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ENTRE LANGUE GÉNÉRALE ET LANGUE DE SPÉCIALITÉ UNE

QUESTION DE COLLOCATIONS

Raquel Silva et al.

Klincksieck | Ela. Études de linguistique appliquée.

2004/3 - no 135
pages 347 à 359

ISSN 0071-190X

Article disponible en ligne à l'adresse:


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http://www.cairn.info/revue-ela-2004-3-page-347.htm
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Silva Raquelet al., « Entre langue générale et langue de spécialité une question de collocations »,
Ela. Études de linguistique appliquée., 2004/3 no 135, p. 347-359.
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ENTRE LANGUE GÉNÉRALE


ET LANGUE DE SPÉCIALITÉ
UNE QUESTION DE COLLOCATIONS

Résumé : Le thème des collocations est aujourd’hui amplement étudié, aussi


bien dans ses divers cadres théoriques, visant une meilleure connaissance et sys-
tématisation des structures linguistiques de la langue générale, que dans ses
multiples applications, en particulier celles à des fins lexicographiques mais
aussi de traitement automatique des langues et en fonction de différents publics.
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Mais, lorsqu’il s’agit de chercher des collocations dans les dictionnaires ou
dans les bases de données terminologiques leur omission est quasi certaine. Ces
combinaisons lexicales spécialisées, comme les dénomment certains linguistes,
ne font que peu l’objet des considérations des terminologues dans la mesure où
ce ne sont ni des unités terminologiques ni des phraséologies de la langue de
spécialité. En effet, ces constructions particulières que nous désignerons par
collocations terminologiques, sont très fréquentes en langue de spécialité et pré-
sentent un intérêt évident dans un contexte d’apprentissage de langue de spécia-
lité, aussi bien en langue maternelle qu’en langue étrangère.

INTRODUCTION

Une collocation est, d’un point de vue strictement linguistique, une asso-
ciation entre morphèmes lexicaux présentant, entre eux, un phénomène
d’attraction motivé par un ensemble d’affinités combinatoires. Cette défini-
tion s’applique généralement aux collocations qui enrichissent abondam-
ment les articles lexicographiques des dictionnaires de langue générale.
Notre étude s’inscrit, ici, dans le cadre de recherches menées en
Terminologie et Terminologie Computationelle, à partir des Linguistiques
de Corpus et spécifiquement dans une perspective d’apprentissage de la
langue de spécialité en langue maternelle et en langue étrangère.
Le premier point permettra d’emblée d’établir certaines distinctions fon-
damentales entre les concepts de locution, expression et collocation. Le
second point présente une distinction importante entre unité terminologique
multilexémique et collocation terminologique et propose une définition pour
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ce néonyme. Les deux derniers points abordent l’utilité des collocations ter-
minologiques dans les dictionnaires de spécialité et présentent quelques
réflexions sur le rôle des collocations dans l’apprentissage d’une langue de
spécialité en langue maternelle et en langue étrangère.

