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LE NASA YUWE m, n, k, mb, "à; ts, h, (/>>; s". En position de C, quand il y a C2 on trouve m, n,p, t, k,
Tulio Rojas Curieux A*, tsy, s, sy, h, l, {y, y, w. En position de C3, on trouve toutes les consonnes. Pour que
Université du Cauca la syllabe CCVC apparaisse, il est nécessaire que son nucléus soit accentué.
' '
L accent se réalise dans la syllabe, son cadre est le mot et il s exprime en inten-
'
sité. Il y a un seul accent primaire par mot. L accent est distinctif dans des paires de
mots constitués de la même séquence de phonèmes.
Contexte historique et culturel
Les Paez vivent dans le Sud-Ouest de la Colombie. Ils sont plus de 100 000
Morphologie
dans le département du Cauca. Sur une population totale dépassant 150 000 Paez,
on compte quelque 100 000 locuteurs actifs. Agriculteurs, ils mettent à profit les La langue possède des morphèmes lexicaux (libres ou liés) et grammaticaux
nombreuses possibilités que leur offre la cordillère des Andes, dont les sols varient (libres ou liés). Les lexèmes ont peu ou pas de variations dans leur combinatoire ; la
en fonction de l altitude. '
plupart des changements morphophonologiques touchent les grammèmes. La langue
La langue nasa yuwe (paez) avait été incluse dans la famille chibcha, mais des
'
mot. (Radical simple : l élément de base sur lequel les différents procédés morpho-
gramaticales i dos plâticas. logiques s'appliquent pour la formation des mots. Nous avons recensé quatre classes
de radicaux lexicaux : nominal, verbal, verbo-nominal, qualificatif, et trois classes
de radicaux grammaticaux : déictiques, interrogatifs, quantificateurs.)
Phonologie La flexion s'exprime grâce à des suffixes ; deux types obligatoires de flexion :
Le système consonantique a trente-sept unités. Ordres articulatoires : la flexion modo-personnelle et la déclinaison (flexion fonctionnelle), ainsi qu'une
forme de flexion facultative.
-
-
vélaire : k /fcv, k><, k'h, "g, "gy,
,
h, hy. prendre soin) ».
Selon le mode d'articulation, on distingue instantanées et continues. Pour devenir un mot nominal, les radicaux qualificatifs et les radicaux verbaux
Instantanées : ont besoin d
'
, , , , , , gy. Syntaxe
Continues : '
L ordre des constituants est (S)V dans une proposition intransitive ; l énoncé
'
-
fricatives sourdes : (p»', s, s", h, hy ; '
sonore : /£ ;
'
minimal peut être un seul mot puisqu on a un indice actanciel dans le mot prédicatif.
-
latérales : /, P ; Dans une proposition transitive l'ordre est (S)OV. Le caractère facultatif du mot qui
,
-
nasales m, n, rf ;
-
approximantes : w, y. On distingue deux groupes de mots : les mots prédicatifs et ceux qui ne le sont
On a un système vocalique à quatre termes, et des sous-systèmes corrélatifs : pas. Selon ce critère, on proposera ici quatre classes de mots : prédicatif, nom,
oral, nasal, glottalisé et aspiré. Unités vocaliques fondamentales : hautes /, u, basses qualificatif et connecteur. Prenons pour illustrer ce point le radical kla « bétail ».
e, a. Une voyelle peut être nasale et aspirée ou nasale et glottalisée à la fois. Les On peut construire sur ce radical le mot prédicatif kla-a' « c'est (du) bétail »,
traits de glottalisation et d aspiration s excluent mutuellement.
' '
par suffixation du marqueur modo-personnel -a?. On peut aussi placer ce radical
La syllabe la plus simple a une seule voyelle ; les syllabes complexes ont un comme argument sujet : kla-0 yuh-a? « (du) bétail vient » : le radical « venir »
nucléus vocalique et des marges pré- ou postnucléaires. Le nucléus vocalique est reçoit alors la marque -a?. On peut enfin le placer comme argument objet : kla-a's
formé d'une seule voyelle. Formule générale : ((C C V CCj). Avant la voyelle, Cx theng-u-k « il voit le bétail » Comparons le radical kla à un autre radical, kite
'
verbo-nominaux (« fleur/fleurir »). Un troisième type de radicaux partage avec personnelle ; lorsqu'il foime un qualificatif, il ne reçoit aucun t modo- ,
les précédents sa capacité à constituer un mot prédicatif : "duh-a7 « c'est lourd » aucune autre marque mais, dans ce cas, il accompagne toujours unype
, demot
flexion ni
duh-ku « il s'est alourdi » ; il peut être par ailleurs épithète du nom : kla "duh-e
"
,
[laicVpenser-dur) -
yuh-a? « (le/un) lourd bétail arrive ». Pour devenir argument, ces radicaux ont .
