PASSION
rnopÉRA
•—I de Rouen Haute Normandie
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PASCAL DUSAPIN
PASSION
GLIALTRI
Direction Roland Hayrabedian
Kiyoko Okada (Soprano) Claire Gouton (Soprano), Magaii Paliès (Alto),
Eric Raffard (Ténor), Patrice Baiter (Baryton),Tomasz Hajok (Baryton Basse)
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Directeur des formations musicales NN
Régisseur général d'orchestre Andrew J. Ferguson
Régisseur d'orchestre adjoint Xavier Laure
Techniciens d'orchestre Fabien Héry, Mathieu Le Gleuher
Chargée de la bibliothèque musicale Myriam Labruyère
Surtitrage Béatrice Arnal
Distribution technique
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Lui, elle et les autres
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Assembler la proposition de Stéphane Lissner à ce déjà ancien,
obsessionnel et obscur projet de Passion avec Monteverdi ! Puiser dans
les textes des opéras de Monteverdi une autre histoire, et retisser un
lien entre toutes les passions exprimées pour refondre en un seul trait
un nouveau texte qui reprendrait le mythe d'Orphée, presque à l'envers
pour ainsi dire.
Deux jours après, je repris rendez-vous avec Stéphane Lissner et lui
présentai mon projet, qui tenait dans les quelques lignes écrites par
Monteverdi pour la préface de la partition de Tancrède et Clorinde :
«J'ai trouvé des passions opposées à mettre en musique, la guerre, la
prière et même la mort... ».
Ce n'était rien et déjà presque tout.
Dans Passion, il y a deux personnages. « Lui », un homme. « Elle», une
femme. Les autres s'appellent Gli altri.
Lui, Lei, Gli altri : on ne saura pas qui ils sont, parce qu'il n'est pas si
important de le dire, et que tout le monde le sait.
Il y a aussi un serpent que l'on ne voit pas, mais on sait bien qu'il est par
là-
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Entretien avec Franck Ollu
Le livret repose sur un sujet simple qui s'offre davantage comme une
source d'inspiration que comme un récit. Il revisite le mythe d'Orphée et
d'Eurydice avec ceci d'original que c'est Elle (Lei) qui décide de l'issue de
la relation amoureuse. Les mots, les phrases sont destinés à inspirer la
musique plus qu'à transmettre un message.
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En plus du rôle important et du langage caractéristique dévolus aux vents,
deux instruments apportent leur sonorité originale : l'oud pour une touche
légèrement arabisante, et le clavecin qui prédomine par référence à
l'univers de Monteverdi.
Il faut souligner que les voix sont intégrées dans une logique générale qui
accorde au souffle une importance toute particulière. Le souffle comme le
mouvement sont à la base de la musique et ces aspects sont aussi
primordiaux dans les parties instrumentales que dans les parties vocales.
Grâce à un dispositif électro-acoustique spécifique, les chanteurs sont
équipés de capteurs musculaires qui, posés sur leur gorge, permettent de
transformer en sons leur énergie physique. Nous rejoignons ici l'idée
chère à Pascal Dusapin que le corps est un instrument musical en soi.
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Entretien avec Giuseppe Frigeni
Quelle est la temporalité propre à cet opéra divisé endix étapes oupassions ?
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qu'il déploie dans ce parcours décolle du réel. Les personnages épousent
certaines figures amoureuses d'un discours amoureux (comme dirait
Barthes), puis les délaissent et les reprennent sans jamais s'y attarder. Au
fond, les deux amants ne peuvent pas se rencontrer et chacun des deux fait
résonner en vain son propre monologue : leur désir est constamment
renvoyé à son impossibilité. Je me suis laissé porter par cette cohérence
poétique et inconsciente pour imaginer des figures scéniques dont le projet
est de rendre visible la musique et audibles les corps.
La première image qui s'est présentée à moi fut celle d'une perspective,
d'un espace tridimensionnel issu des recherches que j'ai menées sur des
gravures des XVIe et XVIIe siècles, en particulier sur l'œuvre très
géométrique de l'architecte flamand Vriedmann de Vries.
L'idée était de projeter plus volontiers cet univers de passions inspiré de
Monteverdi dans le premier baroque, celui qui emprunte sa rigueur
formelle à la Renaissance, que dans le second baroque caractérisé par la
profusion.
Progressivement, par associations inconscientes d'images mentales et
souvenirs iconographiques, la scénographie actuelle s'est présentée à moi
comme la solution idéale : un espace de suggestion symbolique plutôt
qu'une énigme intellectuelle confiée au décryptage du spectateur : une
œuvre comme Passivu doit être vécue comme expérience poétique et
onirique. La délicatesse des combinaisons instrumentales, comme
l'impossibilité de LUI et de LEI à s'unir, m'ont amené à choisir des
matières, des images et des attitudes qui disent la fragilité et le rêve. Il
s'agissait en somme de créer un espace sensible qui puisse rendre compte
de la façon dont la musique de Pascal Dusapin assume et revendique
l'émotion.
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Dusapin : l'opéra-émotion
« Écouter nous mène aux portes d'un monde infiniment subtil : celui
des émotions » (P. Dusapin)
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Écrit sur un livret d'Olivier Cadiot, l'opéra Bornéo et Juliette (1985-
1988) a joué à la fois sur le mythe légendaire et sur l'idée anxiogène de
la Révolution. Mais ce n'est « ni une œuvre sur Shakespeare, ni sur
l'histoire de Roméo et Juliette ». Etayé partexte plurilinguiste, l'ouvrage
désire montrer « comment chanter ensemble d'une même voix,
comment se rassembler et s'assembler, comment devenir un vrai duo
d'opéra» qui facilite la fusion des aspirations de deux amants, mais
également l'osmose du texte et de la musique, du parlé et du chanté...
