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Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) – Année Académique 2023-2024

Séminaire de Droit International des Affaires. M 1 - BMFI & M I. Séminaire du Pr Banamba

DROIT INTERNATIONAL DES AFFAIRES


(International Business Law)

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Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) – Année Académique 2023-2024
Séminaire de Droit International des Affaires. M 1 - BMFI & M I. Séminaire du Pr Banamba

INTRODUCTION
La réalité aujourd’hui nous montre que le droit international des affaires est en pleine expansion.
Certaines entreprises ont un champ d’action mondial ou international. Des produits sont vendus
sur les cinq continents, les entrepreneurs dans le monde ont des stratégies tournées vers le
développement international. Cela se traduit en termes d’exportations ou en termes
d’implantations à l’étranger. L’importance du droit international des affaires n’est donc plus à
démontrer.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, le commerce mondial a connu une expansion
importante. Il est au départ limité au commerce des matières premières, des produits
manufacturés et les produits agricoles.

À partir des années 70, au commerce des marchandises s’est ajouté le commerce des services
(transport, assurance, tourisme, banques...). Ce commerce se développe de nos jours beaucoup
plus vite que le commerce des marchandises. A ce domaine désormais classique, il faut ajouter
les investissements internationaux liés à la nécessité de pénétrer les marchés étrangers et liés à
l’internationalisation de la production. Il faut encore ajouter à ce domaine les transferts de droit
de propriété intellectuelle.

L’évolution constatée a obligé les États à définir une politique des échanges mondiaux. Devenus
des opérateurs comme les entreprises, le États ne fixent pas seulement les règles, ils concluent
eux-mêmes des contrats. Ils développent des politiques d’accueil des investissements étrangers
sur leur territoire. Mais aujourd’hui, la problématique générale est de savoir s’il faut réglementer
ou laisser plus de liberté. On s’aperçoit que dans les pays même les plus libéraux, le principe
d’une règlementation globale est consacré
I - La définition
Le droit du commerce international est un corps de règles applicables aux relations commerciales
qui se déroulent entre plusieurs États. On dit encore que le droit du commerce international est
l’ensemble des règles juridiques applicables aux relations commerciales internationales.

C’est un droit complexe, qui entretient des rapports avec de nombreuses branches du droit (droit
international public, droit international privé, droit international économique, le droit des
sociétés, le droit bancaire, le droit des sûretés…). C’est encore un droit complexe car il implique
plusieurs opérateurs, rarement des personnes physiques, pas même des sociétés isolés mais plutôt
des groupes de sociétés, les États en tant qu’opérateurs du commerce international)
II - Les sources du droit du commerce international
Elles sont multiples : elles peuvent être aussi bien internes qu’internationales, conventionnelles,
non conventionnelles, publiques (qui dérivent des États), privées ou découlant de la pratique des
opérateurs etc… Elles peuvent être distinguées en sources nationales et sources internationales.

A- La loi
C’est la principale source interne.

De nombreuses règles applicables dans le commerce international proviennent de la loi.


Exemple : loi camerounaise portant code des investissements ; la réglementation sur les relations

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financières avec l’étranger comme la réglementation bancaire au sujet des mouvements des
capitaux avec l’étranger, le contrôle des changes, la loi fiscale…
B- Les sources internationales
Dans l’ensemble en matière de droit du commerce international, ces règles sont très nombreuses.
Nous avons ainsi :

- Les conventions internationales interétatiques (Traités) : On peut néanmoins citer à titre


d’exemple : Convention de Vienne de 1980 sur la vente internationale de marchandises (CVIM).

- Les usages et les pratiques contractuelles du commerce international : C’est un droit qui
n’émane pas des Etats mais qui provient des usages, des pratiques contractuelles observées par
les opérateurs eux-mêmes (commerçants, hommes d’affaires). Un grand nombre d’usages sont
codifiés, et forme un ensemble cohérent sous le nom de Lex mercatoria qui a néanmoins une
véritable valeur juridique. C’est un droit qui est né en dehors des États et qui existe en dehors des
États ?
- Les principes généraux du commerce international : Ils peuvent s’appliquer lorsque les
parties acceptent que leur contrat soit régi par les principes généraux du droit ou par la lex
mercatoria. Ils peuvent même s’appliquer lorsque les parties n’ont pas choisi une loi particulière
devant régir leur contrat. On a ainsi :

* le principe de souveraineté des Etats en matière de gestion des richesses


naturelles, ou encore le principe selon lequel si l'Etat peut nationaliser ou s'approprier
l'exploitation de ses richesses, il y a en revanche un droit pour les entreprises exploitantes
d'être indemnisées de manière équitable et dans un délai raisonnable (cela a été le cas pour
des expulsions pétrolières, notamment en Libye).

* le principe pacta sunt servenda. C’est le principe de l'effet obligatoire du contrat, qui
est lié au respect de la parole donné, ou à la loyauté des affaires. C'est l'un des principes les
mieux reçus, de même pour le principe de bonne foi dans les contrats.

* Le principe de minimisation des dommages (Mitigation) : action de diminuer en


gravité ou en intensité un risque. Il signifie que les opérateurs économiques, qui veulent obtenir
réparation d'un préjudice sont tenus de minimiser le dommage dont ils sont victimes de la part de
leur cocontractant. Cela oblige le cocontractant victime à prendre des mesures conservatoires
pour éviter l’aggravation du dommage. Le cocontractant a l’obligation de ne pas augmenter le
préjudice, mais également une obligation de tout mettre en œuvre pour le réduire.

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Ière PARTIE : LES ACTEURS DU COMMERCE INTERNATIONAL

Dans le droit du commerce international se côtoient de nombreux acteurs qui ont des rôles
respectifs. Il y a des acteurs publics (Titre 1) et des acteurs privés (Titre 2).

Titre 1 : Les acteurs publics


On distingue d’une part, les organisations internationales (Chapitre 1) et d’autre part les Etats
(Chapitre 2)

Chapitre 1– Les Organisations internationales

Nous évoquerons les organisations internationales à vocation universelle ou régionales les plus
représentatives dans notre domaine. Il y a ainsi d’une part un acteur global, ou encore à vocation
universelle : c’est l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) (Section 1). Nous avons
d’autre part les autres organisations (Section 2).

Section 1 – L’OMC
L’organisation Mondiale du Commerce a succédé au GATT (Parag. 1). Elle est composée d’un
certain nombre d’organes (Parag. 2). Elle pose des règles ayant vocation à régir les échanges
économiques dans la société internationale (Parag. 3).

Paragraphe 1 – Du GATT à l’OMC


L’OMC a succédé aux accords du GATT, qui a été mis en place d’un Accord Général sur les
Tarifs des droits de douane et le Commerce (1er Janvier 1948 – GATT).

L’OMC est une véritable organisation internationale, totalement indépendante de l’ONU. Ce qui
n’est pas le cas de la plupart des organisations internationales. L’OMC travaille essentiellement
par consensus.

Paragraphe 2 – Les organes de l’OMC

Plusieurs organes composent l’OMC. Nous avons :


- La Conférence ministérielle : qui regroupe les ministres désignés par les Etats membres. Les
décisions sont prises par consensus ; ce qui nécessite beaucoup de temps de négociations. D’où
l’échec de nombreuses négociations.
- L’ORD (ou l’Organe de Règlements des Différends) : Organe particulier qui joue une grande
activité juridictionnelle, puisqu’il règle les litiges entre les Etats. Il peut être saisi en arbitrage,
mais peut aussi jouer le rôle de médiation ou de conciliation entre États. Si la négociation
intervient entre les États et s’il y a refus de respecter l’accord de médiation, l’ORD peut

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prononcer des injonctions de faire ou de ne pas faire, accompagnées de sanctions financières


(l’injonction est un ordre, une prescription, un commandement).

Exemple : de conflit Etats-Unis/UE sur les constructeurs aériens, du fait des mesures d’aides à
l’exportation accordées à Airbus par l’Union Européenne. Pour les Américains, ces mesures
faussent concurrence. Cette question a fait l’objet d’une saisine de l’ORD par les Américains.
L’Union Européenne a été condamné.

L’ORD est une juridiction de plus en plus grande. On y vient avec des avocats, des
experts, ...etc. Procédure contradictoire. L’ORD ne peut être saisi que par les Etats ; De plus
l’ORD ne juge que les les litiges entre les États.

Paragraphe 3– Les règles de l’OMC organisant les échanges économiques


Il s’agit des principes fondamentaux organisant les échanges internationaux. Ces principes ont
été élaboré sous l’égide du GATT et élargit par l’OMC. En fait les Etats ont à partir de la 2nde
guerre mondiale cherché à favoriser les échanges économiques internationaux et ont discuté sur
des principes fondamentaux des échanges internationaux pour éviter un désordre. En réalité, il y
a peu de principes (A) et de multiples dérogations ou exceptions (B).

A- Les principes fondamentaux


Ce sont les principes de base qui régissent les relations entre Etats. Ils sont appliqués entre Etats
eux-mêmes même si derrière il y a toujours des opérateurs privés (mais c’est toujours le
comportement de l’Etat qui est visé). Le principe le plus important est le principe de non-
discrimination
Le principe de non-discrimination signifie qu’il faut assurer un traitement égal aux Etats
signataires de l’OMC, la concurrence sera ainsi librement ouverte et les échanges se feront sur
une base égalitaire. Il y a deux applications concrètes de ce principe :
La clause de la nation la plus favoriséeEn vertu de ce principe, tout Etat membre de l’OMC
s’engage à étendre à tous les Etats membres l’avantage qu’il a consenti à un autre Etat membre.
Exemple, si un État A a consenti à un Etat B une réduction de 3% de ses droits de douane sur un
produit déterminé, il doit automatiquement consentir la même diminution pour l’entrée sur son
territoire du même produit en provenance de tout autre État membre de l’OMC.

On considère que la CNPF est un puissant instrument de libéralisation des échanges.


- La clause du traitement national : Les Etats adhérents de l’OMC ont l’interdiction de
défavoriser le produit ou le service étranger entré légalement sur le territoire national, par rapport
aux produits ou services nationaux. Ce principe n’interdit pas les barrières tarifaires, notamment
sous forme de droits de douane ou taxes. (Customs duties or taxes) à l’entrée dans le pays. Il
impose, lorsque ces barrières ont été franchies, que le produit étranger ne soit pas pénalisé par
une taxe supplémentaire et discriminatoire, qui pourrait rendre plus difficile et plus onéreux
(cher) sa commercialisation, par rapport aux produits issus de la production nationale.

B- Exceptions, Dérogations et Mesures de Sauvegarde

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Le GATT et l’OMC ont accepté des entorses aux principes fondamentaux du fait de
considérations politiques et pratiques. Ainsi, on a prévu des exceptions et des dérogations. On a
ainsi :
1- Les exceptions
- Les intégrations régionales.
Les accords d'intégration économique régionale sont des accords par lesquels un ensemble de
pays s'accordent réciproquement des avantages commerciaux préférentiels (par exemple, l'Union
européenne ou la CEMAC) sont considérés comme licites par l'OMC.

Il s'agit des zones de libre-échange (Free trade area) (regroupement d'États formant un seul
territoire douanier à l'intérieur duquel les obstacles aux échanges sont supprimés. Les pays
membres restent indépendants vis-à-vis des pays tiers) et des unions douanières (Customs
union) zones de libre-échange pratiquant un tarif douanier commun et une législation commune
entre les pays membres vis-à-vis des pays tiers.