besoin d'une translation : "duh-sa-a?s the"g-u-k « il voit le lourd ». Ce sont des Les connecteurs ne portent pas de flexion ; de plus
radicaux qualificatifs. bases prédicatives L'ensemble est assez réduit : sa? « ils
.
et »ne atsa?
peuvent pas être des
« alors »
,
Le mot prédicatif est formellement défini comme étant celui qui porte la base « mais », Papaka « pour ça » ,
ïïapatsa « pendant ce temps ».
,
, napa
'
f
'
My-ngu -
ay-te-a7 mandz-na?
digme de flexion modo-personnelle à la 3= personne : les statifs suffi
ques est le para-
xent a? et les
dynamiques -ku ; les diphasiques peuvent prendre la flexion
' ' '
« c est toi » « c est ça » « c est ici » « combien est-ce ? »
de l'un ou de l'autre
-
Le symbole /-/ sur une voyelle marque la nasalité. deux groupes décrits, toujours à la 3e s de
nominaux, nominaux et grammaticaux personne),
:
les radicaux qualificatifs, verbo-
Le caractère omniprédicatif de cette langue est clair et l'on peut même avoir des
,
yat-te us-a?
'
radicaux grammaticaux comme centre de prédication (pour l omniprédicativité, voir RN-loc, RV stat -préd
"
tya-a''
" -
Launey, 1994).
.
.
dém préd.
« Il (elle/qqc) est dans la maison
-
.
» «C
'
déict-loc préd.
« Il (elle) est plein(e). » [rassasié(e)]
-
.
La base peut être formée à partir de radicaux verbaux ou qualificatifs ; dans ces cas ,
'
« C est là. »
'
elle aura besoin d un morphème translatif.
La flexion nominale est : kim-m?
RQ-préd .
-
nominatif : alku-0 « chien » ; « Il (elle/qqc) est noir(e) »
interrog préd. -
.
« Qui est-ce ? »
.
kite-à1
Ces marques peuvent indiquer le patient mais aussi le bénéficiaire. L'objet h uka-a'
'
RVN-préd
-
quantif.-préd.
Carmen » ; allatif : yat-na « vers la maison » ; ablatif : yat-hu « de la maison » ;
« C'(elle/qqc) est (une) fleur .
>>
« C est tout
'
.
»
le morphème d'ablatif a parfois une valeur d'instrumental : ts Uy-hu « avec le nasa-a7
couteau ». On compte aussi les locatifs à valeur d'« inessif » : -te locatifj (vertical) ; RN-préd .
ka locatif2 (horizontal) ; -£% locatifj (suspendu) ; -su locatif4 (en diagonale). Les « II est Paez » (« Il est être humain »)
.
verbal diphasique
.
La base prédica-
qualificatif ou un nom d ynamisé :
,
, verbo-nominal ,
Les langues d'Amérique Les langues d'Amérique
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'
« Il (elle) s est rempli(e). » [rassasié(e)] « Il (elle) est devenu(e) Paez. » « Il (elle) est au ruisseau » .
"
duha-ku Une base prédicative de radical verbal diphasique peut recevoir l
RQ-préd.
d'aspect aoriste et les mor e morphème
'
« Il (elle/qqc) s est alourdi(e). » (fait non achevé) : phèmes de prédication dynamique (fait achevé) ou stati ve
mbeka-0 kse a's tiiu-0-k
La 3 e personne se distingue de la lre et de la 2e sur les points suivants : -
RN-nom
-
les lre et 2e apparaissent comme des personnes définies, tandis que la 3e perd
.
aort.-préd .
préd.
3 e personne ; « Manuel est ivre » .
