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Julie ou La Nouvelle Héloïse

par Rousseau
~ Présentation de l’œuvre ~

Julie ou La Nouvelle Héloïse est un roman épistolaire de Jean-Jacques Rousseau paru


en 1761 chez Marc-Michel Rey à Amsterdam. Maintes fois réédité; il a été l’un des plus
grands succès de librairie de la fin du XVIII e siècle. C’est l’unique roman de son auteur, qui
avait plus la vocation de philosophe que celle de romancier ; ce roman est toutefois considéré
comme précurseur du romantisme en France, et inspirera de nombreux auteurs représentatifs
de ce mouvement.
Intitulé à l’origine Lettres de deux amants, habitants d’une petite ville au pied des
Alpes, le roman s’inspire largement d’une correspondance datée du XIIe siècle entre le
philosophe scolastique Abélard et son amante Héloïse. Cette histoire populaire, où un
précepteur et son élève vivent malgré tout un amour interdit, et symbolique du message
transmis par Rousseau dans La Nouvelle Héloïse. L’amour véritable se situe au-dessus des
conventions sociales, au-delà même de la vie matérielle.
Ce roman épistolaire se divise en six parties composées des différentes lettres que
s’échangent les protagonistes (Ière partie-65 lettres , IIème partie-20 lettres, IIIème partie-26
lettres, IVème partie-17 lettres, Vème partie-14 lettres, VIème partie-13 lettres) . Chaque partie du
roman est dominée par un thème: la passion, l’absence, le mariage, le retour, le bonheur et la
mort. Dans une ,,petite ville au pied des Alpes’’, deux amants entretiennent une relation
amoureuse par le biais d’une correspondance intense. La première partie du roman - la
passion, présente l‘histoire d‘amour du Julie, fille du baron d’Étange avec son précepteur, le
routier Saint-Preux, introduit dans cette noble maison par la volonté de la mère de Julie pour
instruire sa fille. Leur amour doit rester secret et seule Claire, cousine et confidente de Julie,
est au courant; celle-ci ne voit guère d’un bon œil cette relation impossible, persuadée qu’elle
fera le malheur des deux jeunes gens. Saint-Preux déclare sa passion à Julie qui est aussi
amoureuse. Avec l'aide de sa cousine Claire, la jeune Julie tente de résister à la tentation. Par
ailleurs, cet amour se révèle impossible: jamais le père de Julie ne veut en aucun cas accepter
une mésalliance avec un roturier. Cette chaste liaison, laisse Saint-Preux insatisfait. Un baiser
est échangé. Craignant de les assiduités de Saint-Preux, Julie demande son départ. Le
précepteur se réfugie dans le pays de Vaud. Mais l'homme ne peut continuer davantage son
désespoir. Julie s'inquiète pour la vie du mélancolique Saint-Preux. Quand elle apprend que
son père a promis sa main à un autre - le vieux M. de Wolmar, compagnon d’arme et ami
intime du baron d’Étange, elle tombe malade. Claire, alertée par la santé de sa cousine, enjoint
à Saint-Preux de revenir. Julie et Saint-Preux ne résistent pas longtemps aux charmes de
l'amour: ils deviennent amants. Un jour, une dispute éclate entre Saint-Preux et Milord
Édouard. Le second le défie par le premier. Mais le duel est évité par Julie. Elle confesse sa
liaison avec Saint-Preux à Milord Édouard qui devient son allié. Le jeune homme tente en
vain d'intercéder en faveur du mariage entre les deux amants. Mais le père de Julie refuse.
Puis, il interdit à sa fille de revoir son amant. Une violente dispute éclate entre père et fille:
Julie, giflée, perd l'équilibre et tombe. L'enfant qu'elle portait alors meurt emportant avec lui
ses espoirs de mariage. Saint-Preux est à nouveau contraint de s'éloigner. Il est emporté de
force par Édouard.
L‘absence est le thème dominant de deuxième partie du roman. Les deux amoureux
sont séparés, pour une telle période de temps, à cause du départ de Saint-Preux à Paris. C‘est
une période difficile pour tous les deux, mais l‘éloignement ne fait que renforcer leurs
sentiments. Pour Saint-Preux, les jours sont vides de plaisir et de joie. Il s‘inquiète de plus en
plus en ce qui concerne l‘état d‘esprit de l‘être aimé. Même s‘ils sont séparés physiquement,
leurs cœurs sont unis par le vrai amour. Milord Édouard propose à Julie de lui céder des terres
en Angleterre où elle pourra fuir avec son amant. Elle tergiverse et finalement refuse. Julie
conseille à son amant de s'ennoblir. À Paris, Saint-Preux critique la frivolité de la société qu'il
la découvre. Mais Julie ne tarde pas à se moquer de sa grandiloquence. Plus tard, quand Saint-
Preux lui avoue s'être livré à la débauche, Julie le rassure bien qu'elle condamne son manque
de morale. Soudain, la mère de Julie découvre leur correspondance.
