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CARMINA BURANA DOMUS

DERELICTAE
"Je régnerai, je règne, j’ai régné, je suis sans règne "

Cantate Théâtrale
Musique de Carl Orff

Scénario, dialogues, scénographie et mise en scène de


Gilles Ramade

Les personnages
Acte I le casino
Fortuna
Le directeur (Vanagloria)
Le fils du directeur (Fornicatio)
Les hommes de main (Gula et Ira)
L’abbé
Le comptable (Mammon)
Les joueurs et les joueuses
Les Croupiers
Le voleur
Les maris abandonnés
Les mariées volages
Un joueur de poker

Acte II le tyran
Le tyran (Vanagloria)
La femme du tyran (Fortuna)
L’archevêque (L’abbé)
Le speaker (Ira)
Le pêcheur (Gula)
Le cycliste (Mammon)
Le chauffeur (Fornicatio)
L’ancien combattant
Le cavalier
La cheftaine
Le chasseur
La foule
Les jeunesses sportives
Les militaires
Les majorettes
Les danseuses folkloriques
Les expulsés

Acte III la taverne


Gula
L’abbé
Ira
Fornicatio
Mammon
Le moine rédempteur (Vanagloria)
Le cabaretier et sa femme
les moines
Les buveurs et les buveuses
Les serveuses
Les prostituées

Acte IV la cours d’amour


Fortuna
Vanagloria
Fornicatio
Mammon
Ira
Gula
L’abbé
Les enfants du charnier
Les blessés
Les femmes des combattants
Les prêtres et les prêtresses

VX off : «  il fut un temps où l’homme ne vivait que pour un but suprême, n’était
animé que par une ferveur et ne croyait qu’en une déesse : La Fortune. Celle-ci
régnait en maître et l’on voyait des hommes abandonner femme et enfants dans
l’espoir de la conquérir. On trompait son frère, on volait les vieillards, on bafouait
sa parole, chacun suspectait son prochain. Le verbe « donner » avait disparu des
dictionnaires, puis les dictionnaires avaient disparu à leur tour faisant place à des
livres de compte. Dans leur folie les hommes construisirent des maisons
consacrées à l’argent. Là on y jouait, on y pariait, on y spéculait, on y investissait.
Les écoles, les églises, les théâtres étaient déserts. Tous les n’avaient qu’une idée
en tête : embrasser la Fortune. Et les détresses profondes succédaient aux espoirs
déçus. Les hommes se ruinaient au jeu. Le jeu, l’argent ils n’avaient que ces deux
mots à la bouche : jeu, argent, jeu, argent, jeu … »

I Fortuna Imperatrix Mundi


Un casino, des croupiers préparent, des femmes de ménage passent l’aspirateur, des joueurs de
poker jouent encore. Une mariée à côté de Ira.
1 ARRIVÉE AU CASINO « O Fortuna »

les joueurs arrivent, ils sont nerveux, avec une attitude maladive, ils sont vêtus pauvrement mais
en essayant de garder une apparence riche. Ils ont tous une pièce à la main et la font sauter
nerveusement. Ils s’approchent des deux tables de jeux et misent. Certains sont assis autour des
tapis verts. Ils exhortent les croupiers à commencer les jeux.

(Choeur) O Fortuna O Fortuna,


velut luna comme la Lune
statu variabilis, tu es variable,

semper crescis toujours croissante


aut decrescis; et décroissante;
vita detestabilis la vie détestable
nunc obdurat d'abord oppresse
et tunc curat et puis calme
ludo mentis aciem, comme le jeu s'empare de la raison,
egestatem, pauvreté
potestatem et pouvoir
dissolvit ut glaciem. elle les fait fondre comme glace.
Sors immanis Sort monstrueux
et inanis, et vide,
rota tu volubilis, tu fais tourner la roue,
status malus, tu es mauvais,
vana salus vaine bien-portance
semper dissolubilis, toujours divisible,
obumbrata ombragée
et velata et voilée
michi quoque niteris; tu me tourmentes aussi;
nunc per ludum là par le jeu
dorsum nudum mon dos nu
fero tui sceleris. j'apporte à ta vilenie.
Sors salutis Le salut du Sort
et virtutis et son mérite
michi nunc contraria, est maintenant contre moi, e
st affectus est poussé
et defectus et affaibli,
semper in angaria. toujours en esclavage.
Hac in hora Donc à cette heure
sine mora sans délai corde
pulsum tangite; pincez les cordes vibrantes;
quod per sortem car le Sort
sternit fortem, étend l'homme fort,
mecum omnes plangite! pleurez tous avec moi!

Les joueurs enchaînent leur chant par des cris «  le 2 , noir, le 8 , le 8 «  jusqu’à ce que les
croupiers crient

Les croupiers
rien ne va plus !!!!

. La roue tourne BS.

2 LA ROULETTE « Fortune plango vulnera »


(Choeur)
Fortune plango vulnera Je pleure les blessures que Fortune
stillantibus ocellis me fait, les yeux en larmes,
quod sua michi munera pour les présents qu'elle me fit
subtrahit rebellis. elle s'éloigne méchamment.
Verum est, quod legitur, Il est vrai et écrit
fronte capillata, que sa chevelure est fine,
sed plerumque sequitur mais quand il échoit
Occasio calvata. une occasion, la voilà chauve.

Les croupiers
rien ne va plus !

In Fortune solio Sur le trône de Fortuna


sederam elatus, je m'asseyais bien haut,
prosperitatis vario couronné des fleurs f
lore coronatus; variées de la prospérité;
quicquid enim florui si j'ai pu prospérer
felix et beatus, heureux et comblé,
nunc a summo corrui là du sommet je chois
gloria privatus. privé de gloire.

Les croupiers
rien ne va plus!

Fortune rota volvitur: La roue de Fortuna tourne:


descendo minoratus; je descends, dégradé;
alter in altum tollitur; un autre en hauteur est monté;
nimis exaltatus bien trop élevé
rex sedet in vertice le roi s'assoit au sommet
caveat ruinam! gare à la chute!
nam sub axe legimus car sous la planche on lit
Hecubam reginam. Reine Hécube.

Cris de joie des gagnants, regards jaloux et affligés des autres.


Tableau figé !!! sauf les joueurs de poker ! (Etienne figé)
Une étrange créature est rentrée, personne ne la voit, elle est habillée de blanc et se promène
invisible aux yeux des joueurs. Elle est accompagnée par 4 mariées chauves.

Fortuna
Mesdemoiselles, à vous de jouer, laissez-les vous embrasser, faites-leur croire qu’ils
vous auront toujours à leur côté. Faites leur miroiter un trône bien haut duquel ils dégringoleront
tous les uns après les autres. Ils ne doivent avoir qu’une idée vous posséder.

(un évêque rentre et passe près d’elles)

L’abbé
Entre l'argent et les idées, ces dernières ont rarement le dessus et bien vite on n'a plus
qu'une idée : avoir plus d'argent ! (il embrasse une fille et va à la table du poker)

Fortuna
Je veux les voir pleurer de vous avoir touchées de si près, de vous avoir connu. Ils
rêvent de vous depuis toujours Soyez fidèle à votre serment, soyez volage ! Ruinez-les, ruinez
leurs espoirs. !

Mammon
(passant avec sa valise) On puise peu à peu dans la bourse de chacun et le butin devient
grand , plus grand , très grand. (une des mariées va vers lui) mais pas moi idiote. Tu sais bien que
tu n’auras jamais rien de moi.

(les filles sont toutes autour de Fornicatio)

Fortuna
Au travail mesdemoiselles !

5 EMBRASSER LA FORTUNE « Ecce gratum »


les mariages, le marié reste sur place, les convives s’essoufflent. Les mariées-fortune
qu’embrassent les gagnants leur filent entre les mains après la photo et se marient avec un autre
à chaque fois dépossédé.

