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De nos jours, la plupart des chrétiens ignorent tout de la manière dont l’Eglise est

devenue ce qu’elle est actuellement et de combien de ses pratiques sont simplement


le résultat de l’accumulation de traditions, ayant très peu de racines dans la parole
voire aucune. Ce livre nous rend un grand service en épluchant les couches de la
tradition pour arriver aux origines de ce que nous appelons aujourd’hui « l’Eglise ».
Les chrétiens désireux d’être fidèles à la Bible, sans tenir compte de leurs traditions
ou de leur forme d’église particulière pourront tirer de ce livre des enseignements
bénéfiques.
Dr. Howard Snyder
Professeur d’Histoire et de Théologie de la mission, Asbury Theological Seminary;
auteur de quatorze livres dont [la Communauté du Roi]
Le livre Le christianisme paganisé contient une grande variété d’informations
historiques intéressantes et utiles dont la plupart des chrétiens ou non chrétiens n’ont
pas conscience. Ce livre retrace (partiellement ou intégralement) les racines païennes
des pratiques actuelles de nos églises, ainsi que celles empruntées à des coutumes
juives anciennes ou même parfois plus récentes.
Dr. Robert Banks
Erudit et théologien du Nouveau Testament; auteur de [Le concept de la communauté
selon Paul] et de [La révision de l’éducation théologique]
Pourquoi « pratiquons-nous l’église » telle que nous la pratiquons aujourd’hui? La
plupart des gens pensent que les racines du cérémonial religieux chrétien peuvent
être retracées jusqu’au 1er siècle. Mais il n’en est rien. Les choses qui nous sont
chères, les bâtiments sacrés où l’on se rassemble, les tables sacramentelles, les
liturgies cléricales, etc. étaient inconnues des assemblées de Paul. Le Christianisme
paganisé scrute nos principales traditions d’églises et les documente en remontant à
leur origine, bien postérieure au temps des apôtres. Vous êtes-vous jamais demandé
pourquoi les gens se mettent sur leur trente-et-un pour se rendre à l’église le
dimanche ? Le Christianisme paganisé développe la réponse à cette question ainsi
qu’à de nombreuses autres qui taraudent l’esprit de certains. En lisant ce livre, vos
yeux s’ouvriront sur le fait qu’en réalité, l’empereur (ecclésiastique) ne porte aucun
vêtement.
Jon Zens
Editeur de [Chercher ensemble]
C’est un livre important qui démontre que plusieurs des aspects pratiques de la vie,
du ministère et de la structure de l’église contemporaine ont très peu de fondement
biblique, voire aucun et s’inspirent en réalité d’une grande variété de modèles et
d’idées non-chrétiens, dont la plupart sont opposés à la vie et à la croissance
chrétiennes. De nombreux lecteurs considéreront ce livre comme une provocation
extrême mais tous ceux que l’avenir de l’église préoccupe devraient le lire.
Dave Norrington
Conférencier en études religieuses à Blackpool et au Fylde College, et auteur de
[Prêcher ou ne pas prêcher.]
Le Christianisme paganisé documente des domaines spécifiques où la vie de l’église
contemporaine viole les principes bibliques. Que vous tombiez d’accord ou non avec
les conclusions de l’auteur, vous ne pourrez pas remettre en question sa
documentation C’est un travail d’érudit aboutissant à une conclusion explosive. Tout
particulièrement pour ceux d’entre nous qui sommes ancrés dans le mouvement
moderne des églises de cellules, il représente un outil de valeur qui nous obligera à
reconsidérer le sens du terme ecclésia.
Dr. Ralph W. Neighbour
Auteur de [Où aller maintenant?]
Le christianisme

paganisé

Découvrir les racines de nos pratiques ecclésiales


ISBN 978-2-36957-037-0
Originally published in English under the title ‘Pagan Christianity: Exposing the
Roots of Our Church Practices’
Copyright © 2002, 2007 by Frank Viola and George Barna. All rights reserved.
First printing by Present Testimony Ministry in 2002.
Published by Tyndale House Publishers, Inc
351 Executive Drive
Carol Stream, IL 60188 U.S.A.
Tous droits réservés.

Couverture faite par by Stephen Vosloo. Transformation en français par Damien


Baslé, www.damienbasle.com

Les citations bibliques de la présente traduction sont tirées de La Sainte Bible :


traduction de Louis Segond [LSG] (1880, révisée 1910), Alliance Biblique
Universelle, ISBN: 2 85300 029 X.
Aucun extrait de cette publication ne peut être reproduit ni transmis sous une forme
quelconque, que ce soit par des moyens électroniques ou mécaniques, y compris la
photocopie, l'enregistrement ou tout stockage ou report de données sans la
permission écrite de l'éditeur.

Traduction faite avec permission par Anne-Joëlle Fuchs.

Couverture faite par Disciple Design. Photo couverture : Image Source. Version
française transformée par Damien Baslé, www.damienbasle.com.
Publié par Editions l'Oasis, année 2013. Dépôt légal: 4e trimestre 2013.

Imprimé en France

9, Rte d'Oupia, 34210 Olonzac, France


tél (33) (0) 468 32 93 55 * fax (33) (0) 468 91 38 63
email: editionsoasis@wanadoo.fr * www.editionsoasis.com

Boutique en ligne sécurisée sur www.editionsoasis.com.


