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Membranes de nanofiltration
par Rémy AUDINOS
Professeur des universités
Ingénieur du Génie chimique de Toulouse
Le lecteur pourra se reporter à l’article K 360 de ce traité pour les définitions générales rela-
tives aux membranes semi-perméables.
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MEMBRANES SEMI-PERMÉABLES ________________________________________________________________________________________________________
Initialement, les membranes de nanofiltration étaient des mem- TiO2 ............................................. 5à6
branes d’osmose inverse [1] dépourvues de charge électrique, fabri-
ZrO2 ............................................. 6à7
quées de telle sorte qu’elles aient des pores plus grands que ceux
habituellement réalisés, de façon à accroître la perméabilité (d’où Al2O3 α........................................ 7à9
parfois le nom d’osmose inverse à fuite).
Al2O3 γ......................................... 8à9
Ce sont, à la fois les dimensions des pores et la charge des grou-
pements ionisés ou ionisables qui limitent le passage des substan-
ces sous l’action de la force motrice de transfert, due à un gradient
de pression, essentiellement hydrostatique (cf. [1] tableau 1).
Cependant, comme en osmose inverse, la sélectivité est directe- 2. Grandeurs
ment reliée à l’étape de dissolution [1].
caractéristiques
Comme leur nom l’indique, ces membranes ne sont utilisées que
pour effectuer une nanofiltration, opération voisine par bien des
aspects de la piézodialyse [2]. Les grandeurs caractéristiques des membranes de nanofiltration
commercialisées ont été rassemblées en 8 groupes. Il s’agit :
Les membranes de nanofiltration les plus courantes sont des 1 - de l’approvisionnement, qui précise le nom du fabricant, la
membranes anisotropes homopolaires formées d’un matériau marque et le code de la membrane ;
organique, mais à l’heure actuelle se développent des membranes
2 - des propriétés structurales, qui indiquent la nature de la cou-
en matériaux inorganiques. Il existe aussi des membranes composi-
che active ;
tes pour lesquelles la couche de nanofiltration organique recouvre
un support inorganique. 3 - des propriétés physico-chimiques, qui regroupent les valeurs
du seuil de coupure, du taux de rejet et la nature du composé utilisé
Selon leur nature et leur structure, ces diverses membranes ont pour sa mesure ;
des propriétés différentes. 4 - des propriétés de transfert, qui ne comprennent que la densité
du flux à l’eau ;
■ En fonction de la nature du matériau qui les compose, les mem- 5 - des propriétés mécaniques qui donnent la pression d’utilisa-
branes organiques sont susceptibles d’être utilisées dans un tion maximale ou conseillée ;
domaine de pH compris entre 2 et 11 et ne supportent pas des tem-
pératures supérieures à 90 oC (363 K). Elles sont sensibles aux oxy- 6 - de la tenue, qui fait état de la température et du pH du milieu ;
dants, aux solvants et aux tensioactifs. En général, elles ont une 7 - du type de module réalisé et son modèle si possible ;
charge électrique négative, qui les fait se comporter comme une 8 - enfin de quelques applications courantes.
membrane échangeuse de cations [2].
Le tableau 2 donne quelques précisions sur ces grandeurs.
■ Les membranes organominérales sont utilisables dans un
domaine de pH plus étendu et peuvent être stérilisées à la vapeur.
