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COURS DE CONTENTIEUX

MELESS Essis Jean-Yves

Magistrat

09 03 44 43

koukesme@gmail.com

Le mot "contentieux", est l'adjectif tiré du langage administratif, caractérisant


une procédure destinée à faire juger un litige entre un usager d'un service public
et l'Etat. En procédure civile le mot désigne toute procédure destinée à faire
juger par un tribunal de la recevabilité et du bien fondé des prétentions opposant
une ou plusieurs personnes à une ou plusieurs autres. Le contraire de "matière
contentieuse "est «matière gracieuse »".

En somme le contentieux regroupe l’ensemble des règles applicables à la


solution d’un litige soulevé à l’occasion de l’activité d’une personne, physique
ou morale, lorsque le litige est porté devant un organe chargé de le régler et d’en
donner la solution.

Le contentieux peut être porté devant une juridiction (phase juridictionnelle) ou


alors les parties litigantes peuvent décider d’opter pour d’autres modes de
règlement de litige (phase extra juridictionnelle).

1ère Partie : LA PHASE JURIDICTIONNELLE

Cette partie sera consacrée à l’action en justice et à l’organisation judiciaire.

CHAPITRE 1 : L’ACTION EN JUSTICE

Lorsque surgissent des difficultés d’application du droit, la voie usuelle pour les
résoudre, à défaut d’une reconnaissance volontaire de la prétention émise ou
d’une transaction entre les parties intéressées, est le recours au juge par voie
d’action en justice.

L'action en justice désigne le pouvoir pour une personne de saisir un juge de son
litige. Le droit d'agir en justice est un droit fondamental reconnu par la
constitution qui dispose en son article 6 que « le droit de toute personne à un
libre et égal accès à la justice est protégé et garanti… »

L'action en justice est fondée sur un droit et s'exerce à travers la demande en


justice qui saisit la juridiction du litige, et la défense pour discuter le bien-fondé
de la demande . L'exercice de l'action en justice est une liberté dont l'abus peut
être sanctionné par les juridictions.

L’action en justice apparaît comme le pouvoir donné à une personne de


s’adresser aux tribunaux pour obtenir la reconnaissance d’un droit qui lui est
contesté. Ceci suppose donc un conflit entre le demandeur et le défendeur1.

Section 1/ Les conditions d’exercice et de recevabilité de l’action en justice

D’une manière générale, trois conditions sont exigées pour l’exercice d’une
action en justice. Ces conditions découlent des dispositions de l’article 3 du code
de procédure civile, commerciale et administrative. Ce sont : l’intérêt, la qualité,
la capacité.

Paragraphe 1 : L’intérêt pour agir

C’est un principe fondamental qu’on ne peut exercer une action en justice


qu’autant qu’on y a intérêt et dans la mesure de cet intérêt, ainsi que l’exprime la
règle classique « pas d’intérêt pas d’action ».

L’action suppose que l’on puisse invoquer l’atteinte portée à un droit subjectif.
En effet, le plus souvent, dans le contentieux privé, le demandeur réclame la
sanction d’un droit subjectif tel un droit de créance, un droit de propriété. Mais il
est des cas où l’action ne suppose pas une atteinte préalable à un droit subjectif :
par exemple, l’action en nullité d’un mariage, l’action intentée par un syndicat
pour la défense des intérêts professionnels.

Mais s’il suffit, pour agir, d’invoquer la lésion d’un intérêt, il ne s’agit pas de
n’importe quel intérêt. Il faut qu’il s’agisse d’un intérêt légitime juridiquement
protégé direct et personnel.

L’intérêt légitime juridiquement protégé est celui qui se fonde sur un droit
reconnu au plaideur. C’est le défaut d’un tel intérêt qui a conduit pendant
longtemps à refuser à la concubine toute action pour réclamer des dommages-
intérêts au tiers responsable du décès accidentel de son concubin2.

De plus l’intérêt doit être né et actuel car un intérêt simplement éventuel ne


suffirait pas. Cette exigence procède de ce que le rôle du juge est de trancher les
1
Mais il est d’autres circonstances encore où l’on est amené à agir en justice, en dehors de tout litige  : il en est
ainsi, par exemple, d’une requête aux fins d’adoption, d’une instance d’homologations d’une délibération d’un
conseil de famille etc
2
Mais un arrêt de la chambre mixte de la cour de cassation française du 27 février 1970 a admis l’indemnisation
de la concubine sur le fondement de l’article 1382 c civ à la suite de la mort accidentelle de son concubin dans
une espèce où il n’y avait pas d’adultère.
litiges déjà nés. Toutefois, cette exigence ne signifie pas qu’on ne puisse
demander réparation d’un préjudice futur, dès lors qu’il est certain, car on peut
avoir un intérêt né et actuel à demander réparation d’un tel préjudice ; en
revanche, l’action sera refusée si le préjudice est simplement éventuel,
hypothétique.

Paragraphe 2 : La qualité pour agir

Pour exercer l’action en justice il faut encore avoir la qualité à cet effet. Il s’agit
ici de savoir à quel titre on peut agir en justice. En principe, chacun ne peut
invoquer qu’un intérêt personnel et doit agir lui-même pour le défendre. C’est ce
qu’exprime la maxime « Nul ne plaide par procureur ». Cette maxime ne signifie
pas forcement que l’on n’a pas le droit de recourir à un mandataire pour agir en
justice. En effet, toute personne physique ou morale, personnellement ou par
l’intermédiaire de son représentant légal ou statutaire, peut assurer la défense de
ses intérêts devant toutes les juridictions. L’assistance et la représentation des
parties devant les juridictions sont assurées par les avocats sous certaines
réserves. Les personnes physiques peuvent toujours se faire représenter par leur
conjoint et leurs parents jusqu’au troisième degré. Les gérants des sociétés de
personne3peuvent se faire représenter par un associé dans les actions intéressant
la société. Les personnes morale privées ou publiques ne peuvent comparaître
devant la cour d’appel qu’en étant représentées par un avocat ; devant les
juridictions de première instance elles peuvent se faire représenter par un de
leurs préposés fondé de pouvoir. Enfin devant la cour suprême la représentation
des parties est exclusivement assurée par les avocats.

Toutefois, le mandant doit figurer en nom dans la procédure.

Le mandat de représentation de la partie donné au conjoint, à ses parents ou au


mandataire spécial sera justifié soit par un acte authentique, soit par un acte sous
seing privé dont la signature sera légalisée.

Le mandat de représentation donné à l’avocat résulte soit d’une déclaration


écrite soit de la mention qui en est faite dans l’assignation soit d’une mention
portée au registre d’audience.

Le mandat de représentation peut intervenir et être révoqué à tout moment de la


procédure avant la mise en délibéré du jugement au fond.

Paragraphe 3 : La capacité pour agir


3
Société en nom collectif, société en commandite
La capacité est l’aptitude d’une personne à être titulaire de droits et à les
exercer.

Le justiciable doit avoir la capacité juridique pour agir. Cette capacité est
reconnue à toute personne juridique qui dispose librement de ses droits. Elle
peut être diminuée par l'effet des mesures de protection des mineurs et des
majeurs pour les personnes physiques, ou par l'effet des procédures collectives à
l'égard des personnes morales ;

On distingue deux sortes de capacité :

1° la capacité de jouissance qui est l’aptitude à être titulaire de tels ou tels


droits ; ainsi, c’est en raison de son état de famille, qu’un époux peut réclamer
des aliments à son conjoint, qu’un enfant sera l’héritier de son père et de sa
mère.

2°la capacité d’exercice, qui est l’aptitude à pouvoir exercer soi-même et sans
autorisation les droits dont on est titulaire ; selon son âge, une personne peut ou
non exercer elle-même ses droits : ainsi sont frappés d’une incapacité d’exercice
les individus qui n’ont pas atteint leur majorité, les mineurs de vingt et un ans,
dont les droits doivent être exercés par leur représentant légal, père, mère ou
tuteur. Les facultés intellectuelles peuvent aussi influer sur la capacité d’agir :
certains troubles mentaux justifient l’institution du régime de la curatelle, la
personne à protéger ne pourra exercer certains droits et passer certains actes
qu’avec l’autorisation d’un curateur ; la gravité des troubles mentaux peut
entraîner la soumission de l’aliéné au régime de la tutelle, ses droits étant
exercés par son représentant, un tuteur.

Section 2/ Classification des actions en justice

La doctrine retient deux classifications des actions en justice, l'une fondée sur la
nature du droit qui fonde l'action, l'autre fondée sur l'objet du litige.

Paragraphe 1 : Les actions réelles, personnelles et mixtes

Une première classification distingue les actions selon la nature du droit qui les
fondent :

Les actions réelles sont fondées sur un droit réel

Le droit réel est celui qui donne à la personne un pouvoir direct et immédiat sur
une chose, pouvoir qui s’exerce sans l’entremise d’un autre individu : ex : le
propriétaire d’une maison qui l’habite. Le droit réel comporte seulement deux
éléments, la personne, sujet actif du droit et la chose, objet du droit ; c’est un
droit direct sur la chose (jus in re).

