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Suites réelles
où f est une certaine fonction. Dans ce cas, on obtient directement la valeur d’un terme donné en remplaçant n
par une valeur précise. Par exemple, si pour tout entier naturel n, un = n2 − 4n + 3, on obtient directement la
valeur de u3 en remplaçant n par 3 :
u3 = 32 − 4 × 3 + 3 = 9 − 12 + 3 = 0.
Si on veut représenter graphiquement une telle suite, on place dans le plan rapporté à un repère orthonormé les
points de coordonnées (0, u0 ), (1, u1 ), (2, u2 ) et de manière générale « tous » les points de coordonnées (n, un ),
n ∈ N. On peut éventuellement s’aider du graphe de la fonction f . Par exemple, la représentation graphique de la
n2 − 4n + 3
suite définie par un = , n ∈ N, est :
5
b
7
5
6
3)/
x+
5
−4
b
(x 2
4
y=
b
3
2 n2 − 4n + 3
un = b
5
1
b b
b b
b
−1 1 2 3 4 5 6 7 8
−1
Une suite (un )n∈N de nombres réels peut aussi être décrite par la donnée de son premier terme u0 et une formule
du type
Dans ce cas, la suite (un )n∈N est définie par une relation de récurrence. Si on veut connaître la valeur de u3 ,
on doit connaître la valeur de u2 et si on veut connaître la valeur de u2 , on doit connaître la valeur de u1 et si on
veut connaître la valeur de u1 , on doit connaître la valeur de u0 . On part donc de u0 puis on calcule les termes de
la suite l’un après l’autre, de proche en proche.
Par exemple, si (un )n∈N est la suite définie par :
u2n − 4un + 3
u0 = 7 et pour tout entier naturel n, un+1 = .
5
3)/5
8
4x +
x
=
−
7
y
(x 2
y=
6
5
u1
2
u2
1
u3 u4 u2 u1 u0
b b b b b
−1 1 2 3 4 5 6 7 8
−1
Les réels m et M fournis dans la définition précédente sont des réels indépendants de n. Les réels m et M
ne varient pas quand n varie. Ainsi, si on écrit : pour tout entier naturel n, un ⩽ 3, le nombre 3 est un
majorant de la suite (un )n∈N et on a majoré la suite (un )n∈N au sens de la définition précédente. Mais si on écrit :
pour tout entier naturel n, un ⩽ n, on n’a pas majoré la suite (un )n∈N au sens de la définition précédente.
n ⩾ 0 ⇒ −3n ⩽ 0 ⇒ −3n + 4 ⩽ 0 + 4 ⇒ un ⩽ 4.
Ainsi, pour tout entier naturel n, un ⩽ 4. On en déduit que la suite (un )n∈N est majorée par le nombre 4.
Commentaire. Dans l’exercice 2, nous avons démontré que un < 3. Le problème initial est délicat car dans
3n + 14
l’écriture un = , la lettre n apparaît plusieurs fois, contrairement à l’exercice 1. Si on cherche à écrire
n+5
directement des inégalités, on peut tenter : n ⩾ 0 ⇒ 3n + 14 ⩾ 14 et n ⩾ 0 ⇒ n + 5 ⩾ 5. Mais il n’y a rien à tirer
de ces inégalités. Quand on écrit que le numérateur 3n + 14 vaut au minimum 14, on devrait se diriger vers un
3n + 14
résultat du type : la fraction vaut au minimum un certain nombre. Mais quand on écrit que le
n+5
3n + 14
dénominateur n + 5 vaut au minimum 5, on devrait se diriger vers un résultat du type : la fraction vaut
n+5
au maximum un certain nombre et on ne parvient pas à utiliser les deux inégalités en même temps.
Exemple 1. Soit (un )n∈N la suite définie par : pour tout entier naturel n, un = −3n + 5. Pour tout entier naturel,
n < n + 1 ⇒ −3n > −3(n + 1) ⇒ −3n + 5 > −3(n + 1) + 5 ⇒ un > un+1 .
