Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Abstract
Les changements politiques survenus à l'issue de la Grande Guerre qui mettent fin aux
Empires austro-hongrois et russe, ainsi que l'affaiblissement momentané de l'Allemagne,
marquent pour la Roumanie (România Mare) le début d'une nouvelle "ère". Durant sa courte
existence, 1919-1940, la România Mare apparaît comme un pays en voie de développement
qui bénéficie de nombreux atouts économiques et géo-stratégiques. C'est un pays
essentiellement agricole, disposant d'importantes ressources pétrolières, de charbon, de fer
qui s'oriente vers la modification de ses structures économiques et sociales par le
développement du secteur industriel. La faiblesse de l'épargne et des capitaux intérieurs
s'avère rapidement très contraignante et elle obligera les autorités roumaines à s'adresser
aux marchés financiers internationaux. Le recours aux capitaux étrangers se révèle
rapidement difficile et contraignant en raison, d'une part, des considérations politiques des
dirigeants roumains et, d'autre part, des conditions économiques et financières exigées par
les créditeurs étrangers.
Reference
RACIANU, Ileana Nicoleta. La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2012, no. SES 774
URN : urn:nbn:ch:unige-206696
DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:20669
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:20669
Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.
La Roumanie face aux rivalités
politiques et financières
internationales,
1922-1935
THÈSE
présentée à la Faculté des sciences économiques et sociales
de l’Université de Genève
par
Thèse 774
Genève, 19 mars 2012
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Le doyen
Bernard MORARD
2.1. Les lois et les mesures d’encouragement aux entreprises et aux capitaux
roumains……………..……………………………….………………………….....p. 53
Résumé
CL Crédit Lyonnais
FO Foreign Office
INTRODUCTION
Cadre général
1
Par souci de cohérence et de précision, nous n’allons pas traiter dans le cadre
de notre travail les questions relatives à l’Estonie, à la Finlande, à la Lettonie et
à la Lituanie. Notre travail se concentre sur la région qui est désignée, tout le
long de l’entre-deux-guerres, par les politiques et les historiens sous le nom de
l’Europe centrale. Il est nécessaire de souligner que cette dénomination
correspond à des critères politiques, qui sont mis au service d’une vision
politique fluctuante, et non géographiques. Le terme de l’Europe centrale est
utilisé dans notre travail pour désigner la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la
Tchécoslovaquie et la Yougoslavie.
2
Le rôle économique et financier joué par l’Allemagne dans cette région jusqu’à
la veille de la Première Guerre mondiale est bien connu grâce aux travaux de
Raymond Poidevin, Les relations économiques et financières entre la France et
l’Allemagne de 1898 à 1914, Paris, Comité pour l’histoire économique et
financière, 1998 et de Georges Diouritch, L’expansion des banques allemandes
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Déçue par l’échec des garanties promises par les Etats-Unis et la Grande-
Bretagne en matière de sécurité, ainsi que par la disparition de l’alliée russe, la
France s’efforce de créer en Europe centrale un système d’alliance politique et
militaire, destiné à la protéger contre la renaissance du danger allemand et la
3
révolution bolchévique. À Rome, la ligne générale de la politique adoptée par
les dirigeants italiens à l’égard de nouveaux États centre-européens s’articule
autour de l’expansion territoriale sur le bassin danubien et de la création d’une
4
zone d’influence exclusive dans la région. C’est un projet ambitieux, dont le
principal objectif est d’assurer à l’Italie le statut de Grande Puissance. En
revanche, l’intérêt de la Grande-Bretagne pour cette région est essentiellement
5
d’ordre économique et commercial. Les nouveaux États centre-européens
offrent aux milieux économiques et financiers de la City un important marché
d’exportation et d’investissement. Dès 1920, des missions commerciales
britanniques, qui s’installent en Hongrie, en Roumanie et en Tchécoslovaquie,
6
Cf. BOGDAN, Henry, Histoire des pays de l’Est, Paris, Perrin, 1991, pp. 340-
341.
7
Cf. CARMI, Ozer, La Grande-Bretagne et la Petite Entente, Genève, IUHEI,
1972 et IORDACHE, Nicolae, La Petite Entente et l’Europe, Genève, IUHEI,
1977.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
8
Cf. BOGDAN, Henry, Histoire des pays de l’Est, Paris, Perrin, 1991, p. 332.
19
Les « solutions » d’ordre politique et militaire, proposées par la France aux pays
centre-européens, notamment durant les années vingt, ont été fait très tôt l’objet
de nombreuses études qui, analysent de manière détalliée l’importance et le rôle
accordés par la diplomatie française à cette région pour la création d’un système
d’alliance défensive contre l’Allemagne et la Russie soviétique. A ce sujet, il
10
convient de souligner les travaux de Jean-Baptiste Duroselle , de Nicolae
11 12 13 14
Iordache , de Ozer Carmi , de Traian Sandu et de Frédéric Dessberg .
9
Sur cette question, voir MEYER, Richard Hemming, Bankers’ Diplomacy :
Monetary Stabilization in the Twenties, New York and London, 1970.
10
DUROSELLE, Jean-Baptiste, Histoire diplomatique de 1919 à nos jours,
e
Paris, Dalloz, 1990 (10 édition).
11
IORDACHE, Nicolae, La Petite Entente et l’Europe, Genève, I.U.H.E.I., 1977.
12
OZER, Carmi, La Grande-Bretagne et la Petite Entente, Genève, I.U.H.E.I.,
1977.
13
SANDU, Traian, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale.
L’exemple roumain 1919-1933, Paris, Harmattan, 1999.
14
DESSBERG, Frédéric, Le triangle impossible : les relations franco-soviétiques
et le facteur polonais dans les questions de sécurité en Europe (1924-1935),
Bruxelles, P. Lang, 2009.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
15
A ce sujet, il convient de souligner les travaux de COTTRELL, Philip L. &
TEICHOVA, Alice (Eds.), International Business and Central Europe, 1918-
1939, Leicester, Leicester University Press, 1983, de BOYCE, Robert W.D.,
British capitalism at the crossroads, 1919-1932: a study in politics, economics
and international relations, Cambridge, Cambridge University Press, 1987, de
ORDE, Anne, British policy and European reconstruction after the first world
war, Cambridge University Press, 1990, de SCHIRMANN, Sylvain, Crise,
coopération économique et financière entre Etats européens, 1929-1933, Paris,
Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2000 et de DAVID,
Thomas, Nationalisme économique et développement : l’industrialisation des
pays d’Europe de l’Est durant l’entre-deux-guerres, Lausanne, Université de
Lausanne, 2001.
16
BUSSIERE, Eric, « Jean Monnet et la stabilisation monétaire de 1929 : un
« outsider » entre l’Europe et l’Amérique » in BOSSUAT, Gérard et Wilkens,
Andres (éds.), Jean Monnet, l’Europe et les chemins de la paix, Paris,
Publications de la Sorbonne, 1999, pp. 63-77.
17
COTTRELL, Philip L., « Central bank co-operation and Romanian
stabilisation, 1926-1929 » in GOURVISH, Terry (ed.), Business and Politics in
Europe, 1900-1970, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, pp. 106-143
et COTTRELL, Philip L., « Norman, Strakosch and the development of central
banking: from conception to practice, 1919-1924 » in COTTRELL, Philip L. (ed.),
Rebuilding the financial system in Central and Eastern Europe, 1918-1994,
Scholar Press, 1997, pp. 29-73.
18
FEIERTAG, Olivier et PLESSIS, Alain, « The Position and the Role of French
Finance in the Balkans from the Late Nineteenth Century until the Second World
War » in KOSTIS, Kostas P. (éd.), Modern Banking in the Balkans and West-
European Capital in the Nineteenth and Twentieth Centuries, Ashgate, 1999, pp.
215-234. FEIERTAG, Olivier, « Banques centrales et relations internationales au
XXe siècle: le problème historique de la cooperation monétaire internationale »
in Relations internationales, No. 100, 1990, pp. 355-376.
19
MEYER, Richard Hemming, Bankers’ Diplomacy : Monetary Stabilization in
the Twenties, New York and London, 1970.
21
20 21
Mouré et de György Péteri . En analysant la vague des stabilisation des
monnaies centre-européennes durant les années vingt, ces recherches
démontrent l’importance et le nouveau rôle acquis par les banques centrales
dans les relations financières internationales au lendemain de la Première
Guerre mondiale. Le Gouverneur de la Banque d’Angleterre, Montagu Norman,
le Président de la Federal Reserve of New York, Benjamin Strong, et le
Gouverneur de la Banque de France, Emile Moreau, deviennent les principaux
acteurs de la réorganisation monétaire et financière de l’Europe centrale et de la
gestion des relations financières, voire politiques, avec les États de cette région.
Au rôle des banques centrales dans l’organisation et l’établissement des
relations monétaires et financières avec les pays centre-européens s’ajoute
celui du Comité financier de la Société des Nations et à partir de 1930 celui de
22
la Banque des règlements internationaux. Les travaux de Yann Decorzant , de
23 24 25 26
Olivier Feiertag , de Michel Fior , de Nicole Pietri et de Gianni Toniolo
démontrent le rôle joué par ces deux institutions dans la réorganisation
monétaire et financière de l’Europe centrale.
20
MOURE, Kenneth, « French money doctors, central banks, and politics in the
1920s » in FLANDREAU, Marc (éd.), Money Doctors.The experience of
international financial advising 1850-2000, London, 2003, pp. 138-165.
21
PETRI, György, « Central Bank Diplomacy: Montagu Norman and Central
Europe’s Monetary Reconstruction after World War I » in Contemporary
European History, Vol. 1, Part 3, November 1992, pp. 233-258.
22
DECORZANT, Yann, La Société des Nations et la naissance d’une
conception de la régulation économique internationale, Bruxelles, Peter Lang,
2011.
23
FEIERTAG, Olivier, « Les banques d’émission et la BRI face à la dislocation
de l’étalon-or (1931-1933): l’entrée dans l’âge de la cooperation monétaire
internationale » in Histoire, Economie et Société, 18 année, 4e trimestre 1999,
No. 4, pp. 715-736.
24
FIOR, Michel, Institution globale et marchés financiers. La Société des
Nations face à la reconstruction de l’Europe, 1918-1931, Bern, Peter Lang,
2008.
25
PIETRI, Nicole, La reconstruction financière de l’Autriche, 1921-1926,
Genève, Centre européen de la Dotation Carnegie pour la paix internationale,
1970.
26
TONIOLO, Gianni, Central bank cooperation at the Bank for International
Settlements, 1930-1973, Cambridge, Cambridge University Press, 2005.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
27
BASCH, Antonin, The Danube Basin and the German Economic Sphere,
London, Kegan Paul, Trench, Trubner & Co., 1944.
28
DROZ, Jacques, L’Europe Centrale. Evolution historique de l’idée de
Mitteleuropa, Paris, Payot, 1960.
29
CLAVERT, Frédéric, Hjalmar Schacht, financier et diplomate (1930-1950),
Bruxelles, Peter Lang, 2009.
30 e
MARGUERAT, Philippe, Le III Reich et le pétrole roumain, 1938-1940.
Contribution à l’étude de la pénétration économique allemande dans les Balkans
à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Genève, Leiden, 1977.
31
SCHIRMANN, Sylvain, Les relations économiques et financières franco-
allemandes, 1932-1939, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière
de la France, 1995 et Crise, coopération économique et financière entre Etats
européens, 1929-1933, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de
la France, 2000.
23
32
Sur cette question, voir notamment CLARKE, S.V.O., Central Bank
Cooperation 1924-31, New York, 1967, DE CECCO, Marcello, « Central Bank
Cooperation in the Inter-War Period: A View from the Periphery » in REIS, Jaime
(ed.), International Monetary Systems in Historical Perspective, New York, St.
Martin's Press, 1995, pp. 113-134, COTTRELL, Philip L., « Norman, Strakosch
and the development of central banking: from conception to practice, 1919-1924
» in COTTRELL, Philip L. (ed.), Rebuilding the financial system in Central and
Eastern Europe, 1918-1994, Scholar Press, 1997, pp. 29-73, FEIERTAG,
Olivier, «Banques centrales et relations internationales au XXe siècle, le
problème historique de la cooperation monétaire internationale » in Relations
internationales, No. 100, 1999, pp. 355-376, MEYER, Richard Hemmig,
Bankers’ Diplomacy: Monetary Stabilization in the Twenties, New York and
London, 1970, PETRI, György, « Central Bank Diplomacy: Montagu Norman
and Central Europe’s Monetary Reconstruction after World War I » in
Contemporary European History, Vol. 1, Part 3, November 1992, pp. 233-258.
33
Cf. RENOUVIN, Pierre, DUROSELLE, Jean-Baptiste, Introduction à l'histoire
e
des relations internationales, Paris, A. Colin, 1991 (4 éd.)
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Problématique et méthode
La signification des dates choisies pour délimiter notre travail, 1922 - 1935,
correspond au retour au pouvoir du Parti National Libéral, dirigé par Ionel
Bratianu, et au lancement d’un vaste programme de développement de
l’économie roumaine et, respectivement, au retrait de la mission financière,
installée par la Banque de France auprès de la Banque Nationale de Roumanie,
34
URECHE-RANGAU, Loredana, Dette souveraine en crise : l’expérience des
emprunts roumains à la bourse de Paris durant l’entre-deux-guerres, Paris,
Publication de la Sorbonne, 2008.
35
Sur cette question, voir BUSSIERE, « Jean Monnet et la stabilisation
monétaire de 1929 : un « outsider » entre l’Europe et l’Amérique », pp. 63-77,
COTTRELL, Philip L., « Central bank co-operation and Romanian stabilisation,
1926-1929 », pp. 106-143 et MOURE, « French money doctors, central banks,
and politics in the 1920s », pp. 138-165.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Notre travail se divise en trois parties, selon une périodisation que nous avons
établie en fonction de la prééminence, soit des facteurs politiques, soit des
facteurs économiques et financiers. La première partie, qui couvre les années
1922-1928, traite des enjeux de la reconstruction économique et financière de la
Grande Roumanie (România Mare). Résultat de l’intégration à l’ancien
Royaume de Roumanie du Banat, de la Bessarabie, de la Bucovine, de la
Dobroudja du Nord et de la Transylvanie, territoires provenant de la dislocation
des Empires austro-hongrois et russe, ainsi que de la Bulgarie, la Grande
Roumanie révèle, dès le 19 janvier 1922, un besoin impérieux d’émancipation
économique et politique. Le développement d’une économie nationale puissante
et indépendante apparaît comme l’objectif principal du Parti National Libéral et
du Parti du Peuple, les deux formations politiques qui se sont partagées le
pouvoir durant cette période. Cet objectif crée de nombreuses contraintes de
nature politique et financière, dont l’impact sur la reconstruction du nouvel Etat
roumain sera lourd de conséquences. Les mesures prises par le Parti National
Libéral à l’encontre de la participation des capitaux étrangers au développement
économique de la Roumanie, telles que la loi des mines, la loi sur la
commercialisation et le contrôle des entreprises de l’Etat, se transforment en
obstacles économiques et, notamment, financiers. Les démarches effectuées
par les dirigeants de Bucarest auprès de la France et de la Grande-Bretagne en
vue de l’émission d’un emprunt roumain, nécessaire pour le développement
économique du pays, sont vouées à l’échec. La Banque d’Angleterre lie
l’émission de tout emprunt roumain sur le marché anglais à l’implication de la
Roumanie dans le processus de reconstruction politique et économique de
l’Europe centrale. Obligés à admettre le rôle essentiel des capitaux étrangers
dans le développement économique de la Grande Roumanie, les Libéraux
commencent en décembre 1927 des négociations avec la Banque de France en
vue de l’émission d’un emprunt roumain sur le marché français. Ces
négociations s’avèrent rapidement difficiles et complexes car les dirigeants de
Bucarest doivent se plier aux exigences des banquiers étrangers qui
27
36
Professeur d’économie à l’Université de Montpellier et à la Faculté de Droit de
Paris, Charles Rist (1874-1955) entame dès la fin de la Première Guerre
mondiale une carrière d’expert monétaire et financier international participant à
la reconstruction financière de l’Autriche, de l’Espagne, de la Roumanie et de la
Turquie. En 1926, Rist est nommé sous-gouverneur de la Banque de France,
fonction qu’il occupera jusqu’en février 1929, date à laquelle il est désigné
Conseiller technique de la Banque Nationale de Roumanie. Parmi ses
principaux ouvrages, on retient l’Histoire des doctrines économiques depuis les
Physiocrates jusqu'à nos jours (1909, avec Ch. Gide), La déflation en pratique:
Angleterre, Etats-Unis, France, Tchéco-Slovaquie (1924), l’Histoire des
doctrines relatives au crédit et à la monnaie depuis John Law jusqu’à nos jours
(1938) et la Défense de l’or (1953).
37
Roger Auboin (1891-1974) est Maître des requêtes au Conseil d’Etat français.
De janvier 1938 à septembre 1958, Auboin est Directeur de la Banque des
Réglements Internationaux.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Roumanie pour la période 7 février 1929 - 7 février 1930, Charles Rist impose
aux dirigeants de Bucarest des mesures rigoureuses visant à renforcer le
contrôle sur les finances roumaines et l’indépendance de la banque centrale.
Afin d’élargir son champ d’action et de surveillance, limité à la Banque Nationale
de Roumanie, Rist décide de désigner des collaborateurs français dans des
secteurs qui échappent à son activité et qui se révèlent importants pour
l’organisation et la gestion des finances roumaines. C’est dans ces
38
circonstances que Charles Rist s’assure la collaboration de Jean Bolgert , de
39 40 41 42
Henri Guittard ,de Henri Poisson , de Gaston Leverve et de Michel Mange .
Ce réseau d’experts financiers et d’ingénieurs est complété par une étroite
collaboration avec le Ministre de France à Bucarest Gabriel Puaux. Ce dernier
informe le Conseiller technique de la Banque Nationale de Roumanie des
différentes affaires envisagées par les dirigeants roumains en utilisant les crédits
de l’emprunt de stabilisation et de développement, sans demander ses conseils
et son autorisation. Le 7 février 1930, Rist quitte ses fonctions auprès de la
Banque Nationale de Roumanie, en faveur de Roger Auboin qui doit séjourner à
Bucarest jusqu’en février 1932. Cependant, Auboin ne jouit pas de l’influence et
du prestige de Rist et son autorité sera fortement affaiblie par les intrigues des
dirigeants roumains et par l’aggravation de la Crise de 1929. La crise
économique et financière qui frappe de plein fouet la Roumanie dès l’été 1931,
voire avant, détermine les dirigeants de Bucarest de faire appel à l’expertise et
aux conseils de Rist. Ce dernier se voit obligé de conclure en mai 1932 à une
aide économique internationale en recommandant au Gouvernement de
Bucarest de solliciter l’intervention de la Société des Nations. Les conclusions
du Rapport Rist heurtent les intérêts de la diplomatie française. Convaincu de la
nécessité de défendre et de renforcer la position française en Roumanie au
moment où l’expansion économique et commerciale de l’Allemagne prend de
38
Jean Bolgert est Inspecteur de la Banque de France.
39
Henri Guittard est Inspecteur de la Banque de France.
40
Henri Poisson est Inspecteur général des Finances.
41
Gaston Leverve est ingénieur et expert pour la réorganisation des chemins de
fer roumains.
42
Michel Mange est ingénieur et adjoint de Gaston Leverve pour la
réorganisation des chemins de fer roumains.
29
Finalement, la troisième partie, qui s’ouvre avec les débats provoqués en juillet
1932 par l’intervention de la Société des Nations en Roumanie et se ferme avec
le départ de la mission financière de la Banque de France de Bucarest en février
1935, porte sur les étapes de l’affaiblissement de l’influence française en
Roumanie. Révélatrice de l’échec de l’adaptation de l’économie roumaine au
système économique international, la Crise de 1929 jalonne une sorte de fuite
en avant qui conduit les dirigeants de Bucarest à soutenir le développement des
relations commerciales avec l’Allemagne. Face au manque de dynamisme et à
l’inefficacité des mesures prises, soit à l’échelle régionale, soit à l’échelle
internationale, l’Allemagne parvient à s’imposer comme partenaire commercial
privilégié de la Roumanie au détriment de la France et de la Grande-Bretagne.
Le marché allemand représente dés le début des années trente le principal
débouché pour les exportations roumaines, constituées essentiellement de
43
produits agricoles (36%) et de matières premières (61%). Le besoin de la
Roumanie de commercer avec l’Allemagne heurte les intérêts de la France, dont
sa politique centre-européenne a pour principal objectif de faire des États de la
Petite Entente une barrière à l’expansionnisme allemand dans cette région. Pour
la diplomatie française, l’intérêt de ce pays danubien est davantage politique et
géo-stratégique que commercial et économique. Le rapprochement franco-
sovitétique, commencé en novembre 1932 par la signature d’un pacte de non-
agression, complique les relations franco-roumaines. Les dirigeants de Paris
pourraient à tout moment retirer leurs garanties sur l’union avec la Bessarabie,
dont l’intégration à la Roumanie n’a pas encore été reconnue par Moscou. Ainsi,
les difficultés économiques et financières, qui résultent de la Grande Crise, et
les divergences politiques déterminent les dirigeants de Paris à réviser leur
position en Roumanie.
43
Archives de la Société des Nations (SdN), Genève, Chiffres essentiels du
commerce extérieur des pays danubiens, Comité économique de la Société des
Nations, Questions économique et financières, 1937, pp. 29-35.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Il convient de formuler quelques observations sur les sources que nous avons
consulté dans les archives mentionnées ci-dessus afin de pourvoir souligner leur
44
Ce fonds se trouve aux Archives du Ministère des Affaires Étrangères de
Roumanie.
31
apport à notre recherche. A Paris, les archives du Quai d’Orsay nous ont
renseigné sur la politique menée par la France à l’égard de ses alliés d’Europe
centrale durant l’entre-deux-guerres, ainsi que sur les enjeux géostratégiques et
économiques de la consolidation de l’influence acquise par les dirigeants
français dans cette région depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Les
échanges de télégrammes et de comptes rendus entre les dirigeants du Quai
d’Orsay et les différents représentants des Affaires Etrangères à l’étranger nous
ont fourni des informations importantes sur les intérêts politiques et militiares de
la France et plus particulièrement sur les stratégies utilisées par les dirigeants
de Paris afin de consolider leur position en Europe centrale au détriment de
l’Allemagne, de l’Italie et de la Grande-Bretagne. La série Z-Europe (Roumanie,
1918-1940) comprend des dossiers sur la vie politique, militaire et économique
de la Roumanie, de sa politique étrangère et de ses relations avec la France.
Les renseignements fournis au Quai d’Orsay par ses représentants en
Roumanie nous ont également permis de déterminer dans quelle mesure les
intérêts économiques et financiers ont été pris en compte pour la formulation de
la politique étrangère française. Afin de compléter ces informations, nous avons
également consulté quelques dossiers de la série des Relations commerciales,
1919-1944 (sous-série C) qui comprend des documents relatifs à l’évolution
économique de la Roumanie, aux négociations commerciales, ainsi qu’aux
affaires industrielles centre-européennes où les intérêts français étaient
présents.
Le fonds intitulé Dosare speciale et plus précisément les volumes 131-134 nous
ont fourni des informations d’un très grand intérêt pour notre recherche. Il s’agit
des documents de premier ordre concernant le déroulement des démarches
effectuées par les dirigeants de Bucarest auprès de la Banque de France dès
octobre 1927 en vue de l’émission de l’emprunt roumain de stabilisation
monétaire et de développement économique de 1929 (volumes 131 et 132). Les
volumes 133 et 134 portent sur les négociations et l’émission de l’emprunt
roumain de développement économique de mars 1931. Toute cette
documentation s’avère essentielle pour comprendre les enjeux et la politique
menée par les dirigeants de Bucarest lors de la stabilisation de la monnaie
roumaine.
45
GAFENCU, Grigore, Însemnari politice, 1929-1939, [Réflexions politiques,
e
1929-1939], Bucuresti, Humanitas, 1991 (2 Ed.).
46
LOUCHEUR, Louis, Carnets secrets, 1908-1932, Bruxelles, Brepols, 1962.
47
MOREAU, Emile, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France, Paris,
Génin, 1954.
48
PROST, Henri, Destin de la Roumanie, Paris, Berger-Levrault, 1954.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
49
SLAVESCU, Victor, Note si însemnari zilnice, octombrie 1923 - 1 ianuarie
er
1938, [Notes et réflexions quotidiennes, octobre 1923 - 1 janvier 1938], Vol. I,
ième
Bucuresti, Editura Enciclopedica, 1996 (2 édition).
50
TITULESCU, Nicolae, Discursuri, [Discours], Bucarest, Ed. Tehnica, 1991
ème
(3 éd.)
37
PREMIÈRE PARTIE
LA DIFFICILE RECONSTRUCTION
51
Favorisé indéniablement par les Traités de Paix de 1919-1920 , qui lui
permettent de maintenir les acquis territoriaux et statutaires obtenus durant la
52
Première Guerre mondiale, le Royaume de Roumanie réalise en janvier 1919
son unité nationale par l’intégration dans ses frontières des territoires provenant
du démembrement des Empires austro-hongrois et russe, ainsi que de la
53
Bulgarie. Bucarest devient, ainsi, la capitale d’un État dont la superficie et la
54
population ont plus que doublé par rapport à l’avant-guerre. Du Nistru aux
plaines de la Hongrie et des sources de la Tisa au Dobroudja, la Grande
Roumanie (România Mare) couvre pour la première fois depuis cinq siècles
55
presque la totalité de la nation roumaine. C’est la réalisation d’un projet
politique de longue date que l’évolution des relations internationales révéla, par
la suite, non viable et éphémère.
51
Le Royaume de Roumanie reçoit officiellement la Transylvanie, ainsi que le
Banat et la Crisana au Traité de Trianon (le 4 juin 1920), la Bucovine et le
Maramures au Traité de Saint-Germain (le 10 décembre 1919) et la Dobroudja
du Sud au Traité de Neuilly (le 10 décembre 1919). En ce qui concerne la
Bessarabie - qui, à la faveur de la révolution russe, avait proclamé son
indépendance et son union avec le Royaume de Roumanie en avril 1918 - les
Alliés (en l’occurrence la Russie soviétique, les Etats-Unis et l’Italie) remettent
en cause, dès la fin de la Première Guerre mondiale, son statut de province
indépendante et la validité de l’union de 1918. Malgré le fait que la France et la
Grande-Bretagne reconnaissent le 28 octobre 1920 à Sèvres l’intégration de
cette région dans le nouvel Etat roumain, le problème de la Bessarabie reste
ouvert tout le long de l’entre-deux-guerres.
52
L’Etat roumain, né le 24 janvier 1859 de l’union des Principautés danubiennes
de Valachie et de Moldavie, est érigé au rang de royaume le 25 mars 1881 par
le prince régnant Carol de Hohenzollern-Sigmaringen (1866-1914). La
Roumanie devient ainsi un royaume, Carol de Hohenzollern - Sigmaringen étant
couronné roi le 22 mai 1881 à la cathédrale de Bucarest.
53
Voir Annexes I et II : Evolution de la Roumanie, 1881-2011 et Carte politique
de la Grande Roumanie (România Mare), 1919-1940.
54
Voir Annexe III : Superficie et population de la Grande Roumanie (România
Mare), 1919-1920.
55
Au sujet de la création de la Grande Roumanie, voir SETON-WATSON, R.
W., Histoire des Roumains de l’époque romaine à l’achèvement de l’unité, Paris,
P.U.F., 1937, pp. 531-618 et DURANDIN, Catherine, Histoire des Roumains,
Paris, Fayard, 1995, pp. 204-234.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
56
SANDU, Traian, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale.
L’exemple roumain 1919-1933, Paris, Harmattan, 1999, pp. 13-14.
57
Au sujet de la création de la Petite Entente et de la participation de la
Roumanie à cette alliance, voir CARMI, Ozer, La Grande-Bretagne et la Petite
Entente, Genève, I.U.H.E.I., 1972, pp. 19-55 et IORDACHE, Nicolae, La Petite
Entente et l’Europe, Genève, I.U.H.E.I., 1977, pp. 17-70.
58
Sur l’attitude de la Grande-Bretagne et de la France vis-à-vis de la création de
la Petite Entente, voir notamment CARMI, Ozer, La Grande-Bretagne et la Petite
Entente, pp. 19-87.
59
Sur cette question, voir, WANDYCZ, Piotr S., The Twilight of French Eastern
Alliances, 1926-1936. French-Czechoslovak-Polish Relations from Locarno to
the Remilitarization of the Rhineland, New Jeresy, Princeton, 1988, pp. 3-17.
60
Sur les relations diplomatiques et militaires entre la France et la Roumanie
durant les années 1919-1933, voir plus particulièrement l’étude de SANDU, Le
système de sécurité français en Europe centre-orientale.
41
61
Sur cette question, voir MANOLIOU, Florin E., La reconstruction économique
et financière de la Roumanie et les partis politiques, Paris, Librairie Universitaire
J. Gamber, 1931, pp. 70-115.
62
MANOLIOU, La reconstruction économique et financière, pp. 94 - 99.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
63
dont la solution sera longue à survenir. « Chaque parti politique, ainsi que le
souligne Florin Manoliou, n’admettait que ses propres idées et pensait que seul
son programme pouvait réaliser le redressement économique et financier du
64
pays. »
63
Voir Annexe IV : Gouvernements de la Grande Roumanie, 1919-1937. Sur
cette question, voir SAIZU, Ioan, Politica economica a României între 1922 si
1928 (La politique économique de la Roumanie durant les années 1922-1928),
Bucuresti, Ed. Academiei Republicii Socialiste România, 1981, pp. 25-31.
64
MANOLIOU, La reconstruction économique et financière, p. 107.
43
65
capitaux allemands. Rappelons que les membres du Parti National Libéral
66
disposent de la majorité des actions de la Banque Nationale de Roumanie et
qu’ils contrôlent la Banca Generala a Tarii Românesti et la Banca Româneasca,
67
ainsi que plusieurs entreprises industrielles du pays. L’histoire et l’évolution de
cette formation politique sont étroitement liées et influencées par la famille
Bratianu, Ion (1821-1891) et ses trois fils Ionel (1864-1927), Constantin « Dinu »
(1866-1950) et Vintila (1867-1930), qui domine le parti depuis sa création et
jusqu’aux années 1948, date à laquelle le régime communiste interdira tous les
68
partis politiques roumains.
