chuter sa raideur dynamique vue du plot, et sement (article Isolation antivibratoire et antichoc. Définitions.
annulent de nouveau le contraste d’impédance vibratoire dyna- Principes physiques [B 5 140]) ;
mique qui assurait l’efficacité du dispositif. — il doit dériver une fraction importante de l’énergie élastique
initiale de déformation, donc avoir un apport de rigidité
significatif.

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Un produit viscoélastique ayant un tan δ de 1 amènera un amor- L’amortissement par revêtement contraint sera donc optimisé en
tissement global de 10 % si sa contribution en raideur est de 10 %, conduisant successivement :
et le double si elle est de 20 %, ce qui divisera l’amplification ini- — une analyse des déformations vibratoires de la structure ini-
tiale de la résonance, en général de l’ordre de 100 pour une struc- tiale, pour identifier les éléments concentrant le maximum de
ture mécanosoudée de bonne qualité, par 10 ou 20 respectivement, contraintes dynamiques , qui feront prioritairement l’objet du
soit un gain de 20 ou 26 dB respectivement sur la raie vibratoire en traitement ;
question. — la sélection d’un matériau présentant un pic suffisant d’amor-
On a vu à l’article Isolation antivibratoire et antichoc. Définitions. tissement viscoélastique aux fréquences et températures d’emploi
Principes physiques [B 5 140] qu’il n’existait malheureusement pas (bases de données issues d’appareils comme le viscoanalyseur,
de produit amortissant qui présente dans les gammes usuelles de par exemple) ;
températures et de fréquences un module d’Young qui puisse se — le choix des épaisseurs optimales du viscoélastique et de la
rapprocher de celui du métal : il n’est donc pas possible actuellement contreplaque, en fonction de l’efficacité requise, des minimums
de trouver un matériau qui puisse simplement revêtir la structure imposés par les irrégularités de surface de la structure de départ et
initiale, si ce n’est des tôles très minces comme un tablier ou un des maximums de poids supplémentaire. Il existe des abaques pour
capot de véhicule automobile ! les revêtements plans et des logiciels de calcul pour des situations
plus complexes (profilés creux et tubes, géométries tridimension-
nelles, etc.) (figure 25b).
La solution est alors de faire travailler le revêtement amor-
tissant en cisaillement (§ 1.1.1) par l’adjonction d’une contre-
plaque raide, souvent métallique, parfois en composite à base de
fibres à haut module si un gain de poids est nécessaire : ce
dispositif est appelé revêtement contraint (figure 25a). Plus la
couche cisaillée est mince, plus la contreplaque est épaisse, et
plus on dérivera d’énergie vibratoire de la structure initiale.

Figure 25 – Amortissement viscoélastique contraint

Figure 26 – Accélérance /F relevée sur une structure navale mécanosoudée avant/après amortissement par revêtement viscoélastique
contraint : — dans la zone des premiers modes (100 à 1 000 Hz), efficacité moyenne 15 à 20 dB sur les modes ;
— dans les hautes fréquences : effet direct sur la propagation, – 6 à – 8 dB à toutes les fréquences

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précisément les contraintes du projet précis de suspension que l’on


Ainsi conduit, l’amortissement structural aboutit à des résul- veut traiter, en donnant toute la latitude permise sur chacune d’elles !
tats en général spectaculaires (figure 26), et ce d’autant plus que Réciproquement, il est indispensable de prendre en compte
les structures initiales sont de construction soignée, car l’amor- conjointement dans l’analyse l’ensemble des connexions de la
tissement initial d’une structure mécanosoudée est largement lié machine – on voit encore trop souvent des pompes bien suspendues
aux défauts des soudures et autres sources de microfrot- se trouvant de fait, vis-à-vis des vibrations, exclusivement tenues
tements... peu compatibles avec les normes de sécurité et de par les tuyauteries auxquelles elles sont raccordées par des pré-
certification ! tendus flexibles trop raides dynamiquement. Ce n’était certes pas
l’objectif de la suspension !
Le tableau 2 donne la synthèse des différentes caractéristiques
2. Ingénierie d’une suspension des éléments de suspension à réunir, en particulier en interrogeant
les fournisseurs. (0)
de machine
2.1 Approche globale et démarche
Les différentes fonctions demandées conjointement à une
suspension de machine faisant appel à des caractéristiques souvent
contradictoires pour le concepteur, il est important de recenser

Tableau 2 – Synthèse des caractéristiques des éléments de suspension


vous devez connaître
la raideur dynamique K ’

l’accélération vibratoire
vibratoire relatif/plot x
la force excitatrice F s
dynamique tan  = 

les inerties I (x, y, z )


la raideur statique K

la transmissibilité

la transmissibilité
l’amortissement

aux vibrations T

Pour et appliquer
le déplacement

amont /plot  s

contrôler la formule
la période 

aux chocs c

la masse M

le poids P

la déflexion statique d ● ● d = P/K


l’excitation vibratoire F s ● ● ● Fs = K ’(1 + tan δ ) x
K′
ou F s ≈ --------2 ( 1 + tan δ ) γ s
● ● ● ●
ω
la force vibratoire F t = T Fs
● ●
transmise F t
l’accélération vibratoire γt = T γs
transmise γ t
● ●

la fréquence propre 1
de la suspension f 0 f 0 = --------- K ′/M
● ● 2π
dans les axes principaux
la surtension
à la résonance ● Q ≈ 1/ tan δ = 1/ η
de la suspension Q
R = τc
la réponse au choc R ● selon notation [B 5 140]
l’énergie absorbée ● ● statique : E = 1/2 K d 2
par le plot
● E = 1/2 P 2/K
● dynamique : E = 1/2 K ’ x 2
1
● ● ● E ≈ ------------ 2
- K ′γ s
2ω 4

l’énergie dissipée par cycle de vibration :


par le plot ● ● ●
E = π K ’ x 2 tan δ
● ● ● ● par seconde : E = ω E0
π
● ● ● ● E ≈ -------- 2
-K ′ γ s tan δ
ω 3

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Parallèlement, il faut répertorier les contraintes d’environnement 2.2 Calcul d’une suspension
de l’installation et, en particulier :
— les températures moyennes et extrêmes rencontrées, en dis- 2.2.1 Données à réunir sur l’application
tinguant s’il le faut les conditions de stockage et de service ;
— la présence de solvants ou de gaz dans l’environnement direct La première étape du calcul d’une suspension est la collecte des
des éléments isolants (ozone, fuites de lubrifiants, fuites de gazole, données permettant de définir précisément l’application. La plupart
eaux polluées chimiquement), à titre régulier ou occasionnel des fabricants d’éléments de suspension fournissent des question-
(vidanges, interventions de maintenance, peinture périodique des naires standards en annexe à leurs catalogues, et nous remercions
éléments environnants les plots, etc.) ; l’un d’eux de nous avoir permis de le reproduire ci-après (tableaux
— la présence d’abrasifs tels que du sable, des poussières métal- 4 et 5). Bilingue, il permettra au lecteur de consulter des construc-
liques, etc., susceptibles d’être entraînés dans les interstices des teurs de toute origine [Doc. B 5 142].
supports ;
— la possiblité ou non d’accéder aux supports pour les contrôler
périodiquement et en vérifier en particulier la déflexion statique
2.2.2 Calcul de la suspension
(fluage) et le lignage (déformations transverses à vérifier vis-à-vis
de la limite admissible par le plot) ; À ce stade, on peut donc identifier :
— les contraintes de tenue au feu et les risques d’émanation de
gaz de combustion toxique. — la charge statique de chaque supportage ;
— les raies d’excitation fondamentales et harmoniques de la
Ces exigences d’environnement (au sens large) vont guider le machine, aux régimes de fonctionnement nominaux les plus lents.
choix des familles chimiques d’élastomères compatibles avec On notera f e la fréquence la plus basse d’excitation ;
l’installation : on présente dans le tableau 3 les principales propriétés — l’objectif de découplage minimal pour ces premières raies. À
des élastomères couramment utilisés. défaut d’un objectif précis, on pourra prendre typiquement une iso-
Bien entendu, au-delà de leur sensibilité différente aux divers para- lation de 75 % (1/4 seulement de la vibration est transmise), soit
mètres d’environnement tels que la température, ces élastomères T = 0,25.
ont un comportement différent en termes de linéarité aux grandes On en déduit alors la fréquence propre f 0 de la suspension :
amplitudes de vibration, d’intensité de résonance des modes
internes, etc. : leur choix est donc largement lié aussi à la conception fe
du plot lui-même (forme en particulier). f 0 = --------------------------
-
1+1⁄T
par exemple, pour :
30
T = 0,25 et f e = 30 Hz, f 0 = -------- = 13,4 Hz
5
Cette fréquence propre oriente a priori le choix du type de sup-
ports élastiques, au sens où toutes les technologies ne permettent
pas de couvrir les fréquences les plus basses (figure 27). (0)