Ainsi, pour tout entier naturel n, un > un+1 ou encore pour tout entier naturel n, un+1 < un . La suite (un )n∈N
est donc une suite strictement décroissante.
b
5
2 b un = −3n + 5
−1 1 2 3 4 5
b
−1
−2
−3
b
−4
y=−
−5
3x +
−6
5
b
−7
−8
b
6
b
4
2 b un = (−1)n × n
−1 1 2 3 4 5 6
b
−1
−2
b
−3
−4
b
−5
Démonstration. 1) Soit (un )n∈N une suite croissante de nombres réels. Soit p un entier naturel.
Montrons par récurrence que pour tout entier naturel n ⩾ p, un ⩾ up .
• Le résultat est vrai pour n = p.
• Soit n ⩾ p. Supposons que un ⩾ up . Alors, puisque un+1 ⩾ un et que un ⩾ up , on a aussi un+1 ⩾ up .
On a montré par récurrence que pour tout entier naturel n ⩾ p, un ⩾ up .
En particulier, quand p = 0, on obtient : pour tout n ⩾ 0, un ⩾ u0 .
Ainsi, pour tout entier naturel n, un < un+1 . On en déduit que la suite (un )n∈N est strictement croissante.
Ainsi, u1 < u0 et pour tout entier naturel n non nul, un+1 − un > 0 ou encore un+1 > un . On en déduit que la suite
(un )n∈N est strictement croissante à partir du rang 1.
x
=
5
y
4 √ x+3
2
y=
3
u0
b b b
u u
−3 −2 −1 1 2 1 23 4 5 6
−1
2) a) Montrons par récurrence que pour tout entier naturel n, un existe et 1 ⩽ un < 3.
• Puisque u0 = 1, le résultat est vrai quand n = 0.
• Soit n ⩾ 0. Supposons que un existe et que 1 ⩽ un < 3 et montrons que un+1 existe et que 1 ⩽ un+1 < 3.
Puisque un existe et que un ⩾ 1, on a en particulier 2un + 3 ⩾ 0. Mais alors un+1 existe. Ensuite,
On a montré par récurrence que pour tout entier naturel n, un existe et 1 ⩽ un < 3.
√
√ a) Soit n un entier naturel. Puisque un ⩾ 1, 2un + 3 + un est un nombre supérieur ou égal à 1 et en particulier
3)
2un + 3 + un n’est pas nul. Ensuite,
√ √ √
√ ( 2un + 3 − un ) ( 2un + 3 + un ) ( 2un + 3) − u2n
2
un+1 − un = 2un + 3 − un = √ = √
2un + 3 + un 2un + 3 + un
−u2n + 2un + 3 (un + 1)(3 − un )
=√ = √ ,
2un + 3 + un 2un + 3 + un
Technique 3. Si un est défini par des produits et des quotients et si la suite (un )n∈N est strictement
un+1
positive, on compare au nombre 1.
un
Technique 4. Si la suite est du type un = f (n), n ∈ N, où f est une certaine fonction définie sur [0, +∞[, on
peut utiliser les variations de la fonction f pour préciser les variations de la suite (un )n∈N .
Les variations de la fonction f peuvent être obtenues à partir du signe de la dérivée de la fonction f si cette
fonction est dérivable. Cependant, attention ! On dérive une fonction mais
x2 + 4x + 2
Solution. Pour tout réel positif x, posons f (x) = de sorte que pour tout entier naturel n, un = f (n).
x+1
La fonction f est dérivable sur [0, +∞[ en tant que quotient de fonctions dérivables sur [0, +∞[ dont le dénominateur
ne s’annule pas sur [0, +∞[ et pour tout réel x ⩾ 0,
La dérivée f ′ de f est une fonction strictement positive sur [0, +∞[. On en déduit que la fonction f est une fonction
strictement croissante sur [0, +∞[. Puisque la fonction f est strictement croissante sur [0, +∞[, pour tout entier
naturel n, on a
Ainsi, tout entier naturel n, un < un+1 . La suite (un )n∈N∗ est donc strictement croissante.
Interprétation graphique. On place ℓ sur l’axe des ordonnées puis on se donne un intervalle ouvert I
quelconque contenant ℓ. A partir d’un certain rang p dépendant de l’intervalle I que l’on s’est donné, tous les
termes de la suite appartiennent à l’intervalle I. Pour n’importe que intervalle ouvert I contenant ℓ, aussi petit
soit-il, on peut fournir un tel rang p.
b
b
b b
b b b b
ℓ b
b u2 b
b
b b
b
b
b
b
b b
b
b
b
b
b u0
p
b u1
Démonstration. Soit (un )n∈N une suite réelle convergente. Supposons que la suite (un )n∈N converge à la fois
vers le réel ℓ et vers le réel ℓ′ où de plus ℓ < ℓ′ (on a appelé ℓ le plus petit des deux réels distincts et ℓ′ le plus
grand).