- Les préférences commerciales accordées aux pays en développement


Il s'agit de régimes commerciaux plus favorables au développement de ces pays exportateurs
lorsqu’ils sont exportateurs. La convention de Lomé entre l'Union européenne et les pays
africains (UE/ACP), l’AGOA (African Growth and Opportunity Act).
- Les autorisations de restrictions quantitatives : en cas d’urgence, en cas de fort déficit de la
balance des paiements ou encore en vue de protéger la production pour des secteurs comme
l’agriculture ou la pêche. Elles visent à réduire les importations dans un secteur donné (contraire
au principe de non-discrimination et surtout d’égalité de traitement)
- Les mesures discriminatoires provisoires. Un État peut être autorisé à prendre de manière
exceptionnelle ces mesures afin de pouvoir réorganiser un secteur de production nationale qui se
trouve menacé par une hausse importante des importations. Ces mesures sont des mesures de
type protectionniste (par exemple l’augmentation des droits de douane). Ce sont des dérogations
aux principes fondamentaux.
2- Les Dérogations : Mesures de défense commerciale
L’OMC autorise les Etats à se protéger contre des pratiques dites illégitimes prises par des Etats
ou sociétés étrangères.
Mesures anti-dumping : Le dumping est une pratique qui consiste à vendre un bien à un prix
inférieur à sa valeur normale pour gagner des parts de marché et relever ces prix une fois les
parts de marché acquises (certains pays ont été accusés de pratiquer de telles mesures.Mesures
anti-subvention : l’idée est de permettre un commerce international qui se déroulerait sur des
bases de concurrence objective. C’est la raison pour laquelle il y a une interdiction générale des
subventions au sein de l’OMC, mais l’OMC a fait une distinction.
Il y a les subventions rouges (subventions interdites), les subventions oranges (subventions de
type particulier faisant l’objet d’autorisation pour tel ou tel domaine d’activités) et les
subventions vertes (subventions autorisées) et l’OMC a listé des secteurs dans lesquels elles
sont autorisées sans contrôle (recherche, protection de l’environnement et l’aide aux régions
défavorisées).

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D’un point de vue pratique, une subvention n’est pas toujours visible. Un Etat par exemple peut
accorder de l’argent sans vouloir accorder une subvention ; on pense c’est une subvention
indirecte. L’Etat Américain a été accusé de favoriser des entreprises à l’exportation par des
mesures fiscales très favorables.

3- Mesures de Sauvegarde
Un pays membre peut être autorisé à déroger à certaines dispositions des accords de l'OMC en
prenant une mesure d'exception pour protéger la vie ou la santé humaine, animale ou végétale ou
pour assurer la sécurité nationale. Exemple : mesures pour protéger les espèces en voie
d'extinction ou des ressources épuisables ; mesures pour interdire l’importation de la viande
bovine européenne pour cause de maladie ..

Il existe également des mesures de sauvegarde qui permettent à un État de prendre des mesures
d'urgence pour protéger, de façon temporaire, un secteur de son économie. Le Cameroun a
souvent pris ce type de mesures pour protéger l’industrie nationale du poulet.
Section 2 - Les autres organisations
Elles ont vocation à édicter des règles juridiques. Quelques exemples peuvent être cités. On a :

Paragraphe 1- L’ONU et les organisations qui lui sont liées

- la CNUDCI ou Commission des Nations Unies pour le Droit du Commerce International


(en anglais – UNCITRAL), est née en 1966. Cette CNUDCI a un objet général : la
formulation des règles du droit du commerce international. C’est dans le cadre de la
CNUDCI qu’a été élaboré la Convention de Vienne du 11 avril 1980 sur le contrat de vente
internationale des marchandises (CVIM).
- l’OMPI ou l’Organisation Mondiale pour la Propriété Intellectuelle
- l’OACI ou (Commission pour le transport aérien
- la CNUCED (Commission des Nations Unies pour le Commerce et le Développement qui
prend en compte et développe les pays en développement…etc.

Paragraphe 2- Les instances privées ou mixtes


A- La Chambre de Commerce Internationale (ICC)
La CCI ou Chambre de Commerce Internationale : c’est une Association qui a son siège à Paris.
Elle est née au début du XXème siècle. Cette institution concerne les milieux d’affaires. Elle est
établie dans de nombreux pays à travers des comités nationaux élus par chacun des pays, La CCI
essaie d’élaborer des règles de droit du commerce international. Elle regroupe plus de pays que
l’OMC. Les apports de la CCI sont notables.
La CCI a procédé à la codification d’un certain nombre d’usages du commerce international.
Exemple les INCOTERMS, qui constituent un lexique des termes de la vente internationale, le
Crédit documentaire (fonction de crédit mais surtout de paiement dans les ventes internationales
pour que ce paiement soit garanti). On peut citer à ce titre les RUU 500 (ou règles et usances
Uniformes) (Uniform rules and practices 500) en matière documentaire. Ces RUU sont utilisées
à travers le monde et elles ont force obligatoire.

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Toutes les règles émises par ces organismes constituent naturellement une importante source de
droit du commerce international. En effet, il y a une très grande variété d’intervenants (ou
régulateurs) dans le commerce international. Donc il y a un foisonnement de sources.
C- Le Processus de Kimberley
1- Signification : De son vrai nom ‘’Système de Certification du Processus de
Kimberley’’ (SCPK), c’est un système de certification qui définit les conditions de contrôle de
la production et du commerce de diamants bruts. L'objectif du Processus de Kimberley est de
prévenir l'entrée des diamants des zones de conflits dans le marché international. Il s’agit des
diamants bruts utilisés par les mouvements rebelles pour financer la lutte armée contre des
gouvernements légitimes.

Pendant longtemps, le commerce illégal de ces pierres a alimenté ou continue d’alimenter des
conflits dans des pays comme l'Angola, la Côte d'Ivoire, la RDC ou la Sierra Leone, et
récemment la Centrafrique, le Libéria.

2- Naissance du Processus : L'origine du processus de Kimberley remonte à mai 2000, date


à laquelle les pays producteurs de diamants d'Afrique australe se sont réunis à Kimberley
(Afrique du Sud) pour débattre des moyens à employer pour mettre un terme au commerce des «
diamants de la guerre » et pour veiller à ce que le commerce des diamants ne finance pas les
activités de mouvements rebelles violents visant à déstabiliser des gouvernements légitimes.

En décembre 2000, l'Assemblée générale des Nations Unies adopte une résolution en faveur
de la création d'un cadre de certification international pour les diamants bruts. Le système de
certification du processus de Kimberley est entré en vigueur en 2003.

3- Qui participe au processus ? Le processus de Kimberley est ouvert à tous les pays qui
souhaitent appliquer ses dispositions et qui sont en mesure de le faire. Depuis novembre 2012, le
processus compte 54 participants et l'Union européenne. Les participants au processus de
Kimberley représentent environ 99,8 % de la production mondiale de diamants bruts.

4- Comment fonctionne le processus de Kimberley ?


Le système de certification du processus de Kimberley (SCPK) impose à ses participants de
nombreuses conditions avant de leur permettre de certifier que la vente de diamants bruts ne
sert pas à financer un conflit armé et éviter ainsi que les diamants des conflits n'arrivent sur le
marché légal (c’est le mécanisme de blanchiment ou laundering) . Ils doivent également
s'engager à assurer la transparence des activités relatives aux diamants et à procéder à des
échanges de données statistiques. Seules sont licites les activités commerciales portant sur les
diamants et effectuées entre participants répondant aux conditions minimales du système de
certification. Par ailleurs, les envois internationaux de diamants bruts doivent s'accompagner
d'un certificat garantissant qu'ils ne servent pas à financer un conflit armé.

5- L’efficacité du processus de Kimberley

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Le système de certification du processus de Kimberley (SCPK) est devenu un mécanisme


efficace de lutte contre le commerce des diamants des conflits. Les efforts conjoints des
gouvernements, des dirigeants de l'industrie du diamant et des représentants de la société
civile ont permis au processus de Kimberley de limiter le flux de diamants des conflits en très
peu de temps. Ainsi, les spécialistes du secteur diamantaire estiment la part des diamants des
conflits dans le commerce international des diamants actuellement à moins de 1% alors
qu'elle s'élevait à 15%, dans les années 90.

Le processus de Kimberley a également contribué à stabiliser des pays fragiles et il a ramené


d'importantes quantités de diamants sur le marché légal, ce qui a accru les recettes de
gouvernements des pays producteurs.
Paragraphe 3- Les organisations étatiques Régionales ou sous Régionales
L’OHADA
La création de l’OHADA correspond au lancement d’un vaste chantier de rénovation du
droit des affaires afin de fournir un cadre juridique adapté aux activités économiques des
pays membres.
Cette modernisation du droit s’accompagne de la création d’un véritable espace juridique propre
à plusieurs États puisque les règles d’origine commune doivent être appliquées simultanément
dans tous les États membres. L’objectif est d’unifier le droit pour tous les États membres. C’est
une organisation internationale et régionale dotée d’un Conseil des ministres, d’un Secrétariat
permanent, d’une École régionale supérieure de la magistrature et d’une Cour commune de
justice et d’arbitrage

LA CEMAC

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Chapitre 2 - Les États, acteurs du commerce international

L’Etat agit tantôt comme un régulateur du commerce international (Section 1), tantôt comme un
acteur du commerce international au même titre qu’une personne privée (Section 2).

Section 1 – L’État, régulateur du Commerce international


Les États se trouvent dans une position importante dans la régulation du commerce international
car ils ont en charge l’intérêt général et les questions politiques, économiques et sociales. Leur
action peut être une action unilatérale ; elle peut être une action concertée.
On peut dire que l’État dans le commerce international va utiliser de manière unilatérale tous les
moyens d’actions dont ils disposent notamment au plan juridique : les lois, les décrets… . Il peut
règlementer le contrôle des investissements étrangers (voire parfois l’autorisation d’agir sur un
territoire étranger. Par exemple on a le cas des Etats-Unis qui décident unilatéralement de
réglementer le commerce avec Cuba ou avec l’Iran.

Dans le cadre d’une action concertée, les États vont se mettre à 2 ou à plusieurs pour établir des
règles communes du droit international des affaires, dans le cadre de relations bilatérales
(conventions bilatérales) ou multilatérales (conventions multilatérales).

Exemple de convention bilatérale : le Cameroun a conclu des dizaines de conventions de


protection des investissements (avec la Chine, l’Italie, L’Allemagne, les USA ….). Les
conventions internationales avec plusieurs pays sont rares car elles supposent un consensus.
Exemple : la Convention de Vienne du 11 avril 1980 précitée.

Les États peuvent même se regrouper en association d’États de type économique ou juridique.
Exemple d’association de type juridique : OHADA (entre 17 pays de l’Afrique) ; d’association
de type économique : l’Union Européenne (c’est une zone de libre-échange où règne des
principes de base), l’ALENA (États Unis, Canada et Mexique). La CEMAC (pays d’Afrique
centrale). Les zones intégrées économiques ou juridiques ne fonctionnent que lorsqu’il y a des
frontières communes. En outre, la zone peut avoir des buts économiques voire économiques et
politiques. Ce qui nous intéresse, c’est les règles spécifiques qui s’appliquent à ces zones et qui
modifient le droit du commerce international.

Section 2- L’État et ses démembrements, opérateurs économiques

L’État est un opérateur économique essentiel du commerce international. Concrètement, l’État


agit soit directement en concluant des contrats internationaux, soit indirectement à travers ses
démembrements. C’est ainsi qu’il peut intervenir au travers d’une société publique
internationale. Il s’agit de sociétés mises en place par la volonté de plusieurs États et qui
effectuent des opérations de commerce international (multinationales interétatiques telles que la
société ‘’Air Afrique’’, l’organisation autour du bassin du lac Tchad…). Ces sociétés sont régies
par le droit international public et par les statuts qui les créent.

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L’activité de l’État qui nous intéresse est celle qui est effectuée directement par l’État ou par une
entreprise publique. Ainsi, l’État peut intervenir à travers une entreprise publique à caractère
administratif, à travers une société à capital public (SNH) et à travers les sociétés d’économie
mixte (dans lesquelles l’Etat ou une collectivité publique est mlajoritaire).

