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International Conference of GIS-Users, Taza GIS-Days, May 23-24, 2012


Proceeding Book
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Colloque International des Utilisateurs de SIG, Taza GIS-Days, 23-24 Mai 2012
Recueil de Proceeding
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Evaluation de l’aléa d’érosion hydrique au niveau du bassin versant de l’oued


Mgaz Es-Sebt (Rif Nord occidental, Maroc)
RAISSOUNI A.(1)*, KHALI ISSA L.(1)**, AMRANI L.(1), MOUSSADEK R.(2),
MAATOUK M.(1) & EL ARRIM A.(1)
(1)
Laboratoire d’Environnement, d’Océanologie, et de Ressources Naturelles. Département des Sciences de la Terre, BP 416,
* **
FST de Tanger – Maroc. ah_raissouni@hotmail.com / Lamiae26887@yahoo.fr
(2)
Laboratoire de Cartographie, SIG et Télédétection, Unité d’Environnement et de Ressources Naturelles, INRA, BP 415 RP,
Rabat – Maroc. Moussa.inra@gmail.com

Abstract. Le but de cet article est de montrer les différentes étapes nécessaires à la spatialisation d’un modèle empirique et
d’appliquer une approche géomatique pour l’identification et la cartographie des risques d’érosion dans la région du nord
occidental du Maroc. Cette étude porte sur l’application de l’équation universelle de perte en sol (USLE: Universal Soil Loss
Equation) sur un bassin versant de l’oued Mgaz Es-Sebt.
La méthodologie présentée consiste à intégrer, dans une interface d’un Système d’Information Géographique (SIG), cinq
facteurs contrôlant l’érosion hydrique: l’érosivité de la pluie, l’érodibilté du sol, le degré et l’inclinaison de pente,
l’occupation des terres et les pratiques antiérosives, dont leur intégration a permis d’obtenir une carte quantitative à
référence spatiale présentant un risque d’érosion moyen de 48 t/ha/an, qui est considérée comme relativement élevée.
Keywords: SIG, USLE, Erosion hydrique, Oued Mgaz Es-Sebt.

1. Introduction.
L’érosion hydrique englobe les divers processus de mobilisation et de transport des particules par l’impact des gouttes de
pluie et l’écoulement depuis le versant jusqu’aux cours d’eau [1]. Ce phénomène écologique a connu une expansion
spectaculaire et révèle des aspects de plus en plus inquiétants [2]. Au nord du Maroc, l’érosion hydrique est la principale
source de dégradation des sols [3]. La zone rifaine est la plus concernée par cette dégradation avec des taux parfois très
élevés pouvant dépasser les 60 tonnes/ha/an ([4][5][6][7][8][9]). L’avancement des connaissances des différents
mécanismes liés à l’érosion hydrique s’est effectué grâce à la modélisation, ce qui a permis une meilleure compréhension
du phénomène à l’échelle de la parcelle ou à l’échelle intra-parcellaire. L'intégration des notions spatiales et temporelles
dans la modélisation des pertes de sols implique une énorme quantité de données à gérer. La prédiction des pertes de sols
à des petites échelles dépendait de la dérivation manuelle des données topographiques et des différentes informations sur
l'occupation du sol. L'avènement des SIG, de la télédétection et des produits dérivés a permis d'améliorer cette lacune dont
l’intérêt d’introduire cette technologie dans la modélisation se présente dans la fonction de superposition des cartes
matricielles dans les SIG.

Dans le cadre de la présente étude, nous nous intéressons à un modèle de perte de sol de type empirique, USLE, établie par
Wischmeïeir et Smith en 1978 [10]. Ce modèle est mis en place pour une estimation globale des pertes de sols annuelles
liées au phénomène de l'érosion hydrique pour chaque pixel d’un secteur donné. Dans ce contexte, on a mené ladite étude
sur le bassin versant de l’oued Mgaz Es-Sebt, afin de modéliser, cartographier et quantifier le taux d’érosion hydrique au
niveau de ce bassin. Le résultat est une carte quantitative constituant un outil d’aide à la décision en termes de gestion des
risques et de protection des ressources naturelles.
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Le bassin versant de l’oued Mgaz Es-Sebt, s’étendant sur une superficie de 37,65 Km , se situe au Nord Ouest du Maroc,
entre 6°13'26,314 et 6°6'9,665 de longitude ouest et entre 39°22'36,925 et 39°17'57,609 de latitude nord. Il correspond à la
partie septentrionale du bassin versant de l’oued Martil. Avec un climat subhumide à variante tempérée, le bassin versant
de l’oued Mgaz Es-Sebt se caractérise généralement par une forte activité agricole sur lesquelles se développent des
formations essentiellement de type flysch et des pentes généralement moyens à fortes et des altitudes variant entre 33 m
dans les basses vallées du cours principale à environ 616 m dans l’extrémité Est du bassin.