Tableau 3 – Propriétés des élastomères les plus couramment utilisés


1. Caoutchoucs naturels Couvrent avec de bonnes performances la plupart des applications industrielles et constituent
la solution de référence.
2. SBR (styrene-butadiene rubber ) Mélanges de caoutchoucs de synthèse et de charges diverses permettant d’étendre la gamme
des rigidités et des amortissements, sans trop perdre des propriétés initiales des caoutchoucs.
3. Butyle Perméabilité aux solvants réduite, meilleure inertie chimique, grande résistance mécanique intrinsèque,
d’où une grande résistance à des environnements difficiles.
4. Polybutadiène Souplesse accrue aux basses températures mais moins résistant globalement que les caoutchoucs.
5. Éthylène propylène Très bonne stabilité au vieillissement, bonne inertie chimique, produit peu coûteux.
6. Néoprène Résistance assez faible aux solvants. Bonne tenue au feu, très bonne stabilité au vieillissement.
Assez proche en tenue mécanique des caoutchoucs.
7. NBR (natural butadiene rubber ) Bonne résistance à l’huile et aux solvants, y compris les lubrifiants diesters. Bonne stabilité
au vieillissement en température élevée. Très bonne tenue à l’eau.
8. Polysulfide Remarquable tenue à l’huile et aux solvants. Faible perméabilité. Très bonne tenue au vieillissement.
9. Polyuréthanne Remarquable tenue à l’abrasion et aux fortes sollicitations. Bon vieillissement. Résiste à l’ozone,
aux huiles et carburants.
10. Silicone Les meilleures stabilités de performances dans des gammes de températures très larges.
Remarquable tenue au vieillissement. Résistant aux radiations. Tenue appréciable aux huiles.
11. Hypalon Très faible perméabilité. La meilleure tenue au vieillissement en présence d’ozone et en plein air.
Résistance exceptionnelle aux acides et bases.
12. Acrylique Bonne résistance à la chaleur, aux solvants et aux huiles. Bonne tenue en plein air. Insensible à l’ozone
et à l’oxydation.
13. Élastomères fluorés Remarquable tenue à haute température. Bonne résistance aux huiles, faible perméabilité. Très bonne
résistance à l’ozone et à l’oxydation.

(0) (0)

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Tableau 4 – Données à fournir pour l’analyse d’une application industrielle


(Data Required for Industrial Application Analysis) (1)
1. Dénomination et description de l’unité à suspendre :
Specific name and description of unit : ________________________________________________
________________________________________________________________________________
2. Masse totale suspendue :
Total suspended weight : _______________________________kg
3. Répartition des masses et position du centre de gravité CdG
relativement aux points de fixation :
Weight distribution of center of gravity location with respect to
mounting point :
 CdG centré/centered
 CdG décentré : coter le schéma ci-contre
Offset : if so, fill in blanks

(rayer la mention inutile)


4. Gamme de fréquences excitatrices : ________ à ________(tr/min) (Hz)
Disturbing frequency range :________________to ________(cpm) (Hz)
5. Principale direction excitée : horizontale , verticale , toutes directions 
Primary direction of disturbance : horizontal , vertical , all directions 
6. Source des vibrations : moteur thermique , dispositif à balourd , machine tournante 
Source of vibrations : IC engine , rotating eccentric weight , rotating machinery 
autre/other  : _________________________________________________________________
7. Efficacité d’isolation requise/Vibration isolation required : _____________% minimum
8. Chocs appliqués à l’unité/ Impact loads on unit : _____________ m/s2, direction _____________
(rayer la mention inutile)
9. Fréquence de ces chocs/Frequency of impact loads : ________________ (Hz) (cpm )
10. Débattement maximal admissible/Sway space limitation : _______________ mm
11. Forces extérieures appliquées à l’unité/ External forces on mounting system :
Tension de courroie ou de chaîne/ belt or chain pull : _______________ N, direction
Distance relativement au CdG/distance from CG : _________________ mm
Couple induit/torque reaction : N×m
12. Équipement fixe/Stationary  : ou mobile  (type de véhicule ________________ )
(sur route/on-highway : , tout terrain/offroad )
13. Données d’environnement/Environmental requirements :
Température : __________oC min/ ___________oC max
Exposition aux solvants/Solvant exposure : huile/oil , fluide hydraulique , essence/gasoline , ozone ,
autres  : ___________________
14. Joindre tous commentaires et croquis utiles SVP/Comments, sketch, layout drawing, etc. are desirable
(1) Document reproduit avec l’aimable autorisation de Lord Corporation.

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Tableau 5 – Données à fournir pour la définition d’une suspension de moteur thermique


(Data required for Engine Analysis) (1)

Moteur 2 temps  / 4 temps  Gamme de vitesses : à tr/min


2 cycles  4 cycles  operating range : to rpm
Moteur opérant au ralenti  , à pleine vitesse  à toute vitesse intermédiaire 
Engine operates at idle  , full speed  any speed in-between 
Ces informations sont nécessaires à notre analyse :
(this information is required for an analysis) :
1. Modèle de moteur et constructeur ___________________________________________________________________________________________
Engine model and manufacturer
2. Modèle de transmission et constructeur ______________________________________________________________________________________
Transmission model and manufacturer
3. Poids du moteur (en ordre de marche, tout compris) We = ______________________
Engine weight (wet, including accessories)
4. Poids de la transmission (en ordre de marche, carter plein) Wt = ______________________
Transmission weight (wet)
5. Hauteur du centre de gravité du moteur/axe vilebrequin He = ______________________
Engine CG height above CSCL (2)
6. Hauteur du CdG de la transmission/axe vilebrequin Ht = _______________________
Transmission CG height above/below CSCL (2)
7. Hauteur de l’emplacement des plots AV/axe vilebrequin Hf = _______________________
Front mount location above/below CSCL (2)
8. Hauteur de l’emplacement des plots AR/axe vilebrequin Hr = _______________________
Rear mount location above/below CSCL (2)
9. Distance du CdG moteur/plots AV Le = _______________________
Engine CG location behind front mount
10. Distance de plots AR/plots AV Lr = _______________________
Rear mount location behind front mount
11. Distance au CdG transmission/plots AV Lt = _______________________
Transmission CG location behind front mount
12. Entre-axes des plots AR Sr = _______________________
Rear mounting spread
13. Entre-axes des plots AV Sf = _______________________
Front mounting spread (zero for single front mount)
14. Vitesse moteur – à vide/idle NI = _______________________
Engine speed – en opération/operating NO = ______________________
15. Nombre de cylindres et disposition (I-6, 90o V-8, etc.) _________________________________________________________________________
Number of cylinders and arrangement
16. Nombre de cycles (2 ou 4 temps) ____________________________________________________________________________________________
Two or four strokes
(1) Document reproduit avec l’aimable autorisation de Lord Corporation.
(2) CSCL (Crank Shaft Centerline) = axe du vilebrequin.