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Écrit d'après un livret de Christopher Marlowe ( The Tragical History of
Doctor Faustus), mais aussi d'après des extraits de la Bible,
Shakespeare, Blake, Nerval, Beckett, etc., Faustus, the last night (2003-
2004) se présente comme un opéra en une nuit et onze morceaux. Après
les célèbres opus de Gounod et Berlioz, Stravinsky et Pousseur, Dusapin
nous fait rencontrer à nouveau Faust et Méphisto qui — irréconciliables —
devisent sur les vicissitudes de la vie. Dans un huis clos étouffant,
l'orchestre se révèle dans des tourbillons de timbres inouïs tandis que
les voix traitées lyriquement décrivent la figure faustienne sous des
traits monomaniaques et l'aura diabolique comme une entité
ambivalente.
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particulier à travers la peinture, laquelle sait montrer « la souffrance si
proche de l'extase »...
Coordination pour la rédaction des textes et relecture : Joann Elart, université de Rouen.
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Notes de traduction
«Qu'on ne dise pas que je n'ai rien dit de nouveau : la disposition des
matières est nouvelle. » (Biaise Pascal)
Le projet d'un nouvel opéra en italien s'était cette fois-ci imposé à lui sous
une forme différente. La source d'inspiration jaillissait des oeuvres
montéverdiennes, de cette recherche contagieuse d'expressivité où la
rencontre des paroles et de la musique crée une sorte de choc inouï dans la
tentative de représenter les passions humaines. On peut les nommer : ce
sont le ravissement, la peur, la lâcheté, la fureur, le regret, le doute, la
plainte ou leurs contraires. Bref, « l'éternel cadastre » de l'âme. Nous avons
parlé alors d'Orfeo, ou plutôt des Orfeo, de Tancrède et Clorinde, de
Descartes et de Spinoza, du cinéma italien et des turbulences de notre
temps.
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Nous avons donc décidé que la traduction devait être libre et la langue
contemporaine. Ces passages traduits de l'italien au français - point de
départ de la création du compositeur, - et du français à l'italien - pour ce
qui relevait de ma tâche - portent les traces d'une superposition féconde et
ineffaçable.
Ce livret est écrit en prose. Néanmoins, quand l'imagination a voulu
imprimer au texte le rythme d'une danse, on retrouve les vers des poètes
italiens, comme pour rendre compte aussi de l'antiquité de la parole, de
son héritage, et reconnaître par là «la place inviolable du passé». Les
Autres, par exemple, reprennent telles quelles les lignes rimées du Temps
dans le Retour d'Ulysse :
Salvo è niente
Dal mio dente
Ei rode, ei gode
Non fuggite, o mortali,
che se ben zoppo ho Tali...
(Rien n'échappe à ma dent. Elle ronge, elle jouit. Ne fuyez pas, ô mortels,
je boite, mais j'ai des ailes)
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Pascal Dusapin
Compositeur
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Franck Ollu
Direction musicale
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Giuseppe Frigeni
Mise en scène et scénographie
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Barbara Hannigan
Soprano (Lei)
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Richard Rittelmann
Baryton (Lui)
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Orchestre de l'Opéra de Rouen Haute-Normandie
Son identité forte et affirmée, rayonne aussi bien dans sa région d'origine
où l'Orchestre est régulièrement invité à se produire en tournée, qu'au-
delà des frontières normandes. Ses productions sur des grandes scènes
internationales et prestigieuses telles que la Cité de la Musique, la Salle
Pleyel, l'Opéra Comique à Paris, ou encore le Luxembourg, Hanovre,
Bruges, Bruxelles et New-York mettent en évidence sur la scène
internationale son souci d'échange, de diversité et sa singularité
d'approche des différents styles musicaux.
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Seine Opéra
Le club des entreprises partenaires de l'Opéra de Rouen Haute-Normandie
Contact : catiebertotto@operaderouen.com - 02 35 98 50 98
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/•
Elle apporte des aides Financières, sans aucune directive esthétigue, aux
Formations musicales et aux Festivals gui mêlent dans leurs programmes
les œuvres contemporaines à celles du répertoire.
Comité d'honneur
John Adams | Serge Baudo | Marius Constant | Daniet-Lesur | Philip Glass |
René Huyghe | Gyôrgy Kurtâg | Claude Lévi-Strauss | Yehudi Menuhin |
Olivier Messiaen| Serge Nigg | Maurice Ohana | Seiji Ozawa | Luis de Pablo |
Arvo Part | KrzysztoFPenderecki | Manuel Rosenthal ( Mstislav Rostropovitch |
Aulis Sallinen | Pierre 5chaeFFer | lannis Xenakis.
\
m MAIRIE DE PARIS tél : 01 40 39 94 28 - Fax : 01 42 21 46 16
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^îledeFrance
B MECENAT
MUSICAL
SOCIETE GENERALE
BHŒi sacem<
PROCHAINEMENT
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• Ide Rouen Haute
GUY DE MAUPASSANT
LAURENCE EQUILBEY
RICHARD BRUNEL
Benjamin Britten
Albert Herring
Opéra-comique en trois actes d'après Le Rosier de Madame Husson de Guy de Maupassant.
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