(Choeur)
Ecce gratum Voici l'agréable
et optatum et le souhaité
Ver reducit gaudia, Printemps ramène la joie,
purpuratum vêtu de pourpre
floret pratum, fleurit les prés,
Sol serenat omnia. le Soleil rend tout serein.
Iamiam cedant tristia! la tristesse s'en va aussitôt!
Estas redit, Eté revient,
nunc recedit Là se retire
Hiemis sevitia. la rigueur de l'hiver.

Première photo de mariage

Iam liquescit Maintenant fondent


et decrescit et disparaissent
grando, nix et cetera; glace, neige et le reste,
bruma fugit, l'hiver fuit,
et iam sugit et déjà il tète,
Ver Estatis ubera; Printemps, à la mamelle d'Eté;
illi mens est misera, il est malheureux l'esprit
qui nec vivit, qui ni ne vit
nec lascivit ni ne folâtre
sub Estatis dextera. sous la main droite d'Eté.

Deuxième photo de mariage

Gloriantur Ils se glorifient


et letantur et se réjouissent
in melle dulcedinis, dans une douceur de miel
qui conantur, qu'ils se préparent
ut utantur pour se servir du
premio Cupidinis; prix de Cupidon;
simus jussu Cypridis sur l'ordre de Vénus
gloriantes glorifions-nous
et letantes et réjouissons-nous
pares esse Paridis. d'être les égaux de Pâris.
Juste avant la troisième photo de mariage, un cri retentit, un des joueurs de poker s’est fait
sauter le caisson et gît dans une mare de sang sur le tapis vert. Ira, l’Abbé et Gula n’ont pas
l’air troublé outre mesure et ratisse l’argent laissé sur la table. Tout le monde les regarde.

Ira
Ö fortune changeante comme les phases de la lune, toujours tu crois et tu décrois, dans ton
cours détestable ! Tantôt la fortune émousse, tantôt elle avive, par jeu, l’acuité de l’esprit et elle
dissout la pauvreté ou la puissance comme la glace. Sort cruel et vain tu es une roue qui tourne,
une base instable, une planche de salut trompeuse qui peut se briser à tout instant. Quoique
dissimulée et voilée tu pèses aussi sur ma tête. C’est à cause de tes jeux malicieux qu’à présent tu
es nu. La chance et le succès t’ont été contraires, tes désirs et tes refus se sont heurtés
invariablement à leur tyrannie.
L'argent gagné au jeu est 2 fois plus précieux que l'argent gagné en travaillant.

L’abbé
Cet argent est sale mon fils

Ira
L'argent n'a pas d'odeur, mais à partir d'un million il commence à se faire sentir…. Une
partie l’abbé ?

L’abbé
Je ne suis pas Abbé, je suis archevêque.

Gula
(mangeant) Archevêque de mon cul oui et mon cul c’est du poulet. Ah ah ah !

Ira
Attention voilà le patron….

3 LA JUSTICE « Veris leta facies 1 »


la loi du talion, pour les faussaires, les tricheurs…

Vanagloria arrive accompagné de Mammon. Ce dernier lui parle à l’oreille


(le chœur chante pendant qu’on évacue le cadavre)

(Choeur)
Veris leta facies La joyeuse face de Printemps
mundo propinatur, s'offre au monde,
hiemalis acies l'hiver rigoureux,
victa iam fugatur, vaincu, déjà fuit;
in vestitu vario parée d'habits colorés
Flora principatur, Flora règne,
nemorum dulcisono la douce harmonie des bois que
cantu celebratur. chante ses louanges.

Mamon lui amène un des croupiers. Ce dernier est terrorisé.

Vanagloria
Je suis très déçu, très déçu, tu étais plus qu’un collaborateur, j’avais de grands projets
pour toi, je te considérais un peu comme un fils. Je t’aurai peut-être offert la main de de ma fille,
oh ! je n’ai pas de fille. Alors aujourd’hui c’est toi qui va m’offrir ta main. (pendant que le chœur
chante, les deux vigiles l’immobilise, la main sur la table)
Flore fusus gremio Allongé sur les genoux de Flora
Phebus novo more Phébus une fois encore
risum dat, hac vario fait un sourire, couvert
iam stipate flore. là de fleurs colorées
Zephyrus nectareo Zéphyre souffle un souffle
spirans in odore. d'une senteur de nectar.
Certatim pro bravio A qui mieux mieux pour le prix
curramus in amore. de l'amour nous courons.

On lui coupe la main, il crie


( Veris leta facies 3 )
Cytharizat cantico Dans les chants comme les cythares
dulcis Philomela, la douce Philomèle,
flore rident vario parés des fleurs colorées
prata iam serena, les calmes prés se rient,
salit cetus avium un groupe d'oiseaux s'élève
silve per amena, dans l'amène forêt,
chorus promit virgin le choeur des vierges promet
iam gaudia millena. déjà un milliers de joies.

Vanagloria
(montrant qu’il n’y est pour rien) Voilà ce qui arrive aux infidèles. Ce n’est rien chers
clients, reprenez vos jeux, la fortune est à votre portée et avec elle tous vos soucis vont s’envoler.
Et souvenez-vous, l'argent gagné au jeu est 2 fois plus précieux que l'argent gagné en travaillant.
(Ira, Gula répètent la phrase en même temps) Amusez-vous ! amusez-vous ! jouez, jouez ! (le
jeu reprend sans bruit les chœurs tournent sans bruit) . Ah te voilà mon fils, je t’attendais.

Fornicatio
( Fornicatio cherche son père en remontant le flot des joueurs. Fortune va se placer
derrière Gula) Depuis longtemps je me montre un soldat dévoué de l’amour. A son instigation je
viens de me lancer aveuglément dans une entreprise absurde, prenant le risque d’aimer une jeune
fille qui jamais n’a eu pour moi un regard bienveillant. Je serai peut-être bien avisé de mettre fin
sur le champ à cette folie, mais seuls les lâches fuient le tumulte des combats. Alors cédons au
désir ; c’est tranquillement que j’expose ma vie aux incertitudes du destin. Si elle consentait à
m’aimer d’un amour durable, elle devrait elle aussi vivre en brûlant douloureusement pour moi.
Cependant quand je la regarde, il me semble qu’elle me, frappe avec les traits de Vénus. Qu’elle
sache que j’ai la grandeur d’âme à défaut d’être de grande taille. Pour cueillir le fruit sur l’arbre,
je grimpe jusqu’à la plus haute branche, et témoigne ainsi que chez un amoureux qui ignore la
crainte les subterfuges n’ont pas place. (il repart au jeu, les chœurs arrêtent de tourner et jouent
en silence)

Vanagloria
… Ne joue pas ! vous savez ce que je dis toujours,

Ira Gula l’Abbé


Que l’argent gagné au jeu est plus précieux…

Vanagloria
la seule personne qui gagne au course, c’est celui qui suit les chevaux avec une pelle et un
seau… Pourquoi les jeunes n’acceptent-ils jamais de conseils ?

L’abbé
Je me souviens de lui quand il étai t enfant de cœur … (regards inquisiteurs, grand
silence) Cela lui fait combien ?

Vanagloria
Oh il doit avoir 4 ou 5 Millions… Personne n’accepte de conseils ; mais tout le monde
accepte de l’argent : donc l’argent vaut mieux que les conseils.

Gula
L’argent mange des barbeaux assaisonnés au poivre. L’argent fait entendre les sourds et
sauter les boiteux

L’abbé
Je dévoilerai sur l’argent des prodiges plus étonnants encore : j’ai vu l’argent chanter et
célébrer la grand messe, l’argent chantait et faisait les réponses, je l’ai vu pleurer en prêchant et
rire intérieurement de tromper l’assistance.

Vanagloria empoche le pactole Ira s’en va ,

Vanagloria
L’argent est aujourd’hui le monarque le plus puissant sur terre. L’argent est admiré des
rois, vénérés par les grands. L’ordre épiscopal vénal lui est soumis. L’argent mène les guerres. Si
il veut il obtient la paix

L’abbé
Il y a tellement de choses plus importantes dans la vie que l'argent,… mais il faut
tellement d'argent pour les acquérir.