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Puis on détermine la déflexion statique d’une telle suspension, Si le constructeur n’indique que des valeurs de raideur statique,
en supposant la pesanteur g = 9,8 m/s2 : on pourra considérer que K ’ ≈ 1,5 K pour un caoutchouc typique.
9,8 1 On se guidera dans le catalogue à la fois par l’objectif de raideur
d = ----------------2- soit d ≈ ---------
2
(m) et par celui de fréquence propre (ou de déflexion statique). D’une
4π 2 f 0 4f 0 manière générale, on évitera de surcharger un plot par rapport aux
indications du constructeur :
soit, dans notre exemple, d ≈ 1,4 × 10 –3 m et on en déduit la raideur
— on augmenterait le risque de fluage et de dégradation
dynamique du plot à cette fréquence :
prématurée,
Mg — on risquerait de rencontrer de fait une raideur beaucoup plus
K ′ = ------------ (N/m) élevée, due à la non-linéarité probable du support sous fortes
nd
charges !
avec n nombre de plots.
Nota : dans le cas où la disposition des plots les amènerait à être inégalement chargés,
on prendra bien sûr pour chacun la fraction précise de poids qu’il supportera.
Une approche graphique équivalente est proposée à la figure 28.

2.2.3 Choix des plots


On peut alors se reporter au catalogue de supports élastiques
approprié, compte tenu des contraintes particulières
d’environnement.
Figure 27 – Domaines d’application
des principales technologies de suspension

Figure 28 – Abaque de calcul d’une suspension

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Relativement à la grande variété des formes et des caractéristi- — les amplitudes maximales prises lors des transitoires tels que
ques d’élastomère, on peut penser que toute suspension est réali- le démarrage ou l’arrêt de la machine, lorsque la force excitatrice
sable pour f0 au-delà de 5 à 7 Hz, dès lors qu’on accepte des balaye fréquentiellement les diverses fréquences propres de
compromis : suspension ;
— sur le nombre et l’emplacement des plots, quitte à monter — la compatibilité des autres éléments de liaison (accouple-
sous la machine un berceau de reprise pour constituer le nombre ments élastiques des arbres, liaisons flexibles hydrauliques et élec-
approprié d’interfaces et l’ajuster aux plots choisis ; triques, etc.), dont la raideur dynamique ne doit en aucun cas
— sur la géométrie de fixation : on pourra trouver un support dépasser celle d’un des plots. Dès qu’elle dépasse la moitié de
approprié d’autant plus facilement qu’on reste libre de sa fixation celle-ci, on veillera à recalculer la fréquence des modes dans les 6
(gougeon central, ou 2 ou 4 boulons périphériques, etc.). degrés de liberté et les amplitudes maximales lors des transitoires
Dans certains cas, le constructeur de plots peut réaliser une courte en tenant compte de ce point supplémentaire de liaison. Dans tous
série particulière s’il suffit de modifier légèrement le mélange d’élas- les cas, on vérifiera que les éléments de liaison admettent les
tomère pour obtenir une raideur spécifiée (cas des SBR, en parti- débattements maximaux compte tenu de leur emplacement
culier, et des polyuréthannes). (amplification géométrique possible). Là aussi, on pourra résoudre
certaines incompatibilités en déplaçant les points de liaison pour
les ramener à des zones se déplaçant moins.
2.2.4 Vérifications complémentaires et correctifs Exemple

Il convient ensuite de vérifier :


— les fréquences propres dans les cinq autres directions, puis-
que, à ce stade, on n’a tenu compte que du poids, donc de l’axe
vertical. Cette vérification sera conduite avec un logiciel ad hoc, le
calcul à la main étant possible mais fastidieux. Elle nécessite de
connaître toutes les inerties de la machine et toutes les caractéris-
tiques du plot. En aucun cas, une de ces fréquences propres ne
doit coïncider avec une des fréquences excitatrices de la machine !
On peut déplacer les fréquences propres en question sans modifier
la définition précédente de la suspension :
— en déplaçant géométriquement l’emplacement vertical des plots
(le cas idéal étant de les mettre dans le plan du centre de gravité), par À l’issue de ces vérifications, et moyennant la vérification de la
exemple en modifiant le dessin des pattes, compatibilité des supports choisis à l’environnement de la machine,
exemple : on pourra considérer la définition de la suspension comme achevée.
Il reste alors à définir les interfaces précises des fixations amont et
aval des plots, ce qui fera l’objet du paragraphe 2.4.

2.3 Dimensionnement et optimisation


d’un massif
— en ajoutant des supports supplémentaires antibasculement,
exemple : 2.3.1 Principes
Certaines machines génèrent de telles sollicitations ou à des fré-
quences si basses (  10 Hz ) qu’une suspension classique telle que
définie précédemment se révèle impossible.
Il n’y a pas d’autre solution alors que de fixer la machine ridige-
ment à un massif aussi lourd que possible, qui sera suspendu
Attention ! Ces supports contribuent à la raideur verticale totale globalement.
de la suspension, et il faut refaire le calcul initial ; On obtiendra alors :
— en choisissant des plots ayant des contrastes de raideur diffé-
rents dans les différentes directions, du fait de leur conception, tout — une réduction importante de l’amplitude vibratoire de la
en présentant la même raideur axiale, machine, puisque l’inertie devient très grande (au premier ordre, le
exemple : gain est dans les rapports de masse respectifs de la machine et du
tout massif + machine) ;
— un abaissement des fréquences globales de suspension,
puisque la masse intervient au dénominateur de la formule :

1 K
f 0 = ---------- ---------
2π M
— en inclinant les plots pour jouer différemment sur leur — un abaissement du centre de gravité, permettant d’optimiser
anisotropie, l’emplacement des plots pour ajuster au mieux les 6 fréquences
exemple : propres, tout en ne fixant la machine que par son embase.
C’est ainsi que des machines telles que les presses à emboutir
sont presque systématiquement fixées sur des massifs parfois très
importants (50 à 250 t).

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2.3.2 Choix technologiques On aura donc recours à un calcul par éléments finis pour vérifier
les premiers modes propres du massif et s’assurer qu’ils ne se
Les suspensions sont réalisées de manières différentes : couplent ni à tel ou tel mode de suspension, ni à une des fré-
quences excitatrices.
— si la fréquence recherchée n’est pas inférieure à 5 à 6 Hz, on
peut utiliser des feuilles épaisses de matériau tel qu’un aggloméré Exemple de calcul de la suspension d’un massif donné de 50 t
de liège et de caoutchouc, dont on adapte la surface à la masse à environ (figure 29)
supporter (exemple figure 29) ; Données : masse de la presse et de son amenage : 42,8 t
— si la fréquence recherchée est plus basse, jusqu’à 3,5 Hz masse du massif : 51,5 t
environ, il est classique d’utiliser des ressorts métalliques, regroupés masse totale suspendue : 94,3 t
dans des boîtiers permettant leur précontrainte (figure 10). Des hauteur de la presse : 6,37 m
boîtiers annexes peuvent permettre d’accroître l’amortissement, par force dynamique maximale de la presse : 2 × 106 N
exemple au moyen de pistons plongeant dans une huile de viscosité cadence maximale : 1 coup/seconde
appropriée, et de ce fait facilement réglables à la valeur optimale ; Résultats :
— pour atteindre des fréquences encore plus basses,
jusqu’à 0,5 Hz environ, on utilisera des plots pneumatiques — suspension réalisée par 2,4 m2 de liège de 150 mm d’épaisseur
(figure 13). Un réseau d’interconnexions pneumatiques permettra répartis symétriquement relativement à l’axe de frappe de la presse ;
d’optimiser l’amortissement des différents modes, la pression de — modes de suspension : de 1 à 5,5 Hz, et plus précisément :
gonflage permettant, elle, d’optimiser la fréquence propre. Il est • f 1 = 0,97 Hz translation Tx couplée à rotation θy ,
nécessaire de placer les plots dans diverses orientations, car leur • f 2 = 1,12 Hz translation Ty couplée à rotation θx ,
raideur transversale peut être beaucoup trop faible : on en trouvera • f 3 = 2,23 Hz rotation θz ,
donc non seulement sur le plan de pose, mais aussi sur les flancs • f 4 = 4,95 Hz rotation θy couplée à translation Tx ,
verticaux du massif. • f 5 = 5,11 Hz rotation θx couplée à translation Ty ,
• f 6 = 5,49 Hz translation Tz .
Ces couplages sont dus à ce que le centre global de gravité est à 3 m
2.3.3 Conception du massif au-dessus du centre d’élasticité du supportage.
Le fluage prévisible des supports est de 2,5 mm, en plus de la
La définition d’un massif n’est pas triviale, car il faut qu’il présente déflexion initiale de 8,4 mm (figure 28).
lui-même une rigidité suffisante jusqu’à 20 ou 30 Hz au moins ; or Cette conception est critiquable puisque les premiers modes de
le concepteur a souvent tendance à ménager des galeries de visite basculement sont excitables par la cadence maximale, qui devra être
qui limitent sa rigidité, tout comme les fosses éventuellement néces- réduite à 45 coups/minute par sécurité.
saires sous la machine (alimentation et évacuation des produits,
maintenance, etc.).
Toutefois, le soin apporté à centrer les supports sur l’axe de
frappe a fait que l’essentiel des oscillations en fonctionnement
devait en fait rester autour de 5 Hz et donc ne pas générer de
mouvements trop importants, d’où un fonctionnement finale-
ment parfaitement satisfaisant de cette installation. Cet exemple
illustre donc la possibilité de compromis entre des contraintes
d’exploitation et le surcoût que l’on a pu éviter ici d’une
conception plus complexe (plan de pose remonté en haut du
cuvelage du massif, utilisation de plots plus complexes).