Le principal droit réel est le droit de propriété. Le droit de propriété est le droit
le plus complet que l’homme puisse exercer sur une chose. Il comprend l’usage
(usus) de la chose, le droit d’en tirer tous fruits et produits (fructus), le droit d’en
disposer, soit matériellement, en la consommant, en la transformant ou en la
détruisant (abusus), soit juridiquement, en cédant le droit que l’on a sur elle
(vente, donation).

Les actions réelles comprennent :

Les actions pétitoires, qui visent à la reconnaissance d'un droit réel (action en
revendication)

Les actions possessoires, qui visent à la protection de la possession (avec ou


sans animus domini) ex : action en expulsion, en déguerpissement

Les actions personnelles sont fondées sur un droit personnel.

Le droit personnel ou droit de créance est le droit qu’a une personne, appelée
créancier, d’exiger une certaine prestation d’une autre personne, le débiteur. Il
comporte trois éléments : le créancier, sujet actif du droit, le débiteur, sujet
passif, et la prestation, objet du droit. Ce droit, appelé droit de créance, par
rapport au sujet actif, se nomme obligation ou dette, si on l’envisage du côté du
sujet passif.

Les obligations se divisent en trois classes : il y a l’obligation de donner, par


laquelle le débiteur s’engage à transférer au créancier un droit réel, notamment
la propriété sur une chose lui appartenant (Ex : l’obligation assumée par le
vendeur ou par le donateur). Il y a l’obligation de faire, par laquelle le débiteur
s’engage à un fait (Ex : obligation du peintre qui s’engage à faire un tableau, de
l’architecte qui se charge de l’élaboration du plan de construction d’une
maison). Il y a l’obligation de ne pas faire, par laquelle le débiteur s’engage à
une abstention (Ex : un vendeur de fonds de commerce s’engage vis-à-vis de
l’acquéreur à ne pas ouvrir dans la même ville un établissement semblable à
celui qu’il cède).
Le droit personnel est relatif : il n’établit de rapports qu’entre le créancier et le
débiteur ; c’est seulement de ce dernier que le créancier peut exiger la prestation,
objet du droit.

Les actions mixtes tendent à la mise en œuvre d'un droit personnel et d'un droit
réel, soit simultanément (action en exécution forcée de la livraison de la chose
vendue), soit successivement (action en anéantissement d'un acte juridique et en
revendication d'un bien).

Cette classification est utilisée par les règles de compétence territoriale.

Paragraphe 2 : Les actions mobilière et immobilière

Une seconde classification oppose les actions mobilières (qui ont un meuble
pour objet) et les actions immobilières (qui ont un immeuble pour objet). Cette
distinction n'emporte aucune conséquence importante en matière de compétence
d'attribution ou de compétence territoriale.

SECTION 3 : L’INSTANCE CONTENTIEUSE

L'instance débute par la demande introductive d'instance qui est la traduction de


l'action en justice. Après introduction de l'instance, l'affaire est mise en état
d'être jugée, par les échanges entre les parties dans le respect des principes
fondamentaux et du calendrier de procédure imposé par le juge. La procédure
peut connaître des incidents soulevés par les parties. Une fois les échanges de
pièces et plaidoiries terminés, suit la mise en délibérée par la juridiction.
L'instance se termine par la décision de justice rendue par le juge, qui épuise sa
saisine. Les parties peuvent exercer des voies de recours contre la décision
rendue. Mais il est crucial, au préalable, que la juridiction saisie soit compétente
pour connaître de l’affaire.

PARAGRAPHE 1 : LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS

Les règles de compétence des juridictions sont de deux ordres : la compétence


d’attribution et la compétence territoriale.

1/ LA COMPETENCE D’ATTRIBUTION

La compétence d’attribution ou encore compétence matérielle s’entend des


affaires (ou matières) dont la connaissance relève d’une juridiction en raison de
leur nature ou du montant de la demande.

a : Une compétence de droit commun


En raison de l’unité de juridiction, l’article 5 du code de procédure civile,
commerciale et administrative indique que « Les tribunaux de première instance
et leurs sections détachées connaissent de toutes les affaires civiles,
commerciales, administrative et fiscales pour lesquelles compétence n’est pas
attribuée expressément à une juridiction en raison de la nature de l’affaire ».

Ces juridictions ont donc compétence en toutes ces matières dès lors que ladite
matière n’est pas attribuée à une autre juridiction.

Depuis la création du tribunal de commerce d’Abidjan, toutes les affaires


commerciales du ressort des tribunaux de première instance d’Abidjan et de
Yopougon lui sont dévolues. Ainsi, les TPI d’Abidjan et de Yopougon ne
peuvent plus connaître desdites affaires.

Pour le reste du pays, les tribunaux de première instance et leurs sections


détachées continuent de connaître de toutes les affaires commerciales, celles-ci
n’étant pas expressément attribuées à une autre juridiction.

b : Une compétence fonction du taux du litige

Ces juridictions statuent : 1/ En toutes matières et en premier ressort sur toutes


les demandes dont l’intérêt du litige est supérieur à 500.000 francs ou est
indéterminé, ainsi que sur celles relatives à l’état des personnes, celles mettant
en cause une personne publique et celle statuant sur la compétence. 2/ En
matière civile et commerciale en premier et dernier ressort, sur toutes les
demandes dont l’intérêt du litige n’excède pas 500.000 francs.4

L’intérêt du litige est déterminé en considération du montant de la demande tel


qu’il est fixé dans les conclusions déposées en dernier lieu.

S’il s’agit d’un bail non contesté ou de revenus, la valeur de l’objet du litige est
déterminée, nonobstant le chiffre fixé dans la demande, par le montant annuel
des loyers ou des revenus, sauf à prendre en considérations le montant réel de
ces derniers lorsque le litige concerne des loyers ou revenus portant sur une
période supérieure à une année.

Lorsqu’il y a titre, le montant de la demande est déterminé par la somme portée


au titre.

4
Il faut ici préciser qu’en matière sociale, le tribunal du travail (qui n’est qu’une chambre du TPI ou de la
Section) statue en premier et dernier ressort si le montant du litige est inférieur à 10 fois le smig (donc
600.000fcfa). Le tribunal de commerce d’Abidjan statue en premier et dernier ressort si le montant est
inférieur à 300.000.000fcfa. S’agissant des autres TPI et section statuant en matière commerciale, le taux, à
mon avis, reste celui prévu par l’article 6 du code de procédure civile c'est-à-dire en premier et dernier ressort
si le montant du litige n’excède pas 500.000 francs.
Si la demande comprend plusieurs chefs, il convient de cumuler le montant de
ces derniers.

c : Une compétence d’ordre public

Les règles de compétence d’attribution sont d’ordre public. Est nulle toute
convention y dérogeant. La violation de la règle d’ordre public peut être
soulevée à tout instant de la procédure et même pour la première fois en
cassation. Le juge peut soulever d’office la règle d’ordre public non relevée par
les parties en prenant le soin, suivant l’article 52 du cpc, d’appeler celles-ci à
présenter leurs observations à cet égard.

2/ LA COMPETENCE TERRITORIALE

Les règles relatives à la compétence territoriale ont pour objet la répartition


géographique des affaires entre les juridictions de même degré.

Il ne suffit pas en effet de savoir à quelle juridiction matériellement compétente


il convient de s'adresser, mais encore de déterminer parmi les juridictions
matériellement compétentes laquelle sera géographiquement apte à juger du
litige.

La matière trouve essentiellement son siège aux articles 42 et 48 du Nouveau


Code de Procédure Civile (N.C.P.C.)

En matière de compétence territoriale, il existe:

 des règles générales


 des règles spéciales.

(2-1) : Règles générales de détermination de la compétence territoriale

I.- PRINCIPES

 Le premier critère est un critère personnel : celui de la « compétence du


Tribunal du domicile du défendeur ».
 Cette règle de principe s’applique chaque fois qu’aucune règle spéciale
dérogatoire n’est applicable.
 Cette règle s’explique dans la mesure où le défendeur qui ne demande rien
est a priori présumé être dans son droit et qu’il convient en conséquence
de limiter le dérangement occasionné par la demande en Justice en lui
évitant de se déplacer pour se défendre.
N.B. : Cette règle n’est pas d’ordre public, c’est-à-dire que soulever l’exception
d’incompétence relève de l’initiative des parties.

A.- DETERMINATION DU LIEU OU DEMEURE LE DEFENDEUR

C'est au moment où l'assignation est délivrée que la demeure du défendeur


détermine la compétence territoriale et les changements de domicile ultérieure
n'entraînent pas de modification de la compétence du Tribunal.

Si le premier critère est celui du domicile, la résidence peut intervenir comme


rattachement subsidiaire.

A-1) Le domicile:

Il s'agit du lieu où la personne a son principal établissement et un établissement


stable.

C'est le lieu où elle habite effectivement en permanence ou celui où se trouve le


centre principal de ses affaires.

A-2) La résidence:

Il s'agit là d'un établissement temporaire ou épisodique (résidence secondaire,


résidence pour l'accomplissement d'un travail pendant un certain temps, etc.).

