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FGC / Master M1 / Ethique, déontologie et propriété intellectuelle

Recherche intègre et responsable

Chapitre III : Recherche intègre et responsable

I- Introduction

La recherche scientifique est un processus dynamique ou une démarche rationnelle qui


permet d’examiner des phénomènes, des problèmes à résoudre, et d’obtenir des réponses
précises à partir d’investigations organisées (expérimentations), d’où l’acquisition ou
l’enrichissement des connaissances honnêtes, démontrées et reproductibles.

Il s’agit de décrire, d’expliquer, de comprendre, de contrôler, de prédire des faits, des


phénomènes et des conduites à fin de trouver des solutions ou d’inventer de nouveaux
produits qui permettent d’améliorer les conditions de vie des générations futures.

La recherche scientifique est organisée principalement dans des centres de recherche et


dans les Universités, et attire un nombre croissant de chercheurs dans divers domaines et
disciplines. Le terme chercheur réfère à l’ensemble des acteurs de la recherche : chercheurs,
enseignants chercheurs et le personnel en appui de la recherche.

Le progrès des connaissances et le développement significatif du savoir ont engendré des


changements dans l’utilisation des moyens, de nouvelles hypothèses pour l’identification des
phénomènes et des techniques utilisées dans l’analyse des données.

Les conséquences négatives de certaines découvertes scientifiques et leurs répercussions


sociales équivalent, ou même parfois dépassent, leurs avantages scientifiques et
économiques. En outre, la course pour réaliser les innovations scientifiques et technologiques
et tirer rapidement parti de leurs applications peut entraîner des effets néfastes sur la santé
humaine et animale, la biodiversité, l'équilibre écologique et la durabilité des ressources
naturelles.

Compte tenu de ces réalités, l’exigence d’une recherche éthique, intègre et responsable est
devenue vitale. Une telle recherche est basée sur l’adoption d’une conduite responsable par
l’ensemble des acteurs impliqués. Il est donc essentiel de réfléchir aux valeurs qui guident
une telle conduite et aux pratiques exemplaires qui en découlent.

De ce fait, toute activité de recherche doit se faire dans le respect des normes décrites dans les
chartes d’éthique de la recherche scientifique, établies par les plus réputées et les plus
prestigieuses institutions académiques et de recherche dans le monde.

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L'objectif de la charte d’éthique de la recherche scientifique est de définir les règles éthiques
et les obligations qui incombent au chercheur et à son institution dans l’accomplissement
responsable de ses activités de recherche, et ce dans les divers domaines de la connaissance
scientifique, a fin d’assurer leur engagement à respecter et à promouvoir les principes
d'intégrité scientifique et à se conformer à la discipline scientifique et à la déontologie de la
profession. Sa bonne mise en œuvre requiert que les institutions élaborent et diffusent un
règlement intérieur visant à gérer et à contrôler la recherche qui s'y réalise dans les
divers domaines de la connaissance.

II- Intégrité scientifique ou intégrité en recherche

L’intégrité dans la recherche scientifique est un principe moral fondamental. Elle exige de la
réflexion éthique et l’auto discipline. La pratique responsable de la recherche constitue la
condition de base indispensable à toute activité de recherche. Sans cette pratique responsable,
la crédibilité de la recherche sera compromise. Cette pratique prend assise sur des valeurs
telles que : l’honnêteté, la fiabilité et la rigueur, l’objectivité, l’impartialité et
l’indépendance, la justice (notamment dans la reconnaissance de la contribution des
autres), la confiance, la responsabilité et la bienveillance, l’ouverture et la transparence.

Tous les acteurs de la recherche doivent s’engager à respecter et à défendre ces valeurs
alors qu’ils mènent des activités de recherche, quelle que soit leur discipline.

Une action du chercheur est qualifier d’intègre scientifiquement, lorsqu’elle est conforme
aux normes générales de l’éthique et de la déontologie du chercheur, mentionnées
précédemment, ainsi qu’aux normes éthiques particulières, applicables dans son champ
disciplinaire. L’intégrité scientifique peut ainsi se définir comme une conduite
scientifique conforme aux normes éthiques et déontologiques générales ou spéciales.