L’intervention de l’État suscite un certain nombre de préoccupations. La première des


préoccupations est relative aux immunités (Parag. 1). La deuxième préoccupation concerne les
contrats conclus par l’État avec une personne ou une entreprise étrangère : c’est ce qu’on appelle
les contrats d’État (Parag. 2).

Paragraphe 1 - Les immunités


Les immunités sont considérées comme des privilèges reconnus à certaines personnes en raison
de leur qualité ou de leurs fonctions et qui les met à l’abri soit des poursuites, ou qui protège
leurs biens de toutes saisies. Les immunités sont fondées sur la courtoisie internationale en ce
sens qu’un Etat ne saurait être jugé par les tribunaux d’un autre État : C’est ce qu’on appelle
l’immunité de juridiction (A). La souveraineté d’un État le protège encore en interdisant que
les biens lui appartenant fassent l’objet d’une mesure d’exécution forcée, c'est-à-dire d’une
saisie : c’est l’immunité d’exécution (B).

A- L’immunité de juridiction
Cette immunité bénéficie principalement à l’État, mais elle a été élargie à d’autres personnes que
l’État lui-même. Mais pour les États, les tribunaux considèrent que, l’immunité est fondée sur
l’activité exercée par l’État ou ses démembrements et non sur la qualité de celui qui l’exerce. Un
diplomate est protégé dans sa personne (quel que soit l’acte, il ne peut pas être poursuivi), tandis
que l’État est protégé dans son activité.

Au départ, l’immunité de juridiction qui est d’origine conventionnelle (c’est-à-dire fondée sur les
traités internationaux), protégeait l’État dans tous ses actes. Cela a évolué tout au long du 20ème
siècle puisque l’action même de l’État a évolué spécialement dans le domaine du commerce
international. L’État est devenu un commerçant et n’hésite plus à effectuer directement des
opérations économiques et commerciales. C’est pourquoi l’immunité de juridiction est désormais
devenue relative, c’est-à-dire limitée à certains actes seulement. Désormais on ne peut poursuivre
un État étranger ou un organisme agissant pour le compte de l’État que lorsque l’acte qui est à
l’origine du litige ne constitue pas un acte de puissance publique ou un acte de souveraineté.

Concrètement, pour bénéficier de l’immunité, l’État doit avoir agi en tant qu’Etat souverain. En
revanche, toutes les fois où l’État n’agit pas en tant que souverain c'est-à-dire lorsqu’il se livre à
des activités de gestion privées, le bénéfice de l’immunité lui est refusé.

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B- L’immunité d’exécution
Ce type d’immunité empêche que les biens d’un Etat fassent l’objet d’une mesure d’exécution
forcée dans un autre État. Par mesure d’exécution, on veut parler des saisies principalement.

Comme l’immunité de juridiction, l’immunité d’exécution n’est pas non plus absolue. Elle a
évolué et les tribunaux ont considéré que l’immunité d’exécution devait jouer en fonction de la
nature du bien appartenant à l’Etat et qui fait l’objet de la mesure d’exécution. Selon les
tribunaux, tout dépend de l’affectation des biens objets de la mesure d’exécution. Concrètement,
les biens appartenant à un Etat ne sont pas susceptibles de faire l’objet de mesure d’exécution
lorsque ces biens sont affectés à une activité de souveraineté ou de service public.

A l’inverse, la mesure d’exécution est admise lorsqu’elle porte sur des biens affectés à une
activité commerciale. Deux illustrations nous sont proposées dans l’affaire Eurodif contre
République Islamique d’Iran et l’affaire Sonatrach (Société Nationale de Transport et de
Commercialisation des Hydrocarbures, Algérie) C/ Mr Migeon. Ce sont deux affaires qui
montrent comment à chaque fois le créancier d’un État est protégé.

Dans l’affaire Eurodif, le débiteur était l’État iranien et les biens menacés de saisie étaient les
sommes d’argent qui appartenaient à l’État iranien et qui avaient été remises à un organisme
français (le CEA ou Commissariat à l’Énergie Atomique) dans le cadre de l’exécution d’un
contrat pour le développement de l’énergie nucléaire, qui devait être commercialisé. Du fait de la
rupture du contrat par l’État iranien, la société Eurodif qui prétendait avoir souffert d’un
préjudice a réclamé une indemnisation. À la suite du refus de la République Islamique d’Iran
d’indemniser la société Eurodif, celle-ci a entrepris de saisir les sommes appartenant à l’Iran qui
se trouvaient entre les mains d’un organisme public français (le CEA), qui était le partenaire de
l’État iranien dans l’affaire. L’Iran s’opposa à la saisie en faisant valoir que les sommes d’argent
saisies étaient des biens appartenant à l’État Iranien et pour cette raison ces sommes étaient
insaisissables parce qu’elles étaient protégées par l’immunité d’exécution. Dans cette affaire, les
juges ont refusé de reconnaître l’immunité d’exécution à l’État Iranien parce que les biens saisis
étaient affectés à une activité économique et commerciale relevant du droit privé. Dans cette
décision, les juges font une distinction entre les biens affectés à une mission de service public,
donc protégés par l’immunité d’exécution, et les biens affectés aux simples opérations
commerciales qui eux ne sont pas protégés par l’immunité d’exécution.

Dans l’affaire Sonatrach (Société nationale de Transport et de Commercialisation des


Hydrocarbures), c’est une société étatique qui est poursuivie par un ancien employé de cette
société, victime d’un licenciement. Pour se faire payer, l’ancien employeur a saisi les comptes de
la Sonatrach en France. Pour le juge, les biens appartenant à cet organisme étaient saisissables
puisque ces biens faisaient partie du patrimoine de la Sonatrach qui était affecté à une activité
commerciale et économique. Dans cette affaire, les biens sont saisissables parce qu’ils
appartiennent à une société d’État dont le patrimoine est affecté à des activités commerciales.

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Les États peuvent renoncer à l’immunité d’exécution. Cette possibilité peut se faire au départ au
moment de la signature du contrat et par une clause du contrat, l’État va explicitement accepter
de renoncer à l’immunité d’exécution. Dans tous les cas, la renonciation par l’État à son
immunité d’exécution ne signifie pas du tout que tous ses biens sont susceptibles de faire l’objet
de mesure d’exécution forcée. L’État aura toujours des biens insaisissables, par exemple ceux
qui sont protégés par une immunité diplomatique.

Paragraphe 2 - Les contrats d’États

On définit les contrats d’État comme des conventions conclues entre un État et une personne
privée (physique ou morale) étrangère. Très souvent, le contrat d’État est la base d’une opération
d’investissement.
Exemple : contrat entre un État en développement et une entreprise étrangère portant sur
l’exploitation des sources naturelles pétrolières, minières ou forestières.

Une telle convention est à l’origine d’un certain nombre de problèmes juridiques particuliers. En
effet, le partenaire privé de l’État a besoin de sécurité juridique. Il prend un risque en investissant
hors de son pays. L’opération qu’il réalise est pour lui couteuse.

Le partenaire étranger a en face de lui un Etat, qui à travers le contrat poursuis un objectif de
développement. Il recherche l’intérêt général. L’Etat est une entité souveraine qui détient des
pouvoirs importants. Il peut utiliser son pouvoir de créer des lois pour changer l’environnement
du contrat. Il peut mettre un terme au contrat en utilisant ses prérogatives de puissance publique.
Pour tout cela, il peut exister entre l’Etat et ses partenaires de fortes tensions.

D’ailleurs, certains contrats ont donné lieu à des contentieux très célèbres, par exemple dans le
secteur pétrolier. Il apparait donc nécessaire pour le partenaire de l’Etat de prendre un certain
nombre de précautions pour se protéger. Ces précautions existent dans la détermination de la loi
applicable au contrat d’Etat (A) et surtout à par le recours à certaines clauses que le partenaire
étranger peut utiliser pour se protéger contre la toute puissance de l’Etat lorsque le droit de l’Etat
est susceptible de s’appliquer (B).

A- La détermination de la loi applicable


La question du droit applicable au contrat conclu entre une personne privée et un Etat est une
question essentielle à propos des contrats internationaux.

Au départ, l’idée générale était que l’on ne pouvait soumettre un contrat d’Etat qu’à la loi de
l’Etat partie au contrat. La loi de l’Etat était donc naturellement compétente. Par la suite, on a
assisté à une évolution qui a conduit à remettre en cause progressivement la présomption en
faveur de l’application de la loi de l’Etat. Au cours de cette évolution, de nombreuses décisions
de justice vont admettre dans les contrats où l’Etat intervient comme un particulier, l’application
de la loi de l’Etat n’est plus un impératif. Ainsi si la loi de l’Etat est néanmoins appliquée aux
litiges, c’est parce que les parties d’un commun accord ont accepté la compétence de cette loi.
C'est à partir de cette période que certains juges vont poser le principe selon lequel dans les

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contrats d’État, c’est la loi choisie par les parties qui s’applique. On dit que le principe est celui
de la loi d’autonomie.

B- Les clauses assurant la protection par rapport à la loi de l’État


Le partenaire de l’État dans un contrat a vu sa protection assurée par la consécration du principe
de la liberté des parties de désigner la loi applicable dans un contrat où l’État est impliqué. La
protection ici vient du fait que l’État et son partenaire se trouvent désormais dans une position
d’égalité. Toutefois, la liberté de choix de la loi applicable n’assure pas une totale protection au
partenaire de l’État.

L’hypothèse est la suivante : un État conclut un contrat avec une société allemande pour la
construction d’une usine de production d’engrais. Les deux parties lors de la conclusion du
contrat s’accordent pour désigner comme droit applicable, le droit de l’État. En effet, la société
allemande considère que l’analyse de la loi de l’État au moment de la conclusion du contrat lui
procure un certain nombre d’avantages en matière fiscale par exemple et que le droit de l’Etat
peut donc parfaitement s’appliquer à leur contrat. Le contrat est conclu et signé par les deux
parties mais quelques mois après, l’État modifie sa loi fiscale qui malheureusement alourdit la
charge fiscale de la société partenaire de l’État. Ce qui signifie que la loi de l’État va continuer à
s’appliquer au contrat parce que c’est elle qui a été désignée par les parties, mais, elle s’applique
avec de nouvelles dispositions. Pour l’entreprise privée étrangère, cette modification de la loi de
l’État peut être dangereuse et peut entrainer des conséquences néfastes pour la viabilité de
l’entreprise.

Pour se protéger contre un tel risque, l’entreprise étrangère va recourir à des mécanismes
particuliers de désignation du droit applicable au contrat international dans lequel l’État est
impliqué. C’est ainsi que le partenaire va se voir reconnaitre la possibilité d’introduire un certain
nombre de clauses dans le contrat qui le permettent de se protéger de la toute puissance de l’État.
Ce sont des clauses qui visent à neutraliser le pouvoir normatif (de créer des lois) de l’État. Dans
la plupart des contrats d’État, lorsque le droit applicable sera celui de l’État contractant, son
partenaire pourra insérer dans le contrat soit une clause de stabilisation, soit une clause
d’intangibilité, soit enfin une clause d’internationalisation du contrat.

- Clause de stabilisation ou clause de gel


Grâce à elle, le partenaire de l’État dans un contrat international va se prémunir contre la
possibilité pour l’État de modifier l’environnement juridique dans lequel s’exécute le contrat
conclu. En d’autres termes, en acceptant une telle clause, l’État s’engage à ne pas modifier, ni
partiellement, ni en totalité les conditions juridiques existant au moment de la signature du
contrat ou tout au moins à ne pas appliquer les éventuelles modifications de la loi à son
partenaire.