Le christianisme

paganisé

Découvrir les racines de nos pratiques ecclésiales

Frank Viola et George Barna


Dédicace

A mes frères et sœurs tombés dans l’oubli à travers les âges qui ont
courageusement franchi les limites sécuritaires du christianisme institutionnel au
risque de leur vie. Vous avez fidèlement porté le flambeau, enduré la persécution, vu
votre réputation ruinée, perdu votre famille, souffert la torture et versé votre sang
pour préserver le témoignage immémorial que Jésus-Christ est le Chef de son Eglise,
et que chaque chrétien est un prêtre, sacrificateur… un ministre… et un membre
fonctionnel de la maison de Dieu. Ce livre vous est dédié.
Préface de l’éditeur

Cher lecteur,
Vous voudrez peut-être savoir pourquoi un éditeur de livres expressément chrétiens
désire en publier un qui remette en question autant de pratiques communes de
l’Eglise. Je vous sensibilise néanmoins au fait que les auteurs ne remettent pas en
question la validité ou la pertinence de l’Eglise elle-même. Par contre, ils nous
appellent à reconsidérer attentivement la source des traditions de nos églises et à
nous demander en quels termes elles cadrent avec les Ecritures et les pratiques de
l’Eglise du 1er siècle. Nombreux sont ceux dans l’Eglise qui tiennent aux traditions,
même si celles-ci ne sont pas ancrées dans les Ecritures, et ces mêmes gens
s’interrogent sur le fait que, de nos jours, l’Eglise semble perdre son bien-fondé et
son impact sur le monde.
Les Editions l’Oasis ne sont pas forcément en accord avec toutes les prises
de position des auteurs et sont bien conscient que vous pouvez être dans le même cas.
En même temps, nous restons unis à Frank et à George dans notre désir de voir
l’Eglise devenir une pleine expression de la grâce de Dieu et de sa vérité. Au
demeurant, nous croyons que les auteurs soulèvent d’importantes questions basées
sur leurs recherches et leurs études assidues ainsi que leur expérience. Notre but est
de vous amener à examiner leurs conclusions et à prier sérieusement pour trouver
votre réponse.
Après avoir fini ce livre, nous vous recommandons de lire 'Réimaginer
l'Eglise' de Frank Viola (Editions l'Oasis). Autant 'Le christianisme paganisé?' nous
montre à quel point l'église peut être déviée du modèle originel voulu par Dieu, dans
'Réimaginer l'Eglise'vous découvrirez de manière documentée comment elle pourrait
(et devrait) vivre d'une manière organique.
L’éditeur
SOMMAIRE

Remerciements 13
Préface 19
Introduction: « Qu’est-il arrivé à l’Eglise? » by George Barna 25
Chapitre 1: Avons-nous vraiment agi en conformité avec le Livre? 35
Chapitre 2: Le bâtiment d’église: l’héritage du complexe de l’édifice 41
Chapitre 3: Le déroulement du culte: les dimanches matins
coulés dans le béton 67
Chapitre 4: Le sermon : la vache la plus sacrée du protestantisme 91
Chapitre 5: Le pasteur : voleur du fonctionnement de chaque membre 105
Chapitre 6: Les costumes du dimanche : dissimuler le problème 131
Chapitre 7: Les ministres de la musique : clergé de second-rang 139
Chapitre 8: La dîme et les salaires du clergé :
les points sensibles du portefeuille 149
Chapitre 9: le baptême et la Sainte Cène : dilution des sacrements 161
Chapitre 10: l’éducation chrétienne : bourrage de crâne 169
Chapitre 11: Nouvelle approche du Nouveau Testament :
La Bible n’est pas un puzzle 183
Chapitre 12: Une autre perspective sur le sauveur :
Jésus, le Révolutionnaire 199
Epilogue: L’étape suivante 207
Dernières pensées 213
Synthèse des origines 221
A propos des auteurs 226
Personnages clés de l’Histoire de l’Eglise 227
Notes 230
« L'expérience fournit la preuve pénible que les traditions, une fois
qu'elles prennent forme, sont d'abord considérées comme utiles, puis deviennent
nécessaires. Par la suite, elles finissent trop souvent par devenir des idoles
devant qui chacun doit se prosterner ou bien être puni. »
J. C. Ryle

« Toute vérité franchit trois étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite,
elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours
été une évidence. »
Arthur Schopenhauer
Remerciements
Peu après avoir quitté l’église institutionnelle pour commencer à me réunir
avec des chrétiens à la façon du Nouveau Testament, j’ai cherché à comprendre
comment l’église chrétienne en était arrivée à ce qu’elle est aujourd’hui. Pendant des
années j’ai tenté de mettre la main sur un livre bien documenté qui retraçait les
origines de toutes les pratiques non-biblique que nous, les chrétiens, observons
chaque semaine.1
J’ai consulté un grand nombre de bibliographies et de références répertoriées
dans les bibliothèques. J’ai également contacté des historiens et des érudits, en leur
demandant s’ils avaient eu vent d’une telle œuvre. Ma quête se heurtait à une réponse
régulière: Aucun livre de cette sorte n’a jamais été rédigé. Ainsi donc, dans un instant
de folie, j’ai décidé de mettre la main à la charrue.
A ma grande honte, je suis forcé d’admettre que j’aurais aimé que quelqu’un
d’autre s’attelle à cet immense projet, quelqu’un comme un professeur sans enfants
et sans poste ! Cela m’aurait évité un nombre incalculable d’heures de travail pénible
et de nombreuses frustrations. Néanmoins, maintenant que le travail est terminé, je
suis heureux d’avoir eu le privilège d’être un pionnier dans ce domaine par trop
négligé.
Certains pourront s’étonner que j’aie jugé bon de d’accorder autant de temps
et d’énergie à documenter les origines de nos pratiques ecclésiales contemporaines.
C’est pourtant simple. Le fait de comprendre la genèse de nos traditions d’églises
peut très bien bouleverser le cours de l’histoire de l’Eglise. Comme l’a un jour dit le
philosophe Søren Kierkegaard, « La vie ne se comprend que par un retour en arrière,
mais on ne la vit qu’en avant. » Sans comprendre les erreurs du passé, nous sommes
voués à un avenir lacunaire. C’est pour cette raison que je me suis décidé à une
première tentative de mise en œuvre de ce projet himalayen.
En publiant cette œuvre, mon espoir est aussi simple qu’il est sérieux : Que
le Seigneur l’utilise comme un outil pour ramener son église à ses racines bibliques.
Sur ces propos, je voudrais remercier Frank Valdez pour sa fervente
perspicacité ainsi que pour son amitié indéfectible. Mike Biggerstaff, Dan Merillat,
Phil Warmanen, Eric Rapp, et Scott Manning pour la relecture du manuscrit original;
Howard Snyder pour ses remarques hors pair que seul un érudit pouvait formuler;
Neil Carter pour sa ténacité volontaire à m’assister dans la recherche de tout ce qui se
trouve sous le soleil; Chris Lee et Adam Parke pour les allers-retours répétés à la
bibliothèque à trimballer des piles de bouquins poussiéreux pour mon étude; Dave
Norrington pour son envoi périodique de précieuses orientations à travers
l’Atlantique; Gene Edwards pour ses efforts pionniers et ses encouragements
personnels; tous les professeurs de séminaires dont la liste des noms serait trop
longue, pour avoir répondu à mes requêtes innombrables et insistantes, et Kim Miller
ainsi que l’équipe de Tyndale, pour leur inestimables suggestions et la superbe
édition.
—Frank Viola