Ce n'est qu'à défaut de domicile connu que le défendeur peut être assigné au lieu
de sa résidence.

A-3) Particularités concernant les personnes morales:

En principe, une personne morale peut toujours être assignée au lieu de son
siège social qu'il est facile de connaître puisqu'il est mentionné au Registre du
Commerce et des Sociétés.

De surcroît, une personne morale ayant plusieurs établissements peut être


assignée au lieu d'un de ses établissements secondaires ou succursales aussi bien
qu'au siège social.

B) PARTICULARITES

B-1 En cas de pluralité de défendeurs domiciliés dans le ressort de juridictions


différentes, le demandeur saisit, à son choix, la juridiction du lieu où demeure
l’un d’eux. 
B-2 Si le défendeur n’a ni domicile ni résidence connus, le demandeur peut
saisir la juridiction du dernier domicile ou à défaut la dernière résidence connue
Attention : Cette règle est d’interprétation stricte. Il faut qu’il ait été impossible
de déterminer le domicile du défendeur et il faut en justifier.

B-3 Si le défendeur est un Ivoirien établi à l’étranger, ou un étranger


n’ayant en Côte d’Ivoire ni domicile, ni résidence, le tribunal compétent est
celui du domicile du demandeur.

II.- LES OPTIONS DE COMPETENCE TERRITORIALE

A côté de la règle de principe retenant la compétence du domicile du défendeur,


le Code de Procédure Civile offre au demandeur une option pour certaines
matières.

Il a alors le choix entre le Tribunal du lieu où demeure le défendeur ou celui où


l'objet du litige peut être rattaché.

Envisageons quelques exemples :

A) En matière contractuelle :

Le demandeur a le choix entre le domicile du défendeur, le lieu de livraison


effective de la chose ou le lieu d'exécution de la prestation de service.

En matière de contestations relatives à des fournitures, travaux, locations, louage


d’ouvrage ou d’industrie le demandeur peut, outre le tribunal du domicile du
défendeur, saisir celui du lieu où la convention a été contractée ou exécutée.

B) En matière délictuelle :

En matière de responsabilité civile, lorsque celle-ci résulte d’un contrat, d’un


délit ou d’un quasi délit, est également compétent le tribunal du lieu où le fait
constitutif du dommage s’est produit.

Le lieu du fait dommageable est par exemple celui où la faute a été commise, où
l'accident s'est produit.

C) Option en faveur du créancier alimentaire :

Le créancier d'aliments peut saisir le Tribunal du lieu où il demeure.

D.- EN MATIERE RELLE IMMOBILIERE


Aux termes de l’art. 12 CPC, en matière réelle immobilière, la juridiction du lieu
où est située l’immeuble est seule compétence.

Rappeler que l’action réelle immobilière est celle qui porte principalement sur
un droit réel et qui tend soit à la reconnaissance, à l’établissement, au
rétablissement, à la contestation ou à l’extinction d’un droit réel.

EXEMPLE : Action en revendication de propriété immobilière, action en


matière de servitude.

E.- EN MATIERE DE SUCCESSION

Aux termes du même article 12 le seul Tribunal compétent en matière de


succession est celui du lieu d'ouverture de la succession.

Il s'agit là d'une compétence d'ordre public.

Le lieu où la succession s'ouvrira est déterminé par le dernier domicile du


défunt.

F.- FRAIS, EMOLUMENTS ET DEBOURS DES AUXILIAIRES DE


JUSTICE ET OFFICIERS PUBLICS OU MINISTERIELS

Aux termes de l'art. 12 du CPC les demandes relatives aux frais, émoluments et
débours qui, afférents à une instance, ont été exposés devant une juridiction par
les auxiliaires de Justice et les officiers publics ou ministériels sont portés
devant cette juridiction.

Lorsque ces mêmes frais n'ont pas été exposés devant une juridiction (frais de
constat d'huissier, frais et émoluments des notaires, etc.), les demandes doivent
être portées devant la juridiction dans le ressort de laquelle l'officier public ou
ministériel ou l'auxiliaire de Justice exerce ses fonctions.

G En matière de droit de travail

Le tribunal compétent est celui du lieu du travail. Toutefois, pour les litiges nés
de la résiliation du contrat de travail et nonobstant toute attribution
conventionnelle de juridiction, le travailleur a le choix entre le tribunal de sa
résidence et celui du lieu de travail.

H.- En matière administrative et fiscale

Le tribunal territorialement compétent en matière administrative est :


1/Celui du lieu d’affectation de l’agent pour tout litige d’ordre individuel
intéressant les fonctionnaires ou les agents au service de l’état ou d’une
collectivité publique.

2/Celui dans le ressort duquel se trouvent les immeubles litigieux pour les litiges
relatifs aux déclarations d’utilité publique, au domaine public et aux affectations
d’immeubles.

3/Celui du lieu d’exécution des marchés, contrats ou concessions, pour les


litiges relatifs à cette exécution.

4/Celui du lieu où le fait générateur du dommage s’est produit, en matière de


dommages résultant d’une cause autre que la méconnaissance d’un contrat.

5/Dans tous les autres cas, celui dans le ressort duquel l’autorité qui a pris la
décision attaquée ou a signé le contrat litigieux, a son siège.

Le tribunal territorialement compétent en matière fiscale est celui du lieu de


l’établissement de l’impôt.

III.- LES REGLES DEROGATOIRES RESULTANT DE LOIS


SPECIALES

Toutes ces règles ne peuvent être examinées ici.

Envisageons quelques exemples caractéristiques:

A.- EN MATIERE DE DIVORCE ET DE SEPARATION DE CORPS

La juridiction compétente est celle du lieu de résidence de la famille.

Cependant, lorsque les époux ont d'ores et déjà des résidences distinctes au
moment de la présentation de la requête, le Tribunal compétent est celui du lieu
où réside l'époux avec lequel habitent les enfants mineurs et ce, que cet époux
soit le demandeur ou le défendeur.

Si les époux d'ores et déjà séparés n'ont pas d'enfant mineur habitant avec l'un
d'eux, la règle de principe reprend son empire : le Tribunal compétent est celui
du lieu où demeure l'époux qui n'a pas pris l'initiative de la demande, c'est-à-dire
le Tribunal du défendeur.

B.- BAUX A LOYER ET COPROPRIETE


En cette matière, la compétence est toujours celle du lieu de situation de
l'immeuble.

C.- ASSURANCES

Dans les instances relatives à la fixation et au règlement des indemnités dues en


assurance des personnes,  (exemple paiement des indemnités journalières ou
d’une rente invalidité), le défendeur est assigné devant le Tribunal du domicile
de l’assuré.

En revanche, en matière d’immeuble on retient la compétence du lieu de


situation du bien assuré.

2-2/ La compétence territoriale n’est pas d’ordre public

Cela résulte de l’article 18 du code de procédure qui indique qu’il peut être
dérogé aux règles de compétence territoriale par convention expresse ou tacite.

Il s’agit des hypothèses où les parties peuvent déroger aux règles de compétence
soit expressément avant tout procès par une clause attributive de compétence
ou encore expressément ou tacitement une fois le litige né.

La convention est réputée tacite dès lors que l’incompétence du tribunal n’a pas
été soulevée avant toute défense au fond. Il s'agit de l'hypothèse où le
défendeur accepte en pleine connaissance de cause que le litige soit jugé par une
juridiction incompétente, ceci le plus souvent en s'abstenant tout simplement de
soulever l'incompétence de la juridiction saisie.

Toutefois, il est précisé que les règles de compétence sont d’ordre public : 1/ En
matière administrative ; 2/ Lorsqu’une disposition légale attribue compétence
exclusive à une juridiction déterminée.

Dans tous les cas, le tribunal territorialement compétent pour connaître d’une
demande principale, l’est également pour connaître de toute demande
accessoire, incidente ou reconventionnelle et de toutes exceptions relevant de la
compétence territoriale d’une autre juridiction.

Une fois déterminée la juridiction matériellement et territorialement compétente,


le procès peut commencer avec les parties qui exposent leurs moyens.

PARAGRAPHE 2 : L’INTRODUCTION DE L’INSTANCE

Il ne s'agit pas ici d'étudier toutes les subtilités de la procédure civile, mais de
donner les principes directeurs d’un procès.
Ce terme "procès" évoque l'idée d'un combat entre des parties qui s'affrontent
devant les tribunaux avec :

 d'un côté le demandeur qui a pris l'initiative de saisir un juge en formulant


une prétention,
 de l'autre, un défendeur qui résiste soit de manière purement défensive,
soit de manière offensive en formulant une demande reconventionnelle.

L'objet de cette bataille est d'obtenir du juge qu'il tranche la contestation au


moyen d'un acte solennel que l'on appelle un jugement qui va déterminer de
façon précise les droits et obligations de chacun des antagonistes.

L’animation de l’instance est encadrée par des principes généraux que le juge est
tenu lui-même d’observer puis de les faire respecter par les parties.

Mais jusqu'à ce résultat, la route est longue ...

Il faut accomplir une succession d'actes.

1/ Les actes introductifs d’instance.