La clause de gel a pour conséquence de conduire à l’application à un litige éventuel du droit qui
a existé au moment de la signature du contrat si ce droit a été modifié après la signature du
contrat.

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- Clause d’intangibilité.
-

Grâce à elle, l’État va permettre à son partenaire de ne pas modifier unilatéralement leur contrat
en faisant usage de ses prérogatives de puissance publique. Exemple : clause interdisant de
modifier le taux d’intérêt prévu dans le contrat pour les mécanismes de remboursement.

Mais de plus en plus, une confusion s’installe entre ces deux clauses.

-
- Clause d’internationalisation du contrat
Ce type de clause permet au partenaire étranger de recourir à un droit qui n’existe pas à l’État.
Concrètement, le choix peut porter sur le droit d’un autre État qui ne peut pas être modifié par
l’État partenaire, soit en procédant à la composition de plusieurs droits existant à plusieurs États.

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IIème PARTIE : LES OPERATIONS DU COMMERCE INTERNATIONAL

Le commerce international se réalise grâce à une multitude d’opérations très diverses et le


plus souvent très complexes. Dans tous les cas, elles prennent toujours la forme d’un contrat,
et dans notre cas, il s’agit d’un contrat international. Le commerce international donne lieu à
une diversité de contrats : contrats de vente internationale, de transport international,
d’assurance internationale, de mandat international, de garantie internationale, de paiement
international… Ils constituent l’instrument principal permettant d’organiser les opérations du
commerce international.

Le contrat international qui est l’instrument essentiel par lequel s’accomplissent les opérations
du commerce international, est un contrat particulier. C’est grâce au contrat que les opérateurs
économiques de pays différents peuvent établir des projets communs. Seront envisagés
successivement les problèmes communs des contrats du commerce international (Titre 1),
l’exécution du contrat du commerce international (Titre 2).

Titre 1 : Les problèmes communs des contrats du commerce international


Il y a d’une part la question de la loi applicable (Chapitre 1) et d’autre part la formation du
contrat international (Chapitre 2).

Chapitre 1 : La loi applicable au contrat international


Les contrats du commerce international sont a priori d’abord des contrats ordinaires, des
contrats comme les autres. Toutefois, ils s’écartent par certains aspects des contrats internes,
du fait qu’ils sont favorables à une large liberté contractuelle. En effet, de nombreuses
clauses, qui pourraient être interdites en droit interne, sont au contraire valables dans les
relations internationales.

Cette particularité tient au fait qu’il s’agit de contrats internationaux, qu’il faut d’abord définir
(Section 1) avant d’envisager la question de la détermination de la loi applicable (Section 2).

Section 1– Les définitions du contrat international


Il est important de savoir ce qui distingue le contrat interne du contrat international et pour
cette question les solutions sont variables. Deux définitions ont été proposées. Elles reposent
des critères différents. On peut apprécier le contrat international sous l’angle économique et
sous l’angle juridique. En d’autres termes, il y une définition ou un critère économique d’une
part, et une définition ou un critère juridique.

- Le critère économique

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Ce critère (ou cette définition) en réalité se présente sous trois versions :

• 1ère version
Elle a été donnée par le monsieur MATTER. C’est la définition MATTER.

Selon MATTER, le contrat international est celui qui entraine « un double mouvement de flux
et de reflux de marchandise et de capitaux par-dessus les frontières ». Le critère MATTER est
bien adapté à la vente internationale des marchandises parce que les marchandises passent du
pays du vendeur à celui de l’acheteur et que le paiement suit l’itinéraire inverse.
Malheureusement ce double critère de flux et de reflux ne couvre pas toutes les variétés
d’opérations ; c’est un critère qui s’adapte mal aux contrats qui portent sur les services.
Exemple1 : une société camerounaise qui souscrit un contrat d’assurance auprès d’un assureur
allemand installée en Allemagne.2 : une société camerounaise qui loue un temps d’ordinateur
alors que celui-ci est situé en France. Le critère MATTER a été jugé insuffisant.

• 2ème version
Cette version est fondée sur le critère de la prise en compte des intérêts du commerce
international. Selon ce critère, doit être considéré comme international le contrat qui met en
jeu les intérêts du commerce international.

Dans une affaire jugée par les tribunaux, un contrat avait été passé entre deux sociétés
françaises sur des marchandises embarquées aux USA à destination du HAVRE en France. Le
mode de paiement était un chèque tiré sur une banque en Angleterre. Le vendeur était une
société française agissant pour le compte d’une société hollandaise dont elle était la filiale. Il a
été jugé que si ce contrat n’entrainait pas de flux et de reflux de marchandises et capitaux, il
mettait néanmoins en jeu les intérêts du commerce international.

On a reproché à cette 2 ème version de la définition économique d’utiliser un critère vague et


très peu efficace. En effet, il faudra toujours déterminer quand est ce qu’un contrat met en jeu
les intérêts du commerce international et quels sont les intérêts du commerce international ?

• 3ème version
Elle est fondée sur le critère du dépassement du cadre de l’économie international. Selon
cette définition, le contrat international est celui qui dépasse le cadre de l’économie interne.
C’est un critère considéré comme simple et réaliste. Mais c’est un critère qui souffre
d’incertitude, vu la difficulté de séparer l’économie internationale de l’économie nationale. A
quel moment passe-t-on de l’économie nationale vers celle internationale.

Les trois versions du critère économique n’ont pas toujours été efficaces. C’est la raison pour
laquelle on a proposé d’abandonner une appréciation purement économique du contrat
international pour passer à une appréciation juridique du contrat international.

- Le critère juridique

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Les partisans de la définition juridique (ou du critère juridique) adoptent une démarche
différente et considèrent que le contrat international est un contrat qui se rattache à des
normes juridiques différentes (c’est-à-dire à lois de différents Etats), entre lesquels il convient
de choisir. On dit que le contrat international est un contrat qui contient un élément
d’extranéité.

L’élément par lequel le contrat peut être rattaché à plusieurs droits différents peut être le lieu
de conclusion du contrat, le lieu d’exécution du contrat, la nationalité des parties, le lieu de
domicile des parties, etc.

La définition juridique peut être facile d’application. Mais dans certaines hypothèses, on peut
se poser la question de savoir si on est en présence d’un contrat international ou non.

Exemples :
1- : deux hommes d’affaires camerounais qui ont leurs entreprises au Cameroun, se
rencontrent fortuitement au cours d’un voyage dans un aéroport européen ; ils concluent
un contrat concernant leurs entreprises au Cameroun et la question est de savoir s’il s’agit
d’un contrat international ? Le lieu de conclusion du contrat est fortuit, ce n’est donc pas
un contrat international. Le contrat ne peut être donc qualifié de contrat international)

2- un Sénégalais et un Français, tous les 2 résidents à Yaoundé, concluent un contrat de


vente ou d’achat d’un véhicule appartenant au français. Le véhicule se trouve au
Cameroun. S’agit-il d’un contrat international ? Ce n’est pas un contrat international
parce que l’élément d’extranéité est totalement indifférent. Les deux personnes
résident au Cameroun, pour les besoins d’un objet qui se trouve au Cameroun et qui
doit être exécuté au Cameroun.

3- un contrat de vente de cacao (ou d’achat), intervient entre 2 hommes d’affaires


camerounais. L’un représente une société suisse de fabrication de chocolat, et le cacao
doit être livré à Genève. S’agit-il d’un contrat international ? C’est un contrat
international. Il y a deux lieux d’exécution, le paiement et la livraison, qui sont des
éléments d’extranéité. Une des sociétés conclue pour le nom et le compte d’une société
étrangère, c’est un deuxième élément d’extranéité.

En conclusion, comme on le constate, ni l’approche économique, ni l’approche juridique n’est


suffisante. Parfois l’un de ces critères suffira. Mais très souvent la qualification du contrat
international exigera une double approche, c’est-à-dire, la combinaison des deux critères, ce
qui veut dire qu’en présence d’un contrat il faut tenir compte de l’aspect économique et
juridique de celui-ci, lorsque l’un et l’autre critère ne suffisent pas.

Section 2– La détermination de loi applicable en contrat international

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Il y a deux hypothèses qui peuvent se présenter. D’abord il peut arriver que les parties
choisissent elles-mêmes la loi applicable. Ensuite il peut arriver, et cela est même fréquent,
que les parties ne désignent pas de loi applicable. Dans le premier cas on dit que la loi
applicable est la loi d’autonomie (Parag 1). Dans le second cas on est dans l’hypothèse de
l’absence de choix de la loi applicable (Parag. 2).

Paragraphe 1– La loi d’autonomie

La loi d’autonomie signifie la loi choisie par les parties ou la loi désignée par les parties.

Dans un contrat international, le droit applicable est essentiel au bon déroulement de


l’opération internationale. Ainsi dans le contrat international, la clause de la loi applicable est
une clause fondamentale.

Dans un contrat international, la loi d’autonomie (loi choisie par les parties) résulte de la
désignation expresse d’une loi quelconque par les cocontractants. La désignation expresse de
la loi applicable ne pose aucun problème, puisque le choix est facilement identifiable à partir
du moment où il résulte d’une clause du contrat.
Exemple : article 15 du contrat ; « Le présent contrat sera régi par la loi espagnole ».

Paragraphe 2– L’absence de choix de la loi applicable

En général, la question qui se pose ici est de savoir que faut-il faire lorsque les parties ont
omis de désigner la loi applicable à leur contrat international ?

En l’absence d’accord des parties, c’est le tribunal saisi (encore appelé le for saisi) qui a
l’initiative dans ce cas. Et dans cette hypothèse le juge saisi du litige va recourir aux règles de
conflit de lois (Rules of conflict of laws). Les règles de conflit de lois permettent au tribunal
saisi de désigner le droit applicable au litige international.

En matière contractuelle, les règles de conflit susceptibles d’être appliquées sont la loi du lieu
de conclusion du contrat ou la loi du lieu d’exécution du contrat. On peut encore avoir, la loi
nationale du vendeur, la loi de la monnaie du contrat…

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Chapitre 2- La formation du contrat international


De nombreux contrats internationaux se concluent sans négociations préalables parce qu’ils
ne sont pas complexes ou parce qu’ils ne posent pas de difficulté particulière. Mais pour les
contrats internationaux complexes il y a au départ des négociations ou pourparlers (talks) plus
ou moins longs ; on n’est pas encore engagé dans le contrat principal. La progression des
négociations est souvent matérialisée par des écrits qui formalisent les étapes des négociations
et les points sur lesquels les parties sont arrivées à un accord. C’est à ce moment que peut
intervenir une lettre d’intention (letter of intend) ou de façon générale, un pré-contrat (ou un
avant-contrat) (pre contract). Mais la négociation n’exige pas nécessairement de précontrat.

Si très souvent les parties à la négociation sont emmenées à conclure des pré-contrats, c’est
pour tenir compte de la complexité, de la durée, des coûts élevés des négociations
précontractuelles. C’est dans ce cas qu’il parait normal aux parties, dans un souci de sécurité
juridique, d’organiser contractuellement les différentes obligations qui peuvent apparaitre tout
au cours de la négociation.

Il est important de rappeler que les négociations sont dominées par principe de la liberté de
contracter (Section 1). Ce principe permet de comprendre la portée des différents contrats
préparatoires (Section 2).

Section 1- Le principe de la liberté de contracter

_. En principe, les parties sont libres de signer ou non le contrat principal à la fin des
négociations. Cela signifie que les négociations ne doivent pas nécessairement aboutir à la
signature du contrat principal. La plupart des systèmes juridiques considèrent la liberté de
négociation comme un principe fondamental. Mais les partenaires aux négociations doivent
négocier de bonne foi.