Toutefois, des inconduites ou des manquements à l’intégrité́ ont été divulguées ces dernières
années. Parmi les manquements à l’intégrité́ scientifique, sont souvent évoqués la fraude,
la falsification, le plagiat, la rétention de données, l’usage abusif de résultats ou encore le
conflit d’intérêts. Face à ces dérives, la communauté internationale s’est mobilisée.
Plusieurs conférences internationales sur l’intégrité ont été tenues telles que la déclaration
de Singapour (2010).

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II- 1- Déclaration de Singapour sur l'intégrité en recherche

Préambule

La valeur et les bénéfices de la recherche pour la société sont totalement dépendants


de l'intégrité en recherche. Quelle que soit la manière dont la recherche est menée et
organisée selon les disciplines et les pays, il existe des principes communs et des
obligations professionnelles similaires qui constituent le fondement de l'intégrité en
recherche où qu'elle soit menée.

Principes

- Honnêteté dans tous les aspects de la recherche


- Conduite responsable de la recherche
- Courtoisie et loyauté dans les relations de travail
- Bonne gestion de la recherche pour le compte d’un tiers

Responsabilités

1. Intégrité: Les chercheurs sont responsables de la fiabilité de leur recherche.


2. Respect des règles: les chercheurs doivent se tenir informés des textes législatifs et
réglementaires et les respecter.
3. Méthodologie: Les chercheurs doivent utiliser des méthodes appropriées, baser leurs
conclusions sur une analyse critique de leurs résultats et les communiquer
objectivement et de manière complète.
4. Conservation des données: Les chercheurs doivent conserver les données brutes de
manière transparente et précise de façon à permettre la vérification et la réplication de
leurs travaux.
5. Communication des travaux: Les chercheurs doivent, dès qu'ils en ont la possibilité,
communiquer rapidement et ouvertement leurs résultats pour en établir la propriété
intellectuelle et l'antériorité.
6. Publication: Les auteurs doivent assumer la responsabilité de leur contribution à
l'écriture d'articles scientifiques, à la rédaction de demandes de contrat, de rapports de
recherche ou de toutes autres formes de publication concernant leurs travaux de
recherche. La liste des auteurs doit inclure ceux et seulement ceux qui remplissent les
critères de la qualité d'auteur.

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7. Les remerciements: Les auteurs doivent faire figurer dans leurs publications le nom et le
rôle des personnes qui ont contribué à la recherche mais qui ne remplissent pas les
conditions pour être auteur: aide à la rédaction, sponsors, organisme financeurs.
8. Evaluation par les pairs: Les chercheurs doivent évaluer les travaux et projets qui
leur sont soumis, dans des délais limités, de façon équitable et rigoureuse et
respecter la confidentialité.
9. Conflits d'intérêts: Les chercheurs doivent déclarer les conflits d'intérêts financiers ou
autres qui peuvent entacher la confiance dans leurs projets de recherche, leurs
publications et communications scientifiques ainsi dans leurs évaluations et expertises.
10. Communication vers le public: Les chercheurs doivent limiter leurs commentaires à
leur domaine de compétence lorsqu'ils sont impliqués dans des débats publics sur
les applications ou l'importance d'un travail de recherche et distinguer clairement ce
qui relève de leur expérience professionnelle et ce qui relève de leurs opinions
personnelles.
11. Signalement des manquements à l'Intégrité: Les chercheurs doivent informer l'autorité
responsable de tout soupçon de manquement à l'intégrité incluant la fabrication de
données, la fraude, le plagiat ou tout autre conduite "irresponsable" susceptible
d'ébranler la confiance en la recherche comme la négligence, le manquement aux
règles de signature d'article, l’omission de résultats contradictoires, ou l'interprétation
abusive.
12. Responsabilité de la conduite responsable de la recherche: Les Institutions comme les
journaux, les organisations professionnelles et les agences impliquées dans le
domaine de la recherche, doivent disposer de procédures pour répondre aux plaintes de
fraude ou de tout autre manquement à l'intégrité et pour protéger ceux qui rapportent
de bonne foi ces actes. Lorsque ces manquements sont confirmés, des actions
appropriées doivent être mises en œuvre et les publications doivent pouvoir être corrigées.
13. Environnement de la recherche: Les institutions doivent susciter un contexte qui
encourage l'intégrité à travers la formation, l’élaboration de règles claires et de critères
rationnels pour l'avancement de carrière, en promouvant un environnement de travail qui
prenne en compte l'intégrité scientifique.
14. Recherche et Société: Les institutions de recherche et les chercheurs doivent
reconnaitre qu'ils ont une obligation éthique de prendre en compte le rapport
bénéfices/risques liés à leurs travaux.