Les instances, en matière civile, commerciale ou administrative, sont introduites


par voie d’assignation, sauf comparution volontaire des parties. Toutefois, dans
les actions personnelles ou mobilières dont l’intérêt pécuniaire n’excède pas la
somme de 500.000 francs, l’instance peut être introduite par voie de requête.

a : L’assignation

C’est un acte d’huissier par lequel le demandeur fait signifier au défendeur le


déclenchement de la procédure ou bien cite son adversaire à comparaître devant
une juridiction.

Outre les mentions relatives à tous les exploits d’huissier (article 246 du code de
procédure civile), l’assignation introductive d’instance doit contenir :

-l’objet de la demande et l’exposé sommaire des moyens 5. En effet, pour


atteindre son but qui est d’informer le défendeur de l’objet de la demande, il est
nécessaire que l’assignation contienne les différents chefs de demandes et un
exposé des moyens allégués par les demandeurs à l’appui de leur bien fondé.

-l’indication du tribunal qui doit connaître de la demande, la date et l’heure de


l’audience.
5
Les moyens sont les arguments qui permettent aux parties de convaincre le juge du bien fondé de leurs
demandes. Si le juge les approuve, il donnera satisfaction à la demande .
L’assignation doit être signifiée par l’huissier de justice qui doit, en toute
occasion, s’efforcer de délivrer l’exploit à la personne même qu’il concerne6.

Sauf consentement des parties ou abréviation du délai par le juge, en cas


d’urgence, il doit avoir entre le jour de l’assignation et celui indiqué pour la
comparution, un délai de huit jours au moins, si le destinataire est domicilié
dans le ressort de la juridiction. Ce délai est augmenté d’un délai de distance de
quinze jours si le destinataire est domicilié dans un autre ressort et de deux
mois s’il demeure hors du territoire de la République.

Lorsque l’instance est introduite par voie d’assignation, le demandeur doit, au


plus tard quarante-huit heures avant l’audience, en déposer l’original au
greffe : c’est l’enrôlement. Un numéro d’ordre général sera attribué au dossier.

Lorsque le demandeur n’a pas bénéficié de l’assistance judiciaire, il sera tenu, en


personne ou par son représentant ou son mandataire, lors de l’enrôlement, de
consigner au greffe de la juridiction qu’il entend saisir, une somme suffisante
pour garantir le paiement des frais. Le versement de cette provision est constaté
par un récépissé délivré par le greffier. Le versement de cette provision doit se
faire au plus tard quarante-huit heures avant l’audience.

A défaut de provision suffisante, il n’est pas procédé à l’enrôlement de l’affaire.

La consignation est donc obligatoire et si en cours d’instance elle devient


insuffisante, le greffier fixe le supplément. En cas de contestation, le différend
est réglé par le président du tribunal.

La consignation civile et commerciale est de trente mille (30.000) francs lorsque


le montant des dommages-intérêts réclamé est inférieur ou égal à dix millions.
Au-delà de ce montant, il est appliqué un taux de 5% ou de 2,5% en fonction de
l’ampleur des sommes réclamées.

b : La requête

C’est l’acte de procédure établi par un justiciable qui réclame directement à


l’autorité judiciaire une décision. La requête, qui peut être écrite ou orale, n’est,
en principe, soumise à aucune forme spéciale.

La requête est déposée au greffe du tribunal et un procès-verbal de dépôt est


dressé par le greffier qui le signe ainsi que la partie requérante. Si elle ne sait
signer, mention en sera faite.

6
Article 247 et suivants cpc
La requête doit contenir, notamment, les nom, prénoms, nationalité, domicile ou
résidence du requérant ainsi que ceux du défendeur ou s’il s’agit d’une personne
morale, de son représentant légal ou statutaire, et à défaut de son siège.

La requête doit contenir également l’identification de la juridiction devant


laquelle l’affaire est portée ainsi que l’exposé des faits, l’objet de la demande et
ses justifications éventuelles.

Copie du procès-verbal est notifiée sur le champ au demandeur, et aux autres


parties en cause par voie administrative ou postale. Les délais d’ajournement
sont identiques à ceux de l’assignation. La notification précise les jours et
heures de l’audience et comporte convocation.

A défaut de comparution du défendeur, si la notification n’a pas pu être remise à


sa personne, ou s’il n’est pas établi qu’il en a eu connaissance, la juridiction fixe
une nouvelle date d’audience et renvoie le demandeur à faire signifier sa requête
par voie d’huissier, pour la date indiquée.

c : La comparution volontaire7

Suivant l’article 39 du code de procédure civile, les parties peuvent, sans


assignation ni requête se présenter volontairement devant la juridiction
compétente, pour y être jugées, sous réserves de satisfaire aux obligations de la
consignation.

Dans ce cas, la déclaration des parties qui demanderont jugement, sera inscrite
au plumitif, et signée par elles. Si elles ne savent signer, mention en sera faite.

2/ Les principes fondamentaux du procès

Le Code de procédure civile et la jurisprudence énoncent des principes fondamentaux ou


principes directeurs dans la conduite d'un procès civil qui s'imposent aux parties, lesquelles
doivent conduire le procès et en fixer l'objet dans le respect du principe de contradiction.

La conduite du procès par les parties[modifier | modifier le code]

L'instance est la saisine des juridictions par les parties pour juger d'une affaire et résulte d'une
action en justice. En procédure civile, l'instance est introduite et conduite par les parties qui en
conservent le contrôle jusqu'à la fin de l'instance suivant le principe d'impulsion. Seules les
parties peuvent initier un procès civil, sauf exceptions légales dans lesquelles le juge peut se
saisir d'office d'une affaire (par exemple, pour l'ouverture de la tutelle d'un mineur ou
l'ouverture d'une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire). Les parties ont
également le pouvoir de mettre fin à l'instance en renonçant au procès qu'elles ont initié, dans
les matières dont elles disposent librement de leurs droits, par voie de transaction, de
désistement ou d'acquiescement. Le juge peut toutefois mettre un terme à une instance en cas
7
C’est une hypothèse rare en pratique, voire improbable.
de défaut de diligence des parties, en radiant l'affaire du rôle (registre) de la juridiction. C’est
le cas lorsque le demandeur, au jour fixé pour l’audience, ne comparaît pas, ni personne pour
lui.

Selon le principe dispositif, le Code de procédure civile impose aux parties de conduire
l'instance en accomplissant les actes de procédure nécessaires en respectant les délais et les
formes prescrites, d'alléguer les faits relatifs à leurs demandes et de produire les preuves
nécessaires. Le juge ne peut suppléer la carence des parties dans la conduite de l'instance,
mais il peut ordonner des mesures d'instruction, y compris d'office, et exiger la production
d'un élément de preuve détenu par une partie. Cependant, le juge conserve le contrôle du
calendrier de procédure.

La délimitation de l'objet du litige[modifier | modifier le code]

Les parties au procès fixent l'objet du litige par leurs prétentions en fait, dans l'acte introductif
d'instance et les conclusions en défense. Elles délimitent l'office du juge par les qualifications
juridiques et les points de droit. Les parties peuvent modifier l'objet du litige de manière
limitée, par le biais de demandes incidentes additionnelles ou reconventionnelles, à condition
que ces demandes se rattachent à la demande initiale par un lien suffisant.

Le principe de la contradiction (ou du contradictoire)

Le Code de procédure civile en son article 34 et les principes généraux tenant au respect d’un
procès équitable imposent aux parties à l'instance et aux juges de respecter le principe de
contradiction.

Ce devoir se traduit pour les parties par l'obligation :

 d'informer l'adversaire de l'existence d'un procès intenté contre lui, qui se traduit par la
signification de l'assignation à la personne de l'adversaire avec mentions obligatoires,
et le respect d'un délai d’au moins 08 jours à compter de l'assignation pour la
comparution devant la juridiction.
 d'échanger les moyens de fait, les éléments de preuve et les moyens de droits en temps
utile, afin de permettre à chaque partie de discuter les documents dont fait état
l'adversaire. Le juge peut enjoindre une partie à communiquer une pièce en fixant les
délais et les modalités, éventuellement assortis d'une astreinte.

3/ L’office du juge

Le juge doit se prononcer sur l'ensemble des points dont il est saisi (omnia petita), à peine de
commettre un déni de justice. Il doit accorder ce qui est demandé (ultra petita) et uniquement
ce qui est demandé (extra petita). En cas d'omission du juge de statuer sur une demande (infra
petita), les parties peuvent solliciter la rectification du jugement.

Le juge n'est pas tenu de pallier la carence ou les erreurs des parties sur la dénomination ou le
fondement juridique des demandes. En effet, il ne lui fait pas obligation, sauf règles
particulières, de changer la dénomination ou le fondement juridique de leurs demandes.

Le juge peut également relever d'office des moyens ou des exceptions de procédure. Les fins
de non-recevoir peuvent être relevées d'office en matière de défaut d'intérêt ou de qualité à
agir, ou encore d'autorité de la chose jugée. Cependant, le juge peut être tenu de relever
d'office son incompétence matérielle, en cas de violation d'une règle d'ordre public de
compétence d’attribution . Enfin, le juge dispose d'une faculté de relever d'office la violation
des dispositions d’ordre public.

