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Le financement des PME marocaines par le système bancaire

Article · December 2018

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Le financement des PME marocaines par le système bancaire

Le financement des PME marocaines par le système bancaire

M. Mohamed OUDGOU & M. Mohamed ZEAMARI


Université My Ismail- Meknès

Résumé : il y a une prémisse qui stipule que la croissance des PME ne peut être soutenue uniquement
par l’autofinancement. Le recours à l’endettement et/ou à l’ouverture du capital s’impose
comme une exigence de premier ordre à l’essor des PME. Théoriquement, l’ouverture du
capital n’est pas envisageable pour les entreprises asymétriques comme certaines PME
(Myers & Majluf, 1984; Psillaki, 1995 ; Hicks, 1975). L’endettement bancaire est donc la
première source de financement externe des PME. L’objectif de ce travail est d’analyser la
contribution du système bancaire au financement des PME marocaines.

Mots clés : PME marocaines, financement bancaire, système bancaire marocain.

Abstract: There is a premise that growth of Small and Medium-sized Enterprises (SME’s) can not be
supported only by self-financing. The use of debt and/or the external shareholder’s is a
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prime requirement for the growth of SME’s. Theoretically, the opening of capital for a
shareholders-outside is not generally possible for asymmetric companies such as certain
SME’s (Myers et Majluf, 1984; Psillaki, 1995; Hicks, 1975). Debt bank is thus the first
source of external financing for SME’s. The aims of this work is to analyze the contribution
of the banking system to the financing of Moroccan SME’s.

Keywords: Moroccan SME’s, Bank financing, Moroccan banking system.

"La revue n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les
articles : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs. »

1
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

INTRODUCTION

Les principaux courants de la théorie financière s’accordent sur le fait que la phase de
croissance d’une entreprise ne peut être financée uniquement par les capitaux internes. Le
recours aux capitaux étrangers permet de compléter les moyens de financement internes afin
de faire face aux opportunités d’investissement et aux besoins chroniques du cycle
d’exploitation. En effet, la décision de financement par emprunt ou par capitaux propres
relève assez de controverses dans la théorie financière (Leland & Pyle, 1977; Miller &
Modigliani, 1958, 1963, 1977; Myers & Majluf, 1984; Stiglitz & Weiss, 1981). Dans la
pratique, le financement externe des entreprises s’appuie principalement sur trois grandes
modalités de financement : l’emprunt bancaire, le crédit-bail et l’emprunt obligataire.
L’emprunt bancaire, est le plus évoqué dans la théorie financière et peut être consenti sous
forme de crédit à court et moyen terme ou des prêts à long terme 1.

Les entreprises recourent aux prêts bancaires à long terme pour financer leurs programmes
d’investissement pour lesquels les fonds propres s’avèrent insuffisants. Ce type de
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financement, pendant une longue période, implique certainement des risques d’exploitation et
de faillite. Ceci, amène les banques à être plus minutieuses dans la décision d’octroi des prêts.
De même, le financement du cycle d’exploitation est d’autant plus important pour les
entreprises industrielles en raison de sa longueur que pour les entreprises purement
commerciales. Le besoin du financement d’exploitation (BFR) est induit par l’insuffisance
des crédits fournisseurs à combler les emplois lourds de l’actif circulant, notamment les
stocks. « La gestion du crédit interentreprises est une tâche d’autant plus lourde que le cycle
d’exploitation est long et que la taille de l’entreprise est réduite par rapport à la clientèle »
(Rigar, 2003). La réduction du risque d’exploitation est liée donc à la capacité de l’entreprise
à négocier des délais fournisseurs-clients et par la mise en place d’une stratégie de
financement des emplois d’exploitation. Le financement bancaire de ces emplois peut prendre
des formes diversifiées suivant la nature des besoins. L’escompte commercial, l’affacturage,
le crédit de trésorerie, les engagements par signature, sont les formes de financement à court
et moyen terme les plus courantes et octroyés par les banques.

1
Selon Rigar (2003) : Un prêt donne lieu à un versement effectif des fonds en une ou plusieurs fois. Un prêt à
long terme s’étend de 7 à 15 ans ou à 20 ans. Le crédit ne donne pas lieu à un versement obligatoire des fonds, il
se présente sous forme d’une ligne accordée par la banque que l’entreprise peut utiliser selon ses besoins. Un
crédit à moyen terme s’étend de 2 à 7 ans alors qu’un crédit à court terme sa durée est généralement moins d’un
an.

2
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

En effet, l’endettement bancaire, par ses différentes formes, constitue la principale source de
financement externe des PME. Ces dernières sont généralement excluent du marché financier.
Les PME marocaines 2 , ne font pas une exception et par conséquence recourent à
l’endettement bancaire pour consolider leur structure financière. Malgré l’importance des
efforts déployés par les autorités publiques ces dernières années, il y a une perception que les
PME marocaines souffrent encore d’une difficulté d’accès au financement bancaire.