Vanagloria
Il faut prendre l'argent là où il se trouve, c'est-à-dire chez les pauvres. Il n'y a qu'une
catégorie de gens qui pensent plus à l'argent que les riches, ce sont les pauvres. Bon d'accord, ils
n'ont pas beaucoup d'argent, mais il y a beaucoup de pauvres. Ah ah ah ! (à Fortune qui cherche
à l’embrasser) … arrête, tu vois bien que je parle. (Fortuna s’écarte) … Je plaisantai.

Fortuna
On ne doit pas plaisanter avec sa chance. Adieu.

Vanagloria
Attends, dis-moi ce que tu veux, je te l’achèterai.

Fortuna
Je m’achète déjà ce que je veux.

Vanagloria
(lui donnant des billets) Tiens c’est pour toi.

Fortuna
Je n’ai rien à faire de tes offrandes. 

Vanagloria
Je t’empêcherai de partir.

Fortuna
Tu sais très bien que l’on ne peut pas forcer sa chance. Ecarte-toi. Laisse-moi passer.

Elle passe devant lui. (début musique)


L’abbé
(n’ayant rien vu de la scène et ramassant ses billets)
Dommage vous avez laissé passer votre chance.

4 LE DIRECTEUR « Omnia sol temperât »


Vanagloria sait qu’il a tout perdu.
(la scène se met au ralenti)
Omnia sol temperat Le Soleil chauffe tout,
purus et subtilis, pur et léger,
novo mundo reserat encore une fois il révèle au monde
faciem Aprilis, la face d'Avril,
ad amorem properat vers l'amour se presse
animus herilis l'esprit de l'homme
et iocundis imperat et les joies sont commandées
deus puerilis. par l'enfant-dieu.

Fortune sort faisant un signe à ses filles. Fornicatio la suit. Mamon et Ira partent à la poursuite
de Fortune

Rerum tanta novitas Toute cette renaissance


in solemni vere dans la fête solennelle du printemps
et veris auctoritas et le pouvoir du printemps
jubet nos gaudere; nous ordonnent de nous réjouir;
vias prebet solitas, il nous montre des voies familières,
et in tuo vere et en ton printemps
fides est et probitas cela est juste et bon
tuum retinere. de garder ce qui est tien.

Ira
(revenant avec Mammon essoufflé, le chœur est immobile prêt à tourner)
Fortune vous a trahi.

Vanagloria
Je sais.

Mammon
Elle et ses filles vous ont tout pris.

Vanagloria
Je sais.

Ira
Votre fils est parti avec elles

L’abbé
(se levant) Tu quoque fili. L’argent ne fait pas le bonheur

Gula
(en sortant avec Mammon, Gula, et Ira) Si l'argent ne faisait pas le bonheur, il y a longtemps que
des riches malheureux auraient rendu l'argent. (musique)

Vanagloria
Je régnerai, je règne, j’ai régné, je suis sans royaume !

Le chœur reprend le tour au ralenti .Jardin dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, cour
dans le sens de l’heure.
Ama me fideliter, Aime-moi fidèlement!
fidem meam nota: Vois comme je suis fidèle:
de corde totaliter de tout mon coeur
et ex mente tota et de toute mon âme,
sum presentialiter Je suis avec toi
absens in remota, même quand je suis loin;
quisquis amat taliter, qui que ce soit qui aime ainsi
volvitur in rota. tournera sur la roue.

Les lumières s’éteignent peu à peu, laissant les joueurs dans la pénombre.

1 LA SORTIE « O Fortuna »


les joueurs s’en vont dépités et las, fatigués, usés et sans le sous.

(Choeur) O Fortuna O Fortuna,


velut luna comme la Lune
statu variabilis, tu es variable,

les joueurs sortent ruinés.


semper crescis toujours croissante
aut decrescis; et décroissante;
vita detestabilis la vie détestable
nunc obdurat d'abord oppresse
et tunc curat et puis calme
ludo mentis aciem, comme le jeu s'empare de la raison,
egestatem, pauvreté
potestatem et pouvoir
dissolvit ut glaciem. elle les fait fondre comme glace.
Sors immanis Sort monstrueux
et inanis, et vide,
rota tu volubilis, tu fais tourner la roue,
status malus, tu es mauvais,
vana salus vaine bien-portance
semper dissolubilis, toujours divisible,
obumbrata ombragée
et velata et voilée
michi quoque niteris; tu me tourmentes aussi;
nunc per ludum là par le jeu
dorsum nudum mon dos nu
fero tui sceleris. j'apporte à ta vilenie.
Sors salutis Le salut du Sort
et virtutis et son mérite
michi nunc contraria, est maintenant contre moi, e
st affectus est poussé
et defectus et affaibli,
semper in angaria. toujours en esclavage.
Hac in hora Donc à cette heure
sine mora sans délai corde
pulsum tangite; pincez les cordes vibrantes;
quod per sortem car le Sort
sternit fortem, étend l'homme fort,
mecum omnes plangite! pleurez tous avec moi!
Rideau

« Tanz » (pendant changement de décors)

Vx off : Le chaos social entrainé par le crack financier amena une profonde
misère et un grand désarroi parmi la population. Alors que les hommes auraient
pu, fort de leur malheureuse expérience, reprendre leur destin, ils
s’abandonnèrent entre les mains d’un tyran sanguinaire. Nul n’avait le droit à la
parole et ses décisions étaient sans appel. Il déclara la guerre à ses voisins et
expulsa du pays tous les étrangers. Le pays ne travaillait que pour construire des
armes. Les hommes étaient de la chair à canon et perdait leur jeunesse et leur vie
sur des champs de batailles. Mais les hommes de ces temps-là préféraient se
plaindre de la tyrannie plutôt que de se demander pourquoi ils lui obéissaient.

II Uf dem anger
6 MISE EN PLACE DE L’AVENUE
« Reie »
Découpe de réverbères et drapeaux+ fauteuil tyran.
(les chasseurs) Le groupe de Zoé, 5 coups de sifflets ils s’arrêtent, 1 coup de sifflet ils se retournent, 1
coup de sifflet ils mettent les barrières. Sur thème fifre passage des jeunesses au pas, ils traversent et
vont se placer derrière en rang sur la deuxième estrade. Arrivée des jeunes de Gretchen. Carambolage,
Elle gueule mais la musique annonce l’arrivée du dictateur.

L’archevêque
Dieu éternel et tout puissant qui as semé une grande discorde entre les clercs et les
paysans, laisse-nous, de grâce, vivre de leur travail, abuser de leurs femmes et en tout temps nous
réjouir de leur mort.
C’est le temps de la joie, c’est le temps de la fête aujourd’hui. Tout le monde doit faire de
la musique et chanter à pleine poitrine et avec de grands gestes, et surtout les étudiants, qui
célèbrent le mieux cette fête.

Le speaker
Gruonet der 13alt allenthalben,

L’archevêque
wa ist min geselle alse lange ?

Le speaker
Notre vénéré guide suprême, nous fera l’insigne honneur de s’adresser à son peuple
dans son ancien langage. Je rappelle à tous et à toutes que la nouvelle langue officielle est la seule
valable. Quiconque serait surpris en flagrant délit de s’exprimer dans son ancien dialecte sera
passible de l’emprisonnement dans l’un de nos camps de travail. Nous espérons que grâce aux
leçons de langue proférées gratuitement par notre unique chaine télévisuelle que la population
saura progresser activement dans la nouvelle langue officielle Le Choumoul. (on vient lui parler)
…. Excusez-moi Choumoulien et Choumoulienne accueillez comme il se doit notre vénéré guide
suprême. Choumoulevitch 1ier ! Par notre nouvel hymne national à l’issu duquel notre vénéré
guide remettra une médaille à votre ancien combattant méritant bien qu’encore vivant.