Troisième partie – le mariage: lorsque Julie est obligée de se marier avec un autre
homme que Saint-Preux, ce dernier accepte le mariage comme « une décision » cruelle de la
destinée. Mme d'Étanges, la mère de Julie tombe malade. Quand elle reçoit une lettre de
Saint-Preux, elle ne peut contenir son émoi. C'est en vain qu'elle tente de faire infléchir son
époux. Mais elle meurt, emportant les espoirs des deux amants. Julie décide de rompre avec
Saint-Preux. Abattu, il songe au suicide et exhorte sa bien aimée à accepter le mariage avec
M. de Wolmar. Contrariée, Julie contracte la petite vérole. Alerté de l'état de santé de sa
maitresse, Saint-Preux la revoit. Un baiser lui transmet la maladie de Julie. Le mariage est
conclu. Julie, liée avec M. de Wolmar, interrompt sa correspondance avec Saint-Preux.
L'éconduit est sauvé du suicide par Milord Édouard. Ce dernier le conseille de tromper son
chagrin par le voyage.
Quatrième partie - le retour: après beaucoup d‘années où Saint-Preux et Julie ont
interrompu leur correspondance et ne se sont pas du tout vus, enfin, dans de bonnes
circonstances, ils se revoient. Leur rencontre s‘avère être la meilleure occasion de se rendre
compte qu‘ils ne se sont jamais oubliés et que leurs sentiments sont encore, très ardents. M.
de Wolmar, l'époux de Julie, propose de l’héberger. Saint-Preux retrouve Claire, veuve, et
Julie, mère de famille. Il est troublé par l'ambigüité de ses sentiments. Il est partagé entre la
passion que le souvenir de la jeune Julie lui inspire et le respect que la mère de famille
impose. C'est en toute confiance que M. de Wolmar accueille l'ancien amant de sa femme,
persuadé que la vertu a triomphé du vice. Il consent même à l'engager comme précepteur de
ses enfants. Un jour que son époux s'absente, Julie confie à Saint-Preux sa frustration: la
femme respectable est loin d'être heureuse. Pendant une promenade leurs impressions l‘un sur
l‘autre sont positifs. Jusqu‘au moment de leur rencontre, tout n‘était pour lui qu‘une longue
souffrance mais, après l‘avoir vue, Saint-Preux se rend compte qu‘il menait son existence
sans souffrir.
Dans cinquième partie du roman - le bonheur, on nous dit que un voyage en Italie
interrompt la quiétude de la vie à Clarens: Saint-Preux part afin d'empêcher une mésalliance
entre Milord Édouard et une ancienne prostituée. Là-bas, Saint-Preux ne cesse de penser à
Julie. Un funeste pressentiment le trouble: il rêve que Julie est morte et recouverte d'un voile.
Saint-Preux fait des confidences à Milord Édouard, son meilleur ami, en lui avouant l‘état de
bonheur qu‘il ressentait. Évidemment, celle qui lui transmet le bonheur et l‘état de joie est sa
chère et belle Julie. À son tour, Julie fait des confidences à Claire, sa cousine et son amie
inséparable.
Sixième partie – la mort: dans la dernière partie du roman, on est témoins d‘une fin
imprévue: la mort de l‘héroïne du roman, Julie. La femme, devenue mère, réagit selon ses
instincts de protéger son enfant, dans une situation imprévue: elle se jette dans le lac pour
sauver la vie de son fils cadet, Marcellin, après quoi elle tombe malade et, plus tard, elle
trouve sa mort. Dans les affaires de la défunte, M. de Wolmar découvre une lettre adressée à
Saint-Preux. Elle écrit que ,,son départ à jamais’’ est comme une libération de tous ses
chagrins, de tous ses regrets. Avant de mourir, Julie confie à Saint-Preux qu‘elle l‘aime
encore. Même si elle n‘existe plus, Saint-Preux lui confie, à son tour, que son amour ne
disparaîtra jamais de son cœur . Elle lui demande d’epouser Claire et de rester auprès de M.
de Wolmar et de ses enfants. Mais Saint-Preux sombre dans le désespoir . Pourtant Claire,
dévastée par le décès de Julie, ne songe guère plus à se marier. Mais elle enjoint à Saint-Preux
de revenir à Clarens afin de s'occuper de l'éducation des enfants de la défunte.
Dans toutes les six parties du roman, Saint-Preux et Julie se parlent avec beaucoup de
respect et de confiance. Même s‘ils ne se voient pendant une longue période de temps, leurs
déclarations d‘amour, écrites dans des lettres, les lient et les unissent par le vœu de leur
amour.