1. LOCUTION, EXPRESSION ET COLLOCATION

Les linguistes s’accordent sur le fait qu’il existe en langue des combinai-
sons non libres. Là où règne le manque de consensus c’est lorsqu’il s’agit
de désigner et de définir ces réalités linguistiques. Du flou de cet apparent
manque de clarté conceptuelle s’ensuit pour les lexicographes la délicate
tâche de classer ces objets dans les microstructures des dictionnaires de
langue générale, offrant ainsi, selon les présupposés théoriques adoptés, une
panoplie de possibilités classificatoires de dictionnaire en dictionnaire.
Entre locution, expression et collocation au niveau de la langue générale,
subsistent des frontières parfois peu nettes, selon que l’on se trouve du côté
du lexicologue ou du lexicographe. D’un côté, le théoricien du lexique et de
ses structures, de l’autre le théoricien-praticien dont la vision pragmatique
l’oblige non seulement à adopter un type de pensée logique, afin de systé-
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matiser l’usage de désignations correspondantes à des concepts cachés der-
rière les structures de la langue, mais aussi, à adopter des critères classifica-
toires assez rigides, de manière à créer une nomenclature de dictionnaire
cohérente et des microstructures facilement interprétables. Souvent, le lexi-
cographe se verra dans l’obligation de prendre des décisions non envisagées
par le lexicologue, se retrouvant dans la situation « d’agitateur » de la
langue en incluant dans sa nomenclature des unités lexicales polémiques,
des néologismes ou en en retirant d’autres, son souci étant de tracer un por-
trait fidèle de l’état de langue qu’il est en train de décrire.
Du côté des combinaisons non libres, si l’on observe les préfaces et les
listes d’abréviations des dictionnaires de langue générale, on comprend que,
en général, la préoccupation de bien classer ces unités prédomine sur la pré-
occupation de les définir. Cependant certains lexicographes s’expriment en
conscience de cause : « Il faut distinguer ces exemples formés de mots libre-
ment choisis, des groupes de mots qui ne laissent aucun choix à la personne
qui parle ou qui écrit et que l’on appelle les locutions et les proverbes »
(Rey-Debove et Bellefonds, 1989 : X). De même, Rey nous dit : « […] un
lexique ne se définit pas seulement par des éléments minimaux, ni par des
mots, simples et complexes, mais aussi par des suites de mots convenues,
fixées, dont le sens n’est guère prévisible […]. Ces séquences, on les appelle
en général des locutions ou des expressions » (1993 : V). Et ajoute, à propos
de la définition de ces structures de la langue : « Définir ces unités, qu’il faut
apprendre comme on apprend la forme et le sens de tout signe, est une tâche
difficile. Mais les linguistes sont accoutumés à ces difficultés […] » (Ibid.).
L’étude théorique des combinaisons non libres fait amplement l’objet des
travaux connus et développés par Mel’čuk, traitant des choix lexicaux col-
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locationnels dans les habitudes langagières. Il définit syntagme non libre,
qu’il considère synonyme de phrasème et de locution, à l’inverse d’autres
auteurs, comme : « Un syntagme de L est non libre ou un phrasème si, et
seulement si, il ne peut pas être construit, à partir d’un contenu information-
nel donné, de façon régulière et non contrainte. En d’autres termes, un
syntagme non libre (= un phrasème) est un syntagme non compositionnel »
(2003 : 21). Nous reviendrons par la suite sur les questions sémantiques
liées aux combinaisons non libres.
Examinons alors de plus près quelques définitions. Retenons d’abord le trio
phraséologie, expression et locution d’après Rey. Nous vérifierons dans la
préface de son Dictionnaire des Expressions et Locutions sa préoccupation de
rendre claire la définition des concepts qu’il utilise. L’auteur place le concept
de phraséologie en tant que : « système de particularités expressives liées aux
conditions sociales dans lesquelles la langue est utilisée, c’est-à-dire à des
usages » (1993 : VI), en situation d’hyperonyme face aux concepts d’expres-
sion et de locution qu’il ne considère d’ailleurs pas synonymes, contrairement
à d’autres linguistes. La distinction que présente Rey à propos de ces deux
réalités linguistiques est, à notre avis, très pertinente et utile aussi bien aux
linguistes en général, qu’aux lexicologues et aux lexicographes, en particulier.
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Sinon voyons :
– locution : « unité fonctionnelle plus longue que le mot graphique, appar-
tenant au code de la langue (devant être apprise) en tant que forme stable
et soumise aux règles syntactiques de manière à mesurer la fonction d’in-
tégrant (au sens de Benveniste) » et, ayant recours à l’étymologie, il
ajoute : « Locution […] est exactement « manière de dire », manière de
former le discours, d’organiser les éléments disponibles de la langue pour
produire une forme fonctionnelle. C’est pourquoi on peut parler de
« locutions adverbiales » ou « prépositives », alors que ces mots gramma-
ticaux complexes ne seraient jamais appelés des “expression” » (Ibid.) ;
– expression : « manière d’exprimer quelque chose, elle suppose le plus sou-
vent le recours à une « figure », métaphore, métonymie, etc. C’est ici le
sémantisme, avec ses complexités, son jeu entre contenus originels et effets
de sens, qui est évoqué, plus que la forme linguistique… » (1993 : VI-VII).
Les locutions relèvent alors de deux catégories, l’une correspondant à des
groupes de mots formant une unité et ne pouvant pas être modifiée à
volonté, renfermant en particulier des groupes nominaux (ex. advogado do
diabo) et, l’autre, à des groupes de mots grammaticaux complexes, égale-
ment non modifiables, mais qui correspondent à des catégories linguistiques
bien établies comme par exemple : locution adverbiale (ex. como o diabo),
locution verbale (ex. mandar para o diabo), locution adjective (ex. pobre
diabo) 1, etc. Dubois généralise ainsi : « La locution est un groupe de mots
(nominal, verbal, adverbial) dont la syntaxe particulière donne à ces