Toutefois, aucun moyen, même d’ordre public, non soulevé par les parties, ne pourra être
examiné sans que celles-ci aient été appelées à présenter leurs observations à cet égard.

En effet, il ne peut fonder sa décision sur des moyens de droit soulevés d’office sans avoir au
préalable invité les parties à présenter leurs observations et ce quelque soit le caractère de ces
moyens.

Le juge exerce un contrôle sur le respect de la contradiction par les parties et doit relever
d'office la violation du principe par une partie . Il doit écarter des débats les pièces
(documents et conclusions) qui ne sont pas communiquées en temps utile par les parties .
Enfin, le non-respect du contradictoire par le juge entache son jugement d'une nullité d'ordre
public qui peut être exercée par les voies de recours.

PARAGRAPHE 3 : LES VOIES DE RECOURS

Lorsque la décision est rendue par la juridiction primitivement saisie, elle n’est
pas toujours, elle n’est même pas, en principe, définitive. Elle peut être attaquée
par des voies de recours

A/Les voies de recours ordinaires

Il s’agit de l’opposition et de l’appel

1/L’opposition

C’est la voie de recours par laquelle une partie condamnée par défaut sollicite de
la juridiction qui a statué, la rétractation, après débat contradictoire, de la
décision rendue.

Le défendeur qui n’a pas comparu a alors quinze jours, sauf augmentation de
délai de distance, à partir de la signification de la décision à personne pour faire
opposition et demander à la juridiction qui a déjà jugé de reprendre les débats,
cette fois contradictoirement, et de rendre une nouvelle sentence.

L’opposition, si elle est recevable, remet la cause et les parties en l’état où elles
se trouvaient lors de l’acte introductif d’instance.

En cas d’indivisibilité, l’opposition de l’une des parties profite aux autres, et


l’opposition formée contre l’une des parties ayant obtenu gain de cause est
opposable aux autres.
En cas de solidarité, l’opposition d’un des coobligés profite aux autres si elle est
fondée sur des moyens résultant d’une circonstance commune à tous les
coobligés.

En cas de garantie, et s’il existe entre l’action principale et l’action en garantie


un lien de connexité, l’opposition du garant profite au garanti et réciproquement.

Les parties qui ont comparu et contre lesquelles une décision contradictoire est
passée en force de chose jugée irrévocable au jour de l’opposition, ou qui
auraient régulièrement acquiescé au jugement contre lequel est formé
l’opposition ne profitent pas de cette voie de recours même si elles se trouvent
dans un cas d’indivisibilité, de solidarité ou de garantie.

L’opposition est introduite suivant les formes et les règles établies pour la saisie
de la juridiction qui a statué.

Si l’opposition est faite par voie d’assignation, l’huissier de justice remet ou


adresse une copie sans frais au greffier de la juridiction qui a rendu la décision
attaquée.

Dans tous les cas, le greffier fait mention de l’opposition sur le registre des
appels et opposition, à la date où il en a connaissance, en énonçant le nom des
parties, la date de la décision et celle de l’opposition.

L’opposition suspend l’exécution si celle-ci n’a pas été ordonnée nonobstant


opposition. Si c’est le cas, la partie condamnée peut demander par l’acte
d’opposition, la suspension des poursuites.

La décision rendue sur opposition ne peut plus être attaquée par la même voie de
recours par aucune des parties en cause.

2/ L’appel

L’appel est la voie de recours par laquelle une partie sollicite de la cour d’appel,
la reformation de la décision rendue par une juridiction de première instance.

Sont susceptibles d’appel toutes les décisions rendues en premier ressort,


contradictoirement ou par défaut.

Les décisions avant dire-droit rendues en cours d’instance, qu’elles préjugent ou


non au fond du droit ainsi que celles déclarant l’action recevable ou rejetant les
exceptions ne peuvent être frappées d’appel qu’avec la décision rendue au fond.

a : Les formes de l’appel


L’appel est formé par exploit d’huissier dans les conditions prévues pour les
ajournements8.Toutefois, dans les actions personnelles ou mobilières dont
l’intérêt pécuniaire n’excède pas la somme de 500.000francs, l’appel peut être
formé par déclaration au greffe de la juridiction qui a rendu la décision attaquée
ou au greffe de la juridiction du domicile de l’appelant. Procès-verbal de cette
déclaration est dressé par le greffier sur le registre des appels et oppositions.

Dans le délai de deux mois à compter de la signification de l’appel, les parties


doivent, à peine de forclusion, faire parvenir au greffier de la cour : 1/les
conclusions et pièces dont elles entendent se servir en cause d’appel ; 2/ une
déclaration faisant connaître si elles entendent présenter ou faire présenter
devant la cour

L’appelant sera tenu, dans le même temps, du versement d’une provision au titre
des frais, sauf si celui-ci justifie avoir obtenu l’assistance judiciaire.

L’appel ne peut être interjeté que par les parties à la décision attaquée ou leurs
ayants cause ou le représentant du ministère public, dans les cas prévus par la
loi.

L’appel ne peut être interjeté qu’à l’encontre des personnes qui ont été parties à
l’instance ayant donné lieu à cette décision.

b : Le délai d’appel

Le délai pour interjeté appel est d’un mois, sauf augmentation de délai de
distance de 15 jours ou de 2 mois.

Ce délai commence à courir du jour de la signification de la décision faite à


personne. Dans tous les cas où il n’est pas établi que la partie condamnée ait eu
connaissance de la décision, elle peut former appel jusqu’au dernier acte
d’exécution de la décision.

Le délai d’appel est interrompu par le décès de l’une ou l’autre des parties. Un
nouveau délai commencera à courir contre les héritiers à compter du jour de la
signification du jugement qui leur sera faite.

8
Sauf consentement des parties ou abréviation du délai par le juge, en cas d’urgence, il doit
avoir entre le jour de l’assignation et celui indiqué pour la comparution, un délai de huit
jours au moins, si le destinataire est domicilié dans le ressort de la juridiction. Ce délai est
augmenté d’un délai de distance de quinze jours su le destinataire est domicilié dans un autre
ressort et de deux mois s’il demeure hors du territoire de la République.
c : Les effets de l’appel

L’appel a pour effet de remettre la cause en l’état où elle se trouvait avant la


décision entreprise.

Il n’a d’effet qu’à l’égard de la partie qui l’a interjeté et de celle contre qui il a
été formé, et la juridiction d’appel ne peut statuer que sur les chefs critiqués par
l’appelant.

Toutefois, l’appel de l’une des parties condamnées en première instance profite


aux autres, et l’appel formé contre l’une des parties ayant obtenu gain de cause
en première instance, est opposables aux autres :

En cas d’indivisibilité, l’appel de l’une des parties condamnées en première


instance profite aux autres, et l’appel formé contre l’une des parties ayant obtenu
gain de cause en première instance est opposable aux autres.

En cas de solidarité, l’appel d’un des coobligés profite aux autres si elle est
fondée sur des moyens résultant d’une circonstance commune à tous les
coobligés.

En cas de garantie, et s’il existe entre l’action principale et l’action en garantie


un lien de connexité, l’appel du garant profite au garanti et réciproquement.

Sauf disposition contraire de la loi, l’appel interjeté dans le délai légal est
suspensif, à moins que l’exécution provisoire ait été ordonnée. Si l’exécution
provisoire a été ordonnée, la décision ne peut être suspendue qu’en vertu de
défense obtenue par l’appelant, sur présentation au premier président de la cour
d’appel d’une requête motivée. Le premier président peut subordonner la
suspension des poursuites au versement d’une somme ne pouvant être inférieure
au quart du montant de la condamnation. Le non paiement de cette somme dans
le délai de huit jours entraîne la continuation des poursuites.

Si le premier président fait droit à la requête aux fins de suspension des


poursuites, celles-ci demeurent suspendues jusqu’à ce qu’il soit statué sur le
fond par la cour d’appel.

Lorsqu’un jugement exécutoire par provision est infirmé en tout ou partie, la


juridiction d’appel doit ordonner la restitution de ce que l’appelant a payé ou
livré en exécution de la décision attaquée.

B/ Les voies de recours extraordinaires


1/ L’interprétation et la rectification

Le jugement dont les termes sont obscurs ou ambigus peut être interprété par le
juge qui l’a rendu, à condition qu’il ne soit pas porté atteinte à l’autorité de la
chose jugée et que l’interprétation demandée présente un intérêt pour la partie
qui l’a sollicitée.

Les fautes d’orthographes, les omissions, les erreurs matérielles de nom et


prénoms, de calcul et autres irrégularités évidentes de même nature qui peuvent
se trouver dans la minute d’une décision de justice, doivent toujours être
rectifiées, d’office ou sur requête par simple ordonnance du président de la
juridiction qui statue, à condition que la rectification demandée ne soit pas un
moyen détourné de modifier le jugement et de porter atteinte à l’autorité de la
chose jugée.

Si le jugement est frappé d’appel, la juridiction d’appel est compétente pour


connaître de l’interprétation ou de la rectification.