13
14
Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter.
George Santayana

Pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au profit de


votre tradition?
Jésus-Christ en Matthieu 15:3, LSG

15
Depuis sa publication initiale (la 1ière version anglaise, n.d.t.), « Le
christianisme paganisé ? » a déclenché une onde de choc électrique. Cataclysmique
même. Pendant les cinq premières années suivant sa publication, le débat au sujet de
ce livre a enflammé l’univers des blogs. Il a été porté aux nues et diffamé. Salué et
mis au pilori. Recommandé et critiqué. D’aucuns ont formulé l’intéressante
observation qu’aucun livre n’avait jamais autant été commenté par des gens qui ne
l’avaient jamais lu.

Cependant, la plupart des lecteurs ont réagi positivement, par des


commentaires tels que “Ce livre exprime ce que je ressens depuis de longues années
à propos de l’église. Et il a donné à ce sentiment une envergure biblique et
historique.” Il est intéressant de noter que George et moi-même avons reçu
d’innombrables lettres au contenu identique de la part de pasteurs. Sans aucun doute,
ce livre a touché une corde sensible. Ainsi que quelques nerfs. Etant donné le grand
nombre de questions qui nous ont été adressées à propos du livre, nous avons créé
une page FAQ où nous avons répondu à chaque question ou objection. Vous pouvez
accéder à cette page sur : www.PaganChristianity.org.

Voici cinq observations importantes avant de commencer à lire cette dernière


édition:
1. Durant les quatre dernières années, « Le christianisme paganisé ? » a
transformé la vision de l’église d’un grand nombre de chrétiens ainsi que leur façon
de la pratiquer. Nombreux sont ceux qui nous ont dit que depuis la lecture du livre,
ils ont trouvé la liberté de remettre en question les traditions ecclésiales
communément admises et de les passer par le filtre des enseignements de Jésus et des
apôtres. Par ailleurs, beaucoup de modèles organiques d’églises se sont désormais
implantés dans le monde entier. Dans ces communautés, les croyants sont en train de
découvrir l’expérience du corps de Christ et la signification du rassemblement sous la
direction de Jésus.
2. « Le christianisme paganisé ? » n’a jamais été censé être un livre
unilatéral. Il fait partie d’une conversation. La deuxième partie en représente la suite
constructive, « Ré imaginer l’Eglise. » « Le christianisme paganisé ? » déconstruit,
alors que « Réimaginer l’Eglise » construit. Ils représentent chacun une face opposée
du même débat. Par conséquent, si l’on limitait notre lecture à ce seul livre, cela
reviendrait à raccrocher en ayant entendu seulement la première partie d’une
conversation. La deuxième partie de la discussion (Réimaginer l’Eglise) est celle ou
des solutions viables et bibliques sont proposées.
3. Après quatre années de critique rigoureuse (et, parfois de présentation
déformée), les arguments du livre se tiennent toujours. Malgré les nombreuses
objections ayant été soulevées pour démolir « Le christianisme paganisé ? », il reste
16
encore à le réfuter de manière pertinente ou à l’écarter (Allez à
www.ptmin.org/answers.htm pour étayer cet argument.)
4. George et moi avons rédigé ce livre motivés par un amour profond pour
l’église. Nous l’avons également écrit à cause d’une vision qui brûle dans nos cœurs.
C’est pourquoi le ton donné par le texte est censé provoquer notre réaction. Certains
lecteurs peu habitués à cette façon d’écrire peuvent l’interpréter à tort comme étant
une récrimination. Mais notre façon de vous défier était motivée par l’amour et issue
de beaucoup de larmes ainsi que d’un cœur brisé, soupirant après la restauration de la
maison de Dieu.
5. Lorsque vous lirez ce livre, vous remarquerez que certaines des
présentations qui en ont été faites sont tendancieuses et inexactes. Par exemple,
George et moi n’argumentons pas en faveur de l’ « église de maison » comme étant
le modèle certifié d’une église. Au contraire, nous visons à une « expression
organique de l’église », « une église organique » en somme, ce qui est différent d’une
église de maison. Nous n’élevons aucune objection contre la prédication ou
l’enseignement, au contraire, nous encourageons ces deux pratiques. Cependant,
nous remettons en question le sermon moderne pour des raisons historiques,
bibliques et pragmatiques.
A l’identique, nous ne croyons pas qu’une pratique est mauvaise juste parce
qu’elle a des racines païennes. Notre raisonnement est plutôt que l’on devrait se
débarrasser des pratiques qui contredisent les enseignements de Jésus et des apôtres
et garder ce qu’ils ont enseigné.
« Le christianisme paganisé ? » n’a pas été écrit pour diviser le corps de
Christ. Au contraire, George et moi avons écrit ce livre pour vous encourager à
repenser votre pratique de l’église à la lumière des Ecritures et à rechercher le
Seigneur en communauté par des moyens novateurs et créatifs, fidèles à la Bible et
visant à le magnifier. J’ai publié d’autres livres constructifs conçus pour vous aider à
atteindre ces objectifs. Notre prière est que ce livre commence à vous libérer pour
expérimenter ce que Dieu a de meilleur et de plus élevé pour son église bien-aimée,
ceci ayant toujours été son intention.

