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A D D

MARC-ANTOINE C H A R P E N T I E R (1645-1704)

0
Les Arts Florissants, H. 487
Idyle en Musique
S

HI Scène 3 3'56

LU Scène 4
Ouverture 2'27
UJ
X
Scène 1 13'13 3'40
[2.1] La Musique seule :
«Que mes divins concerts» Scène 5 12'24
[2.2] Air des Guerriers [6.1] Chaconne
[JJ Scène 2 4'53 [6.2] Sarabande en rondeau
[3.1] La Musique
« Quel bruit épouvantable »
[3.2] Entrée de Furies

LES ARTS FLORISSANTS


LA P AIX : Jill Feldman / LA M U S I Q U E : Agnès Mellon
LA D I S C O R D E : Gregory Reinhart / LA P OÉSIE : Catherine Dussaut
L ' A R C H I T E C T U R E : Guillemette Laurens / LA P EINTURE : Dominique Visse
№S)g U N GUERRIER: P hilippe Cantor
C H ΠU R DES GUERRIERS ET DES FURIES :
Agnès Mellon, Jill Feldman, Guillemette Laurens, Dominique Visse,
Michel Laplénie, P hilippe Cantor, Gregory Reinhart
Dir. WILLIAM CHRISTIE
harmonia |
mundi
M A CHARPENTIER
6
FRANCE!

Les Arts Florissants 1901083


Ensemble Vocal et Instrumental
Les Arts Florissants
Dir. WILLIAM CHRISTIE
SI L ' O N E X C E P T E MÉDÉE, « T R A G É D I E E N M U S I Q U E » , R E P R É -
sentée en 1693, six a n s a p r è s la m o r t d e L u l l y , M a r c - A n t o i n e Charpentier
a été tenu à l'écart d e la principale scène parisienne.

Les Arts florissants, que Charpentier désigne tantôt c o m m e u n «opéra»,


tantôt comme une «idyle en musique», furent écrits p o u r la m u s i q u e de
M a r i e d e L o r r a i n e , d u c h e s s e d e G u i s e . N o u s s a v o n s q u e le c o m p o s i t e u r a
t e n u , d a n s les Arts florissants, le r ô l e d e la P e i n t u r e , écrit p o u r une voix
de haute-contre.

Charpentier a v a i t p u se f a m i l i a r i s e r a v e c le m o n d e d u t h é â t r e , ses thèmes


et ses c o n v e n t i o n s , b i e n a v a n t les a n n é e s p a s s é e s a u s e r v i c e d e la duchesse
de G u i s e . Il semble q u e M o l i è r e l u i - m ê m e ait pris l'initiative de faire appel
à Charpentier, a l o r s p e u c o n n u , et v r a i s e m b l a b l e m e n t revenu depuis peu
d ' a n n é e s d e s o n s é j o u r à R o m e , o ù il a v a i t s u i v i l ' e n s e i g n e m e n t de Caris-
simi. Leur collaboration se r é s u m e , étant donné la m o r t prématurée de
Malade imaginaire e t
M o l i è r e , a u x i n t e r m è d e s m u s i c a u x c o m p o s é s p o u r le
à q u e l q u e s p i è c e s d e s t i n é e s à u n e r e p r i s e d u Mariage forcé, d o n n é e à
P a r i s , e n m ê m e t e m p s q u e l a Comtesse d'Escarbagnas, c r é é e e n 1 6 7 1 , à
Versailles. Charpentier restera fidèle aux Comédiens français jusqu'en
1686, écrivant de la musique de scène pour une douzaine de pièces de
théâtre.

Le sens dramatique de Charpentier et sa réussite dans des genres aussi


opposés n o u s permettent de regretter qu'il n'ait j a m a i s t r o u v é ni livret, ni
scène, à sa mesure.

C A T H E R I N E M A S S I P
WITH THE EXCEPTION OF HIS M É D É E , A T R A G É D I E E N M U S I -
que, which was performed in 1693, six years after the death of Lully,
Marc-Antoine Charpentier was kept away from the principal Parisian
stage.

