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1. Introduction
La Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED, 1992)
tenue à Rio en 1992 définit la désertification comme étant « la dégradation des sols dans les régions
arides, semi-arides et subhumides sèches, par suite à divers facteurs comprenant les variations du climat
et les activités humaines » (Fozooni, 2012 ; Vieira et al, 2015 ; Bouabid et al, 2016 ; Lahlaoi et al, 2017 ;
Boudjemline et al, 2018 ; Eun Jung et a., 2019). Au Maroc la désertification affecte environ 90% de la
superficie du territoire national (Ghanam, 2003). Ce phénomène s’est accéléré dans les zones où le climat
est aride et les sols sont vulnérables à la dégradation (Mokhtari, 2016). En effet la désertification a des
conséquences néfastes sur l’environnement, l’économie et la qualité de vie des populations (Plaiklang et
al, 2020).
Le présent travail vise la spatialisation et la quantification de la sensibilité à la désertification dans
le bassin versant du Haut Ouergha, par l’application de l’approche MEDALUS (Mediterranean
Desertification and Land Use). Cette approche a été réalisée dans le cadre du projet MEDALUS de la
Commission européenne 1999, pour évaluer la sensibilité à la désertification dans les régions
méditerranéennes (Cherif Benabderrahmane et al, 2010 ; Vieira et al, 2015). Elle a été également
appliquée dans d’autres régions du monde telles que le Cap Vert, l’Iran et le Brésil (Mokhtari, 2016).
L’approche MEDALUS intègre les paramètres les plus déterminants dans la désertification, à savoir : les
indicateurs physiques (qualité du sol), environnementaux (qualité de la végétation), climatiques (qualité
du climat) et sociaux (qualité de la gestion) (Ait Lamqadem et al, 2018). Les outils SIG ont été utilisés
dans l’analyse et la combinaison des facteurs qui interviennent dans la détermination de la sensibilité à la
désertification.
2. Zone d’étude
Le présent travail concerne le bassin versant du Haut Ouergha, qui fait partie du Rif central,
Maroc (fig. 1). Il s’étend sur une superficie d’environ 232 km² et occupe la partie sud-est du grand bassin
versant d’Ouergha. Administrativement, il appartient à la province de Taounate et englobe les communes
rurales de Bni Oulid, Kaf El Ghar, Fennassa Bab El Hit, Tamedit et Bni Ounjel Tafraout.
Le bassin du Haut Ouergha constitue un milieu vulnérable à la dégradation. Il se caractérise par la
dominance des formations lithologiques tendres (marne, flysch…) et facilement érodables. La
topographie est marquée par des versants très pentus (>30%) et mis en culture. Le couvert végétal naturel
est fortement dégradé suite aux activités anthropiques inappropriées. Ainsi, l’érosion hydrique dans ce
bassin atteint des stades critiques (EL-Bouhali et al, 2019 ; EL-Bouhali, et al, 2020).
La zone d’étude évolue dans un contexte climatique méditerranéen, la pluviométrie moyenne
annuelle atteint environ 800 mm. Les variations saisonnières et interannuelles des précipitations, sont bien
remarquées, avec une tendance vers la sécheresse durant ces dernières années. Ce qui influence les
ressources en eaux, la qualité des sols et de la végétation.
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Où, ISD : indice de sensibilité à la désertification ; IQS : indice de qualité des sols ; IQV : indice de
qualité de la végétation ; IQC : indice de qualité du climat ; IQSA : indice de la qualité du système
d’aménagement des terres.
Chaque indicateur de qualité est calculé à partir des paramètres classés de très élevé, élevé,
moyen, faible ou très faible, et les valeurs de de score allant de 1 (sensibilité très faible) à 2 (sensibilité
très forte) (Tavares et al, 2015).
(1994), la carte des pentes a été extraite à partir d’un MNT Aster GDM (résolution 30 m). La carte
géologique de Dhar souk au 1/50000 a été exploitée pour produire la carte des matériaux parentaux.
Ensuite nous les avons classés selon leur degré de résistance. Les paramètres liés au facteur sol sont
classés selon l’approche MEDALUS (tab. 1). La superposition de ces paramètres dans un système
d’information géographique, permet d’obtenir la carte de qualité des sols (fig. 3). L’indice de qualité des
sols est calculé sur la base de l’équation suivante :
IQS = (Texture * matériau parental * profondeur * pente) ¼ (2)
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4. Résultats et discussion
L’indice de sensibilité à la désertification se base sur quatre sous-indices : climat, végétation sol
et système d’aménagement des terres (Riahi Chandoul et al, 2014). Chaque paramètre a été pondéré en
fonction de son impact et de sa contribution au processus de désertification (Boudjemline et al, 2018).
4.1. IQS
L’analyse des paramètres qui interviennent dans l’indice de qualité des sols (tab.1), montre que la
zone d’étude est caractérisée par la dominance des sols très peu profonds et de texture relativement
équilibrée, due à l’existence des pentes fortes à très fortes (environ 48%) et des formations lithologiques
tendres (39.54%).