69 70
Ionel Bratianu , fort de l’appui du roi Ferdinand (1865-1927) et convaincu qu’il
lui revient de mener les destinées de la Grande Roumanie, constitue le 20
janvier 1922 un nouveau cabinet libéral, où il confie le portefeuille des Affaires
Etrangères à Ion Gh. Duca, l’Industrie et le Commerce à Tancred
Constantinescu et les Finances à son frère cadet, Vintila. Ce dernier deviendra
durant les années 1920 la figure la plus emblématique du gouvernement de son
frère aîné, qui lui accordera l’autorité nécessaire pour la réorganisation
économique et financière du nouvel État roumain.
65
ZELETIN, Stefan, Burghezia româna : originea si rolul ei istoric (La
bourgeoisie roumaine : l’origine et son rôle historique), Bucuresti, 1925.
66 er
Le 1 janvier 1901, date à laquelle l’Etat roumain s’est retiré de sa qualité
d’actionnaire de la Banque Nationale de Roumanie, les actionnaires privés,
majoritairement membres du Parti National Libéral, deviennent les principaux
actionnaires de cette institution par le rachat des actions de l’Etat.
67
SAIZU, Politica economica a României între 1922 si 1928, p. 29.
68
TREPTOW, Kurt W., A history of Romania, Iasi, The Center for Romanian
Studies, 1996, pp. 412 - 413.
69
Diplômé de l’Ecole des Ponts et des Chaussées de Paris en 1889, Ionel
Bratianu (1864-1927) commence sa carrière politique en 1891, après le décès
de son père, Ion Bratianu. En 1909, il prend la direction du Parti National Libéral,
fonction qu’il occupera jusqu’au 24 novembre 1927, date à laquelle il décède par
suite des complications d’une laryngite infectieuse mal soignée. De 1909 à
1927, Ionel Bratianu est nommé Président du Conseil roumain à cinq reprises :
décembre 1909 - décembre 1910, janvier 1914 - janvier 1918, novembre 1918 -
septembre 1919, janvier 1922 - mars 1926 et juin - novembre 1927.
70
Ferdinand de Hohenzollern - Sigmaringen, neveu du roi Carol de
Hohenzollern - Sigmaringen, est désigné roi de Roumanie du 10 octobre 1914
au 20 juillet 1927.
45
71
Archives de la SDN, Genève, Section économique et financière,
Mémorandum sur le commerce international et sur les balances de paiements
1912-1926, Questions économiques et financières, Vol. II, 1927, p. 738.
72
CONSTANTINESCU, Nicolae, L’histoire de l’économie roumaine de l’origine
jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, Bucarest, Expert, 1996, pp. 184-202 et
MURESAN, Maria, MURESAN, Dumitru, Istoria economiei [L’histoire de
l’économie], Bucuresti, Ed. Economica, 2003, pp. 109-131.
73
Sur cette question, voir PEARTON, Maurice, Oil and the Romanian State,
Oxford, Clarendon Press, 1971.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Il apparaît, ainsi, que les capitaux allemands, engagés pour 60,2% dans les
emprunts de l’État roumain et pour 23,5% dans des diverses entreprises,
75 76
notamment pétrolières , dominent largement le marché roumain. Avec 484
74
PEARTON, Oil and the Romanian State, pp. 68-69.
75
Les banques allemandes et, notamment, la Deutsche Bank et la Disconto-
Gesellschaft, contrôlent la Steaua Româna, la Concordia, le Creditul petrolifer,
ainsi que la raffinerie Vega. Sur les participations de la Deutsche Bank à
l’industrie pétrolière roumaine avant la Première Guerre mondiale voir l’étude de
GALL, Lothar, JAMES, Harold et al., The Deutsche Bank 1870-1995, London
Weidenfeld & Nicolson, 1995, pp. 64-67 et pp. 148-150.
76
Sur les relations économiques et financières entre le Royaume de Roumanie
et l’Allemagne jusqu’à la veille de la Grande Guerre, voir les études de
DOBROVICI, Gheorghe M., Istoricul desvoltarii economice si financiare a
Romaniei si imprumuturile contractate intre 1832 si 1933 (L’histoire du
développement économique et financier de la Roumanie et les emprunts
47
Pour ce faire, les frères Bratianu annoncent dans leur programme économique
que le développement du secteur industriel roumain se réalisera selon la devise
79
« par nous-mêmes » , qui deviendra le symbole de la politique économique
menée par le Parti National Libéral durant les années 1922-1926. Le soutien et
l’encouragement de la population et des capitaux roumains à participer à
l’exploitation et à la mise en valeur des ressources minières du pays au
détriment des puissances étrangères constituent les principes majeurs de la
nouvelle politique économique envisagée par Ionel et Vintila Bratianu. C’est une
politique très ambitieuse, dont la réalisation demandera d’importantes
ressources financières et l’introduction d’une nouvelle législation économique et
financière en faveur des entreprises et des capitaux roumains. Quant aux
entreprises et aux capitaux étrangers, Vintila Bratianu se déclare l’adversaire
résolu des participations majoritaires dans les sociétés roumaines et des
investissements massifs dans certaines branches industrielles, telles que
l’industrie pétrolière et l’industrie métallurgique. Bratianu se propose, ainsi, de
réglementer la forme et les proportions de la participation de la finance
étrangère au développement de l’économie roumaine.
79
Sur l’origine et les principes de la politique économique du Parti National
Libéral « par nous-mêmes », voir SAIZU, Politica economica a României între
1922 si 1928, pp. 41- 54.
49
80
Le Parti Conservateur, qui avait assuré avec le Parti National Libéral le
gouvernement de l’ancien Royaume de Roumanie jusqu’en 1914, disparaît à
l’issue de la Première Guerre Mondiale. La collaboration avec les armées
austro-allemandes durant la guerre serait la principale raison de la disparition de
cette formation politique.
81
BOULANGER, Éric, « Théories du nationalisme économique », L'Économie
o
politique 3/2006 (n 31), p. 82-95.
82
DAVID, Thomas, Nationalisme économique et industrialisation. L’expérience
des pays de l’Est (1789-1939), Genève, Droz, 2009, pp. 173-179.
83
DAVID, Nationalisme économique et industrialisation, p. 406.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
84
KOFFMAN, Jan, « Economic Nationalism in East-Central Europe : A General
View » in SZLAJFER, Henryk (ed.), Economic Nationalism in East-Central
Europe and South America, 1918-1939, Genève, Droz, 1990, pp. 191-249.
85
KOFFMAN, « Economic Nationalism in East-Central Europe : A General
View », pp. 218-223.
86
KOFFMAN, « Economic Nationalism in East-Central Europe : A General
View », p. 220.
51
87
DAVID, Nationalisme économique et industrialisation, pp. 187-197.
88
DAVID, Nationalisme économique et industrialisation, pp. 165-169.
89
La réforme agraire, promise par le roi Ferdinand en 1917 afin de motiver son
armée, constituée essentiellement de paysans, est réalisée par le décret royal
du 18 décembre 1918. En 1921, plus de six millions d’hectares (environ 66% de
la terre arable) de la Grande Roumanie ont été distribuées aux petits paysans.
Si sur le plan politique et social, la réforme agraire a conduit à des résultats
hautement favorables, il en est autrement sur le plan économique. Le partage
des terres, appliqué aussi aux nouvelles provinces, est réalisé sans prendre en
considération la situation précaire des paysans roumains. Le manque
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
2.1. Les lois et les mesures d’encouragement aux entreprises et aux capitaux
roumains
93
Archives de la SDN, Genève, Section économique et financière, R. 310 :
« Aperçu sur la situation actuelle de la Roumanie et Programme d’avenir dans le
cadre des nouvelles lois économiques », Mémoire présenté par Vintila Bratianu
à la Société des Nations, août 1924, p. 133.
94
Archives de la SDN, Genève, Section économique et financière, R. 310 :
« Aperçu sur la situation actuelle de la Roumanie et Programme d’avenir dans le
cadre des nouvelles lois économiques », Mémoire présenté par Vintila Bratianu
à la Société des Nations, août 1924, p. 133.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
95
concessions accordées à des entreprises privées. Ces dernières doivent revêtir
un caractère national par la nomination dans les comités de direction et
d’administration d’une majorité roumaine, représentée par l’État et les capitaux
roumains. Par ailleurs, le président et le directeur général de toutes les
entreprises privées, ayant acquis des concessions minières, doivent bénéficier
de la nationalité roumaine. À ces mesures administratives de « roumanisation »
des entreprises travaillant dans le secteur minier, s’ajoute la question de la
participation du capital étranger à l’exploitation et à la mise en valeur des
ressources minérales du pays. Prévue par l’article 33 de la loi de mines, cette
mesure vise en effet à réduire la participation du capital étranger dans l’industrie
pétrolière roumaine et, plus particulièrement, à l’exploitation et à l’équipement
des raffineries.
95
Sur cette question, voir SAIZU, Politica economica a României între 1922 si
1928, pp. 90-91.
96
BUSSIERE, Eric, Horace Finaly, banquier : 1871-1945, Paris, Fayard, 1996,
MARGUERAT, Philippe, Banque et investissement industriel. Paribas, le pétrole
roumain et la politique française, 1919-1939, Genève, Droz, 1987 et
e
MARGUERAT, Philippe, Le III Reich et le pétrole roumain, 1938-1940.
Contribution à l’étude de la pénétration économique allemande dans les Balkans
à la veille et au début de la Seconde Guerre mondiale, Genève, H.E.I., 1977.
55
97 98
par la reprise de la Steaua Româna , de la Telega Oil Company Ltd. , ainsi que
par l’obtention de nouvelles concessions pétrolières. Sous les pressions de la
France et de la Grande-Bretagne, les dirigeants de Bucarest doivent accepter en
avril 1920, lors de la Conférence de San Remo, le partage de la Steaua
Româna, qui représentait une des plus importantes sociétés pétrolières
99 100
roumaines. Après de longues négociations, la Roumanie réussit à obtenir la
majorité des actions, alors que le syndicat français, composé de la Banque de
Paris et des Pays-Bas, de la banque Mallet et des groupes Champin et Mercier
et le syndicat anglais, composé de la Banque Stern, de l’Anglo-Iranian et de la
Royal Dutsch-Shell, doivent se partager de manière égale les 49.900 actions
101
restantes.
97
Fondée en 1895 par la Banque Hongroise pour le Commerce et l’Industrie et
l’Internationale Petroleum Industrie A.G. de Budapest, la Steaua Româna a été
reprise et réorganisée par la Deutsche Bank en 1904.
98
Créée en 1901, la Telega Oil Company Ltd. passe deux ans plus tard sous le
contrôle du consortium Disconto-Gesellschaft - S. Bleichröder.
99
Voir l’étude de MARGUERAT, Banque et investissement industriel.
100
Le syndicat roumain est constitué de la Banque Marmorosch, la Banque de
Crédit Roumain et la Banque L. Berkowitz, qui ont des liens très étroits avec
Paribas. Cette dernière, ainsi que le souligne Philippe Marguerat, pourrait
disposer des 6.000 actions de la Banque L. Berkowitz, ce qui donne le contrôle
de la Steaua Româna au groupe franco-anglais.
101
MARGUERAT, Banque et investissement industriel, pp. 27-28.
102
GANE, Alexandru, La question de la nationalisation du sous-sol en
Roumanie, Paris, Joue & Cie, 1924, p. 16.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Une autre loi adoptée par le gouvernement Bratianu, le 7 juin 1924, concerne
« la commercialisation et le contrôle des entreprises de l’Etat » qui s’applique à
toutes les entreprises appartenant à l’État roumain. L’article 2 de cette nouvelle
loi prévoit l’introduction de quelques « mesures spéciales », destinées à changer
l’organisation et le fonctionnement des entreprises étatiques. Ainsi, la principale
103
Archives de la SDN, Genève, Section économique et financière, R 310 :
Aperçu sur la situation actuelle de la Roumanie et Programme d’avenir dans le
cadre des nouvelles lois économiques. Mémoire présenté par Vintila Bratianu à
la Société des Nations, août 1924, pp. 136-139.
104
Sur la question de la collaboration avec les capitaux étrangers, voir SAIZU,
Politica economica a României între 1922 si 1928, pp. 43-44.
105
Sur la forme et les proportions des capitaux étrangers, admises par le Parti
National Libéral dans le développement économique de la Roumanie, voir
Archives de la SDN, Genève, Section économique et financière, R 310 : Aperçu
sur la situation actuelle de la Roumanie et Programme d’avenir dans le cadre
des nouvelles lois économiques. Mémoire présenté par Vintila Bratianu à la
Société des Nations, août 1924, p. 142 et SAIZU, Politica economica a
României între 1922 si 1928, p. 44.
57
mesure, adoptée par les autorités roumaines, entérine la division des entreprises
appartenant à l’État en deux catégories. La première concerne les entreprises à
caractère économique d’intérêt général, appelées à remplir des services publics
intéressant la sécurité et la défense nationale, ainsi que celles faisant l’objet d’un
106
monopole. Ces entreprises sont, principalement, représentées par les chemins
de fer, les postes, les télégraphes et les téléphones, les usines d’armement et la
Régie des Monopoles de l’État. Quant à la deuxième catégorie, elle se rapporte
aux entreprises à caractère uniquement commercial et industriel, qui sont la
107
propriété de l’État, mais qui ne font pas l’objet d’un monopole. Selon la
nouvelle loi, ces entreprises doivent être exploitées par des sociétés anonymes,
constituées par l’État et par les particuliers (roumains et étrangers) où le capital
108
roumain (de l’État et des particuliers roumains) sera majoritaire. Dans cette
deuxième catégorie, nous retrouvons les entreprises minières (Petrosani, Slatna,
Abrud, Altan-Tepe, Gaz Méthane Cluj), métallurgiques (Hunedoara, Cugir et Baia
Mare), de transport fluvial et maritime (la Société roumaine de navigation fluviale,
le Service maritime roumain), ainsi que les stations balnéaires (Mehadia, Sibiu,
109
Tekirghiol), les forêts et les pêcheries du Danube et du Delta du Danube. Un
Conseil Supérieur des entreprises commerciales sera chargé de veiller à
l’application et au respect de cette loi, ainsi que de donner son avis sur les
différentes questions, liées à l’évaluation de l’apport de l’État, à l’établissement
110
des bilan, au contrôle des statuts, etc.
106
SCURTU, Documente privind istoria României, p.120.
107
SCURTU, Documente privind istoria României, p.120.
108
SCURTU, Documente privind istoria României, p.120.
109
Archives de la SDN, Genève, Section économique et financière, R 310 :
Aperçu sur la situation actuelle de la Roumanie et Programme d’avenir dans le
cadre des nouvelles lois économiques. Mémoire présenté par Vintila Bratianu à
la Société des Nations, août 1924, pp. 140-141.
110
Archives de la SDN, Genève, Section économique et financière, R 310 :
Aperçu sur la situation actuelle de la Roumanie et Programme d’avenir dans le
cadre des nouvelles lois économiques. Mémoire présenté par Vintila Bratianu à
la Société des Nations, août 1924, pp. 140-141.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Des lois similaires sont passées également dans le secteur des transports et
des communications et, plus particulièrement, dans le domaine du transport
ferroviaire par l’introduction d’une politique de reconstruction et de rachat des
voies ferrées appartenant à des sociétés privées roumaines ou étrangères. En
vertu de la Convention de Vienne du 10 septembre 1922 et de la décision de la
Commission des Réparations du 13 mars 1923, l’Etat roumain rachète les
chemins de fer de Transylvanie qui ont appartenu à la Société autrichienne des
113
voies ferrées (S.T.E.G.). En 1925, l’Etat deviendra le propriétaire de presque
la totalité du réseau des voies ferrées de Roumanie, estimé, en 1919, à 12.000
114
kilomètres. Il convient de rappeler que le réseau feroviaire du Vechiul Regat,
évalué à 3.500 kilomètres en 1914, nécéssite d’importants travaux d’unification
et de raccordement avec les réseaux de nouvelles provinces. Dirigés avant la
Première Guerre mondiale vers Budapest, Vienne et Fiume (pour la
Transylvanie et la Bucovine) et vers Kiev et Odessa (pour la Bessarabie), les
111
Archives de la SDN, Genève, Section économique et financière, R 310 :
Aperçu sur la situation actuelle de la Roumanie et Programme d’avenir dans le
cadre des nouvelles lois économiques. Mémoire présenté par Vintila Bratianu à
la Société des Nations, août 1924, pp. 139-140.
112
Archives de la SDN, Genève, Section économique et financière, R 310 :
Aperçu sur la situation actuelle de la Roumanie et Programme d’avenir dans le
cadre des nouvelles lois économiques. Mémoire présenté par Vintila Bratianu à
la Société des Nations, août 1924, pp. 139-140.
113
DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a României, pp.
548-560.
114
Archives de la SDN, Genève, Section économique et financière, R. 310 :
Aperçu sur la situation actuelle de la Roumanie et Programme d’avenir dans le
cadre des nouvelles lois économiques. Mémoire présenté par Vintila Bratianu à
la Société des Nations, août 1924, p. 142.
59
115
Archives de la SDN, Genève, Section économique et financière, R. 310 :
Aperçu sur la situation actuelle de la Roumanie et Programme d’avenir dans le
cadre des nouvelles lois économiques. Mémoire présenté par Vintila Bratianu à
la Société des Nations, août 1924, pp. 142-143.
116
Archives de la SDN, Genève, Section économique et financière, R. 310 :
Mémoire sur le rôle de la Société des Nations, de la Commission des
Réparations et des Etats d’Occidents dans le relèvement de l’Europe orientale,
exposé d’après l’exemple de la Roumanie, Mémoire présenté par Nicolae
Titulescu, décembre 1924, pp. 21-22.
117
Sur cette question, voir TURNOCK, The Romanian economy, pp. 117-118.
118
PEARTON, Oil and Romanian State, pp. 105-134.
119
QUINLAN, Clash over Romania, p. 21.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
L’aperçu, que nous avons donné de nouvelles lois économiques, bien qu’assez
sommaire, fait toutefois apparaître l’ampleur du programme économique à
réaliser et laisse entrevoir l’importance des investissements que l’État doit
effectuer pour soutenir l’industrialisation de la Roumanie.
120
SCURTU, Documente privind istoria României pp. 126-127.
121
MURESAN, MURESAN, Istoria economiei, p. 178.
61
Cette situation a ouvert, dès le début des années 1880, la voie à la pénétration
du capital étranger dans l’économie du Vechiul Regat et, plus particulièrement,
dans les secteurs industriel et bancaire. A titre d’exemple, sur un montant total
de 636.556.546 de lei-or, les capitaux étrangers représentaient 511.019.236 de
lei-or, soit 80,2%, dont 23,56% allemands, 19,5% hollandais, 18,8% anglais,
12,9% austro-hongrois, 11,3% belges, 7,3% français, 4,8% américains, 1,4%
123
italiens, etc. Par branche industrielle, les capitaux étrangers sont répartis de
cette manière : 74% dans la métallurgie, 91,9% dans l’industrie pétrolière, 79%
dans l’industrie du bois, 23% dans l’industrie textile et 95,5% dans l’industrie du
gaz et de l’électricité. Dans le domaine bancaire, sur un montant total de
176.392.000 de lei-or, détenus par huit banques commerciales roumaines (la
Banca Românesca, la Banca Generala Româna, la Banca de Credit Român, la
Banca Marmorosch & Blank, la Banca Agricola, la Banca Comerciala a
României, la Bank of Romania et la Banca de Scont), la somme de 106.800.000
de lei-or, soit 60%, appartenaient aux capitaux allemands, austro-hongrois,
124
anglais, français, etc.
125
En ce qui concerne la situation financière de nouvelles provinces , il convient
de préciser qu’elles bénéficiaient essentiellement des capitaux allemands et
austro-hongrois. En Transylvanie, les investissements étrangers représentaient
95% dans la construction des machines, 87% dans l’industrie chimique, 79%
126
dans l’industrie textile, etc. Dans le secteur bancaire, les banques
autrichiennes et hongroises détenaient plus de la moitié des capitaux investis
122
MURESAN, MURESAN, Istoria economiei, p. 178.
123
Chiffres donnés par CONSTANTINESCU, L’histoire de l’économie roumaine,
pp. 220-221.
124
Chiffres donnés par CONSTANTINESCU, L’histoire de l’économie roumaine,
pp. 220-221.
125
Nous présentons uniquement le cas de la Transylvanie, car pour les autres
provinces les données sont inexistantes.
126
Chiffres donnés par CONSTANTINESCU, L’histoire de l’économie roumaine,
p. 221.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
dans cette région. Les banques allemandes représentaient 35%, alors que les
banques roumaines seulement 20% du total des capitaux investis en
127
Transylvanie jusqu’en 1914. Il apparaît ainsi que la finance étrangère détenait
avant la Première Guerre mondiale, des deux côtés des Carpates, un rôle
prépondérant dans la vie économique de la Roumanie.
127
Chiffres donés par MURESAN, MURESAN, Istoria economiei, p. 173.
128
SAIZU, Politica economica a României între 1922 si 1928, p. 106.
129
DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a României, p. 445.
130
Il convient de préciser que toutes ces obligations sont amortissables en 15
ou 20 ans.
131
SLAVESCU, Victor, Note si însemnari zilnice, octombrie 1923 - 1 ianuarie
er
1938 (Notes et réflexions journalières, octobre 1923 - 1 novembre 1938), Vol. I,
63
e
Bucuresti, Editura Enciclopedica, 1996. (2 Ed.). BANCA NATIONALA A
ROMÂNIEI, Viata si opera lui Victor Slavescu (La vie et l’œuvre de Victor
Slavescu), Bucuresti, B.N.R., 2001.
132
BANCA NATIONALA A ROMÂNIEI, Viata si opera lui Victor Slavescu, p. 23
(Trad. du roumain).
133
MURESAN, MURESAN, Istoria economiei, p. 275.
134
BANCA NATIONALA A ROMÂNIEI, Viata si opera lui Victor Slavescu, p. 24.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Petite Industrie - 9 65 91 85
Total 872 1’581 1’804 2’189 2’693
135
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 (1926-
1928) : Note pour la Légation de Roumanie en Grande-Bretagne, p. 1143.
136
Sur cette question, voir DAVENPORT-HINES, Richard P.T., « Vickers and
Schneider : a comparison of new British and French multinational stratégies
1916-1926 » in TEICHOVA, Alice, LEVY-LEBOYER, Maurice, Historical Studies
in International Corporate Business, Cambridge, Cambridge University Press,
1989, p. 129 et DAVENPORT-HINES, Richard P. T., «Vickers’ Balkan
Conscience: Aspects of Anglo-Romanian Armaments 1918-1939» in Business
History, 25, 1983, p. 293.
137
PERIANU, Dan Gh., Istoria Uzinelor din Resita 1771-1996 (L’histoire des
Usines Resita 1771-1996), Timisoara, Ed. Timpul, 1996.
65
138
Usines Titan - Nadrag - Calan et des Usines Malaxa de Bucarest. En
revanche, les capitaux français, représentés par les entreprises Blériot, Dietrich-
Lorraine et Potez, participent dès avril 1925 à la création de l’I.A.R. Brasov. En
1926, leur participation financière dans cette entreprise est estimée à 45% du
139
capital total.
138
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie (1918-1940), No. 35 : Télégramme de Paul Neyrac,
Consul de France à Düsseldorf, au Quai d’Orsay (Article sur les capitaux anglais
en Roumanie publié par le journal allemand Düsseldorfer Nachrichten), le 11
mai 1939, pp. 83-87.
139
OTU, Petre, « La signification du traité du 10 juin 1926 entre la Roumanie et
la France » in Bâtir une nouvelle sécurité. La coopération militaire entre la
France et les Etats d’Europe centrale et orientale de 1919 à 1929, Paris, 2001,
pp. 499-500.
140
MIDAN, Christophe, « L’aide matérielle militaire française à la Roumanie
dans les années vingt » in Bâtir une nouvelle sécurité. La coopération militaire
entre la France et les Etats d’Europe centrale et orientale de 1919 à 1929, 2001,
Paris, pp. 519-533.
141
ZAHARIA, Gheorghe, BOTORAN, Constantin, Politica de aparare nationala a
României în contextul european interbelic, 1919-1939 (La politique de défense
nationale de la Roumanie dans le contexte de l’entre-deux-guerres, 1919-1939),
Bucuresti, 1981, Ed. Militara, p. 75.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
La première hypothèse est reprise par l’agence de presse Havas, qui écrit le 25
janvier 1924 que la décision de Vintila Bratianu est due aux pressions exercées
145
par le Foreign Office sur le gouvernement roumain. Selon le communiqué de
cette agence, les Bratianu hésiteraient entre l’amitié de la Grande-Bretagne et
celle de la France. Ces informations provoquent l’inquiétude de Ionel Bratianu,
qui se voit obligé d’informer le gouvernement français que la décision d’arrêter
les négociations pour l’émission de l’emprunt roumain est due uniquement à la
prolongation injustifiée de cette opération. En revanche, le Ministre roumain des
Affaires Etrangères, Ion Gh. Duca, reproche à la diplomatie française, le 27
janvier 1924, d’avoir négligé la Roumanie en faveur de la Pologne et de la
Yougoslavie. Rappelons que la Pologne et la Yougoslavie obtiennent en octobre
142
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds România (1921-1934), No. 358 : Note
pour la Légation de Roumanie à Paris, p. 2256
143
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds România (1921-1934), No. 358 : Note
pour la Légation de Roumanie à Paris, p. 2257 (Trad. du roumain).
144
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds România (1921-1934), No. 358 : Note
la Légation de Roumanie à Paris pour le gouvernement roumain, p. 361.
145
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds România (1921-1934), No. 358 : Note
pour la Légation de Roumanie à Paris pour le gouvernement roumain, p. 362.
67
1923 l’émission sur le marché français d’un emprunt de 400 millions de francs
français et, respectivement, de 300 millions de francs français. Par la même
occasion, Ion Gh. Duca dénonce l’intervention des dirigeants de Paris auprès
des dirigeants roumains, afin d’imposer les intérêts économiques et financiers de
146
quelques groupes industriels français. Au sujet de la question de la ratification
de la Convention sur la Bessarabie, Duca s’exprime dans ces termes : « Le
Gouvernement de Bucarest ne comprend pas l’attitude de la France dans le
problème de la Bessarabie et, plus particulièrement, les raisons pour lesquelles
Henri Béranger, dont la mauvaise réputation est bien connue dans les milieux
diplomatiques internationaux, a été chargé par les dirigeants de Paris de
147
s’occuper du différend, qui opposent la Roumanie et la Russie soviétique. »
146
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds, România (1921-1934), No. 358 : Note
de Ion Gh. Duca pour la Légation de Roumanie à Paris, p. 370 (Trad. du
roumain).
147
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds România (1921-1934), No. 358 : Note
de Ion Gh. Duca à la Légation de Roumanie à Paris, p. 376 (Trad. du roumain).
148
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 133 : Note de la
Légation de Roumanie à Paris au gouvernement de Bucarest, p. 13.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
149
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 133 :
Télégramme de Ion Gh. Duca à Raymond Poincaré, 27 janvier 1924, p. 17.
150
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 133 :
Télégramme de Ion Gh. Duca à Raymond Poincaré, 27 janvier 1924, p. 17.
151
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 133 : Note sur
les discussions avec Montagu Norman, Gouverneur de la Banque d’Angleterre,
p. 20.
69
152
gouvernement de Bucarest. En effet, les différentes lois votées par les
dirigeants roumains durant l’été 1924 et, plus particulièrement, la loi des mines
suscitent une forte opposition dans les milieux politiques et financiers de la City,
qui excluent toute participation à l’émission d’un emprunt roumain sur le marché
153
anglais. Le 5 septembre 1924, Nicolae Titulescu, Ministre de Roumanie à
Londres, signale aux dirigeants de Bucarest que les banques anglaises
pourraient changer d’avis s’ils décideront de modifier la loi des mines en faveur
154
de la participation des capitaux étrangers dans l’industrie pétrolière roumaine.
Toutefois, le 20 septembre 1924, le Gouverneur Norman annonce le
gouvernement de Bucarest que l’emprunt ne pourra pas être conclu en Grande
Bretagne car « les milieux financiers de la City refusent même d’aborder la
155
question d’un éventuel emprunt roumain sur le marché anglais. » Les
principales raisons invoquées par la diplomatie anglaise sont que les dirigeants
de Bucarest mènent une politique offensive et provocatrice à l’égard de la
Hongrie et de la Bulgarie et que l’aide financière demandée constituerait une
véritable menace pour la paix et la reconstruction économique de l’Europe
156
centrale. Il faut également préciser que l’opinion publique anglaise est hostile à
la Roumanie car, ainsi que le souligne le Ministre de France à Londres, ce pays
fait partie des vainqueurs de la Première Guerre mondiale et a bénéficié d’un
157
important agrandissement territorial. « À ce titre, note le Ministre français, elle
152
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 133, Note sur
les discussions avec Montagu Norman, Gouverneur de la Banque d’Angleterre,
p. 20.
153
Dans un télégramme envoyé à Vintila Bratianu le 16 mai 1924, Nicolae
Titulescu, Ministre de Roumanie en Grande-Bretagne, avait insisté sur le
mécontentement des milieux politiques et financiers anglais à l’égard des lois
envisagées par les frères Bratianu durant l’été1924.
154
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Anglia, Vol. 39 : Télégramme de
Nicolae Titulescu, Ministre de Roumanie en Grande-Bretagne, à Ion Gh. Duca,
Ministre des Affaires Etrangères, le 5 septembre 1924, pp. 1245
155
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Anglia, No. 39 : Télégramme de
Nicolae Titulescu à Ion Gh. Duca, le 20 septembre 1924, pp. 1247.
156
CARMI, La Grande Bretagne et la Petite Entente, p. 92.