Exemple : la figure 9 [B 5 140] correspond elle-aussi à un cas réel de


suspension d’une presse sur un massif de 40 t. En lui donnant une
forme en T, on a pu positionner les suspensions au niveau du centre de
gravité global, ce qui fait que les six modes de suspension (entre 2,2 et
5,6 Hz) correspondent aux six composantes de déplacement du massif,
sans couplages. Les premiers modes de déformation élastique du
massif apparaissent ensuite (torsion 1 et flexion 1 respectivement à 15
et 17,5 Hz), mais le filtrage de la suspension est déjà très efficace.

Figure 29 – Installation d’une presse 200 t sur un massif :


suspension avec 24 plaques de liège 500 × 200 × 150 mm

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■ Exemples d’applications industrielles


Crible vibrant

Ensemble moteur électrique + pompe Cet exemple est représentatif de cas fréquents dans l’industrie
lourde : excitations basse fréquence, larges amplitudes, fortes
Le moteur et la pompe sont montés rigidement sur un châssis masses en jeu, etc. Le crible pèse 1 800 kg au total et opère
commun. On veut les découpler relativement à l’ensemble de à 500 tr/ min soit 8,3 Hz ; la partie vibrante pèse en elle-même
l’unité hydraulique dans laquelle ils s’insèrent. 1 350 kg. Il est prévu 4 points de fixation sur la base, distants de
La masse est de 63 kg au total, en ordre de marche. La fixation 1,2 m et 2,4 m respectivement. Le centre de gravité est bas,
prédéfinie se fait par 4 points sur un rectangle de 0,3 × 0,9 m. Le 30 cm au-dessus de cette base. Les oscillations du crible sont de
centre de gravité est à 10 cm environ au-dessus du plan de pose 13 mm crête-crête dans le plan horizontal et dans le sens de la
et à peu près centré. longueur. On souhaite l’articuler lui-même par des pièces en
L’ensemble tourne à 1 800 tr/min (alimentation 60 Hz), et la élastomère.
première raie est donc le balourd à 30 Hz. D’autres raies à des fré- On voudrait limiter la transmission des vibrations du châssis
quences plus élevées correspondent, d’une part, aux raies élec- du crible, d’au moins 70 %. Cette donnée amène à imposer une
triques (forces magnétiques qui excitent la carcasse du moteur) suspension résonnant vers 4 Hz, soit une déflexion statique
et, d’autre part, aux raies hydrauliques. L’axe étant horizontal, on importante : 15 à 16 mm sous 1 350/4 = 340 daN, ce qui permet,
attend des niveaux aussi forts en radial qu’en vertical. à partir d’un catalogue ad hoc, d’identifier le support approprié.
En se donnant un objectif d’atténuation de 80 % pour la raie Pour articuler le cadre du crible lui-même, il est exclu d’opérer
de balourd, les calculs décrits ci-avant (figure 28) amènent à directement avec des déplacements dynamiques supérieurs au
préconiser une suspension vers 12 Hz soit donc une déflexion centimètre sur des élastomères. On va donc créer à chaque angle
statique de 1,7 mm. La charge de chaque plot est d’environ une bielle avec deux rotules en élastomère, selon le schéma
16 daN (35 lb) d’où une raideur de 9,4 × 104 N/m (530 lb/in). suivant :
C’est cette valeur de raideur qui va prioritairement guider le
choix des plots : on recherchera le modèle le plus approchant par
excès, avec la forme la plus commode pour l’installation
projetée, en vérifiant qu’on ne dépasse pas la charge admissible.
À partir de la page de catalogue partiellement reproduite sur
le tableau 6 à titre d’exemple, on voit qu’on choisira 4 plots du
modèle 200PH-35 (35 lb et 560 lb/in). Le centre de gravité est
assez bas pour rendre inutile la vérification des autres fré-
quences propres. Le type de plot proposé est commode à
monter.
Un accouplement élastique entre moteur et pompe permettrait Des bielles d’une quinzaine de centimètres amènent à un
le cas échéant d’obtenir des niveaux d’isolation supérieurs. mouvement angulaire de :

θ = ± arctan (13/2)/150 soit ± 2,4o

Motocompresseur portable tout à fait acceptable par des manchons élastomériques. Il faut
en outre vérifier qu’ils peuvent supporter transversalement la
Un groupe compresseur d’air portable entraîné par un moteur charge statique, soit 1 350/4 ≈ 340 daN chacun au moins, d’où
thermique est a priori assez bruyant. On veut le découpler à la le choix possible des 4 × 2 éléments à partir d’un catalogue ad
fois pour isoler son environnement et aussi absorber les chocs hoc. La faible hauteur du centre de gravité ne laisse pas craindre
de manutention lorsqu’on le déplace. Le groupe pèse 1 130 kg au de problèmes de basculement : on vérifiera par contre à la mise
total et est plus lourd côté moteur que côté compresseur. On en route qu’aucun des autres modes de suspension ne coïncide
dispose de 4 points de fixation, qui auront à supporter 340 daN malencontreusement avec la fréquence excitatrice de 8,3 Hz et
côté moteur et 225 daN côté compresseur. Le moteur tourne son harmonique 2 à 16,6 Hz.
entre 1 400 (ralenti) et 1 800 tr/min (nominal) soit 23,3 à 30 Hz.
Pour limiter le risque de talonnement lors des chocs de trans-
port, on est amené à ne pas choisir une suspension trop souple : Gêne acoustique d’une imprimante
l’objectif d’une suspension vers 10 Hz apparaît raisonnable, soit
une déflexion statique de 2,5 mm (figure 28 ). Il est aisé de Une imprimante à impact de 90 kg est perçue comme gênante
calculer que l’on peut alors espérer en vertical une transmis- dès 50 à 100 Hz, en raison de son environnement. Elle repose en
sibilité de 0,23 à 23,3 Hz et de 0,13 à 30 Hz, soit des atténuations 4 points sur un rectangle de 0,6 × 0,9 m. Elle mesure 0,3 m de
significatives (77 % et 87 % respectivement). hauteur avec un centre de gravité assez bas. L’excitation est mal
définie, car assez aléatoire.
Du fait de l’asymétrie de la charge, on utilisera deux modèles
différents d’un plot de type traction/compression (tableau 1). On va alors choisir de la suspendre à la fréquence la plus
basse possible qui n’induise pas de trop grands mouvements.
Dans un cas comme celui-ci, il est nécessaire de vérifier ensuite
les 5 autres modes de suspension, donc de connaître ou de On choisit alors un plot de type cisaillement (tableau 1) pour
mesurer toutes les inerties du groupe. la charge unitaire appropriée, soit 22,5 kg par plot. Le modèle
identifié dans un catalogue ad hoc présente sous cette charge
une déflexion de 6,3 mm ; on obtient donc une fréquence propre
(0) de 6,3 Hz. En se basant sur l’abaque de la figure 28, on prédit une
isolation de 98 % dès 50 Hz.