The Arts Florissants, which Charpentier variously designated as an


«opéra» and as an «idyll in music», was written for the musicians of
Marie of Lorraine, Duchess of Guise. We know that he took the role of
Painting in L e s A r t s F l o r i s s a n t s , a part written for a counter-tenor.

Charpentier familiarized himself with the world of the theatre, its subjects
and its conventions, long before the years spent in the service of the
Duchess of Guise. It seems that it was Molière who took the initiative of
calling upon Charpentier who was not well-known at the time and had
probably returned only a few years before from Rome where he had been
a pupil of Carissimi. Because of Molière's premature death, their col-
laboration amounted to the musical interludes composed for L e malade
i m a g i n a i r e and several pieces for a revival of Le m a r i a g e f o r c é , presented
in Paris at the same time as L a C o m t e s s e d'Escarbagnas,//>s/performed
at Versailles in 1671. Charpentier remained faithful to the Comédie Fran-
çaise until 1686, writing incidental music for a dozen plays.

Charpentier's dramatic sense and his success in so many varied and con-
trasting forms can only awaken in one a feeling of regret that he never
managed to find a libretto or a stage that measured up to him.
W E N N M A N V O N D E R „ M U S I K A L I S C H E N T R A G Ö D I E " MEDEA
absieht, die 1693,sechs Jahre nach d e m Tode Lullys, zur Aufführung
kam, ist M a r c Antoine Charpentier v o n der hauptsächlichen Pariser
Bühne entfernt gehalten worden.

Les Arts Florissants, w a s Charpentier bald als „ O p e r " , bald als „ M u s i k -


idyll" bezeichnet, wurde für die Musiker der Duchesse de Guise, Maria
von Lothringen, komponiert. U n s ist a u c h b e k a n n t , daß der Komponist
s e l b s t i n Les Arts Florissants die für einen Kontratenor geschriebene Rolle
der Malerei gesungen hat.

Schon bevor er i n d e n Dienst der Duchesse de Guise trat, hat sich Char-
pentier mit der Theaterwelt, ihren Themen und Bräuchen, vertraut-
machen können. E s scheint, daß Molière persönlich Charpentier enga-
giert hat, der zu der Zeit kaum bekannt war und wohl erst seit wenigen
Jahren aus R o m zurückgekehrt war, w o er d e r Unterricht Carissimis
genossen hatte. A u f C r u n d des frühzeitigen Todes Molieres beschränkt
sich ihre Zusammenarbeit a u f die musikalischen Intermedien für Le
Malade imaginaire u n d einige Stücke für die Wiederaufführung v o n Le
Mariage forcé, d i e g l e i c h z e i t i g m i t d e m S t ü c k La Comtesse d'Escarbagnas
(1671 in Versailles uraufgeführt) gegeben wurde. Charpentier sollte d e r
Comédie française, für die er die B ü h n e n m u s i k für ein Dutzend Theater-
stücke geschrieben h a t , bis 1686treu bleiben.

Charpentiers S i n n f ü r D r a m a t i k u n d sein G e l i n g e n i n so g a n z unterschied-


lichen Genren lassen uns bedauern, d a ß er nie weder ein Libretto noch
eine B ü h n e g e f u n d e n h a t , die seinem T a l e n t angemessen gewesen wären.
Les A r t s Florissants
Idyle en M u s i q u e