'
-
on utilise la 3e personne pour prédiquer l existence (cas particulier de locali- Les verbo-nominaux et les qualificatifs en combinaison avec le morphème -0
sation) : sena kwet ùsa? « il y a beaucoup (de) pierres », les phénomènes météorolo- reçoivent le morphème de
-
»
dynamique : mem-0-ku « il (elle) a chanté » ;
.
,
action achevée une
tion prédicative et l'argument de prédication qui s'expriment morphologiquement les propriétés de l'aoriste sont celles d'un intervalle clos
,
mot.
classe d'instants hors de la frontière) .
Si l'on veut examiner, les variations aspectuelles des énoncés dont la base prédi- RV dyn.-imperf préd. -
.
« Il (elle) file .
>>
kits-te ùs-ii'à'-ku
Prédication à distinction aspectuelle : les énoncés acceptant cette distinction RN-loc .
1 RV stat.-imperf.-préd
sont formés par une base prédicative l'aspect!, éventuellement l'aspect, et la flexion
.
,
« Il (elle) a été au ruisseau » .
Aoriste -0- : cet aspect combiné avec une base prédicative de radical verbal dyna- frontières
l'imperfectif sont celles d'un intervallerésultat
Dans ceux ayant comme une action achevée les propriétés de
.
mique nous présente un fait achevé Combiné avec une base prédicative de radical
.
clos
,
.
1552
.
Les langues d'Amérique Les langues d'Amérique
L
'
deh-nyi-a1
"
RV dyn.-résult.-préd.
Imminent : -ya'p- « Il (elle) est endormi(e) .
»
ku'h-f-ya'p-a* L'é
RV dyn.-aort.-immin.-préd. tude de la modalité fait ressortir une opposition fondamentale entre assertif
« Il (elle) va danser. » et non assertif. Les catégories grammaticales de modalité (assertif non assertit) , ,
Progressif : -ts- Assertif: on l'utilise pour les événements états ou processus que le locuteur
,
'
me?m-u-ts-a ?
a vus, perçus, qu ils connaît ou dont il est certain (et avec lesquels il établit un
RV dyn.-imperf.-progr.-préd. degré supérieur d'engagement) ce qui peut être simultané ou non au moment de
,
me'm-0-ku
ûs-u-ts-ar
RV dyn.-aort.-3sg. + assertif
RV stat.-imp.-progr.-préd. « 11 (elle) a filé. »
Litt. : « Il (elle) est en train d'être. »
(Ex. d'utilisation de cet énoncé : lorsqu un fil à plomb est sur le point de cesser son
'
Non assertif: on l'emploie pour les faits que le locuteur ne perçoit pas au moment
mouvement de balancier.)
de l'énonciation (et sur lesquels il ne peut s'engager pleinement) ; il se subdivise en
Le fait que les radicaux verbaux statifs puissent se combiner avec le morphème deux : l'un sert à exprimer la non-perception l'autre à exprimer une question :
,
de progressif et prendre la prédication stative nous oblige à différencier deux types suspensif: exprime un engagement plus éloigné avec l'événement que la
-
modalité « assertif » :
de « stativité » : l'une venant de l'aspect inhérent au verbe, l autre comme résultat
'
« Tu as filé
» (Litt. : « Il semblerait que tu as filé »)
processus dilaté, prolongé ou stabilisé, où le dynamisme le cède au statisme. .
.
Itératif
Dans la combinaison avec « assertif » le locuteur exprime une certitude tandis
,
,
plusieurs fois. » traduit en espagnol par serâ que « il semblerait que ». Cela n'implique pas de ...
infonnation :
"
deh-na iis-e-a?
RVdyn.-dur. RV aux.-aort.-préd. RV dyn.-aort.-2sg + interrogatif
.
La durée exprimée grâce à cette construction avec duratifest différente de celle qui Dans l'énoncé déclaratif , on trouve une zone centrale et plusieurs zones périphé-
est exprimée avec le morphème de progressif dans la construction synthétique. Avec la riques de la modalité (v Rojas, 1998). .
se déroule ; ainsi, il est essentiel de faire référence à la position exacte de la personne Types d'énoncés
dont on parle, d'où la construction avec les auxiliaires positionnels. La durée exprimée
dans la construction synthétique peut s'étendre au-delà dans le temps. Deux types fondamentaux : déclaratifs et jussifs . Tous les déclaratifs ont une
représentation morphologiquement segmentable de l'argument de prédication dans
'
Résultatif l indice actanciel Ils peuvent être assertifs (expression de la localisation - situatifs
.