Les demandes en interprétation ou en rectification sont introduites et jugées


selon les voies ordinaires.

2/ La tierce opposition

La tierce opposition est une voie de recours par laquelle une personne autre que
les parties engagées dans l’instance, peut attaquer une décision qui lui cause
préjudice et demander à la juridiction qui l’a rendue d’en supprimer les effets en
ce qui la concerne personnellement.

La tierce opposition est recevable tant que le droit sur lequel elle se fonde n’est
pas éteint.

Elle peut être dirigée contre toute décision, quelle que soit sa nature et quelle
que soit la juridiction qui l’a rendue, même si elle a été exécutée.

La tierce opposition est formée et suivie selon les règles ordinaires applicables
devant la juridiction saisie.

Le tiers opposant doit consigner la somme de 5000 francs, montant de l’amende


à laquelle il serait condamné si son recours était rejeté.

La tierce opposition ne suspend pas l’exécution de la décision attaquée, sauf s’il


en est décidé autrement par le juge des référés.

La tierce opposition a pour effet un nouvel examen de l’affaire. Elle ne profite


aux personnes condamnées que dans le cas où l’objet du litige est indivisible.
En principe le délai d’action est de trente ans à compter du jugement. Ce délai
s’explique par le fait qu’en matière contentieuse, le jugement n’étant pas notifié
aux tiers, ceux-ci peuvent n’en avoir connaissance que longtemps après

3/ Le pourvoi en cassation

Le pourvoi en cassation est une voie qui a pour but d’obtenir l’annulation de la
décision attaquée et de remettre les parties en l’état où elles se trouvaient
auparavant.

Seules les décisions rendues en dernier ressort peuvent être annulées sur pourvoi
en cassation formé par la partie à qui elles font grief, sauf dans les cas où la loi
l’interdit formellement.

Le pourvoi en cassation n’est ouvert que dans les cas ci-après :

1° violation de la loi ou erreur dans l’application ou l’interprétation de la loi ;

2° incompétence ;

3° excès de pouvoir ;

4° violation des formes légales prescrites à peine de nullité ou de déchéance ;

5° contrariété de décisions rendues entre les mêmes parties relativement au


même objet et sur les mêmes moyens

6° défaut de base légale, résultant de l’absence, de l’insuffisance, de l’obscurité


ou de la contrariété des motifs ;

7° omission de statuer ;

8° prononciation sur chose non demandée ou attribution de choses au-delà de ce


qui a été demandé.

Ne peuvent se pourvoir en cassation que ceux qui ont été parties à la décision
attaquée ou leurs ayants cause.

Outre les augmentations de délai, le pourvoi doit être formé au plus tard dans le
délai d’un mois à compter du jour de la signification de la décision entreprise.

Le pourvoi en cassation est formé obligatoirement par acte d’huissier.

L’enrôlement doit avoir lieu au plus tard huit jours au moins avant la date de
l’audience.
Le recours en cassation n’est suspensif que dans les cas suivants :

-en matière d’état des personnes ;

-quand il y a faux incident

-en matière d’immatriculation foncière et d’expropriation forcée.

En cas de pourvoi en une autre matière où cette voie de recours n’est pas
suspensive, le président de la cour suprême ou le vice-président spécialement
désigné peut ordonner qu’il soit sursis à l’exécution de la décision attaquée.

CHAPITRE II : L’ORGANISATION JUDICIAIRE

LES JURIDICTIONS ORDINAIRES DE FOND

Ces juridictions sont du premier et du second degré.

Il s’agit des Tribunaux de première instance et de leurs sections détachées et des


cours d’appel.

Ces juridictions sont dites ordinaires en ce qu’elles connaissent de toutes les


affaires pour lesquelles compétence n’est pas attribuée expressément à une autre
juridiction en raison de la nature de l’affaire.

Section 1 : Les Tribunaux de première instance et leurs sections détachées.

Situés au premier niveau de la hiérarchie des juridictions, les tribunaux de


première instance sont compétents pour connaître de tous les litiges en 1er
ressort.

Ils sont conçus et organisés selon la loi n°61-155 du 18 mai 1961 portant
organisation judiciaire telle que modifiée par les lois n°64-227 du 14 juin 1964,
n°94-440 du 16 août 1994, n°97-399 du 11 juillet 1997 et n°98-744 du 23
décembre 1998.

Paragraphe 1 : L’organisation des Tribunaux de première instance et leurs


sections détachées.
A ce jour, la Côte d’Ivoire compte 9 Tribunaux de première instance 9
effectivement crées et qui fonctionnent. Ce sont : Abidjan-plateau, Yopougon,
Abengourou, Bouaké, Korhogo, Daloa, Man, Gagnoa et Bouaflé ;
Les Tribunaux de première instance sont crées par des décrets qui créent par la
même occasion les postes.
Le ressort territorial de chacun des Tribunaux couvre plusieurs départements.
En vue de faciliter le rapprochement des justiciables des juridictions, il a été crée
des sections détachées de tribunaux dont le ressort couvre aussi parfois plusieurs
départements. Il existe à ce jour 27 sections détachées que sont :
1 : au titre du ressort du Tribunal Première Instance Abidjan-Plateau
Aboisso, Adzopé, Agboville, Grand-Bassam
2 : au titre du ressort du Tribunal de Première Instance de Yopougon
Dabou, Tiassalé
3 : au titre du ressort du Tribunal de première instance d’Abengourou
Bondoukou, Bouna
4 : au titre du ressort du Tribunal de première Instance de Bouaké
Bongouanou, Dimbokro, Katiola, M’Bahiakro, Toumodi
5 : au titre du ressort du Tribunal de Première Instance de Korhogo
Boundiali, Odienné
6 : au titre du ressort du Tribunal de Première Instance de Daloa
Issia, Sassandra, Séguéla, Soubré, Tabou
7 : au titre du Tribunal de Première Instance de Gagnoa
Divo, Lakota, Oumé
8 : au titre du ressort du Tribunal de Première Instance de Bouaflé
Sinfra
9 : au titre du ressort du Tribunal de Première Instance de Man
Danané, Guiglo, Touba
Les Tribunaux de première instance se trouvent au chef lieu de département et
les sections dans les sous-préfectures10.
Les sections détachées des tribunaux sont classées en première et seconde classe
en considération d’un certain nombre de paramètres liés à la démographie et au
volume des affaires.
Les sections sont autonomes les une à l’égard des autres mais aussi des
Tribunaux de première instance dont elles dépendent d’une certaine façon.

Section 2 : Les juridictions d’appel

La cour d’appel est une juridiction de second degré qui reçoit en appel les
décisions rendues en premier ressort par les tribunaux de première instance et
leurs sections détachées.
9
Il faut y ajouter également le Tribunal de Commerce d’Abidjan qui apparaît comme la troisième
juridiction de premier degré à Abidjan.
10
En raison des nombreux découpages administratifs, il arrive que des sections détachées aient leur siège au
chef lieu du département, voire de la région, et couvre plusieurs départements. Ex Dabou, Adzopé.
Il y a actuellement 3 cours d’appel : ABIDJAN, BOUAKE et DALOA11.
En application de la loi n°2016-1110 du 8 décembre 2016 portant création,
organisation et fonctionnement des juridictions de commerce, le décret
n°2017-501 du 02 août 2017 a crée la cour d’appel de commerce
d’Abidjan.

Les ressorts des Cours d’Appel

1 : Cour d’Appel d’Abidjan


Tribunal de première instance d’Abidjan ainsi que les sections détachées
Tribunal de première instance de Yopougon ainsi que les sections détachées
Tribunal de première instance d’Abengourou ainsi que les sections détachées
2 : Cour d’Appel de Bouaké
Tribunal de première instance de Bouaké ainsi que les sections détachées
Tribunal de première instance de Korhogo ainsi que les sections détachées
3 : Cour d’Appel de Daloa
Tribunal de première instance de Daloa ainsi que les sections détachées
Tribunal de première instance de Gagnoa ainsi que les sections détachées
Tribunal de première instance de Bouaflé ainsi que sa section détachée
Tribunal de première instance de Man ainsi que les sections détachées

Section 2 : Le tribunal du travail

Le tribunal du travail est considéré généralement comme une entité spéciale.


Mais en réalité, il constitue une chambre spécialisée du tribunal de première
instance. Ce n’est donc pas une juridiction autonome comme il en existe en
France avec le conseil de prud’homme.

L’institution du tribunal du travail, chambre spécialisée du tribunal de


première instance remonte à la loi n°64-290 du 1er avril 1964.

Paragraphe 1 : La compétence et la composition du tribunal de travail ;

A/ La compétence du tribunal du travail12;

Les tribunaux du travail connaissent les différends individuels pouvant


s’élever à l’occasion du contrat de travail ou d’apprentissage, y compris les

11
La couverture du territoire national est insuffisante. Il est donc souhaitable que d’autres cours
d’appel soient créées, notamment une cour d’appel dans le nord à Korhogo, une à l’est à Abengourou
et une autre à l’ouest à Man.