Pour rappel, les PME constituent la locomotive du tissu économique marocain. La viabilité de
ces entreprises est donc au cœur des actions des politiques en leur faveur. La viabilité de ces
entreprises s’articule autour, de la bonne gouvernance, de l’innovation, de la qualité, des
questions managériales et surtout sur la recherche des moyens de financement. L’enjeu du
développement et de la viabilité des PME marocaines apparaît plus critique dans un
environnement marqué par l’instabilité politique régionale, par le développement exponentiel
de la nouvelle technologie de l’information, par la recherche des produits innovants,…etc. Cet
enjeu est d’autant plus grand que notre tissu économique est constitué de près 93% des PME
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qui contribuent à la création de 46% des emplois, réalisent 51% des investissements
nationaux, 31% des exportations et ne contribuent qu’à hauteur de 20% au PIB (Oxford
Business Group, 2017). Ces statistiques montrent l’incompatibilité entre l’importance des
PME et leur contribution au développement économique et social. Il faut donc soutenir et
accompagner les PME marocaines pour devenir les grandes entreprises de demain. Pour ce
faire, elles ont besoin de solutions pratiques et locales sans pour autant calquer les modèles
des Etats-Unis et de l’Europe.

L’objectif de cet article est d’analyser la contribution du système bancaire marocain au


financement des PME. En trois grands axes, nous allons présenter successivement :
l’évolution du cadre institutionnel du secteur bancaire marocain, la structure du système
bancaire et la financiarisation de l’économie marocaine et finalement l’apport du système
bancaire au financement des PME.

I- LE CADRE INSTITUTIONNEL DE L’ACTIVITE BANCAIRE


MAROCAINE

Pour répondre aux exigences croissantes de développement de la profession bancaire d’une


part et des exigences de s’adapter aux évolutions des normes prudentielles internationales
d’autre part, la loi bancaire marocaine a fait l’objet de plusieurs réformes successives : la
2
Par PME marocaines, nous désignions les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 175 millions de
dirham. C’est la définition de Maroc-PME. Il s’agit de l’agence nationale pour la promotion des PME.

3
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

première en 1993, la deuxième en 2006 et la réforme actuelle de 2014 suite à la mise en place
des banques participatives.

L’histoire prouve l’ouverture des premiers guichets bancaires en 1906 et la Banque d’Etat en
1907 par la signature de l’Acte d’Algésiras entre le Maroc, les Etats-Unis et douze pays
européens. La banque d’Etat joue le rôle de l’agent financier du gouvernement, exerce des
opérations à caractère commercial et émettre la monnaie fiduciaire. Pendant le protectorat, de
nombreuses banques d’affaires se sont installées et des institutions financières nationales ont
été créées. Toutefois, ce n’est qu’en 1943 qu’un texte de loi a été instauré pour réglementer
l’activité bancaire marocaine.

Au lendemain de l’indépendance (1959), des réformes importantes ont été mises en place
pour nationaliser le système bancaire : la réorganisation de l’office des changes (1958),
l’instauration du dirham (MAD) comme l’unique unité de compte nationale (1959) et la
création de la banque du Maroc en 1959 et sa nomination « Bank Al-Maghrib » en 1987. Et
pour accompagner le financement du développement de l’économie marocaine, plusieurs
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banques ont été créées3.

Le système bancaire marocain a fait l’objet d’une importante réforme en 1993 4 , qui a
complétée et remplacée la loi bancaire de 1967 5 . Cette réforme a visé la libéralisation
progressive du système bancaire par le désencadrement du crédit, la libéralisation des taux
d’intérêts débiteurs, le renforcement de la protection des déposants et des emprunteurs et le
lancement d’un marché de change interbancaire. Ainsi, cette loi a retenu la notion de la
« banque universelle » et distingue entre les banques et les sociétés de financement ce qui a
remplacé la distinction entre les organismes de financement spécialisés (OFS) et les banques.
Cette libéralisation du système bancaire a été réalisée dans un cadre prudentiel renforcé par la
création : du Conseil National de la Monnaie et de l’Epargne (CNME), de la Commission de
Discipline (CD) et le Comité des Etablissement de Crédit (CEC).

Toutefois, le champ de la loi bancaire de 1993 est limité puisqu’il ne s’applique pas aux
organismes financiers qui ont une mission de service public : Bank Al-Maghrib, la Trésorerie
Générale du Royaume, les services financiers de la Poste, la Caisse de Dépôts et de Gestion,

3
La banque Nationale de Développement Economique (BNDE) pour financer les investissements industriels ; le
Crédit Populaire du Maroc (CPM) pour financer les activités artisanal et les PME ; la Caisse d’Epargne
Nationale (CEN) pour collecter les petites épargnes ; la Caisse de Dépôt et de Gestion pour gérer les fonds
publics.
4
Dahir portant loi n°1-93-147 du 6 juillet 1993 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés.
5
Décret Royal portant loi n°1-67-66 du 21 avril 1967 relative aux établissements de crédit et organismes
assimilés

4
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

la Caisse Centrale de Garantie. En outre, les Banques off-shore, le Crédit Populaire, le Crédit
Immobilier et Hôtelier et le Crédit Agricole sont régis par des textes de loi particuliers. C’est
face à ces limites qu’une autre réforme a été intervenue en 2006.