Frank Viola
Gainesville, Florida
Juin 2011

17
18
Préface

Lorsque le Seigneur Jésus a marché sur cette terre, l’opposition majeure qu’il
a rencontrée fut celle des deux grands partis religieux de son époque : les Pharisiens
et les Sadducéens.
Les Pharisiens ont rajouté des choses à la Bible. Ils obéissaient à la loi telle
qu’elle était interprétée et appliquée par les scribes, experts de la loi qui vivaient
pieusement et dans la discipline. En tant qu’interprètes officiels de la parole de Dieu,
les Pharisiens étaient dotés du pouvoir de créer de la tradition. Ils collaient à la parole
de Dieu des tartines de lois humaines qui étaient transmises aux générations
ultérieures. Ce cortège de coutumes vénérables, souvent appelé « la tradition des
anciens » est arrivé à jouir de la même considération que l’écriture sainte elle-même.1
L’erreur des Sadducéens allait dans l’autre sens. Ils escamotaient des parties
entières de l’Ecriture, estimant que seule la loi de Moïse devait être observée.2 (Les
Sadducéens niaient l’existence des esprits, des anges, de l’âme, de la vie après la
mort et de la résurrection.3)
Dès lors, il n’y a rien d’extraordinaire à ce que l’autorité de Jésus ait été
vivement remise en question dès son entrée en scène dans l’histoire humaine. (Lire
Marc 11:28). Il débordait du cadre de ces deux archétypes. Jésus était considéré avec
suspicion à la fois par les Pharisiens et les Sadducéens. Cette suspicion n’a pas mis
longtemps à virer à l’hostilité. Et autant les Pharisiens que les Sadducéens ont pris
des mesures visant à mettre à mort le Fils de Dieu.
L’histoire se répète de nos jours. Le christianisme contemporain est tombé
simultanément dans les erreurs des Pharisiens et des Sadducéens.
En premier lieu, le Christianisme contemporain est coupable de l’erreur des
Pharisiens. C’est-à-dire qu’il a rajouté une tonne de traditions conçues par l’homme
qui ont torpillé la direction vivante, vivifiante et fonctionnelle de Jésus-Christ dans
son Eglise.
Dans les traditions des Sadducéens, la majeure partie des pratiques du 1er
siècle ont été supprimées du paysage chrétien. Mon livre Rethinking the Wineskin
(revisiter l’outre à vin) exhume quelques unes des pratiques qui caractérisaient la vie
de l’église du premier siècle. De telles pratiques sont aujourd’hui restaurées à petite
échelle par ceux qui ont osé franchir le pas terrifiant de quitter le camp rassurant du
christianisme institutionnel.
Même ainsi, les Pharisiens et les Sadducéens nous enseignent de concert
cette leçon trop souvent ignorée : il est nuisible de diluer l’autorité de la parole de
Dieu que ce soit par addition ou par soustraction. Nous brisons tout autant les
Ecritures en les ensevelissant sous une montagne de traditions humaines, qu’en
ignorant leurs principes.