ℓ′ − ℓ
Soit ε = . ε est un réel strictement positif.
2
© Jean-Louis Rouget, 2015. Tous droits réservés. 9 http ://www.maths-france.fr
Posons I1 =]ℓ − ε, ℓ + ε[ et I2 =]ℓ′ − ε, ℓ′ + ε[. Les intervalles I1 et I2 sont disjoints ou encore les intervalles I1 et
I2 n’ont aucun nombre réel en commun.
ℓ ℓ + ε = ℓ′ − ε ℓ′
b b
I1 I2
ε = (ℓ′ − ℓ)/2
ℓ′ − ℓ = 2ε
Notation. Quand la suite (un )n∈N converge vers le réel ℓ, on écrit lim un = ℓ.
n→+∞
Théorème 6. Soient (un )n∈N une suite de nombre réels et ℓ un nombre réel.
La suite (un )n∈N a pour limite ℓ quand n tend vers +∞ si et seulement si tout intervalle ouvert non vide de
centre ℓ contient tous les termes de la suite à partir d’un certain rang.
Démonstration. Supposons que la suite (un )n∈N converge vers le réel ℓ. Alors, tout intervalle ouvert contenant ℓ
contient tous les termes de la suite à partir d’un certain rang. En particulier, tout intervalle ouvert de centre ℓ
contient tous les termes de la suite à partir d’un certain rang.
Réciproquement, supposons que tout intervalle ouvert de centre ℓ contienne tous les termes de la suite à partir
d’un certain rang.
Soient α et β deux réels strictement positifs puis I =]ℓ − α, ℓ + β[. Soit ε le plus petit des deux réels α et β.
L’intervalle I ′ =]ℓ − ε, ℓ + ε[ est un intervalle ouvert de centre ℓ. Il contient donc tous les termes de la suite (un )n∈N
A partir d’un certain rang p. Comme I ′ est contenu dans I, tous les termes de la suite (un )n∈N de rang supérieur
ou égal à p sont aussi dans l’intervalle I. On a montré que tout intervalle ouvert contenant ℓ contient tous les
termes de la suite (un )n∈N à partir d’un certain rang.
2n + 1 2n + 1
Exemple 1. Montrons en revenant à la définition que lim = 2. Pour n ∈ N, posons un = .
n→+∞n+3 n+3
Soit ε un réel strictement positif. On note I l’intervalle ]2 − ε, 2 + ε[.
Soit n un entier naturel.
Or,
2n + 1 (2n + 1) − 2(n + 3) 2n + 1 − 2n − 6 5
un − 2 = −2= = =− .
n+3 n+3 n+3 n+3
5 5
Ainsi, un ∈ I ⇔ −ε < − < ε. Puisque n est un entier naturel, − < 0 et en particulier l’inégalité
n+3 n+3
5
− < ε est vraie. Il reste
n+3
5 5 5
un ∈ I ⇔ −ε < − ⇔ε> ⇔ n + 3 > (car ε > 0)
n+3 n+3 ε
5
⇔n> − 3.
ε
5 5 5
Soit p un entier strictement supérieur à − 3 (si − 3 < 0, on peut prendre p = 0 et si − 3 ⩾ 0, on peut prendre
ε ε ε
5
p = E ( − 3) + 1 (où E désigne la fonction « partie entière »)).
ε
5
Pour tout entier naturel n tel que n ⩾ p, on a encore n > − 3 et donc un ∈ I. Ainsi, tout intervalle ouvert de
ε
2n + 1 2n + 1
centre 2 contient tous les termes de la suite ( ) à partir d’un certain rang et donc lim = 2.
n + 1 n∈N n→+∞ n+1
I
1+ℓ
La distance de 1 à ℓ est ℓ − 1. C’est un réel strictement positif. Le milieu du segment [1, ℓ] est . La distance
2
. Soit I = ]ℓ − [=] [.