1. Avocat du diable (loc. nom.) ; comme le diable (loc. adv.) ; envoyer au diable (loc. verb.) ;
pauvre diable (loc. adj).
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groupes le caractère d’expression figée et qui correspondent à des mots
uniques » (1994 : 289).
Quant aux expressions, leurs combinaisons linguistiques sont normale-
ment fixes, elles font partie de la langue depuis toujours, leurs sens ne sont
pas compositionnels et, comme pour les locutions, leurs portées culturelles
enrichissent la nomenclature des dictionnaires de langue générale (ex.
comer o pão que o Diabo amassou) 2. Il apparaît autour de la définition
d’expression un certain consensus, exception faite des désignations adop-
tées qui varient entre expression idiomatique « chacun des éléments linguis-
tiques qui la compose perd son sens individuel à la faveur d’un sens unique
pour l’expression, qui est souvent, mais pas toujours, figuré […] » (Roberts,
1996 : 182), idiotisme et combinaison figée.
Le concept de collocation est non moins problématique. Une collocation
n’est pas une combinaison libre d’éléments mais, selon certains auteurs,
comme Roberts, elle n’est pas non plus une combinaison totalement fixe au
même titre que les expressions. « Les combinaisons libres présentent l’usage
typique d’un mot dans une phrase et servent de modèles selon lesquels l’usa-
ger peut faire d’autres phrases, tandis que les collocations présentent l’asso-
ciation conventionnelle d’un mot avec un autre, une association que l’usager
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ne peut pas changer ou faire varier à son gré » (1996 : 189). On retiendra ici
l’aspect conventionnel réunissant les éléments qui composent la collocation.
L’importance attribuée aux aspects de cohésion entre unités lexicales est
exprimée par Costa de la manière suivante : « […] a colocação pode ser ana-
lisada numa perspectiva gramatical ou lexical, sendo a coesão, essência da
colocação enquanto entidade linguística, identificada pelas relações estabele-
cidas entre as diversas unidades lexicais » (2001 : 128) 3.
Mais, d’autres éléments sont fondamentaux pour mieux comprendre ce
concept, en particulier la notion de fréquence entre éléments qui forment la
collocation. On retrouve dans la définition de Dubois l’adjectif « habituelle »
rendant compte de cet aspect essentiel à sa caractérisation effective : « On
appelle collocation l’association habituelle d’un morphème lexical avec
d’autres au sein de l’énoncé, abstraction faite des relations grammaticales
existant entre ces morphèmes […] pain est en collocation avec frais, sec,
blanc, etc. Les mots sont cooccurrents » (1994 : 91). En effet, cette notion de
cooccurrence est fondamentale car elle montre que les collocations ne sont
pas morphosyntaxiquement fixes ou, du moins, bénéficient d’un degré de
figement inférieur à celui des locutions ou des expressions.
En ce qui concerne l’aspect sémantique, chaque élément composant la
collocation garde son sens individuel, même si le sens d’un élément est

2. Tirer le diable par la queue (expr.)


3. « […] la collocation peut être analysée dans une perspective grammaticale ou lexicale, la
cohésion étant l’essence de la collocation en tant qu’entité linguistique, identifiée par les relations
établies entres les diverses unités lexicales. »
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limité par celui de l’autre : « Les collocations sont généralement définies
comme des groupements semi-compositionnels. Le sens d’un des éléments,
la base ou le mot clé, demeure inchangé ; en revanche, le collocatif acquiert
un nouveau sens au sein du groupement. Les collocations trouvent ainsi leur
place entre les expressions figées (qui sont non compositionnelles) et les
combinaisons libres (qui sont tout à fait compositionnelles) » (L’Homme,
1998 : 516). L’élément à sens compositionnel, la base, sélectionne donc
l’élément dont le sens n’est pas compositionnel, le collocatif. Utilisant la
terminologie de Hausmann, il s’agit de combinaisons polaires ; pour
Mel’čuk le premier lexème est appelé mot clé et le second élément de la
valeur de la fonction lexicale. Du point de vue lexicographique ce type
d’analyse ira déterminer sous quelle entrée apparaîtra la collocation.

2. UNITÉ TERMINOLOGIQUE MULTILEXÉMIQUE ET COLLO-


CATION TERMINOLOGIQUE

En Terminologie, de plus en plus d’études se penchent sur la distinction


de concepts aux frontières linguistiquement proches tels que collocation et
phraséologie. En effet, l’essor du traitement automatique des langues,
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appliqué aux langues de spécialité a obligé les terminologues à pousser plus

