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Sujet : La portée de la dot au regard des exigences des valeurs culturelles

I. INTRODUCTION

1. Problematique

De nos jours, la dot tombe sous le sens commun de manière presque automatique comme
étant consacrée par la loi écrite. Mais il n’a toujours pas été ainsi. En effet, d’un point de vue
historique, il y a lieu de mentionner que le législateur colonial était silencieux sur la question de
la dot. Le décret du 4 mai 1895 portant sur les personnes, dit encore Code civil livre premier, ne
fait mention de la dot comme condition de fond du mariage bien que les coutumes la
reconnaissaient1. Kengo wa Dondo rapporte que dans nos sociétés à civilisation orale, la dot
constituait une preuve de la conclusion d’un mariage valide et faisait ressentir le fait de la
célébration de ce mariage dans l’esprit de tous ceux qui sont témoins du paiement 2. Elle aurait
été une valeur offerte à la famille de la jeune fille non pas tant pour « compenser » la perte
d’une force de travail ou d’une génitrice que pour « remercier » cette famille de tous les
sacrifices auxquels elle a consenti jusque-là pour élever convenablement cette jeune fille 3. Elle
scellait également l’alliance qui se concluait entre la famille du jeune homme et celle de la
jeune fille. Si, par la suite, les mentalités et l’économie monétaire ont conduit à une évaluation
excessive avec comme conséquence que certains pays aient interdit la dot, le législateur
congolais post-colonial n’a pas suivi ce courant et a plutôt préféré introduire la dot en droit
écrit en la retirant partiellement du cercle de la coutume4. Le législateur congolais l’introduit en
1987, de manière innovante (soutenait-on à l’époque) dans le but de « consacrer une
conception coutumière solidement ancrée et largement répandue » dans la mentalité
congolaise traditionnelle5. Conscient du danger auquel fait courir cette noble institution, le
législateur prévoit que la dot peut être symbolique et décide qu’elle ne pourra dépasser une
valeur maximale fixée par le Président de la République sur proposition des Assemblées
Régionales, à l’époque6.

Considéré du point de vue purement africain, la dot est un élément essentiel dans le processus
de formation du mariage7. Le mariage dans des différentes sociétés africaines est avant tout
1
E. KATUSELE BAYONGI, la dot au Congo. Entre hésitations et inopportunités de fixer un taux maximum, p. 258.

2
L. KENGO WA DONDO <<Mercuriale>> prononcée en 1974, cité par E. KATUSELE BAYONGI, p.276.

3
Idem, p.258.

4
Idem.

5
Ibidem.

6
Exposé des motifs du code de la famille, p. 16.

7
E. KATUSELE BAYONGI, op.cit, p.252.

1
une affaire du clan, soit une union entre deux familles8. C'est pour cette bonne raison que,
l'homme qui choisit sa femme pour se marier est contraint de verser un certain nombre des
biens matériels et une somme d'argent à sa belle famille pour cohabiter sous un même toit
conjugal9. La dot est une condition de fond du mariage en droit congolais. Elle est dans une
certaine mesure sous l'empire de la coutume. Bien que le législateur ait intégré la dot en droit
écrit, la lie fortement à la coutume10.

Ainsi, le législateur en maintient le caractère obligatoire, l'on pourrait d'ailleurs se demander ce


que voudrait exactement une remise de biens et/ou d'argent que l'on retrouve dans la nouvelle
formulation de l'article 36111. Une situation qui continuera à affecter de nombreux jeunes en
difficulté de se marier faute d'argent, même si le législateur affirme que la dot peut être
symbolique nonobstant toute coutume contraire.

En effet, nous constatons qu'il y a dans certaines familles une fixation exorbitante du taux de la
dot ce qui fait que les jeunes pensent que le mariage est devenu quelque choses de prestigieux
accessible qu'aux riches et nos aux pauvres.

Suivant notre travail, il est évident pour nous de poser deux questions principales :

1. Est-ce que la dot garde encore sa valeur de l'époque ?

2. N'est elle plus symbolique ?

C'est ainsi que nous aborderons l'hypothèse de notre travail.

2. Hypothèse du travail

8
C. MTHATU LUKILANGANGA chrisante, la dot à Kinshasa, n°2.

9
Idem, n°3.

10
E. KATUSELE, op.cit, p. 258.

11
Idem.

2
En effet, à l'origine, la dot constituait en réalité un objet symbolique consacrant l'existence et la
permanence du mariage. Elle était constituait par certaines biens symbolisant les valeurs
culturelles de la société. Dans les sociétés où prédominait la chasse, la flèche, le fusil et la peau
de certaines bêtes (le léopard notamment) constituaient des biens d'oraux tant dis que dans les
sociétés riveraines comme chez les lokele de la tshopo certaines espèces de poissons, la
pirogue et le filet en étaient les éléments constitutifs. Si la dot congolaise d'antan ne constituait
pas un prix, c'est-à-dire qu'elle n'était qu'une preuve de l'existence de l'Union matrimoniale, il
n'en est plus question pour le Congo d'aujourd'hui. La dot a, en effet, perdue le caractere
symbolique qu'elle avait à l'origine, la femme est considérée comme un bien, un objet mobilier,
transmissible, susceptible d'augmentation de valeur et n'ayant aucun droit. La dot a pris
d'autres dimensions et a par conséquent, perdu son vrai que sens que les anciens lui
attribuaient. Elle semble ne plus être le fondement de tout mariage, elle devient un moyen
d'enrichissement. Cela étant, si on y prête pas une attention particulière, la situation de célibat
pour jeunes gens sera pire. Les ont adopté des attitudes contraires qui ne favorisent plus les
jeunes de concrétiser leur rêve pour être unis et vivre ensemble dans le mariage faute des
moyens financiers et du travail décent, le mariage devient un casse-tête et un véritable
problème pour notre société.