10 ODE AU TYRAN « Were diu werlt 14alt


min » 2 fois
. Un homme vient faire face à la voiture avec deux sacs de course évocation de ‘image de la
place Tien An Men Il passe les jeunes en revue, il s’arrête devant une fillette qui s’évanouit.
(Chœur)
Were diu werlt 14alt min Tout le monde était mien
von deme 14alt unze an den Rin de la mer jusqu’au Rhin,
des wolt ih mih darben, je m’en priverais pour
daz diu chunegin von Engellant qu’ainsi la reine d’Angleterre
14alt an minen armen. S’allongeât dans mes bras.

Vanagloria
… Vous étiez au bord du gouffre, … grâce à moi le pays va faire un grand pas en avant ….… je
suis le pays…… et le pays c’est moi. … Juste comme nous nous sentons nous-mêmes une partie
seulement du pays .… Certains remettent en question le résultat de notre dernière votation…… je
leur rappelle que ce qui compte ce n’est pas le vote, c’est comment on compte les votes.… Et que
la société n’existe que pour la liberté ne nous semble pas être conforme aux plans de la nature …
Grand,…… plus grand,…… très grand, …… petit, … plus petit..… très petit …… tels sont les
degrés de comparaison que j’ai appris. …Je serai dur mais souvenons-nous que ……
« Quiconque pardonne trop souvent punit presque inutilement le reste du temps ». … et que le
pouvoir doit se définir par la possibilité d’en abuser. ! …. (silence et applaudissements) … Et
je finirai ce discours par ce poème d’un auteur Choumoul qui n’est autre que moi-même.… Swaz
hie gat umbe, daz sint alt megede, die wellent an man, allen disen sumer gan ! …

9b RÉPONSE DU PEUPLE « Swaz hie gat umbe »


continuer le discours par dessus en muet

Swaz hie gat umbe, Celles qui tournent


daz sint 14alt14 megede, sont toutes vierges,
die wellent an man elles veulent faire sans un homme
allen disen sumer gan ! Durant tout l’été !

Le speaker
Que le défilé commence ! …pardon ? (le tyran dit quelque chose à l’oreille du speaker) Notre
vénéré guide désire réentendre note nouvel hymne national et souhaite le diriger lui-même.
Partant du postulat qu’il n’y a d’autres chefs que lui.

« Were diu werlt 14alt


min »

Il prend la place du chef et dirige comme un fou furieux.

7 LE DÉFILÉ (militaires , jeunesse, chevaux, danseuses, coureur cycliste


majorettes, prisonnier) « Floret silva nobilis »
les enfants sont autour du Tyran. Les coureurs cyclistes, les prisonniers de guerre, les jeunes filles
avec les bouquets, les militaires d’Opérette . Les jeunesses au pas. La petite file monte à côté du tyran
avec son bouquet.

Floret silva nobilis La noble forêt fleurit


floribus et foliis. De fleurs et de feuilles.
Ubi est antiquus Où donc est celui qui est
meus amicus ? Mon amour ?
Hinc equitavit, Il chevauchait !
Eia, quis me amabit ? Oh ! Qui donc m’aimera ?

Le Tyran
Encore !

Le speaker
Encore quoi ?

Le Tyran
Encore le défilé

Le speaker
Vous n’avez pa entendu ce qu’a dit notre vénéré guide ? encore le défilé… (il fait signe et tout le
défilé repart de jardin à cour se replacer, il renvoie la petite fille. l’orchestre joue un
capharnaüm)

Floret silva undique, La forêt fleurit toute entière,


nah min gesellen ist mir we. Je me languis de mon amour.
Gruonet der 15alt allenthalben, La forêt verdit toute entière,
wa ist min geselle alse lange ? Pourquoi mon amour est-il si long ?
Der ist geriten hinnen, Il était à cheval,
o wi, wer sol mi’ch minnen ? Hélas ! Qui donc m’aimera ?

sur la fin de la musique les jeunesses au pas viennent se placer et l’on enchaîne …

8 LE SPECTACLE « Chramer, gip die varwe mir »


une petite fille lui remet un bouquet de fleurs.

Chramer, gip die varwe mir, Gardien, donne-moi de la couleur


die min wengel roete, pour rosir mes joues,
damit ich die jungen man ainsi pourrai-je faire que les jeunes hommes
an ir dank der minnenliebe noete. M’aiment contre leur volonté.
Seht mich an, Regardez-moi,
jungen man ! Jeunes hommes !
Lat mich iu gevallen ! Laissez-moi vous plaire !

Le Tyran
Encore !
Minnet, tugentliche man, hommes bons, amour,
minnecliche frouwen ! Femmes dignes d’amour !
Minne tuot iu hoch gemout L’amour ennoblit ton esprit
lat iuch in hohen eren schouwen et te donne de l’honneur.
Seht mich an Regardez-moi,
jungen man ! Jeunes hommes !
Lat mich iu gevallen ! Laissez-moi vous plaire !

Le Tyran
Je veux danser avec elles !

Wol dir, werit, daz du bist Je te salue, monde,


also freudenriche ! Si riche en joies !
Ich will dir sin undertan Je te serai obéissante
durch din liebe immer sicherliche. Par les plaisirs que tu offres.
Seht mich an, Regardez-moi,
jungen man ! Jeunes hommes !
Lat mich iu gevallen ! Laissez-moi vous plaire !

Les jeunes filles sortent en courant. Le tyran s’amuse avec un petit garçon sur ses épaules. Sa
voiture vient le chercher.

Le chauffeur
Viens , pars avec moi

Fortune
Pourquoi le quitterai-je ? que peux tu me donner de plus que lui ?

Le chauffeur
La liberté

Fortune
Ce n’est pas assez

Le chauffeur
L’amour

Fortune
Çà s’achète

Le chauffeur
La gloire

Fortune
Trop éphémère, je veux l’aventure, Tue-le !

9d L’ATTENTAT (sortie, et attentat soudain) « Were diu werlt 16alt min »


Assassinat de Kennedy, le tyran tombe et sa femme essaie de s’enfuir par l’arrière de la voiture.
La foule regarde la femme du dictateur et l’archevêque méchamment ceux-ci s’enfuient en
courant.
9c SORTIE « Chume, chum, geselle
min »
La foule passe devant la voiture du tyran et crache sur lui, jette leurs drapeaux, lui enlève ses
fringues. Ils sortent, ne laissant que le petit garçon choqué par cette vision.
Chume, chum, geselle min, Viens, viens, mon amour,
ih enbite harte din, Je te désire ardemment,
ih enbite harte din, Je te désire ardemment,
chume, chum, geselle min. viens, viens, mon amour.
Suzer rosenvarwer munt, Douces lèvres du rouge de la rose,
chum un mache mich gesunt viens et rends-moi meilleur,
chum un mache mich gesunt, viens et rends-moi meilleur,
suzer rosenvarwer munt douces lèvres du rouge de la rose.

Rideau « Tanz » (pendant changement de décors 1’43)

Vx off : A la dictature succéda une période trouble où les règlements de compte


aussi injustes qu’inutiles mirent le pays à feu et à sang. Chacun reprochant à
l’autre d’avoir collaboré avec la tyrannie. Calomnie et dénonciation eurent du
travail. A jeun de plaisir et ne cherchant qu’à s’enivrer de liberté, les hommes
voulurent jouir, jouir à tout prix. Des tripots, des maisons de passe et autres
bouges obscurs virent le jour. Ce n’étaient partout que fêtes, beuveries et
fornication.

III IN TABERNA
14 INSTALLATION (orchestre puis chant) « In taberna quando sumus »
On place les tables les hommes s’arrêtent et se lèvent à l’entrée de l’Abbé. Ce dernier est
accompagné de Ira, Mammon et Gula.