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________________________________________________________________________________________________________ MEMBRANES SEMI-PERMÉABLES
Marque Nom sous lequel le matériau est commercialisé avec, éventuellement, l’indication d’un dépôt légal, ® ou ™
Taux de rejet C’est le rapport de la différence de concentration de la substance en amont et en aval de la membrane sur la
concentration en amont. Il s’exprime en général en pour-cent. Symbole TR. Le taux de rejet pour une substance don-
née n’est pas une constante intrinsèque de la membrane, car il dépend aussi des conditions opératoires et du milieu
[5]. En général il est donné pour des ions monovalents ou divalents, comme ceux de NaCl, Na2SO4 , MgSO4 dans
des conditions de concentration et de température précisées
Seuil de coupure Masse de la plus grosse molécule ou du plus gros ion arrêté par la membrane. Sa nature devrait être indiquée. Elle
s’exprime en daltons 1 Da = 1,660 × 10–27 kg/molécule [= 1 u (unité de masse atomique)] = 1,660 × 10–24 g/molécule =
1,660 yg/molécule
Densité du flux à l’eau C’est la quantité de perméat qui traverse l’unité de surface de membrane pendant l’unité de temps pour une diffé-
rence de pression donnée. Parfois, elle peut être déduite des valeurs du débit indiquées pour le ou les modules
correspondants (s’y reporter). Elle s’exprime en général en L/h · m2. La mesure de cette grandeur fait maintenant
l’objet de la norme AFNOR NF X 45-101 [6]
Pression Pression d’essai de la membrane, ou pression maximale, ou pression recommandée pour son usage. Elle s’exprime
en kPa (1kPa = 0,01 bar)
Température Température maximale ou température recommandée pour l’usage de la membrane. Elle s’exprime en degrés
Celsius (oC)
pH Indique les valeurs extrêmes du domaine de pH que peut supporter la membrane pendant une période de temps
prolongée
Permionics 11
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Surface
Type
(m2)
M 20 0,72 maxi
M 30 19 maxi
Pharmacie, biotechnologies
NF PES 10 PES 10 à 20 200 à 400 110 1 à 14
Agroalimentaire
MBS
Peintures, colorants
NF CA 30 CA 70 à 80 200 à 250 35 2à9
Lixiviats
o
(1) PES : polyéthersulfone ; (2) pour le lactose ; (3) mesurée en cellule agitée à 30 C sous 40 bar ; (4) valeur maximale : (5) CA : acétate de cellulose ;
(6) module bobiné en spirale MBS :
(1) CA - CTA : alliage d’acétate de cellulose et de triacétate de cellulose ; (2) CTA : triacétate de cellulose ; (3) pour NaCl 0,5 g/L, à 25 oC et sous 0,1 bar ; (4) pour
MgSO4 2,0 g/L, à 25 oC et sous 0,1 bar.
(5) module bobiné en spirale MBS :
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________________________________________________________________________________________________________ MEMBRANES SEMI-PERMÉABLES
10 MPT - 10 200 60 2 à 11
MPT - 20 (1) 450 50 2 à 10
20
MPT - 21 (1) 400 45 2 à 10
MPT - 30 400 70 0 à 12
En agroalimentaire, récupération, recyclage de soude,
MPT - 31 400 70 0 à 14 d’acides du NEP (3)
En pharmacie, concentration des intermédiaires, des
MPT - 34 200 70 0 à 14 antibiotiques en solvant organique ou aqueux
En chimie, réduction de la DCO (4), dessalement des
30 MPT - 36 1 000 70 0 à 13
colorants, élimination des métaux lourds des acides ;
MPS - 31 450 70 0 à 14 récupération des catalyseurs en solvant organique
En textile, recyclage de la soude, élimination des colo-
MPS - 34 300 70 0 à 14 rants
En électronique, récupération du complexe Cu EDTA(5)
MPS - 36 1 000 70 0 à 13
40 MPS - 44 (2) 250 40 2 à 10
50 MPS - 50 (2) 700 40 4 à 10
60 MPS - 60 (2) 400 40 2 à 10
(1) stabilité limitée dans les solvants ; (2) excellente stabilité dans les solvants ; (3) NEP : nettoyage en place ; (4) DCO : demande chimique en oxygène ;
(5) EDTA : éthylènediaminetétraacétique.
(1) pour NaCl en solution à 0,2 % en masse à 25 % oC sous la pression recommandée ; doublé pour les ions divalents ; (2) pression recommandée ; (3) valeur
maximale ; (4) CA h : acétate de cellulose, hydrophile faible ; (5) PA : polyamide, composite ; (6) polymère propre à la société ; (7) MBS : module bobiné en
spirale (cf. tableau 9) ; (8) FUS : feuille unique simple de 924 cm2 ; (9) membrane composite TFM®, polymère propriété de la société ; (10) les ions diva-
lents et multivalents sont rejetés préférentiellement, et les ions monovalents selon leur concentration ; (11) 50 oC avec la construction normale, 70 oC avec
une construction spéciale ; (12) nettoyage entre 1,0 et 11,5 ; (13) nettoyage entre 1,0 et 10,0 ; (14) THM : trihalométhanes.