12
Art 81.7, 81.8 et 81.9 du code du travail
accidents de travail et les maladies professionnelles, entre les travailleurs ou
apprentis et leurs employeurs ou maîtres.

Ces tribunaux ont également qualité pour se prononcer sur tous différends
individuels relatifs à la validité et l’exécution des Conventions Collectives et
règlements en tenant lieu.

Le tribunal compétent est celui du lieu du travail. Toutefois, pour les litiges
nés de la résiliation du contrat de travail et nonobstant toute attribution
conventionnelle de juridiction, le travailleur a le choix entre le tribunal de sa
résidence et celui du lieu du travail.

Les tribunaux du travail sont constitués par une chambre spéciale des
tribunaux de première instance ; leur compétence s’étend aux ressorts de ces
derniers.

Toutefois, lorsque l’importance du marché du travail l’exige, il peut être crée


auprès des sections détachées des tribunaux de première instance, des
tribunaux du travail avec la même compétence territoriale.

B/ La composition du tribunal du travail

La chambre spéciale, faisant office de tribunal du travail, est composée du


président du tribunal de première instance ou de la section détachée ou d’un
magistrat de la juridiction désignée par lui, président.

A coté du président, il y a un assesseur employeur et un assesseur travailleur.


Les assesseurs sont choisis sur les listes présentées par les organisations
syndicales représentatives ou, en cas de carence, par l’inspecteur du travail et
des lois sociales et sont nommés dans les conditions définies par décret. Leur
mandat a une durée de deux ans renouvelable.

Les assesseurs et leurs suppléants prêtent serment devant le tribunal auprès


duquel ils sont appelés à siéger.

Il faut indiquer que s’agissant du cas spécifique du tribunal du travail


d’Abidjan, quoiqu’il constitue en réalité une chambre du tribunal de première
instance d’Abidjan-plateau, son président est nommé par décret et fait
également office de vice-président du tribunal de première instance
d’Abidjan-plateau.

Paragraphe 2 : la procédure devant le tribunal du travail


La procédure devant les tribunaux du travail et devant la juridiction d’appel
est gratuite. En outre, pour l’exécution des jugements rendus à leur profit, les
travailleurs bénéficient de plein droit de l’assistance judiciaire.

L’action devant le tribunal du travail est introduite par déclaration écrite ou


orale faite au greffe dudit tribunal. Par suite, le président de la juridiction cite
les parties à comparaître dans un délai qui ne peut excéder douze jours. La
citation est faite à personne ou à domicile par voie d’agent administratif
spécialement commis à cet effet. Elle peut être valablement être faite par
lettre recommandée avec accusé de réception.

Lorsque les parties comparaissent devant le tribunal du travail, il est procédé


à une tentative de conciliation. L’audience est publique, sauf au stade de la
conciliation.

Le tribunal du travail statue en premier et dernier ressort, lorsque le chiffre de


la demande n’excède pas dix fois le salaire minimum interprofessionnel
garanti(SMIG) mensuel. Au delà de cette somme, il statue à charge d’appel,
lequel est porté devant la cour d’appel.

Le délai d’appel est de quinze jours à compter du prononcé du jugement.

Section 3 : Le tribunal de commerce

Paragraphe 1 : Institution et compétence

Les tribunaux de commerce ont été crées par Décision n°01/PR du 11 janvier
2012 du Président de la République.

A ce jour seul le Tribunal de Commerce d’Abidjan a été crée. Dans les


circonscriptions où il n’est pas établi de tribunal de commerce, le tribunal de
première instance ou la section de tribunal connaît des matières attribuées
aux tribunaux de commerce.

Contrairement aux tribunaux du travail, les tribunaux de commerce sont des


juridictions autonomes de premier degré. C’est dire que ces tribunaux sont
totalement détachés des tribunaux de première instance.

Les Tribunaux de Commerce connaissent13 :

13
Art 7 Décision O1/PR du 11 janvier 2012
 Des contestations relatives aux engagements et transactions entre
commerçants au sens de l’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial
général ;
 Des contestations entre associés d’une société commerciale ou d’un
groupement d’intérêt économique ;
 Des contestations, entre toutes personnes, relatives aux actes de
commerce au sens de l’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial
général. Toutefois, dans les actes mixtes, la partie non commerçante
demanderesse peut saisir les tribunaux de droit commun ;
 Des procédures collectives d’apurement du passif ;
 Plus généralement des contestations relatives aux actes de commerce
accomplis par les commerçants à l’occasion de leur commerce et de
l’ensemble de leurs contestations commerciales comportant même un
objet civil ;
 Des contestations et oppositions relatives aux décisions prises par les
Tribunaux de Commerce.

Les Tribunaux de commerce statuent en premier ressort, sur toutes les demandes
dont l’intérêt du litige est supérieur à(300.000.000) de francs ou est indéterminé.
Ils statuent en premier et dernier ressort, sur toutes les demandes dont l’intérêt
du litige n’excède pas(300.000.000) de francs.

Il est institué un conseil de surveillance chargé du suivi et de l’évaluation des


Tribunaux de Commerce. Il est présidé par un conseiller de la chambre
judiciaire de la cour suprême14.

CHAPITRE IV : LA JURIDICTION DE DROIT : LA COUR SUPREME

L’organisation actuelle de la cour suprême a été profondément modifiée par la


loi n°97-243 du 25 avril 1997 modifiant et complétant la loi n°94-340 du 16
avril 1994 déterminant la composition, l’organisation, les attributions et le
fonctionnement de la cour suprême.

b : Les attributions de la chambre judiciaire

La chambre judiciaire connaît des pourvois en cassation formés contre les


décisions juridictionnelles rendues en dernier ressort, dans les procédures où une

14
Art 34 et S. Décision n°01/PR du 11 janvier 2012
personne morale de droit public n’est pas partie. Toutefois, les décisions rendues
par les juridictions répressives lui sont, dans tous les cas, dévolues.

La chambre judiciaire connaît également des demandes en révision et lorsqu’ils


sont de sa compétence, des règlements de juges, des renvois d’un tribunal à un
autre, des prises à partie et des récusations.

Chaque formation comprend au moins 3 magistrats et est présidée par le


président de la chambre judiciaire ou par le conseiller le plus ancien. Le
procureur général peut requérir devant toutes les chambres.

La chambre judiciaire siège en assemblée plénière, dans les cas prévus par la loi
ou pour le jugement des affaires déterminées par le règlement intérieur.

L’assemblée plénière est légalement constituée avec 9 magistrats au moins. Elle


est présidée par le président de la cour suprême ou, en cas d’empêchement, par
le président de la chambre judiciaire. Le ministère public y est représenté par le
procureur général.

En cas de cassation, la chambre judiciaire évoque l’affaire dont elle est saisie 15.
Toutefois, le renvoi est obligatoire dans deux cas : en cas de cassation pour
incompétence, la chambre renvoie à la juridiction compétente ; en cas de
cassation d’une décision intervenue sur l’action publique, la chambre judiciaire
renvoie l’affaire devant une autre juridiction de même nature expressément
désignée, ou devant la même juridiction autrement composée.

La chambre judiciaire se réunit également en formation réunie. Elle statue sans


possibilité de renvoi.

Paragraphe 2 : La chambre administrative

b : Les attributions de la chambre administrative

La chambre administrative connaît : Des pourvois en cassation dirigés contre les


décisions rendues en dernier ressort dans les procédures où une personne morale
de droit public est partie. Toutefois, les décisions rendues par les juridictions
répressives sont, dans tous les cas dévolues à la chambre judiciaire ;

En premier et dernier ressort, des recours en annulation pour excès de pouvoir


formés contre les décisions émanant des autorités administratives.
15
Le droit d’évocation reconnu à la cour suprême par la loi de 1997 amène cette juridiction, qui ne
devrait que censurer la mauvaise application du droit, a connaître également des faits si bien qu’elle
apparaît comme un 3ème degré de juridiction.
Paragraphe 3 : La chambre des comptes( devenue la cour des comptes)

b : Les attributions de la chambre des comptes

La chambre (la cour) des comptes est chargée du contrôle des finances
publiques. A cet effet, elle exerce une double compétence juridictionnelle et de
contrôle proprement dit.

Dans l’exercice de ses attributions juridictionnelles, la chambre juge les comptes


des comptables publics, déclare et apure les gestions de fait, prononce les
condamnations à l’amende dans les conditions fixées par la loi, statue sur les
recours prévus, sanctionne les fautes de gestion.

Les comptables publics sont des comptables de l’Etat, des collectivités


territoriales, des établissements publics à caractère administratif et des
entreprises ou organismes dotés de par leur statue d’un agent comptable ayant la
qualité d’un comptable public.

Dans ses attributions de contrôle, la chambre assure un contrôle budgétaire et de


gestion.