ℓ−1 ℓ−1 ℓ−1 1 + ℓ 3ℓ − 1
de ce milieu à 1 ou ℓ est ,ℓ + ,
2 2 2 2 2
La suite (un )n∈N prend alternativement les valeurs 1 et −1 et l’intervalle I est constitué de réels tous strictement
1+ℓ 1+1
plus grands que 1 (car > = 1). Donc, l’intervalle I est un intervalle ouvert de centre ℓ ne contenant
2 2
aucun terme de la suite (un )n∈N et en particulier ne contenant aucun terme de la suite (un )n∈N à partir d’un
certain rang. Ceci montre que la suite (un )n∈N ne peut pas converger vers ℓ.
• Supposons ℓ = 1 et montrons que la suite (un )n∈N ne peut pas converger vers ℓ.
Soit I =]0, 2[. I est un intervalle ouvert de centre 1. Vérifions qu’il n’existe pas de rang à partir duquel tous les
termes de la suite appartiennent à l’intervalle I.
Soit p un entier naturel. Soit n un entier naturel impair supérieur ou égal à p (on peut prendre n = p si p est
impair et n = p + 1 si p est pair). Puisque n est impair, (−1)n est le produit d’un nombre impair de −1 et est
donc égal à −1. Par suite, (−1)n ∉ I.
On a montré que pour tout rang p, il existe au moins un rang n ⩾ p tel que (−1)n ∉ I.
Finalement, on a fourni un intervalle ouvert de centre 1 qui ne contient pas tous les termes de la suite ((−1)n )n∈N
à partir d’un certain rang et donc la suite ((−1)n )n∈N ne converge pas vers 1.
La conclusion serait la même dans les trois derniers cas. La suite ((−1)n )n∈N est un exemple de suite divergente.
Remarque. On ne peut pas se permettre de dire que la suite ((−1)n )n∈N tend vers 1 et −1. Tout d’abord parce
qu’on vient de montrer que cette suite n’a pas de limite, mais aussi parce qu’on a démontré que si une suite a une
limite, cette limite est unique.
2) Suites de limite infinie
Définition 3. Soit (un )n∈N une suite de nombre réels.
On dit que la suite (un )n∈N a pour limite +∞ quand n tend vers +∞ si et seulement si tout intervalle ouvert
de la forme ]A, +∞[ contient tous les termes de la suite à partir d’un certain rang.
On dit que la suite (un )n∈N a pour limite −∞ quand n tend vers +∞ si et seulement si tout intervalle ouvert
de la forme ] − ∞, A[ contient tous les termes de la suite à partir d’un certain rang.
Notation. Quand un a pour limite +∞ quand n tend vers +∞, on écrit lim un = +∞. Quand un a pour
n→+∞
limite −∞ quand n tend vers +∞, on écrit lim un = −∞.
n→+∞
Remarque. Une suite tendant vers +∞ ou vers −∞ quand n tend vers +∞ est une suite divergente.
Exemple. Montrons que la suite définie par : pour tout entier naturel n, un = n2 + 3n + 2 tend vers +∞ quand
n tend vers +∞.
On note d’abord que pour tout entier naturel n, un = n + n2 + 2n + 2 et donc un ⩾ n.
Soient alors A un réel puis I =]A, +∞[. Soit p un entier strictement plus grand que A (on peut prendre par exemple
p = 0 si A < 0 et p = E(A) + 1 si A ⩾ 0 (où E désigne la fonction « partie entière »)).
Pour tout entier naturel n supérieur ou égal à p, on a un ⩾ n ⩾ p > A et donc un ∈ I.
On a montré que tout intervalle de la forme ]A, +∞[ contient tous les termes de la suite (un )n∈N à partir d’un
certain rang et donc que lim un = +∞.
n→+∞
lim √ = 0
1 1 1
lim =0 lim =0
n→+∞ n n→+∞ n2 n→+∞ n
1
Pour tout entier k ⩾ 1 lim nk = +∞ lim =0
n→+∞ n→+∞ nk
encore n > A puis n > A car √ A ⩾ 0 et par stricte croissance de la fonction x ↦ x sur [0, +∞[. Dans ce cas,
2
Nous allons maintenant étudier la limite d’une suite géométrique (théorème 9). Pour démontrer ce théorème, on a
besoin d’un résultat préliminaire qui est l’objet du théorème 8.