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loin l’observation des structures morphosyntaxiques des unités terminolo-
giques, forçant à regarder au-delà de la simple équation : concept et déno-
mination égal terme.
Jusqu’à l’avènement de la Terminologie Computationelle, à la fin du
XXe siècle, le terme, en tant qu’unité linguistique spécialisée, est au centre des
débats terminologiques. Des travaux font ressortir que quelques catégories
grammaticales semblent être privilégiées pour ce qui est de la formation des
unités terminologiques, surtout la catégorie nom, mais pas uniquement.
Comme le souligne Depecker : « Les terminologies ne sont cependant pas
constituées que de noms. Dans les langues indo-européennes, verbes, adjec-
tifs et adverbes peuvent être fréquents selon les domaines » (2001 : 138).
Alors, en plus des études portant sur les catégories propices à la formation de
termes (nom, verbes, adjectifs et adverbes), s’amorcent aussi les recherches
sur la structure interne des unités terminologiques 4, puis sur les combinaisons
larges ou plus restreintes au sein des langues de spécialité (Lsp). De surcroît,
le niveau d’analyse morphosyntaxique – parfois réduit au rôle de microcon-
texte du terme et jusqu’alors dans l’ombre, en faveur des niveaux sémantique,
morphologique, pragmatique et conceptuel – se retrouve au premier plan.
Après avoir traité, dans le point antérieur, les concepts de locution,
expression et collocation en langue générale, il nous semble utile mainte-
nant d’aborder une autre distinction assez problématique en Lsp, celle

4. Voir étude sur les expressions nominales complexes pour la Terminologie de l’Économie
monétaire en langue portugaise in Costa (1993) – Terminologia da Economia Monetária.
Relações conceptuais e semânticas numa sistemática terminológica e lexicográfica, Tese de
Mestrado, Universidade Nova de Lisboa.
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d’unité terminologique multilexémique et de collocation terminologique.
Selon Costa, les unités terminologiques multilexémiques sont : « […] todas
as unidades terminológicas nominais que são constituídas por, no mínimo,
dois lexemas ou unidades monolexémicas separados por um espaço em
branco, resultando as suas combinatórias morfolexémicas e sintácticas
numa denominação » 5 (2001 : 147), c’est-à-dire des unités linguistiques
complexes, composées au minimum par deux lexèmes et dont la combinai-
son morphosyntaxique totale a pour fonction de dénommer un concept. De
son côté, la collocation, de part la diversité de définitions qu’elle présente
en fonction des orientations théoriques adoptées, semble un concept bien
plus difficile à cerner. L’Homme (1998 : 514) distingue collocations de
combinaisons lexicales spécialisées CLS, définissant les premières de
« groupements de nature générale » et les secondes comme « groupements
spécialisés ». Dans notre ligne de réflexion, nous proposons, au lieu de
CLS, l’utilisation du néonyme collocation terminologique, moins porteur
d’ambiguïté. Observons de suite ses éléments définitoires.
Les collocations terminologiques 6 peuvent, du point de vue morphosyn-
taxique, présenter deux cas de figure :
a) soit elles sont constituées par deux lexèmes, l’un possédant le statut de
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terme mono ou multilexémique et l’autre celui de non-terme (optimizar a

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dose) 7 ;
b) soit elles sont constituées par deux lexèmes, dont les deux peuvent être des
termes mono ou multilexémiques (diagnosticar massas pancreáticas) 8.
Dans ce dernier cas, le spécialiste identifie le concept auquel renvoie l’un
des lexèmes qui a le statut d’unité terminologique et qui dans un certain
contexte syntagmatique attire un autre lexème qui peut être lui aussi termi-
nologique. Ce qui réunit a) et b) c’est que la totalité de la construction
morphosyntaxique ne renvoie ni dans un cas ni dans l’autre à des unités
terminologiques, résultant ainsi dans des non-termes, puisque aucune des
collocations terminologiques ne renvoie à un seul concept. Cependant, dans
les cas où la relation de dépendance entre les éléments de la construction,
qui au départ était une simple collocation terminologique, se solidifie, il
s’opère alors un changement motivé par l’acquisition d’un degré bien plus
fort de cohésion lexicale entre éléments, faisant perdre à la collocation ter-
minologique son statut pour prendre celui d’unité terminologique. Certaines
structures comme N + Prep + N (interpretação de imagem), N + Adj (radio-