L’abbé
La tromperie soit avec vous ! Comme donc au soir le, peuple des joueurs était rassemblé,
le seigneur dé vint au milieu d’eux et dit : « la tromperie soit avec vous ! Ne cessez pas de jouer.
C’est pour votre malheur que j’ai été envoyé vers vous. » Cependant primas, appelle premier,
n’était pas avec eux lorsque vint le seigneur dé. »» Mais lui répondit : «  Si je ne pose pas mes
lèvres sur un verre pour boire, je ne le croirai pas. » Ensuite Primas, appelle Premier, lançait un
dix, puis un douze, enfin un cinq. Et lui qui avait lancé le cinq dut vider sa bourse et, parce qu’il
était nu, se cacha loin des autres. Répands seigneur ta colère sur les avares et les ladres qui ont
une bourse pendue à la ceinture où ils enferment, à peine acquis, leurs deniers, pour qu’ils
croissent et fassent du fruit au centuple.
Les buveurs
A mort !

L’abbé
Ce sont des frères de malice, des fils d’iniquité, des sorciers qui vous figent, une race d’ignorance
qui gémit pitoyablement quand elle craint d’avoir à sortir une pièce.

!Les buveurs
A mort !

L’abbé
Puisse-t’il leur envoyer sa malédiction, celui qui a béni Zachée et refusé une goutte d’eau au
mauvais riche. Et que la malédiction de Dieu descende sur eux.Bibit hera, bibit herus, bibit
miles, bibit clerus, bibit ille, bibit illa, bibit servus cum ancilla,

Le choeur
Bibit hera, bibit herus, La patronne boit, le patron boit,
bibit miles, bibit clerus, le soldat boit, le prêtre boit,
bibit ille, bibit illa, celui-ci boit, celle-ci boit,
bibit servus cum ancilla, l'esclave boit avec la servante,
bibit velox, bibit piger, l'agile boit, le paresseux boit,
bibit albus, bibit niger, le blanc boit, le noir boit,
bibit constans, bibit vagus, le pondéré boit, l'inconstant boit,
bibit rudis, bibit magus. le fou boit, le sage boit,
Bibit pauper et egrotus, Le pauvre et le malade boivent,
bibit exul et ignotus, l'exilé et l'étranger boivent,
bibit puer, bibit canus, l'enfant boit, le vieux boit,
bibit presul et decanus, l'évêque et le doyen boivent,
bibit soror, bibit frater, la soeur boit, le frère boit,
bibit anus, bibit mater, la vieille boit, la mère boit,
bibit ista, bibit ille, celui-ci boit, celui-là boit,
bibunt centum, bibunt mille. cent boivent, mille boivent.
Parum sexcente nummate Six cent pièces filent durant,
cum immoderate vite, quand, sans retenue,
bibunt omnes sine meta. tous boivent sans fin.
Quamvis bibant mente leta, Mais ils boivent l'esprit gai,
sic nos rodunt omnes gentes ainsi nous sommes ceux que tous méprisent,
et sic erimus egentes. et ainsi nous sommes sans le sou.
Qui nos rodunt confundantur Ceux qui nous critiquent iront au diable et cum iustis non
scribantur. et avec les justes ne seront pas comptés.

Ira
Ah ah ah le soldat boit, le prêtre boit, l'agile boit, le paresseux boit,

Gula
le blanc boit, le noir boit,

Mammon
le pondéré boit,

Ira
l'inconstant boit,le fou boit, le sage boit,

l’abbé
Le pauvre et le malade boivent,

Ira
la vieille boit, la …  (à une serveuse) Que fais-tu malheureuse ? De l’eau dans mon vin ?
Me limitant à la vérité sous sa forme la plus brève j’affirme, avec divers arguments qu’il ne faut
pas unir les contraires, mais bien plutôt les séparer. Quand on verse ensemble dans un verre du
vin et de l’eau, ils se mêlent, cette union néfaste ne saurait susciter d’éloge, et le nom de
confusion lui conviendrait mieux. Le vin sent la présence de l’eau et dit : » qui a osé nous
associer, va t’en sors d’ici. ! Vile et indigne toi qui cherches les trous pour t’infiltrer dans les
lieux du monde les plus impurs. Sur la terre ton lot est d’être piétinée, et quand tu te mélanges
avec elle, vous donnez de la boue. Personne ne devient loquace en ta présence. Lorsque par
hasard un individu bien portant boit de l’eau, il tombe malade ; l’eau fomente des troubles dans
ses entrailles, son intestin gronde, un vent se lève qui, s’il reste enfermé et ne peut s’échapper le
met au supplice. Son ventre ainsi ballonné émet des sons variés de ses deux orifices et, quand il
s’allège de la sorte, (il rote et pète) l’air alentour est infecté par ces émanations pestilentielles. »

Gula monte sur la table et pète dans un éclat de rire général.


Commence alors un concours de pet. !!! (avec les instruments de l’orchestre)
Arrivée de Fornicatio au bras de filles, Il y a l’abbé à une table avec ira, Mammon et Gula qui
jouent aux dés.. Dans un coin 5 moines.

19 LA CHANSON PAILLARDE « puer cum puellula »

Si puer cum puellula Si un garçon avec une fille


moraretur in cellula, demeure dans une petite pièce,
felix coniunctio. heureux dans leur union.
Amore suscrescente L'amour augmente,
pariter e medio et entre eux
avulso procul tedio, la pudeur est oubliée,
fit ludus ineffabilis un ineffable jeu commence
membris, lacertis, labii avec leur membres, bras et lèvres.

Tous
Alors …alors…

Fornicatio
Je remercie Vénus qui par la puissance de son rire favorable m’a offert sur mon amie
l’agréable victoire que j’aspirai. (ils l’applaudissent) J’étais depuis longtemps à son service sans
arriver à obtenir mon salaire mais maintenant je me sens pleinement heureux. La jeune fille
m’avait accordé le plaisir de son rire, de sa conversation de ses caresses et de se baisers mais il
manquait le dernier et le plus haut degré dans les gages de l’amour  (réaction); je me hâte vers le
but quand par de tendres larmes, la fillette me déconcerte. Elle ne peut se résoudre à ouvrir la
barrière de sa virginité. Tandis qu’elle sanglote ainsi, je bois ses larmes très douces et plus je
m’enivre plus je deviens passionné. Pris d’une folle audace, je veux lui faire violence, elle se
débat sauvagement avec ses ongles pointus, m’arrache les cheveux, repousse énergiquement mes
assauts, se roule sur elle-même et serre les genoux, laissant bien enfermée la citadelle de la
pudeur ; Mais enfin je combats derrière ses lignes de défense et fais triompher mon dessein. En
l’étreignant étroitement j’immobilise ses bras vigoureux, en même temps que je lui applique
baiser sur baiser. La chose a été de mon goût, et du sien aussi. Loin de m’en vouloir elle me
donne des baisers de miel  et me sourit les yeux mi-clos sous ses paupières tremblantes, comme
endormie dans un soupir anxieux

L’abbé
Tu te vautres, dans le lit de la misère et la boue de la luxure, et perds inutilement ton temps !

Fornicatio
Je ne crains pas d’offenser les dieux, ni de faire rire les hommes en détruisant ainsi, mon
corps, ma fortune et mon âme. Peut-être que les jeux de Vénus me consumeront ils au-delà de
mes forces, de sorte que le dégoût de l’amour sera pour moi le remède. Mais même si desséché
jusqu’à la moelle je m’épuise et contracte la fièvre, cela ne t’avancera guère puisque mon
épuisement ne sera que provisoire.

L’abbé
Sauve du moins ta vie en offrant au ciel, à la place des fleurs de ta jeunesse, le chaume de
ta vieillesse.

Ira
Deux femmes pour un seul homme. C’est une de trop. Donne m’en une.

Gula
Je te la joue aux dés.

Fornicatio
Même si je te la donnais, ton odeur la ferait fuir. Puanteur ambulante.

Ira
Je vais te faire regretter ces paroles, je vais te transpercer comme un poulet.

Gula
Ou une dinde

Mammon
Moi, je t’en achète une.

Ira
Ma patience est à bout, donne moi la rousse, je la baise et je te la rends.