19
Dieu n’a pas omis de nous dévoiler les principes qui devraient dominer les
pratiques de son Eglise. Permettez-moi d’illustrer ceci par une question : d’où tirons-
nous nos pratiques de vie chrétienne ? D’où vient notre modèle pour comprendre ce
qu’est un chrétien de base. Tout cela ne se trouve-t-il pas dans la vie de Jésus-Christ
telle que décrite dans le Nouveau Testament ? Ou bien allons-nous le chercher
ailleurs ? Peut-être auprès d’un philosophe païen?
Peu de chrétiens discuteraient le fait que Jésus-Christ est le modèle de la vie
chrétienne tel qu’il est présenté dans le Nouveau Testament. Jésus-Christ est la vie
chrétienne. De la même façon, lorsque Christ est ressuscité des morts et monté au
ciel, il a donné naissance à son Eglise. Cette Eglise était lui-même sous une autre
forme. C’est ici le sens de l’expression « corps de Christ. »4
Par conséquent, le Nouveau Testament nous présente une genèse de l’Eglise.
Je pense que l’église du 1er siècle était l’église sous sa forme la plus pure, avant
d’être souillée et corrompue. Ce qui ne signifie pas qu’elle était exempte de
problèmes (les épîtres de Paul démontrent clairement qu’elle en avait). Cependant,
les conflits que Paul traite sont inévitables lorsqu’un peuple déchu cherche à former
une communauté soudée.5
L’église du 1er siècle était une entité organique. Il s’agissait d’un organisme
vivant et respirant qui s’exprimait bien différemment de l’église d’aujourd’hui. Et
cette expression révélait Jésus-Christ sur cette planète à travers son corps dont
chaque membre remplissait sa fonction. Dans ce livre, je tente de démontrer combien
cette manifestation était dénuée de tant de choses que nous avons adoptées
aujourd’hui.
Ces pratiques de l’église du 1er siècle étaient l’expression naturelle et
spontanée de la vie divine qui animait les chrétiens primitifs. Et elles étaient
solidement fondées sur les principes et les enseignements intemporels du Nouveau
Testament. Par contraste, dans nombre d’églises contemporaines, une multitude de
pratiques sont en conflit avec les principes et les enseignements bibliques. Si nous
creusons plus profondément, nous sommes contraints de nous interroger : d’où
viennent ces pratiques de l’église actuelle ? La réponse est dérangeante : la plupart
sont empruntées aux coutumes païennes. Une telle déclaration court-circuite la
pensée de beaucoup de chrétiens lorsqu’ils l’entendent. Mais il reste que ce fait est
immuable et historique, comme ce livre s’appliquera à le démontrer.
J’argumenterais donc, que, sur un plan théologique, historique et
pragmatique, l’église du 1er siècle est la meilleure représentation du rêve de Dieu. la
communauté bien-aimée qu’il désire créer, et recréer à chaque chapitre de l’Histoire
de l’humanité. L’église du premier siècle nous enseigne la façon dont la vie divine
s’exprime lorsqu’un groupe de personnes commence à vivre ensemble selon ses
principes.
Qui plus est, ma propre expérience des églises organiques confirme cette
conclusion. (Une église organique est simplement une église née de la vie spirituelle
au lieu d’avoir été édifiée par des institutions humaines et assemblée par des
20
programmes religieux. Les églises organiques, se caractérisent par la direction de
l’Esprit, la participation libre aux réunions et la gouvernance non hiérarchisée. Ceci
est en totale opposition avec les églises dirigées par un clergé et une institution.) Mon
expérience aux Etats-Unis et outre-mer, est que lorsqu’un groupe de chrétiens
commence à suivre ensemble la vie du Seigneur qui les habite, les traits
caractéristiques de l’église du 1er siècle émergent naturellement.
Ceci parce que l’église est véritablement un organisme. En tant que tel, elle
possède un ADN qui produira toujours ces mêmes traits si tant est qu’elle puisse
croître de façon naturelle. Il va de soi que les églises organiques présenteront des
différences selon les cultures au sein desquelles elles évoluent. Mais si l’église
adhère à la vie divine qui demeure en elle, elle ne produira jamais les pratiques non
scripturaires dont traite ce livre.6 De telles pratiques sont des éléments étrangers que
le peuple de Dieu a puisés chez ses voisins étrangers, ceci pouvant remonter jusqu’au
IVème siècle. Ces éléments ont été adoptés, baptisés et qualifiés de « chrétiens. » Et
c’est la raison pour laquelle l’église erre dans son état actuel, empêtrée dans des
divisions sans fin, dans la passivité et le manque de transformation parmi le peuple
de Dieu.
En résumé, ce livre se consacre à exposer les traditions qui ont été épinglées
sur le chemin de Dieu pour son église. L’argument qui nous anime est simple : nous
cherchons à déblayer un grand nombre de débris dans le but de laisser la place au
Seigneur Jésus-Christ.
Nous formulerons également une allégation outrageuse : sous sa forme
contemporaine et institutionnelle, l’église n’a aucun droit d’exister qu’il soit biblique
ou historique. Bien entendu, cette allégation représente ma conviction, basée sur les
preuves évidentes que je vais exposer dans ce livre A vous de décider si elle est
valable ou pas.
Cet ouvrage n’a pas la prétention d’être érudit, il est par conséquent non
exhaustif. Un tel traitement de l’origine des pratiques de notre église contemporaine
remplirait plusieurs volumes. Mais ils ne seraient lus que par très peu de gens. Même
si ce volume est unique, il contient une grande quantité d’Histoire. Néanmoins, il
n’explore pas chaque position historique. Au contraire, il se focalise sur la piste des
pratiques essentielles qui définissent aujourd’hui le courant dominant du
christianisme.7
C’est parce qu’il est si important de comprendre les racines des pratiques de
notre église contemporaine que je souhaite que chaque chrétien cultivé puisse lire
cette œuvre.8 Par conséquent, j’ai choisi de ne pas employer un jargon technique,
mais d’écrire en langage courant.
En même temps, chaque chapitre est parsemé de notes de bas de pages
remplis de détails annexes et citant les sources. (Je souhaite que mes lecteurs sachent
que je ne jette pas de la paille au vent ni ne brasse de l’air!)9 Les chrétiens réfléchis
qui souhaitent vérifier mes dires et acquérir une compréhension plus profonde des
21
sujets abordés devraient lire les notes de bas de page. Ceux qui n’ont cure de ce
genre de détails peuvent les ignorer. Les notes de bas de pages illustrent ou clarifient
occasionnellement des affirmations mal comprises.
Au final, je suis ravi d’avoir travaillé avec George Barna à cette édition
révisée. Le flair peu commun de George en ce qui concerne les recherches de
lectures en a étayé cette œuvre. Ce livre peut se placer au même niveau que le
premier: Rethinking the Wineskin: The Practice of the New Testament Church
(l’outre à vin revisitée : la pratique de l’église du Nouveau Testament.) Chacun de
ces livres illustre une face opposée de la même pièce. Le fait d’utiliser la Bible pour
illustrer la façon dont l’église primitive fonctionnait, Wineskin démontre sans
conteste que ceux qui ont quitté le carcan du christianisme institutionnel pour prendre
part à l’église organique ont le droit biblique d’exister. Ce livre que vous tenez dans
vos mains passe ce cap et montre qu’ils ont également le droit historique d’exister. Il
s’est développé une vision approfondie sur les pratiques de l’église, affirment ceux
qui à travers les siècles ont cherché à être fidèles à la simplicité de la vie de l’église
telle que la Bible l’expose, malgré la pression qui les poussait à être conformes à
l’église institutionnelle.
Frank Viola
Gainesville, Florida
Mai 2007

22
"Mais il n’a pas d’habit du tout !" cria un petit enfant dans la foule.
"Grands dieux ! entendez, c’est la voix de l’innocence" dit son père. Et chacun
de chuchoter de l’un à l’autre : "Il n’a pas d’habit du tout." "Il n’a pas d’habit
du tout !" cria à la fin le peuple entier. L’empereur frissonna, car il lui semblait
bien que tout son peuple avait raison, mais il pensait en même temps qu’il fallait
tenir bon jusqu’à la fin de la procession. Il se redressa encore plus fièrement, et
les chambellans continuèrent à porter le manteau de cour et la traîne qui
n’existait pas.
Hans Christian Andersen