157
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 201 : Télégramme du Ministre de France à
Londres au Quai d’Orsay au sujet de la visite du roi Ferdinand à Londres, le 16
mai 1924, p. 337.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
158
est suspecte et doit être surveillée. » Le télégramme envoyé à Paris par le
représentant de la diplomatie française à Londres nous renseigne également sur
l’image de la Roumanie en Grande-Bretagne. La manière, dont l’opinion publique
anglaise perçoit la Roumanie, est très ambiguë et illustre, de notre point de vue,
l’attitude manifestée par les dirigeants britanniques à l’égard de la Roumanie tout
le long de l’entre-deux-guerres. D’éventuelle poudrière à un eldorado, la
Roumanie « ne représente à ses yeux [l’opinion publique anglaise] qu’une vague
partie de cet inquiétant et attirant Orient européen, chaos effervescent, mais
riche en potentiel économique dont on ne sait s’il faut surtout redouter l’explosion
159
ou convoiter l’exploitation. »
158
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 201 : Télégramme du Ministre de France à
Londres au Quai d’Orsay au sujet de la visite du roi Ferdinand à Londres, le 16
mai 1924, p. 337.
159
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 201 : Télégramme du Ministre de France à
Londres au Quai d’Orsay au sujet de la visite du roi Ferdinand à Londres, le 16
mai 1924, p. 337.
160
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds România, No. 368 : Note sur
l’évolution économique de la Roumanie, p. 3471.
71
Comme une dernière tentative pour consolider leur position politique les frères
Bratianu décident de réaliser l’assainissement du système monétaire roumain,
dont l’instabilité paralysait de plus en plus l’activité économique et commerciale
161
du pays. Il convient de préciser que la monnaie roumaine, le leu , enregistrait
depuis la fin de la Première Guerre mondiale une forte dépréciation. A titre
162
d’exemple, en 1922, il avait perdu 97% de sa valeur d’avant-guerre.
161
Leu (sg.), Lei (pl.). La valeur du leu-or de l’ancien Royaume de Roumanie est
de 0,3226 gramme avec le titre de 9/10. Jusqu’en 1914, 1 franc suisse
équivalait à 1 leu-or; 1 dollar équivalait à 5,18 lei et 1 livre sterling équivalait à
25,25 lei.
162
ARSENOVICI, Tiberiu, La stabilisation monétaire de la Roumanie, Paris,
Jouve & Cie, 1930, p. 40.
163
Sur cette quation, voir SAIZU, Politica economica a României între 1922 si
1928, pp. 164-165.
164
Voir Annexe V : Gouverneurs de la Banque Nationale de Roumanie, 1919-
1937.
165
Diplômé de la Faculté de Droit de Paris, Mihail Oromolu est nommé
er
Gouverneur de la Banque Nationale de Roumanie le 1 janvier 1922, fonction
qu’il occupera jusqu’au 31 décembre 1926. Mihail Oromolu est successivement
membre du Parti Conservateur, du Parti Conservateur Démocrate et du Parti
National Libéral.
166
L’Etat roumain reprend en 1925 sa participation au capital de la Banque
Nationale, participation abandonnée en janvier 1901.
167
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1926 : Memoriul
Bancii Nationale a României privitor la stabilizarea monetei românesti si
finantarea recoltei anului 1926, le 19 juin 1926, p. 10.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
168
Nationale de Roumanie. La somme des billets à retirer chaque année de la
circulation doit être établie par le Ministère des Finances en collaboration avec la
Banque Nationale. Cette dernière est tenue à augmenter son encaisse
métallique par l’acquisition de nouvelles ressources d’or et de devises, ainsi qu’à
respecter l’interdiction d’accorder tout nouvel emprunt à l’État pendant une
période de vingt ans.
168
SAIZU, Politica economica a României între 1922 si 1928, p. 165.
169
ARSENOVICI, La stabilisation monétaire, p. 54.
170
ARSENOVICI, La stabilisation monétaire, pp. 48-50.
171
Le Général Alexandru Averescu (1859-1938) fonde en avril 1918 le
mouvement politique la Ligue du Peuple (Liga Poporului) qui, se transforme en
1920 en Parti du Peuple. Cette formation politique regroupe notamment des
anciens combattants de la Première Guerre mondiale et, ainsi que le souligne
Henri Prost, « tous les mécontents ». Il convient également de préciser que
Averescu avait déjà assuré le gouvernement de la Roumanie à deux reprises :
11 février - 18 mars 1918 et 13 mars -17 décembre 1921.
172
TOYNBEE, Arnold, Survey of international affaires (1927), London, Oxford
University Press, 1929, pp. 160-163.
73
Henri Prost, un observateur français résidant à Bucarest durant les années vingt,
173
confirme également cette hypothèse.
173
PROST, Henri, Destin de la Roumanie (1918-1954), Paris, Berger-Levrault,
1954, pp. 29-30.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
174
SAIZU, Politica economica a României între 1922 si 1928, pp. 90-91.
175
SAIZU, Politica economica a României între 1922 si 1928, pp. 90-91.
176
SAIZU, Politica economica a României între 1922 si 1928, pp. 90-91.
177
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Fonds
Privés : Sir Arthur Salter’s Papers, S 123 : Article publié par le journal roumain
Progresul (le Progrès), le 10 avril 1926.
75
178
de revalorisation du leu. « La Roumanie, déclare le Gouverneur Oromolu, doit
immédiatement abandonner la politique d’exclusion du capital étranger suivie
179
jusqu’ici car elle signifie la ruine du pays. »
178
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds România, Vol. 358 (Probleme
economice, 1921-1934) : Déclaration sensationnelle du Gouverneur de la
Banque Nationale de Roumanie, Mihail Oromolu, le 26 octobre 1926, p. 170.
179
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds România, Vol. 358 (Probleme
economice, 1921-1934) : Déclaration sensationnelle du Gouverneur de la
Banque Nationale de Roumanie, Mihail Oromolu, le 26 octobre 1926, p. 170.
180
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 (România si
împrumutul pentru stabilizare, Transa I, 1928-1930) : Télégramme de Nicolae
Petrescu-Comnen au Président du Conseil roumain, le Général Alexandru
Averescu, le 30 avril 1926, p. 90.
181
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 (România si
împrumutul pentru stabilizare, Transa I, 1928-1930) : Télégramme de Nicolae
Petrescu-Comnen au Président du Conseil roumain, le Général Alexandru
Averescu, le 30 avril 1926, p. 91.
182
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 (România si
împrumutul pentru stabilizare, Transa I, 1928-1930) : Télégramme de Nicolae
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Il apparaît, ainsi, que le retrait des frères Bratianu ouvre une nouvelle étape dans
l’évolution économique de la Roumanie. L’introduction d’une nouvelle politique
économique et, notamment, l’initiative de Averescu d’ouvrir la Roumanie aux
capitaux étrangers déterminent les milieux financiers et industriels occidentaux à
186
changer leur attitude à l’égard des dirigeants de Bucarest. Dans le
gouvernement formé le 31 mars 1926, le général Averescu confie les Finances à
Ion Lapedatu, les Affaires Étrangères à Ion Mitileniu et l’Intérieur à Octavian
Goga.
ainsi que le démontrent les documents d’archives, s’interrogent sur l’impact et les
conséquences d’un éventuel rapprochement entre la Roumanie et l’Italie sur
l’influence politique et diplomatique, acquise par la France dans ce pays depuis
la fin de la guerre. La Tchécoslovaquie et la Yougoslavie, les deux autres alliés
de la Roumanie dans le cadre de la Petite Entente, expriment également leur
inquiétude à l’égard des orientations politiques des dirigeants de Bucarest car la
conclusion d’un accord politique et militaire avec l’Italie affaiblirait leur alliance.
Néanmoins, la nommination de Ion Mitilineu aux Affaires Etrangères qui, ainsi
187
que Henri Prost note, est « un des amis les plus éprouvés de la France »
dissipe quelque peu les inquiétudes des diplomaties française, tchécoslovaque
188
et yougoslave.
187
PROST, Destin de la Roumanie, pp. 29-30.
188
Archives du MAEF, Paris, Z Roumanie, 37, Télégramme de Billy, le 2 avril
1927, p. 60 : « Le Ministre des Affaires Etrangères, au nom du nouveau
gouvernement, m’a dit que la politique étrangère du cabinet serait entièrement
conforme à celle de MM. Take Ionescu et Duca, c’est-à-dire qu’elle s’appuierait
sur les Grands Alliés et, en première ligne, sur la France. M. Mitilineu a ajouté
qu’il souhaitait vivement, comme son prédécesseurs, que Votre Excellence
puisse se trouver bientôt à même de signer le traité franco-roumain ».
189
TOYNBEE, Survey of international affaires (1927), pp. 160-163.
190
Il convient de rappeler que l’Italie n’a pas reconnu à Sèvres, en octobre 1920,
l’union de la Bessarabie avec la Roumanie.
191
TOYNBEE, Survey of international affaires (1927), pp. 160-163 et STANCIU,
Laura, « Italian multinational banking in interwar east central Europe », in
Financial History Review 7, 2000, pp. 45-66.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Hongrie et la Roumanie. Ce projet, ainsi que le souligne Traian Sandu, avait pour
principal objectif de rendre de la cohérence économique à l’espace danubien
192
sous l’égide italienne. Par le ralliement de la Roumanie au camp bulgaro-
hongrois, Mussolini détruirait la Petite Entente et l’implicitement l’influence
française en Europe centrale et modifierait les frontières avec la Yougoslavie en
193
sa faveur.
Après avoir obtenu l’accord de Mussolini pour l’émission sur le marché italien
d’un emprunt roumain, le général Averescu se rend à Rome le 15 juin 1926, où il
devait rencontrer les dirigeants de la Azienda Generali Italiana di Petroli (AGIP).
Cette société, dont l’intérêt pour l’industrie pétrolière roumaine ne peut être
négligé, s’est, en effet, engagée à accorder à la Roumanie un emprunt de 200
194
millions de lires italiennes, au taux d’intérêt de 7%. « Cet emprunt, ainsi que
précise la Convention signée par la Azienda Generali Italiana di Petroli et
Alexandru Averescu, ne comporte aucune garantie spéciale de la part du
195
gouvernement roumain car il constitue un emprunt de pure confiance. » En
contrepartie, les dirigeants de Bucarest doivent s’engager d’utiliser, sur le produit
de l’emprunt, la somme de 170.410.000 millions de lires italiennes pour le
paiement des commandes de matériel de guerre et d’équipement pour les
196
chemins de fer, effectuées en Italie avant la conclusion de cet emprunt. La
Roumanie ne reçoit dans ces circonstances qu’un montant de 29.590.000
millions de lire italiennes. Quant au reboursement de ce crédit, la Azienda
Generali Italiana di Petroli autorise la Roumanie à effectuer les paiements sur
192
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, p. 263.
193
Au sujet des divergences entre l’Italie et la Yougoslavie en lien avec la
délimitation de leurs frontières, voir TOYNBEE, Survey of international affaires
(1927), pp. 164-169.
194
STÂNGACIU, Anca, Capitalul italian în economia româneasca între anii
1919-1939 (Le capital italien dans l’économie roumaine durant les années 1919-
1939), Cluj-Napoca, EFES, 2004, pp. 30-32.
195
DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a României, p. 562.
196
DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a României, p. 563.
79
197
une période de dix ans, soit en espèces, soit en produits pétroliers. Pour
justifier cette exigences auprès des milieux politiques roumains, le général
Averescu s’exprime dans ces termes : « Cette clause nous permettra de payer
chaque fois que notre intérêt l’exigera, et seulement alors, en produits de pétrole
198
dont dipose l’État soit à titre de redevances, soit de tout autre source. » Par la
même occasion, le gouvernement italien propose aux dirigeants de Bucarest un
deuxième crédit 100 millions de lires, dont le produit doit être entièrement destiné
199
à l’achat en Italie d’équipement pour les industries et l’agriculture roumaine.
Toutefois, ce crédit ne sera jamais accordé à la Roumanie par manque de
moyens financiers.
197
DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a României, p. 563.
198
DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a României, p. 562.
199
DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a României, p. 563.
200
SAIZU, Politica economica a României între 1922 si 1928, p. 185.
201
SAIZU, Politica economica a României între 1922 si 1928, p. 185.
202
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Italia, Vol. 62 : Extrait d’un article
publié par Il Momento, le 5 août 1926, p. 27.
203
STÂNGACIU, Capitalul italian în economia româneasca, pp. 194-194.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
204
Créée en 1921, la Foresta Româna est une filiale de la société Foresta S.A.
Milan. Cette dernière a été constituée en 1919 sous l’égide de la Banca
Commerciale Italiana et de Camillo Castiglioni afin de prendre le contrôle de
nouvelles industries forestières de l’Europe centrale.
205
Sur la participation des capitaux italiens à l’industrie forestière roumaine, voir
STÂNGACIU, Capitalul italian în economia româneasca, pp. 72-107.
206
Les capitaux italiens, représentés par la Banca Commerciale Italiana et
Camillo Castiglioni, détiennent, durant les années vingt, 84% du total des
capitaux investis dans cette fabrique de wagons et de locomotives.
207
Sur cette question, voir STÂNGACIU, Capitalul italian în economia
româneasca, pp. 107-116.
208
STANCIU, « Italian multinational banking in interwar east central Europe »,
pp. 61-62.
209
Sur cette question, voir SAIZU, Politica economica a României între 1922 si
1928, pp. 185-186.
210
SAIZU Politica economica a României între 1922 si 1928, p. 184.
81
211
qu’une aide très limité. » Les réactions et les critiques des milieux politiques
roumains donnent un support au discours de la diplomatie française, qui
accentue ses pressions sur le gouvernement Averescu. La rencontre du 5
novembre 1926 entre Aristide Briand et Constantin Diamandy, le chef de la
diplomatie française et, respectivement, le Ministre de Roumanie à Paris, se
termine par un véritable ultimatum : Bucarest doit prouver que l’entente avec la
France demeure la base essentielle de sa politique et que le rapprochement
212
avec l’Italie reste artificiel.
Malgré les efforts de Diamandy, le général Averescu, encouragé par son Ministre
de l’Intérieur Octavian Goga, refuse de faire marche arrière et s’engage à
entamer les négociations pour la conclusion d’une alliance politique et
213
économique avec la Hongrie et la Bulgarie. Néanmoins, le rapprochement
italo-roumain sera remis en question le 5 avril 1927 par la signature du traité
d’amitié italo-hongrois, auquel la Roumanie n’a pas été invitée à participer. Du
fait de la contestation hongroise de l’unification avec la Transylvanie et de la non-
ratification de la Convention sur la Bessarabie, Averescu se voit obligé de
changer son attitude à l’égard de l’Italie et implicitement à l’égard de la France.
L’attitude favorable à l’alliance avec la Hongrie et la Bulgarie a été, de notre point
de vue, une stratégie des frères Bratianu, que Averescu a mis en œuvre, à la fois
pour apprécier les bénéfices que la Roumanie pourrait obtenir d’un éventuel
rapprochement avec l’Italie et pour déterminer la France à intervenir
financièrement dans le développement économique de la Roumanie, ainsi qu’à
ratifier la Convention sur la Bessarabie. Le 12 mai 1927, à la conférence de la
Petite Entente de Jachimov, en Tchécoslovaquie, la Roumanie réaffirmera son
appartenance à la Petite Entente et au système de sécurité français.
211 er
ARGUS, 1 octobre 1926, cité par SAIZU, Politica economica a României
între 1922 si 1928, p. 186 (Trad. du roumain).
212
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, pp.
267-275.
213
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, pp.
267-275.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
214
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1926 : Memoriul
Bancii Nationale a României privitor la stabilizarea monetei românesti si
finantarea recoltei anului 1926, (Le mémoire de la Banque Nationale de
Roumanie sur la stabilisation de la monnaie roumaine et le financement de la
récolte de 1926), le 19 juin 1926, pp. 8-21.
215
MOREAU, Emile, Souvenirs d’un gouverneur de la Banque de France.
Histoire de la stabilisation du Franc (1926-1928), Paris, Ed. M.- Génin, 1954, pp.
119-120.
216
MOREAU, Souvenirs d’un gouverneur de la Banque de France, pp. 119-120.
83
217
Ion Lepedatu et le Président du Conseil le général Averescu. Le journal
roumain Cuvântul (Le Mot) présente dans son édition du 7 novembre 1926 la
visite du représentant de la Société des Nations, qui doit se renseigner sur la
situation monétaire et fiancière du pays, ainsi que sur la participation de la
218
Roumanie à la réorganisation économique de l’Europe centrale. Sans donner
d’avis officiel sur la situation monétaire et financière de la Roumanie, car le
gouvernement Averescu n’a fait aucune démarche auprès de la Société des
Nations, Salter conseille aux dirigeants de Bucarest de solliciter officiellement
l’intervention technique et financière de l’institution de Genève. Les querelles
politiques internes, le désordre financier et notamment l’influence de la famille
Bratianu sur la Banque Nationale de Roumanie expliquent, ainsi que le souligne
219
Anne Orde, l’attitude de Salter.
217
Archives de la SdN, Genève, Fonds privés : Fonds privés : Sir Arthur Salter
Papers, S 123, No. 19 : Report on economic and financial situation of Romania.
Sur cette question, voir également SAIZU, Politica economica a României între
1922 si 1928, p. 184.
218
Archives de la SdN, Genève, Fonds privés : Sir Arthur Salter Papers, S 123,
No. 19 : Report on economic and financial situation of Romania, Cuvântul, le 7
novembre 1926.
219
ORDE, Anne, British policy and European reconstruction after the First World
War, Cambridge, Cambridge University Press, 1990.
220
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : le Frankfurter Zeitung : Vers la stabilisation du leu roumain, le
16 novembre 1926 (compte rendu de l’article transmis à la BdF).
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Durant le mois de novembre 1926, les dirigeants de Bucarest font également des
démarches auprès de la banque anglaise Schroders pour l’émission sur le
222
marché anglais d’un emprunt roumain. Ainsi, le 26 novembre 1926, Frank
Tiarks, un des directeurs de Schroders, se rend à Bucarest afin d’examiner les
possibilités d’accorder à la Roumanie un crédit de 30 millions de livres.
Schroders envisageait de prendre comme banquier de la Roumanie, la place
détenue avant la Première Guerre mondiale par la Disconto-Gesellschaft.
Rappelons que Schroders avait des intérêts financiers considérables dans ce
pays, par suite de l’achat d’un montant important de titres roumains d’avant-
guerre, qui avaient été placés sur le marché allemand par la Disconto-
223
Gesellschaft. Dès la fin de la guerre, les autorités de Bucarest, s’appuyant sur
les dispositions du Traité de Versailles (article 297 B) relatives à l’annulation des
créances détenues par les banques allemandes sur la Roumanie, refusaient de
reconnaître et de racheter les titres détenus par la banque anglaise car ils étaient
224
présumés appartenir à l’Allemagne.
221
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : le Frankfurter Zeitung : Vers la stabilisation du leu roumain, le
16 novembre 1926 (compte rendu de l’article transmis à la BdF).
222
BUSSIERE, Eric, « Jean Monnet et la stabilisation monétaire de 1929 : un
« outsider » entre l’Europe et l’Amérique » in BOSSUAT, Gérard et Wilkens,
Andres (éds.), Jean Monnet, l’Europe et les chemins de la paix, Paris,
Publications de la Sorbonne, 1999.
223
COTTRELL, Philip, « Central bank co-operation and Romanian stabilisation,
1926-1929 » in GOURVISH, Terry (ed.), Business ans Politics in Europe, 1900-
1970, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, pp. 110-113.
224
COTTRELL, Philip, « Central bank co-operation and Romanian stabilisation,
1926-1929 », pp. 110-113.
85
225
roumaines. Ainsi, un consortium allemand dirigé par la Disconto-Gesellschaft
approche le gouvernement roumain en mai 1927 en lui proposant un prêt de 200
millions de reichsmarks pour la stabilisation de la monnaie et la réorganisation
226
des chemins de fer. L’action des banques allemandes s’inscrit dans les efforts
de la diplomatie allemande de résoudre les problèmes financiers, qui opposent la
227
Roumanie et l’Allemagne depuis la fin de guerre. Le règlement des différends
financiers entre les deux pays et, notamment, de ceux liés à l’émission des « lei
Generali » par la Banque Générale de Roumanie durant l’occupation de l’ancien
Royaume par l’armée allemande, a pour principal objectif la reprise des
échanges économiques et commerciaux entre les deux pays. Rappelons que la
Banque Générale de Roumanie est chargée dès janvier 1917 par les autorités
militaires allemandes d’émettre dans les régions occupées de l’ancien Royaume
de Roumanie (la Valachie et l’Olténie) une nouvelle monnaie, de même
dénomination et de même valeur que celle émise par la Banque Nationale. Cette
nouvelle monnaie, appelée donc leu, dont le cours était déterminé par les
Empires Centraux, devient jusqu’en novembre 1918 le seul moyen de paiement
228
pour tout le territoire occupé. De janvier 1917 à novembre 1918, un montant
total de 2.173.000.000 milliards de lei sont mis en circulation par l’Administration
militaire allemande. En ce qui concerne les avantages de cette nouvelle devise
pour l’Allemagne, le Directeur technique de la section d’émission de la Banque
Générale de Roumanie s’exprime dans ces termes : « La création de cette
section d’émission a présenté des avantages extraordinaires pour les
225
Sur cette question, voir DIOURITCH, Georges, L’expansion des banques
allemandes à l’étranger : ses rapports avec le développement économique de
l’Allemagne, Paris, A. Rousseau, 1909.
226
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 (1928-
1930) : Télégramme de la Légation de Roumanie à Londres au Gouvernement
roumain, le 2 juin1927, p. 201.
227
L’arrivée au pouvoir du général Alexandru Averescu avait déterminé, ainsi
que le souligne Ioan Saizu, la volonté de la diplomatie allemande de résoudre
les différends financiers avec la Roumanie et de consolider les relations
économiques entre les deux pays. Voir SAIZU, Politica economica a României
între 1922 si 1928, pp. 182-183.
228
Les émissions de ce papier-monnaie sont couvertes par un dépôt à la
Reichsbank soit en marks, soit en couronnes-papier à raison de 100 marks pour
125 lei.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
229
Archives SDN, Genève, Section économique et financière, R 310 : Mémoire
sur le rôle de la Société des Nations, de la Commission des Réparations et des
États d’Occident dans le relèvement de l’Europe Orientale exposé d’après
l’exemple de la Roumanie, p. 110.
230
Le cours d’un « leu Generali » est fixé à un leu de la Banque Nationale de
Roumanie.
231
Archives de la BdF, Missions financières en Roumanie, No. 1370200006/13 :
Réclamation roumaine au sujet des émissions de Lei de la Banque Générale de
Roumanie pendant l’occupation allemande.
232
Les négociations pour le règlement des différends financiers qui opposent la
Roumanie et l’Allemagne échouent en raison des difficultés de trouver un accord
sur le montant que l’Allemagne devait payer la Roumanie. Selon les évaluations
allemandes, le remboursement des « lei generali » est estimé à 750 millions de
lei-or, alors que les dirigeants de Bucarest exigent la somme d’un milliard de lei-
or.
87
233
Après l’expiration du mandat de Mihail Oromolu le 16 janvier 1927, Dimitrie
Burillianu est nommé à la tête de la Banque Nationale de Roumanie, fonction
qu’il occupera jusqu’au 10 mars 1932.
234
Archives de la BdF, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Leu improvement, Government to Stabilise Exchange at its
Natural Level, Statement by Dimitrie Burileano in The Financial News, le 29
mars 1927.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
235
de réorganisation des chemins de fer roumains. Cet accord prévoit
l’engagement du Groupement Roumanie de fournir aux dirigeants de Bucarest
tout le matériel et les équipements nécéssaires pour la reconstruction et le
développement du réseau féroviaire roumain. Quant à son financement, la
Roumanie obtiendrait une importante aide financière française, dont le montant
devait être établi, qu’elle utilisera pour le paiement de toutes les commandes
236
effectuées auprès des industries françaises.
235
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/4 : Note relative à la pénétration économique française en
Roumanie, le 7 décembre 1928, pp. 1-4.
236
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/4 : Note relative à la pénétration économique française en
Roumanie, le 7 décembre 1928, pp. 1-4.
237
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre E. Metzger à Raymond Poincaré, le 10 décembre 1928.
89
Les efforts du général Averescu d’obtenir une aide financière internationale pour
promouvir le développement de l’économie roumaine reçoivent un coup d’arrêt le
4 juin 1927. Dans l’impossibilité de réaliser un gouvernement d’union nationale,
ainsi que l’avait exigé le roi Ferdinand, le général Alexandru Averescu se voit
239
obligé de démissioner.
Selon Traian Sandu, cette démission est entièrement organisée par Ionel et
Vintila Bratianu, qui mettent en avant, pour faire passer leurs trucages
électoraux, les excès italophiles et le risque d’un régime autoritaire du général
240
Averescu. Les frères Bratianu ont soutenu la nomination de Averescu à la tête
du gouvernement, le 30 mars 1926, afin de pouvoir refaire leur popularité, ainsi
que d’éviter les critiques et les attaques directes de la véritable opposition
populaire qui se met en place durant l’année 1926, par la fusion du Parti National
241
Paysan et du Parti National de Transylvanie au sein du Parti National Paysan.
Le 19 juin 1927, Ionel Bratianu est chargé de nouveau par le roi Ferdinand de
constituer un gouvernement libéral, qui entrera en fonction le 22 juin 1927.
238
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre E. Metzger à Raymond Poincaré, le 10 décembre 1928.
239
PROST, Destin de la Roumanie, pp. 30-31.
240
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, p. 281.
241
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, p. 281.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Dès leur retour au pouvoir, les frères Bratianu annoncent l’introduction d’une
nouvelle politique économique et financière, basée essentiellement sur le
développement du secteur agricole et l’ouverture du pays aux capitaux
étrangers. L’importance que Ionel et Vintila Bratianu accordent à l’agriculture,
ainsi que l’annonce de la collaboration avec la finance étrangère s’expliquent par
le fait qu’ils souhaitent consolider leur position au détriment du Parti National
Paysan, dont les attaques et les critiques devenaient de plus en plus
242
violentes. Cette formation politique exige, dès sa création en octobre 1926 par
la fusion du Parti National Paysan de Ion Mihalache et du Parti National de
Transylvanie de Iuliu Maniu, l’éloignement du Parti National Libéral de la vie
243
politique et économique de la Roumanie.
242
Archives de la BdF, Paris, Missions française françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Virgil MADGEARU, La situation politique en Roumanie, Alba
Iulia, mai 1928, pp. 1-22 et SAIZU, Politica economica a României între 1922 si
1928, pp. 188-189.
243
Archives de la BdF, Paris, Missions françaises françaises en Roumnaie, No.
1370200006/13 : Virgil MADGEARU, La situation politique en Roumanie, Alba
Iulia, mai 1928, p. 12.
244
DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a României, pp.
570-571.
91
245
DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a României, p. 571.
246
Professeur de droit international aux Universités de Bucarest et de Iasi,
Nicolae Titulescu (1882-1941) devient à l’issue de la Première Guerre mondiale
un personnage politique d’envergure européenne. Parmi les principales
fonctions occupées par Titulescu durant les années 1919-1935, nous
mentionnons celles de Ministre des Finances (décembre 1918 - septembre
1919), de Ministre de Roumanie à Londres (janvier 1922 - juin 1927 et
novembre 1928 - 1932), de Ministre des Affaires Etrangères (juin 1927 -
novembre 1928 et 1923 - 1936) et de représentant de la Roumanie auprès de la
Société des Nations. En 1936, Nicolae Titulescu est démis de toutes ses
fonctions officielles par le roi Carol II et il est obligé de quitter le pays pour la
Suisse et, ensuite, pour la France. Il décédera quelques années plus tard en
1941 à Cannes.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
1. Les démarches effectuées par Vintila Bratianu pour l’obtention d’un emprunt
international pour le développement économique de la Roumanie, juin 1927 -
décembre 1927
Pressés d’obtenir une aide financière internationale pour mettre en œuvre leur
nouveau programme économique, les frères Bratianu décident de s’adresser à la
Grande-Bretagne. Pour ce faire, Vintila Bratianu, renommé Ministre des
Finances, se rend à Londres en juillet 1927 afin de se renseigner sur les
conditions et les exigences des milieux financiers de la City pour l’émission d’un
éventuel emprunt roumain sur le marché anglais. Dans une entrevue avec le
Gouverneur de la Banque d’Angleterre, Montagu Norman, le Ministre roumain
des Finances révèle le programme économique, adopté par son gouvernement,
et il insiste sur l’importance de la collaboration avec les capitaux étrangers pour
assurer le développement du pays. Vintila Bratianu souligne l’importance que
son gouvernement attache à la réorganisation et au développement des chemins
de fer roumains, qui représentent un véritable obstacle pour la normalisation des
échanges économiques et commerciaux internes et internationux de la
Roumanie. C’est un projet de grande envergure, dont la réalisation exige de
considérables moyens financiers. La construction de nouvelles lignes
ferroviaires, l’achat de matériel et des équipements ferroviaires, l’agrandissement
et l’équipement des ports et des centres de transit représentent une nécessité
247
pour le bon fonctionnement du réseau ferroviaire roumain. Après avoir
démandé des précisons sur la situation monétaire et financière de la Roumanie,
le Gouverneur Norman conseille Vintila Bratianu de s’adresser à la Société des
Nations. Cette dernière représente, ainsi que le souligne Norman, la seule
institution en mesure d’accorder à la Roumanie une aide financière pour le
développement économique du pays. Montagu Norman évoque le cas de la
Hongrie qui, en juin 1924, avait obtenu par le truchement de la Société des
247
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, R 310 :
Mémoire sur le rôle de la Société des Nations, de la Commission des
Réparations et des Etats d’Occident dans le relèvement de l’Europe orientale.
Exposé d’après l’exemple de la Roumanie, Mémoire présenté par Nicolae
Titulescu à la Société des Nations, décembre 1924, pp. 20-21.