Pour ce faire, elle possède un pouvoir de contrôle sur la gestion de toutes les
collectivités publiques ; elle assure le contrôle de l’exécution des lois de
finances ; elle est chargée de la vérification des comptes et de la gestion des
entreprises publiques de l’Etat à caractère industriel et commercial, des sociétés
d’Etat, des sociétés d’économie mixte ou des sociétés anonymes dans lesquelles
l’Etat possède la majorité du capital. Elle contrôle les institutions de prévoyance
sociale ; elle peut exercer un contrôle sur tout organisme qui bénéficie d’un
concours financier de l’Etat ou d’une autre personne morale de droit public,
ainsi que sur tout organisme bénéficiant du concours financier des entreprises
publiques et de leurs filiales.

CHAPITRE V : LA COUR COMMUNE DE JUSTICE ET


D’ARBITRAGE : JURIDICTION COMMUNAUTAIRE

Introduction

Le Traité relatif à l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des


Affaires(OHADA) signé à Port Louis le 17 octobre 1993 a été ratifié par la Côte
d’Ivoire le 29 septembre 1995. Ce faisant, les Actes Uniformes sont directement
devenus applicables et obligatoires en Côte d’Ivoire depuis le 11 février 1996.
La réalisation des tâches prévues dans le Traité OHADA est assurée par un
Conseil des Ministres, assisté d’un Secrétariat Permanent auquel est rattachée
une Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature, qui assure à la fois le
pouvoir de décision et le pouvoir normatif.

Le pouvoir de contrôle et de sanction est confié à la Cour Commune de Justice


et d’Arbitrage(CCJA).

Du fait de la ratification du Traité OHADA par notre pays, cette juridiction


communautaire devient compétente pour connaître, en cassation, du contentieux
relatif à l’application des Actes uniformes et s’inscrit, par voie de conséquence,
dans l’organisation judiciaire de la Côte d’Ivoire.

SECTION 1 : LA COMPOSITION DE LA CCJA

La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage est composée de sept juges élus


pour sept ans renouvelables une fois, parmi les ressortissants des Etats Parties,
dans les fonctions soit de magistrats ayant acquis une expérience judiciaire d’au
moins quinze années et exercé de hautes fonctions juridictionnelles ; soit
d’avocats inscrits au barreau ayant au moins quinze années d’expérience
professionnelle ; soit de professeurs de droit ayant au moins quinze années
d’expérience professionnelle.

Toutefois, seuls deux membres de la cour peuvent être avocat ou professeur de


droit.

La cour est renouvelée par septième chaque année et elle ne peut comprendre
plus d’un ressortissant du même Etat16.

La cour élit en son sein, pour une durée de trois ans et demi non renouvelable,
son président et ses deux vice-présidents.

Le Président dirige les travaux et contrôle les services de la cour. Il en préside


les séances. Il représente la Cour et exerce toute autre mission qui lui est confiée
par celle-ci.

Lorsque la présidence de la cour est vacante ou que le Président est empêché de


l’exercer, elle est assurée par le premier vice-président ou à défaut par le second

16
Cette disposition montre la volonté de satisfaire à un triple souci : a) assurer à la fois l’indépendance
des juges (élus pour 7 ans) et leur alternance (renouvelables une fois seulement) ; b) tenir compte de
la diversité et de la complémentarité des professions juridiques (magistrats, avocats, professeurs de
droit) ; c) répartir équitablement les postes (pas plus d’un ressortissant du même Etat).
vice-président, ou à défaut par l’un des juges selon la date à laquelle ils sont
rentrés en fonction.

Lors de son entrée en fonction, tout membre de la cour doit prêter serment
devant celle-ci en audience publique.

Le Président de la cour commune de justice et d’arbitrage nomme le greffier en


chef de la cour après avis de celle-ci, parmi les greffiers en chefs ayant exercé
leurs fonctions pendant au moins quinze ans et présentés par les Etats Parties. Il
pourvoit, sur proposition du greffier en chef, aux autres emplois de la Cour. Le
secrétariat de la cour est assuré par le greffier en chef.

Avant d’entrer en fonction, le greffier en chef prête serment.

SECTION 2 : LE FONCTIONNEMENT DE LA COUR

La Cour commune de justice et d’arbitrage a son siège à Abidjan. Cependant, la


cour peut, si elle le juge utile, se réunir en d’autres lieux, sur le territoire d’un
Etat Partie, avec l’accord de cet Etat qui ne peut, en aucun cas, être impliqué
financièrement.

Le quorum de cinq juges est suffisant pour constituer la cour.

La cour délibère en chambre du conseil et ses délibérations sont et restent


secrètes et, sauf autorisation de la cour, seuls les juges prennent part aux
délibérations.

Les décisions sont prises à la majorité des juges présents. En cas de partage de
voix, celle du Président est prépondérante.

La cour siège en formation plénière. Elle peut toutefois constituer des chambres
de trois ou cinq juges. Ces chambres sont présidées par le Président de la cour
ou l’un des vice-présidents.

Le ministère d’un avocat est obligatoire devant la Cour. Il appartient à la


personne qui se prévaut de cette qualité d’en apporter la preuve et de produire,
en outre, un mandat spécial de la Partie qu’elle représente.

La procédure devant la Cour est essentiellement écrite. Toutefois la Cour peut, à


la demande de l’une des Parties, organiser dans certaines affaires une procédure
orale.

L’audience est publique sauf si la cour décide du huis clos.


SECTION 3 : LA COMPETENCE DE LA COUR

La Cour commune de justice et d’arbitrage assure dans les Etats Parties


l’interprétation et l’application commune du Traité OHADA.

La Cour peut être saisie pour consultation pour avis par tout Etat Partie ou par le
Conseil des Ministres sur toute question concernant le Traité OHADA.

Dans sa fonction juridictionnelle, lorsque la Cour est saisie par la voie de


recours en cassation, elle se prononce sur les décisions rendues par les
juridictions d’appel nationales ou celles rendues en premier et dernier ressort par
les juridictions du premier degré dans les affaires soulevant des questions
relatives à l’application des Actes uniformes et des règlements prévus par le
Traité de l’OHADA à l’exception des décisions appliquant des sanctions
pénales17.

En cas de cassation, la Cour évoque et statue au fond. Il en découle deux


conséquences : la CCJA est alors un troisième degré de juridiction ; elle statue
sans renvoi.

Le délai de pourvoi en cassation est de deux mois à compter de la signification


de la décision attaquée18

La cour peut être saisie par la voie du recours en cassation soit directement par
l’une des parties à l’instance, soit sur renvoi d’une juridiction nationale statuant
en cassation saisie d’une affaire soulevant des questions relatives à l’application
des Actes uniformes. Dans ce dernier cas, la juridiction nationale est
immédiatement dessaisie. Elle transmet à la Cour l’ensemble du dossier de
l’affaire, avec une copie de la décision de renvoi.

L’incompétence manifeste de la Cour commune de justice et d’arbitrage peut


être soulevée d’office ou par toute partie au litige in limine litis. La cour se
prononce dans les trente jours.

Toute partie qui, après avoir soulevé l’incompétence d’une juridiction nationale
statuant en cassation estime que cette juridiction a, dans un litige le concernant,

17
On peut néanmoins penser que la compétence de la Cour sera invoquée s’il s’agit de sanctions
pénales relatives au droit pénal des affaires de l’OHADA, ce qui paraît conforme aux dispositions du
Traité (art. 3, al. 2). Mais en l’état des dispositions du Traité, cette éventualité est à exclure.
Cf. CCJA arrêt n°053/2012 du 07 juin 2012 in A.J n°78-79 P.194-196 avec les notes de J. KAMGA.
18
Art 28-1 Règlement de procédure de la CCJA
méconnu la compétence de la Cour commune de justice et d’arbitrage peut saisir
cette dernière dans un délai de deux mois à compter de la notification de la
décision contestée. La cour se prononce sur sa compétence par un arrêt qu’elle
notifie tant aux parties qu’à la juridiction en cause. Si la Cour décide que cette
juridiction s’est déclarée compétente à tort, la décision rendue par cette
juridiction est réputée nulle et non avenue19.

Les arrêts de la Cour commune de justice et d’arbitrage ont l’autorité de la chose


jugée et la force exécutoire. Ils reçoivent sur le territoire de chacun des Etats
Parties une exécution forcée dans les mêmes conditions que les décisions
juridiques nationales. Dans une même affaire, aucune décision contraire à un
arrêt de la Cour commune de justice et d’arbitrage ne peut faire l’objet d’une
exécution forcée sur le territoire d’un Etat Partie20.

CHAPITRE III : LES SOLUTIONS NEGOCIEES


Section 1 : La transaction
Paragraphe 1 : Les conditions préalables à la transaction
A/ La contestation
B/ Les concessions réciproques
C/ L’intention des parties de mettre fin à la contestation
Paragraphe 2 : La conclusion de la transaction
A/ Les conditions de fond de la transaction
B/ Les conditions de forme de la transaction
Paragraphe 3 : Les effets de la transaction
Section 2 : L’arbitrage
Paragraphe 1 : La convention d’arbitrage
19
Art 18 Traité du 17 octobre 1993 relatif à l’OHADA
20
Art 20 Traité du 17 octobre 1993 relatif à l’OHADA
Paragraphe 2 : La procédure d’arbitrage
TRAVAUX DIRIGES

Arbitrage, conciliation, transaction, médiation : comment


régler autrement les litiges ?

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