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II-2- Conduites responsables en recherche scientifique


Les conduites responsables en recherche scientifiques sont basées principalement sur les
principes éthiques, de conventions et des chartes internationales comme suit :

- Le chercheur s'engage à bien connaître les lois, les règlements adoptées par son
institution d'affiliation et par l'Etat et suivre leur développement ou modification, en
particulier ceux qui soutiennent et contrôlent les diverses activités de recherche
scientifique.
- Le chercheur veille à la conformité des protocoles et des projets de recherche
aux textes internationaux concernant la protection des personnes, des animaux et
des écosystèmes (déclaration d’Helsinki pour les essais cliniques, déclaration de Rio
De Janeiro pour les projets ayant des incidences environnementales, déclaration de Dublin
pour le domaine de l’eau…).
- Le chercheur s'engage à prendre le maximum de précautions pour contrer les effets
négatifs de son travail. Il s'abstient de participer à tout projet de recherche susceptible de
nuire à l'humain, à l'environnement ou à la biodiversité.
- Le chercheur s’engage à préserver l’identité nationale du patrimoine matériel et
immatériel et à ne pas en abuser partiellement ou complètement quelles que soient les
raisons. Il s’engage à œuvrer pour la durabilité des ressources naturelles et des sources
associées à la sécurité sociale et nationale dans le pays.
- Le chercheur veille à sa crédibilité scientifique en exécutant son projet dans le respect des
normes de compétence, d’objectivité, d’ouverture d’esprit, d’autocritique, d'honnêteté,
d'intégrité et d'autodiscipline.
- Le chercheur expose et discute les résultats de sa recherche d’une manière transparente et
fournit une description précise des techniques et moyens adoptés ainsi que des
conclusions obtenues.
- Le chercheur s’engage à éviter le plagiat et le mauvais usage des résultats d’autrui. Il
reconnait explicitement l’apport des résultats des autres chercheurs aussi bien dans les
publications que lors de la présentation des nouveaux projets de recherche.
- Le chercheur veille à ne pas amplifier les résultats.
- Le chercheur évite l’évaluation subjective et l’intrusion dans la vie privée des individus et
des communautés étudiés.

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- Le chercheur adopte la précision et l’objectivité lors de l’évaluation des travaux


des autres chercheurs et s’engage à respecter les opinions d’autrui.
- Le chercheur révèle clairement, dans toutes les publications, les institutions et les
organismes qui lui ont fourni un soutien financier ou logistique, total ou partiel, pour
mener à bien sa recherche et respecte leurs droits prévus par les accords de
collaboration.
- Le Chercheur respecte le principe d'impartialité dans la présentation des résultats de ses
recherches ou lors de l'évaluation des résultats de ses pairs.
- Le chercheur, appelé à donner un avis ou à évaluer le travail de l’un de ses pairs,
commence par annoncer, en toute transparence, toute possibilité de conflit d’intérêts
(financier ou moral). Il déclare la présence éventuelle de toute relation positive ou
négative entre lui et le pôle scientifique ou l’équipe de recherche objet de l’évaluation
et qui pourrait influencer son opinion et l’exposer au discrédit et à l’impartialité. Dans
ce cas, le chercheur s’abstient de faire le travail et l’annonce clairement.
- Le chercheur/évaluateur respecte le secret des données et des résultats que contiennent les
documents en sa possession et s’abstient de les utiliser dans ses activités actuelles ou
ultérieures. Tout acte contraire est considéré comme une violation des règles d’éthique et
exposerait l'évaluateur à des poursuites judiciaires.

II-3- Responsabilité des chercheurs dans le travail d’équipe

Le chercheur n’est pas le seul acteur de la recherche scientifique, il est associé à différents
collaborateurs. Gérer les relations hiérarchiques, créer un environnement favorable à
l’acquisition de connaissances, savoir respecter ses collaborateurs et reconnaître leur
contribution, peut se révéler complexe et délicat pour le chercheur, ce qui rend nécessaire de
connaitre, de faire connaître et de respecter les règlements qui régissent le travail collectif.

- Egalité professionnelle de traitement

Il est du devoir des acteurs de la recherche de protéger les personnels contre toute forme de
discrimination. Elle consiste à favoriser ou défavoriser quelqu'un, en raison de certaines
de ses caractéristiques ou de certains de ses choix personnels. La discrimination est illégale et
des sanctions civiles et pénales doivent être encourues.

