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Témoigner.

Entre histoire et mémoire


Revue pluridisciplinaire de la Fondation Auschwitz 
133 | 2021
1918-1938 : La politisation de la musique en Europe

“Rwanda, l’éloge du sang” Les crimes du Front


Patriotique Rwandais
Ornella Rovetta

Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/temoigner/10338
DOI : 10.4000/temoigner.10338
ISSN : 2506-6390

Éditeur
Éditions du Centre d'études et de documentation de l'ASBL Mémoire d'Auschwitz

Édition imprimée
Date de publication : 1 octobre 2021
Pagination : 14-18
ISBN : 978-2-930953-15-1
ISSN : 2031-4183
 

Référence électronique
Ornella Rovetta, « “Rwanda, l’éloge du sang” Les crimes du Front Patriotique Rwandais », Témoigner.
Entre histoire et mémoire [En ligne], 133 | 2021, mis en ligne le 25 février 2023, consulté le 28 février
2023. URL : http://journals.openedition.org/temoigner/10338  ; DOI : https://doi.org/10.4000/
temoigner.10338

Tous droits réservés


Chroniques

RWANDA, L’ÉLOGE DU SANG


LES CRIMES DU FRONT
PATRIOTIQUE RWANDAIS*
LIVRE  Depuis la publication de son ouvrage In Praise of Blood
en 2018, la journaliste Judi Rever suscite la polémique. La
dernière controverse est née d’une invitation par la
prestigieuse Université de Cambridge en avril 2021. Il y a
deux ans, un autre débat avait agité le monde académique
belge lors de la présentation du livre dans quatre universités1.

LE PROBLÈME DE LA MÉTHODE ment rwandais et le président actuel du Rwanda, Paul


Kagame, ferait ainsi, depuis 1994, l’éloge du sang versé
ans ce livre aujourd’hui traduit en français par le FPR5.

D sous le titre Rwanda, l’éloge du sang, Judi


Rever propose de « réexaminer le génocide »
en racontant « l’autre version de l’histoire »2.
Ce faisant, elle entend « dénoncer les personnes sus-
pectées d’avoir orchestré le plus odieux des crimes. »3
Analyser un livre qui s’inscrit dans le registre de
la «  suspicion universelle  »6 et foule aux pieds les
principes de la recherche scientifique est un exercice
épineux. Cet article examine le livre sous trois angles :
Ce crime, selon Rever, serait le massacre systématique le temps historique, la question du témoignage et le
et planifié des Hutu au Rwanda et au Congo par le volet judiciaire. Il s’intéresse en particulier aux pages
Front Patriotique Rwandais (FPR4) avant, pendant et consacrées au Rwanda de 1994.
après 1994. L’extermination des Tutsi rwandais (entre
800 000 et 1 000 000 de personnes) devrait ainsi être UNE HISTOIRE SOUS VIDE
reléguée à un épiphénomène, voire à un dommage col-
latéral de la politique à caractère génocidaire du FPR Le livre débute dans la jungle congolaise à la
à l’encontre des Hutu. Cette quête de symétrie entre recherche des réfugiés rwandais dispersés après l’at-
les crimes qu’elle attribue au FPR et le génocide des taque conjointe par le Rwanda et des groupes rebelles
Tutsi (dont elle parle peu) constitue le point de départ congolais en 1996-1997 (chapitres 1 à 3). Il se poursuit
et d’aboutissement d’un récit inévitablement faux sur dans le Rwanda de 1994 (chapitres 4 à 9). Cette par-
le plan historique. tie dépeint un FPR machiavélique pratiquant une
politique d’infiltration visant à massacrer les Hutu,
Pour Rever, les médias « traditionnels », les cher- mais aussi les Tutsi, notamment à Bisesero. L’auteure
cheurs et les gouvernements occidentaux sont cou- s’appuie sur des témoins provenant « de l’intérieur
pables de cacher cette « vérité » au profit de la seule du FPR ». Les derniers chapitres naviguent entre le
reconnaissance du génocide perpétré contre les Tutsi. Rwanda et le Zaïre, principalement dans l’après-1994
Le soutien international dont bénéficie le gouverne- (chapitres 10 à 16).

* Judi Rever, Rwanda, l’éloge du sang. Les crimes du Front Patriotique Rwandais, Paris, Max Milo, 2020, 475 p.