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Tableau 6 – Extrait du catalogue Lord

Dimensions
Spécifications (in)
Charge nominale Raideur
pour une axiale
déflexion
de 1/16 in
(lb) (lb/in) G I O

Séries 200 Acier et caoutchouc naturel


10 160 200P-10 200PD-10 200PH-10 .59 1.00 1.56
15 240 200P-15 200PD-15 200PH-15 .59 1.00 1.56
20 320 200P-20 200PD-20 200PH-20 .59 1.00 1.56
25 400 200P-25 200PD-25 200PH-25 .59 1.00 1.56
35 560 200P-35 200PD-35 200PH-35 .59 1.00 1.56
45 720 200P-45 200PD-45 200PH-45 .59 1.00 1.56

2.4 Influence des structures amont et aval Il est donc tout à fait nécessaire que ces modes structuraux
n’apparaissent qu’à des fréquences largement distinctes des fré-
La mise en équations décrite dans l’article Isolation antivibratoire quences excitatrices importantes et, bien entendu, bien au-delà des
et antichoc. Définitions. Principes physiques [B 5 140] supposait 6 modes de suspension.
l’élasticité dynamique de la suspension entièrement réductible à
l’écrasement du plot élastique lui-même donc, en pratique, que les La mesure des fréquences propres des structures amont et aval
structures immédiatement en amont et en aval soient au moins est assez aisée ; il suffit de disposer d’une marteau de choc, d’un
10 fois plus raides que l’élément de suspension pour toutes les accéléromètre et d’un analyseur de spectres. On se reportera à
directions. l’article Vibrations des structures industrielles [R 3 140] dans le
Dans la plupart des cas, cette condition est largement vérifiée en traité Mesures et Contrôle pour un exposé complet sur l’analyse
statique, les installateurs de machines ayant effectivement l’habitude modale des structures industrielles.
de dimensionner largement les berceaux et structures supports. En Les pics de spectres mesurés in situ (que la machine soit
tout cas, la vérification est assez aisée, avec les formules de résis- montée ou non, cela est sans importance si les plots sont relati-
tance des matériaux classiques pour les cas simples (poutres, vement souples), en excitant par choc la structure à côté de
plaques, etc.) ou un calcul par éléments finis sur la base d’un maillage l’accéléromètre sur les embases respectivement amont et aval
assez grossier. des plots et autres éléments de découplage (manchons de tuyau-
Mais dès qu’on considère l’évolution de ce critère de contraste teries, etc.), révéleront alors ces résonances, comme autant de
de rigidité en termes dynamiques (évolution avec la fréquence), on pics sur l’accélérance γ /F (article Isolation antivibratoire et anti-
observe : choc. Définitions. Principes physiques [B 5 140]).
— que le plot lui-même tend rapidement à se rigidifier : dès la
dizaine de hertz, la rigidité dynamique des caoutchoucs est large- Dans tous les cas où les raies excitatrices sont bien déterminées
ment 50 % plus élevée qu’en statique ; on observera couramment et stables fréquentiellement (moteurs électriques synchrones,
une rigidification de 300 à 400 % vers 100 Hz et plus encore au-delà groupes électrogènes, etc.), il est relativement aisé de déplacer un
(courbes maîtresses d’un élastomère typique, voir l’article Isolation des modes propres en dehors d’une raie excitatrice, par l’ajout
antivibratoire et antichoc. Définitions. Principes physiques d’éléments rigidifiants comme des goussets supplémentaires, des
[B 5 140]) ; entretoises, etc. et par la chasse aux masses en porte-à-faux.
— à l’inverse, que les structures amont et aval présentent des L’excitation des modes structuraux et la chute de l’efficacité d’iso-
modes propres, et qu’à chacune des fréquences propres la rigidité lation vibratoire qui en résulte n’apparaîtront plus alors que lors
dynamique s’effondre littéralement dans le rapport inverse de des mises en route et des arrêts de l’installation.
l’amortissement structural : une structure mécanosoudée de bonne
qualité ne présentant un amortissement que de l’ordre de 1 à 2 % Par contre, le cas des machines à régime variable est beaucoup
à moins que des dispositions particulières ne soient prises, c’est donc plus difficile à traiter, puisqu’on doit éviter toute résonance dans
dans un rapport 100 ou 50 respectivement que la rigidité dynamique toutes les plages balayées par les raies excitatrices en général pro-
va chuter aux fréquences propres des premiers modes ! À ces fré- portionnelles au régime moteur.
quences, il n’est pas rare que le plot devienne plus raide que le reste Dans certains cas, on peut se contenter de repérer les régimes
du supportage ; il ne présente plus aucun écrasement dynamique correspondant à ces remontées importantes de la transmissibilité
et sa transmissibilité remonte de ce fait à T ≈ 1, alors même que le de la suspension, et les éviter dans les conditions d’utilisation
mouvement aval se propage dans toute l’étendue de la structure permanente.
donnant sur le mode propre (notion de forme propre ou déformée
modale ).

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Dans d’autres cas, il faut soit reconcevoir complètement le


montage, avec un soin tout particulier pour les aspects dynamiques,
soit introduire des dispositifs particuliers d’amortissement vibra-
toire, réduisant l’amplitude des résonances donc les chutes de la
transmissibilité.

Les divers principes de l’amortissement sont présentés à


l’article Isolation antivibratoire et antichoc. Définitions. Principes
physiques [B 5 140]. Dans le cas présent, on aura généralement
recours à l’une des solutions suivantes :
— amortissement par matériaux granulaires (sables de
caractéristiques optimisées), pouvant remplir les caissons des
structures mécanosoudées ;
— amortissement par polymères viscoélastiques utilisés en
revêtement contraint (figure 25), à implanter dans les zones où
les contraintes vibratoires modales sont maximales.

On trouvera là encore un développement complet sur les


méthodes d’optimisation dynamique structurale dans l’article
Vibrations des structures industrielles [R 3 140], ainsi que des
exemples relevant directement de la problématique des vibrations
induites par la coïncidence malencontreuse de modes structuraux
et des raies de machine et la manière dont ces problèmes ont été Figure 30 – Principe d’une double suspension
résolus.

Un cas particulièrement intéressant est celui où l’on peut


regrouper tout un ensemble de machines, avec leurs corrections
2.5 Double suspension mécaniques et hydrauliques, leurs armoires électriques, bacs
tampons, etc., sur un seul grand châssis très bien construit, en
général constitué par un treillis de poutres creuses (rigidité maximale
Lorsqu’on a besoin d’un niveau d’isolation vibratoire très impor-
à masse donnée). Cette disposition est fréquente dans l’industrie off
tant, il est assez naturel d’imaginer superposer plusieurs décou-
shore, sous forme de skids intégrés en usine et connectés tels quels
plages successifs, chacun ajoutant une atténuation supplémentaire
sur leur emplacement final, prêts à démarrer (figure 31). On la
(figure 30). On s’aperçoit vite que le comportement global n’est pas
rencontre désormais fréquemment aussi dans la construction navale
si simple, au sens où l’on peut observer conjointement :
militaire, à la recherche de très faibles niveaux de vibrations transmis
— un nombre beaucoup plus grand de modes de suspension, à à la coque.
des fréquences différentes du système masse-ressort initial, tra-
duisant donc un couplage entre les divers étages de suspension ;
— une remontée en fréquence des résonances de l’étage inférieur Pour établir un tel projet, il est nécessaire :
par rapport au cas où l’étage supérieur lui serait couplé rigidement — de revenir aux équations complètes du système global à
car, en quelque sorte, l’étage supérieur de suspension efface la 2 étages, sans omettre un seul degré de liberté (article Isolation
masse de la machine au-delà de sa fréquence propre ; antivibratoire et antichoc. Définitions. Principes physiques
— des pertes de performances importantes autour des fréquences [B 5 140]) ;
propres du châssis intermédiaire, qui sont d’autant plus aiguës que, — de calculer en dynamique le berceau intermédiaire, en
le châssis étant isolé de son environnement, son amortissement général par un code éléments finis approprié, et de tenir compte
intrinsèque est faible (§ 2.4). de ses 3 à 5 premiers modes au moins ;
Cela explique le caractère assez délicat de ce type de montage si — d’introduire un niveau significatif d’amortissement struc-
on veut en tirer tout le profit, ce qui limite son emploi malgré son tural sur le châssis intermédiaire (§ 2.4) ;
principe extrêmement simple. En particulier, il ne peut être opérant — de vérifier le bon découplage entre toutes les fréquences
que si l’on dispose d’un « budget » de masse et d’encombrement propres des diverses suspensions et du châssis, vis-à-vis des
suffisant pour établir un châssis intermédiaire très rigide et suffi- raies excitatrices des machines implantées.
samment inerte.