Fornicatio
Mais avec quoi vas-tu la baiser ? avec le ver qui te sers de sexe ? (réaction du chœur) Viens-la
chercher,

L’abbé
Attendez ! … Fixons les règles du combat. Il aura lieu à mains nues. Pas de coups de
pieds dans les attributs, pas d’armes, ni les doigts dans les yeux, écartez-vous ! moi je garde
l’objet du défi. Venez-là mesdemoiselles restez près de moi.

Mammon
Je prends les paris.
(les hommes parient et s’attroupent)

Ira
(à part) Gula, si çà tourne mal, je peux compter sur toi ?

Gula
Et comment, je n’ai jamais pu encadrer ce freluquet. Et je me baiserai bien la blonde.

L’abbé
Messieurs, prêts pour le combat. En un round, jusqu’à abandon d’un des combattants. Que la
volonté de dieu sois faites.
Ira
Nous aimons, dans les animaux, de pouvoir les tuer légalement. Dans la guerre aussi, nous
aimons d'y pouvoir tuer légalement. Bien entendu, les hommes n'avouent jamais cela.

Combat sur la musique de « stuans interius »


Le combat tourne vite à l’avantage de Fornicatio, mais Ira aidé du veule Gula va donner un
autre tournant au duel. Bagarre générale.

Ira
Gula ! la broche ! la broche !

Fornicatio se retrouve embroché contre la table. Crucifié.

12 LA ROUE DE LA TORTURE « Olim lacus colueram »


Il parle chaque couplet par dessus la musique puis chante. Ira et Gula se sont emparés des filles
et les violent.

Fornicatio
Olim lacus colueram, Jadis j'habitais sur un lac,
olim pulcher extiteram, jadis ma beauté exaltait
dum cignus ego fueram. lors que j'étais un cygne.

(Choeur d'hommes)
Miser, miser! O malheureux!
modo niger Maintenant noir
et ustus fortiter! et brûlé fortement!

Fornicatio
Girat, regirat garcifer; Le marmiton me tourne et retourne;
me rogus urit fortiter; je souffre cruellement sur ce bûcher;
propinat me nunc dapifer, malheureux que je suis

(Choeur d'hommes)
Miser, miser! O malheureux!
modo niger Maintenant noir
et ustus fortiter! et brûlé fortement!

Fornicatio
Nunc in scutella iaceo, Maintenant je gis sur un plateau,
et volitare nequeo et je ne puis plus voler,
dentes frendentes video: je vois autour de moi d'impatientes dents:

(Choeur d'hommes)
Miser, miser! O malheureux!
modo niger Maintenant noir
et ustus fortiter! et brûlé fortement!

Ira
Tournée générale, c’est mon ami Mammon qui paie.

Mammon
(par dessus la clameur) ah mais pas du tout !
14 LA BEUVERIE ET TORTURES «In taberna quando sumus »

(Choeur)
In taberna quando sumus Quand nous sommes dans la taverne,
non curamus quid sit humus, que nous importe de n'être que poussière,
sed ad ludum properamus, mais nous nous hâtons pour les jeux
cui semper insudamus. qui nous mettent toujours en sueur.
Quid agatur in taberna Ce qui se passe dans la taverne,
ubi nummus est pincerna, où l'argent est le roi,
hoc est opus ut queratur, ça vaut le coup de demander,
si quid loquar, audiatur. et d'écouter ce que je dit.
Quidam ludunt, quidam bibunt, Certains jouent, certains boivent,
quidam indiscrete vivunt. d'autres vivent sans pudeur.
Sed in ludo qui morantur, De ceux qui jouent,
ex his quidam denudantur certains se retrouvent nus,
quidam ibi vestiuntur, certains sont rhabillés,
quidam saccis induuntur. d'autres sont mis en sac.
Ibi nullus timet mortem Personne ici ne craint la mort,
sed pro Baccho mittunt sortem. mais ils misent le sort pour Bacchus.
Primo pro nummata vini, Le premier est pour la tournée
ex hac bibunt libertini; puis les affranchis boivent,
semel bibunt pro captivis, une autre fois pour les prisonniers,
post hec bibunt ter pro vivis, une troisième pour les vivants,
quater pro Christianis cunctis une quatrième pour les Chrétiens,
quinquies pro fidelibus defunctis, une cinquième pour les fidèles défunts,
sexies pro sororibus vanis, une sixième pour les soeurs légères,
septies pro militibus silvanis. une septième pour la troupe en campagne.
Octies pro fratribus perversis, Une huitième pour les frères pervertis,
nonies pro monachis dispersis, une neuvième pour les moines dispersés,
decies pro navigantibus une dixième pour ceux qui naviguent,
undecies pro discordaniibus, une onzième pour les plaideurs,
duodecies pro penitentibus, une douzième pour les pénitents,
tredecies pro iter agentibus. une treizième pour les voyageurs.
Tam pro papa quam pro rege une pour le Pape et une pour le Roi,
bibunt omnes sine lege. tous boivent sans loi.

Bibit hera, bibit herus, La patronne boit, le patron boit,


bibit miles, bibit clerus, le soldat boit, le prêtre boit,
bibit ille, bibit illa, celui-ci boit, celle-ci boit,
bibit servus cum ancilla, l'esclave boit avec la servante,
bibit velox, bibit piger, l'agile boit, le paresseux boit,
bibit albus, bibit niger, le blanc boit, le noir boit,
bibit constans, bibit vagus, le pondéré boit, l'inconstant boit,
bibit rudis, bibit magus. le fou boit, le sage boit,
Bibit pauper et egrotus, Le pauvre et le malade boivent,
bibit exul et ignotus, l'exilé et l'étranger boivent,
bibit puer, bibit canus, l'enfant boit, le vieux boit,
bibit presul et decanus, l'évêque et le doyen boivent,
bibit soror, bibit frater, la soeur boit, le frère boit,
bibit anus, bibit mater, la vieille boit, la mère boit,
bibit ista, bibit ille, celui-ci boit, celui-là boit,
bibunt centum, bibunt mille. cent boivent, mille boivent.
Parum sexcente nummate Six cent pièces filent durant,
cum immoderate vite, quand, sans retenue,
bibunt omnes sine meta. tous boivent sans fin.
Quamvis bibant mente leta, Mais ils boivent l'esprit gai,
sic nos rodunt omnes gentes ainsi nous sommes ceux que tous méprisent,
et sic erimus egentes. et ainsi nous sommes sans le sou.
Qui nos rodunt confundantur Ceux qui nous critiquent iront au diable et cum iustis non
scribantur. et avec les justes ne seront pas comptés.

13 L’ABBÉ DE LA CONFESSION « Ego sum abbas »

Vanagloria

Ego sum abbas Cucaniensis Je suis l'abbé de Cocagne


et consilium meum est cum bibulis, et mon assemblée est une d'ivrognes,
et in secta Decii voluntas mea est, et être dans l'ordre de Decius est ma volonté,
et qui mane me quesierit in taberna, et qui me cherche dans la taverne au matin,
post vesperam nudus egredietur, après Vêpres il sortira nu,
et sic denudatus veste clamabit: et ainsi dénudé de ses habits il criera:

Wafna, wafna! Holà! Holà!


quid fecisti sors turpassi Qu'as-tu fait, infâme Sort ?
Nostre vite gaudia La joie de notre vie
abstulisti omnia! tu as tout emporté!

Vanagloria
Je suis le moine de la rédemption, expiez vos fautes pauvres pêcheurs car le glas vient
de sonner. A genoux ! Je vais vous laver de vos impuretés et irriguer la terre de votre sang impur.
Je suis rongé d’une violente colère Je suis le fou comme un torrent d’amertume déchainé. Je suis
un navire sans matelot. Les chaines ne peuvent me tenir. Je m’en remets au jugement de Dieu, je
vous remets au jugement du Diable.

11 LES TÊTES COUPÉES «stuans interius »

sortant un sabre laser de sous sa cape, le moine pourfend tous les hommes présents dans le lieu.
Coupant des têtes. Gula, l’abbé, Mammon et Ira sont cachés sous une table mais seront tués.