La nouvelle loi bancaire promulguée en 2006 6 a intégrée des textes relatifs aux institutions de
microcrédit et à la banque postale. Il a octroyé plus d’autonomie à Bank Al-Maghrib en
matière de contrôle bancaire 7 , de fixation des objectifs et des instruments de la politique
monétaire. Ainsi, la banque centrale est la seule institution chargée de la surveillance et de la
régulation du système bancaire 8 . En outre, vu le rôle indispensable des banques dans le
financement de l’économie marocaine, la stabilité de leur structure financière est un pilier
pour la continuité de leurs activités. Dans ce cadre, la loi bancaire a introduit les nouvelles
règles prudentielles de Bâles II.

La troisième réforme est introduite en décembre 2014 9 , ces principaux apports portent
notamment sur l’élargissement du champ d’application de la loi aux établissements
spécialisés dans l’offre des services de paiement, aux associations de micro-crédit et les
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banques off-shore. Elles sont désormais soumises aux règles prudentielles, comptables, aux
régimes des sanctions, d’octroi et de retrait d’agrément. Ainsi, la présente loi a alignée le
système bancaire national aux nouvelles règles de surveillance macro-prudentielles et de
gestion des crises systémiques dans le cadre de Bâle III. Un comité a été instauré 10 et chargé
de l’analyse de la situation du système financier, de l’évaluation des risques systémiques et de
la mise en œuvre des mesures nécessaires pour atténuer ses effets sur l’économie nationale.

Le fait marquant de la réforme de la loi bancaire de 2014, c’est l’instauration du cadre


législatif relatif à l’introduction des banques participatives et du Conseil Supérieur des
Oulémas (CSO). Ce dernier a pour mission de donner des avis de conformité des activités et
des produits des banques participatives à la Chariaâ. Il prévoit également l’instauration d’un
comité d’audit chargé d’identifier et de prévenir les risques de non-conformité de leurs
opérations et produits aux avis du Conseil Supérieur des Oulémas (CSO). Ces banques

6
Dahir n°1-05-178 portant loi n°34-03 relative à l’exercice de l’activité des établissements de crédit et
organismes assimilés.
7
L’Autonomie de Bank Al-Maghrib est promulgué par le Dahir n°1-05-38 du 23 novembre 2005 loi n°76-03
relative aux modifications du statut de Bank Al-Maghrib.
8
Bank Al-Maghrib est la seule institution chargée à prononcer les sanctions contre les établissements de crédit
qui violent les dispositions de la loi bancaire et d’assurer la gestion de leurs difficultés. Pour cette fin, le Fonds
Collectif de Garantie des dépôts (FCGD) a été instauré.
9
Dahir n°1-05-178 portant promulgation de la loi n°34-03 relative aux établissements de crédit et organismes
assimilés.
10
Ce comité est composé des régulateurs du système bancaire, des marchés de capitaux, du secteur des
assurances, du Ministères de l’Economie et des finances et présidé par le Wali de Bank Al-Maghrib.

5
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

reposent sur le principe de partage des gains et des pertes, l’interdiction de financement des
activités illicites, l’interdiction de l’intérêt et de la spéculation.

Globalement, les différentes réformes avaient pour objectif de moderniser le système bancaire
marocain, d’améliorer le financement de l’économie et renforcer son attractivité au niveau
régional et international.

Ces réformes impactent évidemment la structure du système bancaire national et sa


contribution au financement de l’économie nationale.

II- L’ANALYSE DE LA STRUCTURE DU SYSTEME BANCAIRE


MAROCAIN

L’évolution de l’économie marocaine s’est accompagnée par l’évolution de son système


financier afin de financer ses différents besoins, particulièrement ceux liés à l’investissement.
Dans ce qui suit, nous nous focalisons en premier lieu sur l’évolution du réseau bancaire
marocain, ensuite sur le financement de l’économie marocaine par le système bancaire.
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1.1.Le développement du réseau des établissements bancaires marocains


Le système bancaire marocain est composé des banques commerciales, des banques d’affaires
et de la banque centrale (Bank Al-Maghrib). A la fin de 2016, le secteur bancaire marocain
comptait 84 établissements de crédit et assimilés. Ils sont réparties entre 19 banques (dont 6
cotées et représentant 39% de la capitalisation boursière), 6 banques off-shore, 34 sociétés de
financement, 13 associations de micro-crédit, 10 sociétés de transfert de fonds et 2 autres
établissements (Caisse Centrale de Garantie et la Caisse de Dépôt et de Gestion).

A l’étranger, les banques marocaines disposent de 41 filiales et 18 succursales. Ces


établissements disposent d’environ 1 453 agences et de 50 bureaux de représentants (dont
84% installés en Europe). Les agences sont localisées majoritairement dans les pays de
l’Afrique de l’Ouest à hauteur de 56%, dans l’Afrique de l’Est et dans Australie (15%), dans
l’Afrique du Nord (15%), dans l’Afrique Centrale (7%) et en Europe (7%).