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- Catégories de discriminations interdites


- L’origine géographique
- L'appartenance ou non-appartenance, réelle ou supposée, à un ensemble de personnes
défini comme ethnie ou comme race
- Les caractéristiques génétiques, le handicap, l'état de santé
- La religion, les convictions politiques ou activités syndicales
- Le sexe
- L'âge, le nom de famille, la situation de famille, la grossesse ou la maternité
- L'apparence physique

- Recherche de l'intérêt général

Lorsque l’intérêt personnel est mis en jeu dans le travail d’équipe, l’équipe ne sera pas
efficace, et l’intérêt général ne sera pas un objectif.

- Conduites inappropriées dans le cadre du travail collectif

L’intimidation, l’abus d’autorité, le harcèlement, l’inadaptation aux normes sociales ou


culturelles, les discriminations, relèvent d’une conduite inappropriée dans le cadre du
travail collectif. D’autres cas de comportements inappropriés sont plus délicats à
appréhender, notamment ceux qui concernent l’encadrement des stagiaires et doctorants
(par exemple, une supervision ou des conseils insuffisants ou inadaptés), l'utilisation
des résultats des étudiants et des chercheurs contractuels et enfin la gestion des
publications. Il est de la responsabilité du directeur du laboratoire de veiller au bon
comportement de ses membres et de s’appuyer, dans un premier temps, sur le règlement
intérieur du laboratoire pour gérer d’éventuels conflits.

III- Faire face aux dérives, adopter une conduite responsable

La rigueur de la démarche scientifique, la fiabilité des résultats de la recherche et


l’honnêteté de leur interprétation sont essentiels pour l’avancement de la connaissance et
pour garantir la confiance que le public accorde aux chercheurs et à la science en général.
Cependant, face aux pressions multiples auxquelles ils sont de plus en plus soumis, certains
chercheurs tendent à négliger ces valeurs et à adopter des comportements non conformes aux

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normes éthiques et déontologiques. Ces atteintes à l’intégrité scientifique touchent tous les
stades du processus de recherche. Si la majorité d’entre elles relève de conduites
inappropriées, quelques unes présentent un caractère frauduleux qui non seulement
décrédibilise les travaux de recherche mais nuit à l’image de l’institution et entraîne le plus
souvent la perte de confiance de la population dans l'utilité de la recherche scientifique.

III-1-Conduites irresponsables en recherche (les dérives)


Parmi les inconduites les plus marquantes il y a notamment :
- La fabrication de résultats qui consiste à inventer des résultats comme s'ils étaient
réels.
- La falsification, la contrefaçon, la manipulation du protocole de la recherche, la
modification des résultats du travail et l’exagération injustifiée en évaluant positivement
certains résultats, manipulation de données ou leur exclusion sans justification et
retouches d’images.
- Le plagiat qui s’appuie sur l'appropriation des données et des résultats d’autrui sans citer
leurs noms dans leur réalisation.
- La fausse déclaration des bénéfices potentiels (surestimation) et la dissimulation des
conflits d’intérêts.
- Le manquement aux principes de la propriété et aux droits d'auteurs dans les
publications scientifiques.
- La présentation intentionnellement trompeuse de résultats ou de travaux de concurrents.
- L’omission délibérée des contributions d’autres auteurs dans les références.
- Les indications incorrectes sur le stade d’avancement de la publication de ses propres
travaux.
- L’adjonction, par complaisance, aux listes de signataires, d’auteurs honorifiques ou
fantômes.
- L’omission dans la liste des auteurs de contributeurs ayant participé de manière
significative au projet.
- La mention, sans son accord, d’une personne en qualité de coauteur.
- Les délits mineurs occasionnels (négligence, imprudence ou absence de responsabilité
professionnelle…) ne sont pas considérés comme des inconduites et ne nécessitent pas
d’instructions officielles. Cependant, l’accumulation de tels délits peut conduire à des

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perturbations considérables dans la réalisation des travaux et au manque de confiance en


leurs résultats.
- Le traitement inapproprié des fautes, y compris les tentatives de couverture ou de
dissimulation d’une conduite irresponsable, et aussi la pénalisation du dénonciateur.