Ouverture
(Pour les Symphonistes de la Suite de la Musique)
Scène première
La Musique (dessus)
Suite de la Musique (instruments)
La Peinture (haute-contre)
La Poésie (dessus)
L'Architecture (bas-dessus)
Troupe de Guerriers (chœur)
L a Musique seule
Que mes divins concerts, que ma douce harmonie
heureux guerriers comblent vos cœurs
de mille innocentes douceurs.
Fleurissez doctes arts, la discorde est bannie,
et la guerre, votre ennemie
dont LOUIS a chassé les funestes horreurs,
bien loin de ces climats exerce ses fureurs.
Et vous, qui jouissez d'une tranquille vie
a l'ombre des lauriers du plus grand des vainqueurs,
venez, venez je veux malgré la noire envie
que mes divins concerts, que ma douce harmonie
heureux guerriers comblent vos cœurs
de mille innocentes douceurs.
Chœur des Guerriers
Amour du ciel et de la terre, ame de l'univers,
délices de l'esprit, lieu des Elemens, seuls plaisirs innocens,
Qu'après le bruit affreux des foudres de la guerre,
et les coups redoublés de leur bruiant tonnerre,
il est charmant d'ouir tes celestes accens,
de si beaux sentimens.
Air des Guerriers
La Poésie
Dans la noble ardeur qui m'enflamme
il faut que je me mêle a ses divins accords,
des concerts les plus beaux si la musique est l'âme
la Poésie en est le corps.
Chantons ce grand héros ; les vers s'il est possible
répondez dignement à ses exploits fameux.
Mais, si je veux chanter ce monarque invincible,
je ne saurais trouver de stile assez pompeux :
taisons nous mes vers et ma lyre,
tes exploits de Louis que tout le monde admire
otent aux mots la force et l'ornement,
il vaut mieux manquer de les dire
que de les dire faiblement.
Chœur
Il vaut mieux manquer de les dire
que de les dire faiblement.
La Peinture
Mon pinceau, mes couleurs ne perdent point courage
pour transmettre ses fais à la postérité.
Et si d'y réussir je n'ai pas l'avantage
le glorieux projet d'un si pénible ouvrage
pourra servir d'excuse à ma témérité.
L'Architecture
Joignons nous savante peinture
faisons que ses explois vivent malgré les temps.
Dans un désert stérile ou l'ingrate nature
rend autant qu'elle peut aux efforts impuissans,
je lui dresse un palais dont la noble structure
étale ce qu'elle a de plus riches presens,
la forceant d'invincibles barrières,
je conduis en montant des rivières
qui dans de beaux jardins pour le charme des yeux
poussent mille jets d'eau jusqu'aux voûtes des cieux.
L'Architecture et la Peinture
Ce n'est que par ces grands spectacles,
ce n'est qu'en faisant des miracles
qu'on peut plaire à Louis,
comme il n'arrive à la victoire que par des moyens inouis.
Chœur des Guerriers
Amour du ciel et de la terre, ame de l'univers,
délices de l'esprit.'lieu des Elemens, seuls plaisirs innocens.
Qu'après le bruit affreux des foudres de la guerre,
et les coups redoublés de leur bruiant tonnerre,
il est charmant d'ouir tes célestes accens,
de si beaux sentimens.

Scène d e u x i è m e
Bruit effroyable
La Musique
Quel bruit épouvantable
trouble ce paisible séjour ?
Quelle nuit effroyable
nous cache le flambeau du jour ?
La terre tremble
et s'ouvre sous nos pas
l'empire du trépas
vomit tous ses monstres ensemble.
Chœur des Arts et des Guerriers
Mes sens se glacent de frayeur,
fuyons, éloignons nous de ces lieux pleins d'horreur.

La Discorde
Renversons le ciel, la terre et l'onde
que tout se confonde,
rallumons de la guerre les feux
que le roi si chéri de Bellone
tremble sur son throne
du desastre affreux
qui s'apreste a troubler tes états trop heureux.
Entrée de Furies
La Discorde
Sa gloire est un supplice a ma jalouse haine,
assez et trop longtemps sa clémence m'enchaine
dans l'abysme profond du séjour ténébreux,
renversons le ciel, la terre et l'onde
que tout se confonde,
rallumons de la terre les feux
Des vaincus qu'il retient par menace,
relevons Pesperance et l'audace,
et faisons en tournant nos vipères contre eux,
que le joug de Louis leur paroisse outrageux.
Chœur de Furies
Renversons le ciel...

Scène troisième
La Paix (dessus)
La Discorde (basse chantante)
Les Furies (chœur)
Prélude
La Paix
Fille de la nuit éternelle
qui sens une peine cruelle
de la paix que Louis a assuré a l'univers
va, retire d'ici ta suite criminelle,
et retombe avec elle
dans les fonds de l'enfer.
La Discorde
Non, non, lasche déesse, injurieuse paix,
non, avant que je rentre en ma demeure sombre,
malgré Louis, malgré ses glorieux projets
je veux accabler ses sujets

de travaux sans relâche et de malheurs sans nombre.