Théorème 8. Pour tout réel positif a et tout entier naturel n, (1 + a)n ⩾ 1 + na (inégalité de Bernoulli).
Démonstration. Soit a un réel. Montrons par récurrence que pour tout entier naturel n, (1 + a)n ⩾ 1 + na.
• (1 + a)0 = 1 et 1 + 0 × a = 1. Comme 1 ⩾ 1, l’inégalité est vraie quand n = 0.
• Soit n ⩾ 0. Supposons que (1 + a)n ⩾ 1 + na et montrons que (1 + a)n+1 ⩾ 1 + (n + 1)a.
(1 + a)n+1 = (1 + a)n × (1 + a)
⩾ (1 + na)(1 + a) (par hypothèse de récurrence et car 1 + a ⩾ 0)
= 1 + na + a + na2 = 1 + (n + 1)a + na2
⩾ 1 + (n + 1)a (car na2 ⩾ 0).
On a montré par récurrence que pour tout entier naturel n, (1 + a)n ⩾ 1 + na.
Démonstration. • Soit q un réel strictement plus grand que 1. Posons a = q − 1 de sorte que a est un réel
strictement positif et que q = 1 + a. Montrons alors que lim q n = +∞. On va utiliser les théorèmes du paragraphe
n→+∞
4 et le théorème 13 du paragraphe 5)a).
D’après le théorème 8, pour tout entier naturel n, (1 + a)n ⩾ 1 + na ou encore q n ⩾ 1 + na. Puisque a > 0,
lim (1 + an) = +∞ (d’après le théorème 10 du paragraphe 4).
n→+∞
Ainsi, pour tout entier naturel n, q n ⩾ 1 + na et lim (1 + na) = +∞. On en déduit que lim q n = +∞.
n→+∞ n→+∞
n tend vers +∞, la suite (un + vn )n∈N tend vers +∞ (respectivement −∞) quand n tend vers +∞.
3) Si les suites (un )n∈N et (vn )n∈N tendent toutes les deux vers +∞ (respectivement −∞) quand n tend vers
+∞, la suite (un + vn )n∈N tend vers +∞ (respectivement −∞) quand n tend vers +∞.
4) Si la suite (un )n∈N tend vers +∞ et la suite (vn )n∈N tend vers −∞ quand n tend vers +∞, on ne peut pas
conclure car tout est possible pour la suite (un + vn )n∈N .
Le tableau ci-dessus comporte un ?. Quand la suite (un ) tend vers +∞ et que la suite (vn ) tend vers −∞, tout est
possible et on ne peut donc pas donner de résultat général. Voici quatre exemples montrant que l’on peut vraiment
obtenir n’importe quel résultat pour la suite (un + vn ). Dans chacun des quatre cas ci-dessous, la suite (un ) tend
vers +∞ et la suite (vn ) tend vers −∞.
• un = n2 + n, vn = −n2 , un + vn = n. Dans ce cas, la suite (un + vn ) tend vers +∞.
• un = n2 − n, vn = −n2 , un + vn = −n. Dans ce cas, la suite (un + vn ) tend vers −∞.
• un = n2 + 1, vn = −n2 , un + vn = 1. Dans ce cas, la suite (un + vn ) tend vers 1.
• un = n2 + (−1)n , vn = −n2 , un + vn = (−1)n . Dans ce cas, la suite (un + vn ) n’a pas de limite.
b) Produit de deux suites
Théorème 11. (limite d’un produit de de deux suites). Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites de nombres
réels.
1) Si la suite (un )n∈N converge vers un réel ℓ et si la suite (vn )n∈N converge vers un réel ℓ′ , alors la suite
(un × vn )n∈N converge et lim (un × vn ) = ℓ × ℓ′ .
2) a) Si la suite (un )n∈N converge vers un réel ℓ > 0 et si la suite (vn )n∈N tend vers +∞ (respectivement −∞),
n→+∞
Remarque. Le cas particulier où l’une des deux suites est une suite constante et non nulle fournit les différents
résultats pour la suite (kun ) où k est un réel non nul.
Encore une fois, le tableau comporte un ?. Voici quatre exemples où la suite (un ) tend vers 0 et la suite (vn )
tend vers ±∞ avec à chaque fois un résultat différent concernant la suite (un × vn ).