III-1-1- La fraude scientifique

La fraude peut être définie comme tout geste ayant pour fins de générer un gain au détriment
d’un tiers par l’usage de procédés trompeurs ou injustes. Plus spécifiquement, au sein de la
communauté scientifique, ce qui différencie la fraude de l’erreur commise de bonne foi ou des
biais en recherche tient au fait que la fraude dépend d’une action volontaire et intentionnelle,
faite en vue d’induire un tiers en erreur au détriment d’une réalité ou d’un fait scientifique.

Un consensus international définit la fraude scientifique comme une violation sérieuse


et intentionnelle dans la conduite d’une recherche et dans la diffusion de résultats, excluant
par là-même les erreurs de bonne foi ou les différences honnêtes d’opinion . La
communauté scientifique internationale s’accorde pour identifier trois grands types de
fraudes, connus sous l’acronyme FFP : la fabrication, la falsification et le plagiat.

- Falsification et fabrication de données

La falsification et la fabrication de données sont à l’origine des grandes fraudes


dévoilées ces dernières années. Ces fraudes sont considérées comme les plus graves car
elles sont la source de fausses informations qui peuvent biaiser des recherches
ultérieures. La fabrication consiste à l’invention de données, de documents originaux, de
méthodes ou de résultats, y compris les graphiques et les images comme s'ils étaient réels.
La falsification quand à elle consiste à la manipulation, la modification, l’embellissement et
l’omission de données, de documents originaux, de méthodes ou de résultats, y compris
les graphiques et les images. Par exemple, le cas où les chercheurs ne publient qu’une
partie des données dans le sens qui les arrangent, souvent après avoir fait des
arrangements avec le protocole d’étude.

- Fraudes aux auteurs

Les listes frauduleuses aux auteurs dans les publications comprennent les auteurs
fantômes qui ont réalisé tout ou partie du travail mais ne sont pas mentionnés, les
auteurs honorifiques qui n’ont pas significativement contribué au travail mais ont été

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invités comme auteurs en raison de leur prestige ou se sont invités en tant que patron, les
auteurs qui ont été éliminés malgré une contribution importante à l’article, les auteurs
qui ont été ajoutés pour favoriser leur carrière alors que leur contribution ne le mérite
pas.

- Plagiat

Le plagiat provient du latin plagiarius, celui qui vole l'esclave d'un autre ou vend une
personne libre. Il constitue une atteinte sérieuse à l’intégrité scientifique et affecte les
relations de confiance au sein de la communauté scientifique et entre les scientifiques et les
citoyens. Le plagiaire est celui qui s'approprie frauduleusement le style, les idées, les faits ou
les résultats d’autrui.

Le plagiat consiste à recopier des idées ou des passages entiers relevés dans des ouvrages ou
sur Internet et à les présenter comme ses propres idées. Il s’agit donc de voler les idées et/ou
les mots de quelqu’un d’autre et de se les approprier (de les présenter comme siens) . En
d’autres termes, plagier, c’est présenter comme étant le fruit de votre propre réflexion, tout ou
partie d’un texte, d’un graphique, d’un dessin, d’une analyse, alors que vous n’en êtes pas
l’auteur.

Sans recopier mot à mot un extrait, vous approprier un raisonnement, le développement d’une
idée ou une analyse en modifiant la formulation ou la présentation de ces données, relève
également du plagiat.

Article 3 de l’arrêté n° 933 du 28 juillet 2016 fixant les règles relatives à la prévention et la
lutte contre le plagiat : au sens du présent arrêté, il est entendu par plagiat, tout travail établi
par l'étudiant, l'enseignant chercheur, ou quiconque participe à un acte de falsification de
résultats ou de fraude revendiqués dans les travaux scientifiques ou dans n'importe quelle
autre publication scientifique ou pédagogique.

- Exemples de plagiat
- Copier textuellement un passage d’un livre, d’une revue ou d’une page Web sans le mettre
entre guillemets et/ou sans en mentionner la source.
- Insérer dans un travail des images, des graphiques, des données, etc. provenant de sources
externes sans indiquer la provenance.

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- Résumer l’idée originale d’un auteur en l’exprimant dans ses propres mots, mais en
omettant d’en indiquer la source.
- Traduire partiellement ou totalement un texte sans en mentionner la provenance.
- Réutiliser un travail produit dans un autre cours sans avoir obtenu au préalable l’accord de
l’enseignant.
- utiliser le travail d’une autre personne et le présenter comme le sien (et ce, même si cette
personne a donné son accord).