Vanagloria
Estuans interius Rongé intérieurement
ira vehementi d'une violente colère,
in amaritudine amèrement
loquor mee menti: à mon âme je parle:
factus de materia, fait de matière,
cinis elementi des cendres des éléments,
similis sum folio, je suis semblable à une feuille,
de quo ludunt venti. avec quoi jouent les vents.
Cum sit enim proprium Car que ce soit propre
viro sapienti à l'homme sage
supra petram ponere de poser sur la roche
sedem fundamenti, le siège des fondations,
stultus ego comparor je suis le fou comparé
fluvio labenti, au fleuve qui coule,
sub eodem tramite qui dans sa course folle
nunquam permanenti. jamais ne change de route.
Feror ego veluti Je suis emporté tel
sine nauta navis, un navire sans matelot,
ut per vias aeris et par la voie des airs
vaga fertur avis; tel qu'est porté l'oiseau flottant;
non me tenent vincula, les chaînes ne peuvent me tenir,
non me tenet clavis, la clef ne peut me lier,
quero mihi similes je cherche les gens comme moi
et adiungor pravis. et rejoins les tortus.
Mihi cordis gravitas La lourdeur de mon coeur
res videtur gravis; me semble un lourd fardeau;
iocis est amabilis plaisanter est plus aimable
dulciorque favis; et plus doux qu'un gâteau de miel;
quicquid Venus imperat, quoi que Vénus ordonne
labor est suavis, la tâche est douce,
que nunquam in cordibus elle n'habite jamais
habitat ignavis. les cœurs paresseux.
Via lata gradior Sur la large voie je marche
more iuventutis au désir de la jeunesse
inplicor et vitiis je me plie ainsi qu'aux vices
immemor virtutis, oublieux de ma vertu,
voluptatis avidus je suis avide de plaisirs
magis quam salutis, plus que pour mon salut,
mortuus in anima mort dans mon âme,
curam gero cutis. je porterai soin à la chair.

long silence et changement de lumières, gémissements des


blessés

IV . COURS D'AMOURS
15 LE CHAMP DE BATAILLE « Amor volat undique »
. les enfants arrivent au milieu du champ de bataille

Les enfants
Amor volat undique, Amour vole partout,
captus est libidine. saisi de désir.
Iuvenes, iuvencule Jeunes hommes et jeunes femmes
coniunguntur merito. sont unis équitablement.

Fortuna
Siqua sine socio, La fille sans compagnon
caret omni gaudio; manque tous les plaisirs;
tenet noctis infima elle tient la nuit la plus basse
sub intimo profondément
cordis in custodia: cachée dans son coeur:

Les enfants
fit res amarissima. c'est la plus grande amertume.

0
16 MORT DE FORNICATIO « Dies, nox et omnia »
Fornicatio est blessé mortellement et se plaint à fortune et à ses enfants.
Fornicatio
Fortune ! Tu es venue achever ton œuvre, alors regarde. Regarde ce que je suis devenu, un amas
de chair repoussant. Moi qui enchantais le sexe faible, moi que le caquetage des vierges faisais
soupirer. Moi dont le corps qui a connu tant de plaisir, se tord à présent de douleur. Ma peau tant
de fois caressée par les femmes n’est que plaie et brûlure. Eloigne toi de moi, tu ne sais que
semer le désastre et la consternation. Tu ne fais naître l’espoir que pour mieux te refuser. Tu
allumes des flammes que tu inondes de ta haine. Tu es le mal. Va t’en, éloigne toi de moi, laisse
moi m’éteindre comme je n’ai jamais su vivre…dignement. (crié) Va t’en ! (Fortune s’éloigne,
avec les enfants) … attends, reviens ! ne me laisse pas…un dernier baiser, nous nous sommes
tant aimé, tu ne peux pas m’abandonner, tu as le pouvoir de me redonner vie, juste un baiser,
juste un baiser.
(pendant l’air des hommes en noir sortent les tables, laissant dans un premier temps les cadavres
puis commençant à les ranger en rang)

Fornicatio
Dies, nox et omnia Jour, nuit et tous
michi sunt contraria; Sont contre moi,
virginum colloquia Le caquetage des vierges
me fay planszer, Me fait pleurer,
oy suvenz suspirer, Et souvent soupirer,
plu me fay temer. Et surtout m'effraie.
O sodales, ludite, O compagnons, raillez,
vos qui scitis dicite Vous ne savez ce que vous dites,
michi mesto parcite, Epargnez le malheureux que je suis,
grand ey dolur, Grande est ma douleur,
attamen consulite Conseillez-moi au moins,
per voster honur. Sur votre honneur.
Tua pulchra facies Ta superbe face,
me fay planszer milies, me fait mille fois pleurer,
pectus habet glacies. ton coeur est comme de la glace.
A remender Tel un remède,
statim vivus fierem je serai sitôt vivant
per un baser. par un baiser. (il meurt)

Les enfants qui erraient dans le charnier, reviennent en courant vers Fortune et lui montre
Vanagloria.

Zoé
Vanagloria, vanagloria

18 . LE RETOUR DE VANAGLORIA « Circa mea pectora »


Vanagloria est blessé, il revient tenant une tête décapitée à la main, c’est celle de Ira. Les
enfants lui répondent et le repousse sur Mandaliet. Et le tue de leurs piques.

Circa mea pectora Dans mon coeur


multa sunt suspiria nombreux sont mes soupirs
de tua pulchritudine, pour ta beauté,
que me ledunt misere. qui me blessent misérablement.

Manda liet, Mandaliet,


min geselle mon amour
chumet niet. ne vient pas.

Tui lucent oculi Tes yeux brillent


sicut solis radii, comme les rayons solaires,
sicut splendor fulguris comme l'éclat de l'éclair
lucem donat tenebris. donne la lumière aux ténèbres.

Manda liet, Mandaliet,


min geselle mon amour
chumet niet. ne vient pas.

Vanagloria à genoux.

Vellet deus, vallent dii Que Dieu veuille, que les dieux veuillent
quod mente proposui: ce qui est dans mon esprit:
ut eius virginea que de sa virginalité
reserassem vincula. j'ouvre enfin les chaînes.

Manda liet, Mandaliet,


min geselle mon amour
chumet niet. ne vient pas.

Vanagloria meurt à son tour, son corps et celui de Fornicatio est couvert de fleurs par les
enfants par les enfants …

17 LA ROBE ENSANGLANTÉE « Stetit puella »


La robe de la fortune est couverte du sang du massacre. Elle jette des pétales

Fortune place les enfants au dessus de chaque mort

Stetit puella Une fille debout


rufa tunica; dans une tunique rouge;
si quis eam tetigit, si quelqu'un la touche,
tunica crepuit. la tunique froufroute.
Eia. Eia!
Stetit puella Une fille debout
tamquam rosula; comme une petit rose:
facie splenduit, sa face était radieuse
os eius fioruit. Et sa bouche en fleur.
Eia. Eia!

Le cimetière est désert, les enfants sont comme des statuts. La cloche résonne, les veuves arrivent
et cherchent leur mort. .Elles sanglotent, au début du chant les hommes se redressent et les
enfants se mettent en boule.

20. L’ACCOUPLEMENT « Veni, veni, venias »

Veni, veni, venias Viens, viens, O viens


ne me mori facias, ne me laisse pas mourir,
hyrca, hyrce, nazaza, hycra, hycre, nazaza,
trillirivos... trillirivos!
Pulchra tibi facies Belle est ta face,
oculorum acies, la lueur de tes yeux,
capillorum series, tes cheveux tressés,
o quam clara species! o quelle glorieux être!
Rosa rubicundior, plus rouge que la rose,
lilio candidior plus blanc que le lis,
omnibus formosior, plus aimant que les autres,
semper in te glorior! toujours je te glorifierais!