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Bien sûr, les sociétés d’ingénierie spécialisées en vibro-acoustique


offrent parmi leurs services la prise en main complète de tels projets
[Doc. B 5 142].

3. Ingénierie d’une suspension


d’équipement sensible
3.1 Protection antivibratoire
Les paramètres qui guident la conception sont exactement les
mêmes que dans le cas de la suspension d’une machine, à ceci près
que cette fois c’est l’embase du plot qui est soumise aux vibrations
de la source extérieure et sa partie supérieure qui offre le découplage
requis.

3.1.1 Recueil des données


Le questionnaire de recueil des données pour concevoir l’appli-
cation est bien sûr légèrement différent : on trouvera ci-après
(tableau 7) celui qui correspond au cas très fréquent d’un équipe-
ment électronique.
Une information importante est la connaissance d’éventuelles
résonances internes de l’équipement : pour ceux qui subissent une
qualification complète selon des normes telles que la GAM.EG 13
Figure 31 – Mise en module d’une installation off shore (ministère de la Défense) ou des normes militaires spécifiques, c’est
une information qui sera connue et confirmée lors de la qualification.
Dans les cas fréquents où rien n’est prévu, on visera par précaution
des fréquences de suspension aussi basses que possible pour être
Tant que ce dernier critère ne sera pas satisfait, il faudra reprendre sûr qu’elles ne viendront pas coïncider avec un mode de l’équipe-
tant le choix des plots que leur emplacement (§ 2.2.4), voire ment (flexion des carters électroniques ou de leurs supports,
reprendre la conception du berceau et la sélection de l’emplacement basculement des transformateurs d’alimentation, torsion des racks,
des diverses machines (par exemple, si une raie d’une machine est etc.).
inévitablement proche d’une résonance du berceau, on peut
chercher à la mettre à un « nœud de vibrations » de ce dernier à (0)
cette fréquence).

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Tableau 7 – Données à fournir pour la définition d’une suspension d’équipement fragile (électronique, par exemple)
(Engineering Data for Vibration and Shock Isolators for Electronic Equipment) (1)
DONNÉES PHYSIQUES/Physical data
A. Poids de l’équipement/Equipment weight ________kg

B. Position du centre de gravité relativement aux points de fixation


CG location relative to mounting points :

C. Jeu disponible autour de l’équipement


Sway space ______mm

D. Taille maximale des plots/maximum mounting size :________ x _______ x ________ mm


L l h
E. Principales fréquences propres structurales de l’équipement et du support
Equipment and support structure resonant frequencies (Hz) : __________________________________
F. Moments d’inertie de l’équipement selon ses axes principaux (cf. schéma) :
Moment of inertia through CG for major axes (cf. sketch above) :
Ixx ___________ (kg · m2) Iyy __________ (kg · m2) Izz __________ (kg · m2)
G. Fiabilité requise :  
Fail-safe installation required ? : normale extrême
DONNÉES DYNAMIQUES/Dynamics data
A. Spécifications antivibratiles/Vibration requirements
1. Sinus : bande de fréquence, niveau, vitesse de balayage, référence/norme d’essai :
frequency range, magnitude, sweep rate, applicable standard :
___________________________________________________________________________
2. Aléatoire/random : bande de fréquence, niveau (g 2 /Hz), durée, ref./norme d’essai :
frequency range, magnitude (g 2 /Hz), duration, applicable standard :
______________________________________________________________________________
3. Excitation entretenue à la résonance/Resonant dwell : niveau/input __________ m/s2
durée/duration ___________ s
B. Spécifications antichocs/Shock requirements
1. Forme du choc/pulse shape :  1/2 sinus  triangle  autre/other
durée/duration __________ ms amplitude ___________« g » nombre de chocs/axe/number of shocks per axis _______________________
2. Hauteur de chute/drop height : ___________ mm direction  z,  x,  y, combinés 
3. Accélération continue/sustained acceleration : ___________ m/s2 direction  z,  x,  y, combinés 
C. Protection requise/Required protection
1. Accélération maximale en fonction de la fréquence : joindre graphe SVP Niveau max _____________ « g »
maximum acceleration versus frequency : please enclose curve Max. load
2. Fréquence de suspension requise éventuellement : entre ___________ et ___________ Hz
required suspension frequency, if any : between and
Transmissibilité maximale requise/max. transmissibility : T  ___________
3. Acceptez-vous un mouvement secondaire de rotation lors du choc :  non,  oui, angle max ________ o
Did you tolerate any dynamic coupling angle : no, yes, max
D. Environnement/Environmental data
1. Température : en opération/operating ___________ min __________ max en stockage/storage : __________ min __________ max
2. Polluants (indiquer la norme d’essai) :
 brouillard salin/salt spray ______________________________  humidité/humidity _____________________________
 sable, poussière/sand, dust ____________________________  moisissures/fungus resistance __________________
 huiles/oil _____________  gaz/gas _________________  hydrocarbures/fuels ____________________________
(1) Document reproduit avec l’aimable autorisation de Lord Corporation.