23
24
Introduction: Qu’est-il arrivé à l’Eglise?
Par George Barna

Une fois arrivé au sommet de l’échelle, il n’y a peut-être rien de pire que
de découvrir qu’on s’est trompé de mur.
Joseph Campbell

Nous vivons au milieu d’une révolution silencieuse de la foi. Des millions de


chrétiens à travers le monde vivent selon des modes anciens et consensuels de
« pratique d’église » qui remplacent des modes encore plus anciens. Ces modes plus
anciens tirent leur racine des Ecritures Saintes et des principes éternels du Dieu
vivant. Par conséquent, ce qui motive cette transition de l’ancien vers l’encore plus
ancien n’est pas simplement le besoin de nous reconnecter à notre histoire ou de nous
réclamer de nos racines. Cela naît d’un désir de revenir à notre Seigneur avec
authenticité et plénitude. Il s’agit d’une aspiration à fusionner avec lui à travers sa
parole, son Royaume et son Esprit.
Le problème n’est pas le cœur des révolutionnaires. Une ample investigation
démontre qu’ils cherchent à mieux connaître Dieu. Leur passion, c est d’être fidèle à
sa Parole et plus en phase avec sa direction. Ils désirent ardemment faire de leur
relation avec le Seigneur la plus grande priorité de leur vie. Ils sont fatigués des
institutions, des dénominations et des routines qui empêchent une communication
claire avec lui. Ils sont usés par les sempiternels programmes aux informations
dénuées de vie qui ont pour effet de les martyriser et les culpabiliser. On les envoie
accomplir des missions, on leur demande de mémoriser des histoires et des passages,
et aussi de s’engager dans des pratiques simplistes : tout cela les épuise et ne les
amène pas dans la présence de Dieu.
Ces gens ont expérimenté les prémices de la réalité d’une connexion
authentique avec Dieu. Ils n’en peuvent plus d’endurer les farces spirituelles
proposées par les églises et autres ministères bien intentionnés. Dieu les attend. Ils le
veulent, lui. Plus d’excuses.
Mais cette révolution de la foi est mise au défi. Ceux qui s’y engagent savent
ce qu’ils quittent, une forme de foi religieuse et dénuée de vie. Mais vers quoi se
dirigent-ils ? Des églises de maison, des ministères de place de marché, des cybers
églises, des rassemblements indépendants de louange communautaire et des
communautés volontaires. Ces formes d’église sont toutes très fascinantes, mais
représentent-elles réellement un pas en avant vers les desseins les plus élevés de
Dieu ? Ou bien reproduit-on le même contenu sous des dehors différents ? Les
mêmes rôles y sont-ils développés mais en y attachant de nouveaux titres, adoptés
par des acteurs différents ? Notre société est-elle si éprise de changement que nous