De plus, le 29 novembre 2016, le Comité des Etablissements des Crédits (CEC) a émis un
avis favorable sur les demandes de création de 5 banques participatives. Il s’agit de la CIH
Bank en partenariat avec la Quatar International Islamic Bank ; la BMCE Bank of Africa
conjointement avec le groupe Saoudi/Bahereini Dalla Al Baraka ; la Banque Centrale
Populaire (B.C.P) avec le groupe Saoudien Guidance 11 ; le Crédit Agricole du Maroc avec

11
Groupe Saoudien Guidance : Société financière spécialisée dans le financement immobilier.

6
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

l’Islamic Corporation for the Developpement of the Private Sectoe (ICD) 12 ; Attijariwafa
Bank a précisé qu’elle est toujours en discussion avec des futures partenaires. Le Comité des
Etablissements de Crédit a émis également un avis favorable pour autoriser 3 banques à créer
des guichets dédiés aux produits bancaires participatifs. Il s’agit de la Banque Marocaine du
Commerce et de l’Industrie, le Crédit du Maroc et la Société Générale.

Cette géographie révèle que le système bancaire est assez diversifié pour financer l’économie
marocaine. En outre, l’instauration des banques participatives va certainement renforcer
l’offre de financement par le secteur bancaire et doter les entreprises et les particuliers d’une
nouvelle source de financement dont les principes sont conformes à la Chariaâ.

Grâce à la diversification du réseau bancaire, l’accès de la population aux services bancaires a


nettement progressé. Le degré d’accès aux services bancaires ou le taux de pénétration (est
mesuré par le taux de bancarisation), renseigne sur le développement de l’offre des services
financiers à la population. En effet, le développement de cet indicateur demeure tributaire du
niveau d’éducation, de l’ampleur de la population active et de la confiance envers les
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institutions financières (Conseil de la Concurrence et Mazars, 2013).

Tableau 1 : Evolution du nombre de guichets bancaires et le taux de bancarisation


Indicateurs // Année 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Nombre de guichets bancaires 4025 4425 4787 5113 5447 5711 5915 6139 6283
Nombre d'habitants par guichet 7800 7100 6600 6300 5900 5700 5700 5500 5400
Taux de bancarisation 43% 47% 50% 54% 57% 60% 64% 68% 71%
Sources : Elaboré par nous-mêmes à partir des rapports de (Bank Al-Maghrib, 2010, 2013, 2016).

Le tableau 1, nous montre la progression du réseau bancaire et la progression continue du taux


de bancarisation entre 2008 et 2016. Le réseau s’est ainsi constitué jusqu’ juin 2016 de 6239
guichets bancaires. En conséquence, la densité bancaire13 ressort qu’à fin de 2015, le nombre
d’habitants par guichet s’établi à 5500. Cette progression est due à la stratégie d’éducation
financière contre l’inclusion financière poursuivie par Bank Al-Maghrib afin de bancariser de
nouveaux segments de la population (Conseil de la concurrence & Mazars, 2013). Cependant,
ces résultats sont moins convaincants vis-à-vis des potentialités du réseau bancaire. Les
raisons sont multiples : l’importance de l’informel dans l’économie, un développement
économique régional déséquilibré, la réticence de certains segments de la population à utiliser
des moyens de paiement électroniques et une implantation géographique déséquilibrée des
banques sur le territoire national. Cela explique certainement le déséquilibre et la

12
ICD : c’est une filiale de la Banque Islamique de Développement (BID).
13
La densité bancaire est appréhendée par le nombre de guichets pour 10 000 habitants.

7
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

concentration des banques dans certaines régions réputées plus dynamique que d’autres en
termes d’activité économique.

Selon le nouveau découpage territorial adopté, les guichets, les dépôts et les crédits sont
concentrés dans trois régions à la fin de 2015. La région de Casablanca-Settat se place en 1er
rang avec 29,4% des guichets, 64% des crédits et 40% des dépôts, en 2ème rang la région de
Rabat-Salé-Kenitra qui a disposé 15% des guichets bancaires, 16% des crédits et 17,4% des
dépôts. En 3ème rang, la région de Fès-Meknès avec 11,3% des guichets, 5% des crédits et 8%
des dépôts (Bank Al-Maghrib, 2016). Une telle concentration territoriale des guichets fait
ressortir un niveau de bancarisation différencié mais aussi une différenciation en matière de
collecte des dépôts et d’octroi des crédits entre les différentes régions du Royaume.

1.2.La financiarisation de l’économie marocaine par le système bancaire


Les établissements de crédit en général et les banques en particulier sont les principales
émettrices sur le marché de la dette privée au Maroc. Elles jouent un rôle irremplaçable en
matière d’intermédiation financière c’est-à-dire la transformation des dépôts à vue en prêt à la
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clientèle.

L’examen de l’évolution de l’activité bancaire est effectué sur la base des indicateurs du bilan.
Les indicateurs les plus utilisés sont le total bilan et les fonds propres renseignant ainsi sur la
taille de la banque. La taille apparait comme déterminant de la capacité d’une banque à
octroyer des crédits, impacte de façon favorable sa réputation, favorise l’expansion de la
relation banque-entreprise et réduit le risque d’insolvabilité (Conti & Maccarinelli, 1992). Le
tableau suivant résume l’évolution de l’activité des banques marocaines entre 2006 et 2015.