( )
un ℓ
a 0 +∞ −∞ −∞ +∞ ? +∞ −∞ −∞ +∞ ?
vn ℓ′
pour limite
Remarque. En particulier, l’inverse d’une suite tendant vers l’infini est une suite tendant vers 0 et l’inverse d’une
suite strictement positive ou strictement négative tendant vers 0 est une suite tendant vers l’infini (+ ou −).
On résume ces résultats avec les deux égalités
1 1
= ∞ et = 0.
0 ∞
1
L’écriture ne signifie pas que l’on a divisé le nombre 1 par le nombre 0 mais que l’on a divisé une suite tendant
0
1
vers 1 par une suite tendant vers 0. De même, l’écriture ne signifie pas que l’on a divisé le nombre 1 par l’infini
∞
(qui n’est pas un nombre) mais que l’on a divisé une suite tendant vers 1 par une suite tendant vers l’infini.
Cette fois-ci, le tableau comporte deux ?. Voici trois exemples où les deux suites (un ) et (vn ) tendent vers 0 avec
à chaque fois un résultat différent concernant la suite ( ) .
un
vn n∈N
Quand on n’est en présence d’une telle forme indéterminée, les théorèmes 10, 11 et 12 affirment que l’on ne peut
pas conclure avec cette écriture de la suite. Ceci ne signifie pas que tout s’arrête et que l’on ne sait pas faire
l’exercice. Cela signifie que l’on doit chercher une autre écriture de la suite sous laquelle l’indétermination disparaît.
La principale technique est :
2n2 ( )
2n2 5n 7 5 7
− +
2
2n − 5n + 7 2n2 2n2 2n2 2n2 1 − +
2n 2n2
un = = = ×
1 1
3n ( 2 + 2 + 2 )
3n2 + n + 1 2
3n2 n 1 3n2
1+ + 2
3n 3n 3n 3n 3n
5 7
2 1 − 2n + 2n2
= × .
3 1 1
1+ + 2
3n 3n
∞
Commentaire. Dans l’exercice 8, nous étions en présence d’une indétermination du type (le numérateur
∞
tend vers +∞ à cause de 2n et le dénominateur tend vers +∞ à cause de 3n ). Nous n’avons pas mentionné
2 2
cette indétermination dans la solution mais nous avons tout de suite transformé l’écriture de un sans écrire le
symbole lim .
n→+∞
Au numérateur, nous avons mis en facteur le terme prépondérant 2n2 en facteur et au dénominateur, nous avons
mis en facteur le terme prépondérant 3n2 . Nous avons ainsi fait apparaître explicitement le « face à face » entre
∞
2n2 et 3n2 qui contient l’indétermination . L’indétermination a été levée quand nous avons simplifié par n2 .
∞
Exercice 9. Soit (un )n∈N la suite définie par :
√
pour tout entier naturel n, un = 4n2 + n + 1 − n.
Déterminer la limite de un quand n tend vers +∞.
√ √
√ √
un = 4n + n + 1 − n = 4n (1 + ) − n = 4n
2 2
1 1 2
1 1
+ 1+ + −n
√ √
4n 4n2 4n 4n2
1 1 ⎛ 1 1 ⎞
⎝ ⎠
= 2n 1 + + 2 −n =n 2 1+ + 2 −1 .
4n 4n 4n 4n
√
√
= 0. Donc lim (1 + + 2 ) = 1 puis lim 2 1 +
1 1 1 1 1 1
lim = lim 2
+ 2 − 1 = 2 1 − 1 = 1.
n→+∞ 4n n→+∞ 4n n→+∞ 4n 4n n→+∞ 4n 4n
D’autre part, lim n = +∞ et finalement, en effectuant le produit des deux suites
√
n→+∞
⎛ 1 1 ⎞
n→+∞ ⎝ ⎠
lim un = lim n 2 1 + + 2 − 1 = +∞.
n→+∞ 4n 4n
Il existe d’autres techniques pour lever des indéterminations qui s’utilisent dans des circonstances très particulières.
Nous en signalerons ici une : l’utilisation d’une quantité conjuguée.
