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Imp. Simon Raçon et comp., La Nature - Revue des sciences, Paris, 1873
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LA FAUNE
DES PROFONDEURS DU LAC
LÉMAN.
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espèces. Le nombre de ces débris est énorme et M. Forel
évalue de 5 à 10 mille les fragments de carapaces
d’entomostracés, qu’il a ainsi tamisés dans un litre de
limon.
Cette abondance de débris organiques peut expliquer la
richesse en produits azotés et phosphatés de certaines
marnes et argiles employées en agriculture comme
amendements.
La faune qui vit dans les profondeurs des lacs est
soumise aux conditions de milieu suivantes :
1° Les animaux sont dans l’impossibilité de venir respirer
à la surface de l’air en nature ; 2° L’eau est rarement pure,
le plus souvent troublée par les eaux glaciaires en été,
torrentielles pendant le reste de l’année ; ces eaux, gagnant
le niveau correspondant à leur densité, forment des couches
horizontales troubles, dont le limon se dépose lentement
dans les plus grandes profondeurs ; 3° Température très-
basse de 5, 6, 7 ou 8° suivant les lacs et suivant les années ;
4° Température constante sans variations diurnes ou
annuelles ; 5° Lumière nulle ou très-faible. À l’aide de
procédés photographiques M. Forel a prouvé qu’en été, à
Morges, la lumière n’influence plus le chlorure d’argent à la
profondeur de 50 mètres ; 6° Repos presque absolu. Les
vagues ne remuent plus, le fond et les courants du lac sont
très-faibles. Le plus fort courant mesuré par M. Forel
marchait à raison de 12 mètres par minute ; 7° Pression
considérable à raison d’une atmosphère par 10 mètres
d’eau ; 8° Flore presque annulée. Au delà de 25 mètres il
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n’y a plus traces de plantes vertes. Encore quelques algues
violettes et un très-grand nombre de belles diatomées.
Dans ces conditions vivent les animaux appartenant à
tous les types et presque à toutes les classes, depuis les
vertébrés représentés par les poissons, jusqu’aux
protozoaires représentés par les infusoires.
M. Forel a étudié aussi la faune des lacs de Neuchâtel,
Zurich, Constance (Bodeusee et Untersee). Quelques
sondages dans chacun de ces lacs lui ont permis de
constater, sinon l’ensemble des espèces, du moins un assez
grand nombre d’animaux analogues pour qu’il puisse
avancer que dans les autres lacs suisses la même faune
profonde se retrouve à peu près dans les mêmes conditions.
Voici les conclusions que formule M. Forel :
1° Il y a dans les lacs trois faunes distinctes : La Faune
littorale ou faune des rivages, allant jusqu’à 15 ou 20
mètres de fond. La faune profonde, allant de 20 à 25 mètres
jusqu’à 300 mètres et plus. La Faune pélagique ;
2° Toutes les formes de la faune littorale ne se retrouvent
pas dans la faune profonde ;
3° Toutes les formes de la faune profonde ont leurs
similaires ou leurs analogues dans la faune littorale. Les
modifications qu’on trouve dans les types des profondeurs
semblent une adaptation au milieu ;
4° Il n’y a pas dans la faune profonde de différences
horizontales. Au même niveau, la faune est la même à
Villeneuves et à Morges ;
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5° En fait de différences verticales en suivant la
profondeur, l’on peut remarquer que quelques (deux ou
trois) espèces, que l’on connaît entre 30 et 100 mètres n’ont
pas été retrouvées à 300 mètres, mais que tous les types de
300 mètres se retrouvent entre 30 et 100 mètres ;
6° Différences locales assez fortes. En certaines places
sont des bancs de coquilles d’œufs, de carapaces de
crustacés ;
7° Différences suivant les saisons assez importantes pour
quelques groupes (larves d’insectes) ;
8° La faune profonde étant la mieux déterminée entre 30
et 60 mètres, c’est à cette profondeur qu’il convient de
l’étudier ;
9° En comparant la faune des différents lacs, l’on
reconnaît que les caractères généraux des faunes profondes
sont les mêmes ;
10° Que les caractères spéciaux varient pour quelques
types dans les différents lacs.
En terminant, M. Forel insiste sur l’intérêt que présentera
l’étude des modifications spécifiques dans les différents
lacs qui ont dû servir de centre de formation particulière
depuis l’époque glaciaire, et dans lesquels les espèces ont
dû se modifier isolément pour s’adapter au milieu depuis un
temps relativement assez court [1].
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1. ↑ Archives des sciences physiques et naturelles. — Genève, 1873.
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