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avons oublié que l’église doit subir une transformation, et non un simple
changement ?
Alors que nous sommes aux prises avec de telles questions, nous avons
beaucoup à apprendre de l’histoire du peuple de Dieu. Les disciples de Christ
apprécient les histoires que Dieu nous a transmises dans sa Parole. Nous en
apprenons beaucoup sur Dieu, sur la vie et la société, et aussi sur nous-mêmes en
suivant le voyage du peuple de Dieu dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau.
Réfléchissez à ce que nous apprenons à travers Moïse et les Israélites dans leur quête
de la terre promise Ou bien à travers un aperçu de l’ascension de David de simple
berger à roi d’Israël après avoir mené de rudes combats. Ou encore à travers la
situation critique des disciples de Jésus lorsqu’ils ont quitté leur travail pour suivre
Jésus avant d’affronter le martyre. De même, on peut puiser beaucoup d’inspiration
en contemplant les efforts fournis par les chrétiens de l’église primitive (nos ancêtres
naturels et spirituels) dans leur ambition d’être la véritable église de Christ, rachetée
par son sang
Mais de quelle connaissance de l’histoire de l’église les chrétiens modernes
et postmodernes pourraient-ils s’inspirer dans leurs tentatives actuelles pour honorer
Dieu et être l’église? Il s’avère qu’ils en ont fort peu. Et en cela réside un réel
problème. Les historiens ont longtemps maintenu que si nous oublions le passé, nous
sommes condamnés à le répéter. Cet avertissement s’appuie sur des preuves solides.
Malgré tout nous sommes souvent ignorants dans nos efforts persistants et bien
intentionnés pour améliorer notre vie.
L’histoire récente de l’église chrétienne américaine nous en fournit un bel
exemple. Les changements majeurs dans les pratiques spirituelles au cours de la
deuxième moitié du siècle dernier tiennent essentiellement de l’étalage de vitrine.
Prenez une tendance : les méga-églises, les églises sensibles à ceux qui sont en
recherche (seeker churches), les campus par satellite, les cours bibliques de vacances,
les églises d’enfants, les ministères par groupes d’affinités (c.à.d. pour les
célibataires, les femmes, les hommes, les jeunes mariés), la louange contemporaine,
les projections sur écran géant, les dons par virement, les cellules, les sermons
téléchargeables, les bulletins publiant des condensés de sermons, les cours Alpha.
Dans tout ce qui a été mentionné, on a essayé de s’appuyer sur des stratégies
marketing pour réussir les mêmes activités de différentes manières ou dans des lieux
différents, ou encore dans des catégories globales de population. Toutes les
difficultés rencontrées dans le cadre institutionnel à grande échelle ayant engendré ce
genre d’efforts se rencontrent aussi invariablement dans des efforts moins importants
ou divergents.
Ce livre vous met au défi d’essayer de transformer la pratique de votre foi de
façon significative. Il n’est pas simple d’altérer nos célébrations. Lorsque quelqu’un
suggère des réformes notoires de certaines pratiques sacro-saintes, il se fait traiter
d’hérétique de tous les côtés. De telles protestations sont pratique courante,
principalement parce que les gens en savent si peu sur les vraies fondations de leur
foi.
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C’est là que ce livre entre en ligne de compte. Plutôt que de résister
continuellement aux innovations méthodologiques, il est temps que le corps de Christ
se connecte à la parole de Dieu et à l’histoire de l’église pour arriver à mieux
comprendre ce qu’il est possible et conseillé de faire (et aussi ce qui est impossible et
déconseillé.)
Par expérience personnelle, les auteurs de ce livre peuvent vous dire qu’une
telle exploration dessille les yeux: c’est le moins que l’on puisse dire. Si vous prenez
le temps de chercher dans la parole de Dieu la plupart des pratiques courantes des
églises conventionnelles, vous les y trouverez rarement. Si vous creusez plus profond
et passez du temps à retracer l’histoire de ces pratiques, vous découvrirez vite que la
plupart de nos coutumes religieuses proviennent de choix humains. En fait, vous avez
de fortes chances d’identifier un canevas dans la façon dont « se pratique la vie
d’église» de nos jours : nos agissements ne figurent probablement pas dans la Bible
comme des pratiques de l’église primitive !
Etes-vous surpris d’apprendre que, la plupart du temps, nos pratiques dans
les cercles religieux n’ont aucun précédent dans les Ecritures ? Cela inclut de
nombreuses activités appartenant à la célébration du culte, la formation et
l’ordination du clergé, les pratiques courantes du service parmi les enfants, les
méthodes utilisées pour lever des fonds, l’usage de la musique dans les églises, et
même la présence et la nature des bâtiments d’église. Il y a eu dans l’histoire trois
périodes où une série de changements se sont opérés dans les pratiques chrétiennes
courantes. L’époque de Constantin, les décennies englobant la Réforme protestante et
le Réveil des XVIIIème et XIXème siècles. Toutefois comme vous allez le découvrir,
ces changements ont été engendrés par des disciples de Christ passionnés mais
souvent mal informés. Les croyants de ces périodes ont simplement mis la main à la
charrue ce qui a suscité de nouvelles perspectives et des pratiques que les églises
conservent depuis de nombreuses années. Tant d’années en fait, qu’on pense que leur
origine est probablement biblique.
Rien de surprenant si, ayant changé le modèle biblique de l’église, nous
sommes devenus experts pour appuyer nos démarches en sortant des versets de leur
contexte. Cela consiste à puiser dans les Ecritures des versets disparates et sans lien
entre eux, souvent hors contexte, pour « prouver » que notre position cadre avec la
Bible. En lisant ce livre, vous risquez d’être stupéfaits de découvrir combien de
pratiques appréciées sont à côté de la plaque sur le plan biblique.
La manière dont nous pratiquons notre foi a-t-elle vraiment de l’importance,
du moment que les activités permettent aux gens d’aimer Dieu et de lui obéir ? La
prépondérance des preuves montre que ces perspectives, ces règles, ces traditions,
ces attentes, ces suppositions et ces pratiques empêchent souvent le développement
de notre foi. Dans d’autres exemples, elles font office de barrières qui nous
empêchent de rencontrer le Dieu vivant. La façon dont on pratique sa foi peut bel et
bien affecter la foi elle-même.

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Cela signifie-t-il que nous devons revenir à la Bible et faire exactement ce
que les disciples faisaient entre 30 et 60 ans après J-C? Non. Les changements
sociaux et culturels au cours des deux derniers millénaires ont rendu impossible
l’imitation de certains modes de vie et efforts religieux de l’église primitive. Par
exemple, on se sert de téléphones portables, on roule en voiture, et on a recours au
chauffage central et à l’air conditionné. Les chrétiens du premier siècle ne
possédaient aucune de ces commodités. Donc, adhérer aux principes du Nouveau
Testament ne signifie pas reconstituer les évènements de l’église du 1er siècle. Il
faudrait dans ce cas s’habiller comme les croyants du 1er siècle, en sandales et en
toges !
Aussi, ce n’est pas parce qu’une pratique est empruntée à une culture qu’elle
est mauvaise en soi, nous devons cependant avoir du discernement. Comme
l’écrivain Frank Senn le note : « On ne peut pas éviter d’introduire notre culture dans
l’église ; elle fait partie de nous. Mais à la lumière de la tradition, on doit faire le tri
entre les influences culturelles qui contribuent à l’intégrité de l’adoration chrétienne
et celles qui y portent atteinte. »10
Nous avons tout intérêt à scruter les Paroles de Dieu pour déterminer les
principes essentiels et la philosophie de l’église primitive afin de restaurer ces
éléments dans nos vies. Dieu nous a donné une grande liberté dans le choix des
méthodes utilisées pour l’honorer et être en communion avec lui. Mais on ne peut pas
pour autant faire ce que bon nous semble. Il faut de la prudence dans nos efforts pour
être un peuple humble et obéissant qui cherche à être au centre de sa volonté. Notre
but est d’être fidèle à son plan pour pouvoir devenir un peuple selon son cœur et une
église qui répond parfaitement à son appel.
Soyez donc prêts à un réveil brutal en découvrant à quel point vos pratiques
religieuses actuelles sont hors-piste. Vous savez probablement que, de nos jours, les
jets sont équipés de systèmes informatiques très sophistiqués qui les réorientent
constamment en cours de trajet. Au cours d’un voyage entre Los-Angeles et New-
York, littéralement des milliers de corrections de trajet sont effectuées pour garantir
l’atterrissage de l’avion sur la piste appropriée. Sans ces corrections de trajet, même
une infime déviation de 1% par rapport au plan de vol d’origine ferait atterrir l’avion
dans un comté différent! L’église contemporaine est comme un avion à réaction non
équipé pour les corrections en plein vol. Un petit changement par-ci, une petite
déviation par-là, une légère altération de ceci, une modification à peine perceptible
de cela ; et avant même que vous le réalisiez, toute l’œuvre a été remaniée!
Est-ce difficile à croire? Alors nous vous encourageons à vous investir vous-
même dans le processus et à faire vos propres recherches Mon coauteur, Frank Viola,
a passé de nombreuses années à suivre laborieusement la trace des données
historiques déterminant la façon dont l’église est arrivée sur ce sentier tortueux. Les
références de cet itinéraire vous sont fournies dans chaque chapitre. Si vous êtes
sceptiques (et nous encourageons le bon scepticisme qui amène à faire des enquêtes
et à trouver la vérité) alors engagez-vous à retrouver exactement ce qui s’est
vraiment passé au cours du temps. C’est important ! Votre vie est un don de Dieu et
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doit être vécue pour Dieu. De plus, l’église est l’une des plus grandes passions de
Dieu. Il veille autant sur son bien-être que sur sa personnification sur terre. Il est
donc très important de comprendre le chemin qui a mené l’église primitive à l’église
contemporaine et de déterminer votre action en conséquence.
Le but de tout bon auteur est d’apporter un changement positif et significatif.
Ce livre n’est en rien différent. Nous désirons que vous soyez éclairés par la parole
de Dieu et par l’histoire de l’église. Nous voulons vous voir réfléchir sérieusement,
tout en restant biblique, sur la façon dont vous pratiquez votre foi avec d’autres
chrétiens. Et nous souhaitons vous voir entraîner les autres à comprendre ce que Dieu
vous amène à découvrir. Dans le défi que représente le fait vivre selon une vision
biblique du monde, il y a la nécessité de faire concorder votre vie spirituelle avec les
intentions de Dieu, comme cela nous est indiqué dans la Bible. Nous prions que ce
livre vous aide à faire votre part en redressant le sentier tortueux de l’église
contemporaine.