93
Salter, déjà averti par Montagu Norman des démarches effectuées par les
dirigeants roumains auprès de la Banque d’Angleterre, informe Vintila Bratianu
que la Société des Nations pourrait effectivement participer financièrement au
processus de développement économique de la Roumanie. Par la même
occasion, Salter fait savoir au gouvernement de Bucarest que l’émission d’un
emprunt roumain sous l’égide de la Société des Nations implique le respect de
certaines conditions et exigences. Ces conditions, ainsi que le précise Salter,
sont en lien avec la stabilisation de la monnaie roumaine, le leu. La Société des
Nations subordonne sa participation à l’émission de tout emprunt roumain à
250
l’engagement des dirigeants de Bucarest de réaliser la stabilisation monétaire.
Selon Salter, cet engagement permettra au gouvernement de consolider le crédit
international de la Roumanie et d’obtenir de meilleures conditions pour l’émission
d’un emprunt international. Face à la reticence de Vintila Bratianu d’accepter la
248
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Extrait d’une lettre de Charles Rist à Pierre Quesnay, le 13
septembre 1927, pp. 1-6.
249
Arthur Salter est Directeur du Comité économique et financier de la Société
des Nations.
250
Sur cette question, voir Archives de la BdF, Paris, Missions financières
françaises en Roumanie, No. 1370200006/13 : Extrait d’une lettre de Charles
Rist à Pierre Quesnay, le 13 septembre 1927, pp. 1-2.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
stabilisation du leu, Arthur Salter, soutenu également par Otto Niemeyer et Henry
Strakosch, met l’accent sur les difficultés de la Roumanie d’obtenir une aide
financière internationale sans réaliser la stabilisation monétaire.
Peu convaincu par les arguments relatifs à la stabilisation du leu, Vintila Bratianu
demande à Salter d’ajourner les négociations de la Roumanie avec la Société
des Nations afin de pouvoir consulter son gouvernement au sujet de la
stabilisation monétaire. Le mécontentement, voire la déception, du Ministre
roumain des Finances à l’égard des exigences formulées par la Société des
Nations sont minutieusement décrits par le sous-Gouverneur de la Banque de
France, Charles Rist, dans la lettre envoyée le 13 septembre 1927 à Pierre
251
Quesnay, Directeur des Études Économiques de la Banque de France. Dans
cette lettre, Rist fait le compte-rendu de l’entrevue privée qu’il a eu à Genève
avec le Ministre roumain des Finances, le 9 septembre 1927. Ce dernier, ayant
sollicité une rencontre inopinée avec Rist, explique les raisons de sa présence à
la Société des Nations, ainsi que le résultats des discussions avec Sir Arthur
Salter. Bratianu souligne le fait que son gouvernement ne souhaite pas obtenir
un emprunt international pour la stabilisation monétaire car la réalisation du
programme de développement économique conduira implicitement à la
stabilisation du leu. « Ma stabilisation, affirme Bratianu, se fera toute seule, parce
252
que la productivité du pays sera accrue.»
Aux arguments invoqués par Salter pour réaliser la stabilisation monétaire, tels
que la consolidation du crédit international de la Roumanie et des meilleures
conditions pour l’émission d’un emprunt international, Vintila Bratianu explique à
Charles Rist qu’il ne peut pas accepter ces raisons. Il justifie son refus en
déclarant que : « D’abord, je suis décidé à me fixer un maximum pour les
emprunts étrangers, et, en second lieu, il y a des groupes étrangers (Schroder
251
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Extrait d’une lettre de Charles Rist à Pierre Quesnay, le 13
septembre 1927, pp. 1-6.
252
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Extrait d’une lettre de Charles Rist à Pierre Quesnay, le 13
septembre 1927, p. 2.
95
253
m’a dit Monnet) qui sont disposés à me prêter même sans stabilisation.»
Quant à l’intervention de la Société des Nations en Roumanie, Bratianu se
montre très réticent, voire hostile, à une éventuelle collaboration avec cette
institution en raison du contrôle financier qu’elle instaurerait sur les finances du
pays. Il défend sa position en soulignant les conditions et les méthodes
draconiennes utilisées par la Société des Nations en Grèce, qui a été obligée de
254
réformer sa Banque Nationale. Vintila Bratianu critique également la mission et
l’activité de l’institution de Genève qui, « jusqu’ici, n’a fourni son concours au
relèvement financier que des pays vaincus, de ceux qui n’ont pas su trouver en
255
eux-mêmes l’énergie de se rétablir financièrement.» L’intervention de la
Société des Nations en Roumanie impliquerait, ainsi que Vintila Bratianu précise,
un changement de procédure car « la S.D.N. doit trouver une nouvelle formule
pour les pays comme le mien. Il faut en tout cas qu’elle me convainque moi
256
d’abord que les conditions qu’elle pose sont nécessaires si je dois les faire
accepter par mon pays. Or, j’estime qu’un pays comme la Roumanie ne peut être
257
soumis ni à un Contrôleur ni à un Commissaire. »
253
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Extrait d’une lettre de Charles Rist à Pierre Quesnay, le 13
septembre 1927, p. 2.
254
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Extrait d’une lettre de Charles Rist à Pierre Quesnay, le 13
septembre 1927, p. 2.
255
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Extrait d’une lettre de Charles Rist à Pierre Quesnay, le 13
septembre 1927, p. 2.
256
Souligné dans le texte.
257
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Extrait d’une lettre de Charles Rist à Pierre Quesnay, le 13
septembre 1927, p. 4.
258
Souligné dans le texte.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
259
économique et budgetaire définitivement consolidée. » Pour Rist, les
dirigeants de Bucarest devraient réaliser la stabilisation monétaire avant
d’envisager tout projet de développement économique. Afin de convaicre Vintila
Bratianu d’accepter la stabilisation de la monnaie, Rist évoque le cas de la
Pologne qui, après avoir fait des démarches auprès de la Société des Nations,
s’est adressée à la Federal Reserve Bank de New York pour achever la
stabilisation du zloty. Tout en admettant le point de vue de Rist, le Ministre
roumain se voit obligé de dévoiler les raisons qui empêchent les autorités de
Bucarest d’envisager la stabilisation de la monnaie. Essentiellement d’ordre
moral et politique, les raisons évoquées par Bratianu révèlent l’inquiétude du
Parti National Libéral de rester au pouvoir au détriment des attaques et des
critiques du Parti National Paysan. Pour justifier son opposition à la stabilisation
monétaire, Vintila Bratianu insiste sur les conséquences économiques et
sociales de la stabilisation du leu : « J’ai fait la réforme agraire. Je dois quinze
milliards de lei d’indémnités aux propriétaires, dont la moitié reste à payer et à
trouver par des emprunts. Or, quand j’ai promis ces indemnités il s’agissait de
lei-or. Vais-je par la stabilisation dépouiller deux fois mes proriétaires fonciers ?
Une première fois par l’expropriation à une évaluation déjà assez basse, une
260
deuxième fois par la dévaluation de leur titres-or en titres-papier ? » Il apparaît
clairement que les raisons politiques des dirigeants libéraux l’emportent sur les
intérêts économiques et financiers du pays.
259
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Extrait d’une lettre de Charles Rist à Pierre Quesnay, le 13
septembre 1927, pp. 3-4.
260
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Extrait d’une lettre de Charles Rist à Pierre Quesnay, le 13
septembre 1927, pp. 4-5.
97
261
Leu (sg.), Lei (pl.). Les « lei Generali » sont émis par la Banque Générale de
Roumanie durant l’occupation de l’ancien Royaume de Roumanie par les
armées austro-allemandes de novembre 1916 à novembre 1918.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
262
Cependant, le 22 novembre 1927, dans un entretien avec Louis-Dreyfus ,
Consul général de Roumanie à Paris, Ionel et Vintila Bratianu expriment leur
intention de s’adresser aux marchés américain et français pour l’émission d’un
263
emprunt de deux milliards de francs français. Les démarches entreprises par
la Pologne auprès des banques américaines et françaises dès septembre 1926
en vue de l’émission d’un emprunt international pour la stabilisation du zloty et le
développement économique, nous semblent être à l’origine de la décision des
264
frères Bratianu de se tourner vers les marchés américain et français. Ionel
Bratianu évoque même l’idée d’envoyer immédiatement à Paris Victor Antonescu
afin de commencer les négociations avec les banques françaises. Dans ses
Mémoires, le Gouverneur de la Banque de France, Emile Moreau, écrit avoir
confié à Louis Dreyfus la mission « de suggérer à M. Jean Bratiano d’émettre un
emprunt en France et aux Etats-Unis pour stabiliser le leu, sans passer par le
265
Comité de Genève. »
262
Dans l’ouvrage de MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de
France, p. 422, Louis-Dreyfus est également mentionné comme banquier
négociant en céréales.
263
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
….
264
DUCHÊNE, François, Jean Monnet. The first statesman of interdependence,
New York, London, W.W. Norton & Compagny, p. 47.
265
MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France, p. 422.
266
Rappelons que Ionel Bratianu décède le 24 novembre 1927, par suite des
complications d’une laryngite infectieuse mal soignée. Les causes de son décès
sont très controversées. On affirme même que Ionel Bratianu a été empoisonné
par ses adversaires politiques.
267
Par suite du décès du roi Ferdinand le 20 juillet 1927, le prince Michel, âgé
de cinq ans, est proclamé roi de Roumanie sous l’égide d’un conseil de
Régence. Rappelons que Carol II, le fils aîné du roi Ferdinand, a renoncé à ses
droits à la succession au trône de la Roumanie en 1925, en faveur de son fils
Michel. Le conseil de Régence est composé du prince Nicolae, second fils du roi
99
fonction qu’il cumulera avec la gestion des Finances. Dans son discours
d’investiture, Vintila Bratianu annonce le début des négociations avec les
banques américaines et françaises pour l’émission d’un emprunt international,
destiné à stabiliser le leu et à financer la réorganisation des chemins de fer. Pour
comprendre les enjeux de cette déclaration, il nous semble nécessaire de
préciser le fait que Vintila Bratianu cherche à consolider et à assurer le maintien
268
au pouvoir du Parti National Libéral au détriment du Parti National Paysan.
Après avoir suivi les démarches effectuées par les dirigeants roumains dès juillet
1927 auprès de la Banque d’Angleterre, de la Société des Nations et de la
Disconto-Gesellschaft, le Gouverneur de la Banque de France, Emile Moreau,
est appelé à se prononcer sur les conditions et les exigences du marché français
pour l’émission d’un emprunt roumain. Dans une entrevue avec Poincaré, le 7
novembre 1927, Moreau avait déjà exprimé son intérêt pour l’émission d’un
270
emprunt roumain, visant à réaliser la stabilisation de la monnaie roumaine.
L’objectif principal de son initiative est, ainsi qu’il affirme, de substituer, en
Europe centrale, l’influence de la Banque de France à celle de la Banque
271
d’Angleterre. Tout en approuvant cette initiative qui permettra également à la
France de consolider l’influence acquise dans cette région depuis la fin de la
Première Guerre mondiale, Raymond Poincaré avertit Moreau des éventuelles
difficultés, liées aux questions politiques internes de la Roumanie. Il met l’accent
sur la réticence des dirigeants roumains de stabiliser la monnaie, ainsi que sur
l’opposition acerbe entre le Parti National Libéral et le Parti National Paysan, qui
pourrait affaiblir la position de Ionel Bratianu, voire provoquer un changement de
272
gouvernement. Toutefois, les changements politiques survenus en Roumanie,
par suite du décès de Ionel Bratianu, semblent dissiper toute crainte relative à
l’éloignement des Libéraux du gouvernement en faveur du Nationaux Paysans.
La décision de Vintila Bratianu de réaliser la stabilisation monétaire de la
Roumanie avec l’aide de la Banque de France, au détriment de la Société des
Nations et de la Banque d’Angleterre, donne l’occasion au Gouverneur Moreau
et implicitement à Raymond Poincaré de défendre la position et l’influence de la
Banque de France et celle de la France en Europe centrale.
270
MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France, pp. 421-
422.
271
MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France, p. 422.
272
MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France, p. 422.
101
273
BUSSIERE, Eric, « Jean Monnet et la stabilisation monétaire de 1929 : un
« outsider » entre l’Europe et l’Amérique » in BOSSUAT, Gérard et Wilkens,
Andres (éds.), Jean Monnet, l’Europe et les chemins de la paix, Paris,
Publications de la Sorbonne, 1999, pp. 67.
274
MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France, p. 452.
275
MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France, p. 452.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
276
roumain.» Ce contrôle, ainsi que le précise Emile Moreau, pourra être exercé
par un Français, dont le rôle principal sera de surveiller la politique monétaire de
277
la Banque Nationale de Roumanie.
276
MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France, p. 452.
277
MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France, p. 452.
278
Sur la question de la stabilisation monétaire de la Pologne et, plus
particulièrement, sur les démarches effectuées par les dirigeants de Varsovie
auprès des banques américaines voir PEASE, Neal, Poland, the United States,
and the Stabilisation of Europe, 1919-1933, Oxford, Oxford University Press,
1986, pp. 40-103. Sur cette question, voir également SAYERS, Richard, The
Bank of England, 1891-1914, Vol. I, Cambridge, Cambridge University Press,
1976, pp. 190-191.
279
Sur la question de la participation de la banque américaine Blair & Co. à
l’organisation de l’emprunt polonais de stabilisation monétaire, voir MONNET,
Jean, Mémoires, Paris, Fayard, 1956, pp. 121-124.
280
Archives de la BdF, Paris, Crédit de stabilisation à la Banque de Pologne,
No. 1397199402/11 : Télégramme de Montagu Norman à Emile Moreau, le 11
janvier 1927.
103
281
Archives de la BdF, Paris, Crédit de stabilisation à la Banque de Pologne,
No. 1397199402/11 : Télégramme de Montagu Norman à Emile Moreau, le 17
juin 1927.
282
Cf. PEASE, Poland, the United States, and the Stabilisation, p. 106.
283
DUCHÊNE, François, Jean Monnet. The first statesman of interdependence,
WW. Norton & Company, New York, p. 124.
284
Sur cette question, voir MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque
de France, pp. 390-391 et PEASE, Poland, the United States, and the
Stabilisation, pp. 106-120.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
285
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Lettre de Charles Rist à Vintila Bratianu, le 29 décembre 1927.
286
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
No. 1370200006//6 : Lettre de Charles Rist à Vintila Bratianu, le 29 décembre
1927, pp. 1-3.
105
287
MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France, p. 452.
288
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Lettre du Président du Conseil Ministre des Finances à M. le
Ministre des Affaires Etrangères, le 24 février 1928, p. 7.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
289
Cf. Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
No. 1370200006/6 : Lettre du Président du Conseil Ministre des Finances à M.
le Ministre des Affaires Etrangères, le 24 février 1928, pp. 7-8.
290
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
No. 1370200006/6 : Lettre du Président du Conseil Ministre des Finances à M.
le Ministre des Affaires Etrangères, le 24 février 1928, pp. 7-8.
291
Sur l’activité internationale et la carrière de Pierre Quesnay, voir FEIERTAG,
Olivier, « Pierre Quesnay et les réseaux de l’internationalisme monétaire en
Europe » in DUMOULIN, Michel (éd.), Les réseaux économiques et le
processus de construction européenne, Bern, Peter Lang, 2004, pp. 331-349.
107
À la même date, le 24 janvier 1928, les dirigeants roumains reçoivent aussi Jean
Monnet et Pierre Denis, représentants en France des banques américaines Blair
293
& Co. et Chase Cy. Leur présence à Bucarest s’explique par le fait que la
Roumanie avait pris contact avec les banques américaines en vue de leur
participation à l’émission de l’emprunt roumain. Comme la mission de la Banque
de France, la mission de Monnet et de Denis consiste dans l’étude de la situation
économique et financière du pays, afin de déterminer des possibilités et les
moyens d’organiser l’émisson de l’emprunt roumain sur le marché international,
mais principalement sur le marché américain et accessoirement sur le marché
294
français.
292
Gaston Jèze est professeur de Finances publiques et de Droit public à la
Faculté de Droit de Paris.
293
Sur cette question, voir BUSSIERE, Eric, « Jean Monnet et la stabilisation
monétaire de 1929 : un « outsider » entre l’Europe et l’Amérique » in BOSSUAT,
Gérard et Wilkens, Andres (éds.), Jean Monnet, l’Europe et les chemins de la
paix, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, pp. 63-77, DUCHÊNE, Jean
Monnet. The first statesman of interdependence, 1994, p. 47 et MONNET,
Mémoires, pp. 124-126.
294
Archives BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
No. 1370200006/6 : Lettre du Président du Conseil, Ministre des Finances à M.
le Ministre des Affaires Etrangères, le 24 février 1928.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
295
Archives BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Lettre du Président du Conseil, Ministre des Finances à M. le
Ministre des Affaires Etrangères, le 24 février 1928, p. 2.
296
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6: Lettre de Gaston Leverve à Charles Rist, le 21 janvier 1928
(projet de rapport). Il convient de souligner le fait que les chemins de fer ont été
intégrés jusqu’au 17 juin 1925 dans le Ministère des Travaux Publics et, donc,
leur budget faisait partie du budget général roumain.
109
En s’appuyant sur les rapports de Quesnay, de Jèze et de Leverve, ainsi que sur
l’approbation de Raymond Poincaré, le Gouverneur Moreau décide de
commencer avec l’aide de Charles Rist la préparation du programme d’émission
de l’emprunt roumain. Sur la base de ce programme, la Banque de France devra
s’adresser et inviter la Federal Reserve Bank de New York et les banques
centrales européennes à participer à l’ouverture en faveur de la Banque
Nationale de Roumanie d’un crédit de 20 millions de dollars. Les démarches
effectuées par la Banque de France auprès de différentes banques d’émission
américaine et, notamment, européennes à partir de mars 1928 s’annonce
immédiatement longues et très complexes.
297
La loi du 17 juin 1925 qui accorde aux chemins de fer l’autonomie
administrative et financière n’est pas respectée car les décisions relatives aux
questions de tarifs, de fonctionnement et de politique économique étaient prises
par le Ministère des Communications. Malgrè les modifications apportées à
cette loi, le 13 août 1927, l’autonomie des chemins de fer ne sera que théorique
et elle continuera à être régie par le pouvoir politique. Sur cette question, voir
SAIZU, Politica economica a României între 1922 si 1928, pp. 120-122.
298
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6: Lettre de Gaston Leverve à Charles Rist, le 21 janvier 1928
(projet de rapport), p. 3.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
299
Archives BdF, Paris, Fonds Missions financières françaises en Roumanie,
No. 1370200006/9 : Lettre de Dimitrie Burillianu à Montagu Norman, le 19
décembre 1927, p. 1.
111
sur la présence à Bucarest des banquiers privés, ainsi que sur l’attitude des
dirigeants de la Banque Nationale à l’égard des conventions antérieures
intervenues entre la Banque d’Angleterre et la Banque Nationale de Roumanie.
Provoquant une vive émotion et l’inquiétude des dirigeants de la Banque
Nationale, la lettre de Norman conduit le Gouverneur Burillianu à envisager
d’envoyer à Londres une mission afin de fournir les explications nécessaires et,
éventuellement, trouver une solution susceptible de donner satisfaction au
Gouverneur de la Banque d’Angleterre.
300
Rappelons que Pierre Quesnay se trouvait à ce moment-là à Bucarest.
301
Archives BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Lettre de Dimitrie Burillianu à Montagu Norman, le 10 février
1928.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
302
Archives BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No :
1370200006/9 : Note de Pierre Quesnay à Emile Moreau, le 5 février 1928.
303
Archives BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No :
1370200006/9 : Note de Pierre Quesnay à Emile Moreau, le 5 février 1928, p.7.
304
Archives BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Note de Pierre Quesnay à Emile Moreau, le 5 février 1928.
113
matériels la possibilité d’exercer dans l’intérêt français une influence sur les pays
305
qui ne peuvent pas se passer du concours étranger. »
305
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Note de Raymond Poincaré à Emile Moreau, le 25 février 1928.
306
MOREAU, Souvenirs d’un gouverneur de la Banque de France, p. 505.
307
MOREAU, Souvenirs d’un gouverneur de la Banque de France, p. 507.
308
MOREAU, Souvenirs d’un gouverneur de la Banque de France, p. 512.
309
Archives BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Stabilisation monétaire et développement économique en
Roumanie : Lettre de l’Ambassadeur de France à Londres, de Fleuriau au
er
Ministre des Affaires Etrangères, le 1 août 1928, pp. 1-2.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
310
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Lettre de Charles Rist à George Harrisson, le 25 juillet 1928.
115
premier rang sur l’ensemble des revenus et actifs de l’État, venant après
l’emprunt extérieur de 4% en 1922.
Le 18 mars 1928, Charles Rist et Pierre Quesnay se rendent à New York afin de
présenter au Gouverneur Strong le projet établi par la Banque de France pour
l’émission de l’emprunt roumain de stabilisation monétaire et de développement
économique. Il convient de rappeler que ce voyage est d’une très grande
importance car l’action de la Banque de France en faveur de la Roumanie, ainsi
que le changement de l’attitude de la Banque d’Angleterre à l’égard de cette
opération, dépendent entièrement de la décision des dirigeants de la Federal
Reserve Bank de New York. Des États-Unis, Rist informe à plusieurs reprises les
dirigeants de Bucarest des difficultés de faire connaître la situation économique
et financière réelle de la Roumanie en raison des informations erronées fournies
311
aux dirigeants de la Federal Reserve Bank par la Banque d’Angleterre.
311
Archives de la BdF, Paris, Missions financières en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre de Charles Rist à Vintila Bratianu, le 12 avril 1928.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
312
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Télégramme de Charles Rist à Emile Moreau, le 21 mars
1929.
313
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Télégramme de Charles Rist à Emile Moreau, le 21 mars
1929, p. 1.
314
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre du Gouverneur de la Banque de France au Président de
la Reichsbank, le 14 avril 1928.
117
315
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Coupures de presse (Information) : M. Moreau à Berlin, le 5 mai
1928.
316
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Coupures de presse, M. Moreau à Berlin et l’opinion allemande,
le 5 mai 1928.
317
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre du Président de la Reichsbank au Gouverneur de la
Banque de France, le 5 mai 1928.
318
Archives de la BdF, Paris, Fonds Missions financières françaises en
Roumanie, No. 1370200006/9 : Lettre du Président de la Reichsbank au
Gouverneur de la Banque de France, le 5 mai 1928, p. 2.
319
Archives de la BdF, Paris, Fonds Missions financières françaises en
Roumanie, No. 1370200006/9 : Lettre du Président de la Reichsbank au
Gouverneur de la Banque de France, le 5 mai 1928, p. 6.
320
Archives de la BdF, Paris, Fonds Missions financières françaises en
Roumanie, No. 1370200006/9 : Lettre du Président de la Reichsbank au
Gouverneur de la Banque de France, le 5 mai 1928, p. 6.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
321
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Rapport établi par Gaston Jèze sur l’origine des divergences
financières entre la Roumanie et l’Allemagne, le 6 juin 1928, pp. 2-3.
322
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Point de vue du Gouvernement roumain au sujet de l’obligation
de l’Allemagne de rembourser la couverture de l’émission des billets de la
Banque Générale de Roumanie, le 3 mars 1928, pp. 1-4.
119
323
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Rapport établi par Gaston Jèze sur l’origine des divergences
financières entre la Roumanie et l’Allemagne, le 6 juin 1928, p. 4.
324
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Réclamation roumaine au sujet des émissions de lei de la
Banque Générale de Roumanie pendant l’occupation allemande, 1928, p. 4.
325
Cf. au Mémorandum remis par la Roumanie en juillet 1924 à la Conférence
de Londres, la somme que l’Allemagne doit rembourser à la Roumanie
représente un milliard de lei-or.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
règleent des différends financiers, Schacht avertit les dirigeants de Bucarest que
326
la durée des négociations ne dépendra que d’eux.
Le 21 juin 1928, Charles Rist est informé par Vintila Bratianu de l’échec des
négociations avec Berlin, malgré les concessions faites par la délégation
roumaine dans le désir d’obtenir le concours allemand pour la stabilisation
roumaine. Dans ces négociations, ainsi que le souligne Bratianu, le
gouvernement roumain avait accepté pour la première fois à lier la question des
rentes allemandes d’avant guerre aux créances roumaines dérivant de
327
l’émission des billets de la Banque Générale de Roumanie. Le paiement des
rentiers allemand devait être effectué par le gouvernement allemand en
compensation partielle des indemnités qui étaient dues à la Roumanie pour les
billets de la Banque Générale de Roumanie à la seule condition que notification
soit faite à la Roumanie d’un solde créditeur en faveur de la Roumanie. Cette
notification devait préciser le fait qu’il résultait du total de créances allemandes
un solde créditeur en faveur de l’Etat roumain et une commission spéciale devait
328
en déterminer le détail sur la base de ce programme.
Le 23 août 1928, le ton monte entre Emile Moreau et Hjalmar Schacht. Dans
une lettre, Moreau repproche à Schahcht d’avoir changé d’avis car, sans
l’avertir, il a décidé de faire dépendre la participation du marché allemand du
règlement préalable de la situation concernant les porteurs allemands d’emprunt
329
roumains d’avant-guerre avant le 15 septembre 1928. Moreau affirme ne pas
comprendre ce changement d’attitude et déclare : « Vous avez bien voulu me
faire savoir verbalement lors de ma visite à Berlin, puis par la lettre de 5 mai
326
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre de Hjalmar Schacht à Nicolae Petrescu Comnene, le 3
août 1928.
327
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No
1370200006/6 : Lettre de Vintila Bratianu à Charles Rist, le 21 juin 1928.
328
Archives de la BdF, Paris, Fonds Missions financières françaises en
Roumanie, No. 1370200006/6 : Lettre de Vintila Bratianu à Charles Rist, le 21
juin 1928.
329
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre de Emile Moreau à Hjalmar Schacht, le 22 août 1928.
121
1928, que vous étiez obligé de subordonner votre participation tout au moins à
la conclusion d’un accord sur les moyens et les méthodes à employer pour
mettre fin dans un délai raisonable et d’une façon qui engage les deux parties
330
aux divergences actuelles d’opinion. » Quant au crédit qui a été accordé à la
Société Nationale de Crédit Industriel par la Banca Commerciale Italiana, Emile
Moreau affirme qu’il n’a aucun rapport avec le crédit envisagé par les banques
d’émission et que la Roumanie a la liberté de s’adresser aux groupes bancaires
privés. Afin de déterminer Schacht de changer son point de vue, Moreau met
enn évidence le fait que même la Banque d’Angleterre a annoncé sa
participation.
330
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre de Emile Moreau à Hjalmar Schacht, le 22 août 1928, p.
1.
331
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre de Hjalmar Schacht à Emile Moreau, le 27 août 1928.
332
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Lettre de Charles Rist à Vintila Bratianu, le 3 juillet 1928.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
333
porteurs allemands de titres roumains. Les dirigeants roumains se déclarent
prêts à continuer les négociations avec l’Allemagne et manifestent leur volonté
de trouver un accord pour régler définitivement les différends financiers entre les
deux pays. Toutefois, le 28 septembre 1928, le Berliner Tageblatt annoncera
l’arrêt des négociations germano-roumaines en raison du refus des dirigeants de
Bucarest d’accepter la révalorisation de titres roumains détenus par les porteurs
334
allemands. L’accord financier entre la Roumanie et l’Allemagne sera
finalement signé le 10 novembre 1928 à Berlin, date à laquelle le gouvernement
libéral de Vintila Bratianu se retire du pouvoir en faveur du Parti National
Paysan. Nous n’avons pas assez d’éléments pour établir un lien direct entre les
deux évenements. L’accord roumano-allemand, dont l’entrée en vigueur dépend
de sa ratification par la Commission des Réparations (en vertu de l’article 248 du
335
Traité de Versailles) , stipule que l’Allemagne doit payer à la Roumanie le
montant de 75 500 000 de Reichsmarks, dont 35 millions immédiatement et la
er
somme restante jusqu’au 1 avril 1931. En contrepartie, la Roumanie doit
définitivement renoncer à la liquidation de biens allemands, ainsi qu’aux
336
divergences de vue entre la Reichsbank et la Banque Nationale.
333
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
Lettre de Victor Antonescu au Gouverneur de la Banque de France, Emile
Moreau, le 30 juin 1928.
334
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Résumé publié par Le Temps, le 29 septembre 1928.
335
La Commission des Réparations doit se réunir le 8 décembre 1928,
Zeuceanu s’engage de faire auprès de toutes les délégations des
Gouvernements représentés à la Commission les démarches afin prévenir un
ajournement de la question roumaine.
336
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre de Hjalmar Schacht à Emile Moreau, le 13 novembre
1928, p. 2.
123
337
Archives de la BNS, Zurich, No. 3116 (Rumaenien : Protokollauszüge,
Berichte, Anträge, Konventions swischen den Zentralbanken, dir. Korr, 1928-
1931) Lettre du Gouverneur de la Banque de France, Emile Moreau, au
Président de la Banque Nationale Suisse, G. Bachmann, le 17 octobre 1928.
338
Archives de la BNS, Zurich, No. 3116 (Rumaenien : Protokollauszüge,
Berichte, Anträge, Konventions swischen den Zentralbanken, dir. Korr, 1928-
1931) Lettre du Gouverneur de la Banque de France, Emile Moreau, au
Président de la Banque Nationale Suisse, G. Bachmann, le 17 octobre 1928.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
339
Sur cette question, voir Archives de la BdF, Paris, Pologne, No.
1397199402/11 : Télégramme de G. Bachmann, Président de la Banque
Nationale Suisse, à Emile Moreau, Gouverneur de la Banque de France, le 19
octobre 1928, pp. 1-2.
340
Archives de la BNS, Zurich, No. 3116 (Rumaenien : Protokollauszüge,
Berichte, Anträge, Konventions swischen den Zentralbanken, dir. Korr, 1928-
1931) : Télégramme de Musy, Ministre des Finances, à la Banque Nationale
Suisse, le 26 octobre 1928.
341
Archives de la BNS, Zurich, No. 3116 (Rumaenien : Protokollauszüge,
Berichte, Anträge, Konventions swischen den Zentralbanken, dir. Korr, 1928-
1931) : Télégramme de Musy, Ministre des Finances, à la Banque Nationale
Suisse, le 26 octobre 1928.