"
deh-nyi ùs-0-a? gique de l'argument de prédication. Les morphèmes jussifs se sufixent à la base
RV dyn.-résuh. RV aux.-aort.-préd. prédicative. Ils peuvent être impératifs, incitatifs exhortatifs, prohibitifs, dissuasifs,
,
Phonologie
Lexique
Les six voyelles a, e, i, o, u, i s'opposent comme : hautes /, u, t, moyennes e ,
,
'
alvéolaire r devient rétroflexe après les voyelles d arrière. Le phonème plosif palatal
Landabum J., Clasificaciôn de las lenguas indîgenas de Colombia Gonza lez de PérezM.-S. c est prononcé palatal par les aînés, alvéolaire affriqué ou fricatif par les jeunes.
lombia : una vision des-
et Rodriguez de Montes M.-L. (dir.), Lenguas indîgenas de Co La syllabe canonique est (C)V(V) ; V vaut une more. La structure phonologique
criptive, Bogota, I. Caro y Cuervo, 2000. lurilingue, des morphèmes révèle une préférence pour la syllabe CV et des lexèmes bimores.
Nieves R., Hacia una zonificaciôn dialectal de la lengua pâez, Colombia pais p Le mot est au moins bimore. Par ordre décroissant, le gabarit du lexique est CVCV,
Boletin de lingiiistica amerindia y afroamericana, n 3, 1995.
°
CVV, VCV, avec quelques W. Sont trimores des dérivés fossilisés et des idéo-
modalité dans la langue paez (langue amérin-
Rojas Curieux T., Prédication, aspect ettorat, Université Paris 7, 1996. phones. Une syllabe CVV est finale de morphème. Les six voyelles entrent dans des
dienne de la Colombie), thèse de doc syllabes à V identiques (QV . Des contraintes structurent le lexique : une suite
- La lenguapâez : una vision de su gramâtica, Bogota, Ministerio de Cultura, 1998. tautomorphémique VjVj ne peut avoir deux voyelles arrondies, ni deux voyelles
d avant, ni deux voyelles hautes dont Vj étirée ; ni Vj moyenne et Vj haute, ni V;
'
> ei (facultative) ; régressive de voyelle basse pa-e -» pee pa-o -> poo pa-i -»
Eisa Gomez-Imbert pii. Une voyelle longue est partiellement assimilée : V -Vj -» V Vj uu-a -» uaa.
CNRS Trois voyelles identiques se réduisent à deux quatre à trois.
,
Contexte culturel , [mâapûpâja] « ils ont versé par poignées » (~ introduit un morphème nasal). Tout
lexème est nasal ou oral Les suffixes bimores aussi, sauf deux à more initiale
Les que,que tro, cents Tatuyo qui v.vent dans
.
ou P [+ nasal] ~ra, [- nasal] wi « cl. tubulaire », non spécifié jû-pâ. Tous les segments
aie. Les premiers écrits sur la rég.on nomment «tam
t depeche
-
de c hasse et d un morphème nasal se nasalisent sauf les plosives sourdes (transparentes à la nasa-
'
(-paboa «tatous »). Ces riverains vivent du manioc amer e de , .ité) ; ceux des sufixes non spécifiés assimilés aussi ; un morphème [-nasal] bloque
de cueillette. Les langues des groupes allies P
0
' S différences
.
'
l extension dans le mot Une plosive sonore initiale de morphème oral se préna-
exogamie linguistique des Tukano. Ainsi, tatuyo IT mêmc W tonal,Pourla
.
'
l salise après un morphème nasal Les tons, haut et bas, sont portés par les mores.
hèmes, partagent la même ' Z Lyo-
.
en matière de morp Quatre schèmes sont attestés pour les noms bimores, ni « argile », m « sang », ûû
f sion consonantique ; le karapana possède la pala aie, c devenue h w
n
o « poisson sp », uu « tortue », trois pour les verbes wée « gauler », weé « enlever »,
cette langue à tradition
tablie par
orale, l'écriture phonologique est é .
et failles .