_. Le principe de la liberté de négociation a pour corollaire un autre principe qui est celui de
la possibilité pour les parties de se retirer des négociations à tout moment. Mais la rupture des
négociations doit se faire dans des conditions convenables. En d’autres termes, la rupture ne
doit pas être abusive. Il y a rupture abusive :
- Lorsque l’un des partenaires a laissé l’autre engager des frais importants (en
termes de transport, d’études, de frais de mission…) sans le mettre en garde sur
la fragilité de la situation et en lui laissant espérer la conclusion du contrat avec
une certaine légèreté, ou encore en s’abstenant de lui signaler qu’on a déjà
conclu ailleurs.
- Lorsque l’une des parties se comporte de mauvaise foi par exemple en
transmettant des informations erronées à son partenaire ou en refusant de lui
communiquer des informations importantes

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- Lorsque la négociation a été initiée avec une intention frauduleuse ou lorsque la


rupture est brutale ou se fait dans des circonstances où le discrédit et le
déshonneur sont jetés sur le partenaire. Par exemple, s’il y a atteinte à la
réputation commerciale du partenaire.
- Lorsqu’une partie formule des propositions manifestement inacceptables, ou bien
revient sans motif sur un point acquis précédemment au cours des négociations.
Ou bien lorsqu’une partie aux négociations dissimule des éléments essentiels
pour la négociation ou bien utilise le mensonge pour amener l’autre partie à
conclure le contrat.
- Il y a encore négociation de mauvaise foi lorsqu’une partie ne respecte pas le
caractère confidentiel de certaines informations communiquées au cours des
négociations. Les parties sont en effet soumises à une obligation de garder
secrètes les informations apprises au cours des négociations. On considère enfin
qu’une partie n’est pas de bonne foi lorsqu’elle poursuit en parallèle des
négociations avec des tiers sans en révéler l’existence à son partenaire.

Section 2- Les différents types de contrats préparatoires

On distingue deux types de contrats préparatoires : il y a d’une part les contrats préparatoires
ayant un objet propre (Parag. 1) et d’autre part les contrats préparatoires ayant pour objet la
formation du contrat principal encore appelé avant-contrats (Parag. 2).

Paragraphe 1- Les contrats préparatoires ayant un objet propre

La plupart de ces contrats visent principalement à assurer la sécurité et la bonne marche des
négociations. Quelques exemples peuvent être fournis.

•les contrats préparatoires relatifs à la durée des négociations. Ces contrats ont pour
objectif de ne pas laisser se prolonger abusivement les négociations et peuvent se présenter
sous deux variantes : soit les parties s’engagent simplement à faire leur possible pour que le
contrat principal soit conclu avant un certain délai ; soit les parties prévoient un terme ou une
date dont le dépassement met fin aux engagements auxquels les partenaires sont parvenus au
cours des négociations.

•les contrats préparatoires ayant pour objet d’attribuer la charge de la réalisation et le


coût des frais. Il s’agit bien évidemment des frais qui pourront être engagés pendant la
période des négociations.

En effet les négociations peuvent entrainer des frais importants, par exemple pour
l’accomplissement d’études préalables. Il s’agit par exemple d’études qui sont faites sur la
faisabilité du projet en négociation. Ces études peuvent être faites par l’une des parties à la
négociation ou encore par les deux parties ou même par un tiers. L’importance de ces coûts
apparait en cas d’échec des pourparlers et un contrat préparatoire permet de fixer bien à
l’avance le montant du préjudice qu’aura subi l’une des parties. Des difficultés peuvent

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survenir en l’absence d’accord sur les différents coûts lorsque ceux-ci sont élevés et que les
négociations ont échoué. La partie qui a supporté la charge des coûts aura tendance à en
réclamer le remboursement.

•les contrats préparatoires relatifs à l’engagement d’exclusivité des négociations. Dans


ces contrats, l’une des parties s’engage vis-à-vis de l’autre à s’obliger de ne pas mener des
obligations parallèles avec un tiers pendant un certain délai, ou en cas d’échec de la
négociation, à ne pas négocier avec d’autres personnes pendant un certain délai.

L’importance d’un tel engagement doit être signalée puisqu’en principe, l’obligation de
s’abstenir de négocier avec un tiers n’existe pas en dehors d’un tel engagement. Les
négociations avec un tiers sont des situations courantes, même à un stade très avancé des
pourparlers ; d’ailleurs elles sont utiles parce qu’elles permettent de susciter la concurrence.

•les contrats préparatoires ayant pour objet le secret de toute information échangée. Les
parties aux pourparlers peuvent conclure un accord dont l’objet est de garder dans le secret les
informations qui vont être communiquées ou qui ont dû être communiquées à un partenaire au
cours des négociations. Ces informations sont en effet communiquées uniquement dans le but
de permettre à l’autre partie de contracter en pleine connaissance de tous les éléments pouvant
avoir une influence sur son consentement. Si ces informations sont divulguées par le
partenaire aux négociations, sa responsabilité peut être engagée.

Ces contrats s’appellent souvent les contrats de confidentialité (ou lorsque l’engagement
prend forme dans une clause, on parle de clause de confidentialité).

Exemple : lorsque les Brasseries du Cameroun négocient avec Coca-Cola pour l’acquisition
d’une première licence de fabrication de ce produit, l’entreprise Coca-Cola a intérêt à retarder
le plus souvent possible la communication du secret de fabrication et avant de le
communiquer, elle va s’entourer d’une garantie soit en concluant un contrat de confidentialité
ou de secret, soit en insérant dans le contrat de négociation une clause de secret ou de
confidentialité pour protéger la proportion, le dosage… dans la fabrication du produit.

Bien évidemment la clause de secret exclut la protection des informations qui sont déjà
connues, sans fraude, du partenaire au moment de la négociation du contrat ou bien des
informations qui sont déjà connues du public. Les clauses de confidentialité prévoient
généralement :
- l’objet de l’obligation de confidentialité, c'est-à-dire, les informations qui doivent
être considérées comme confidentielles ;
- les personnes astreintes à l’obligation de confidentialité ;
- la durée de l’obligation de confidentialité.
Les clauses de confidentialité sont présentes dans les contrats dans lesquels le secret est un
élément de réussite. Exemple : contrat de recherche, de savoir-faire...

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Paragraphe 2- Les contrats préparatoires ayant pour objet la formation du contrat


principal ou avant-contrats
Ce sont les accords qui ont pour finalité la construction progressive de l’accord final. Dans
certaines hypothèses on les confond même à l’accord final. C’est la raison pour laquelle ils
entrainent un ensemble d’obligations juridiques. Les parties qui concluent des avant-contrats
ne sont plus en pourparlers ; elles ont conclu un accord pleinement obligatoire, qui est destiné
à préparer la conclusion du contrat définitif.

Dans certaines hypothèses, tous les éléments essentiels du contrat final sont arrêtés et il reste
aux parties à régler quelques questions de détail. En attendant, l’une des parties est autorisée à
commencer l’exécution du contrat. La question est dans ce cas de savoir si en cas de rupture,
alors même que le contrat n’a pas été totalement conclu, les engagements qui en résultent sont
des engagements contractuels ?

Les parties ont la possibilité d’utiliser plusieurs formules d’avant-contrats ou de contrats


préparatoires.

A- Le contrat-cadre (master agreement, master contract, framework agreement)


Accord par lequel les parties fixent les principales règles qui régiront leurs futurs contrats
(contrat d’application). Le contrat cadre au sens strict ne suffit pas à lui-même, il prépare une
série indéfinie d'actes ou contrats, appelés contrats d’application. Sans contrat d’application,
le contrat-cadre ne peut pas entrer en vigueur. Dans le contrat-cadre, les parties s'entendent
sur quelques grandes lignes à observer et à réviser par la suite, quand elles se décideront à
passer les actes et le contrat futur lesquels vont se construire au fur et à mesure (as things
progress) en fonction des besoins et des circonstances variables.

B- La lettre d’intention (letter of intend or letters of understanding)

Lorsque les pourparlers (ou négociations), surtout dans le cadre du commerce international
sont appelés à durer un certain temps, ils sont souvent accompagnés par divers documents,
notamment, la Lettre d’intention encore appelée Protocole d’accord (Head of agreement) ou
Memorandum of understanding (MOU)

Les lettres d'intention sont destinées soit à organiser la négociation soit à préparer le futur
contrat.

En effet, la lettre d’intention indique parfois les points sur lesquels un accord est intervenu. Il
est courant qu’à mi- parcourt des négociations un accord fasse le bilan des négociations en
fixant les points sur lesquels un accord a déjà été trouvé.

La question qui se pose est de savoir quelle est la valeur juridique de ces différents
documents ? En d’autres termes, dans quelle mesure les parties sont-elles liées par ces
différents documents ?

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En général, il est important d’être très attentif lors de la rédaction de ces écrits ou documents.

Pour le droit anglais, ces documents n’ont aucune valeur contractuelle. Ils sont "subject to
contract" (c'est à dire à condition qu'un contrat soit conclu) c'est à dire que ces documents
sont de simples instruments de travail.

Dans les pays de droit français, ces documents peuvent servir à interpréter le contrat
définitif une fois formé. En cas de litige, ces documents sont souvent utilisés pour aider le
juge à rechercher ce que les parties ont voulu vraiment dire dans le contrat, leur volonté
réelle. Mais ici aussi, pour se protéger d’une telle interprétation, les parties peuvent
clairement marquer ou préciser qu’elles ne s’engagent pas encore en incluant une clause
« subject to contract » dans l’accord. Ainsi, le document est dépourvu de toute force
juridique.

Une autre manière de procéder est de préciser à côté de la signature qui est apposée « bon
pour la lettre d’intention uniquement, sans engagement contractuel ». Cette précision
permet de marquer clairement qu’il n’y a pas d’intention juridique de s’engager. En
l’absence de telles précisions, on peut considérer qu’il y a eu échange de consentement qui a
fait naitre le contrat.

Comme recommandation, si les parties ne veulent pas être liées, il vaut mieux qu’elles le
précisent en ajoutant la mention « subject to contract ». A l’inverse, si elles veulent être
liées, il faut aussi l’indiquer clairement en faisant apparaitre dans le document
précontractuel une phrase du style « nous sommes déjà liés conventionnellement en ce qui
concerne les points suivants… ».

Les parties doivent être prudentes et éviter toute ambigüité.

Par exemple : une partie essaye de lier l’autre partie tout en se laissant une certaine marge
de manœuvre pour pouvoir se désengager. Il est dangereux de débuter l’exécution d’un
contrat alors que les parties se trouvent encore dans une « zone grise » c'est-à-dire qu’elles
ne savent pas encore s’il y a contrat ou non. L’idéal est de faire alors un accord ponctuel
pour le début de l’exécution et de faire signer à l’autre partie une lettre par laquelle elle
autorise le début des engagements. On est ainsi quasiment certain d’être dédommagé en
cas de rupture des pourparlers.

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Titre 2– L’exécution du contrat international

Une fois le contrat valablement conclu, chacun des partenaires doit désormais remplir ses
obligations. Mais il peut arriver que l’exécution du contrat international ne soit pas effective
ou pose problème d’inexécution. L’inexécution du contrat international est un risque auquel
les parties doivent faire face et contre lequel le droit a prévu un certain nombre de techniques
juridiques ou bancaires et financières, permettant aux parties de se protéger.

L’exécution du contrat international peut être perturbée par un certain nombre de facteurs
volontaires ou imprévisibles. Ce qui peut encore amener les parties à se protéger. La
protection peut consister, dans la prise de mesures destinées à assurer ou à maintenir
l’équilibre contractuel, ou pour éviter les conséquences d’un évènement inattendu. Dans tous
les cas, les parties peuvent recourir à des opérations sur les capitaux (Chap. 1), aux
techniques d’adaptation du contrat aux changements des circonstances (Chap. 2).