5. « […] toutes les unités terminologiques nominales qui sont constituées par au moins deux
lexèmes ou unités monolexémiques séparés par un espace en blanc, dont les combinatoires mor-
pholexémiques et syntaxiques résultent dans une dénomination. »
6. Voir étude sur les collocations verbales dans Costa, Rute ; Silva Raquel (2004) – « The Verb
in the Terminological Collocations Contribution to the Development of a Morphological Analyser
MorphoComp », IV International Conference on Language Resources and Evaluation – LREC
2004, Centro Cultural de Belém, ELRA, Centro de Linguística da Universidade Nova de Lisboa
CLUNL (L.I.2).
7. Optimiser la dose.
8. Diagnostiquer des masses pancréatiques.
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grafia digital) ou V + N (medir a febre) 9
qui, dans un premier temps, pou-
vaient être considérées comme des collocations terminologiques assument
aujourd’hui, au sein de la langue médicale, le statut d’unités terminolo-
giques complètement stabilisées, qui font l’objet d’entrées dans les diction-
naires spécialisés.
En réalité, la problématique sous-jacente à la distinction de ces désigna-
tions réside dans la difficulté à identifier clairement les unités linguistiques
auxquelles chacune renvoie. En effet, les frontières qui distinguent les syn-
tagmes sur lesquelles s’exerce un fort degré de cohésion, de ceux sur les-
quels le degré de cohésion est moindre et les syntagmes libres ne sont abso-
lument pas simples à définir. Les différences que l’on peut relever entre
unités terminologiques et collocations terminologiques sont, au premier
abord, d’ordre conceptuel. Les premières ont sans équivoque une fonction
dénominative, alors que les secondes réunissent syntagmatiquement un
ensemble de constituants, dont l’un ou un groupe exerce un pouvoir d’at-
traction morphosyntaxique et/ou sémantique sur l’ensemble des autres
constituants qui composent la collocation. L’Homme l’explique en d’autres
termes : « les lexèmes […] sont attirés l’un vers l’autre en fonction d’un
consensus établi au sein d’un groupe linguistique et non en raison des
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propriétés linguistiques régulières des unités lexicales qui les composent »

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(1998 : 514). D’après l’auteur, quant à la classification de ce type de struc-
tures, normalement le terme assure le rôle de base ou mot clé car c’est
autour de son concept que sont réunies les CLS ou collocations terminolo-
giques. En contexte de langue de spécialité, l’unité terminologique est faci-
lement identifiable à travers le concept qu’elle véhicule. Par conséquent, les
dénominations sont, dans leur essence, des termes qui désignent des
concepts spécialisés dans différents domaines de connaissances et qui théo-
riquement, sont communs aux individus qui forment une communauté de
communication spécialisée.
D’autre part, en ce qui concerne la relation collocation de langue géné-
rale et collocation terminologique, du point de vue strictement linguistique,
les similitudes sont apparemment grandes. Mais cherchons plutôt leurs
spécificités :
Au niveau sémantique : la collocation produit un sens en langue géné-
rale ; c’est une combinaison à sens semi-compositionnel car : « le sens d’un
des éléments, la base ou le mot clé, demeure inchangé ; en revanche, le
collocatif acquiert un nouveau sens au sein du groupe » (L’Homme, 1998 :
516) et dont le collocatif est sélectionné en fonction de la base, impliquant
ainsi, selon Mel’čuk, la notion de fonction lexicale qui associe à chaque
relation base/collocatif un sens très général et un rôle syntaxique profond ;
la collocation terminologique produit un sens en Lsp, elle peut être à sens
semi-compositionnel (ex. imagem em anel) ou totalement compositionnel

9. N + Prep + N interprétation de l’image ; N + Adj radiographie digitale ; V + N prendre la


fièvre.
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(ex. imagem cardíaca) 10, dans ce cas, le sens global correspond au cumul
des sens des composants.
Au niveau morphosyntaxique : la collocation se construit syntaxique-
ment autour d’un mot clé appelé base et de mots satellites appelés colloca-
tifs ; la collocation terminologique contient forcément un terme (en général
un nom) et un cooccurrent, mais ce cooccurrent peut aussi être un terme
(verbe, adjectif, adverbe, nom). Quant elle se compose d’un seul terme
celui-ci assume le statut de concept clé de la collocation terminologique. En
présence de deux termes cette polarité se disperse.
Au niveau lexicographique et terminographique : la collocation sera
classée en principe sous l’entrée correspondante à la base, à peu près dans
cet ordre : nom, verbe, adjectif, adverbe ; la collocation terminologique
pourra se trouver à plusieurs endroits, soit sous le seul terme qu’elle
contient, soit sous les deux, quant elle en contient deux. Mais elle peut aussi
constituer une entrée à elle seule, puisqu’elle forme un bloc syntagmatique
qui, dans une perspective d’apprentissage, devra être appris comme un tout.