342
Archives de la BNS, Zurich, No. 3116 (Rumaenien : Protokollauszüge,
Berichte, Anträge, Konventions swischen den Zentralbanken, dir. Korr, 1928-
125
Dès le début des négociations avec les banques privées, en février 1928, les
dirigeants roumains confient à la Banque de Paris et des Pays-Bas l’organisation
d’un consortium de banques françaises, souhaitant participer à l’émission de
l’emprunt roumain de stabilisation monétaire et de développement
343
économique. Tout en subordonnant sa participation à cette opération au
règlement des dettes d’avant-guerre, ainsi qu’à l’attribution d’un gage sur les
ressources générales de la Roumanie, la Banque de Paris et des Pays-Bas
obtient sans difficulté l’accord de Vintila Bratianu d’organiser le groupe français,
ainsi que les démarches auprès de différentes banques étrangères. En avril
1928, la Société Générale, la Banque Française d’Acceptation, le Crédit
Lyonnais et le Comptoir National d’Escompte de Paris annoncent leur
344
Archives de la BdF, Paris, Missions françaises françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Note sur la situation des négociations concernant l’emprunt
roumain de stabilisation monétaire et de développement économique, le 27 juin
1928.
127
345
Archives de la BdF, Paris Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre de Charles Rist à George Harrison, le 28 septembre
1928, p. 1.
346
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre de Charles Rist à George Harrison, le 28 septembre
1928, p. 2.
347
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre de Charles Rist à George Harrison, le 28 septembre
1928, p. 2.
348
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre de Hambro Bank Ltd à la Banque de France, p. 2.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
349
Dès le début des négociations avec la Roumanie, les banques allemandes ,
dirigées par la Disconto-Gesellschaft, subordonnent leur participation à cette
opération au règlement des différends financiers, qui opposaient Berlin et
Bucarest depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Le 10 novembre 1928,
date à laquelle l’accord germano-roumain, mettant fin aux différends financiers
entre les deux pays, est signé, les « 4 D » confirment leur participation à
350
l’émission de l’emprunt roumain de développement économique. Avec
l’assentiment du Président de la Reichsbank, Hjalmar Schacht, la Disconto-
Gesellschaft exige l’amélioration des conditions imposées à la Roumanie par les
banques étrangères et, plus particulièrement, celles relatives au contrôle
351
financier, qui devrait être exercé par une commission neutre. Il convient de
préciser que par cette demande, la Disconto-Gesellschaft visait non seulement à
gagner les sympathies des dirigeants de Bucarest, mais aussi à défendre les
intérêts de l’Allemagne, en exigeant la suppression du contrôle financier instauré
par les Alliés en Allemagne dès la fin de la guerre.
349
Il s’agit de la Deutsche Bank, de la Darmstädter Bank et de la Dresdner
Bank.
350
Archives de la BdF, Paris, Missions financières en Roumanie, No.
1370200006/7 : Note sur Les banquiers étrangers viennent à Bucarest, pp. 1-4.
351
Archives de la BdF, Paris, Missions financières en Roumanie, No.
1370200006/7 : Note sur Les banquiers étrangers viennent à Bucarest, p. 3.
129
précise Solmssen, par le fait que les détenteurs allemands des emprunts
roumains, émis sur le marché allemand avant 1914, n’ont pas obtenu la même
352
satisfaction que les détenteurs anglais et français. « Pour des raisons
générales, affirme Solmssen, il existe chez les banques allemandes une
hésitation bien compréhensible à se présenter comme propagandiste pour un
353
emprunt étranger quelconque car elles courront le risque d’être blessées. »
Toutefois, le Directeur de la Diconto-Gesellschsft déclare que la participation des
banques allemandes à l’émission de l’emprunt roumain dépendra entièrement de
la décision de la Reichsbank. Malgré les difficultés d’arriver à un accord financier
avec la Roumanie, Schacht considère que les banques allemandes, qui ont
figuré depuis la fin du XIXe siècle comme les principaux financiers de la
354
Roumanie, doivent impérativement participer à cette opération.
Le 7 juillet 1928, Charles Rist se rend à Bucarest afin de mettre au point avec
les dirigeants de la Banque Nationale de Roumanie et du Ministère des
Finances les termes et les conditions du Programme de stabilisation monétaire
et de développement économique de la Roumanie, qui doit être présenté aux
355
banques étrangères pour la signature finale de l’accord. À l’origine du
déplacement de Rist en Roumanie est, en effet, la question de l’équilibre
budgétaire car les rentrées d’impôts, au cours des six premières mois de l’année
1928, laissaient un déficit de 1200 millions de lei par rapport aux prévisions
352
Archives de la BdF, Paris, Missions françaises en Roumanie, No.
1370200006/10: Lettre de Georg Solmssen à Charles Rist, le 23 novembre
1928.
353
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Lettre de Georg Solmssen à Charles Rist, le 23 novembre
1928.
354
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Lettre de Georg Solmssen à Charles Rist, le 23 novembre
1928.
355
SLAVESCU, Note si însemnari zilnice, p. 44.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
356
effectuées en 1927. Or, le déséquilibre budgétaire est considéré par Rist
comme un véritable danger qui pourra porter atteinte à l’émission de l’emprunt
roumain. Face aux inquiétudes de Rist, Vintila Bratianu rassure le sous-
gouverneur de la Banque de France que ce déficit est un phénomène normal
auquel la Roumanie se confronte chaque année, mais que les rentrées des
impôts seront beaucoup plus abondantes dans le deuxième trimestre, grâce aux
récoltes, et elles permettront de combler aisément ce déficit.
356
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre de Charles Rist à George Harisson, le 28 septembre
1928, p. 5.
357
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre des banquiers privés à Vintila Bratianu, Président du
Conseil et Ministre des Finances de Roumanie, le 19 juillet 1928.
358
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre des banquiers privés à Vintila Bratianu, Président du
Conseil et Ministre des Finances de Roumanie, le 19 juillet 1928, Protocole No.
1.
359
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre des banquiers privés à Vintila Bratianu, Président du
Conseil et Ministre des Finances de Roumanie, le 19 juillet 1928, Protocole No.
1, p. 1.
131
360
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre des banquiers privés à Vintila Bratianu, Président du
Conseil et Ministre des Finances de Roumanie, le 19 juillet 1928, Protocole No.
1, p. 2.
361
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre des banquiers privés à Vintila Bratianu, Président du
Conseil et Ministre des Finances de Roumanie, le 19 juillet 1928, Protocole No.
1, p. 4.
362
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre des banquiers privés à Vintila Bratianu, Président du
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Le 19 juillet 1928, Vintila Bratianu informe les banquiers privés que son
gouvernement ne pourra prendre en considération les exigences liées à la
er
Caisse Autonome que s’ils s’engagent avant le 1 août à ouvrir à la Roumanie
un crédit de 20 millions de dollars, destiné à renforcer les moyens dont
disposent la Banque Nationale de Roumanie pour le maintien de la stabilité
365
monétaire. Dans un mémorandum adressé au groupe bancaire privé,
constitué pour l’émission de l’emprunt roumain, Vintila Bratianu demande en
addition aux crédits des banques centrales qu’on accorde à la Banque
Nationale un crédit de 20 millions de dollars pour la défense de la stabilité du leu
366
jusqu’à sa stabilisation officielle. Cette avance apparaît comme nécessaire
pour les dirigeants roumains car la Banque Nationale n’est pas autorisée à
dépasser l’émission, fixée à 21 milliards de lei par la Convention de mai 1925
que si les lei émis au-delà de cette limite sont couverts par une remise des
devises à la Banque. En août 1928, un crédit de 12 millions de dollars avec un
La Banque Nationale de Roumanie est informée par Charles Rist en juillet 1928
que, selon les premières estimations de la Banque de France, elle bénéficiera
d’un crédit de 20 millions de dollars. À ce montant pourrait s’ajouter les
participations de la Reichsbank et de la Banque Nationale Suisse, de 4 millions
de dollars et, respectivement, un million de dollars. Rappelons que la
Reichsbank refusait de donner son accord de participation tant que les différends
financiers qui opposaient l’Allemagne et la Roumanie n’étaient pas solutionnés.
Ainsi, la Banque Nationale de Roumanie pourra recevoir en novembre 1928 un
crédit de 25 millions de dollars. Par la même occasion, Charles Rist informe
également les dirigeants roumains que le consortium des banques centrales
européennes, réuni par la Banque de France a formulé de nouvelles exigences à
l’égard de la Roumanie. Ces exigences sont en lien avec la nomination d’un
Conseiller technique auprès de la Banque Nationale de Roumanie et la
modification des statuts de la Banque Nationale, afin de renforcer l’indépendance
de cette institution par rapport au povoir politique.
367
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1928 : Télégramme
de la Banca Commerciale Italiana à la Banque Nationale de Roumanie, le 2 août
1928, p. 6.
368
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre de Charles Rist à George Harisson, le 28 septembre
1928, pp. 4-5.
369
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre de Charles Rist à George Harisson, le 28 septembre
1928, p. 5.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
370
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 : Extrait
er
d’un article publié par le journal Adevarul (La Vérité), le 1 janvier 1928, p. 30.
371
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Lettre de Pierre Quesnay à Emile Moreau, le 28 janvier 1928,
p. 6.
135
aussi éclairé que Monsieur Quesnay dont j’ai apprécié la compétence et les
sentiments très dévoués à l’égard de notre pays et je serais heureux si choix
372
définitif se portait sur lui ». Quant à la durée de la mission et des fonctions du
Conseiller technique français, Bratianu demande à Rist d’intervenir auprès des
dirigeants de la Banque de France afin de trouver un nouvel accord avec les
banques étrangères car « nous voudrions que cette collaboration n’ait pas
caractère d’une participation directe dans l’administration de la Banque Nationale
373
de Roumanie ». De son point de vue, cette démarche s’impose comme une
nécessité car les participants à l’emprunt roumain ne doivent pas heurter les
intérêts politiques et économiques du pays.
372
Archives de la BdF, Paris, Missions financières en Roumanie, No.
1370200006/6 : Télégramme de Vintila Bratianu à Charles Rist, le 24 avril 1928,
p. 2.
373
Archives de BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Télégramme de Vintila Bratianu à Charles Rist, le 24 avril 1928,
p. 2.
374
MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France, p. 532.
375
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No,
1370200006/10 : Lettre de Pierre Quesnay à Joseph Avenol, le 16 juillet 1928,
p. 1.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
sa position, Quesnay affirme que Sipmann considère que Charron est « à peu
près la seule personne capable internationalement d’inspirer assez de confiance
376
dans la bonne gestion du pays». Afin de rassurer Avenol, Quesnay précise
que même Moreau a évoqué la nomination de Charron auprès de la Banque
Nationale de Roumanie. Conseillé par Sir Arthur Salter de désigner Jacques
377
Rueff , le Gouverneur Moreau opte pour Charron, le Conseiller technique de la
378
Banque Nationale de Bulgarie, en raison de l’anti-sémitisme roumain. A la
379
recherche d’un Conseiller technique français « d’âge assez respectable » , qui
pourra s’imposer véritablement à Bucarest, Quesnay informe Avenol que les
dirigeants de la Banque de France font également des démarches auprès de De
Mouy, Conseiller économique du Comité des transferts à Berlin, et de Gaillet-
Billoteaux. Pour Quesnay, ce dernier apparaît comme favori car la nomination de
380
De Mouy ne sera pas acceptée par Paribas.
376
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Lettre Pierre Quesnay à Joseph Avenol, 16 juillet 1928, p. 2.
377
Jacques Rueff est inspecteur des Finances et directeur du Mouvement
Général des Fonds.
378
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Lettre Pierre Quesnay à Joseph Avenol, 18 juillet 1928, pp. 1-
2.
379
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Lettre Pierre Quesnay à Joseph Avenol, 18 juillet 1928, p. 3.
380
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Lettre Pierre Quesnay à Joseph Avenol, 18 juillet 1928, p. 4.
381
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Compte rendu d’une lettre adressée à la BdF par le Gouverneur
de la BNR, Burillianu, le 14 août 1928.
137
Sans se prononcer sur le choix effectué par Moreau et Rist, Vintila Bratianu
exprime en août 1928 la volonté du gouvernement roumain et des dirigeants de
la Banque Nationale de confier le contrôle et la surveillance financière de la
Roumanie au sous-Gouverneur de la Banque de France. Malgré les suspicions
des dirigeants de la Banque de France par rapport à la décision des dirigeants
roumains, Charles Rist accepte d’être désigné Conseiller technique de Banque
Nationale de Roumanie. Il avertit immédiatement les dirigeants de Bucarest qu’il
ne pourra résider en Roumanie que pendant la première année de la
384
stabilisation monétaire. Afin d’assurer la continuité de la mission confiée par
les dirigeants roumains, Rist propose la nommination de Roger Auboin, Maître
des requêtes au Conseil d’Etat français, comme remplaçant qui, lui, séjournera
385
de manière permanente à Bucarest jusqu’à la fin du mandat.
382
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Lettre de Charles Rist à Vintila Bratianu, le 13 août 1928, p. 2.
383
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Lettre de Charles Rist à Vintila Bratianu, le 13 août 1928, pp. 3-
4.
384
La mission financière de la Banque de France auprès de la Banque
Nationale de Roumanie est fixée à une période de trois ans.
385
RIST, Charles, « Notice biographique » in Revue d’Economie politique,
« Charles Rist, 1874-1955 », Paris, Sirey, 1956, p. 1011.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
386
remplaçant. Peu confiant envers les dirigeants roumains, le Gouverneur de la
Banque de France demande à Vintila Bratianu de formuler par écrit que durant
l’absence de Rist « le Conseiller technique remplaçant, nommé de la mêeme
manière que le Conseiller technique remplira les fonctions de celui-ci en son
387
absence. » Quant à la durée de la mission de Auboin, Rist demande aux
dirigeants roumains de désigner le Conseiller technique pour une durée de trois
388
ans, afin d’éviter tout malentendu avec les banques étrangères. Auboin, ainsi
que Moreau l’explique à Vintila Bratianu, devra bénéficier du même statut, ainsi
que des mêmes droits que Rist afin de démontrer à l’opinion publique
389
internationale que la Roumanie accepte le contrôle financier étranger. En
effet, cette demande vise à imposer Auboin auprès des dirigeants de la Banque
Nationale au même titre que Rist.
386
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Lettre du Gouverneur Emile Moreau à Vintila Bratianu,
Président du Conseil roumain, le 3 novembre 1928.
387
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Lettre du Gouverneur Moreau à Vintila Bratianu, Président du
Conseil roumain, le 3 novembre 1928, p. 2.
388
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/6 : Lettre de Charles Rist à Vintila Bratianu, le 3 novembre 1928, p.
2.
389
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre des Banquiers privés au Gouverneur de la Banque de
France, Emile Moreau, le 29 septembre 1928.
139
Banque Nationale de Roumanie de Roumanie, qui sera mis sous son autorité
390
pendant toute la durée de son mandat.
390
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Lettre de Pierre Quesnay au Gouverneur de la Banque
Nationale de Roumanie, Dimitrie Burillianu, le 3 octobre 1928, pp. 1-2.
391
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Télégramme du Ministère des Affaires Étrangères de France
(signé Corbin) à Poincaré, Président du Conseil français, le 2 juin 1928, p. 1.
392
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Télégramme du Ministère des Affaires Étrangères de France à
Poincaré, Président du Conseil français, le 2 juin 1928, p. 2.
393
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Télégramme du Ministère des Affaires Étrangères de France à
Poincaré, Président du Conseil français, le 2 juin 1928, p. 2.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
394
à la désignation d’un ingénieur du Nord, de préférence M. Dautry. » Par la
même occasion, le Ministre français conseille les dirigeants de Paris d’accepter
les exigences du gouvernement roumain et de lui mettre à disposition un
ingénieur de la Compagnie du Nord et de préférence Raoul Dautry. Pour
argumenter sont point de vue, Puaux Bucarest déclare : « Étant donné les
avantages considérables que nous pouvons escompter de la réorganisation des
chemins de fer roumains, sous une direction française, il vous apparaîtra sans
doute comme à moi qu’il convient de donner satisfaction à la demande de M.
395
Bratiano (...). »
394
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Télégramme du Ministère des Affaires Étrangères (signé
Corbin) de France à Poincaré, Président du Conseil français, le 2 juin 1928, p. 2.
395
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Télégramme du Ministère des Affaires Étrangères de France
(signé Corbin) à Poincaré, Président du Conseil français, le 2 juin 1928, p. 3.
396
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Rapport sur l’exécution du Programme d’amélioration des
chemins de fer roumains, 7 février 1930 - 7 février 1931, p. 1.
397
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/9 : Rapport sur l’exécution du Programme d’amélioration des
chemins de fer roumains, 7 février 1930 - 7 février 1931, p. 13.
141
398
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Note de Charles Rist à Emile Moreau sur son voyage en
Roumanie, le 29 novembre 1928, p. 2.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
DEUXIÈME PARTIE
399
L’arrivée au pouvoir du Parti National Paysan, dirigé par Iuliu Maniu , le 10
novembre 1928 remet en question les démarches effectuées par Vintila Bratianu
auprès des différentes banques américaines et européennes pour l’organisation
de l’emprunt roumain de stabilisation monétaire et de développement
économique. La politique de stabilisation monétaire choisie par Vintila Bratianu
est fortement critiquée par les dirigeants du Parti National Paysan en raison du
caractère politique très marqué de cette opération et des conditions imposées
par les milieux financiers américains et européens. Les 26 et 27 juillet 1928, lors
400
de l’Assemblée générale du Parti National Paysan, Grigore Gafencu
recommandait le recours à la Société des Nations, ainsi que l’avait suggéré le
Gouverneur Montagu Norman, afin de soustraire le programme de
reconstruction financière et monétaire aux influences politiques internes et
399
Après des études de droit à Cluj, à Budapest et à Vienne, Iuliu Maniu (1873-
1953) entre dans la vie politique en 1906 en tant que député de Transylvanie au
Parlement de Budapest. En 1912, il créé le Parti National de Transylvanie qui
militait pour l’union de la Transylvanie avec le Royaume de Roumanie. Le 10
octobre 1926, Iuliu Maniu est élu Président du Parti National Paysan, formation
politique issue de la fusion du Parti National Paysan de Ion Mihalache et du
Parti National de Transylvanie. Arrêté en juillet 1947 par le régime communiste,
Maniu sera condamné quelques mois plus tard, le 11 novembre, aux travaux
forcés à perpétuité. Il décédera le 5 février 1953 dans la prison de Sighet. Sur
l’action politique de Iuliu Maniu, voir SCURTU, Ioan, Iuliu Maniu : activitatea
politica (Iuliu Maniu : l’activité politique), Bucuresti, Ed. Enciclopedica, 1995.
400
Homme politique et journaliste roumain, Grigore Gafencu (1892-1957) est
er
désigné par Iuliu Maniu Ministre adjoint des Affaires Etrangères. Le 1 février
1937, il deviendra Ministre des Affaires Etrangères de Roumanie, fonction qu’il
occupera jusqu’au 3 juillet 1940. Parmi les principaux ouvrages publiés par
Gafencu, nous mentionnons : Derniers jours de l’Europe : un voyage
diplomatique en 1939, Paris, LUF, 1946, Préliminaires de la guerre à l’Est : de
l’accord de Moscou (21 août 1939) aux hostilités en Russie (22 juin 1941),
Fribourg, Egloff, 1944 et Însemnari politice, 1929-1939, Bucuresti, Humanitas,
e
1991 (2 édition).
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Toutefois, la plus grande erreur commise par Vintila Bratianu est d’avoir fait trop
de concessions aux banques anglaises, françaises et, notamment, allemandes
en acceptant le règlement des différends financiers, qui opposaient Bucarest à
Londres, Paris et Berlin, au détriment des intérêts économiques et financiers de
la Roumanie. En acceptant la revalorisation des dettes d’avant-guerre envers la
France, Bratianu avait encouragé l’Allemagne et la Grande-Bretagne à exiger,
en échange de leur participation à l’emprunt roumain de stabilisation monétaire
401
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Grigore Gafencu sur Les
négociations d’emprunt et notre politique étrangère), p. 44.
402
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Grigore Gafencu sur Les
négociations d’emprunt et notre politique étrangère), pp. 45-47.
403
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928, (Exposé de Iuliu Maniu sur La situation
économique de la Roumanie avant la stabilisation), p. 52.
404
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Grigore Gafencu sur Les
négociations d’emprunt et notre politique étrangère), p. 46.
145
405
et de développement économique, l’application du même principe. « Par
406
l’intermédiaire de la Société des Nations, affirme Virgil Madgearu , nous
aurions pu obtenir un emprunt et régler nos litiges, dans des conditions
avantageuses, parce qu’elle a toujours tenu compte, pour fixer les obligations,
407
de la capacité de paiement de chaque pays. » Les critiques formulées par
Iuliu Maniu, Virgil Madgearu et Grigore Gafencu à l’égard du plan de
stabilisation monétaire choisi par Vintila Bratianu détermineront-elles la révision,
voire la réorientation, de la politique roumaine de stabilisation monétaire ? Le
gouvernement Maniu a-t-il les moyens d’interrompre les négociations avec la
Banque de France ?
405
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Virgil Madgearu sur La
stabilisation du leu), pp. 30-36.
406
Economiste, sociologue et homme politique, Virgil Madgearu (1887-1940) est
le principal théoricien du Parti National Paysan. Il occupe plusieurs plusieurs
portefeuilles dans les cabinets de Iuliu Maniu, George Mironescu et Alexandru
Vaida Voevod : Ministre de l’Industrie et du Commerce (novembre 1928 -
novembre 1929, juin - octobre 1930 et octobre 1932), Ministre des Finances
(novembre 1929 - juin 1930 et octobre 1932 - novembre 1933) et Ministre de
l’Agriculture (octobre 1930 - avril1931). Madgearu a également représenté la
Roumanie aux conférences organisées la Société des Nations dans le contexte
de la crise de 1929, telles que les conférences de Genève (1930), de Stresa
(1932), de Londres (1933), etc. Le 27 novembre 1940, Virgil Madgearu sera
assassiné par la Garde de Fer. Parmi les principaux ouvrages publiés par Virgil
Madgearu, durant les années trente nous mentionnons : Rumania’s new
economic policy, Le traitement préférentiel et l’entente économique régionale,
La Roumanie à la Conférence de Stresa, Notre collaboration technique avec la
Société des Nations, La capacité de paiement et la dette publique de la
Roumanie, La politique extérieure de la Roumanie (1927-1938). Sur l’activité
politique et les conceptions économiques de Virgil Madgearu, voir BANCA
NATIONALA A ROMÂNIEI, Viata si opera lui Virgil Madgearu (La vie et l’œuvre
de Virgil Madgearu), Bucuresti, Banca Nationala a României, 2002.
407
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Virgil Madgearu sur La
stabilisation du leu), pp. 33-35.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
408
SCURTU, Ioan (ed.), Documente privind istoria României între anii 1918-
1944 (Documents concernant l’histoire de la Roumanie durant les années 1918-
1944), Bucuresti, Ed. Didactica si Pedagogica, 1995, pp. 319-326 et Archives du
CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan réuni à Bucarest
les 26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Iuliu Maniu sur La situation économique de
la Roumanie avant la stabilisation), pp. 51-55.
409
SCURTU, Documente privind istoria României între anii 1918-1944, pp. 322-
324.
410
Sur cette question, voir BRATIANU, Constantin, Le Crédit Foncier Rural en
Roumanie, Paris, Librairie technique et économique, 1937.
147
411
départementales d’emprunt contre gage, destinées aux petits agriculteurs.
Afin de soutenir l’acquisition et l’utilisation en commun d’outils de production,
ainsi que la commercialisation des produits agricoles, Virgil Madgearu préconise
412
la création dans toutes les provinces du pays de coopératives agricoles.
411
CONSTANTINESCU, Nicolae, L’histoire de la Roumanie de l’origine jusqu’à
la deuxième guerre mondiale, Bucarest, Expert, 1996, p. 250.
412
SCURTU, Documente privind istoria României, pp. 322-324.
413
SCURTU, Documente privind istoria României, p. 323 et Archives du CL,
Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan réuni à Bucarest les
26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Iuliu Maniu sur La situation économique de la
Roumanie avant la stabilisation), pp. 51-55.
414
SCURTU, Documente privind istoria României, p. 323.
415
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Iuliu Maniu sur La révision
de la législation économique du Parti Libéral), pp. 48-50.
416
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928, p. 10.
417
La loi des mines, introduite par le gouvernement Bratianu en juillet 1924, sera
modifiée le 28 mars 1929 en faveur des entreprises et des capitaux étrangers.
Le 19 mars 1929, le gouvernement Maniu modifiera également la loi concernant
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
418
l’exploitation et à la mise en valeurs des richesses minières du pays. A ce
sujet, les dirigeants roumains se proposent de prendre des mesures pour
intensifier les travaux d’exploitation en garantissant les concessions aux
sociétés étrangères et en leur accordant certains avantages, tels que les
419
réductions provisoires de redevances et d’impôts. Une autre mesure
envisagée par le gouvernement Maniu en faveur des entreprises et des capitaux
étrangers concerne « la séparation de la vie politique et de l’activité
économique » afin de soustraire les entreprises à l’influence arbitraire et abusive
des différentes formations politiques roumaines et, plus particulièrement, celle
420
du Parti National Libéral. Fortement contestée par les milieux roumains anti-
occidentalistes, en raison des liens de dépendance économique et financière
qu’elle engendra à l’égard des puissances étrangères, l’ouverture de la
Roumanie aux capitaux étrangers est appelée « portes ouvertes au capital
421
étranger » par opposition à la politique libérale « par nous-mêmes ».
422
puissances, n’a jamais cessé de faire la politique roumaine. » Par la même
occasion, Gafencu souligne l’intention de nouveaux dirigeants de Bucarest de
resserrer les liens diplomatiques et économiques avec la Grande-Bretagne en
offrant aux capitaux et aux industries anglaises une participation large et sûre au
423
développement économique de la Roumanie. Afin de développer les relations
avec les cercles politiques et financiers britanniques, les Nationaux Paysans se
rallient immédiatement à la politique anglaise d’« union européenne »,
consacrée à Locarno en octobre 1925 et poursuivie par la Société des
424
Nations. Le gouvernement Maniu prévoit également la reprise et le
développement des relations politiques et diplomatiques avec les anciens
ennemis du Royaume de Roumanie et, plus particulièrement, avec l’Allemagne.
Cette dernière apparaît aux yeux des dirigeants roumains comme
nécessaire « non seulement à cause du rôle politique qu’elle est appelée à jouer
dans l’avenir européen, mais en raison de la situation importante qu’elle a,
425
d’ores et déjà, acquise dans la vie économique mondiale. »
422
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Grigore Gafencu sur Les
négociations d’emprunt et notre politique étrangère), p. 41.
423
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Grigore Gafencu sur Les
négociations d’emprunt et notre politique étrangère), p. 42.
424
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Grigore Gafencu sur Les
négociations d’emprunt et notre politique étrangère), p. 42.
425
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Grigore Gafencu sur Les
négociations d’emprunt et notre politique étrangère), p. 43.
426
Sur cette question, voir SANDU, Traian, Le système de sécurité français en
Europe centre-orientale. L’exemple roumain 1919-1933, Paris, Harmattan, 1999,
p. 303.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
427
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, p. 303.
428
Archives du CL, Paris, DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan
réuni à Bucarest les 26 et 27 juillet 1928 (Exposé de Iuliu Maniu sur La révision
de la législation économique du Parti Libéral), p. 50.
429
SCURTU, Documente privind istoria României, p. 326.
151
Ebauchée, ainsi que nous l’avons démontré par Vintila Bratianu, la finalisation
de la stabilisation monétaire de la Roumanie provoque au sein du Parti National
430
Paysan un véritable débat. Grigore Gafencu décrit dans son Journal les
longues discussions qui ont lieu entre les membres de cette formation politique
afin de savoir s’ils doivent continuer les négociations avec la Banque de France
ou s’ils doivent entamer une nouvelle procédure avec la Société des Nations.
Rappelons que Gafencu même se déclare le partisan résolu de la deuxième
alternative car il souhaite rompre définitivement avec la politique du
431
gouvernement Bratianu. Un autre partisan de la collaboration avec l’institution
de Genève est le Ministre de Roumanie en Grande-Bretagne, Nicolae Titulescu.
« Ce dernier, note Grigore Gafencu, avait obtenu des garanties sérieuses de la
part de la banque anglaise Schroder et pouvait compter sur l’amitié et la
432
sympathie de Montagu Norman, Gouverneur de la Banque d’Angleterre. » En
433
revanche, Iuliu Maniu et Mihai Popovici , nommé Ministre des Finances,
manifeste une certaine hésitation entre Paris et Londres. L’avantage des
négociations, organisées sous l’égide de la Banque de France, est qu’elles sont
pratiquement finalisées et qu’elles permettront la réalisation de la stabilisation
monétaire dans les plus brefs délais. C’est, de notre point de vue, un facteur
assez important pour le gouvernement Maniu afin consolider sa position
430
GAFENCU, Grigore, Însemnari politice, 1929-1939 (Réflexions politiques,
ème
1929-1939), Bucuresti, Humanitas, 1991 (2 éd.), pp. 189-192.
431
GAFENCU, Însemnari politice, 1929-1939, p. 191 et Archives du CL, Paris,
DEEF 73258 : Les Débats du Parti National Paysan réuni à Bucarest les 26 et
27 juillet 1928 (Exposé de Grigore Gafencu sur Les négociations d’emprunt et
notre politique étrangère), pp. 45-47.
432
GAFENCU, Însemnari politice, 1929-1939, p. 191.
433
Après des études de droit et de philosophie à Budapest et à Vienne, Mihai
Popovici (1879-1966) commence sa carrière politique au sein du Parti National
de Transylvanie. Popovici est nommé à plusieurs reprises durant les années
1928 -1933 ministre des Finances, de la Justice et des Travaux publics. Arrêté
en juillet 1947 par le régime communiste, Mihai Popovici sera condamné
quelques mois plus tard, le 11 novembre. Il sera libéré en 1955.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
434
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Note de Charles Rist, sous-gouverneur de la Banque de
France, au Gouverneur Emile Moreau sur son voyage à Bucarest, le 29
novembre 1928, pp. 2-3.
