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Dissertation sur le sujet suivant :

Guy de Maupassant, dans la préface de son roman, Pierre et Jean précise : « Le


réaliste, s’il est un artiste, cherchera, non pas à nous donner la photographie banale
de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus
probante que la réalité-même […] ».

En quoi Bel-Ami illustre-t-il cette vision du réalisme ?

Situé pendant la IIIème République, le roman d’apprentissage de Guy de


Maupassant, Bel Ami (1885), montre l’ascension sociale de son héros, Georges Duroy,
un ancien « soldat tombé dans le civil » qui atteint l’idéal social parisien, grâce à
l’appui des femmes, qui vont lui ouvrir les portes du monde du journalisme. Roman
imprégné de réalisme, il brosse le portrait de l’époque de Maupassant marquée par la
montée du capitalisme et de l’ambition sociale.

Guy de Maupassant définit le réaliste comme « un artiste [qui] cherchera, non


pas à donner la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision la plus
complète, plus saisissante, plus probante que la réalité-même ». Aussi, nous
chercherons à démontrer en quoi Bel-Ami illustre cette vision du réalisme.

Nous verrons qu’au premier abord le roman de Guy de Maupassant peut être vu
comme une description de la « simple » réalité de son époque. Puis dans une
deuxième partie, nous expliquerons en quoi ce roman présente une vision d’une
réalité « augmentée », comme la définit l’auteur lui-même, une vision plus «
probante que la réalité-même ». Enfin, nous nous demanderons si, Bel-Ami, ne peut
pas être considéré comme un roman naturaliste.

Le courant littéraire du réalisme est défini comme étant une représentation de la


réalité telle qu’elle est à travers une étude des hommes dans leurs milieux sociaux.
C’est la vision que Stendhal défend quand il écrit : « un roman, c’est un miroir que
l’on promène le long du chemin ». Bel-Ami, pourrait confirmer cette définition car ce
roman respecte une réalité historique, spatio-temporelle et sociale fidèle à son
époque.

Premièrement, Bel-Ami présente certaines précisions historiques et spatio-


temporelles contemporaines à l’auteur. Les descriptions précises de l’époque et des
lieux donnent un caractère authentique au récit. En effet, l’incipit réaliste situe
d’emblée le héros dans les quartiers populaires de Paris, sous la 3ème république. De
plus, les lieux mentionnés sont réels, tel que l’Église de la Madeleine, le parc
Monceau, les Folies-Bergère. Par ailleurs, le contexte politique et social du temps de
l’auteur est reflété dans Bel-Ami. L’auteur fait effectivement référence à de nombreux
scandales financiers et politiques qui ont secoué la vie parisienne de l’époque tout
comme le contexte de la colonisation, avec notamment l’expansion coloniale en
Algérie.

Deuxièmement, Bel-Ami représente une société fidèle à son temps et qui


pourrait ainsi illustrer la définition du courant réaliste. Le discours direct, l’emploi du
passé simple et de l’imparfait, marque une succession d’actions du personnage
éponyme dès la première phrase du roman. Il favorise donc l’effet de réel. Cette
phrase : « trois franc quarante pour finir le mois » nous immerge dans une société
précaire de l’époque, non protégée par un quelconque filet de sécurité. De plus,
Champfleury définit le réalisme comme « la reproduction exacte, complète, sincère
du milieu social de l’époque où l’on vit ». Il est vrai que Maupassant décrit les mœurs
de son époque à travers ses différents personnages principaux. Au XIXème siècle,
l’adultère est courant car les mariages sont des affaires d’argent. Aussi, son
personnage, Madeleine Forestier, dira que « le mariage pour moi n’est pas une
chaîne, mais une association. », tel est la vision de beaucoup de gens au temps de
Maupassant. L’auteur nous fait également découvrir le monde journalistique de
l’époque, à travers les yeux du personnage. Ainsi, nous sommes spectateur des
méthodes employées par les journalistes afin de mener à bien des enquêtes, des
articles auxquels succèdent parfois des duels (George Duroy avec un journaliste
inconnu).

Ainsi, Bel-Ami est un roman qui pourrait appartenir au mouvement réaliste,


mais comme le dit son auteur, il ne nous donne pas simplement à voir la réalité de la
vie de son époque. L’ambition de Maupassant est de nous donner une réalité « plus
complète, plus saisissante, plus probante ».

Le registre réaliste, parce qu'il présente la réalité telle qu'elle est en refusant
l'idéalisme, s'accompagne souvent d'une vision pessimiste du monde.

Maupassant met en relief les vices de certaines catégories sociales, ce qui


introduit souvent dans le roman le registre satirique. La satire est une critique
moqueuse qui s'apparente au registre comique puisqu'elle est destinée à faire rire, et
à avoir une portée polémique puisqu'elle a pour but de dénoncer. Effectivement,
Maupassant utilise l’ironie pour rendre ridicule le personnage de George Duroy, qui
représente le genre de personnage que l’auteur méprise et au sujet duquel il va
pourtant s’écrier « Bel Ami, c’est moi ! ». Cette satire se développe souvent dans les
portraits, comme par exemple celui de Laroche-Mathieu, mais aussi dans les
descriptions comme celle de La Vie française. Maupassant n'hésite pas à se moquer
des bourgeois parvenus, comme M. Walter, des femmes du monde qui dissimulent
leur adultère sous des apparences de dévotion, comme Mme Walter, ou des
aristocrates qui se divertissent dans les réceptions mondaines, comme l’assaut chez
Jacques Rival et la soirée de présentation de tableaux chez les Walter.
Par ailleurs, dans le livre, sous l’apparence d’une réalité banale d’un soldat
devenu cheminot, se cache la démesure du personnage principal, Georges Duroy.
Cette démesure se voit au fil du livre par son arrivisme et son ambition sociale sans
limite : « Et l’envie,

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