2. Méthodologie.
Plusieurs méthodes sont adoptées pour prédire ou estimer les taux d’érosion au niveau des bassins versants. Le modèle
utilisé pour quantifier le taux d’érosion dans le bassin versant de l’oued Mgaz Es-Sebt est le modèle empirique USLE,
développée par Wischmeïeir et Smith en 1978 [10] mais adaptée selon les conditions marocaines. Son choix dépend de la
variabilité des données ponctuelles et des données de précipitations.

L’application de l’USLE dans le bassin versant de l’oued Mgaz Es-Sebt a nécessité la détermination des différents facteurs
ayant une incidence sur l’importance de l’érosion : l’érosivité des pluies, l’érodibilité des sols, la topographie, le couvert
végétal et les pratiques antiérosives.
a. Le facteur d’érosivité de la pluie R : correspond à la somme des précipitations moyennes mensuelles sur la
somme des précipitations moyennes annuelles sur 30 ans. Il a été calculé pour 24 stations météorologiques
réparties dans la région en appliquant l’équation (1) d’Arnoldus [11]. puis on a interpolé les résultats pour obtenir
la carte d’érosivité de la pluie présentant des valeurs variant entre 98 au Nord et 103 au Sud (Figure 1.1).

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R=Σ 12(MRi )/AR (1)

b. Le facteur d’érodibilité du sol K : calculé par une formule établie par Merzouk [12] et adaptée aux conditions
marocaine (2), et ceci en utilisant les résultats des analyses physico-chimiques effectués sur des échantillons
prélevées sur terrain selon les unités homogènes. L’interpolation des résultats montre une répartition spatiale
des classes comprise entre 0,37 et 0,78 (Figure 1.2).
K= 311.63 – 4.48 * (SG%+S%) + 613.4 * EC + 6.45 (2)
avec SG% : pourcentage du sable grossier ; S% : pourcentage du sable total et EC : conductivité électrique (mS/cm)
c. Le facteur topographique LS : calculé directement sous logiciel ArcGIS à partir de la carte des classes de pente et
la carte des directions des flux selon une formule (3) déterminée par de Mitsaova et al.,[13]. Le résultat (Figure
1.3) est une carte présentant des valeurs qui varient entre 0 et 50.
Pow([flowacc]*résolution/22.1, 0.4)*Pow(Sin([carte de pentes]*0.01745)/0.09, 1.4)*1.4 (3)
d. Le facteur du couvert végétal C : attribué pour chaque unité cartographique de végétation de la carte du couvert
végétal obtenue à partir d’une classification d’une image satellitaire Landsat TM., dont les valeurs sont comprises
entre 0 pour les eaux et 1 pour les sols nus [14] (Figure 1.4).
e. Le facteur des pratiques antiérosives : déterminé généralement à partir des observations du terrain. Il a été
estimé égal à 1 puisque aucune pratique antiérosive n’est adoptée dans tout le bassin.

3. Résultats et Discussion.
La carte d’aléa d’érosion des sols a été dressée suite à l’opération de combinaison de l’ensemble des facteurs calculés et
rastérisés sous le pas du pixel de base du MNT. La carte de risque d’érosion représente les zones qui ont les mêmes
caractéristiques et qui réagissent généralement de la même manière aux processus d’érosion. Il s’agit d’une carte
quantitative qui renseigne sur le taux d’érosion en tonnes par ha par an.

Figure 1. Cartes des facteurs de l’érosion à gauche (1 : R, 2 : K, 3 : LS et 4 : C) et carte de


risque potentiel d’érosion (5) en t/ha/an.

La carté de risque d’érosion résultante (Figure 1.5), présentée en 12 classes, montre que l’érosion dans la zone d’étude
varie entre des valeurs proches de 3 à plus de 200 t/ha/an, avec une perte moyenne de 48 t/ha/an, qui est considérée
comme relativement élevée. Par comparaison de la carte finale avec les cartes mono factorielles, la classe d’érosion faible à
moyen (< 3, 3-12, 12-30 t/ha/an), localisée essentiellement au Sud Est, Sud Ouest et à l’Est du bassin avec une superficie de
24% par rapport à la superficie totale du bassin, se caractérise par des formations lithologiques généralement argileuses, et
sableuses avec peu de conglomérats, sur lesquelles se développent les formations de type matorrals. Les zones qui
présentent des classes d’érosion fortes à très fortes (30-60, 60-150 t/ha/an) et qui couvrent plus que la moitié de la
superficie totale du bassin (68%) sont celles qui présentent des formations lithologiques constituées essentiellement par
des flysch et une couverture végétale occupées principalement par des activités agricoles. Les valeurs d’érosion les plus
élevées (>150 t/ha/an), occupant 8% de la superficie totale du bassin, se limitent dans le secteur Sud Est, là où s’ajoute
l’effet du facteur topographique avec des pentes très abruptes.