√ √ √
√ ( n2 + n + 1 − n) ( n2 + n + 1 + n) ( n2 + n + 1) − n2
2
u n = n2 + n + 1 − n = √ = √
n2 + n + 1 + n n2 + n + 1 + n
n (1 + )
1
n2 + n + 1 − n2
=√ =√ =√ √
n+1 n+1 n
=
⎛ ⎞
n2 (1 + + 2 ) + n n
n2 + n + 1 + n n2 + n + 1 + n 1 1 1 1
⎝ ⎠
1+ + 2 +1
n n n n
1
1+
=√ n .
1 1
1+ + 2 +1
n n
√
1 1 1 1 1 1
lim = lim 2 = 0. Donc, lim 1 + + 2 = 1 puis lim 1 + + 2 + 1 = 2. D’autre part,
n→+∞ n n→+∞ n n→+∞ n n n→+∞ n n
1
lim 1 + = 1 et donc en effectuant le quotient des deux suites
n→+∞ n
1
1+
lim un = lim √ n 1
= .
n→+∞ n→+∞ 1 1 2
1+ + 2 +1
n n
Commentaire. Nous étions en présence d’une indétermination du type +∞ − ∞. Mais si pratiquons comme dans
l’exercice 9 :
√
√ ⎛ 1 1 ⎞
⎝ ⎠
n2 + n + 1 − n = . . . = n 1+ + 2 −1 ,
n n
√ transformons l’indétermination +∞ − ∞ en √
nous l’indétermination ∞ × 0. La différence avec l’exercice 9 est que
√
n2 − n = 0 (alors que dans l’exercice précédent 4n2 − n = n).
√
Pour voir explicitement le « face à face » √n − n = n − n = 0, il √ √
faudrait pouvoir élever au carré l’expression
2
Démonstration. Montrons 1). Par hypothèse, il existe un rang p1 tel que pour tout n ⩾ p1 , vn ⩾ un .
Soit A un réel puis I =]A, +∞[. Puisque lim un = +∞, il existe un rang p2 tel que pour tout n ⩾ p2 ,
n→+∞
un appartient à I.
Soit p le plus grand des deux entiers p1 et p2 . Pour tout n ⩾ p, vn ⩾ un et un > A. Donc, pour tout n ⩾ p,
vn > A ou encore vn appartient à I. Par suite, l’intervalle I contient tous les termes de la suite (vn )n∈N à partir
du rang p.
On a montré que tout intervalle de la forme ]A, +∞[ où A est un réel, contient tous les termes de la suite (vn )n∈N
à partir d’un certain rang et donc que lim vn = +∞.
n→+∞
un ⩾ n ⇒ 2un + 3 ⩾ 2n + 3 ⇒ un+1 ⩾ n + 1 + n + 2
⇒ un+1 ⩾ n + 1 (car n + 2 ⩾ 0).
3) a) u0 = −4. u1 = 2u0 + 3 = 2(−4) + 3 = −5. u2 = 2u1 + 3 = 2(−5) + 3 = −7. u3 = 2u2 + 3 = 2(−7) + 3 = −11.
u4 = 2u3 + 3 = 2(−1) + 3 = −19.
b) Montrons par récurrence que pour tout entier naturel n, un ⩽ −n − 4.
• Puisque u0 = −4 et que −0 − 4 = −4, l’inégalité est vraie quand n = 0.
• Soit n ⩾ 0. Supposons que un ⩽ −n − 4 et montrons que un+1 ⩽ −(n + 1) − 4 ou encore un+1 ⩽ −n − 5.
ℓ − ε < un ⩽ vn ⩽ wn < ℓ + ε
et en particulier, pour tout entier naturel n ⩾ p, ℓ − ε < vn < ℓ + ε ou encore vn appartient à I. Tous les termes
de la suite (vn )n∈N sont dans l’intervalle I à partir d’un certain rang.
On a montré que tout intervalle ouvert de centre ℓ contient tous les termes de la suite (vn )n∈N à partir d’un certain
rang. On en déduit que la suite (vn )n∈N converge et que lim vn = ℓ.
n→+∞
Par exemple, soit une suite (un )n∈N vérifiant : pour tout n ⩾ 4, 1 − ⩽ un ⩽ 1 + . Alors la suite (un )n∈N
1 1
n n
converge et lim un = 1.
n→+∞
Solution. Pour tout entier naturel non nul n, (−1)n est égal à 1 ou à −1.
