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Lejeal L - L'Exposition de La Mission Française de L'amérique Du Sud Autrocadéro. in - Journal de La Société Des Américanistes
Lejeal L - L'Exposition de La Mission Française de L'amérique Du Sud Autrocadéro. in - Journal de La Société Des Américanistes
Américanistes
Lejeal L. L'Exposition de la Mission française de l'Amérique du Sud auTrocadéro. In: Journal de la Société des Américanistes.
Nouvelle Série. Tome 1 n°3, 1904. pp. 321-328;
doi : https://doi.org/10.3406/jsa.1904.3591
https://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1904_num_1_3_3591
.2. Voir Nouvelles Archives des Missions scientifiques, t. XII (1904), p. 81-
129.
Société des Américanistes de Paris. 22
ЗЙЙ ' SOCIÉTÉ DES AMERICANisTES DE PAfttS
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possible d'identifier sur place, mais qui pourraient bien
occuper une place à part dans la classification. Au surplus, si les
ossements de cette faune ancienne se rencontrent à chaque pas en ces
parages, ils ont été fort dispersés par les eaux. On trouve peu de
squelettes entiers. Les reconstitutions sont donc malaisées.
L'herbier rassemblé par nos compatriotes, qui ne figure ici qu'en
partie, a appris aux botanistes que la vizcacheřa, cette graminée
delà Puna, si néfaste aux caravanes dont elle décime les bêtes de
somme, tient de l'acide prussique ses propriétés vénéneuses,
rapidement mortelles. D'autres spécialistes se sont longuement attardés
devant les cuivres natifs, les bromures d'argent, les calchopyrites et
les minerais d'étain qui attiraient aussi le « profanum vulgus »,
par leurs teintes étranges, violentes ou délicates, et nombreuses, à
réjouir l'œil d'un peintre. !
1. The Musical instruments of the Incas [American Museum Journal, vol. III,
July 1903, supp.). -
L'EXPOSITION DE LA MISSION FRANÇAISE 327
cents fiches anthropométriques ne 'prête point à un compte rendu
sommaire. Jeme borne à noter que toutes les photographies qu'elles
comportent, ont été recueillies d'après les procédés du Dr Bertillon.
Les épreuves ; obtenues par ce système respectent absolument,
paraît-il, les proportions réelles des choses. Ainsi donc l'anthropo-
logiste serait désormais dispensé, par ces dispositifs spéciaux, de
prendre sur le sujet même les mensurations d'usage, étant sûr de
pouvoir les retrouver d'après l'image; Si tel était vraiment le cas,
le matériel de voyage n'en serait pas sensiblement simplifié, car la
méthode anthropo-photométrique exige plusieurs objectifs différents
et une chaise assez volumineuse; mais que; de temps gagné ! ':
Quoi qu'il en soit, aux documents photographiques établis par
M. J; Guillaume s'ajoutent près de deux cents crânes qui ne font
même pas la moitié de la collection. A citer un crâne enfermé dans
de la poterie qu'on croirait provenir d'un mo und du Nord-
Amérique, et une mutilation dentaire en pointe triple; inconnue
jusqu'ici. Les pièces anciennes offrent généralement toutes les
déformations classiques en ces régions. La déformation apparaît
beaucoup plus rarement sur les crânes modernes. Elle devient très rare
dans les sépultures indigènes les plus récentes ou sur les sujets
tout à fait contemporains. Si lente qu'elle soit, la transformation de
l'Amérique andine est indéniable.
Examinez plutôt les vitrines que M. de Créqui-Montfort a
consacrées aux objets d'ethnographie actuelle. Qu'y trouvez-vous de
réellement curieux, parmi ces bombillas, ces tupus, ces é triers de
gauchos dont les modèles sont partout? Un album d'images
éclatantes qui retracent à l'usage des petites gens, métis ou indigènes
boliviens, les scènes de la vie locale. Comme vision, comme
traduction graphique de certaines choses d'Europe, c'est infiniment
intéressant ; et comme œuvre de pictographie américaine, tout à
fait caractéristique. Or il s'agit d'enluminures, genre Épinal,
obtenues au patron et industriellement fabriquées. Quel trait bien
probant de modernisme? A quand l'introduction de l'illustré
populaire à un sou? Lorsqu'il aura fait son apparition, l'Aymara, le
Kitchua, la Chola persisteront, sans doute, au moins pendant un
certain temps, comme individualités ethniques. Leurs figures de
plâtre si vivantes et si exactes, que notre ami, Jules Hébert, a
modelées pour les organisateurs de cette Exposition, se retrouve-
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ront encore là-bas pendant quelques années. Mais il faudra reléguer
au rang des curiosités défuntes les costumes authentiques dont
ces personnages sont revêtus. Puis, la culture européenne gagnera
de la Sierra ou de la Pampa jusqu'à la Montana, jusqu'au Ghaco,
jusqu'à la Puna, supprimant aussi tout le matériel ethnographique
des Indiens de Susques, des Chiriguanos, Tobas, Matacos, etc.,
qui a été également rassemblé ici avec abondance. Dès à présent,
d'ailleurs, les Tobas, pour ne prendre que leur exemple, se viennent
louer comme travailleurs de plantation très loin du Pilcomayo natal.
L'un des explorateurs a pu entrer en rapport avec eux. Dans le
camp très pacifique où il les a photographiés et observés,, en
échange de' quelques menus cadeaux et pipes de tabac, il s'est
trouvé en présence de quelques vieillards ou hommes mûrs
qui, peut-être, figurèrent au nombre des meurtriers de Crevaux.
Ces humanités primitives s'adoucissent ; c'est tant mieux. Mais
aussi, elles dépouillent l'originalité de leurs vieilles mœurs. Pour
la science, hâtons-nous de les fixer, avant complète disparition.