Les résultats obtenus par le calcul de l’indice de qualité du sol (fig.3 et tab.2), ont permis de
mettre en évidence la dominance des sols de qualité moyenne (41.8%) et faible (33.6%). Elles
correspondent à des zones pentues, dénudées et caractérisées par des formations lithologiques friables
(flysch, marne…). Alors que les sols de bonne qualité occupent une superficie limitée (8.2%), ils sont
localisés dans la partie médiane du bassin où les pentes sont faibles et les sols profonds et qui
correspondent aux zones d’accumulation des sédiments arrachés par l’érosion hydrique.
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Figure 3. Indice de la qualité des sols (IQS). Figure 4. Indice de la qualité de la végétation
(IQV)
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On constate, d’après la figure 4 et le tableau 4, que les zones ayant une bonne qualité de
végétation occupent 24.23% de la superficie du bassin. Elles correspondent à des zones
caractérisées par un couvert végétal dense (massifs forestiers, zones irriguées, arboriculture
dense…). Les régions dont la qualité de la végétation est faible et très faible représentent un
pourcentage important (environ 55%), ce sont les terrains des cultures sèches et les terrains nues.
4 -3. IQC
L’indice de la qualité du climat est calculé par la combinaison de trois couches d’informations
(exposition des versants, précipitation et l’indice d’aridité), dans le SIG et l’application de la formule (4).
Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau 5.
L’application de l’indice d’aridité d’Emberger montre que la zone d’étude est dominée par l’étage
bioclimatique subhumide (77.93%). En effet les précipitations annuelles varient dans l’espace, la partie
médiane du bassin reçoit moins de 660 mm (tab. 5), cela est liée aux faibles altitudes. Les parties élevées
sont les plus arrosées (> 720 mm). On note aussi que les versants exposés vers le Sud Est et le Sud Ouest
qui sont des versants plus ensoleillés est plus exposés à l’érosion hydrique, représentent 47% de la
superficie du bassin.
Le tableau 6 montre que la zone d’étude est dominée par les classes de qualité du climat faible
(47.19 %) et très faible (38.06%). Tandis que le climat de bonne et moyenne qualité ne représente qu’une
superficie limitée (14.75%). Le climat de bonne à moyenne qualité occupe les zones les plus élevées du
bassin qui reçoivent des quantités importantes de précipitations (> 720 mm) (fig. 5), alors que les zones
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dominées par un climat de faible qualité correspondent à des versants les moins arrosés et les plus
ensoleillés exposés vers le Sud et le Sud-ouest.
4 Forte 2 31.19
1 Bonne 1 52.98
Qualité de la politique
2 Moyenne 1.5 24.31
d’aménagement
3 Faible 2 22.71
Tableau 7. Les facteurs liés à l’indice de qualité des systèmes d’aménagement des terres (IQSA).
La carte de l’indice de qualité des systèmes d’aménagement des terres (fig. 6) et le tableau 8,
indiquent que les zones qui se caractérisent par une bonne qualité d’aménagement sont les plus
dominantes (41.95 %). Il s’agit des terrains bien protégés par le couvert végétal (les massifs forestiers) ou
entretenues par les techniques de lutte contre l’érosion (les terrasses, les cordons en pierres sèches, le
reboisement…) Les zones de faible qualité de système d’aménagement correspondent aux terrains des
cultures sèches, les zones irriguées et les terrains couverts par de matorral.
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Conclusion
La désertification est responsable de la dégradation des potentialités des milieux naturels et
représente une menace pour la durabilité de certaines de leurs ressources. Son apparition et son
amplification sont souvent le produit de la conjonction de facteurs naturels et anthropiques.
L’appréciation de la sensibilité des milieux à ce phénomène qui se base sur des méthodes associant les
différents facteurs constitue une bonne base pour la sauvegarde et la gestion. Le bassin versant du Haut
Ouergha a fait l’objet d’une telle opération par l’application de l’approche MEDALUS (Mediterranean
Desertification And Land Use) qui nous a permis de calculer l’indice de sensibilité à la désertification. La
caractérisation et spatialisation de la sensibilité à la désertification du bassin est basée sur l’intégration et
la superposition dans un SIG des données relatives à la qualité du sol, du climat, de la végétation et du
système d’aménagement.
Les résultats obtenus montrent que le bassin versant du Haut Ouergha est un milieu sensible à la
dégradation. En effet, 58% de la superficie totale du bassin est classée dans la catégorie des milieux
critiques et fragiles à la désertification. Cette disposition est liée aux caractéristiques physiques du bassin
(faible qualité des sols et de la végétation) et aux activités anthropiques inadéquates (surexploitation des
ressources naturelles). Seulement 6.82% de la superficie du bassin qui est constituée de zones dotées d’un
couvert végétal dense, d’une certaine humidité, d’une bonne couverture édaphique et bien entretenues par
les techniques d’aménagement, affiche une faible sensibilité à la désertification.
Cette évaluation et la carte spatialisant le degré de sensibilité à la désertification dans le bassin
versant de Haut Ouergha, peut être un outil d’aide à l’intervention pour des programmes de lutte contre la
désertification.
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