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3.1.2 Calcul de la suspension Dans le cas où les deux objectifs seraient exprimés conjointement
sans pour autant déterminer la même enveloppe, il faudrait réduire
La fragilité de l’équipement aux vibrations peut être exprimée de celle-ci en prenant, à toute fréquence, la plus sévère des deux (la
diverses manières, qui dicteront selon le cas la méthode de dimen- surtension la plus faible, la découplage le plus élevé, etc.) dans la
sionnement à suivre. limite de la physique du découplage (article Isolation antivibratoire
et antichoc. Définitions. Principes physiques [B 5 140]) ! La raideur
■ Niveau maximal de vibration sinusoïdale sur l’équipement individuelle des suspensions se déduit ensuite de l’emploi déjà
En reportant sur un même graphe le niveau maximal de vibration commenté de l’abaque de la figure 28. Il ne reste alors qu’à se plon-
à l’emplacement de l’embase des plots (excitation) et le niveau maxi- ger dans les catalogues des fournisseurs, avec la même attention
mal de vibration de l’équipement (réponse), dans les mêmes unités aux contraintes d’environnement que précédemment (§ 2.1).
(déplacement, vitesse ou accélération vibratoires, conversion pos- Exemple d’un boîtier électronique fixé à une machine
sible en multipliant à chaque fois par ω), en fonction de la fréquence, Un boîtier de surveillance, mesurant 0,23 × 0,40 × 0,10 m et pesant
on obtient l’enveloppe de la transmissibilité de la suspension en les 11 kg, doit être fixé à une machine qui présente de fortes vibrations de
soustrayant point à point en fréquence (échelles logarithmiques, balourd à une fréquence qui peut varier entre 20 et 40 Hz.
figure 32). Le problème n’est bien sûr soluble que si, en basse fré-
quence, on admet que la réponse peut dépasser l’excitation ! On se On mesure, aux points où l’on veut fixer le boîtier, des niveaux qui
retrouve alors dans le cas où l’objectif de filtrage haute fréquence vont jusqu’à 0,5 mm en vertical et 0,7 mm en latéral (crête à crête).
définit la fréquence propre maximale de la suspension, tandis que L’objectif est de ne pas dépasser 0,1 mm sur le boîtier, qui comprend
l’amplification maximale en basse fréquence définit son amortisse- un affichage dont la lecture doit être précise.
ment minimal. On déduit la raideur des plots en suivant les conseils Pour atteindre une isolation de 1 – (0,1 mm/0,7 mm) soit 85 %, dès
du paragraphe 2.2. 20 Hz, la figure 28 montre qu’il faut rechercher une fréquence propre
de 7,2 Hz, soit une déflexion statique de 5 mm, donc une raideur de
■ Niveau maximal de vibrations aléatoires
540 N/m pour chaque plot puisque leur charge unitaire est de
Dans ce cas, l’excitation et la sensibilité de l’équipement sont défi- 11/4 = 2,7 daN.
nies par des gabarits de densités spectrales de puissance, exprimées À partir d’un catalogue ad hoc, on pourra choisir des modèles type
en « g 2/Hz » ou, préférablement, en m2 /(s4 · Hz). L’approche est la cisaillement (tableau 1). On les montera avec des rondelles assez
même que précédemment, on soustrait les deux gabarits pour épaisses pour jouer le rôle de butées antichocs – par exemple lors de
déduire l’enveloppe de la transmissibilité requise, qui est cette fois manutentions de la machine équipée de son boîtier.
exprimée au carré : il faut donc une opération supplémentaire pour
calculer T – en général immédiate car les échelles les plus utilisées
sont logarithmiques (article Isolation antivibratoire et antichoc. Défi-
nitions. Principes physiques [B 5 140]). 3.2 Protection antichoc
3.2.1 Domaines d’application
Les chocs dont on veut protéger les équipements industriels
sont de six natures bien différentes :
— les chocs de manutention des machines, colis, conteneurs,
etc. qui peuvent affecter les équipements plus fragiles qui leur sont
fixés : c’est le cas le plus fréquent ;
— les chocs répétitifs caractéristiques d’une méthode de trans-
formation discontinue (presse à emboutir, par exemple) ;
— les chocs liés au transport sur des véhicules ou des plates-
formes mobiles dans un environnement présentant des disconti-
nuités aléatoires : véhicules tout terrain, véhicules agricoles,
véhicules peu ou pas suspendus, etc. ;
— les chocs liés à un état subitement anormal d’une machine
(rupture d’une pièce mécanique, par exemple) dont on voudrait
limiter les effets collatéraux ;
— les chocs dus à des faits de guerre ou assimilés : problème
spécifique des équipements militaires tant au point de vue de
l’agresseur (char tirant au canon, etc.) que de l’agressé (onde de
choc d’une mine ou d’une grenade sur un navire, etc.) ;
— les chocs naturels de type séisme dont on veut prémunir des
équipements critiques (circuits des centrales nucléaires, fonctions
vitales des immeubles de grande hauteur, etc.).
Les deux derniers cas sont suffisamment critiques pour qu’on
considère qu’ils relèvent systématiquement d’une ingénierie spé-
cialisée et dépassent les préconisations que l’on peut faire dans le
cadre d’un tel article : on trouvera une liste d’adresses appropriée
en [Doc. B 5 142].
Le développement qui suit est alors valable dans les quatre
premiers cas.

Figure 32 – Détermination de la transmissibilité maximale


de la suspension par le rapport entre le niveau maximal acceptable
pour l’équipement a 1 et le niveau d’excitation a 2
(on en déduit T  4 à la résonance d’où  plots  0,25 )

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3.2.2 Enjeux d’une protection antichoc 3.2.3 Tests standardisés

L’introduction d’un découplage mécanique entre l’objet à protéger Les chocs ayant par nature un caractère aléatoire et peu prévisible,
et son environnement s’inscrit dans la problématique suivante : il existe un certain nombre de tests standardisés applicables à la
— dans les premiers instants du choc, l’embase des plots va être qualification aux chocs d’équipements destinés à des fonctions de
soudainement mise en mouvement, tandis que l’objet supporté reste sécurité (centrales nucléaires en particulier) ou des systèmes
dans sa position initiale : le plot va donc absorber de l’énergie par militaires.
sa déformation relative (E = 1/ 2 K x 2) et transmettre une force Ces tests sont de deux natures :
(F = K x ) à l’objet qu’il supporte ; — des tests sur « machines à chocs » ;
— si le choc est bref, on va observer alors que le plot continue — des tests de chute contrôlée sur une surface dure.
de restituer l’énergie de déformation qu’il a emmagasinée, et la force
transmise à l’objet suspendu lui donne une accélération (F = M γ ). La qualification d’une suspension antichoc intervient en général
L’embase du plot est redevenue immobile mais l’objet suspendu va au stade d’un test global de sous-système, et donc le plus souvent
osciller à sa fréquence de suspension, l’énergie cinétique 1/2 Mv 2 prend la seconde forme, les tests sur « machines à chocs » relevant
s’échangeant alternativement avec l’énergie de déformation 1/ 2 K x 2 plutôt de la qualification des composants eux-mêmes (machines et
jusqu’à ce que l’amortissement de la suspension ait fini de la dissiper équipements). On teste malgré tout de petits ensembles suspendus
(à raison de η % à chaque cycle). sur des machines à chocs (figure 33).
On présente à la figure 34 la variété des tests susceptibles d’être
spécifiés pour la réception d’un conteneur de transport de pièces
Dans ce cas, la suspension se comporte donc comme un filtre aéronautiques. On remarquera que la plupart visent à créer un
qui étale l’énergie du choc sur une durée beaucoup plus grande, couplage entre plusieurs degrés de liberté de la suspension.
la stocke puis la dégrade en chaleur par sa déformation propre ;
Tous ces tests n’ont qu’un paramètre de sévérité, la hauteur de
elle conduit simplement à créer au niveau de l’objet suspendu
chute h sur une surface dure et plane. Ils sont en général répétés
des oscillations de corps solide qui ont peu de chance de lui
plusieurs fois pour lisser les aléas. La forme du choc est évidemment
causer des dommages, si l’objet n’a aucune résonance interne à
très complexe comparée aux chocs en « demi-sinus » délivrés par
des fréquences proches, au lieu de la secousse initiale beaucoup
les machines à chocs et sur lesquels sont en général basées les
plus brutale ;
spécifications d’équipements, du fait en particulier des déformations
élastiques des conteneurs et des rebonds fréquents après le choc
— toutefois, cette situation idéale se dégrade (article Isolation initial. Malgré tout, l’habitude reste de qualifier l’intensité du choc
antivibratoire et antichoc. Définitions. Principes physiques. par deux paramètres (article Isolation antivibratoire et antichoc. Défi-
[B 5 140]) : nitions. Principes physiques [B 5 140]) :
• si l’amplitude atteinte par la masse suspendue l’amène à — le niveau en g (10 m/s 2 ) du premier pic d’accélération ;
buter contre un élément de son environnement (choc secondaire), — la durée en ms (10–3 s) du demi-sinus approchant au mieux le
• si l’écrasement du plot l’amène à devenir beaucoup plus raide, premier pic.
donc à perdre ce rôle de filtre, voire même à talonner complètement, Pour des systèmes suspendus, cette durée a peu d’importance dès
• si les autres liaisons de la structure n’ont pas le même débat- lors qu’elle est beaucoup plus brève que la période d’oscillations
tement que les plots et se trouvent arrachées, naturelles de la suspension.
• si le choc est si intense que le plot ne résiste pas à la traction Réciproquement, on devra, à sévérité de choc donnée, introduire
extrême du premier pic d’oscillation, et que l’équipement se trouve un découplage d’autant plus basse fréquence que l’accélération
projeté dans le local avec la vitesse correspondante, d’où un risque résiduelle que peut subir l’équipement est faible ; corrélativement,
majeur pour le personnel (risque typique pour un navire de guerre le débattement relatif sera d’autant plus grand.
soumis à une explosion sous-marine). Cette relation est retraduite graphiquement par les deux abaques
de la figure 35, extrêmement utiles pour la définition pratique des
suspensions antichocs sur la base d’une spécification de type chute
On est alors amené, dans ces cas de chocs intenses, à
sur sol dur.
rechercher des mécanismes de dissipation de l’énergie irréver-
sibles – alors que les déformations élastiques du plot précédent
l’amèneraient inévitablement à restituer l’énergie du choc : c’est
la notion de système résilient.