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Judi Rever brouille les pistes chronologiques, géo- de victimes et d’anciens membres du FPR ayant
graphiques et politiques. Les problèmes de méthode connaissance des opérations [de massacres], ainsi
soulignés dans plusieurs critiques du livre déjà parues que tout document, officiel ou non, que l’on voulait
conduisent à un vide historique et contextuel7. Dans bien [lui] transmettre. »11 Outre ces documents lui
son enquête, les massacres apparaissent comme parvenant « fortuitement », ce sont les témoins (sou-
interchangeables non seulement dans le temps mais vent anonymes et très peu situés socialement, géogra-
aussi dans l’espace (Rwanda ou Zaïre). Tous procèdent phiquement ou politiquement) qui analysent et qui
d’un seul et même plan. Or, la chronologie n’est pas s’imposent dans le livre.
seulement une obsession d’historien. C’est aussi une
des clés d’explication des phénomènes politiques et L’épisode de Bisesero revu et corrigé par Rever met
sociaux. Dans ce livre, le Rwanda de la guerre civile en lumière de tels problèmes d’interprétation. « Le
de 1990 à 1993, le Rwanda du génocide en 1994 et le 27 juin, lors d’un déplacement à Gishyita, au nord-
Rwanda de la transition de 1994 à 2003 constituent des ouest de Bisesero, les villageois expliquèrent aux sol-
objets politiques non identifiés. Pourtant, la violence dats français que le FPR avait entièrement infiltré les
qui a caractérisé ces décennies répond à des logiques collines de Kibuye et “essayait de couper le pays en
spécifiques et s’est déployée dans des contextes sensi- deux”. »12 Rever ne s’interroge pas sur l’identité de ces
blement différents. villageois ou sur le contexte dans lequel ils s’expriment.
Elle conclut que c’est le FPR qui a massacré les survi-
Depuis vingt-sept ans, des chercheurs, des journa- vants tutsi à Bisesero, une localité pourtant située au
listes et des enquêteurs ont tenté de comprendre com- cœur d’un territoire contrôlé par les autorités gouver-
ment le génocide perpétré contre les Tutsi a été rendu nementales et locales.
possible en 1994. Pour Judi Rever, ces recherches sont
le produit d’une histoire officielle dont il est urgent de Un autre exemple montre comment l’histoire com-
se départir. partimentée de Rever mène à des conclusions discu-
tables. À la question « pourquoi avaient-ils fui vers le
Dans le chapitre « la cinquième colonne », Rever Zaïre [en 1994] », des Rwandais répondent en 1997 :
écrit qu’  «  aujourd’hui, de plus en plus d’éléments « pour fuir les massacres des Hutus par le FPR. » Plus
tendent à démontrer que les civils tutsis ont eux aussi loin, elle conclut : « Je pris conscience que je croyais
trahi et tué leurs voisins hutus. La dynamique mise en ce que les réfugiés me relataient : que les Tutsis et les
œuvre était d’ailleurs effroyablement similaire. »8 Ce Hutus avaient tous du sang sur les mains. »13 Parmi
sont les termes de la thèse du « double génocide »9. Le les centaines de milliers de Rwandais qui ont pris la
problème est que l’ampleur des crimes « révélés » dans route de l’exil en juin et juillet 1994, beaucoup crai-
le livre et leur caractère génocidaire constituent des gnaient effectivement le FPR. La radio nationale et la
allégations sans fondement. Que le FPR ait mené une radio RTLM n’avaient en effet cessé, déjà bien avant le
politique de guérilla à partir de 1990, c’est indiscutable. génocide, de dépeindre un FPR féroce sur leurs ondes.
Que la guerre civile ait entraîné des violences contre les Ces médias appelaient d’ailleurs leurs auditeurs à tra-
populations civiles, cela est également admis. Toute- quer les « complices » du FPR parmi la population.
fois, les récits de massacres attribués par l’auteure « aux Par ailleurs, il est vrai qu’au cours de leur avancée, les
Tutsis du FPR » s’inscrivent dans un espace-temps troupes du FPR ont commis des actes de représailles et
indéterminé. Nombre d’allégations sont extrêmement procédé à des exécutions extrajudiciaires. Cependant,
douteuses, comme le fait que le FPR aurait utilisé des les déclarations des réfugiés sur ce qui les avait poussés
camions mobiles similaires à ceux des Einsatzgrup- à l’exode ne prouvent pas qu’une politique délibérée
pen durant la Seconde Guerre mondiale et incinéré les et systématique de massacre à caractère génocidaire
corps des victimes10. contre les Hutu ait existé.