Chapitre 1- Les opérations relatives aux capitaux


Le contexte du contrat international est particulier compte tenu des risques que le contrat fait
courir du fait de l’éloignement des parties. C’est la raison pour laquelle le système de
garanties en particulier est important dans les contrats internationaux. Chaque partie dans un
contrat international comme dans tout contrat vise un objectif : celui d’obtenir l’exacte
exécution des obligations de son partenaire. Et l’éloignement est une source de
préoccupations pour les parties.

Pour éviter toutes ces difficultés, les deux parties exigeront des garanties d’exécution. On
trouve dans le commerce international une multitude d’instruments. Il y a le financement à
l’importation (Section 1), le financement à l’exportation (Section 2) et les sûretés (Section 3).

Section 1- Les instruments de financement à l’importation

Lorsqu’un acheteur veut importer une marchandise, il est nécessaire qu’il mette en place un
mécanisme de financement. Il peut recourir à un mécanisme de paiement par des banques
(pour l’achat de matières premières ou d’équipements) (Parag. 1) ; il peut recourir à une
société financière (pour l’acquisition d’un avion ou des engins de travaux) (Parag. 2).

Paragraphe 1- Les mécanismes de paiement impliquant une banque


Le crédit documentaire est le mécanisme privilégié par le monde des affaires (A). Il y a aussi
la lettre de crédit stand-by (B)

A- Le crédit documentaire

Dans la vente internationale, il y a des positions contradictoires entre les souhaits des parties ;
ainsi le vendeur ne veut pas se dessaisir de sa marchandise sans être sûr qu’il sera payé ;
l’acheteur ne veut pas payer sans être sûr que la marchandise sera livrée.
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La pratique du commerce internationale a ainsi mis en place des mécanismes de paiement qui
sont en même temps des garanties de paiement, parmi elles, le crédit documentaire. Dans une
opération de vente normale, le paiement se fait à la livraison ; cette pratique est facilement
envisageable dans une pratique commerciale internationale.

Dans le cadre du commerce international, le vendeur ne livre pas lui-même la marchandise.


En réalité, il va expédier la marchandise par le transport maritime. En remettant les
marchandises au transporteur, il se trouve dessaisi de ses biens en même temps il est contraint
d’attendre durant le transport sans être sûr d’être payé par l’acheteur qui habite un pays
lointain. D’où la nécessité de recourir au crédit documentaire.

1- Présentation du crédit documentaire


2-

Pour éviter tous ces inconvénients, la pratique a inventé le crédit documentaire. Ici le
paiement sera assuré par le banquier du vendeur, dès que ce dernier présente à sa banque
certains documents prouvant l’expédition des marchandises conformément à celles
commandées par l’acheteur.

C’est une opération par laquelle une banque ((banque émettrice/issuing bank), s’engage
irrévocablement, à la demande et pour le compte de son client acheteur/importateur (donner
d’ordre/applicant), à régler à un tiers exportateur/vendeur (bénéficiaire/beneficiary), dans un
délai déterminé, un certain montant, contre la remise de documents strictement conformes et
cohérents entre eux, justifiant de la valeur et de l’expédition de marchandises ou de
prestations de services.

Le crédit documentaire met généralement en présence 04 intervenants : l’acheteur (le


donneur d’ordre), qui demande à sa banque de lui ouvrir un crédit, le vendeur/exportateur (le
bénéficiaire), la banque de l’acheteur (banque émettrice), la banque correspondante de la
banque émettrice (banque notificatrice ou banque confirmante), généralement la banque du
vendeur.

Il peut arriver que le banquier, pour ouvrir le crédit bancaire, s’engage personnellement
envers le vendeur. Le crédit est ouvert dans un accord intervenu entre l’acheteur et son
banquier en exécution d’une clause contenue dans le contrat de vente (contrat commercial
conclu entre l’acheteur et le vendeur). Dans tous les cas les relations entre le vendeur
bénéficiaire du crédit et la banque sont indépendantes de celles nées du contrat de vente et du
contrat de crédit.

Dans l’ordre émis par l’acheteur doivent être indiqués quels sont les documents qui doivent
être produits par le vendeur et qui établissent la preuve de la réalité de l’expédition des
marchandises par le vendeur. En contrepartie de l’ouverture du crédit, l’acheteur s’engage à
rembourser les sommes versées par la banque au vendeur, à payer une commission et à
donner des garanties. La banque adresse une lettre de crédit dénommée accréditif
(documentary credit) au vendeur soit directement soit par l’intermédiaire de la banque
notificatrice. Le contenu de l’accréditif est le suivant :
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- D’abord la lettre de crédit informe qu’il bénéficie d’un crédit en contrepartie de la


remise de documents déterminés.
- La lettre précise la nature révocable ou non du crédit. Dans le crédit révocable la
banque émettrice ne prend aucun engagement personnel envers le vendeur. Elle se
borne à informer ce dernier de l’ouverture du crédit. Dans ce cas elle peut révoquer
le crédit sur l’ordre de l’acheteur en cas de mauvaise exécution ou inexécution du
marché. La banque peut aussi révoquer le crédit comme dans toute ouverture de
crédit en cas d’événements susceptible d’altérer la confiance de la banque.
Exemple : insolvabilité de l’acheteur ; non-paiement de la commission attendue.

2- Quelques exemples de formules de crédit documentaires


3-

Le mécanisme du crédit documentaire d’autant plus utilisé qu’on le retrouve parfois sous
d’autres formules. Par exemple :
- l’acheteur peut convenir avec son banquier de reconduire automatiquement le
montant de son crédit à intervalle : c’est le crédit renouvelable ou «credit
revolving»
- l’acheteur et le banquier peuvent prévoir une clause spéciale appelée «red clause»
que le vendeur est autorisé à recevoir tout ou partie du crédit avant l’expédition des
marchandises et la remise des documents, ce qui permet au vendeur de préfinancer
la fabrication des marchandises à expédier.

Les documents qui doivent être présentés au paiement dans le cadre de l’exécution du crédit
documentaire doivent être vérifiés tour à tour par la banque du vendeur, de l’acheteur et par
l’acheteur lui-même. Il s’agit de vérifier la conformité des documents tels qu’ils sont prévus
par l’accréditif.

B- La Stand By Letter of Credit (SBLC) (lettre de Crédit Stand By)

La Stand By Letter of Credit (SBLC) est une forme de garantie documentaire émise pour
garantir l’exécution d’une obligation. C’est une garantie bancaire payable dès la demande en
contrepartie de la présentation des documents préalablement désignés par les parties.

C’est un engagement pris par une personne morale, l’émetteur ( établissement de crédit), vis-
à-vis d’un tiers, le bénéficiaire, de lui payer, sur ordre et pour le compte du donneur d’ordre,
une somme d’argent déterminé si celui-ci n’a pas satisfait à une obligation.

La LCSB a une double vocation selon qu’elle est utilisée à l’import ou à, l’export, elle servira
à garantir un paiement ou une indemnisation.

Lorsqu’elle est émise sur ordre de l’acheteur, en faveur d’un fournisseur/vendeur/exportateur,


la LCSB constitue une garantie de paiement (dans ce cas elle est utilisée, comme un crédit
documentaire dans un cadre de paiement international. Dans ce sens elle est une forme de
crédit documentaire)

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Lorsqu’elle est émise à la demande du fournisseur/vendeur en faveur d’un


acheteur/client/importateur, la LCSB remplit la fonction de garantie indépendante souvent
exigée dans les contrats de BTP, de livraison d’usine, de fourniture de biens d’équipement
(donc pour garantir la restitution d’acompte, la bonne exécution…)

La mise en jeu se fait donc par la présentation des documents requis et conformes au contrat.

En effet, si la garantie à première demande fonctionne au profit de l’acheteur/le


client/l’importateur (bénéficiaire), qui a, par exemple commandé des travaux, et est émise à la
demande du vendeur ou l’exportateur (donneur d’ordre), la lettre de crédit stand-by répond à
une autre logique ; elle intervient le plus souvent sur ordre de l’acheteur, dans le cadre d’un
contrat de vente internationale, au bénéfice du vendeur.

Paragraphe 2- Les mécanismes de paiement impliquant une société financière


Les parties peuvent recourir au crédit-bail international (A) ou à l’affacturage (B).

A- Le crédit-bail international (leasing)


Cette technique est traitée par la loi N°2010/20, du 21 décembre 2010 portant organisation
du Crédit-Bail au Cameroun. Un établissement financier va acquérir un bien en vue de le
louer à un client pour une période déterminée, et au terme de laquelle le preneur dispose de
plusieurs possibilités :
- met un terme à la location et restitue le bien
- renouvelle la location
- acquiert le bien pour sa valeur résiduelle

La 3ème possibilité est la plus recherchée car les entreprises ne disposent pas tout le temps des
disponibilités nécessaires pour acheter directement le bien. Cette technique est très utilisée en
matière de biens d’équipement qui ont une grande valeur (ex : avion).

Elle est relativement sécurisée puisque l’établissement financier conserve en garantie la


propriété juridique du bien (demeure propriétaire). Si les échéances ne sont pas versées, le
bailleur (établissement financier) peut le récupérer pour se rembourser les échéances non-
versées.

Ce crédit pose des problèmes notamment de loi applicable car c’est une opération à 3
personnes : le vendeur, l’établissement financier, le crédit preneur (cf. Convention
internationale d’Ottawa du 29/05/1988 entrée en vigueur en 1995).

B- L’affacturage international (factoring)


Technique organisée par la loi N°2014/006 du 23 avril 2014, régissant l’activité de
l’Affacturage au Cameroun, et par laquelle un factor (ou affactureur) c’est à dire un
établissement financier, s’engage à régler directement à son client des créances que celui-ci
détient sur des tiers. Cela suppose que le créancier cède sa créance au factor ce qui lui
permettra de voir sa créance honorée directement. Comme le risque de non-paiement est
transféré au factor, le créancier devra le payer pour le risque qu’il prend (commission).

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Avantage car l’entreprise se décharge de tout risque financier sur l’établissement financier.
Cette opération pose aussi des problèmes de loi applicable (cf. Convention internationale
d’Ottawa du 28/05/1988 entrée en vigueur en 1995).

Section 2- Les instruments de financement à l’exportation

Ce sont, les crédits à moyen et long terme (CMLT) (Parag. 1) et les crédits à moyen et long
terme de la finance islamique (Parag. 2).

Paragraphe 1- Les crédits à moyen et long terme classiques


Ils sont très variés. Ils ont des caractéristiques particulières (A) et bénéficient à deux
catégories de personnes (B).

A- Les caractéristiques des CMLT

Ils sont destinés au financement des exportations et ils aident


l’exportateur/vendeur/fournisseur dans des opérations de grande importance pour lesquelles
l’exportateur est obligé de consentir à son partenaire à l’étranger des délais de paiement
supérieur à 1 an et demi (ça peut être des contrats d’exportation).

Les paiements partiels qui pourraient intervenir de la part de l’acheteur /l’importateur ne


couvriront qu’une partie du marché. Exple : dans un marché de fourniture de machines
industrielles, l’exportateur et l’importateur peuvent prévoir dans leur contrat que les avances
(acomptes) faites par l’importateur devront couvrir le 1/3 du montant du marché. Le solde
(reste) sera payé une fois que sera atteint le stade de l’exploitation des la machines. Les délais
ici sont longs et ils appellent un besoin de trésorerie qui est satisfait par l’octroi de crédits à
moyen et long terme.

Ces crédits concernent essentiellement les exportations de biens d’équipement lourds tels que
les unités de production, les ensembles industriels, les usines clef-à-main, mais ils profitent
aussi aux biens d’équipement moyens ou légers et aux prestations de service qui
accompagnent habituellement la livraison ou l’installation (études, transfert de technologie,
communication de savoir-faire, assistance technique).