Dans la plupart de certaines tribus de la société congolaise, le payement de la dot par le futur
mari apparaît comme une condition sine qua non de la reconnaissance d'un mariage. C'est une
obligation qui donne la légalité et la légitimité du mariage. La dot donne droit pour célébrer un
éventuel mariage civil ou religieux qui est introduit avec les exigences de la civilisation
occidentale. C'est le mariage coutumier, c'est celui par lequel d'une part, un homme et une
femme tiennent de leur existence de façon durable pour une communauté de vie et d'autre
part, les familles d'où, sont issus les futurs époux acceptent de vivre dans l'alliance.

Par contre dans d’autres communautés, cette dernière n’a pas la même représentation. En
d’autres termes, nous trouvons qu’ailleurs, la dot n’a pas une valeur obligatoire ou
contraignante pour l’homme, elle peut être facultative ; d’où, l’on entend dire, si tu veux, tu
pourras mettre ta femme en valeur, donc l’honorer en versant la dot. Par exemple chez les
Bangala, ce qui compte, c’est le versement du vin ou de la bière que n’importe quel membre de
la famille qui a la responsabilité sur la fille peut se porter garant pour reconnaitre le mariage qui
part d’un choix de deux amants, chez les lokele aussi la dot garde cette valeur dans le sens ou le
montant revient à l'homme de proposer par rapport à son amour pour sa future femme. A
Kinshasa, beaucoup d’autres paramètres entrent en compte.

3. Choix et intérêt du sujet

3.1. Choix du sujet

3
Le choix axé sur ce sujet n'est pas fortuit, il est le fruit d'une longue réflexion et observation,
toute personne vivant en République démocratique du Congo est consciente de la réalité selon
laquelle le mariage de nos jours est en crise en raison des difficultés financières, ce qui fait que
le mariage se ratifie. C'est cette situation qui nous a poussée à regarder de plus près si la dot a
toujours la même valeur culturelle.

3.2. Intérêt du sujet

Cette étude permet de considérer la valeur traditionnelle de la dot en mettant en avant les
conséquences qu'elle cause au sein des familles et surtout ce travail servira de document
scientifique qui posera les jalons à fin de permettre à tous chercheur surtout aux juristes
soucieux d'apprendre en profondeur sur la question de la portée de la dot au regard des
exigences des valeurs culturelles.

4. Méthodes et techniques de recherche

4.1. Méthode

Elle est une voie à suivre, l'issue par laquelle le chercheur compte mener à bien sa démarche.
Dans le cadre de ce travail, nous allons utiliser deux méthodes, qui nous a amené à analyser les
dispositions ou arguments soutenus par les auteurs qui nous ont précédés sur cette question
sans oublier l'analyse que nous avons fait du code de la famille.

Nous avons aussi recouru à la méthode sociologique qui a consisté à d'écrire les mécanismes
objectifs, ensuite décrire le comportement de la société quand à ce et en droit congolais.

4.2. Technique de recherche

La technique de recherche est un moyen ou instrument utilisé par le chercheur pour mener à
bien ses recherches afin de recueillir les informations de base. Selon R. Pinto et M. Grawitz, les
techniques sont des procédés opératoires rigoureux bien définis, susceptibles d'être appliqués
à nouveau dans les mêmes conditions adoptées au genre des problèmes.

Dans le cadre de ce présent travail, nous avons opté pour la technique documentaire, qui nous
mettra en présence des documents supposés contenir les informations recherchées, elle nous
permettra de consulter tous les documents relatifs à l'élaboration de notre travail. Nous avons
opté aussi pour la technique d'interview, celle-ci désigne un tête-à-tête au cours duquel
l'enquêté donne oralement des informations à l'enquêteur. Retenons qu'une interview est une
forme d'interaction verbale entre l'enquêteur et l'enquêté.

5. Délimitation du sujet

4
Délimiter une étude, c'est précisé son champ d'application ou la circonscrire dans le temps ainsi
que dans l'espace.

A. Délimitation dans le temps

Il s'agit ici d'une marche rationnelle servant à envisager les perspectives d'avenir et à suggérer
des pistes de solutions concernant ce sujet.

B. Délimitation dans l'espace

Notre sujet explique un problème inquiétant les congolais surtout les jeunes en particuliers qui
se posent tant de question concernant la dot.

6. Plan sommaire du travail

Outre l'introduction déjà illustrée et la conclusion qui interviendra, notre travail est organisé en
deux chapitres le premier porte sur la dot en générale et le second s'articule autour des
conceptions et pratiques de la dot en milieu traditionnel lokele.

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