- Les différentes formes de plagiat en recherche

Le plagiat dans la recherche peut prendre plusieurs formes et présenter des degrés de gravité
variables. Le plagiat implique une volonté de tromperie et est une pratique incompatible
avec les principes d’intégrité scientifique.

Les plus fréquents des plagiats sont ceux dans lesquels un auteur s’approprie le texte
d’autrui sans le citer, ou encore s’attribue indûment les résultats, voire même les idées, de
collègues.

L’auto-plagiat (duplication), consiste pour son auteur, à recycler tout ou partie d’un
contenu déjà publié sans citer les sources. Cette pratique peut constituer une atteinte à la
déontologie dans le cas où le document ou les extraits réutilisés ont déjà fait l’objet d’une
publication, car ils ne respectent pas l’obligation de ne soumettre que des travaux
originaux. Les résultats d’un travail sont parfois saucissonnés en plusieurs parties pour
pouvoir multiplier le nombre d’articles.

- Principales causes du plagiat


- L’ignorance
- La mauvaise organisation et le manque de temps
- Les facilités offertes par l’ère numérique
- La difficulté du travail
- La mauvaise foi
- L’absence de sanctions
- La pression à la publication
- La soif de publications
- La tolérance.

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- Procédure pour éviter le plagiat involontaire


Il faut, dés la mobilisation d’une nouvelle référence :
 Noter la référence exacte sur laquelle on est en train de travailler en suivant
rigoureusement les règles de présentation bibliographiques, sur le support où l'on prend
ses notes.
 Utiliser un code couleur pour bien différencier ce qui fait partie de la référence et ce qui
fait partie de ses commentaires et pensées associées. Dans la mesure du possible,
toujours conserver sans reformulation la version originale d'une phrase, d'une
problématique, bien distincte par rapport à son propre résumé ou commentaire. Cela
évite d'oublier qui a écrit quoi.
 En faisant des citations 

Une citation est nécessaire dans les cas suivants:

- citation d’un auteur en rapportant mot à mot ce qu’il a dit ou écrit.


- traduction d’extrait d’un ouvrage publié dans une autre langue par soi-même.
- la paraphrase, c'est-à-dire, mettre dans ses propres mots, ce que quelqu'un d'autre a dit ou
écrit.
- intégration des photographies, images, données, statistiques, ou graphiques dans un
document.
1- Citation textuelle

Une citation s'écrit dans le corps du texte entre guillemets si elle n'est pas trop longue. Si elle
dépasse (environ) une ligne, mieux vaut aller à la ligne et insérer la citation toujours entre
guillemets. La référence du document cité doit apparaître sans ambigüité, plusieurs méthodes
existent, telles que la note de bas de page ou la mise entre parenthèses du nom de l’auteur,
l’année et la page à la fin de citation : «citation » (Nom Auteur, année, page).

En fin de document une bibliographie est obligatoire, elle doit lister tous les documents
utilisés avec leur référence complète rédigée selon les normes en vigueur.

Les citations doivent être reproduites avec fidélité. Il faut évitez de les corriger, d’en modifier
la ponctuation ou de souligner certains termes. Dans le cas de besoin d’éliminer des mots ou
des phrases au milieu d’une citation, il faut les remplacer par le signe (…).

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Exemple de citation avec note de bas de page

Comme le définit Jean-Pierre OLLIVIER « Le béton est un matériau polyphasique. Il est
composé d’une phase solide, d’une phase liquide et d’une phase gazeuse. Le solide est
constitué des granulats, des hydrates et des parties du liant non hydratées. La phase liquide est
1
la solution interstitielle et la phase gazeuse est un mélange d’air et de vapeur d’eau » …..

1 Jean-Pierre OLLIVIER. La durabilité des bétons : presse de l’école nationale des ponts et
chaussées, Paris 2008.P.53.

2- Citation d’illustration

Il est toujours préférable d’utiliser les illustrations dont l’origine est identifiée. On désigne par
illustrations les images, photos, schémas, tableaux etc. Toute illustration doit être
accompagnée d’une légende. Si l’illustration n’a pas été produite par les auteurs du support il
convient d’en indiquer la source. Celle-ci peut-être indiquée sous la légende de l’illustration
en note de bas de page ou bien dans une table des illustrations. La référence est rédigée selon
les recommandations des normes en vigueur et elle n’est pas rappelée dans la bibliographie
générale en fin de support.