Les CMLT sont relatifs à des créances comprises entre 18 mois et 07 ans. Au-delà, il s’agit
d’un financement à long terme. La durée du crédit est calculée à compter de la livraison ou de
la bonne mise en place du matériel vendu.
B- Les bénéficiaires
Le bénéficiaire de ce type de crédits peut être un fabricant ou un fournisseur qui réalise une
opération d’exportation. Il s’agit dans cette hypothèse des crédits à moyen et long terme à
l’exportation encore appelé crédit fournisseur (1) ; il peut être aussi l’acheteur/importateur à
l’étranger : dans ce cas, on parle d’un crédit à moyen et long terme à l’exportation bénéficiant
à l’acheteur ou crédit acheteur (2).

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1- Le crédit à moyen et long terme bénéficiant au fournisseur (Crédit fournisseur)


L’exportateur national qui a consenti un délai de payement à son acheteur étranger obtient
normalement un crédit de sa banque pour assurer sa trésorerie contre escompte de la créance
née à l’étranger. Le plus souvent l’acheteur/l’importateur a versé un premier acompte à la
commande puis un second acompte à la livraison après que parties aient mis en place un
crédit documentaire (le crédit documentaire veut dire paiement contre remise de documents
prévus contractuellement.

Se pose alors le problème de savoir qui va assumer le risque de l’impayé.

Les risques restent à la charge de l’exportateur qui dans ce cas est obligé de souscrire une
assurance-crédit dont le bénéficiaire est la banque. Le crédit consenti repose sur le contrat
commercial ou contrat de base, c’est-à-dire contrat conclu entre l’explorateur et l’importateur.

2- Le crédit à moyen et long terme bénéficiant à l’importateur (Crédit acheteur)


L’idée de base dans le crédit acheteur est d’accorder le financement non pas à l’exportateur
(fournisseur / fabricant), mais à l’acheteur (importateur / Maitre d’ouvrage). Le crédit à MLT
peut être accordé à l’importateur soit directement par sa propre banque, soit par la banque de
l’exportateur puisque ce dernier peut avoir obtenu au profit de l’importateur, son client, le
financement de sa propre banque.

La mise en place d’un crédit importateur ou d’un crédit acheteur se caractérise par deux (2)
contrats :
- D’abord, la conclusion d’un « contrat commercial », entre le vendeur/exportateur et
l’acheteur/importateur, et ce contrat prévoit le paiement au comptant irrévocable et
définitif. Un soin particulier doit être apporté à la clause relative aux délais du contrat
commercial car ces derniers déterminent le point de départ de la période de remboursement du
crédit.
- Ensuite un second contrat qui est le « contrat financier » encore appelé « contrat
d’ouverture de crédit » entre l’acheteur/l’importateur étranger et une ou plusieurs entreprises
financières situées dans le pays des vendeurs/exportateurs ; et ce contrat doit prévoir un prêt
d’un montant suffisant pour pouvoir payer le prix du contrat commercial. La conclusion du
contrat financier est souvent une condition d’exécution du contrat commercial. Il constitue un
élément essentiel du contrat de base (elle est ainsi une condition suspensive).

Dans le contrat financier, l’emprunteur c’est-à-dire ici l’acheteur/client donne un mandat


irrévocable à la banque de payer le vendeur « en son nom personnel, pour son compte et en
son acquit » (in his own name, on his own behalf and in his own right), de telle sorte que le
prêteur est assuré de l’utilisation des fonds dont le seul but sera le paiement de la dette de
l’importateur /acheteur envers le vendeur/l’exportateur/fournisseur.

Paragraphe 2- Crédit à moyen et long terme de la finance islamique

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(ou le financement éthique)

La finance islamique s’impose désormais dans le monde moderne. Ses bases remontent au 7e
siècle où elle est apparue dans les pays. Elle propose des produits des financements et des
techniques juridiques propres (B) dont les principes de base doivent au préalable être relevées
(A).

A- Les règles de base du financement islamique


1- Les différents principes
La finance islamique est un des secteurs ayant la croissance la plus rapide de la finance
internationale. Elle repose sur la loi islamique (la Charia) qui s’appuie sur le Coran, le Sunna
(pratiques religieuses) et l’Ijtihad (une méthode consultative de prise de décision). La Charia
contient à ce titre l’ensemble des techniques juridiques permettant des financements de
biens, et toute opération financière islamique doit respecter ce cadre-là. On parle alors d’une
opération charia, c’est-à-dire conforme à la loi islamique.

Elle décrit des valeurs morales applicables aux actions : ce qui est prescrit, recommandé,
indifférent, blâmable, interdit de telle sorte que les pratiques autorisées sont dites halal alors
que les illicites sont dites haram.

Dans la finance islamique, il y a aussi le partage de responsabilité sociale entre la banque


et l’emprunteur. Ce principe implique une responsabilité sociale de l’investissement selon
laquelle la rentabilité d’un investissement doit être liée au résultat concret du projet financé.
En d’autres termes, la responsabilité sociale de l’investissement implique que les risques et les
profits doivent être partagés entre la banque et l’emprunteur, de telle sorte qu’il est difficile de
prévoir des garanties au profit de la banque pour couvrir le cas de défaillance de l’emprunteur.

Cette notion est connue sous l’expression « profit and lost sharing » ou partage du profit et
de la perte. Il est donc important de souligner la règle de base de la finance islamique qui
repose sur le partage de risque. Le client et la banque partagent le risque de tout
investissement à partir des termes convenus, et divisent tout profit entre les deux parties.

2- Les interdictions
L’application de ces principes aboutit à un certain nombre d’interdictions qui s’expriment de
la manière suivante :
- Le Coran interdit le prêt à l’intérêt (ribâ). Cette interdiction constitue est la principale
source de difficulté dans les opérations de financement immobilier. La rémunération
est possible à travers les revenus effectivement générés par l’actif que le préteur (la
banque) finance. Le ribâ correspond à deux notions distinctes dans la finance
islamique, le taux d’intérêt et l’usure. En conséquence, aucune banque islamique ne
peut pratiquer le prêt. En effet, le profit est interdit (prohibé).
- Le Coran interdit encore les aléas ou risque de perte (gharar) ou ce qui est lié au
hasard (maysir). Le gharar prohibe la vente des biens dont l’existence ou les
caractéristiques ne sont pas certaines. Exemple : vente de marchandises dont le
vendeur n’est pas encore en état de livrer ou encore les contrats qui dépendent des
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événements imprévisibles. Ce qui exclut aussi les opérations futures qui n’ont pas de
lien avec l’économie réelle. En effet, on considère que la richesse ne peut être générée
qu’à travers des investissements sur des actifs tangibles.
- Enfin, les ressources financières des banques islamiques ne doivent pas avoir de lien
avec des activités haram telles que l’alcool, le jeu, le commerce des armes, la
pornographie ou le commerce du porc. Cette interdiction se rapproche dans notre droit
de tout ce qui touche l’ordre public et les bonnes mœurs.

Ces principes nécessitent dans les pays non islamiques une adaptation des opérations
financières respectant l’ensemble de ces règles, qui s’ajoutent aux règles du droit bancaire
classique, et plus généralement aux lois existant dans les différents pays où s’installent les
banques islamiques et avec laquelle ces principes doivent être compatibles. De nombreux
pays dans le monde ont en effet autorisé sur leur territoire le développement de la finance
islamique.

B- Exemples de produits islamiques de financement et les techniques juridiques


employées

Pour permettre la réalisation d’opérations financières islamiques, il existe différentes


techniques correspondant à chaque type d’investissement. Elles utilisent les contrats usuels
classiques connus tels que la vente, la location, l’opération d’achat ou les formes de société
compatibles avec le droit commun et la charia, pour réaliser des investissements dans
différents domaines notamment le domaine immobilier, le domaine monétaire, des
obligations, des actions etc.

On peut schématiquement classer les produits islamiques de financement à portée


internationale, en deux catégories qui sont : les produits islamiques basés sur un financement
participatif (1) et les produits de transactions commerciales (2).

1- Les modes de financement participatif


Exemple. Il y a principalement la Moucharaka ou financement par participation

La Moucharaka est l’association entre deux ou plusieurs parties dans le cadre d’un projet
spécifique en vue de partager les profits et les pertes selon les règles prévues par le contrat.
On peut rapprocher ce type de contrat à une sorte de société de participation entre une banque
et son client dans le cadre d’un projet. Aujourd’hui, la forme la plus proche de la Moucharaka
est la Joint Venture qui est une forme de coopération entre les parties pour mettre en place un
projet spécifique en vue de partager les bénéfices.

La Moucharaka est la forme la plus désirée dans le domaine de financement, elle répond à
tous les éléments essentiels prescrits par la charia comme l’absence des taux d’intérêt, la
présence du risque, le principe du partage des profits et des pertes.

Important : la Moucharaka est un contrat formé entre les parties pour mener un projet. Dans
ce contrat les pertes sont partagées mais en proportion de l’apport en capital de chaque
partenaire et les bénéfices sont partagés librement, par un mécanisme déterminé par le contrat.

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Dans ce type de contrat, le client et la banque participent ensemble au financement d’un projet
et assument conjointement le risque au prorata de la contribution de chacun au capital et ils
partagent les dividendes selon la répartition convenue à l’avance.

2- Les opérations de financement commercial


3-

Parallèlement à la finance participative, il existe au sein des banques islamiques des produits
financiers spécifiques pour financer les opérations à caractère commercial. Il s’agit
essentiellement de financer des contrats de vente islamique. Ils sont de plusieurs types : le
contrat Mourabaha (a), le contrat Salam (b) et le contrat Istisna’a (c).

a. Le contrat Mourabaha
Cet instrument constitue sans doute la vente la plus populaire et la plus utilisée par les
banques islamiques. À ce titre, un peu plus de 70%des actifs des banques proviennent des
finances Mourabaha de deux façons, soit lorsque le client veut acquérir un bien ou financer un
stock de l’entreprise (c’est la Mourabaha pure), soit lorsque le client a besoin de liquidités
(c’est la Mourabaha inversée encore appelée Tawarruq).

La Mourabaha est un mode de financement islamique non participatif ou la banque vend


l’actif requis par ses fournisseurs à un client à un coût de revient majoré d’un pourcentage. En
vertu de cette entente de financement, la banque achète un actif (qui peut être des matières
premières, des produits semi-finis ou les marchandises) pour le compte d’un entrepreneur et
revend le bien à un entrepreneur à un prix déterminé qui comprend le coût d’origine augmenté
de la marge bénéficiaire négociée. Le payement (remboursement) peut être fait
immédiatement. Il est le plus souvent différé.

b. Le contrat Salam
c.

C’est la vente d’un bien dont la livraison se fera dans le futur alors que le payement se fait au
comptant. Dans ce contrat, la banque islamique intervient comme un acheteur de la
marchandise qui sera livrée à terme à son client.

Il faut rappeler qu’en principe, toute opération commerciale dont l’objet est inexistant est
prohibée par la loi islamique car elle impose le gharar (le hasard)
c- Le contrat Istisna’a
d.

Il s’agit d’un contrat d’entreprise par lequel une partie (Moustasnti) demande à une autre
(Sani) de lui construire un objet, ou d’acquérir des marchandises pour son compte, moyennant
un payement au comptant ou un payement fractionné, ou échelonné ou encore un payement à
terme. La description de l’objet ou de la marchandise, les délais de livraison, le prix et les
modalités de payement doivent être précisés dès le départ.