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Tableau 9 – Modules bobinés en spirale des membranes de nanofiltration Osmonics (cf. tableau 8)
Marque DESAL™
DK 4040 F 8,36 98,6 1 016 7,56 (6)
DK 8040 F 32,52 202 1 016 30,24 (6)
DK 4040 C 9,01 101,1 1 016 7,56 (6)
DK 8040 C 32,52 201,9 1 016 30,24 (6)
DL 4040 F 8,36 98,6 1 016 10,58 (6)
DL 8040 F 32,52 202 1 016 38,56 (6)
DL 4040 C 9,01 101,1 1 016 10,58 (6)
DL 8040 C 32,52 201,9 1 016 38,56 (6)
HL 4040 F 8,36 98,6 1 016 9,83 (6)
HL 8040 F 32,52 200,2 1 016 38,18 (6)
DK 2540 (1) 0,76 2,51 60,7 (F) 61,7 (C) 1 016 2,27 (6)
1,27 1,77 60,7 (F) 61,7 (C) 1 016 1,60 (6)
DL 2540 (1) 0,76 2,51 60,7 (F) 61,7 (C) 1 016 3,18 (6)
1,27 1,77 60,7 (F) 61,7 (C) 1 016 2,23 (6)
HL 2540 (1) 0,76 0,76 60,7 (F) 61,7 (C) 1 016 2,95 (6)
1,27 1,27 60,7 (F) 61,7 (C) 1 016 2,08 (6)
(1) type F ou C ; (2) acétate de cellulose, hydrophile faible ; (3) polyamide, composite ; (4) sous une pression de 15,9 bar, avec un taux de rejet de Na2SO4 de 94 %
et des ions monovalents (60 % environ) ; (5) sous une pression de 9,3 bar avec un taux de rejet de Na2SO4 de 95 % et des ions monovalents (40 % environ) ;
(6) avec MgSO4 2g/L sous 6,90 bar, 10 % de récupération.
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CDA 40 CA (6) 60 (7) – 3 000 30 2,0 à 7,25 TI5 MMT Industrie laitière
Diamètre
Diamètre Longueur Débit(7)
Type Nombre de tubes des tubes(12)
(mm) (mm) (mm) (m3/j)
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Adoucissement de l’eau
< 50 (2) MMT de 0,08 à
WFN 0505 TFC > 95 (3) 100 ± 25(4) 4 000 70 3 à 10 14,4 MTU 5,10 Élimination des pesticides
Dessalement et concentration
du lactosérum, des extraits
< 50 (2)
N 4505 TFC > 95 (3) > 75(6) 1 000 70 3 à 10 5,2 MMTc de 0,2 à 31,0 Séparation et concentration
de solutions en chimie
(1) TFC : film mince composite polyamide sur polysulfone ; (2) pour NaCl ; (3) pour MgSO4 ; (4) mesuré sous 2 MPa (20 bar) à 20 oC avec de l’eau propre ;
(5) valeur maximale ;
(6) mesuré sous 1MPa (10 bar) à 20 oC avec de l’eau propre ;
(7) module à tube unique MTU :
Diamètre
Type (10) (11) Nombre des tubes Surface Longueur
(12) (13) de tubes (14)
(mm) (m2) (mm)
Diamètre
Type (10) (11) Nombre des tubes Surface Longueur
(12) (13) de tubes (14)
(mm) (m2) (mm)
Diamètre
Type (10) (11) Nombre des tubes Surface Longueur
(12) (13) de tubes (14)
(mm) (m2) (mm)
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Taux Taux
Tenue en Tolérance
de rejet de rejet Pression (3)
Code NaCl (1) MgSO4 (2) température pH Module (4) Cl– Applications
(%) (%) (kPa) (oC) (ppm)
Longueur Débit
Type (mm) (m3/j)
Références bibliographiques
Dans les Techniques de l’Ingénieur Traité Constantes physico-chimiques, vol. K 2 Autres références
(9-2000).
[3] AUDINOS (R.). – Membranes semi-perméa- [5] AUDINOS (R.) et ISOARD (P.) coordonateurs. –
bles. Membranes d’ultrafiltration. K 364. Glossaire des termes techniques des procé-
[1] AUDINOS (R.). – Membranes semi-perméa-
Traité Constantes physico-chimiques, vol. K 2 dés à membranes. SFF, IDEXPO, Cachan
bles. Membranes d’osmose inverse. K 362. (1986).
Traité Constantes physico-chimiques, vol. K 2 (11-2000).
(5-2000). [4] AUDINOS (R.). – Membranes semi-perméa- [6] AFNOR. – Métrologie des membranes de
bles de microfiltration tangentielle. K 365. microfiltration et d’ultrafiltration. Perméabi-
[2] AUDINOS (R.). – Membranes semi-perméa- Traité Constantes physico-chimiques, vol. K 2 lité à une eau de référence. NF X 45-101
bles. Membranes échangeuses d’ions. K 361. (5-2001). (1990).
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