3. DE L’UTILITÉ DES COLLOCATIONS TERMINOLOGIQUES


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DANS LES DICTIONNAIRES DE SPÉCIALITÉ

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Les dictionnaires de langue générale renferment dans leurs nomencla-
tures de riches inventaires de syntagmes non libres, appliquant des critères
classificatoires variables selon les définitions adoptées pour référer ces
objets (locutions, expressions, collocations) et ceci de dictionnaire en dic-
tionnaire. Hormis cette diversité, dont il faut s’informer au préalable, en tant
qu’utilisateur, en abordant les préfaces des dictionnaires comme des
« modes d’emplois », l’importance de dictionnairiser ces structures de la
langue apparaît comme une évidence car : « On dit très souvent que
l’homme parle avec des mots ; cela présuppose que, pour bien parler une
langue, il suffit d’en posséder le lexique (= mots) et la grammaire (= la syn-
taxe + la morphologie). Or c’est faux : le lexique et la grammaire sont
nécessaires mais très loin d’être suffisants » (Mel’čuk, 2003 : 21).
En effet, les travaux de Mel’čuk sur les choix lexicaux collocationnels
démontrent que des paramètres tels que la fréquence d’utilisation des
collocations, en tant que combinaisons lexicales originales créées par des
habitudes langagières, et la qualité de leur usage, c’est-à-dire l’adéquation au
discours, déterminent la différence entre un locuteur natif et un locuteur non-
natif. Ce dernier est passé par un processus d’apprentissage de la langue
dont, souvent, il a dû apprendre par cœur certaines structures collocation-
nelles, puisqu’on ne peut pas les produire en appliquant des règles prédéfi-
nies en langue. D’où l’importance de recenser systématiquement les collo-
cations dans les dictionnaires, qu’ils soient monolingues ou bilingues.

10. Image en anneau (Med.) ; image cardiaque (Med.)


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Regardant du côté de la Terminologie et face aux caractéristiques des
langues de spécialité, la démarche semble identique. De l’importance des
collocations terminologiques au sein des discours technico-scientifiques nul
ne doute ; l’abondance des matières scientifiques dernièrement parues sur la
phraséologie ou les combinatoires lexicales spécialisées, en Terminologie,
démontrent l’intérêt des terminologues pour d’autres réalités que le terme.
Reste à les convaincre aussi de l’intérêt d’introduire ces syntagmes termino-
logiques dans les dictionnaires, les bases de données terminologiques ou
autres supports télématiques. Nous connaissions, jusqu’à présent, l’impor-
tance et l’utilité des répertoires terminologiques, quelles que soient leurs
formes : dictionnaires, thésaurus ou bases de données où les unités termino-
logiques sont définies et les systèmes conceptuels structurés de manière à
servir un large public de professionnels tels que les terminologues, les
traducteurs, les rédacteurs techniques, les documentalistes, ainsi que les
spécialistes des domaines terminologiquement explorés. Il semble donc
important d’attirer l’attention de tous ces publics, mais en particulier celle
des spécialistes soucieux de s’exprimer sur leurs domaines de spécialité, sur
l’importance de maîtriser aussi d’autres structures comme les collocations
terminologiques, outre les unités terminologiques.
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Alors, pourquoi ne trouve-t-on pas ou très rarement des collocations ter-

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minologiques dans les dictionnaires de spécialité ? Tout d’abord, au même
titre que les collocations de la langue générale, les collocations terminolo-
giques existent en grande quantité dans les Lsp et sont extrêmement diffi-
ciles à délimiter. D’un autre côté, au contraire des collocations de la langue
générale, la vérification des collocations terminologiques ne peut être
sérieusement effectuée sans l’avis précieux du spécialiste de l’activité en
question. En effet, si pour le repérage des termes l’aide du spécialiste est
importante, dans ce cas elle est vraisemblablement indispensable. À ces
difficultés s’ajoute le problème du choix des collocations terminologiques
et de leurs représentations lexicographiques quant à la classification et à
l’arrangement au niveau des nomenclatures, mais aussi des microstructures.
Les méthodologies actuellement développées en Terminologie, surtout
celles d’orientations textuelles où les corpus assument un rôle prépondérant
dans l’organisation des connaissances spécialisées, alliées aux progrès de la
Terminologie computationelle en matière de développement de logiciels
pour l’extraction de terminologies, où critères linguistiques et statistiques
vont de plus en plus de paire, devraient être de grande utilité au traitement
des collocations terminologiques, en particulier pour la phase du repérage et
de la sélection. Reste, du point de vue de la représentation lexicographique,
à réfléchir sur de nouvelles conceptions de dictionnaires à finalités termino-
logiques mais non exclusivement focalisés sur l’unité terminologique, de
manière à donner un statut à d’autres structures linguistiques présentes dans
les Lsp telles que les collocations terminologiques.
De fait, nous pensons que la maîtrise d’une Lsp, aussi bien en langue
maternelle qu’en langue étrangère, passe non seulement par l’apprentissage
de sa terminologie, mais aussi par l’apprentissage des structures qui la
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composent, comme les collocations terminologiques. À la différence de ce
qui se passe pour les collocations de la langue générale, produites de manière
inconsciente en ayant recours à la mémoire des natifs, les collocations termi-
nologiques ne sont pas immédiatement disponibles dans leur mémoire, le pro-
cessus d’apprentissage se fait consciemment. Il semble alors clair que les tra-
ducteurs, rédacteurs techniques et autres spécialistes utilisateurs des
terminologies, dans leurs champs professionnels, ne peuvent exercer leurs
activités avec rigueur sans la maîtrise des structures de la langue de spécialité.