Ce mode de payement ressemble à celui de Salam, pourtant il comporte une particularité car il
porte sur un objet du contrat non achevé au moment de la signature du contrat. Bien plus, à la
différence du contrat Salam, le prix n’est pas payé en totalité au moment de la vente ni même
à l’avance. Le payement s’effectue plutôt en fonction de l’avancement du projet. À cet effet, à
la fin du projet, le constructeur livre l’ouvrage (le bien) à la banque qui le transfère à son

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client qui règle la banque selon les modalités convenues. C’est un contrat dans lequel l’une
des parties s’oblige à exécuter un ouvrage ou à accomplir un travail moyennant une
rémunération que l’autre partie s’engage à lui payer.

Sur le plan pratique, la formule contractuelle utilisée dans le cadre de l’Istisna’a procure aux
entreprises ou aux Etats un financement à moyen ou long terme pour la fourniture, la
construction ou la fabrication des produits finis.

Enfin, c’est une formule contractuelle souvent utilisée pour le financement de grands projets
dans divers secteurs comme les grandes infrastructures (routières, aéroportuaires…),
industries aéronautiques, navales, etc.)

Section 3- Les sûretés

Elles sont nombreuses. Mais l’une des garanties les plus utilisées est la garantie autonome
(stand-alone warranty, autonomous and independent guarantie)

Paragraphe 1- Présentation de la garantie autonome


La garantie autonome est un engagement par lequel une banque (le garant) s'oblige à payer
pour le compte de son client, le fournisseur ou le vendeur (le donneur d'ordre) (ordering
customer) une somme déterminée, permettant à l'acheteur (bénéficiaire) d'être indemnisé en
cas de défaillance du fournisseur.

En cas de mise en jeu de la garantie, la banque émettrice (issuing bank) est tenue de payer
immédiatement, dès réception de la demande conforme du bénéficiaire, sans pouvoir se
prévaloir des termes du contrat commercial. « On paie d’abord, on discute ensuite ».

Cette garantie est irrévocable. De plus, elle constitue un engagement autonome et indépendant
de l'obligation principale (contrat de base).

La garantie peut être à première demande (ou inconditionnelle) (first demand guarantee),
c’est-à-dire payable dès son appel en jeu par le bénéficiaire sans fourniture d'aucun motif et
sans tenir compte de l'opposition éventuelle du donneur d'ordre. Elle peut être aussi
documentaire (conditionnelle) (conditional guaranty) payable sur présentation de documents
cités dans l'acte de garantie.

Paragraphe 2- Les modalités particulières de garanties indépendantes


Elles correspondent à une chronologie. Ainsi, durant les différentes étapes, qui régissent
l’exécution d’un appel d’offres, puis la réalisation concrète d’un marché, peuvent apparaître
des risques pour les acheteurs qui seront de différentes natures. Les risques seront garantis par
l’émission en leur faveur de garanties dites «de soumission », de « restitution d’acompte », de
« bonne exécution »…. .

A- Garantie de soumission (Bid bond)

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Cette garantie est destinée à montrer le sérieux de l’offre faite par l’exportateur à l’acheteur
étranger qui a lancé un appel d’offre à l’international. Par ce moyen, l’acheteur potentiel
s’assure que le soumissionnaire ne se retirera pas.

Il peut y avoir trois cas de défaillance du futur exportateur :


- retrait de l’offre pendant la période d’examen des plis (bid opening, opening of
envelopes)
- refus de signer le contrat alors qu’il est retenu parmi les candidats
- refus de mettre en place les autres garanties prévues au contrat.

La garantie de soumission, nommée également garantie d’adjudication, est indépendante et


son entrée en vigueur correspond généralement à la date de l’ouverture des plis relatifs à
l’appel d’offres.

Son échéance est fixée soit à la date de la désignation de l’adjudicataire ou à la date de


signature du contrat. En général, la durée est d’environ six mois. Son montant varie de 1 % à
5 % du montant de l’offre.

B- Garantie de restitution d’acompte (Advance payment guarantee)


Les conditions de paiement des commandes à l'exportation prévoient généralement que
l'acheteur doit verser un acompte (down payment).

Cependant, l'acheteur (Maître d’Ouvrage) ne versera l'avance (ou l'acompte) prévue que s'il
reçoit de l’exportateur (vendeur ou fabricant) (supplier) une garantie de restitution d'avance
destinée à lui assurer le remboursement ou la restitution de tout ou d'une partie de cette
avance dans le cas où l'exportateur ne remplirait pas ses engagements contractuels.
Concrètement, pour verser l’acompte, le Maître d’Ouvrage posera comme condition la
réception préalable de la garantie autonome d’un banquier garant pour compte du donneur
d’ordre.

Son montant varie en général entre 5 et 15%. Elle entre en vigueur dès le versement de
l'acompte et s'éteint à la livraison de l'objet du contrat.

Dans son intérêt, le vendeur pourra toujours prévoir :


- que l’entrée en vigueur de la garantie soit conditionnée par le paiement effectif de
l’acompte
- que l’engagement se devra se réduire au fur et à mesure des livraisons, et au
proportionnellement à leurs montants.

Dans son intérêt, le Maître d’Ouvrage ou l’acheteur souhaitera :


- une date d’entrée en vigueur de la garantie qui corresponde à celle du paiement de
l’acompte et,
- une date d’échéance correspondant à celle de la dernière livraison.

C- Garantie de bonne exécution (Performance guarantee)

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Cette garantie nommée également « garantie de bonne fin » a pour objet de rassurer l’acheteur
(ou le Maître d’Ouvrage), sur la capacité technique du client (vendeur ou entreprise) à honorer
son contrat en qualité. C’est l'engagement pris par la banque contre-garante, dès requête du
vendeur, à payer au bénéficiaire le montant garanti, au cas où ce vendeur/entreprise ne
s'acquitterait pas de ses obligations contractuelles quant à la qualité ou la quantité des biens
fournis ou prestations réalisées.

En général, cette garantie ne dépasse pas 10% de la valeur du contrat. Elle entre en vigueur
dès la date de son émission, et elle vient à la suite de la garantie de soumission qui est libérée
à la signature du contrat.

Cette garantie cesse lors de la réception ou de la livraison définitive, c’est-à-dire, en cas


d’accomplissement des obligations contractuelles par le vendeur (l’entreprise, ou
l’exportateur). Néanmoins, elle peut être amortie à hauteur de 50% à la réception provisoire.

Dans le commerce international, il sera parfois exigé à une partie au contrat de souscrire une
assurance pour sécuriser une opération de commerce international. Certains pays ont
d’ailleurs mis en place des organismes d’assurance à l’exportation pour protéger leurs
ressortissants qui interviennent dans les opérations de commerce international. On a ainsi, par
exemple l’assurance-crédit qui couvre les risques de non-remboursement, l’assurance-
transport qui couvre les risques liés au transport des marchandises, et qui est souvent imposée

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Chapitre 3- Les techniques d’adaptation du contrat aux changements des


circonstances
On distingue la clause de hardship ou clause de sauvegarde (Section. 1) et la clause de force
majeure (Section.2).

Section 1- La clause de hardship

Souvent, lorsque des contrats de longue durée ou de long terme comme les contrats
d’approvisionnement sont conclus, il arrive que se produisent un évènement imprévisible
dont la conséquence est que le contrat ne présente plus grand intérêt pour l’une des parties.
L’évènement peut être une révolution technologique, une guerre, une décision politique…
En principe, il n’appartient pas au juge de refaire le contrat à la place des parties. En d’autres
termes, les obligations assumées par les parties doivent être exécutées, même si elles
doivent exécutées de bonne foi. Mais, pour autant, l’obligation d’exécuter un contrat ne doit
pas conduire au suicide économique. Certains juges sont donc amenés à traiter le problème
de manière favorable. Mais les parties peuvent prévoir dans leur contrat des dispositions qui
leur permettent d’éviter les conséquences de telles situations. Par exemple, les parties
peuvent éviter de conclure des contrats pour de très longue durée, ou bien elles peuvent
prévoir que le contrat est révisable tous les ans ou à des intervalles déterminés.

On peut prévoir dans le contrat une clause de hardship. Ainsi, en cas de survenance
d’évènements imprévisibles, les parties se mettront d’accord pour renégocier les points qui
ont été perturbés par les circonstances économiques. Les clauses de hardship se présentent
toujours en 2 parties :

- La première partie consiste à définir et énumérer les hypothèses qui fondent le


hardship. Il doit s’agir d’évènements imprévisibles et indépendants de la volonté
des parties et qui perturbent l’économie du contrat (l’essentiel du contrat, la
substance du contrat).
- La deuxième partie contient la définition du régime juridique applicable en cas de
survenance de l’évènement. Ainsi, en cas d’évènements imprévisibles
bouleversant l’équilibre du contrat, les parties doivent prévoir la réadaptation du
contrat ou tout au moins, la renégociation du contrat ; et il est recommandé dans
la rédaction de la clause de prévoir le sort des négociations en cas de désaccord.
Soit le contrat est résilié, soit les parties prévoient l’intervention d’u tiers qui va
redéfinir le contenu du contrat à la place des parties, voire refaire tout le contrat.

Les clauses de hardship, lorsqu’elles sont prévues dans un contrat, font naître
incontestablement une certaine insécurité car il n’est pas facile d’organiser l’imprévisible.
Certains pensent d’ailleurs que ces clauses sont difficiles à mettre en œuvre.

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Section 2- Les clauses de force majeure (‘’force majeure’’ clause)


Lorsqu’un évènement insurmontable, imprévisible, et indépendant de la volonté des parties
empêche l’exécution du contrat, peut-on engager la responsabilité de la partie qui invoque la
force majeure ? Peut-elle être condamnée à payer les dommages et intérêts ?

Exemple : une entreprise qui doit livrer des produits manufacturés ou bien qui doit
construire un ouvrage, est victime d’un incendie. L’entrepreneur doit-il verser une indemnité
à son client (ou le Maître d’Ouvrage)? S’il n’est pas responsable, quel est le sort de son
obligation qui est de livrer un produit ou qui effectue une prestation ? Que devient
l’obligation de l’autre partie ? Le contrat est-il résilié ou bien simplement suspendu ?

L’entreprise peut s’engager à faire des livraisons à nouveau dès la reconstruction de l’usine.
Mais on peut se demander si l’autre partie doit tout de même payer pour les marchandises
non livrées ? Ou bien, peut-elle s’adresser ailleurs pendant la reconstruction de l’usine
incendiée ?

Pour éviter ces questions délicates lors de la survenance des évènements, les parties
peuvent prévoir des clauses de force majeure.

Pour qu’une clause de force majeure soit applicable, il est nécessaire que les évènements
envisagés dans la clause soient imprévisibles. Il faut qu’il soit insurmontable ou irréversible,
en ce sens que le débiteur n’a pu empêcher ni l’évènement, ni ses conséquences néfastes
sur le contrat.

Enfin il faut que l’évènement soit extérieur ou indépendant de la volonté des parties, cela
signifie qu’aucune faute ne soit reprochée à celui qui veut se prévaloir de la force majeure.

Dans tous les cas, les évènements envisagés dans la clause doivent être tels qu’ils rendent
impossible l’exécution soit définitivement, soit temporairement.

Dans les clauses de force majeure, les parties doivent prévoir l’exonération du débiteur,
dans ce cas il ne doit verser aucune indemnité, la suspension du contrat avec
éventuellement sa prolongation quand cela est possible, une obligation à la charge des
parties de faire tout leur possible pour que l’obstacle soit levé le plus tôt possible.

Lorsque l’évènement de force majeure se prolonge, ou lorsqu’il s’avère que l’exécution du


contrat est définitivement impossible, 2 possibilités peuvent se présenter :

- La résiliation du contrat à l’initiative de l’une des parties


- La renégociation du contrat
Lors de la rédaction de la clause de force majeure, ces 2 éventualités doivent être insérées
dans la clause. Concrètement, la clause doit prévoir la résiliation du contrat après un certain
délai et moyennant un préavis.

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Les parties doivent aussi prévoir la possibilité de renégociation du contrat

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