Tableau 2 : L’évolution des dépôts et des crédits des banques marocaines (en MDH)
Crédits à la % dans dépôts de la % dans le L'encours brut des
Année
clientèle l'actif clientèle passif crédits/PIB
2006 276 251 51,3 436 036 81 57%
2007 359 493 54,9 515 171 78,6 69%
2008 447 729 58,6 572 294 74,9 75%
2009 500 394 60,4 601 268 72,6 78%
2010 553 432 64,4 622 143 72,5 81%
2011 617 391 63,6 677 248 69,8 86%
2012 656 371 63,1 696 640 66,9 87%
2013 670 451 61,2 722 253 66 86%
2014 680 010 61,6 769 770 69,8 82%
2015 695 345 60,7 812 212 71,5 79%
Sources : Elaboré par nous-mêmes à partir des rapports (Bank Al-Maghrib, 2008, 2012, 2016).

8
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

Le volume des activités des banques au Maroc, appréhendé par le total bilan de l’ensemble
des banques, s’est globalement progressé depuis 2006 et s’élevé à la fin décembre 2015 à
1 145 milliards de dirhams, soit une hausse de 3,82 % par rapport à 2014 et de 53,01 % par
rapport à 2006. Rapporté au PIB (à prix courant), le total-actif des banques marocaines a
représenté 117% à fin Décembre 2015 (Bank Al-Maghrib, 2013, 2016). Du côté des
ressources14, l’évolution des dépôts de la clientèle et le renforcement des fonds propres des
banques sont les principaux déterminants de cette évolution. Du côté des emplois 15 ,
l’évolution est induite particulièrement par les crédits à la clientèle.

Dans l’ensemble des ressources, les dépôts de la clientèle représente la part la plus
importante, dépassent ainsi 66 % du total bilan depuis 2006. En outre, l’évolution des
ressources est due de la hausse des dépôts collectés auprès de la clientèle, s’élevée à 812 212
milliards de dirhams à fin décembre 2015, soit une évolution de 5,5 % par rapport à 2014 et
de 46,31 % par rapport à 2006.

Du côté des emplois, l’encours global des crédits rapporté au PIB a dégagé un ratio de 79% en
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2015 contre 82% en 2014 et 57% en 2006. Les crédits à la clientèle représentent en moyenne
50 % du total des emplois et ont augmenté de manière sensible depuis 2006 et s’élevé à
695 345 milliards de dirhams à fin de 2015, soit une évolution de 60,27 %. Cependant,
l’encours des dépôts de la clientèle dépasse celui des crédits de 29,7 % en 2006 contre 10,8 %
en 2015. Ce qui renseigne sur la réduction de l’écart entre les dépôts et les crédits d’une part,
et sur l’évolution des encours de crédits octroyés par les banques marocaines à la clientèle
d’autre part.

Quant à la répartition des crédits par secteur d’activité, les statistiques fait ressortir une
prépondérance des ménages, suivis par le secteur de l’industrie et celui de bâtiment et des
travaux publics (BTP) (tableau 3).

Tableau 3 : Répartition sectorielle des crédits octroyés par décaissement par les banques (%)
Secteurs // année 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Agriculture et pêche 6,6 5,8 6,9 3,4 4,1 4,1 4,1 4,1 3,9 4,4
Industries 19,6 18,7 15,9 17,8 18,4 18,4 12,6 18,6 19,3 18,5
Bâtiment et travaux publics 7,3 10,1 12,5 14,1 13,3 13,9 12,6 12,4 12,2 11,2
Commerce 6,7 6,4 6,5 7 6,7 6,6 7 6,2 6,6 6,1
Hôtellerie 2,2 2,5 2,6 3,3 2,9 2,8 2,9 2,4 2,4 2,1
Transport et communication 5,4 5,2 - 4 4 4,1 4 3,8 3,7 4,2

14
Les ressources des banques : Dettes envers les établissements de crédit et assimilés ; Dépôts de la clientèle ;
Dettes obligataires ; Fonds propres ; Résultat net ; Autres passifs.
15
Les emplois des banques : Créances sur les établissements de crédit et assimilés ; Créances sur la clientèle ;
Portefeuille-titres ; Valeurs immobilisées ; Autres actifs.

9
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

Activités financières 11,7 14 12,5 12,1 11,9 11 12,7 11,6 13,4


Ménages 27,1 28,4 26,5 27,6 28,1 27,6 28,9 29,7 31,4 32,3
Autres secteurs 13,4 8,9 26,1 10 10,4 10,6 11,4 10,1 8,9 7,8
Source : Elaboré par nos soins à partir des rapports de (Bank Al-Maghrib, 2008, 2012, 2016).