Le système résilient le mieux connu du public est la ceinture de


sécurité automobile, dont le tissage complexe permet de dissiper
l’énergie du choc successivement dans l’arrachage des coutures de
boucles de la sangle sur elle-même, puis dans la destruction
progressive du tissage lui-même. On rencontre aussi un emploi sys-
tématique de résilients dans des contextes plus techniques tels que
la construction navale militaire, où certains équipements sont sup-
portés par des anneaux métalliques ductiles en série avec les plots
élastiques, ou le largage de charges depuis des aéronefs en vol, où
on dispose les conteneurs sur des palettes prévues pour se détruire
progressivement lors de l’atterrissage et de la glissade finale sur le
sol. On utilise largement dans ce contexte des sandwiches cartonnés
à âmes en nid d’abeilles, peu chers mais sensibles à l’humidité ; ces
dispositifs « adoucissent » le choc avant qu’il ne parvienne au
chargement utile, lui-même souvent suspendu dans des conteneurs
ad hoc. C’est ainsi qu’on peut larguer à basse altitude des véhicules
militaires tout terrain en ordre de combat !

Figure 33 – Machine pour essais de chocs sévères

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Figure 34 – Tests en chute libre sur sol dur : exemples de tests imposés à des conteneurs de pièces aéronautiques (doc. Lord)

Figure 35 – Abaques de réponse aux chocs de type chute sur sol dur d’un équipement suspendu,
en fonction de la fréquence propre de la suspension (supposée linéaire)

■ Exemples d’applications industrielles poutres faibles », ce qui répond là encore à notre définition du décou-
● Architecture parasismique plage (article Isolation antivibratoire et antichoc. Définitions. Prin-
cipes physiques [B 5 140]).
L’architecture dans des zones présentant des risques sismiques
élevés – dont la France n’est pas dépourvue, puisque 15 % du La construction de structures rigides sur des sols rocheux amène
territoire métropolitain est classé en zone 1 et 3 % environ en donc à proposer l’introduction de plots élastiques entre fondation
zone 2 –, appelle l’introduction d’un découplage entre les construc- et bâtiment, que ce soit dans le cas d’immeubles ou de centrales
tions et le sol, principalement dans le plan horizontal. nucléaires. La France a joué un rôle de pionnier pour ces techniques
avec, dès 1977, deux réalisations notables basées sur le support
Un précepte de base des règlements d’architecture parasismique GAPEC développé par le CNRS de Marseille (Laboratoire de Méca-
le confirme, qui déclare « Il faut construire souple sur sol raide et
nique et d’Acoustique, G. Delfosse) :
raide sur sol souple ». Au sein même des bâtiments, on recommande
aussi, par exemple, de « privilégier la conception poteaux forts – — le lycée de Lambesc ;
— la centrale nucléaire de Cruas-Meysse, en vallée du Rhône.

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Les supports employés dans ce dernier cas sont des plots lamifiés
élastomère/métal (§ 1.1.3) offrant une souplesse beaucoup plus
grande en horizontal (cisaillement de l’élastomère) qu’en vertical (la
dilatation latérale de l’élastomère étant bloquée par les frettes métal-
liques intermédiaires), donc offrant la souplesse requise aux ondes
sismiques de cisaillement de l’écorce terrestre tout en supportant
le poids énorme de la construction. Les déplacements atteints dans
les hypothèses de séismes les plus sévères sont de 5 à 10 cm en
France, mais de près de 30 cm au Japon – l’architecture doit donc
laisser le jeu suffisant entre les divers modules de bâtiments, sous
peine de désordres graves en cas de chocs entre eux.
Les fréquences propres visées sont en général comprises entre
1 et 0,5 Hz. L’amortissement peut être obtenu par divers moyens :
— l’amortissement intrinsèque de l’élastomère ; Bien entendu, un calcul complet des 6 modes de suspension et
— l’ajout d’amortisseurs hydrauliques, pour les risques de une vérification de l’accélération transmise et du déplacement rela-
sismicité très forte (Japon, etc.) associés par conséquent à des tif des plots pour les autres types de chutes (figure 34) est a priori
mouvements très amples ;
nécessaire dans un cas réel.
— la possibilité d’un glissement de l’interface plot/structure lors
de très grandes amplitudes.
Le lecteur intéressé se reportera à l’article Constructions para-
sismiques [C 3 290] dans le traité Construction, dans lequel plusieurs
exemples sont donnés.
4. Conclusion
● Conteneur de transport
On veut définir la suspension au sein d’un conteneur de transport Les suspensions élastiques à caractère antivibratoire et antichoc
d’une machine pesant 56 kg et mesurant 0,9 × 0,6 × 0,4 m dont on semblent une technologie déjà très connue et largement diffusée
suppose la masse centrée, pour lui permettre d’accepter une chute dans l’industrie. Et pourtant on pourrait en obtenir beaucoup plus
libre de 760 mm lors du transport. On sait que la machine peut sup- d’avantages en conduisant une analyse plus précise de chaque
porter sans dommage une accélération inférieure à 30 g. Pour limiter application pour sélectionner des composants de découplage et de
le couplage possible avec la suspension des véhicules de transport, suspension présentant les performances les plus utiles !
on devra par ailleurs éviter des fréquences propres de suspension Les principaux axes d’amélioration sont les suivants :
inférieures à 5 Hz pour réduire l’amplitude des oscillations réson-
nantes de la suspension, mais également supérieures à 10 Hz pour — une meilleure atténuation des fréquences élevées amenant à
filtrer les résonances de plancher des véhicules industriels. accroître le confort acoustique, grâce à des isolateurs mieux conçus
(minimisation des résonances internes) ;
L’utilisation des abaques précédents (figure 35) permet d’abord : — la disponibilité d’élastomères très amortis de plus en plus per-
— de vérifier que les diverses contraintes sur la fréquence propre formants en terme de stabilité en température, de résistance au
de suspension peuvent être satisfaites, puisque le critère de pro- fluage et de tenue mécanique, permettant d’obtenir des suspensions
tection de l’équipement impose seulement d’être en deçà de 12 Hz : purement élastomériques présentant des coefficients de surtension
on peut donc se placer entre 9 et 10 Hz, d’où une protection assurée inférieurs à 5, donc très peu résonantes ;
à 25 g ; — une maîtrise des fabrications de série permettant un apairage
— d’en déduire la déflexion dynamique correspondante lors du précis des différents isolateurs d’une suspension, donc des sus-
choc de chute, qui vaut alors environ 70 mm. pensions très précises et un très faible couplage entre les diverses
On calcule alors facilement la raideur des plots à partir de la masse translations et rotations du système suspendu quand les exigences
à suspendre et de la fréquence propre visée, soit pour 4 plots une fonctionnelles le requièrent (suspension de gyroscopes, de systèmes
raideur unitaire : optroniques, etc.) ;
— la disponibilité d’accouplements élastiques et de manchons de
K = 5,3 × 105 N/m raccordement de tuyauteries aussi souples que les isolateurs les plus
On doit donc rechercher un plot de cette raideur pour une charge basses fréquences, permettant donc de constituer des suspensions
statique de 56/4 = 14 daN et admettant une déflexion minimale de parfaitement homogènes quelque soit la complexité des liens d’une
70 mm. On aura tout intérêt à trouver un plot de la bonne raideur machine avec son environnement.
mais avec une capacité de charge très supérieure, pour tenir compte Il devrait donc devenir de plus en plus rare que l’on ne puisse
de la surcharge du choc. En consultant un catalogue ad hoc, on atteindre des niveaux d’isolation vibro-acoustique satisfaisants
retiendra un modèle type cisaillement selon le montage suivant. pour des installations industrielles de quelque nature que ce soit,
et répondre conjointement aux exigences fonctionnelles et aux
attentes toujours croissantes de protection des travailleurs et de
l’environnement.

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