LA QUESTION DU TÉMOIGNAGE Finalement, le récit de Judi Rever est remarquable-


ment similaire à l’argumentaire développé dans l’immé-
À l’un des témoins qu’elle rencontre en Belgique, diat après-génocide par les responsables politiques et
Judi Rever indique qu’elle recueille « des témoignages militaires qui ont organisé et mis en œuvre les mas- lll

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Chroniques

lll sacres des Tutsi. Les descriptions des tueries attribuées Le rapport succinct de trente pages présenté en
au FPR chez Rever sont très proches des récits analy- annexe a été produit dans le cadre de ces « enquêtes
sés dans Le défi de l’ethnisme14. Dans ce livre, l’historien spéciales »17. Il s’agit d’un document interne daté de
Jean-Pierre Chrétien retrace l’origine de ces descrip- 2003. Contrairement aux actes d’accusation accom-
tions dans les camps de réfugiés où se sont installés les pagnés de leurs pièces justificatives (extraits de témoi-
membres du gouvernement et de l’armée déchus. gnages ou preuves documentaires), il ne contient
aucune indication précise des sources sur lesquelles
DANS L’OMBRE DE LA JUSTICE reposent les conclusions. Avec ce seul document isolé,
il est impossible de savoir s’il s’agit de conclusions vali-
Le Tribunal Pénal International pour le Rwanda dées ou non. Rever ne cherche d’ailleurs pas à connaître
(TPIR) a généré des centaines de milliers de pages de le statut de ce rapport.
témoignages au cours de ses cinquante-deux procès
(1995-2015). Ces archives sont d’une richesse excep- L’autre document est un procès-verbal de cin-
tionnelle car elles contiennent à la fois les récits des vic- quante-cinq pages d’une audition de témoin datée de
times et des auteurs du génocide15. Judi Rever, comme 200518. Ici aussi, Rever semble tout ignorer du contexte
nombre de chercheurs, puise dans cet ensemble docu- de production de ce document et de l’usage qui en a été
mentaire pour étayer son enquête. Elle oublie toute- fait par le TPIR. La précision des noms, des dates, les
fois une chose : l’importance capitale du contexte de questions contenant une partie des réponses et la struc-
production. ture de l’interrogatoire montrent qu’il ne s’agit pas de la
première rencontre entre les enquêteurs et le témoin et
Il faut lire les annexes du livre issues de ces archives que celui-ci a soigneusement préparé son audition. Ce
pour véritablement comprendre la narration de Rever. document, contrairement à ce que Rever prétend, ne
Elle semble en effet suivre la structure de deux docu- prouve rien, malgré la mention « Top Secret Report ».
ments reproduits en annexe : un rapport de 2003 de L’instrumentalisation des documents judiciaires dans
la section des « enquêtes spéciales » ce livre montre en revanche que
du TPIR et un interrogatoire d’un la justice échoue parfois à rendre
ancien officier des services secrets compte de la complexité de la réalité.
du FPR. La section des « enquêtes
spéciales » était chargée d’enquêter CONCLUSION
sur les allégations de crimes commis
par le FPR. Seuls quelques procès ont Les chercheurs n’ont pas pour
eu lieu au Rwanda contre des soldats vocation d’établir une échelle de la
de l’Armée Patriotique Rwandaise souffrance humaine et d’y inscrire les
(APR, branche armée du FPR) et victimes. Un massacre n’en annule
aucun responsable du FPR n’a été pas un autre. Une souffrance n’en
jugé par le TPIR16. Créé par le Conseil invalide pas une autre.
de sécurité de l’ONU, le TPIR devait
juger les crimes internationaux les Si certains faits sont tout simple-
plus graves commis au Rwanda en ment faux, chez Rever, comme dans
1994. À l’époque, la Cour Pénale les écrits niant la Shoah, « la cause
Internationale n’existait pas encore. du présent […] doit résister farouche-
C’est parce qu’un génocide avait été ment au réel du passé […] »19 Rever
commis qu’un tribunal ad hoc fut met bout-à-bout les témoignages qui
créé. Le génocide et les assassinats des opposants poli- devraient démontrer que tout ce que l’on sait sur ce qui
tiques en ont donc été le point d’attention central. Mais s’est passé en 1994 résulte d’une manipulation de la réa-
le caractère secret de l’équipe des « enquêtes spéciales » lité. Même parmi certains chercheurs qui s’intéressent
a alimenté la thèse d’une justice partiale, dont certains aux crimes du FPR au Rwanda, puis au Congo, et qui
rejettent les conclusions sous prétexte de l’absence de se montrent très critiques envers le régime actuel, le
poursuites des « deux parties du conflit ». livre de Rever est contesté20.