Les crédits accordés aux ménages ont capté entre 26,5 % et 32,3 % des crédits bancaires et
ont enregistré une évolution positive entre 2006 et 2015. En deuxième rang se situe les crédits
octroyés au secteur de l’industrie, ils représentent en moyen 17,78 % entre 2006 et 2015. La
part de ces crédits dans le total des crédits octroyés n’a pas évolué dans cette période même si
assez de stratégies et de programmes ont été mis en place pour encourager le financement du
secteur de l’industrie et de l’accompagner dans son sentier d’expansion. En troisième rang, les
crédits octroyés au secteur de bâtiment et travaux publics. Leur part dans l’encours global des
crédits se situe autour de 12 %, suivi par le secteur de commerce dont la part des crédits se
autour de 6%. Le secteur d’hôtellerie ne bénéficie que d’une part minoritaire qui ne dépasse
pas généralement 3% pendant les dix dernières années.

Pour ce qui est de la ventilation de l’encours des crédits par maturité, la part des crédits à
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court terme accordés à la clientèle et aux sociétés de financement, le graphique nous montre
une baisse accrue des crédits à court terme de 2006 à 2010 pour se redresser à la hausse à
partir de 2011. Toutefois, les crédits à moyen et long terme ont progressé de façon continue
depuis 2006 (25,8) à 2015 (32,2%). Cependant, entre 2006 et 2015, en moyen les crédits à
court terme domine largement les crédits consentis par les banques marocaines et représentent
39,14%, les crédits à moyen terme représentent 27,66% et les crédits à long terme
représentent 27,89%. Cette évolution concerne également le taux des créances en souffrance
qui a passé de de 10,9 % en 2006 pour se situer à 4,8 % à fin 2011, pour se situer encore à
7,4% à fin 2015. En dépit de cette hausse entre 2011 et 2015 leur part dans le total des crédits
octroyés demeure moins significative. Cela atteste certainement sur la solidité du système
bancaire marocain.

Graphe 1 : Structure des crédits bancaires en fonction de leur maturité (en %)

10
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

6,9
10,9 7,9 6 5,5 4,8 4,8 5 5,9 7,4
31,8
25,2 25,4 25,1 29 26,7 27,5 27,2
25,8 32,2

25,7 28,2 31,2 29,6 27,6 26,4


21,1 31,3 28,5
27

42,2 41,2 40,4 38,2 38,9 39,9 38,4 43,9


34,9 33,4

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Crédits à court terme Crédits à moyen terme Crédits à long terme Créances en souffrance
Source : Elaboré par nos soins à partir des rapports (Bank Al-Maghrib, 2006, 2007, 2008, 2012, 2016).

Selon la direction de la supervision bancaire, l’évolution des crédits à long terme est liée
notamment à l’allongement de la durée des prêts immobiliers, à la hausse des crédits à
l’habitat et au financement des projets d’investissement, notamment de l’équipement. Ceci
est lié notamment à l’amélioration globale du climat des affaires au Maroc afin d’améliorer
l’attractivité des investisseurs étrangers. Il s’agit particulièrement de la baisse du taux
directeur de 3% à 2,75% puis à 2,5% à partir de 2014, dont l’objectif est d’encourager l’octroi
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des crédits à l’économie dans une situation macroéconomique et mondiale difficile.

Nous pouvons tirer de l’analyse de ces statistiques qu’il y a un seuil des crédits destiné à
chaque secteur d’activité. Cela ne permet pas en conséquence de financer la croissance de
certains secteurs d’activités, ce qui peut engendrer une sorte de rationnement de crédit par
secteur en dehors du risque encourus par les emprunteurs. De plus, la dominance des crédits à
court terme renseigne sur l’existence des difficultés de trésorerie chez les entreprises
marocaines, sur une mauvaise gestion des crédits délais de paiement et la faiblesse des
investissements. Dans cette perspective, on se demande qu’en est-il quant au financement des
PME par le secteur bancaire marocain ?

III- LE FINANCEMENT DES PME PAR LE SYSTEME BANCAIRE

Les PME, par leurs propres caractéristiques, sont la catégorie d’entreprises qui est souvent
considérée plus risquée par les banques. Elles sont donc généralement confrontées à des
problèmes de financement auprès des banques et supportent en conséquence des taux
d’intérêts élevés. Toutefois, le rôle important des PME dans le tissu économique marocain et
leur contribution aux indicateurs socio-économiques a incité les pouvoirs publics à porter une
attention particulière à leur financement et à mettre en place des politiques d’appui en leur
faveur.