4. RÉFLEXIONS SUR LE RÔLE DES COLLOCATIONS DANS


L’APPRENTISSAGE D’UNE LANGUE DE SPÉCIALITÉ (LSP)
EN LANGUE MATERNELLE ET EN LANGUE ÉTRANGÈRE

Parler aujourd’hui de l’observation des structures figées ou semi-figées


dans une langue de spécialité montre une évolution certaine en Termino-
logie. En effet, si l’on remonte aux années 80, vingt ans écoulés sur une
période où les débats avaient une incidence particulière sur les fondements
théoriques de la Terminologie, on se rappellera certainement des réflexions
théoriques autour d’un concept aussi problématique que celui de « langue
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de spécialité ». Des auteurs comme Kocourek (1982), Rey (1983), Rondeau

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(1984) et Lerat (1988), entre autres, ont apporté leurs contributions au débat
sur la distinction entre langue générale et langue de spécialité, les uns adop-
tant des positions parfois radicales et d’autres des positions plus modérées.
On peut notamment lire chez Lerat, citant Wüster, « seules les dénomina-
tions des concepts, le vocabulaire, importent dans les terminologies, et non
pas la morphologie et la syntaxe. Les règles qui s’y appliquent peuvent être
tirées de la langue générale. » (1988 : 22), laissant ainsi l’idée véhiculée
depuis Wüster que ce qui différencie la langue de spécialité de la langue
générale est à peine d’ordre lexical et que du reste, s’agissant d’un seul et
unique système, elles partagent les mêmes règles de fonctionnement syn-
taxique et de formation morphologique.
Or, par exemple, des travaux actuellement en cours sur la langue de la
Médecine 11, portant sur la construction morphologique de certains termes
médicaux 12, sur les réseaux synonymiques terminologiques 13 ou encore sur
les spécificités morphosyntaxiques liées aux comportements du verbe dans
les collocations terminologiques 14, dans un corpus médical, laissent entre-
voir des particularités spécifiques au fonctionnement de cette langue de
spécialité. C’est pourquoi nous défendons l’inclusion des structures comme
les collocations terminologiques dans les dictionnaires à caractère termino-
logique. En effet, la compilation des collocations terminologiques dans un