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Logbook

Indirectement, le livre pose la question de la quali-


fication juridique des crimes de masse et de ses usages
politiques. Crimes les plus graves, crimes choquant la
conscience de l’humanité, crimes de génocide : certains
chercheurs se déclarent mal à l’aise avec l’usage de ces
termes et évitent de se référer à la notion juridique de
génocide, mais sans pour autant rejeter la réalité des
faits21.

À la lumière de tous ces éléments, la publication du


livre de Judi Rever par les éditions Amsterdam Univer-
sity Press et Penguin Random House et les conférences
dans ces universités réputées étonnent. La version
française, un temps pressentie chez Fayard, est, quant Bibliographie
à elle, finalement parue dans une maison d’édition plus
. Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien
confidentielle et sans prétention scientifique. [première édition à titre posthume : 1949], Paris, Armand
Colin, 2007.
Ces controverses nous placent en tant que cher-
. Colette Braeckman, « “L’éloge du sang”, une enquête
cheurs face à des questions éthiques délicates : signer fouillée mais controversée sur les crimes commis au
ou non les pétitions interdisant ces conférences, accep- Rwanda », Le Soir, 30 septembre 2020.
ter le débat contradictoire ou non avec Judi Rever
. Jean-Pierre Chrétien, Le défi de l’ethnisme. Rwanda et
et d’autres. Dans Apologie pour l’histoire, l’historien Burundi, 1990-1996, Paris, Karthala, 1997.
Marc Bloch rappelle que « la connaissance du passé
. Linda Melvern, « Moral Equivalence. The story of
est une chose en progrès, qui sans cesse se transforme Genocide Denial in Rwanda », Journal of International
et se perfectionne. »22 Cette transformation s’appuie Peacekeeping, 22, 2018, p. 190-198.
sur le questionnement, l’accumulation et l’analyse de
. Dirk Moses, The Problems of Genocide. Permanent
documents et de témoignages de ce passé. Sans doute Security and the Language of Transgression, Cambridge
est-ce dans la rigueur des méthodes et dans le débat University Press, 2021.
scientifique que se situe la meilleure des réponses. ❚
. Maarten Rabaey, « Vertelt het boek ‘De waarheid over
Ornella Rovetta
Rwanda’ de waarheid over genocide? Kenners reageren
verdeeld », De Morgen, 16 novembre 2019.
. Judi Rever, Rwanda, l’éloge du sang. Les crimes du Front
Patriotique Rwandais, Chevilly-Larue, Max Milo, 2020.
. Henry Rousso, « Négationnisme », in Christian
Delacroix, François Dosse, Patrick Garcia et Nicolas
Offenstadt (dir.), Historiographies. Concepts et débats,
vol. 2, Paris, Gallimard, « Folio Histoire », 2010, p. 1119-1126.
. Henry Rousso, Face au passé. Essais sur la mémoire
contemporaine, Paris, Belin, 2016.
. Ornella Rovetta, Un génocide au tribunal. Le Rwanda et
la justice internationale, Paris, Belin, 2019.
. Scott Straus, « The Limits of a Genocide Lens: Violence
Against Rwandans in the 1990s », Journal of Genocide
Research, 21(4), 2019, p. 504-524.
. Claudine Vidal, « Rwanda : Judi Rever et la recherche
à tout prix d’un deuxième génocide », The Conversation,
6 juin 2018, https://theconversation.com/rwanda-judi-
rever-et-la-recherche-a-tout-prix-dun-deuxieme-
genocide-97508

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Chroniques

(1) Il s’agissait de la VUB, de la KU Leuven, de l’Université d’Anvers, de la (17) Judi Rever, op. cit., p. 339-368.
Haute École Van Artevelde, en 2019. Voir la lettre ouverte adressée aux
recteurs de ces institutions : https://openletter294551678.wordpress.com/ (18) Ibid., p. 369-424.