Exemple avec note de bas de page

1
Description schématique d’un matériau poreux

1 Jean-Pierre OLLIVIER. La durabilité des bétons : presse de l’école nationale des ponts et
chaussées, Paris 2008.P.53.

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Exemple avec source indiquée sous l’illustration

Description schématique d’un matériau poreux

Jean-Pierre OLLIVIER. La durabilité des bétons : presse de l’école nationale des ponts et chaussées,
Paris 2008.P.53.

Exemple avec renvoi à la table des illustrations

Description schématique d’un matériau poreux [1] [1] renvoie à la


référence 1 dans la table des illustrations située en fin de support

 En utilisant la paraphrase

La paraphrase consiste à reformuler avec ses propres mots et ses propres phrases les écrits
d’une autre personne. Comme pour la citation la référence du document paraphrasé doit être
indiquée en note de bas de page. En fin de document la bibliographie doit lister tous les
documents utilisés avec leur référence complète.

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Exemple de paraphrase avec note de bas de page

Texte original

La quantité d’eau liquide dans le béton dépend à la fois de la structure poreuse du béton et de
l’humidité relative de l’air dans lequel il se trouve. La présence d’eau liquide dans les pores
du béton joue un rôle important dans les possibilités de transfert car elle favorise la
pénétration des espèces ioniques alors qu’elle s’oppose à la pénétration des gaz.

Texte paraphrasé

D’après Jean-Pierre OLLIVIER, l’humidité relative de l’air ambiant et la porosité du béton


ont une influence sur sa teneur en eau liquide. Celle-ci est un paramètre clé dans les
possibilités de transfert du fait qu’elle favorise la pénétration des espèces ioniques et s’oppose
1
à la pénétration des gaz.

1 Jean-Pierre OLLIVIER. La durabilité des bétons : presse de l’école nationale des ponts et
chaussées, Paris 2008.P.53.

 En faisant des renvois du texte vers la bibliographie

Lorsque des travaux d’autres personnes sont utilisés où ont inspirés le travail en dehors de la
citation ou de la paraphrase, ceux-ci sont indiqués comme suit :

Le texte concerné rédigé à partir de ces travaux est suivi d’un numéro qui correspond au
numéro du document utilisé et cité en bibliographie.

Exemple

Le béton armé est le matériau le plus utilisé en construction par excellence, depuis plus d’un
siècle, c’est un matériau souple d’emploi, économique et durable. L’utilisation d’armatures en
acier dans les zones tendues, en raison de la faible résistance à la traction du béton, permet de
concevoir des structures aux emplois divers. [2]

[2] renvoi à la référence numéro 2 dans la bibliographie qui figure à la fin du document.

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 En utilisant des références

Une référence à l'argumentation ou aux résultats d'un auteur est faite si la formulation exacte
de cette idée n’a pas d’importance, ou dans le cas où cette argumentation n’est pas centrale
par rapport au travail concerné.

Les références s'inscrivent directement dans le corps du texte à l'endroit où l'idée de l'auteur
est présentée ou juste à la fin de la phrase où l'idée est présentée. Si le nom de l'auteur est
mentionné par ailleurs dans le texte, la référence prend la forme (Nom auteur(s),
année). Exemple : Dans le domaine de la construction, il existe de nombreuses procédures de
renforcement ou de réparation des structures (Vizuete, 2000).

Si le nom de l'auteur n'est pas mentionné par ailleurs dans le texte, la référence prend la forme
Nom auteur(s) (année).

Exemple : comme le souligne Chai (1996), plusieurs ponts dont les piles étaient renforcées
avec des chemises en acier se trouvaient dans des régions ayant subi des secousses intenses
qui ont atteint une accélération maximale de 0,25 g. Aucun de ces piles ne semble avoir subi
de dommages importants.

 En indiquant systématiquement les sources bibliographiques utilisées 

A la fin d’un rapport, d’un mémoire, d’une thèse doit impérativement figurer la bibliographie
qui liste tous les supports utilisés : ouvrages, articles, sites web, normes, rapports etc.

La bibliographie est nécessaire, elle permet  non seulement d’éviter le plagiat involontaire
mais de donner la possibilité aux lecteurs du document de consulter la source utilisée par eux-
mêmes, de retrouver sans difficulté, dans l’ouvrage cité, l’extrait utilisé et à l’auteur
d’inscrire ces sources au moment où elles servent dans le travail, de sorte qu’il pourra de
nouveau y avoir recours dans le futur.