21 LA FORTUNE CHARME L’ASSISTANCE « truitina »

Tous les couples s’en vont. Fortune est sur la table du centre. On rentre la grande table et elle
finit au centre de celle-ci

In truitina mentis dubia Dans l'hésitante balance de mes sens


fluctuant contraria fluctuants qui s'opposent,
lascivus amor et pudicitia. amour lascif et pudicité.
Sed eligo quod video, Mais je choisis ce que je vois,
collum iugo prebeo: et soumet mon cou au joug:
ad iugum tamen suave transeo. au joug malgré tout doux je me soumets.

Epilogue

Vx Off : « le monde traversa alors une longue période où régnèrent sagesse et méditation,
abstinence et partage. Les hommes essayèrent d’oublier les périodes troubles de leurs ancêtres.
Et ils y arrivèrent. La sérénité était de ce monde. Plus de guerre, plus de jalousie. L’esprit de
possession avait fait place au sentiment d’abnégation et chacun donnait et recevait en échange.
Tous les biens étaient communs et nul n’avait le droit de posséder plus que son voisin. Tout était
à tous, chacun pouvait jouir de tout. Mais les hommes peu à peu ressentirent une gène Leur
monde idéal se fissurait, un malaise sournois rongeait ces êtres pétris de sagesse. Le grand
conseil fut convoqué. (Entrée des solistes qui s’assoient autour de la grande table.) Un sage prit
la parole.

Ira
Très chers frères et sœurs, nous sommes réunis aujourd’hui pour évoquer un problème qui nous
concerne tous. Notre société est rongée d’un mal étrange, les sourires ont disparu de nos visages,
les rires ne résonnent plus dans nos jardins. Alors que nous devrions nous réjouir d’avoir créée
une société où tout est contrôlé, où rien ne peut nous arriver. Alors que les accouplements sont
régis par nos éminents sociologues, que la copulation animale de nos ancêtre a fait place à une
procréation assistée par nos valeureux praticiens , que les risques de maladies ont été réduit grâce
à une alimentation saine et équilibrée de nos talentueux allergologues. que l’éducation est
organisée en fonction de la possibilité intellectuelle de chaque individu par nos extraordinaires
pédagogues, que la criminalité a été anéanti par le tri génétique des trois dernières générations.
Alors que ce monde ne peut nous procurer aucune mauvaise surprise, tous les indicateurs
prouvent que nous ne sommes pas heureux. Que proposez-vous ?

Long silence…..
L’Abbé
La seule solution qui me paraît raisonnable est une incantation à Blanziflor et Helena.

Tous
Oui, oui…

L’abbé
Ave formossissima !

23 LA FORTUNE EST AU CENTRE « Dulcissime »


1 Les chœurs reviennent s’asseoir autour de la table. Les autres rentrent et se
mettent en face comme dans une grand-messe
2
3 Dulcissime, O cher entre tous,
totam tibi subdo me! Je me donne à toi totalement!

24 HAPPY END « Ave formosissima »


par tous les côtés

Ave formosissima, Je salue la plus belle,


gemma pretiosa, précieux joyau,
ave decus virginum, Je salue la gloire de la vierge,
virgo gloriosa, glorieuse vierge,
ave mundi luminar, Je salue la lumière du monde,
ave mundi rosa, Je salue la rose du monde,
Blanziflor et Helena, Blanche-fleur et Hélène,
Venus generosa! noble Vénus!

L’abbé
Le problème c’est que nous ne rêvons plus.

Ira
Le problème c’est qu’il n’y a plus de problèmes

Fornicatio
Le problème c’est qu’on s’ennuie

Vanagloria
Nous devrions imaginer une maison qui vendrait du rêve, une maison ou l’on pourrait gagner par
le fait du hasard.

Gula
Oui mais on gagnerait quoi ?

Tous (après réflexion)


De l’argent !!!

25 LA ROUE TOURNE Fortuna Imperatrix Mundi  « O Fortuna »


le casino renaît de ses cendre
(Les toges volent et retombent sur les grandes tables rondes, les démons reprennent leur
jeu)
(Choeur) O Fortuna O Fortuna,
velut luna comme la Lune
statu variabilis, tu es variable,
semper crescis toujours croissante
aut decrescis; et décroissante;
vita detestabilis la vie détestable
nunc obdurat d'abord oppresse
et tunc curat et puis calme
ludo mentis aciem, comme le jeu s'empare de la raison,
egestatem, pauvreté
potestatem et pouvoir
dissolvit ut glaciem. elle les fait fondre comme glace.
Sors immanis Sort monstrueux
et inanis, et vide,
rota tu volubilis, tu fais tourner la roue,
status malus, tu es mauvais,
vana salus vaine bien-portance
semper dissolubilis, toujours divisible,
obumbrata ombragée
et velata et voilée
michi quoque niteris; tu me tourmentes aussi;
nunc per ludum là par le jeu
dorsum nudum mon dos nu
fero tui sceleris. j'apporte à ta vilenie.
Sors salutis Le salut du Sort
et virtutis et son mérite
michi nunc contraria, est maintenant contre moi, e
st affectus est poussé
et defectus et affaibli,
semper in angaria. toujours en esclavage.
Hac in hora Donc à cette heure
sine mora sans délai corde
pulsum tangite; pincez les cordes vibrantes;
quod per sortem car le Sort
sternit fortem, étend l'homme fort,
mecum omnes plangite! pleurez tous avec moi!

FIN
22 Bis « Tempus est iocundum »
la résurrection, Fortune est sur la table du centre et de toute part reviennent. Les tables rondes du casino
sont réinstallées. Les chœurs commencent à se mettre en toge. Et on voit des couples en toge succéder aux couples
en habit de taverne.

(Choeur)
Tempus est iocundum, Le temps est joyeux,
o virgines, O vierges,
modo congaudete réjouissez-vous avec vos
vos iuvenes. jeunes hommes!

Vanagloria et Fornicatio ressuscitent de sous les fleurs

Oh, oh, oh, Oh! Oh! Oh!


totus floreo, je fleuris entièrement!
iam amore virginali de mon tout premier amour
totus ardeo, je brûle ardemment!
novus, novus amor Un nouvel amour est,
quo pereo. est ce dont je meure.

(Choeur de filles)
Mea me confortat Je suis réconfortée
promissio, par ma promesse,
mea me deportat je suis abattue par mon refus

(Soprano et Choeur de filles)


Oh, oh, oh, Oh! Oh! Oh!
totus floreo, je fleuris entièrement!
iam amore virginali de mon tout premier amour
totus ardeo, je brûle ardemment!
novus, novus amor Un nouvel, nouvel amour est,
quo pereo. est ce dont je meure.

(Choeur d'hommes)
Tempore brumali Au solstice d'hiver
vir patiens, l'homme patient,
animo vernali par l'esprit printanier
lasciviens. devient folâtre.

(Baryton)
Oh, oh, oh, Oh! Oh! Oh!
Totus floreo, je fleuris entièrement!
iam amore virginali de mon tout premier amour
totus ardeo, je brûle ardemment!
novus, novus amor Un nouvel, nouvel amour est,
quo pereo. est ce dont je meure.

(Choeur de filles)
Mea mecum ludit Ma virginité
virginitas, me rend folâtre,
mea me detrudit ma simplicité
simplicitas. me retient.

(Soprano et Choeur de filles)


Oh, oh, oh, Oh! Oh! Oh!
totus floreo, je fleuris entièrement!
iam amore virginali de mon tout premier amour
totus ardeo, je brûle ardemment!
novus, novus amor Un nouvel, nouvel amour est,
quo pereo. est ce dont je meure.

(Choeur)
Veni, domicella, Viens, ma maîtresse,
cum gaudio, avec joie,
veni, veni, pulchra, viens, viens, ma toute belle,
iam pereo. déjà je me meure!
(Baryton et Choeur)
Oh, oh, oh, Oh! Oh! Oh!
totus floreo, je fleuris entièrement!
iam amore virginali de mon tout premier amour
totus ardeo, je brûle ardemment!
novus, novus amor Un nouvel, nouvel amour est,
quo pereo. est ce dont je meure.

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