Donc, pour tout entier naturel non nul n, −1 ⩽ (−1)n ⩽ 1 puis
1 1
pour tout entier naturel non nul n, − ⩽ un ⩽ .
n n
= 0, le théorème des gendarmes permet d’affirmer que la suite (un )n∈N∗ converge
1 1
Puisque lim − = lim
n→+∞ n n→+∞ n
et que lim un = 0.
n→+∞
Commentaire. Le théorème 16 ne donne pas la valeur de la limite de un . Il dit simplement que cette limite existe.
x
=
5
y
4 √ x+3
2
y=
3
u0
b b b
u u
−3 −2 −1 1 2 1 23 4 5 6
−1
La suite (un )n∈N est croissante et majorée par 3. Donc la suite (un )n∈N converge. Posons ℓ = lim un .
√
n→+∞
Pour tout entier naturel n, un+1 = 2un + 3. Quand n tend vers √ +∞, un+1 tend vers √ℓ car
lim un+1 = lim uN = ℓ. D’autre part, quand n tend vers +∞, 2un + 3 tend vers 2ℓ + 3.
√
n→+∞ N →+∞
En faisant tendre n vers +∞, on obtient ℓ = 2ℓ + 3. Ceci impose ℓ ⩾ 0 puis ℓ2 = 2ℓ + 3 après élévation au carré
des deux membres de l’égalité. Le nombre ℓ est donc un réel positif, solution de l’équation x2 − 2x − 3 = 0.
√ est ∆ = (−2) −√
Le discriminant de cette équation 4(−3) = 16. L’équation x2 − 2x − 3 = 0 admet donc deux
2
2 + 16 2 − 16
solutions distinctes : x1 = = 3 et x2 = = −1. Puisque ℓ est positif, on obtient ℓ = 3.
2 2
On a montré que la suite (un )n∈N converge et que lim un = 3.
n→+∞
Théorème 17. Soit (un )n∈N une suite de nombres réels croissante et majorée. Soit ℓ = lim un .
n→+∞
Alors, pour tout entier naturel n, un ⩽ ℓ.
Démonstration. Puisque la suite (un )n∈N est croissante et majorée, la suite (un )n∈N converge. Soit ℓ = lim un .
n→+∞
Supposons par l’absurde qu’il existe un rang p tel que up > ℓ. Puisque la suite (un )n∈N est croisante, pour tout
entier naturel n ⩾ p, un ⩾ up .
Variante 1. On fait tendre n vers +∞ dans cette inégalité : d’après le théorème 15, on a ℓ ⩾ up . Ceci contredit
le fait que up > ℓ. Il était donc absurde de supposer qu’il existe un rang p tel que up > ℓ et on a montré que pour
tout entier naturel n, un ⩽ ℓ.
Variante 2. Considérons l’intervalle I =]ℓ − 1, up [. Puisque ℓ − 1 < ℓ < up , I est un intervalle ouvert contenant ℓ.
On sait que pour tout n ⩾ p, un ⩾ up et en particulier, pour tout n ⩾ p, un n’appartient pas à I.
I est donc un intervalle ouvert contenant ℓ et ne contenant pas tous les termes de la suite (un )n∈N à partir d’un
certain rang. Ceci contredit le fait que lim un = ℓ. Il était donc absurde de supposer qu’il existe un rang p tel
n→+∞
que up > ℓ et on a montré que pour tout entier naturel n, un ⩽ ℓ.
Théorème 18. Soit (un )n∈N une suite de nombres réels croissante et non majorée.
Alors, lim un = +∞.
n→+∞
Démonstration. Soit (un )n∈N une suite de nombres réels croissante et non majorée.
Soient A un réel puis I =]A, +∞[. Puisque la suite (un )n∈N n’est pas majorée, le nombre A n’est pas un majorant
de la suite (un )n∈N . Il existe donc au moins un entier naturel p tel que up > A.
Puisque la suite (un )n∈N est croissante, pour tout entier naturel n ⩾ p, on a un ⩾ up et donc un > A. Ainsi, il
existe un rang p tel que pour tout n ⩾ p, un ∈ I.
On a montré que tout intervalle de la forme ]A, +∞[, où A est un réel, contient tous les termes de la suite (un )n∈N
à partir d’un certain rang et donc que lim un = +∞.
n→+∞