11
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

3.1. Les mesures pour encourager le financement bancaire des PME


Dans le cadre des initiatives de Bank Al-Maghrib destinées à promouvoir les TPME et à
renforcer leur contribution à la croissance économique, plusieurs actions ont été mises en
place en partenariat avec le Groupement Professionnel des Banques Marocaines (GPBM), la
Caisse Centrale de Garantie et la CGEM. Dans ce cadre, des compagnes de sensibilisation des
PME ont été organisées autour de plusieurs axes : l’amélioration des conditions de
financement, le renforcement de la relation de confiance entre les PME et les banques, la
qualité de l’information financière, l’usage des techniques de rating et de scoring par les
banques conformément aux dispositifs de Bâle, la standardisation des éléments minimums
d’informations à fournir par les PME lors de la demande des crédits ainsi que l’amélioration
des pratiques de contrôle interne et d’audit. La première compagne a été organisée en 2005,
d’autres ont été organisées en 2012 et 201416. Afin de consolider cette expérience, la Caisse
Centrale de Garantie à organisé en 2017 plusieurs compagnes sur le financement des TPME
dans les grandes villes Marocaines (Casablanca, Marrakech, Agadir, Fès et Rabat) (CCG,
2017).
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Le développement d’un système de partage de l’information financière sur les prêteurs est
l’un des piliers de la politique publique pour favoriser l’accès des PME au financement
bancaire. Les registres de commerce, les registres de crédit et les bureaux de crédit devraient
combler le déficit informationnel sur PME dans le système financier national. La pertinence,
l’exhaustivité et la disponibilité de l’information financière associée aux PME actives dans le
système financier permettent de réduire les asymétries informationnelles, de faciliter
l’évaluation de la qualité des prêteurs et de favorise leur accès au financement bancaire. Dans
ce cadre, Bank Al-Maghrib en concertation avec les acteurs du secteur bancaire ont mis en
place le crédit bureau en 2009 et l’Observatoire de la TPME en 2013.

Le bureau de crédit est un organe hybride (Public-Privé) de l’information financière, devenu


opérationnel en 2009 sous la surveillance de Bank Al-Maghrib et dont la gestion est assurée
par une société privée. L’objectif de ce bureau est de collecter, traiter et analyser la situation
de l’endettement et de risque de l’ensemble des clients de tous les établissements de crédit.

16
La compagne de sensibilisation destinées aux TPME organisé du 20 Octobre au 9 Décembre 2014, dans 15
villes du Royaume sous le slogan « Ensemble pour le développement de la TPME dans votre région » avec la
participation de plus de 2 000 personnes notamment des entrepreneurs, des banquiers et des journalistes.

12
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

L’observatoire marocain de la TPME (OMTPME) est une association à but non lucratif 17.
Le statut de l’OMTPME prévoit comme missions la collecte des données statistiques relatives
aux TPME afin d’établir des rapports, des analyses, des études générales et thématiques,
l’élaboration des notes périodiques et d’un rapport annuel sur l’environnement et les
conditions de financement de la TPME. L’observatoire prévoit également la mise à
disposition du secteur public et privé ces statistiques. Cette association permet donc de suivre
de près les aspects liés à l’accompagnement et à la problématique de financement des TPME
afin de définir une vision globale, commune et partagée au plan national.

Ces mesures entretenues par Bank Al-Maghrib en coopération avec les intervenants dans le
système bancaire témoignent de l’importance qu’accorde à la problématique de financement
bancaire des PME.

3.2. Financement bancaire des PME : des résultats mitigés


Les politiques entreprises durant les dernières décennies en faveur des PME ont permis
d’améliorer de façon significative leurs conditions d’accès au financement. L’évaluation des
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sources de financement externe des PME marocaines, dans le cadre du Small Business Act
(SBA) en 2014, a révélé que le Maroc se classe en 2ème position dans la région MENA avec
un score de 3,5/5 devançant ainsi le Liban, la Jordanie et la Tunisie (graphe 2). La même
étude a révélée qu’en 2011, les PME marocaines bénéficient de 24 % des crédits bancaires
accordés aux entreprises non financières. A première vue, il apparait que les PME marocaines
bénéficient davantage du financement bancaire. Cependant, nous nous pouvons conclure qu’à
partir d’une analyse approfondie des statistiques sur une longue période et en comparaison
avec d’autres pays. En effet, la proportion des crédits octroyés aux PME marocaines (24%)
dépasse la moyenne des pays de l’OCDE (23%) et de la région MENA (14%). Selon Beck,
Demirgüç-Kunt, & Maksimovic (2008), le Maroc est le seul pays dont les prêts accordés aux
TPME est similaires aux pays développés. Au niveau mondial, la part des crédits bancaires
octroyés aux PME dans certains pays dépasse largement la région MENA dont le Maroc.
C’est le cas notamment de la France 44%, de l’Allemagne avec 50%, de la Chine avec 63% et
de la Corée du Sud avec 70%.

Graphe 2 : L’accès des PME marocaines et de la région MENA au financement

17
Les membres fondateurs de l’observatoire sont : Bank Al-Maghrib, le Ministère chargé de l’Economie et des
Finances, le Ministère chargé de l’Industrie et du Commerce, le Ministère chargé des Affaires Générales et de la
gouvernance, la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale (CNSS), l’Agence Nationale de la Promotion de la PME
(Maroc PME), le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM), l’Office Marocain de la Propriété
Industrielle et Commerciale (OMPIC), la Caisse Centrale de Garantie (CCG), la Confédération Générale des
Entreprises du Maroc (CGEM).