Approfondissements
Quelques définitions
Puisque vous lisez ce livre, nous avons jugé important que vous compreniez
la façon dont nous allons employer les termes ci-dessous.

Païen
Nous employons ce terme pour désigner les pratiques et les principes qui ne
sont ni chrétiens ni bibliques à l’origine. Dans certains cas, nous l’employons pour
nous référer à ces personnages antiques qui adoraient les dieux de l’empire romain.
Nous n’utilisons pas ce mot comme synonyme de mauvais, diabolique, pécheur ou
mal. Une “pratique ou mentalité païenne” se réfère à une pratique ou un mode de
pensée ayant été adopté par l’église, issu de son entourage culturel. Nous pensons
que certaines des pratiques païennes sont neutres et peuvent être reprises pour la
gloire de Dieu. Notre sentiment est que d’autres entrent en conflit direct avec les
enseignements de Jésus et des apôtres et ne peuvent donc pas être perpétuées.

L’église organique
Le terme église organique ne se réfère pas à un modèle particulier d’église.
(Nous croyons qu’il n’existe aucun modèle de perfection.) Au contraire, nous
pensons que la vision que donne le Nouveau Testament de l’église est organique.
Une église organique est une expression du corps de Christ vivante, animée de
souffle, dynamique, comportant la participation mutuelle de chaque membre, centrée
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sur Christ, et communautaire. Notez que dans ce livre notre but n’est pas de fournir
une description complète de l’église organique mais d’en donner un bref aperçu
lorsque c’est nécessaire.

L’église institutionnelle
Ce terme se réfère à un système religieux (et non à un groupe de personnes
en particulier). Une église institutionnelle représente une entité qui fonctionne
essentiellement comme une organisation existant au-delà, et indépendamment des
membres qui la composent. Elle est davantage construite sur des programmes et des
rituels que sur des relations. Elle est dirigée par des professionnels dédiés
(« pasteurs » ou « clergé ») assistés par des volontaires (« laïques »). Nous
employons également les termes d’église contemporaine, traditionnelle et moderne
pour nous référer à l’église traditionnelle, d’église d’aujourd’hui, et d’église moderne
pour nous référer à l’église institutionnelle de notre époque.

L’église du Nouveau Testament, ou l’église du premier siècle


Ces termes ne se réfèrent pas à une forme d’église particulière. Nous nous
référons en fait, à l’église du premier siècle telle que décrite dans le Nouveau
Testament. (Dans ce livre, église du premier siècle est synonyme d’église du
Nouveau Testament.) Nous ne nous faisons pas les avocats d’un retour primitiviste à
un modèle particulier de l’église primitive. Ce que nous croyons en réalité, c’est que
notre pratique actuelle de l’église devrait être guidée par un retour aux principes
spirituels de l’église du premier siècle, à ses pratiques organiques, à son esprit et à sa
déontologie, ainsi qu’aux enseignements de Jésus et des apôtres.

Biblique, ou scripturaire
Ces termes sont premièrement et avant tout employés comme des citations
sources et accessoirement comme des jugements de valeur. Biblique ou scripturaire
se réfère au cas où une pratique trouve ses origines dans les écritures du Nouveau
Testament. Les références à des pratiques non bibliques ou non scripturaires
n’impliquent pas automatiquement qu’elles sont erronées. Ces termes peuvent se
référer au fait qu’une certaine pratique n’apparaît pas dans le Nouveau Testament
(auquel cas elle ne doit pas être considérée comme sacrée.) Mais ils peuvent
également se référer à une pratique qui viole les principes ou les enseignements du
Nouveau Testament. Le contexte déterminera dans quel sens ces termes sont utilisés.
Nous n’approuvons certainement pas les doctrines du « silence des Ecritures » et du
« principe régulateur », enseignant que si une pratique ne se trouve pas citée dans le
Nouveau Testament, nous ne devrions donc pas la suivre.

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