La Paix
Tant que ce héros généreux
me maintiendra dans son empire
malgré le noir dessein que la rage t'inspire,
nul de tous ces malheurs ne tombera sur eux.

La Discorde
Débats, séditions, fureur, vengeance et rage,
déchainez vous, entrez dans le cœur des humains,
que le fer et le feu dans leurs sanglantes mains
répandent en tous lieux l'horreur et le carnage.

Chœur de Furies
Que le fer et le feu dans leurs sanglantes mains
répandent en tous lieux l'horreur et le carnage.
Débats, séditions, fureur, vengeance et rage,
déchainez vous, entrez dans le cœur des humains.

La Paix

Souffre tu, monarche des Dieux


ces monstres furieux,
sans les réduire en poudre,
que fais tu, Jupiter au cieux,
y laisse tu dormir la foudre ?
Ah, je l'entens déjà qui gronde dans les airs ;
Fille de la nuit éternelle,
qui sens une peine cruelle
de la paix que Louis assure à l'univers ;
va, retire d'ici ta suite criminelle,
et retombe avec elle
dans le fond de l'Enfer.
Scène q u a t r i è m e

La Paix seule

Prélude
Menuet
1 . Parois dans ta beauté première
Soleil, rassemble tes clartés,
tous les monstres sont escartés,
qui blessoient ta vive lumière,
tout pleure en ce triste séjour,
si tu n'y ramenés le jour.
2 . Reviens, agréable harmonie,
reviens avec trs douces sœurs,
viens exercer sur tous les cœurs,
une si douce tyrannie,
que nos plus généreux guerriers
préfèrent le myrthe aux lauriers.

Menuet pour les violes et les flûtes

Scène cinquième

La Musique (dessus)
La Poésie (dessus)
La Peinture (haute-contre)
L'Architecture (bas-dessus)
Troupe de Guerriers (chœur)
La Paix (dessus)

Chacconne
La Musique
Charmante paix du ciel a propos descendue
que ne devons nous pas a tes rares bontés,
de ces monstres cruels contre nous révoltés
par ton divin secours la rage est confondue.
Chœur des Arts et des Guerriers La Paix en levant
Charmante paix du ciel a propos descendue Loin du bruit des armes guerriers généreux
que ne devons nous pas a tes rares bontés, vivez sans alarmes et suivez les jeux ;
de ces monstres cruels contre nous révoltés la Paix vous convie à passer la vie dans
par ton divin secours la rage est confondue. un plein repos
et les plaisirs que ma main vous présente
La Musique après l'horreur d'une guerre sanglante
Les beaux sons que j'anime sont dignes des plus grands héros.
ne cesseront jamais de chanter tes bienfaits.
Chœur des Arts et des Guerriers
La Poésie O paix si longtemps désirée
Ma cadence et ma rhyme que tes fruits à goûter sont doux ;
preferont la paix a tous autres sujets. tu ramenés les temps de Saturne
et de Rhée,
La Peinture et l'Architecture demeure toujours avec nous.
La scavante peinture,
la belle architecture,
dans leurs emplois unis
te donneront toujours pour compagne fidèle
au Monarche des Lys
qui le foudre levé pour vanger sa querelle
rendant par tes conseils sa victoire plus belle,
aimera mieux donner le repos aux françois
que de trainer en pompe une foule de Rois.

Chœur des Arts et des Guerriers


Charmante paix du ciel a propos descendue
que ne devons nous pas a tes rares bontés,
de ces monstres cruels contre nous révoltés
par ton divin secours la rage est confondue.

La Musique, la Poésie, un guerrier


O paix si longtemps désirée,
que tes fruits à goûter sont doux,
tu ramenés les temps de Saturne et de Rhée,
demeure toujours avec nous.

Sarabande en rondeau
harmonia mundi s.a., Mas de Vert, 13200 Arles ( P ) 1982
Enregistrement mai 1981
Prise de son Jean-François Pontefract
Assistance musicale Robina Young
Illustration : Nogari, La peinture et la sculpture
Cliché Lauros-Giraudon
Maquette Relations . Imprimé en RFA

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