435
En 1928, la Roumanie enregistre une très mauvaise récolte.
436
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 (1926-
1928) : Télégramme de Constantin Diamandy, Ministre de Roumanie en France,
à Iuliu Maniu, Président du Conseil roumain, le 20 novembre 1928, p. 400.
153
437
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre de Charles Rist, sous-gouverneur de la Banque de
France à Mihai Popovici, Ministre des Finances, le 27 novembre 1928.
438
Il s’agit d’un montnat de 5 milliards de lei pour le budget général et d’un
montant de 2 milliards de lei pour les chemins de fer roumains.
439
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre de Charles Rist, sous-gouverneur de la Banque de
France à Mihai Popovici, Ministre des Finances, le 27 novembre 1928.
440
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre de Charles Rist, sous-gouverneur de la Banque de
France, à Mihai Popovici, Ministre des Finances, le 27 novembre 1928.
441
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre de Charles Rist, sous-gouverneur de la Banque de
France, à Mihai Popovici, Ministre des Finances, le 27 novembre 1928.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
442
déficit budgétaire. Dans ces circonstances, le Gouverneur Moreau pourra
facilement demander à tous les participants à l’emprunt roumain le
renouvellement du crédit international jusqu’au 15 mars 1929. Par ailleurs, Rist
recommande également aux nouveaux dirigeants roumains de faire une
déclaration publique afin de présenter les grandes lignes de la politique
financière envisagée et, notamment, les moyens auxquels ils auront recours,
d’une part, pour équilibrer le budget de 1929 et, d’autre part, pour éponger le
443
déficit de 1928. Selon Rist, cette déclaration devra persuader les participants
à l’emprunt roumain à renoncer à toute nouvelle exigence à l’égard de la
Roumanie.
442
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Télégramme de Charles Rist, sous-gouverneur de la Banque de
France, à Mihai Popovici, Ministre des Finances, le 8 décembre 1928.
443
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7: Lettre de Charles Rist, sous-gouverneur de la Banque de France
à Mihai Popovici, Ministre des Finances, le 27 novembre 1928.
444
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 (1926-
1928): Télégramme de Constantin Diamandy, Ministre de Roumanie en France,
à Iuliu Maniu, Président du Conseil roumain, le 4 décembre 1928, p. 411.
445
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 (1926-
1928): Télégramme de Constantin Diamandy, Ministre de Roumanie en France
à Iuliu Maniu, Président du Conseil roumain, le 4 décembre 1928, p. 411.
155
déclaration sur l’état des finances et les prévisions budgétaires pour l’année
446
1929.
Dans le compte rendu de son voyage en Roumanie, Charles Rist manifeste son
447
inquiétude par rapport à la conclusion de l’emprunt roumain. Le manque de
volonté de Popovici de faire voter de nouvelles réformes financières et,
notamment, celle du budget, ainsi que le refus de travailler avec Jean Bolgert
448
pour l’établissement du budget de 1929 compliquent la donne. La seule
solution envisagée par Rist pour assurer la finalisation de l’emprunt roumain car,
ainsi qu’il affirme, le problème du déséquilibre budgétaire n’était pas un obstacle
449
insurmontable sera l’intervention ferme du Gouverneur Moreau auprès des
dirigeants de Bucarest. À la question de Moreau si la Banque de France devait
se retirer de cette affaire, Rist déclare qu’ils sont obligés de continuer les
négociations avec la Roumanie car le prestige et le crédit international de la
450
Banque de France étaient en jeu. Devenue, ainsi, un enjeu essentiel pour le
succès de la stabilisation du leu, la question du budget roumain provoquera de
véritables tensions entre les dirigeants roumains et Charles Rist. Si pour ce
446
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 (1926-
1928): Télégramme de Constantin Diamandy à Iuliu Maniu, le 4 décembre 1928,
p. 411.
447
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Note de Charles Rist, sous-gouverneur de la Banque de
France, au Gouverneur Emile Moreau sur son voyage à Bucarest, le 29
novembre 1928, pp. 1-4.
448
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Note de Charles Rist, sous-gouverneur de la Banque de
France, au Gouverneur Emile Moreau sur son voyage à Bucarest, le 29
novembre 1928, pp. 2-3.
449
Pour Charles Rist, le véritable problème sera « (…) d’empêcher le retour de
nouveaux trous dans l’avenir. Or, ceci aussi n’est pas difficile techniquement. Ce
n’est difficile que psychologiquement, étant donné les hommes. » Voir Archives
de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Note de Charles Rist, sous-gouverneur de la Banque de
France, au Gouverneur Emile Moreau sur son voyage à Bucarest, le 29
novembre 1928, p. 3.
450
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Note de Charles Rist, sous-gouverneur de la Banque de
France, au Gouverneur Emile Moreau sur son voyage à Bucarest, le 29
novembre 1928, p. 4.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
451
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre de Mihai Popovici, Ministre des Finance, à Charles Rist,
sous-gouverneur de la Banque de France, le 12 décembre 1928.
452
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Conversation avec Virgil Madgearu, Ministre de l’Industrie et du
Commerce, le 20 janvier 1929, p. 1.
453
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Conversation avec Virgil Madgearu, Ministre de l’Industrie et du
Commerce, le 20 janvier 1929, p. 1.
157
réalisation des travaux d’utilité générale, tels que la construction des écoles, des
454
universités, des coopératives agricoles, etc. Rappelons que Virgil Madgearu
s’est montré à plusieurs reprises partisan de l’intervention et de la collaboration
avec de la Société des Nations pour la restauration des finances roumaines.
Selon Madgearu, l’institution de Genève est le seul établissement compétent
d’imposer une trève entre les differentes formations politiques roumaines qui se
455
disputent le pouvoir depuis la fin de la Première Guerre mondiale.
456
Parallèlement aux démarches effectuées auprès de la la Banque de France ,
les dirigeants de Bucarest décident de solliciter l’aide financière de la Grande-
Bretagne et de la Société des Nations. Le journal anglais Manchester Guardian,
annonce même dans son édition du 15 décembre 1928 que : « Le Parti National
Paysan s’est déclaré en faveur d’un emprunt extérieur émis sous les auspices
457
de la Ligue des Nations. » Chargé par Mihai Popovici de se renseigner sur les
conditions et les possibilités de l’émission sur le marché anglais d’un éventuel
emprunt auprès du représentant du Trésor britannique, Frederick Leith Ross,
Nicolae Titulescu informe le 19 décembre 1928 les dirigeants roumains que
458
Londres recommande la Société des Nations. L’entrevue avec le Ministre
roumain donne l’occasion à Leith Ross de demander à Maniu de réserver à
l’industrie anglaise des commandes proportionnelles aux crédits accordés par le
454
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Conversation avec Virgil Madgearu, Ministre de l’Industrie et du
Commerce, le 20 janvier 1929, p. 1.
455
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Conversation avec Virgil Madgearu, Ministre de l’Industrie et du
Commerce, le 20 janvier 1929, p. 3.
456
Le 6 décembre 1928, Iuliu Maniu envoie Virgil Madgearu et le Régent
Buzdugan à Paris afin de continuer les négociations avec le consortium de
banques centrales américaine et européennes, réuni par la Banque de France
pour l’émission de l’emprunt roumain de stabilisation monétaire et de
développement économique.
457
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 (1926-
1928) : Télégramme de Nicolae Titulescu, Ministre de Roumanie en Grande-
Bretagne, au gouvernement roumain, le 19 décembre 1928, p 420.
458
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 (1926-
1928), Télégramme de Nicolae Titulescu, Ministre de Roumanie en Grande-
Bretagne au gouvernement roumain, le 19 décembre 1928, p. 419.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
marché britannique dans l’éventualité où l’emprunt roumain sera émis sous les
auspices de la Banque de France. Contrarié par cette exigence, Titulescu
rappelle que la politique et les principes de la Société des Nations excluent tout
arrangement industriel en faveur des participants à une émission étrangère et
que, si c’est le cas, la Roumanie trouvera une autre solution. Surpris par
l’attitude de Titulescu, Leith Ross réplique dans ces termes : « Oui, vous avez
raison. Mais, il y a des situations d’exception même pour le Comité financier de
la Société des Nations si la France et la Grande Bretagne se mettent
459
d’accord.» Malgré ses divergences d’opinion avec le représentant du Trésor
britannique, Nicolae Titulescu s’adressera quelques semaines plus tard au
Comité fiancier de Genève. Révélées par le journal roumain Adevarul (La Vérité)
dans son édition du 12 janvier 1929, les démarches effectuées par Titulescu
auprès de la Société des Nations provoquent une véritable crise entre les
dirigeants roumains et les dirigeants de la Banque de France. Mihai Popovici se
voit obligé dans ces circonstances de faire immédiatement une déclaration
publique pour démentir son implication dans ces démarches. À la surprise
générale, il accusera ouvertement Nicolae Titulescu de vouloir saboter les
460
négociations avec la Banque de France. Cet acte de « trahison » lui portera
préjudice car Mihai Popovici perdera toute sa crédibilité auprès de son parti et
des milieux financiers internationaux. En revanche, Nicolae Titulescu, qui n’a
jamais caché son penchant pour la Société des Nations, décide de se
désolidariser du gouvernement Maniu en déclarant fermement : « Je serai
461
Ministre de Roumanie à Londres et à Genève et rien d’autre. »
459
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 (1926-
1928), Télégramme de Nicolae Titulescu, Ministre de Roumanie en Grande-
Bretagne au gouvernement roumain, le 19 décembre 1928, p. 420 (Trad. du
roumain).
460
GAFENCU, Însemnari politice, 1929-1939, p. 10.
461
GAFENCU, Însemnari politice, 1929-1939, p. 9.
159
462
Banque de France. Mihai Popovici se voit encore une fois obligé d’intervenir
en déclarant « qu’il est toujours fermement décidé à mener à son terme les
négociations engagées par la Roumanie sous les auspices de la Banque de
463
France. »
462
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Télégramme de Gabriel Puaux, Ministre de France en
Roumanie, au Gouverneur Emile Moreau, le 11 janvier 1929.
463
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
1370200006/10 : Télégramme de Gabriel Puaux, Ministre de France en
Roumanie, au Gouverneur Emile Moreau, le 11 janvier 1929, p. 2.
464
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 132 (România si
împrumutul pentru stabilizare, 1928-1930) : Lettre de Mihai Popovici, Ministre
des Finances, au Gouverneur Emile Moreau, p. 9 (Trad. du roumain).
465
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 132 (România si
împrumutul pentru stabilizare, 1928-1930) : Lettre de Mihai Popovici, Ministre
des Finances, au Gouverneur Emile Moreau, p. 9 (Trad. du roumain).
466
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 132 (România si
împrumutul pentru stabilizare, 1928-1930) : Lettre de Mihai Popovici, Ministre
des Finances, au Gouverneur Emile Moreau, p. 9 (Trad. du roumain).
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
C’est encore Charles Rist qui tente de raisonner le gouvernement Maniu en leur
signalant l’apparition des premiers signes de détérioration du marché
468
américain. Les difficultés rencontrées par la Bulgarie pour le placement de
son emprunt de stabilisation monétaire, émis sous les auspices de la Société
des Nations, sur le marché américain illustrent parfaitement l’observation de
469
Rist. Afin que le marché international et, en particulier, américain puisse
absorber l’émission de l’emprunt roumain, les dirigeants de Bucarest doivent
réagir très vite en donnant leur accord pour la finalisation des négociations,
organisées par la Banque de France. Dans le but de compenser la diminution de
470
la tranche américaine , Charles Rist propose l’admission du groupe suédois
Ivar Kreuger & Toll dans le consortium de banques étrangères qui, en échange
du monopole des allumettes pourrait apporter à la Roumanie la somme de 30
467
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 : (1926-
1928) : Télégramme de Constantin Diamandy, Ministre de Roumanie en France,
à Iuliu Maniu, Président du Conseil roumain, p. 13 (Trad. du roumain).
468
Sur cette question, voir DUCHÊNE, François, Jean Monnet. The first
statesman of interdependence, New York, London, WW Norton & Company, p.
47. Duchêne évoque la chute du marché boursier américain en avril 1928 qui se
répercute fortement sur l’intérêt des banques américaines sur les émissions et
les titres étrangers.
469
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 132 (1929-
1939) : Note confidentielle de Constantin Diamandy à Iuliu Maniu sur les
négociations de Paris, le 18 janvier 1929, p. 13.
470
Sur cette question, voir BUSSIERE, Eric, « Jean Monnet et la stabilisation
monétaire de 1929 : un « outsider » entre l’Europe et l’Amérique » in BOSSUAT,
Gérard et Wilkens, Andres (éds.), Jean Monnet, l’Europe et les chemins de la
paix, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, pp. 73-74.
161
471
millions de dollars. Le montant total de l’emprunt roumain serait, ainsi, de 80
millions de dollars. Face à la réticence de Mihai Popovici d’accepter l’entrée de
Ivar Kreuger dans le consortium organisé par la Banque de France, Rist
déclare : « Le fait qu’un petit pays comme la Suède investit en Roumanie ne
présente pas les mêmes risques et inconvénients que ceux d’une Grande
472
Puissance. »
471
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 132 (1929-
1939) : Note confidentielle de Constantin Diamandy à Iuliu Maniu sur les
négociations de Paris, le 18 janvier 1929, p. 13.
472
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 132 (1929-
1939): Note confidentielle de Constantin Diamandy à Iuliu Maniu sur les
négociations de Paris, le 18 janvier 1929, p. 14 (trad. du roumain).
473
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 132 (1929-
1939) : Télégramme de Nicolae Titulescu, Ministre de Roumanie en Grande-
Bretagne, à Iuliu Maniu et à Virgil Madgearu, le 29 janvier 1929, p. 20 (Trad. du
roumain).
474
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 132 (1929-
1939) : Télégramme de Virgil Madgearu à Nicolae Titulescu, le 29 janvier 1929,
p. 22.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
475
développement économique de la Roumanie. Mais, Madgearu et Titulescu
ignoraient le fait que le gouvernement roumain ne pourra plus conclure d’autres
emprunts étrangers sans l’accord du Conseiller technique de la Banque
Nationale si le Programme de stabilisation monétaire et de développement
économique entrait en vigueur. Rappelons que le Conseiller technique de la
Banque Nationale de Roumanie devait être consulté par les dirigeants de
Bucarest pour chaque emprunt extérieur qu’ils souhaitaient conclure avec les
banques étrangères.
475
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 132 (1929-
1939) : Télégramme de Virgil Madgearu à Nicolae Titulescu, le 29 janvier 1929,
pp. 22-23.
476
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 132 (1929-
1939) : Télégramme de Iuliu Maniu, Président du Conseil roumain, à Constantin
Diamandy, Ministre de Roumanie en France, le 30 janvier 1929, p. 24.
163
Le 2 février 1929, Mihai Popovici signe à Paris l’accord définitif avec les
banques américaines et européennes, réunies par la Banque de France, pour
l’émission de l’emprunt roumain de stabilisation monétaire et de développement
économique. L’émission de cet emprunt est fixée le 14 février 1929, date à
laquelle le Programme de stabilisation monétaire et de développement
économique de la Roumanie devra être mis en vigueur. Avec l’accord de
Charles Rist, le cours de stabilisation de la monnaie roumaine est établi par les
dirigeants de Bucarest à 3,10 centimes or qui représente le cours du jour du leu.
Il convient de préciser que certains membres du gouvernement ont demandé
que le cours de stabilisation soit fixé à 3, voire au-dessous de 3 centimes or, afin
de faire baisser le pouvoir d’achat à l’étranger du leu qui était supériur à celui de
478
l’intérieur. De cette manière, les exportateurs roumains auraient pu profiter
pendant une courte période de la baisse de prix à l’étranger. Le tableau ci-
dessous (Tableau III) illustre le cours de la monnaie roumaine, le leu, avant et
après sa stabilisation par rapport aux principales devises étrangères :
477
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 132 (1929-
1939) : Télégramme de Iuliu Maniu, Président du Conseil roumain, à Constantin
Diamandy, Ministre de Roumanie en France, le 30 janvier 1929, pp. 11-12 (trad.
du roumain).
478
Sur cette question, voir ARSENOVICI, Tiberiu, La stabilisation monétaire en
Roumanie, Paris, Jouve & C., 1930, p. 50.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
479
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Loi monétaire promulguée au Moniteur Officiel du Royaume de
Roumanie, le 7 février 1929.
165
Roumanie qui sont convertibles soit en monnaie-or, ayant cours légal, soit en
lingots-or, soit en devises étrangères convertibles en or. Concernant la
couverture légale de la circulation des billets, elle est fixée par la nouvelle loi
monétaire à 35%. Cette encaise or pourra être composée d’or ou de devises
libellées en monnaies légalement et pratiquement convertibles en or exportable.
Mais, au moins 25% de la circulation des billets doit être garantie par de l’or en
caisse ou en dépôt disponible à l’étranger. L’article 6 de cette nouvelle loi
entérine l’adoption du Programme de stabilisation monétaire et de
développement économique de la Roumanie, établi par les dirigeants de
Bucarest en collaboration avec les banques étrangères durant l’année 1928. Ce
Programme, dont l’exécution a été estimée à une durée de trois ans, prévoit
l’introduction de toute une série de mesures et de réformes administratives et
financières, destinées à réorganiser les statuts de la Banque Nationale de
Roumanie et de la Trésorérie, la comptabilité publique et les chemins de fer
roumains. Les ressources financières qui permettront au gouvernement Maniu
de réaliser tous ces travaux sont, donc, celles de l’emprunt international, dont
l’émission était prévue pour le 15 mars 1929.
480
contre le paiement des différentes redevances annuelles. La Caisse
Autonome des Monopoles doit, en effet, verser chaque mois sur un compte
spécial ouvert à la Banque Nationale de Roumanie deux tiers de recettes brutes
de l’exploitation de ses monopoles, après la déduction des provisions
nécessaires pour toutes ses dépenses, y compris les frais d’administration, de
direction et d’exploitation, ainsi que les allocations pour la réparation, le
481
renouvellement et l’entretien. Par ailleurs, elle doit remettre à l’État par des
versements à la Banque Nationale de Roumanie le produit de l’emprunt, dont
482
l’affectation s’effectuera conformément au Programme.
480
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Bulletin d’information et de documentation (Loi du 7 février 1929
portant création de la Caisse Autonome des Monopoles du Royaume de
Roumanie, art. 5, p. 26.), Bucarest, février 1929.
481
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Bulletin d’information et de documentation (Convention conclue
le 7 février 1929 entre l’État et la Caisse Autonome des Monopoles du Royaume
de Roumanie, article 5.6, p. 29), Bucarest, février 1929.
482
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Bulletin d’information et de documentation (Convention conclue
le 7 février 1929 entre l’État et la Caisse Autonome des Monopoles du Royaume
de Roumanie, article 5.6, p. 29), Bucarest, février 1929, article 5.2, pp. 28-29.
483
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Bulletin d’information et de documentation : La Réforme
monétaire du 7 février 1929, Bucarest, février 1929, p. 2.
484
DOBROVICI, Gheorghe M., Istoricul desvoltarii economice si financiare a
României si împrumuturile contractate 1823-1933 (L’historique du
167
Exceptée la tranche de 30 millions de dollars souscrite par Ivar Kreuger, les trois
autres tranches de l’emprunt roumain sont soucrites par les banques et les
sociétés financières américaines et européennes suivantes (Tableau V) :
487
Avec un crédit de 30 millions de dollars accordé à la Pologne, Ivar Kreuger
acquiert le monopole des allumettes.
488
MONNET, Jean, Mémoires, Paris, Fayard, 1995, p. 125.
489
MONNET, Mémoires, p. 125.
490
MONNET, Mémoires, p. 126.
169
491
mondiale. Elle dispose également des liens très étroits avec les plus
puissants établissemets bancaires mixtes roumains, la Banque Marmorosch,
Blank and Co. et la Banque de Crédit Roumain, qui lui ont permis dès 1919,
ainsi que le souligne Marguerat, de négocier son engagement dans certaines
492
sociétés métallurgiques et pétrolières roumaines. Le rôle et la participation de
la Banque de Paris et des Pays Bas à l’emprunt roumain montre l’implication
des dirigeants de Paris dans ce pays où la question de la stabilisation monétaire
devient un moyen de garder et de consolider l’influence politique et financière
française dans la région. Par ailleurs, la stabilisation roumaine permet à la
finance française de rivaliser avec la grande finance américaine et, plus
particulièrement, anglaise.
491
Sur cette question, voir BUSSIERE, Eric, Paribas. L’Europe et le monde,
1972-1992, Paris, Fonds Mercator, 1992 et MARGUERAT, Philippe, Banque et
investissement industriel. Paribas, le pétrole roumain et la politique française,
1919-1939, Genève, Droz, 1987.
492
MARGUERAT, Banque et investissement industriel, p. 22.
493
Le montant restant de 9 millions de dollars se partage entre
l’Oesterreichische Nationalbank, la Banque Nationale de Belgique, la Finlands
Bank, la Magyar Nemzeti Bank, la Banca d’Italia, la Nederlandsche Bank, la
Bank Polski, la Sveriges Riks Bank, la Banque Nationale de Suisse et la Narodni
Banka Ceskoslovenska.
494
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : La Réforme monétaire du 7 février 1929, p. 2.
171
Total 17.531 90
495
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
1370200006/7 : Bulletin d’information et de documentation (La réorganisation
des chemins de fer, p. 10), Bucarest, février 1929.
496
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Bulletin d’information et de documentation (La réorganisation
des chemins de fer, p. 11), Bucarest, février 1929.
497
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Bulletin d’information et de documentation (La réorganisation
des chemins de fer, p. 11), Bucarest, février 1929.
173
498
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Bullletin d’information et de documentation. La Réforme
monétaire du 7 février 1929, p. 9.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
doter tous ces services d’une gestion indépendante et, notamment, d’une
responsabilité financière propre.
Banque Nationale s’il l’estmaitt contraire aux lois, aux statuts ou aux intérêts de
499
l’Etat. Afin de s’assurer que la Banque Nationale respecte ses engagements
et sa mission, les dirigeants politiques désigneront un commissaire qui assistera
à toutes les séances de la Banque et aura une voix consultative. En outre, le
pouvoir politique est autorisé à participer à la désignation du Gouverneur, dont
la nomination doit se faire par décret royal pour un mandat de six ans,
renouvelable si les conditions de nomination sont entièrement respectées.
499
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Bullletin d’information et de documentation. La Réforme
monétaire du 7 février 1929, p. 23.
500
Nous rappelons que la Banque Nationale de Roumanie est actionnaire de la
Société Nationale de Crédit Industriel. Les nouveaux Statuts (article 22) lui
permettent de maintenir sa participation au capital de cette société aussi
longtemps qu’elle le jugera indispensable.
501
ARSENOVICI, La stabilisation monétaire, pp. 99-100.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
502
MOREAU, Emile, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France, Paris,
Génin 1954, p. 491.
177
C’est également une réussite pour la diplomatie française qui, avait soutenu et
suivi de près les négociations avec la Roumanie. « La présence du Conseiller
technique à la Banque Nationale de Roumanie fortifie notre influence dans ce
503
pays » écrit le Ministre de France à Bucarest Gabriel Puaux au lendemain de
la stabilisation de la monnaie roumaine. Dans ces circonstances, le Quai
d’Orsay peut mieux défendre ses intérêts roumains et consolider son influence
dans ce pays membre de la Petite Entente et, implicitement, dans la région.
Composée de diplomates, industriels, banquiers et militaires, le réseau de la
diplomatie française s’enrichit, donc, dès février 1929 de nouveaux
collaborateurs, dont le rôle et les activités pourront être fortement utiles pour le
renforcement de la position de la France au détriment des autres puissances
européennes.
503
Archives du MAEF, Paris, Relations commerciales, 1918-1940, Roumanie,
No. 16.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Charles Rist, Roger Auboin, Jean Bolgert, Henri Poisson et les ingénieurs
Gaston Leverve et Michel Mange se voient confié par la Banque de France la
mission de surveiller et de participer, en collaboration avec les dirigeants
roumains, à l’application du Programme durant les années 1929-1932. C’est
une mission qui s’annonce difficile et laborieuse et qui nécessite beaucoup
d’efforts des experts français et, notamment, du Conseiller technique de la
Banque Nationale de Roumanie. Rist témoigne de sa mission dans son Journal
roumain (12 février -14 septembre 1929) où il décrit rigoureusement son activité
éprouvante de « contrôleur » financier, ainsi que les difficultés rencontrées avec
les dirigeants de Bucarest pour l’exécution du Programme.
504
Sur la question de la stabilisation monétaire de la Roumanie, consulter
l’ouvrage de MOREAU, Souvenirs d’un Gouverneur de la Banque de France et
les articles de COTTRELL, P. « Central bank co-operation and Romanian
stabilisation, 1926-1929 » in GOURVISH, Terry (ed.), Business and Politics in
Europe, 1900-1970, Cambridge, Cambridge University Press, 2003 et de
MOURE, K. «French money doctors, central banks, and politics in the 1920s » in
FLANDREAU, Marc (éd.), Money Doctors. The experience of international
financial advising 1850-2000, London, 2003, pp. 138-16.
179
505
RIST, Charles, « Notice biographique » in Revue d’Economie politique,
« Charles Rist, 1874-1955 », Paris, Sirey, 1956, p. 1014.
506
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 :
Télégramme de la Légation de Roumanie à Londres au Gouvernement de
Bucarest, le 12 février 1929, pp. 74-77. Il s’agit des articles publiés le 11 et le 12
février 1929 par Manchester Guardian, Evening Standard et Financial News.
507
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/11 : « L’attitude de Charles Rist en Roumanie » in Financial News,
le 12 avril 1929, p. 25.
508
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/11 : « L’attitude de Charles Rist en Roumanie » in Financial News,
le 12 avril 1929, p. 25.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
britanniques et autres ont été repoussés par Rist sous le prétexte qu’elles
mettaient en péril le projet de stabilisation, alors que des offres françaises ne
509
présentant pas plus de garanties à cet égard ont été approuvées ».
509
Archives de la BdF, Paris Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/11 : « L’attitude de Charles Rist en Roumanie » in Financial News,
le 12 avril 1929, p. 25.
510
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 131 :
Télégramme de la Légation de Roumanie à Londres au Gouvernement de
Bucarest, le 11 février 1929, p. 74, Trad. du roumain.
511
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
No.1370200006/10 : Télégramme de Gabriel Puaux au Quai d’Orsay, le 21 avril
1929 : A.s. d’un article du Financial News., p. 2.
512
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
1370200006/10 : Télégramme de Gabriel Puaux au Quai d’Orsay, le 21 avril
1929 : A.s. d’un article du Financial News., p. 2.
181
Quant à la situation de Roger Auboin, Rist est plus pessimiste car les dirigeants
517
roumains essaient systématiquement de le faire passer sous silence. À titre
513
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Télégramme de Gabriel Puaux au Quai d’Orsay, le 21 avril
1929 : A.s. d’un article du Financial News., p. 2.
514
Il s’agit des journaux Dimineata (Le Matin), Epoca (L’Epoque) et Tara
Noastra (Notre Pays).
515
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 14 février 1929, p. 2.
516
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 14 février 1929, p. 3.
517
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 14 février, p. 3.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
518
Archives de la BdF, Paris, Missions financières en Roumanie, No.
1370200006/7: Lettre du Gouverneur Burillianu au Gouverneur Moreau, le 4
février 1929.
519
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 14 février, p. 2.
520
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 15 février 1929, p. 5.
183
l’explique Rist, les banques anglaises ont constamment fourni et renouvelé aux
banques roumaines les crédits en livres sterling, afin de soutenir le commerce
extérieur roumain et, notamment, celui des céréales (blé et maïs). La réalisation
de la stabilisation du leu détermine les banques anglaises à exiger le
remboursement intégral de ces crédits que les banques roumaines avaient
payés de temps à autre quand les exportations roumaines le permettaient.
Malgré les avertissements de Boutry, Directeur de la Banque Commerciale
Roumaine, qui avait anticipé cette situation avant l’émission de l’emprunt
roumain, Rist avait minimisé ses éventuelles conséquences sur la restauration
521
monétaire de la Roumanie. En effet, les renseignements fournis par les
dirigeants roumains à la Banque de France durant les négociations pour
l’émission de l’emprunt de 1929 n’ont pas permis l’estimation exacte de ce
risque car ils ont occulté l’ampleur des crédits à rembourser aux banques
anglaises. « J’ai toujours considéré cet incident, affirme Rist, comme la preuve
de l’extraordinaire difficulté d’apprécier convenablement la situation monétaire et
financière d’un pays, lorsque les experts désignés à cet effet n’ont pas la chance
522
de rencontrer des témoins particulièrement sincères. » Du reste, ainsi que le
déclare le Conseiller technique en signe de résignation : « C’était un exemple
très intéressant du rôle joué par la place de Londres avant la chute du sterling
en 1931, non seulement en Roumanie, mais dans bien d’autres pays, par son
523
aptitude à fournir des crédits constamment renouvelés. »
Afin d’arrêter la sortie des devises, Rist impose, malgré l’opposition des
dirigeants de la Banque Nationale qui avaient proposé des restrictions de
524
change, le relèvement du taux de l’escompte de 6% à 9%. De cette manière,
le Conseiller technique mettait fin à une pratique financière très ancienne que
Roger Auboin décrit en ces termes : « les banques roumaines avaient en effet
l’habitude d’escompter à la Banque Nationale, à un taux relativement bas, du
521
RIST, Charles, « Notice biographique » in Revue d’Economie politique,
« Charles Rist, 1874-1955 », Paris, Sirey, 1956, p. 1013.
522
RIST, « Notice biographique », p. 1014.
523
RIST, « Notice biographique », p. 1013.
524
RIST, « Notice biographique », p. 1015.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
525
AUBOIN, Roger, « Les missions en Roumanie, 1929-1932 » in Revue
d’Economie politique, « Charles Rist, 1874-1955 », Paris, Sirey, 1956, p. 933.
526
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 3 mars 1929, p. 19.