Quant aux personnages, ils sont pleinement inventés. Julie d’Étanges - la jeune femme
est issue d’une famille noble. Elle tombe amoureuse de son précepteur, Saint-Preux, dès le
debut du roman. Elle entretient une liaison avec lui avait de se marier avec un ami de longue
date de son père. Cela montre à quel point elle ressent le devoir de fidelité familiale,
notamment envers son père. Elle se montre de plus en plus pieuse au fur et à mesure que le
roman progresse. Par conséquent, elle essaie de se montrer honnête, pieuse et verteuse dans
les actions de sa vie. On s’aperçoit cependant que ses sentiments pour Saint-Preux ne
semblent jamais totalement éteints. Originellement le précepteur de Julie - Saint-Preux, il
tombe amoureux de la jeune femme. En réalite, Saint-Preux n’est pas son véritable nom, mais
un surnom que lui ont donné Claire et Julie. Nous apprenons jamais sa véritable identité; en
tout cas, c’est un homme roturier; il essaie de faire en sorte que leur relation reste vertueuse et
donc saine, dans les règles morales en tout cas. Ses lettres nous révélent qu’il est fragile, mais
sensible et doté d’une fine intelligence et d’un bon sens de l’observation des comportements
humains. Milord Édouard Bornston - le Lord britannique devient le meilleur ami de Saint-
Preux. Il lui assure d’ailleurs un soutien constant et sans failles. À la base pourtant, ils se
rencontrent dans une situation de tension amoureuse qui les mène presque au duel. C’est un
homme raffiné, cultivé et intelligent. Claire est la cousine de Julie est aussi son amie
inséparable. Elle se montre généralement plus enfantine dans son comportement. Elle épouse
Monsieur d’Orbe, avec qui elle a un enfant qu’elle confiera à Julie avant de les rejoindre à
Clarens. M. de Wolmar – ancien mercenaire aux côtés du père de Julie, il lui a sauvé la vie ;
c’est pourquoi le baron d’Étanges lui a promis la main de sa fille. M. de Wolmar est en fait un
prince russe exilé. C’est un homme doté d’une intelligence froide et d’un grand calme. Bon
observateur, il décrypte bien les gens. Son principal défaut selon Julie et son athéisme; il
s’instale avec elle à Clarens et recherche activement le bonheur. Mais la mort de Julie va
marquer l’échec de sa quête. La mère de Julie - La Baronne d’Étanges, essaie de faire fléchir
son mari lorsque la relation de Julie et de Saint-Preux éclate au grand jour, mais en vain. C’est
une femme aimante et douce et qui a le cœur sur la main. Cependant, sa maladie viendra la
frapper dans le roman. Le père de Julie - Le Baron d’Étanges, appartient à la noblesse suisse;
c’est un ancien mercenaire beaucoup plus impulsif dans ses réactions que sa femme. Il
s’oppose à la relation entre sa fille et Saint-Preux. Il se montre parfois autoritaire, voire très
violent et il constitue donc souvent une menace pour Julie.
Le lien entre Julie et Saint-Preux est présenté dès le sous-titre de ce roman: Lettres de
deux amants habitant une petite Ville au pied des Alpes. Cependant, nous nous aperçevons au
fil du texte qu'ils semblent instaurer dans leur relation un lien indissoluble entre la Passion et
la Vertu. Nous pouvons voir que la réconciliation entre la Passion et la Vertu pour aboutir au
bonheur passe par la religion, thème très important dans ce roman.
La Nouvelle Héloïse est un roman complexe qui aborde un très grand nombre de
sujets, de la condition des domestiques au voyage exotique. Cependant tous ces sujets sont
traités par les personnages de Rousseau autour d’un seul et même thème philosophique qui
relève de l’éthique de l’authenticité des sentiments amoureux dans une société dominée par
les principes moraux conventionnels et rationnels. Dans cette œuvre plusieurs thèmes
réprésentatifs du romantisme se dégagent, hormis le motif récurrent de l’amour impossible.
Le roman de Rousseau a été une inspiration immense pour toute la géneration
d’auteur qui suit, par ses principes philosophiques et ses thèmes romantiques. L’histoire
d’amour et le longs dialogues de La Nouvelle Héloïse servent en effet de prétexte à l’exposé
des idées philosophiques de l’auteur sur des sujets aussi variés que l’éducation, les mœurs
aristocratiques, les conventions sociales ou encore la religion.
Pour conclure, il faut préciser que dans La Nouvelle Héloïse, la diversité et la richesse
du roman par lettres, avec ses différents épistoliers, permettent d’englober non seulement une
réalité affective diversifiée (la passion, l’amitié, l’amour conjugal), mais aussi de cerner tout
un environnement humain, social, et politique, en un mot idéologique.

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