(2) Judi Rever, Rwanda, l’éloge du sang. Les crimes du Front Patriotique (19) Henry Rousso, « Négationnisme », in Christian Delacroix, François
Rwandais, Chevilly Larue, Max Milo, 2020, p. 23. Dosse, Patrick Garcia et Nicolas Offenstadt (dir.), Historiographies.
Concepts et débats, vol. 2, Paris, Gallimard, « Folio Histoire », 2010,
(3) Ibid., p. 37. p. 1124-1125.
(4) Le FPR est un mouvement politique et militaire (l’Armée Patriotique (20) C’est le cas de Scott Straus. Scott Straus, « The Limits of a Genocide
Rwandaise) né à la fin des années 1980 et composé de réfugiés rwandais Lens: Violence Against Rwandans in the 1990s », Journal of Genocide
en Ouganda et dans la région dont les familles ont fui le Rwanda à partir Research, 21(4), 2019, p. 508.
de la fin des années 1950 à la suite des violences touchant les Tutsi rwan-
dais. Le FPR mène une guerre contre le Rwanda à partir de 1990 et est (21) Voir par exemple le dernier ouvrage de Dirk Moses, The Problems of
partie aux Accords de paix d’Arusha en 1993. En juillet 1994, le FPR défait Genocide. Permanent Security and the Language of Transgression, Cam-
le gouvernement rwandais responsable du génocide contre les Tutsi. bridge University Press, 2021.

(5) Judi Rever, op. cit., p. 210. (22) Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Paris,
Armand Colin, 2007 (pour la présente édition), p. 73.
(6) Voir le chapitre « les racines du négationnisme en France », in Henry
Rousso, Face au passé. Essais sur la mémoire contemporaine, Paris, Belin,
2016, p. 192.
(7) Colette Braeckman, « “L’éloge du sang”, une enquête fouillée mais
controversée sur les crimes commis au Rwanda », Le Soir, 30 sep-
tembre 2020 ; Claudine Vidal, « Rwanda : Judi Rever et la recherche
à tout prix d’un deuxième génocide », The Conversation, 6 juin 2018,
https://theconversation.com/rwanda-judi-rever-et-la-recherche-a-tout-
prix-dun-deuxieme-genocide-97508 ; Voir l’opinion de Bert Ingelaere
dans Maarten Rabaey, « Vertelt het boek ‘De waarheid over Rwanda’
de waarheid over genocide? Kenners reageren verdeeld », De Morgen,
16 novembre 2019 ; Linda Melvern, « Moral Equivalence. The story of
Genocide Denial in Rwanda », Journal of International Peacekeeping, 22,
2018, p. 190-198.
(8) Judi Rever, op. cit., p. 147.
(9) La thèse du double génocide défend l’idée qu’au génocide contre les
Tutsi il faut opposer un génocide contre les Hutu, plus meurtrier, ce qui
conduit à relativiser le génocide reconnu par de nombreux États et par les
Nations Unies.
(10) Voir Judi Rever, op. cit., chapitre 7 « Les unités nomades de
Kagame », p. 119-145.
(11) Ibid., p. 159.
(12) Ibid., p. 174.
(13) Ibid., p. 69.
(14) Voir en particulier le chapitre « Le deuxième génocide », in Jean-
Pierre Chrétien, Le défi de l’ethnisme. Rwanda et Burundi, 1990-1996, Paris,
Karthala, 1997, p. 245-305.
(15) J’ai développé ces questions dans mon ouvrage sur l’histoire du TPIR
et l’usage des sources judiciaires : Ornella Rovetta, Un génocide au tribu-
nal. Le Rwanda et la justice internationale, Paris, Belin, 2019.
(16) Entre 1994 et 2014, une quarantaine de personnes ont été poursuivies
devant des tribunaux rwandais pour des crimes de guerre d’après l’ONG
Human Rights Watch. Certains de ces dossiers ont été initialement ins-
truits par le TPIR. Human Rights Watch, Rwanda : la justice après le géno-
cide : 20 ans plus tard, 2014, https://www.hrw.org/fr/news/2014/03/28/
rwanda-la-justice-apres-le-genocide-20-ans-plus-tard#_ftn22.

18 Témoigner. Entre histoire et mémoire – n°133 / Octobre 2021

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