527
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 9 mars 1929, p. 23.
528
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 11 avril 1929, p. 31.
185
529
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 28 février 1929, p. 16.
530
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, No. 31/1931 : Rapport sur
les deux premières années d’application du Programme de stabilisation et de
développement économique, p. 12.
531
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 28 février 1929, p. 16.
532
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 21 février 1929, p. 11.
533
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
No. 1370200006/7 : Bulletin d’information et de documentation. Statuts de la
Banque Nationle de Roumanie, art. 50, p. 20.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
doivent être élus par l’Assemblée Générale des Actionnaires de la Banque. Leur
nomination se fait pour une durée de deux ans et doit être confirmée par le
Conseil d’Administration de la Banque. Il convient de préciser que le Conseil
d’Administration se composent du Gouverneur et de dix Administrateurs. Parmi
ces derniers, trois sont désignés directement par le Gouverneur parmi les
personnalités compétentes dans les questions agricoles, commerciales,
industrielles, bancaires et financières, tandis que l’Assemblée Générale des
Actionnaires doit en choisir les sept autres Administrateurs, proposés par l’Union
des Chambres de Commerces et d’Industrie et l’Union des Chambres
534
d’Agriculture. Le fait que le Gouverneur de la Banque Bationale doit choisir le
Vice-Gouverneur de cette institution parmi les Administrateurs Délégués
expliquerait, de notre point de vue, la tentative d’ingérence de Maniu dans la
nomination des quatre Administrateurs.
534
Archives de la BdF, Paris, Missions financières en françaises Roumanie,
No. 1370200006/7 : Bulletin d’information et de documentation. Statuts Banque
Nationale de Roumanie, art. 51, p. 20.
535
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Roger Auboin, Les Missions de Charles Rist en Roumanie,
1929-1932, août 1955, p. 21.
187
536
que j’en pense dans mon rapport. » Malgré les tentatives de dirigeants
roumains de « négocier » la rédaction de ces rapports, Rist défend à plusieurs
reprises son indépendance de jugement et d’expression.
536
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Note sur la manière dont l’action de restauration financière en
Roumanie pourrait être replacée sur un plan international, p. 5.
537
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 18 avril 1929, p. 33.
538
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 10 juin 1929, p. 60.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
539
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 21 février 1929, p. 11.
540
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 21 février 1929, pp. 11-12.
541
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 4 mai 1929, p. 39.
189
Les questions budgétaires représentent une autre source de conflit entre Rist et
les dirigeants du gouvernement roumain. Il convient de rappeler que le
Programme contient l’engagement du gouvernement de Bucarest d’établir et de
maintenir un strict équilibre budgétaire. Aussi, Rist avait accepté sa mission en
Roumanie, en échange de l’engagement des dirigeants de Bucarest d’assurer et
de maintenir l’équilibre budgétaire. En 1929, le déficit budgétaire réussit à être
eviter par le vote au cours de l’année de 2 milliards de lei de nouveaux impôts,
ainsi que par des restrictions de dépenses d’un milliard et demi de lei. En
apprenant que Popovici envisage la création d’une nouvelle taxe sur les
benzines, Rist conseille à Maniu de l’attribuer au budget général afin de couvrir
542
les recettes insuffisantes de l’année en cours. À la grande surprise du
Conseiller technique, Maniu lui déclare : « J’ai promis cette taxe pour autre
chose, je dois tenir mon engagement, que mon Ministre des Finance me
543
suggère une autre taxe, c’est son métier d’en trouver. » Quelques jours plus
544
tard, Rist apprend que Iuliu Maniu a promis cette taxe au Prince Nicolae , dont
l’intérêt pour l’aviation et les courses de voiture et, notamment la confusion entre
545
les caisses de l’État et ses propres revenus ont fait coulé beaucoup d’encre.
542
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 18 juillet 1929, p. VIII.
543
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 18 juillet 1929, p. VIII.
544
Le Prince Nicolae (1903 - 1977) est le deuxième fils du Roi Ferdinand et de
la Reine Marie. Après le décès de son père, le 20 juillet 1927, il est désigné
Régent de Roumanie, fonction qu’il assumera jusqu’au 8 juin 1930, date à
laquelle son frère aîné Carol II est procalmé roi de Roumanie.
545
Archives de la BdF, Paris, Papiers de Charles Rist, No. 23/12 : Journal
roumain (12 février 1929-10 septembre 1929), le 22 juillet 1929, p. XI.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
546
AUBOIN, « Les missions en Roumanie, 1929-1932 », p. 936.
547
Voir Annexe IV : Gouvernements de la Grande Roumanie, 1919-1937.
548
RIST, « Notice biographique », p. 1024.
191
obtient le 7 juin 1930 avec le soutien du Parti National Paysan l’abrogation par le
Parlement de l’acte d’abdication d’avril 1925 et sa proclamation comme roi de
549
Roumanie.
549
Sur le retour de Carol II (1893-1953) en Roumanie en juin 1930 et son
avènement au trône, voir PROST, Destin de la Roumanie, pp. 49-65 et
QUINLAN, Paul, Regele playboy. Carol al II-lea al României, Bucuresti,
Humanitas, 2008, pp. 108-197.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Les démarches effectuées par George Mironescu et son Ministre des Finances,
Mihai Popovici, auprès de différents établissements financiers étrangers
s’annoncent également longues et très contraignantes en raison des conditions
économiques et financières exigées pour la participation à l’émission de cet
emprunt. A titre d’exemple, les banques suisses subordonnent leur participation
à cette opération au règlement des dettes d’avant-guerre et aux éventuelles
commandes que les dirigeants roumains devraient passer à l’industrie suisse
550
sur le produit du nouvel emprunt. Le groupe allemand, dirigé par la Disconto-
Gesellschaft, reproche aux dirigeants de Bucarest d’avoir négligé l’industrie
allemande en 1929 et réclame la signature d’un contrat d’achat de biens
d’équipement pour les chemins de fer roumains. Les banques françaises,
dirigées par la Banque de Paris et des Pays Bas, lient également leur
participation au nouvel emprunt roumain à l’engagement des dirigeants de
Bucarest de réserver à l’industrie française et, essentiellement, à celle
550
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 133 (1930-
1936) : Télégramme de la Légation de Roumanie à Berne au Président du
Conseil roumain, George Mironescu, le 17 décembre 1930, p. 187.
193
Quant aux banques américaines et, plus particulièrement, à la maison Blair &
Co., qui avait joué un rôle de premier plan dans les négociations pour l’émission
de l’emprunt de stabilisation monétaire, elles avertissent le Gouverneur de la
Banque de France, Clément Moret, de leur difficulté de participer à cette
nouvelle opération, en raison de la mauvaise situation du marché international.
Ces circonstances déterminent Moret et Rist de conseiller les dirigeants de
Bucarest de reprendre contact avec le groupe suédois d’Ivar Kreuger & Toll qui,
lors du précédent emprunt avait apporté à la Roumanie 30 millions de dollars en
552
échange du monopole des allumettes. La participation de Kreuger à cette
nouvelle opération, ainsi que le souligne Charles Rist, pourrait compenser la
diminution de la participation des banques américaines et assurer l’émission de
l’emprunt roumain de développement économique. En échange de sa
participation, estimée à 10 millions de dollars, Kreuger demande la cession du
553
monopole des routes de Roumanie (la construction, l’entretien, etc.).
551
Archives MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 133 (1930-1936) :
Télégramme de la Légation de Roumanie au Président du Conseil roumain,
George Mironescu, le 27 janvier 1931, 129.
552
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 133 (România si
împrumutul pentru stabilizare, Transa II, 1930-1936) : Télégramme de la
Légation de Roumanie à Paris au Président du Conseil roumain, George
Mironescu, le 7 janvier 1931, p. 9.
553
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 133 (România si
împrumutul pentru stabilizare, Transa II, 1930-1936) : Télégramme de la
Légation de Roumanie à Paris au Président du Conseil roumain, George
Mironescu, le 7 janvier 193 p.82.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Ces nouvelles exigences sont en lien avec la prolongation de deux, voire trois
ans, de la mission du Conseiller technique de la Banque Nationale, qui, aux
557
termes de l’Accord du 7 février 1929, devait quitter le pays le 7 février 1932.
554
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 133 (România si
împrumutul pentru stabilizare, Transa II, 1930-1936), Télégramme de la
Légation de Roumanie à Paris au Président du Conseil roumain, George
Mironescu, le 9 janvier 1931, p. 28.
555
La monnaie yougoslave, le dinar, est stabilisée le 28 juin 1931. Jean Bolgert,
Inspecteur de la Banque de France, est désigné Expert monétaire de la Banque
Nationale de Yougoslavie pour une période de trois ans. Sa mission consiste
principalement dans le contrôle et la surveillance de l’exécution du programme
de reconstruction financière et monétaire par les dirigeants yougoslaves.
556
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 133 (România si
împrumutul pentru stabilizare, Transa II, 1930-1936), Télégramme de la
Légation de Roumanie à Paris au Président du Conseil roumain, George
Mironescu, le 14 janvier 1931, p. 127.
557
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 133 (România si
împrumutul pentru stabilizare, Transa II, 1930-1936), Télégramme de la
195
Afin que les dirigeants roumains acceptent sans trop de difficulté cette
prolongation, Moret propose l’introduction d’une nouvelle formule de
collaboration entre la Banque Nationale de Roumanie et le Conseiller technique.
Tout d’abord, le terme de Conseiller technique serait remplacé par celui
d’Expert, dont la principale mission serait de rédiger deux à trois fois par année
un rapport sur la situation financière et monétaire de la Roumanie, ainsi que sur
la politique menée par la Banque Nationale. Par rapport au Conseiller technique,
l’Expert ne résiderait plus à Bucarest de manière permanente et ne serait plus
obligé de participer aux réunions et aux conseils de la Banque Nationale.
Toutefois, l’Expert aurait le droit de désigner un collaborateur adjoint qui, lui
devrait séjourner dans la capitale roumaine de manière permanent jusqu’à la fin
de la mission, dont la durée pourrait varier de deux à trois ans, en fonction de la
décision des créanciers étrangers. L’Expert continuerait également à diriger et à
surveiller le Service d’Etudes de la Banque Nationale, qui avait été mis sous
l’autorité du Conseiller technique dès le 7 février 1929. Quant au devoir des
dirigeants de la Banque Nationale envers l’Expert, il serait de s’engager
formellement à collaborer et à faciliter la mission de l’Expert, ainsi que celle de
son adjoint, en leur mettant à disposition toutes les informations nécessaires
pour la réaction des rapports sur la situation monétaire et financière du pays.
er
Averti, le 1 février 1931, par le Ministre Popovici de nouvelles exigences
formulées par les banques étrangères, ainsi que des démarches à réaliser
auprès de la Banque de France, Dimitrie Burillianu remet immédiatement en
question la présence de Roger Auboin à titre d’Expert auprès de la Banque
Nationale de Roumanie. Pour Burillianu, la présence de Charles Rist et, ensuite,
celle de Roger Auboin auprès de la Banque Nationale à titre de Conseiller
technique n’a été qu’une mesure exceptionnelle et transitoire, limitée à une
période de trois ans. Il ne souhaite pas sa prolongation, au-delà du 7 février
1932, car elle influencerait négativement le crédit international de la Roumanie,
ainsi que la confiance des créranciers étrangers dans les compétences des
559
Sur cette question, voir RACIANU, Ileana, « L'indépendance de la Banque
nationale de Roumanie en question: le gouverneur Burillianu et la mission de la
Banque de France au début des années 30 » in Histoire, Economie et Société,
No. 4, 2011, pp. 19-28.
560
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/16 : La stabilisation monétaire et la Banque Nationale de
Roumanie, Section I : Statuts de la Banque Nationale Missions en Roumanie.
197
561
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1931 : Istoricul
chestiunei Consilierului technic, p. 1.
562
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1931 : Istoricul
chestiunei Consilierului technic, p. 1.
563
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1931 : Istoricul
chestiunei Consilierului technic, p. 2.
564
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1931 : Télégramme
du Gouverneur de la Banque Nationale de Roumanie au Ministre des Finances,
Mihai Popovici, le 17 février 1931, p. 1.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
565
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1931, Télégramme
du Gouverneur de la Banque Nationale de Roumanie, Dimitrie Burillianu, au
Ministre des Finances, Mihai Popovici, le 17 février 1931, p. 1.
566
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1931, Istoricul
chestiunei Consilierului technic (L’historique de la question du Conseiller
technique), p. 3.
567
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1931, Istoricul
chestiunei Consilierului technic, p. 5.
199
568
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/16 : Télégramme du Gouverneur de la Banque de France à la
Banque Nationale de Roumanie, le 27 février 1931, p. 4.
569
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/16 : Télégramme du Gouverneur de la Banque de France à la
Banque Nationale de Roumanie, le 27 février 1931, p. 4.
570
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1931 : Istoricul
chestiunei Consilierului technic, p. 7.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Accusé d’avoir mis en danger les intérêts de l’État roumain, Dimitrie Burillianu
est destitué par décret royal le 10 mars 1931. Son successeur, Constantin
572
Angelescu approuve les démarches effectuées par le gouvernement auprès
de la Banque de France et l’emprunt roumain de développement économique
sera finalement émis le 15 mars 1931.
571
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 134 (1930-
1936) : Télégramme de la Légation de Roumanie à Paris au Président du
Conseil roumain, le 26 février 1931, p. 449.
572
Professeur de droit à la Faculté de Droit de Bucarest, Constantin Angelescu
(1870-1948) est nommé durant les années trente à deux reprises Gouverneur
de la Banque Nationale de Roumanie : du 9 mars 1931 au 10 juin 1931 et du 27
novembre 1931 au 3 février 1934. Entre le 30 décembre 1933 et le 3 janvier
1934, Angelescu assume les fonctions de Président du Conseil roumain.
201
573
Il convient de préciser que par rapport à la première tranche de l’emprunt de
stabilisation monétaire et développement économique de février 1929, la
deuxième tranche de cet emprunt est contractée en une seule devise, le franc
français.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Les crédits obtenus par la Roumanie, par suite de cette deuxième émission
internationale sont destinées au développement du secteur agricole et à la
création d’une Banque agricole et d’une Société de Crédit Agricole
203
574
Hypothécaire. Cette dernière institution, dont la principale mission est
d’assainir les dettes agricoles en fournissant aux débiteurs, dans des conditions
de sécurité, des fonds à taux modéré pour rembourser les dettes anciennes à
taux élevé et souvent usuraire, est placé sous la surveillance de Regard, ancien
575
sous-gouverneur du Crédit Foncier de France. Toutefois, le montant de 400
millions de francs français, accordé au développement de l’agriculture, s’est
avéré rapidement insuffisant, compte tenu du caractère agricole du pays et de
l’importance des investissements à réaliser dans ce secteur. En outre, une
somme de 250 millions de francs français est affectée au développement des
576
chemins de fer pour la continuation des travaux commencés en 1929. Le
programme de restauration du réseau routier roumain reçoit sur le produit de
l’emprunt déposé à la Banque Nationale par la Caisse Autonome des
577
Monopoles un montant de 220 millions de francs français. Quant au fonds de
roulement du Trésor, la somme accordée est de 200 millions de francs
578
français.
Face aux critiques de la presse internationale, qui s’interroge sur les raisons de
la destitution du Gouverneur de la Banque Nationale de Roumanie, Mironescu
déclare qu’il a été obligé de prendre cette mesure afin de défendre les intérêts
de l’État roumain, car l’emprunt roumain devait être émis avant l’emprunt
yougoslave de stabilisation monétaire. Le journal français l’Écho de Paris
annonce dans son édition du 10 mars 1931 que le Gouverneur de la Banque
Nationale de Roumanie a été révoqué par décret royal en raison d’une lettre
574
AUBOIN, « Les missions en Roumanie, 1929-1932 », p. 937.
575
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, No. 31/1931 : Rapport sur
les deux premières années d’application du Programme de stabilisation et de
développement économique, pp. 13-15.
576
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
1370200006/13 : Deuxième emprunt international de la Caisse Autonome des
Monopoles du Royaume de Roumanie, pp. 9-10.
577
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
1370200006/13 : Deuxième emprunt international de la Caisse Autonome des
Monopoles du Royaume de Roumanie, pp. 9-10.
578
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
1370200006/13 : Deuxième emprunt international de la Caisse Autonome des
Monopoles du Royaume de Roumanie, p. 10.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
579
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 134 (1931-
1934) : Coupures de presse, p. 516.
580
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 134 (1931-
1934) : Coupures de presse, p. 517.
581
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare Speciale, No. 134 (1931-
1934) : Coupures de presse, p. 518.
582
GAFENCU, Însemnari politice, 1929-1939, p. 119.
205
583
à son égard en faisant appel à la Cour Constitutionnelle de Roumanie. Il
demande à cette instance de se prononcer sur le droit et les compétences du
Gouvernement roumain de désigner et de destituer le Gouverneur de la Banque
Nationale. Se basant sur les nouveaux Statuts de la Banque Nationale, qui « ont
été révisés de façon à harmoniser leurs dispositions avec celles des statuts les
plus récents des autres banques d’émission européennes », la Cour
Constitutionnelle de Roumanie reconnaît le droit du Gouvernement de désigner
le Gouverneur de la Banque Nationale par décret royal pour une durée de six
584
ans. En l’absence de toute disposition législative sur la révocation du
Gouverneur, la Cour décide que les dirigeants du Gouvernement n’ont ni le
droit, ni les compétences de destituer le Gouverneur, car il n’est pas un
fonctionnaire public au sens strict du terme. Il peut être révoqué en cas
d’incapacité ou de faute grave, mais il n’y a que la Cour Constitutionnelle qui a
le droit et les compétences pour délibérer dans ce domaine. Ayant destitué
Burillianu sans respecter cette procédure, le gouvernement se rend, donc,
coupable d’avoir violé les nouveaux Statuts de la Banque Nationale, qui visent à
585
régler et à limiter l’intervention de l’État dans les affaires de la Banque. Selon
la Cour Constitutionnelle de Roumanie, Burillanu a fait son devoir de
Gouverneur, tel qu’il était prévu par les Statuts de la Banque Nationale, et rien
ne prouve qu’il a eu l’intention de contrecarrer la politique financière menée par
le gouvernement à l’occasion des négociations pour l’emprunt de mars 1931.
583
Archives de la BNR, Bucarest Fonds Secretariat, Année 1931 : Curtea de
Apel Bucuresti, Procès verbal no. 4621, le 8 juillet 1931, pp. 1-11.
584
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/16 : La stabilisation monétaire et la Banque Nationale de
Roumanie. Statuts de la Banque Nationale, p. 4.
585
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/16 : La stabilisation monétaire et la Banque Nationale de
Roumanie. Statuts de la Banque Nationale, p. 4.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
586
Ingénieur, économiste et homme politique, Mihai Manoilescu (1891-1950) est
désigné le 14 juillet 1931 Gouverneur de la Banque Nationale de Roumanie. Il
assumera ces fonctions jusqu’au 27 novembre 1931, date à laquelle il a été
destitué par le roi Carol II en raison de son refus de sauver la Banque
Marmorosch, Blank and Co. Durant son activité politique, il a été nommé
plusieurs fois à la tête des Ministères du Commerce et de l’Industrie, des
Travaux Publics et des Communications et des Affaires Etrangères. Parmi ses
principaux ouvrages, on retient Théorie du protectionnisme et de l'échange
international (1929) et Le siécle du corporatisme. Doctrine du corporatisme
intégral et pur (1934 ) .
587
La Banque Marmorosch, Blank and Co. est considérée comme étant la
banque du roi Carol II.
588
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Missions en
Roumanie, S. 87 : Rapport sur la situation économique et financière de la
Roumanie, p. 6.
589
RIST, « Notice biographique », p. 1016.
207
Dès son retour à Bucarest en avril 1932, Rist trouve une situation complètement
différente de celle qu’il avait connue durant les années 1928-1931. Le roi Carol
II serait en grande partie à l’origine de ce changement, lourd de conséquences
politiques et financières pour la Roumanie. Préoccupé de renforcer l’armée
roumaine par des dépenses démésurées, Carol II a négligé les répercussions
sur la situation financière et monétaire du pays.
590
RIST, « Notice biographique », p. 1016.
591
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/5 : Lettre de Roger Auboin à Jean Bolgert, le 13 avril 1932.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
592
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Roumanie (1921-1934), No. 358 :
Télégramme de Charles Rist à Constantin Argetoianu, Ministre des Finances, le
22 mars 1932, p. 338.
593
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Roumanie (1921-1934), No. 358 :
Note sur le Rapport Rist, p. 323.
594
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Roumanie (1921-1934), No. 358 :
Note sur le Rapport Rist, p. 323.
595
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Roumanie (1921-1934), No. 358 :
Note sur le Rapport Rist, p. 323.
209
596
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Lettre de Roger Auboin à Clement Moret, le 7 mars 1932, pp.
19-21.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
597
économique du pays. « La conclusion à laquelle conduisent l’examen de la
situation actuelle et l’expérience de trois années écoulées, écrit Auboin, est que
dans tous les cas une action très énergique et comportant avant tout un effort
soutenu est indispensable en Roumanie pour le maintien et l’achèvement de
l’œuvre financière entreprise et la défense des intérêts considérables qui sont
598
liés à cette œuvre. » Reprenant l’idée de Auboin, Charles Rist décide, donc,
de confier l’autorité internationale nécessaire au bon fonctionnement de la
Roumanie à la Société des Nations.
597
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Lettre de Roger Auboin à Clement Moret, le 7 mars 1932, p.
19.
598
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie,
1370200006/13 : Lettre de Roger Auboin à Clement Moret, le 7 mars 1932, p.
19.
599
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds România (1921-1934), No. 358 :
Télégramme de Cesianu, Ministre de Roumanie à Paris, à Nicolae Iorga,
Président du Conseil, et Constantin Argetoianu, Ministre des Finances, le 22
mars 1932, p. 26780.
600
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds România (1921-1934), No. 358 :
Télégramme de Cesianu, Ministre de Roumanie à Paris, à Nicolae Iorga,
Président du Conseil, et Constantin Argetoianu, Ministre des Finances, le 22
mars 1932, p. 26780.
211
601
cruelle » provoque une vive émotion. Les dirigeants roumains considèrent
l’intervention de la Société des Nations dans les problèmes économiques et
financiers de la Roumanie comme une véritable humiliation. Les débats lancés
durant les années vingt par les frères Bratianu contre la stabilisation monétaire
sous l’égide de la Société des Nations refont surface et relient tous les partis
politiques car, ainsi que Vintila Bratianu l’avait affirmait : « Seulement les Etats
vaincus dans la Grande Guerre, tels que l’Autriche et la Hongrie, devaient
recourir à la Ligue des Nations. Pour la Roumanie, qui était un Etat vainqueur et
créé par les Traités de Paix de 1919-1920, le recours à la Ligue serait une
humiliation et porterait atteinte à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du
602
pays. » Le 21 juin 1932, lors d’une entrevue avec les dirigeants français,
Nicolae Titulescu, le chef de la diplomatie roumaine, reproche à la France
d’abandonner la Roumanie en faveur de la Société des Nations et avertit qu’il y
aura un changement de la politique étrangère : « En 1927 et 1928, la France
s’est opposée à la Société des Nations parce qu’elle souhaitait avoir une victoire
contre la Banque d’Angleterre. Le résultat a été que les autres Etats se sont
éloignés de la Roumanie et que l’Angleterre l’a considéré comme une colonie
économique de la France. La Ligue est une simple procédure, mais la
603
Roumanie devra trouver une véritable aide ou la liberté. » Quant aux
principales raisons de cet « abandon », Titulescu manifeste son indignation en
affirmant que, de cette manière, la France pouvait « se débarrasser » de la
responsabilité financière et, notamment, morale qu’elle avait accepté par suite
604
de l’organisation des emprunts de février 1929 et de mars 1931. Par ailleurs,
Titulescu remet en question le contrôle financier exercé par Charles Rist sur les
601
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Roger Auboin : Les missions de Charles Rist en Roumanie,
1929-1932, p. 19.
602
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare speciale, No. 247 :
Télégramme de Nicolae Titulescu au roi Carol II et au Ministre des Finances, le
22 juin 1932.
603
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare speciale, No. 247 :
Télégramme de Nicolae Titulescu au roi Carol II et au Ministre des Finances, le
22 juin 1932, pp. 1-2 (Trad. du roumain).
604
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare speciale, No. 247 :
Télégramme de Nicolae Titulescu au roi Carol II et au Ministre des Finances, le
22 juin 1932, p. 3.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
605
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare speciale, No. 247 :
Télégramme de Nicolae Titulescu au roi Carol II et au Ministre des Finances, le
22 juin 1932, p. 2 (Trad. du roumain).
606
Archives de la SdN, Genève, Questions économiques et financières, 1933. II.
A. 3 : Accord instituant une collaboration technique consultative en Roumanie.
607
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Missions en
Roumanie (1932), S 90 : La Roumanie et la Société des Nations.
213
608
DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a României, pp.
757-770.
609
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Missions en
Roumanie, S 90 : Note sur la Grande Dépression.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Insister sur l’origine externe de la crise ne signifie pas que l’on doive minimiser
les mécanismes cumulatifs internes, antérieurs à l’année 1929. Le secteur
agricole roumain, ainsi que nous l’avons précisé, subit les contrecoups d’un
facteur « accidentel », la succession des deux mauvaises récoltes, celles de
1927 et de 1928, en provoquant la diminution du revenu national et la baisse du
pouvoir d’achat de la population. En 1930, les experts de l’Institut International
de l’Agriculture de Rome, analysant la situation économique de la Roumanie,
insistent sur les conséquences désastreuses de la réforme agraire de 1918-
1921. Le partage des terres à des paysans, dépourvus d’outillage, de moyens
financiers et de savoir faire, a été réalisé par les dirigeants roumains sans
calculer les effets économiques à long terme. Au lieu de varier les cultures
agricoles et d’améliorer la qualité des produits, afin de suivre la diversification de
la demande mondiale, les paysans ont continué de cultiver les mêmes produits
et de qualité inférieure. À cela s’ajoute également le manque de soutient de
l’État roumain, qui durant les années 1922-1928, s’est efforcé à développer
l’industrie au détriment de l’agriculture et de la population paysanne qui
215
610
représente 80% de la population roumaine. En revanche, les mesures
favorables à ce secteur, envisagées par le Parti National Paysan dès novembre
1928, interviennent au moment du déclenchement de la crise de 1929.
610
MADGEARU, Virgil, Rumania’s new economic Policy, London, P.S. King & Son,
1930, p. 5. Avec ce pourcentage de 80%, la Roumanie devance la Yougoslavie (77%), la
Pologne (67%), la Hongrie (54%) et même la Bulgarie (74%).
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Tableau VIII : L’évolution des prix moyens annuels des principaux produits
agricoles, exportés par la Roumanie, 1929-1931 (en lei)
Produits 1929 1930 1931 Diminution en % par
agricoles rapport
aux prix de 1929
Blé 7.50 4.69 2.52 66.40
Total 45,79
Cette chute brutale des prix agricoles se poursuit jusqu’en 1932, quand les prix
611
commencent à remonter légèrement sur le marché international. La première
mesure adoptée par les dirigeants roumains en 1930, afin de compenser la
baisse des prix, et, donc, d’assurer les revenus de l’État, est d’augmenter les
quantités de céréales exportées en accordant aux agriculteurs d’importantes
612
primes d’exportation. Ainsi, en 1931, il y a une augmentation de 150% par
rapport à l’année 1927. Mais, l’effondrement général des prix ne tarde pas
d’annuler les effets financiers de l’augmentation des quantités exportées, ainsi
que nous le démontre le tableau ci-dessous (Tableau IX).
611
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Missions en
Roumanie, S. 87.
612
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Missions en
Roumanie, S. 87.
217
613
Le déficit budgétaire enregistré pour l’année 1929 est dû à la mauvaise
récolte de 1928.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Cette situation s’explique, ainsi que nous observons, en grande partie par
l’augmentation de quantités exportées et la diminution des importations, qui, en
1931, baissent de 50% par rapport à 1929. Ce phénomène se produit
spontanément sans l’intervention des dirigeants de Bucarest, étant directement
lié à la diminution du pouvoir d’achat de l’État et de la population.
614
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Missions en
Roumanie, S. 87.
615
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Missions en
Roumanie, S. 87.
219
616
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 229 : Note pour la sous-direction des relations
commerciales (Paiements de la Roumanie et pétrole roumain), le 30 novembre
1931.
617
ISRAIL, Mihail-Dumitru, Le marché monétaire roumain, Paris, Librairie
Rodstein, 1933, p. 129.
618
La Banque Générale de Roumanie est considérablement affaiblie depuis
l’année 1925 par l’octroi des crédits à caractère politique visant à maintenir au
pouvoir le Parti National Libéral au détriment du Parti National Paysan.
619
La Banque L. Berkovici, on affirme qu’elle a été compromise par les
spéculations immobilières personnelles de ses deux principaux actionnaires, les
frères Berkovici.
620
La Banque Marmoroch, Blank and Co. enregistre durant l’année 1931 une
perte de deux milliards de lei sur un actif de quatre milliards et demi de lei. Il
convient de préciser que cette banque est considérée comme étant la banque
personnelle du roi Carol II.
621
BICHI, Cristian, « Foreign Banks in Romania : A Historical Perspective » in
KOSTIS, Kostas P., Modern Banking in the Balkans and West-European Capital
in the Nineteenth and Twentieth Centuries, Ashgate, 1999, p. 43.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
622
faillite. Le projet des dirigeants roumains de sauver cet établissement par
l’étatisation, sur le modèle de la Dresdnerbank, est rejeté par Roger Auboin car
une telle mesure était totalement contraire aux Statuts de la Banque Nationale
et portera atteinte au crédit international acquis par la Roumanie depuis le 7
623
février 1929. Inutile de préciser que les attaques et les critiques qui vont être
formulées à l’adresse du Conseiller technique, notamment par l’entourage du roi
Carol II. Toutefois, la chute de la Banque Marmoroch, Blank and Co. provoque
une certaine satisfaction parmi les opposants du roi qui détermine Grigore
Gafencu à écrire : « Le banquier du roi - le soutien financier du roi et de toute sa
clique - s’est effondré, malgré la volonté du gouvernement et l’obstination
624
acerbe du roi. » Il convient de préciser que le 24 septembre 1931 Jean
Bolgert met en garde les dirigeants de Paris du projet des dirigeants roumains
de solliciter une aide financière française pour l’assainissement du portefeuille
de la Banque Nationale qui sera, en effet, utilisée pour la reconstruction de la
625
Banque Marmoroch, Blank and Co.