11. Centro de Linguística da Universidade Nova de Lisboa, Unité de Recherche en Lexicologie,


Lexicographie et Terminologie.
12. Développé par Silva, Raquel (Thèse de Doctorat en cours).
13. éveloppé par Lino, Maria Teresa et Contente, Madalena.
14. Développé par Costa, Rute et Silva, Raquel – Project MorphoComp.
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357
dictionnaire de langue médicale pourra être utile à différents publics, aussi
bien à des étudiants de Médecine qu’à des spécialistes, à des terminologues
ou encore à des traducteurs.
Partant alors de l’idée que les Lsp peuvent comporter des mécanismes lin-
guistiques qui leurs sont propres, elles doivent être apprises au même titre
que l’on apprend les mécanismes de la langue générale, mais peut-être en
adoptant une démarche proche des méthodes utilisées pour l’apprentissage
des langues étrangères. En effet, les processus d’acquisition d’une Lsp sont
variables en fonction de la situation d’apprentissage et du profil linguistique
de l’apprenant. Lorsqu’il s’agit d’apprendre une Lsp dans sa langue mater-
nelle, l’apprenant se retrouve, a priori, à son avantage puisqu’il maîtrise le
code dans lequel se fera le transfert des savoirs scientifiques et/ou techniques
et ceci parce qu’il a tout au long de sa vie développé, dans sa langue mater-
nelle, toutes ses compétences langagières, mais aussi, tous les automatismes
et toutes les intuitions de la langue qui est la sienne. Cet avantage certain
n’enlève rien au fait que parfois, dans l’apprentissage d’une Lsp telle que la
langue médicale, l’apprenant se retrouve face à des contraintes similaires à
celles d’un apprenant de langue étrangère. Il ne consolidera ses connais-
sances terminologiques qu’à mesure qu’il progressera dans sa spécialisation.
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L’autre situation est celle d’apprendre une Lsp dans une langue étrangère.
L’apprenant qui se trouve dans cette situation fait normalement, au préa-
lable ou en simultané, un apprentissage conscient, réfléchi et systématisé de
la langue étrangère en cause car, comme le mentionne Rey-Debove, il sait :
« beaucoup de choses sur le monde (connaissances et culture), maîtrise
moins bien l’oral que l’écrit (à la différence des francophones) et ne pos-
sède pas les automatismes hérités de la langue maternelle » (1999 : XI). Il
connaît d’ailleurs souvent mieux que l’apprenant natif les mécanismes
internes de la langue maternelle de celui-ci, mais face à une Lsp en langue
étrangère, comme la langue de la médecine, pour reprendre cet exemple, il
se retrouve doublement en situation d’apprenant d’une langue étrangère,
l’une générale et l’autre spécialisée. Nous pouvons alors en déduire que,
pour le premier cas comme pour le second, le parcours des deux apprenants
face à la même Lsp sera donc proche du processus adopté par un apprenant
face à une langue étrangère. Il faut néanmoins prendre en compte les
bagages linguistiques et encyclopédiques du premier comme du second. Le
code de la langue de spécialité, c’est-à-dire l’ensemble de ses structures
morphosyntaxiques, lexicales et sémantiques sont aussi bien inconnues de
l’un comme de l’autre, si l’on considère que les deux individus se trouvent à
des stades équivalents d’apprentissage de la langue de spécialité.
En guise de conclusion, nous soulignerons que l’apprentissage d’une
langue de spécialité présuppose des méthodes adaptées aux objectifs des
apprenants, tout en tenant compte de leurs connaissances encyclopédiques
ainsi que de leurs compétences linguistiques, aussi bien en langue maternelle
qu’en langue étrangère. Les outils que la Terminologie peut leur proposer,
dans le cadre d’une Lexicographie spécialisée d’apprentissage, doivent
prendre en considération ces critères et présenter des descriptions extrême-
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ment complètes sur toutes les structures de la langue de spécialité. Cela nous
permet à nouveaux d’insister sur le rôle des collocations terminologiques
dans la conception de ces outils pour l’apprentissage des Lsp. À la différence
des dictionnaires de langue générale qui sont, soit pour des apprenants natifs
soit pour des non-natifs, un dictionnaire de langue médicale 15 peut, par
exemple, s’adapter aussi bien à l’un qu’à l’autre, bien que les deux aient des
parcours d’apprentissage différents, comme nous l’avons vu, puisque le pre-
mier le fait depuis sa langue maternelle et le second dans une langue étran-
gère. On peut aider l’apprenant non-natif en introduisant dans le dictionnaire
les équivalents terminologiques dans sa langue maternelle, ce qui lui permet-
tra de faire un détour d’apprentissage, au lieu d’entrer en Lsp par la langue
étrangère, il peut y accéder par sa langue maternelle, à travers les équivalents
puis, dans un second temps, refaire la trajectoire vers la langue de spécialité
en langue étrangère ou encore, à partir de là, développer de nouvelles straté-
gies d’apprentissage pour pénétrer dans les réseaux notionnels que lui offre
le dictionnaire. Pour le natif, les équivalents ont une valeur encyclopédique,
mais aussi didactique puisque cela lui permettra, par exemple, de pouvoir
lire des textes médicaux en langue étrangère.
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NOTES CONCLUSIVES

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Il nous paraît évident que le champ de travail ici à peine ébauché présente
déjà un intérêt particulier pour les lexicographes. Nous nous sommes attachées
à observer que les études reposant sur les combinaisons non libres sont surtout
d’ordre lexicologique et lexicographique, que leurs traitements dictionnai-
riques sont variables, en fonction des critères de descriptions linguistiques et
lexicographiques adoptés par les différents dictionnaires de langue générale.
Mais, l’intérêt qui motive cet article est surtout d’ordre terminologique. Il
s’agit de démonter que des phénomènes linguistiques aussi complexes que le
traitement des collocations en langue de spécialité présentent également des
particularités intéressantes, basées essentiellement sur l’identification, le
fonctionnement et le traitement terminographique d’autres réalités linguis-
tiques que le terme, comme les collocations terminologiques. Ceci nous
permet, à plus forte raison, d’insister sur l’importance des collocations
terminologiques dans les nomenclatures des dictionnaires ou bases de don-
nées à finalités terminologiques et, cela, en fonction de différents types de
publics, aussi bien pour des spécialistes que pour des non-spécialistes et qu’ils
soient apprenants natifs ou non-natifs de la langue de spécialité en question.

Raquel SILVA, Rute COSTA, Fátima FERREIRA


Universidade Nova de Lisboa – CLUNL
Unité de Recherche – Lexicologie, Lexicographie et Terminologie

15. Développé par Lino, Maria Teresa - Projet TERMEDICA.


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359
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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