Les références bibliographiques doivent être complètes. Il faut donc préciser le nom de
l’auteur, le titre de l’ouvrage, l’année de publication, la maison d’édition, les numéros des
pages et tout autre élément pertinent d’identification.

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Recherche intègre et responsable

Exemple 

Calgaro J. et Lacroix R., "Maintenance et réparation des ponts" Presses de l’École Nationale
des Ponts et Chaussées, p.11-19, 1997.

- Sanction contre les plagiaires

Selon l’article 35 de l’arrêté n° 933 du 28 juillet 2016 fixant les règles relatives à la
prévention et la lutte contre le plagiat : tout acte de plagiat ayant un rapport avec les travaux
scientifiques et pédagogiques requis à l’étudiant dans les mémoires de licence, de master, de
magistère et thèse de doctorat, avant ou après sa soutenance, expose son auteur à l’annulation
de la soutenance ou retrait du titre acquis.

Selon l’article 36 de l’arrêté n° 933 du 28 juillet 2016 fixant les règles relatives à la
prévention et la lutte contre le plagiat : tout acte de plagiat en relation avec les travaux
scientifiques et pédagogiques revendiqués par l’enseignant chercheur, le chercheur permanent
lors des activités scientifiques et pédagogiques les mémoires de magistère et thèse de
doctorat, autres projets de recherche ou publication scientifique ou pédagogique constaté,
après soutenance ou la publication, expose son auteur à l’annulation de la soutenance ou
retrait du titre acquis ou à l’annulation ou retrait de la publication.

Selon l’article 38 du même arrêté, toute personne ayant subie des dommages par le fait du
plagiat constaté (le plagié), peut instruire en justice les auteurs du plagiat (les plagiaires).

- Détection du plagiat

C’est une démarche automatisée utilisant des logiciels de détection du plagiat. Ils effectuent
automatiquement une recherche systématique et exhaustive des similitudes et mesurent le taux
de copier-coller dans un travail. Ces logiciels vont de la simple comparaison de deux
documents, à la rechercher automatique de sources issues de l'Internet pour les plus
performants. Ils sont en mesure de traiter un nombre plus ou moins important de formats de
fichiers, tels que les fichiers Word et PDF.

Les logiciels de détection de plagiat peuvent être gratuits tels que : CopyTracker, Plagium,
Noplagia, ou payants comme Turnitin, Compilatio, Ephorus et Urkund.

Le logiciel commence par traiter le document à analyser afin de ne conserver que son
contenu textuel. Plusieurs modes de fonctionnement sont alors possibles :

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Recherche intègre et responsable

- Recherche de mots clefs dans le texte.


- Sélection d’un certains nombre de mots au hasard, qui seront ensuite recherchés.
- Sélection aléatoire de phases complètes (suite de mots).

La méthode la plus logique consiste à sélectionner au hasard des passages du texte à analyser
et soumettre ces passages aux différentes sources disponibles. Le texte ne sera pas
intégralement analysé, ce qui permet de gagner du temps. Si le texte sélectionné est retrouvé
dans une des sources, alors tout le texte sera vérifié par rapport à cette source. Tous les
extraits retrouvés à l’identique sont considérés comme plagiés.

Les sources de recherches sont de trois types :

- Internet : cette recherche, en fonction des logiciels peut se faire sur l’Internet public
(ouvert à tous) ou l’Internet clos (accessible sur abonnement).
- Contenu publié : Livres et revues accessibles sous format numérique.
- Base de documents ou de données du logiciel : Archives internes regroupant des travaux
d’étudiants, thèses, mémoires, exposés etc.

Plus la base de recherche sera importante, meilleure sera la qualité des résultats.

III-1-2- Conséquences de la fraude scientifique

En effet, la fabrication et la falsification des résultats et des données scientifiques font


obstacle au développement des connaissances, car on ne saurait faire progresser le
savoir en s’appuyant sur des bases manipulées, voire fausses. De plus, de telles
pratiques sont susceptibles d’induire de graves conséquences dans les domaines qui utilisent
les résultats de la recherche, en particulier dans la santé et l’environnement, dans
l’industrie, voire en économie. En revanche, le plagiat de travaux de recherche, lorsqu’il
reprend ce qui est connu, ne porte atteinte qu’à la personne plagiée et à la communauté
scientifique qui se trouve ainsi abusée.

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