4. Conclusions.
En guise de conclusion, cette étude présente la première carte des risques d’érosion du bassin versant de l’oued Mgaz Es-
Sebt. Le modèle empirique USLE développé dans le cadre de cette étude permet une spatialisation de l’aléa d’érosion des
sols dans le basin versant de l’oued Mgaz Es-Sebt et ceci grâce au croisement de divers facteurs de l’érosion. Ainsi, les zones

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présentant la plus forte potentialité à l’érosion ont pu être précisément identifiées et localisées. La carte de risque
d’érosion montre que le bassin versant perd en moyenne 48 t/ha/an, ce qui est expliqué par une érosion relativement
élevée.
Tout en sachant l'importance de la thématique en question, la présente étude s'est surtout attachée à montrer l'apport du
Système d'Information Géographique (SIG) et de la télédétection au suivi et à la quantification de l'érosion hydrique.

Remerciements
Nous tenons à remercier Messieurs Maman Laminou SANOUSSI MANZO et Kamal Kolawolé ALABI KELANI, Ingénieurs
pédologues, lauréats de l’institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II de Rabat pour leur aide technique et leurs
explications fructueuses.
Nos remercions également l’ensemble des chercheurs et techniciens de l’Institut National des Recherches Agronomiques de
Rabat pour leur aide et leur appui lors des missions de terrain et aux laboratoires.

Références
[1] M. Fossey, Développement méthodologique et spatialisation du risque d’érosion hydrique à Efate Vanuatu. Rapport
technique du Projet GERSA (Gestion des Récifs, du Satellite à l’Acteur), Composante 1A – Projet 1A4, 2007, 55p.
[2] A. Merzouk. L’érosion hydrique des sols déprécie leur productivité. Attabea (Revue des naturalistes enseignants), 1988,
n° 55, pp.18-25.
[3] MAMVA, Étude de préparation du plan national d’aménagement des bassins versants. Ministère d’agriculture et de mise
en valeur agraire. Rabat, 1993. 165 p.
[4] L. Aït Brahim, F. Sossey Alaoui, H. Siteri, M. Tahri. Quantification des pertes en sols dans le bassin versant Nakhla (Rif
septentrional). Sécheresse : Science et changements planétaires, 2003, Vol. 14 (2) : pp. 101-106.
[5] A. Ait Fora. Modélisation spatiale de l’érosion hydrique dans un bassin-versant du Rif marocain : validation de l’approche
géomatique par la sédimentologie, les traceurs radioactifs et la susceptibilité magnétique des sédiments. Thèse de PhD,
Univ. Sherbrooke, Québec, Canada, 1995, p. 231.
[6] B. Heusch, Estimation et contrôle de l’érosion hydraulique. Soc. Sci. Phys. Maroc; no spécial, 1970, p. 41-54.
[7] A. Lahlou, Dégradation spécifique des bassins versants au Maroc. Rapport n°1000 : Ministère de l’équipement et de la
promotion nationale, Direction de l’hydraulique, Division exploitation, service de gestion des eaux, Rabat (1997).
[8] R. Moussadek, Caractérisation et modélisation des paramètres de l’érosion dans un bassin versant Tangérois (Saboun).
Mémoire IAV Hassan II, Rabat, Maroc, 1999, 210 p.
[9] M. Naimi, M. Tayaa, S. Ouzizi,. Cartographie des formes d’érosion dans le bassin-versant de Nakhla (Rif occidental,
Maroc). Sécheresse, 2005, Vol. 16, n° 1, pp. 79-82.
[10] Wischmeier W.H., Smith D.D. 1978. Predicting Rainfall Erosion Losses: A Guide to Conservation Planning. U.S.
Department of Agriculture, Washington D.C., Agricultural Handbook, no 537, 58 p.
[11] H.M.J. Arnoldus.. Methodology used to determine the maximum potential average soil loss due to sheet and rill
erosion in Morocco. Report of an FAO/UNEP Expert Consultation on Assessing soil degradation, Rome, 18-20 January
1977, FAO Soils Bulletin, N° 34, 1977, pp. 39-48.
[12] A. Merzouk. Relative erodability of nine selected moroccan soils as related to their physical, chimical and mineralogical
properties. PhD Thesis. University of Minesota, St. Paul, 1985,124 p.
[13] H. Mitasova, W.M. Brown, M. Hohmann, S. Warren, Using Soil Erosion Modeling for Improved Conservation Planning: A
GIS-based Tutorial. Geographic Modeling Systems Lab, Univ. of Illinois.
http://skagit.meas.ncsu.edu/~helena/gmslab/reports/CerlErosionTutorial/denix/default.htm
[14] R. Kalman, Le facteur climatique de l’érosion dans le bassin du Sébou. Ministère de l’Agriculture, Rabat, 1967, 40 p.

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