13
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

Source :(OCDE/La commission européenne/ETF, 2014)

Selon l’enquête réalisée par Bank Al-Maghrib sur les conditions d’octroi de crédit, les TPME
ont bénéficié de près du tiers des crédits distribués aux sociétés non financières en 2015.
Cependant, les prêts octroyés aux PME ont baissé d’environ 17 milliards de dirhams. Ce recul
intervient au moment où ces entreprises ont bénéficié de nombreuses mesures de soutien de la
part du Fonds de Soutien Financier des TPME pour booster leur accès au financement
bancaire. Aussi, ce recul s’est coïncidé avec le recul global des crédits accordés aux
entreprises non financières privées de près de 3,8% en 2015 contre une progression de 3,3%
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res ea r c h

en 2014 par rapport à 2013.

Il ressort du graphique ci-dessous, que l’encours des crédits octroyés aux TPME a connu une
tendance baissière de 2007 à 2010, période économique défavorable caractérisée par la crise
financière à l’échelle internationale. En 2011, la part des crédits destinée aux TPME a connu
une évolution pour se situer à 34 % contre 26 % en 2010. Toutefois, entre 2011 et 2014 les
crédits aux TPME ont connues une stagnation à cause d’une situation macroéconomique
difficile.

Graphe 3 : La part des crédits aux TPME dans le total des concours aux entreprises (en %)

Source : Elaboré par nous-mêmes à partir des rapports de (Bank Al-Maghrib, 2008, 2013, 2016)

Il faut noter également que les TPME ont bénéficié d’une légère baisse des taux d’intérêt
appliqué, de 7,73% en 2012, à 7,69 % en 2013 pour se situer à 7,53% en 2014. Le taux

14
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

d’intérêt moyen appliqué est de 7,53% pour les crédits d’un montant inférieur à 15 millions de
dirhams (Bank Al-Maghrib, 2014).

L’amélioration de l’accès des PME au financement bancaire est appuyée en grande partie par
le mécanisme de refinancement des banques pour leurs crédits aux TPME mise en place par
Bank Al-Maghrib en 2012 et en 2013. Ce mécanisme permet aux banques de disposer à
l’avance de Bank Al-Maghrib d’un montant égal aux crédits qu’elles comptent octroyer aux
TPME18 (Lettre circulaire n°112/DOMC/2013)19. Ce mécanisme a mobilisé 4,7 milliards de
dirhams en 2013 en faveur des TPME contre 2,5 milliards de dirhams en 2012. Ces crédits ont
financé des projets de création d’entreprise, de développement et des besoins en fonds de
roulement au profit de 2046 entreprises, ce qui a contribué à la création de 6283 emplois
directs (Ministère de l’Economie et des Finances, 2015).

CONCLUSION

Le système financier où orbite les PME marocaines explique évidement les conditions de
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res ea r c h

choix de leur financement. Le pôle de financement externe des PME est assez diversifié et
offre de multiples mécanismes de financement (marché boursier, crédit-bail, emprunt
obligataire, …etc). Cependant, les banques demeurent les principaux bailleurs des fonds
empruntés pour les PME. Les raisons peuvent être imputées grandement aux distorsions entre
le profil des PME marocaines et les exigences de bailleurs de fonds. En outre, les réformes
des pouvoirs publics destinés à inciter les PME à accéder aux marchés de capitaux demeurent
vains (Oudgou & Zeamari, 2018). Cette problématique se heurte notamment à l’absence d’un
consensus sur l’identification des petites et moyennes entreprises comparées à ceux de grande
taille. Dans cette perspective, l’allocation optimale des ressources financières et leur
canalisation vers les PME nécessite une adaptation des exigences actuelles des bailleurs de
fonds au profil de la PME marocaine.

L’analyse du financement des PME par le système bancaire, nous a permis de constaté que
ces entreprises occupent une importante part dans le portefeuille des banques marocaines.
Ainsi, les banques constituent la principale source de financement par emprunt pour les PME
marocaines. La part des crédits bancaires octroyés à ces entreprises a été multipliée par deux
entre 2005 et 2014, elle a passé de 18% en 2005 à 36% en 2014. Ainsi, les différentes

18
Il s’agit des TPME exerçant une activité dans le secteur de l’industrie ou dont au moins 40% du chiffre
d’affaires est destiné à l’export, ayant un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 175 millions de dirhams, les crédits
octroyés dont le montant est inférieur ou égal à 50 millions de dirhams dont la durée est égale ou supérieure à 12
mois
19
Lettre circulaire n° 112/DOMC/2013, Décembre 2013, relative au programme de soutien des TPME.

15
Le financement des PME marocaines par le système bancaire

enquêtes de Bank Al-Maghrib auprès des banques sur les conditions d’octroi de crédits aux
TPME, révèlent une amélioration générale des conditions de financement (baisse des
garanties, diminution des taux d’intérêt) entre 2005 et 2015. Cela montre l’importance que le
système bancaire accorde de plus en plus aux PME. En effet, L’amélioration de l’accès des
PME au financement bancaire est appuyée par les mécanismes de refinancement, de
sensibilisation et d’accompagnement mis en place par Bank Al-Maghrib depuis 2006 en
faveur des TPME.

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Lettre circulaire n° 112/DOMC/2013, Décembre 2013, relative au programme de soutien des
TPME.

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