622
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Notes sur la situation générale de la Roumanie pour le
Directeur du Mouvement Général des Fonds, (secret), le 3 novembre 1931, p. 2.
623
GAFENCU, Însemnari politice, 1929-1939, p. 269.
624
GAFENCU, Însemnari politice, 1929-1939, p. 270.
625
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Jean Bolgert à Clément Moret, Gouverneur de la Banque de
France, le 24 septembre 1931.
626
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Roger Auboin à Clement Moret, Gouverneur de la Banque de
France, le 19 août 1931.
221
Toutefois, le 11 octobre 1931, Roger Auboin avertit les dirigeants de Paris que
630
la Roumanie doit commencer à réduire ses transferts à l’étranger. Pour ce
627
Voir sur cette question, VRAIN, Cécile, « Politique étangère française et
intérêts de la Banque de France en Hongrie au début des années 1930 :
Histoire d’une divergence » in Histoire, économie et société, No. 4, Vol. 18,
1999, pp. 737-752.
628
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Télégramme de Roger Auboin à la Banque de France, le 19
août 1931.
629
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Notes sur la situation générale de la Roumanie pour le
Directeur du Mouvement Général des Fonds, (secret), le 3 novembre 1931, p. 2.
630
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Note de Roger Auboin au Ministère français des Finances, le
11 octobre 1931.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
faire, Auboin décide d’interdire toutes les nouvelles commandes envisagées par
les dirigeants roumains à l’étranger, ainsi que de demander des arrangements
de paiements pour les commandes déjà effectuées. Cette mesure, prévient
Auboin, touche notamment les paiements prévus pour les commandes militaires
effectuées par les dirigeants roumains à Skoda et Schneider qui s’élèvent à 500
millions de lei pour 1931 et 1.200 millions pour l’année suivante. De cette
manière, Auboin vise à continuer d’assurer le paiement de la dette publique
roumaine. Il évoque même la nécessité de faire un nouvel arrangement de
paiement avec les porteurs de titres roumains afin d’alléger la période de
paiement et de reporter le premier paiement en 1933. Auboin n’exclut pas la
nécessité de demander soit à la Banque de France, soit à la Banque des
Règlements Internationaux un nouveau crédit pour renforcer la situation de la
Banque Nationale de Roumanie.
La Roumanie se trouve donc, comme tous les pays agricoles, aux prises avec
des grandes difficultés économiques et financières nées de la crise mondiale
631
des prix. Le remède à ces problèmes est, ainsi que le souligne Charles Rist ,
d’ordre essentiellement économique et il ne peut résulter que d’une action
internationale. L’élargissement des débouchés avec l’assurance des prix plus
élevés sur les marchés européens constituerait, selon Rist, les seuls moyens
632
pour le relèvement de l’économie roumaine.
631
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Missions en
Roumanie S 86 : Charles Rist : Rapport sur les finances publiques de la
Roumanie, mai 1932.
632
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Missions en
Roumanie S 86: Charles Rist : Rapport sur les finances publiques de la
Roumanie, mai 1932, pp. 30-35.
223
633 e
Au sujet de la X Assemblée de la Société des Nations, voir SCHIRMANN,
Sylvain, Crise, coopération économique et financière entre Etats européens,
1929-1933, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France,
2000, pp. 15-29.
634
MADGEARU, Virgil, Le traitement préférentiel et l’entente économique
régionale, Bucarest, Cartea Romaneasca, 1934, p. 5.
635
MADGEARU, Le traitement préférentiel, p. 5.
636
Au sujet de l’augmentation des tarifs douaniers sur les céréales par les Etats
industriels importateurs, voir page 43.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
637
intérêts du « monde agricole allemand ». Ces réticences donnent lieu à
l’élaboration d’un avant-projet de convention sur la « trêve » douanière qui
devrait être discuté lors de la prochaine conférence économique
638
internationale. Mais, le déclenchement de la grande crise met en échec
l’initiative de Madgearu, soit la réduction des mesures de protectionnisme
agricole et la mise en place d’un système préférentiel.
637
SCHIRMANN, Crise, coopération économique et financière, p. 36.
638
MADGEARU, Le traitement préférentiel, p. 5.
639
MADGEARU, Le traitement préférentiel, p. 9.
640
Voir KARLIKOVITCH, M., Le rapprochement économique des pays
danubiens, Paris, Librairie technique er économique, 1937, pp. 127.
641
KARLIKOVITCH, Le rapprochement économique des pays danubiens, pp.
128-129.
225
La mise au point du projet sur l’obtention des tarifs préférentiels fait l’objet d’une
642
nouvelle rencontre entre la Roumanie et la Yougoslavie. Réunis à Sinaia, en
Roumanie, au mois d’août 1930, les experts des deux pays se mettent d’accord
pour solliciter aux États importateurs un système préférentiel avant même la
conclusion d’accords généraux avec les autres pays agricoles. De même, ils
s’accordent sur des concessions et des avantages mutuels dans les échanges,
sur l’interdiction de se concurrencer à l’exportation et éventuellement sur la mise
643
en place d’institutions communes. Selon une étude de l’époque réalisée par
644
Jean Hurmuzesco , cet accord projetterait une union douanière entre les deux
645
membres de la Petite Entente. Le même auteur affirme que les décisions
prises à Sinaia produisent un refroidissement dans les relations de la Roumanie
646
et de la Yougoslavie avec la Hongrie. Mais, ainsi que nous l’avons pu
constater en analysant les archives de la Société des Nations, le changement
d’attitude de Budapest est aussi dû aux problèmes des minorités hongroises de
647
Roumanie et de Yougoslavie. L’aggravation des tensions entre la Bucarest et
Budapest, au sujet des ressortissants hongrois qui représentent 10% de la
population roumaine, attire l’attention de la Société des Nations à partir de
642
KARLIKOVITCH, Le rapprochement économique des pays danubiens.
643
SCHIRMANN, Crise, coopération économique et financière, p. 112.
644
HURMUZESCO, Jean, Le problème douanier dans l’Europe centrale, Paris,
Coopérative Etoile, 1932.
645
HURMUZESCO, Le problème douanier dans l’Europe centrale, p. 59.
646
HURMUZESCO, Le problème douanier dans l’Europe centrale, p. 59.
647
Archives de la SdN, Genève Section économique et financière, Hongrie, D.
4824.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
648
1930. Traité sous le nom de l’Affaire des optants hongrois, le conflit entre la
Roumanie et la Hongrie se focalise sur les droits des minorités hongroises de
Transylvanie. Les dirigeants de Budapest exigent l’amélioration de la situation
de ses nationaux qui ont opté pour la nationalité roumaine à l’issue de la
Première Guerre mondiale. La confiscation des biens immobiliers, l’application
de la réforme agraire, les mesures abusives des frères Bratianu de
« roumaniser » les entreprises détenues par les « optants hongrois » font l’objet
d’une plainte adressé par la Hongrie à la Société des Nations. Ce conflit restera
649
ouvert tout le long des années trente.
648
Sur cette question, voir les archives de la SdN, Genève, Section économique
et financière, R. 310, Roumanie.
649
Sur cette question, voir les archives de la SdN, Genève, Section économique
et financière, R. 310 : Roumanie.
650
SCHIRMANN, Crise, coopération économique et financière, p. 112.
651
HURMUZESCO, Le problème douanier, pp. 70-79.
227
652
blé et de seigle avaient fortement baissé depuis le déclenchement de la crise.
La mise en place d’un système d’échanges préférentiels permettrait à la
Pologne de consolider son influence économique et politique dans la zone
baltique. De même, ce poids lui permettrait de régler à sa faveur le différent
653
frontalier avec la Lituanie. Cela explique la volonté des dirigeants polonais
d’étendre l’entente centre-européenne à la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie.
652
SCHIRMANN, Crise, coopération économique et financière, p. 125.
653
DUROSELLE, Jean-Baptiste, Histoire diplomatique de 1919 à nos jours,
e
Paris, Dalloz, 1990 (10 édition), p. 43.
654
DUROSELLE, Histoire diplomatique, pp. 109-110.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
655
DUROSELLE, Histoire diplomatique, p. 142.
656
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, p. 365.
657
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, p. 365.
229
658
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, p. 366.
659
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, p. 366.
660
SCHIRMANN, Crise, coopération économique et financière, p. 170.
661
SCHIRMANN, Crise, coopération économique et financière, p. 170.
662
Il s’agit de l’Autriche, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Tchécoslovaquie
et de la Yougoslavie.
663
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Questions
économiques et financières, 1932, 1-11, Chiffres essentiels du commerce
extérieur des pays danubiens, p. 39.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
664
l’exportation totale française. Les achats effectués en Allemagne dépassent
avec 8 millions de francs ceux réalisés en France. Pour ce qui est des
exportations, les pays danubiens vendent à l’Allemagne pour 934 millions de
Reichsmarks, soit 9 % des importations allemandes, alors que la France achète
665
pour 1.214 millions de francs, soit 2,3% de son importation totale.
Afin de donner plus de cohérence à son projet, connu sous le nom du Plan
Poncet, Paris propose également d’intervenir financièrement dans la région
666
avec la collaboration de la Grande-Bretagne. Le Plan Poncet comporte donc
tous les paramètres destinés à rassurer les capitales centre-européennes et
notamment Bucarest de la participation française à leur relèvement économique
et financier. L’acceptation de ce projet par les membres de la Petite Entente
réconforte le gouvernement français. Ayant appris que les dirigeants roumains
667
continuent les négociations avec l’Allemagne, Benès conseille aux dirigeants
français d’appliquer immédiatement les tarifs préférentiels, dont le principe a été
adopté le 16 mars 1931, car Bucarest « ne résisterait pas longtemps aux
668
tentations allemandes ». Face au retard pris par le Comité pour l’écoulement
des céréales, mis en place après l’annonce du Plan Poncet, et aux réticences
de la Grande-Bretagne, au sujet de l’abandon de la clause de la nation la plus
favorisée, la France doit faire marche arrière. Ayant obtenu l’accord français,
Bucarest signe le 5 juin 1931 un traité commercial avec l’Allemagne sur la base
de tarifs préférentiels.
Conçu donc pour empêcher la dérive allemande des États agricoles centre-
européens, par suite de l’annonce de l’union douanière austro-allemande, le
664
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Questions
économiques et financières, 1932, 1-11, Chiffres essentiels du commerce
extérieur des pays danubiens, p. 48.
665
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Questions
économiques et financières, 1932, 1-11, Chiffres essentiels du commerce
extérieur des pays danubiens, p. 39 et p. 48.
666
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, p. 367.
667
Edouard Benès est le principal partisan du projet français car il craignait la
mainmise de l’industrie allemande sur les économies centre-européennes.
668
Cité par SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale,
p. 367, note no. 295.
231
N’étant pas parvenu à légitimer son intervention dans la résolution des difficultés
économiques centres-européennes, Tardieu propose à Genève en mars 1932,
au nom du gouvernement français, un nouveau projet de relèvement
économique de cette région. Le souci immédiat des dirigeants français, qui
671
obtiennent l’assistance de leurs homologues anglais , est de consolider
économiquement le bassin danubien, afin d’offrir des garanties aux États qui
672
prévoient de soutenir financièrement les pays centre-européens. Le souci
plus éloigné, mais le principal, est la création d’une Confédération économique
danubienne, qui devrait permettre à la France de contrecarrer l’expansionnisme
673
économique allemand. Pour résumer l’objectif de ce projet, la France
envisage, par une politique de diversification des appuis occidentaux, de
soustraire les pays agricoles de l’Europe centrale à la tentative de développer
leur commerce avec l’Allemagne et de consolider aussi son influence politique et
économique dans la région.
669
HURMUZESCO, Jean, Les questions roumaines, p. 82.
670
La Roumanie n’a pas envoyé de mémoire à la Cour internationale de justice
de La Haye pour condamner l’Anschluss douanier.
671
Au sujet de l’adhésion de la Grande-Bretagne au Plan Tardieu, voir CARMI,
La Grande-Bretagne et la Petite Entente, pp.183-192 ; pour le Plan Tardieu voir
KARLIKOVITCH, M., Le rapprochement économique des pays danubiens, Paris,
Librairie technique er économique, 1937, pp. 99-123.
672
KARLIKOVITCH, Le rapprochement économique des pays danubiens, p.
100.
673
KARLIKOVITCH, Le rapprochement économique des pays danubiens, p.
100.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
674
s’accorder mutuellement. L’Autriche , la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la
Yougoslavie et la Roumanie sont tenus de déterminer les modalités de ce
nouveau régime préférentiel tout en tenant compte de leurs intérêts et de ceux
675
des États tiers. Cette entente centre-européenne une fois mise en place
bénéficierait de l’aide économique et financier de la France, de la Grande-
Bretagne et de l’Italie. La coopération, souligne Tardieu, « ne doit être ni une
fusion politique, ni une union douanière, mais simplement un rapprochement
676
économique par des traités à base préférentielle ».
674
L’intégration de l’Autriche à ce projet permettrait à la France d’empêcher son
évolution vers l’Allemagne.
675
KARLIKOVITCH, Le rapprochement économique des pays danubiens, p.
102.
676
KARLIKOVITCH, Le rapprochement économique des pays danubiens, p.
103.
677
KARLIKOVITCH, Le rapprochement économique des pays danubiens, p.
101.
678
KARLIKOVITCH, Le rapprochement économique des pays danubiens, p.
104.
233
La position italienne et la réaction de Berlin, qui avait fait à Vienne une contre-
proposition basée sur le régime préférentiel, obligent Tardieu à changer son
attitude et à associer l’Allemagne à ce projet, qui était en fait dirigée contre elle.
Rappelons que l’intégration de l’Autriche dans le Plan Tardieu heurterait les
intérêts allemands qui sont loin de renoncer au projet d’union douanière entre
les deux pays. Dans la note envoyée à Tardieu, le 16 mars 1932, le
gouvernement allemand affirme qu’il ne partage pas le point de vue du
gouvernement français, au sujet des moyens utilisés pour résoudre les
difficultés économiques de l’Europe centrale. En mettant l’accent sur le fait que
les problèmes économiques de cette région résident dans la paralysie
commerciale, le gouvernement allemand affirme que seule la création d’un
679
marché unifié garantirait l’écoulement des produits agricoles de ces pays.
Cette solution, réglerait à la fois les problèmes des États centre-européennes et
ceux de l’Allemagne, bien entendu au détriment de la France. Soulignons que
e
l’initiative de marché unifié n’est pas récente, elle date depuis le XIX siècle et
s’inscrit dans l’idée que le développement de l’Allemagne est étroitement lié à
d’autres espaces économiques. En mars 1931, dans un discours prononcé à
Leipzig Luther, le directeur de la Reichbank affirmait déjà : « Die Deutschland
beherrschende Wirklichkeit ist, dass wir nicht unabhängig auf einer Insel leben,
sondern das ˝Volk ohne Raum˝ sind, wirtschaftlich mit den anderen Völkern
680
verflochten und politische auf das Zusammenleben mit ihnen angewiesen».
Ces propos anticipent l’expansion économique de l’Allemagne qui vise en effet,
comme avant la Première Guerre mondiale, l’Europe centrale.
679
KARLIKOVITCH, Le rapprochement économique des pays danubiens, pp.
105-106.
680
LUTHER, Hans, Rede des Reichsbankpräsidenten Dr. Hans Luther auf dem
Presseabend der Leipziger Frühjahrsmesse am 1. März 1931, Berlin,
Reichsbank, 1931, p. 9, cité par GRAF, Jakob, La problématique réintégration
de l’Allemagne dans l’économie internationale: question des transferts et
ajustement structurel, 1919-1932, p. 121, (mémoire D.E.A.).
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
681
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, p. 370.
682
Archives de la SdN, Genève, Fonds Privés, Papiers Sir Arthur Salter,
Roumanie, p. 148.
683
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, p. 385.
684
Le changement d’attitude de Benès s’expliquerait par le fait que l’industrielle
Tchécoslovaquie envisageait d’établir sa direction économique sur cette région,
tout en n’excluant pas la coopération avec l’Allemagne. Voir SANDU, Traian, Le
système de sécurité français en Europe centre-orientale, p. 385.
235
685
Au sujet de la défection britannique, voir SANDU, Le système de sécurité
français en Europe centre-orientale, p. 386 et KARLIKOVITCH, Le
rapprochement économique des pays danubiens, p. 112.
686
KARLIKOVITCH, Le rapprochement économique des pays danubiens, p.
118.
687
Après la signature des Accords d’Ottawa, le 20 août 1932, la Grande-
Bretagne consacre son attention et ses intérêts économiques à ceux de ses
Dominions et de ses colonies. Au sujet du repli britannique, voir SCHIRMANN,
Crise, coopération économique et financière, pp. 114-116 et pp. 306 -308.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
688
SCHIRMANN, Crise, coopération économique et financière, pp. 194-202.
689
Cité par SANDU qui reprend une note envoyée par Nicolae Titulescu au
gouvernement de Bucarest. Voir son ouvrage Le système de sécurité français
en Europe centre-orientale p. 388, la note 445.
690
Sur cette question, voir CARMI, La Grande-Bretagne et la Petite Entente,
p.189.
237
N’ayant abouti à aucun compromis à la fois entre les Quatre et entre les États
centre-européens, le Plan Tardieu, dont les débats se sont prolongés jusqu’à la
Conférence de Lausanne, juillet 1932, est enterré sans que la France trouve une
solution aux problèmes économiques de l’Europe danubienne et indirectement à
la défense de ses intérêts. À la Conférence de Stresa, réunie en septembre
1932, Paris reprend l’initiative en proposant un nouveau projet pour
l’assainissement économique et financier de l’Europe centrale. Une fois de plus,
les considérations et les rivalités politiques l’obligent d’affronter l’Italie et
l’Allemagne.
691
CARMI, La Grande-Bretagne et la Petite Entente, p.190.
692
Au sujet de la Conférence de Stresa, voir SCHIRMANN, Crise, coopération
économique et financière, pp. 233-253.
693
SCHIRMANN, Crise, coopération économique et financière, pp. 238-239.
694
SCHIRMANN, Crise, coopération économique et financière, pp. 238-239.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
695
MADGEARU, Virgil, La Roumanie à la Conférence de Stresa (1932),
Archives de la SdN, Section économique et financière, S. 86, p. 9.
696
MADGEARU, La Roumanie à la Conférence de Stresa, pp. 10-15.
697
SCHIRMANN, Crise, coopération économique et financière, p. 240.
239
698
directes, soit par l’octroi de tarifs préférentiels. Ces résultats ne peuvent que
coïncider avec les projets de l’Allemagne, qui avait toujours défendu sa
complémentarité économique avec l’espace danubien. Par l’adoption du
système de préférence, Paris voit sa position fragilisée car la France ne peut
offrir une complémentarité économique aussi prononcée que celle de
l’Allemagne. Le tarif préférentiel s’appliquant aux trois céréales, ci-dessus
mentionnées, permet à l’Allemagne d’exclure la Pologne du système
préférentiel, car le seigle, la principale exportation polonaise, n’en fait pas
699
partie. Cette exclusion lui permettrait de dissocier le front des pays agraires
et de concentrer autour d’elle les principaux exportateurs de blé : la Hongrie, la
Roumanie et la Bulgarie. Ayant saisi les intentions allemandes, Paris chercher à
700
contrecarrer l’influence de l’Allemagne par l’arme financière. Cette stratégie
ne tarde pas à donner des résultats négatifs et à se répercuter sur les relations
franco-roumaines. Face au dramatique bilan financier réalisé en mai 1932 par
Charles Rist, la Roumanie se voit obligée de s’adresser à la Société de Nations,
après avoir été empêchée en 1927 par Emile Moreau et Raymond Poincaré de
solliciter l’aide de cette institution. Le recours à la Société des Nations provoque
à Bucarest de violentes critiques à l’égard des dirigeants de Paris qui, place
volontairement la Roumanie sous le protectorat de experts de Genève.
698
Voir, DROZ, Jacques, L’Europe centrale. Evolution historique de l’idée de
« Mitteleuropa », Paris, Payot, 1960, pp. 252-253.
699
SCHIRMANN, Crise, coopération économique et financière, pp. 249-252.
700
SCHIRMANN, Crise, coopération économique et financière, pp. 249-252.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
TROISIÈME PARTIE
Après avoir écarté du gouvernement les leaders du Parti National Paysan, Iuliu
Maniu, George Mironescu et Alexandru Vaida-Voevod, le 13 novembre 1933,
sous prétexte qu’ils ne pouvaient pas redresser la situation économique et
financière de la Roumanie, Carol II se tourne pour la première fois vers le Parti
National Libéral. Ion Gh. Duca, le Président de cette formation politique, se voit
confier le 14 novembre 1933, après quatre années d’attente, la mission de
702
constituer un nouveau gouvernement libéral. Rappelons que le dernier
gouvernement des Libéraux a été celui de Vintila Bratianu du 24 novembre 1927
au 10 novembre 1928. Dès son arrivée au pouvoir, Ion Gh. Duca s’engage à
réaliser par l’introduction de toute une série de mesures commerciales,
budgétaires et fiscales le relèvement économique et financier de la Roumanie,
703
dont la situation tardait à s’améliorer. C’est un programme très ambitieux et
longuement réfléchi par le Parti National Libéral durant les années 1928 - 1933
que, malheureusement, Duca n’aura pas le temps de mettre en place. Dans la
soirée du 29 décembre 1933, il est assassiné par un étudiant, membre de la
701
Cf. PROST, Henri, Destin de la Roumanie, 1918-1954, Paris, Berger-
Levrault, 1954, p. 59.
702
Cf. SLAVESCU, Victor, Note si însemnari zilnice, octombrie 1923 - 1 ianuarie
er
1938 (Notes et réflexions journalières, octobre 1923 - 1 janvier 1938), Vol. I,
e
Bucuresti, Editura Enciclopedica, 1996. (2 Ed.), pp. 56-57.
703
SONEA, Emilia, SONEA Gavrila, Viata economica si politica a României,
1933-1938 (La vie économique et politique de la Roumanie, 1933-1938),
Bucuresti, Ed. Stiintifica si Enciclopedica, 1987, pp. 56-57.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
704
Garde de Fer , sur le quai de la gare de Sinaia où le roi Carol II l’avait
705
convoqué pour une réunion d’urgence. Inutile de préciser que les
circonstances de cet assassinat ont fait l’objet de nombreuses controverses en
Roumanie et à l’étranger. Certaines voix vont même accuser Carol II d’avoir
organisé cet assassinat afin d’affaiblir, voire diviser, le Parti National Libéral qui,
contestait fortement la politique personnelle menée par le roi depuis son retour
706
au pouvoir, le 6 juin 1930.
Sur le fond de cette instabilité politique interne, ainsi que de l’ingérence de Carol
II dans la vie politique du pays, la résolution des difficultés économiques et
financières de la Roumanie devient de plus en plus difficile. Aux restrictions
commerciales internationales, s’ajoutent l’augmentation des dépenses des
dirigeants de Bucarest et des engagements hors budget, malgré les restrictions
administratives et la pénurie de devises, l’ajournement des mesures fiscales à
prendre pour la majoration des recettes de l’État, etc. La conjonction de tous ces
facteurs, internationaux et internes, mettra la Roumanie dès juillet 1933 dans
l’incapacité de se procurer les sommes nécessaires à l’amortissement et au
707
paiement des emprunts étrangers. Des arrangements de paiement, ainsi que
des allégements du service de la dette extérieure seront demandés à plusieurs
704
La Garde de Fer (Garda de Fier) est un mouvement nationaliste, xénophobe et
antisémite, fondée le 24 juillet 1927 par Corneliu Zelea Codreanu.
705
Sur les circonstances de l’assassinat de Ion Gh. Duca, voir PROST, Destin de la
Roumanie, 1918-1954, pp. 66-68 et SONEA, SONEA, Viata economica si politica a
României, pp. 64-68.
706
Á titre d’exemple, les Libéraux sont accusés par le roi Carol II d’avoir divulguer dans
la presse roumaine une conversation téléphonique qu’il a eu avec son secrétaire
personnel Puiu Dumitrescu. Nous reproduisons le texte de cette conversation
téléphonique que nous avons trouvé dans les archives de la Société des Nations : « Cher
Puiu, téléphone à Madgearu d’envoyer immédiatement à la Domnitsa les 11 millions de
lei, dont je lui ai parlé. S’il ne les a pas à la Trésorerie, qu’ils les prennent aux Chemins
de Fer ou à la Caisse Autonome des Monopoles. » Il convient de préciser que Domnitsa
est Elena Lupescu, la maîtresse de Carol II. Cf. Archives de la SdN, Genève, Section
économique et financière, R3634, No. 4373, Situation en Roumanie. Il convient
également de préciser que le retour au pouvoir de Carol II le 6 juin 1930 a été fortement
contesté par le Parti National Libéal.
707
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Missions en
Roumanie (S 90 ): Note sur la situation financière et monétaire de la Roumanie après la
dépression.
243
708
DROZ, Jacques, L’Europe centrale. Évolution historique de l’idée de
« Mitteleuropa », Paris, Payot, 1960, p. 255.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
709
Cf. SANDU, Traian, Le système de sécurité français en Europe centre-
orientale. L’exemple roumain : 1919-1933, Paris, Harmattan, 1999, pp. 340-345.
245
Dans une lettre adressée au Quai d’Orsay le 15 juin 1932, le Ministre de France
en Roumanie, Gabriel Puaux, s’interroge sur les conséquences du retrait de
Bucarest de la mission financière de la Banque de France sur l’influence et les
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
intérêts acquis par la France dans ce pays depuis les années 1920. Pour Puaux,
le départ de cette mission de la Banque Nationale de Roumanie aura des effets
négatifs car ce « nous priverait de tout droit de regard que nous avons
710
maintenant sur les finances roumaines. » D’emblée, cette lettre révèle les
enjeux et l’importance économique et financière accordée par les milieux
diplomatiques français au maintien de Roger Auboin et des autres experts
français auprès de la Banque Nationale de Roumanie, du Ministère des Finances
et de l’Administration des Chemins de fer roumains. Le maintien de la mission
financière de la Banque de France apparaît, dans ces circonstances, comme le
principal objectif du Qaui d’Orsay afin de renforcer sa position et son influence
dans ce pays au moment où l’expansion économique et commerciale de
l’Allemagne commence à prendre de l’ampleur dans la région.
Dans une deuxième lettre adressée au Quai d’Orsay et datée du 25 juin 1932,
Gabriel Puaux, fortement préoccupé par la consolidation des intérêts français en
Europe centrale, demande l’envoi immédiat à Bucarest d’un inspecteur de la
Banque de France pour remplacer Auboin qui, devait retourner à Paris pour
quelques semaines. Pour justifier sa demande, Puaux informe les autorités
françaises que le Gouverneur de la Banque Nationale de Roumanie « souhaite
son concours pour l’établissement du bilan semestriel et il ne faudrait pas
apparaître nous désintéresser de l’Institut d’émission roumain au moment même
711
où s’organisera la mission de la Société des Nations. » Dans ces démarches,
le Ministre français en Roumanie est également soutenu par le Secrétaire
général de la Société des Nations, Joseph Avenol. Ce dernier avait expliqué aux
dirigeants de Paris le 19 juillet 1932 qu’il ne voyait aucun inconvénient à ce que
la Banque de France prolonge sa mission en Roumanie conformément à l’accord
712
conclu en mars 1931 avec le gouvernement Mironescu. La présence des
710
Archives du MAEF, Paris, Relations commerciales 1918-1940, Roumanie,
No. 16, pp. 340-341.
711
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10.
712
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre du Président du Conseil, Ministre des Affaires Etrangères
au Ministre des Finances, Flandin, le 19 juillet 1932, pp. 5-6.
247
713
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre du Président du Conseil, Ministre des Affaires Etrangères
au Ministre des Finances, Flandin, le 19 juillet 1932, p. 5
714
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre du Président du Conseil, Ministre des Affaires Etrangères
au Ministre des Finances, Flandin, le 19 juillet 1932, p. 3.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
715
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Lettre du Président du Conseil, Ministre des Affaires Etrangères
au Ministre des Finances, Flandin, le 19 juillet 1932, p. 4.
716
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10, Lettre du Ministre des Finances, Flandin, au Gouverneur de la
Banque de France, Moret, le 7 juillet 1932.
249
devra faire l’objet d’un accord préalable entre les dirigeants de la Banque de
France et ceux de la Banque Nationale de Roumanie. En raison du désordre
politique et financier qui règne en Roumanie, Moret conseille l’expectative pour la
conclusion de tout nouvel accord avec les dirigeants de Bucarest. Ainsi, la
Société des Nations aura suffisamment le temps de définir en collaboration avec
le gouvernement roumain l’activité et les compétences administratives et
717
financières des experts qu’elle enverra à Bucarest. Par ailleurs, cette
expectative permettra aux dirigeants de la Banque de France de connaître les
champs d’action et les objectifs des experts de Genève et, notamment, de
redéfinir leur mission en Roumanie qui, ne doit pas apparaître comme un
718
obstacle pour l’activité de l’institution de Genève.
717
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Lettre du Gouverneur Moret au Ministre des Finances, Flandin,
le 12 juillet 1932.
718
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/10 : Lettre du Gouverneur Moret au Ministre des Finances, Flandin,
le 12 juillet 1932.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
719
Sur cette question, voir MIDAN, Cristophe, « L’aide matérielle militaire
française à la Roumanie durant les années vingt » in Bâtir une nouvelle sécurité.
La coopération militaire entre la France et les Etats d’Europe centrale et
orientale de 1919 à 1929, Paris, Centre d’études d’histoire de la défense et
Service historique de l’armée de terre, 2001, pp. 519-533.
720
La diplomatie française renonce à ce projet par crainte d’opposition des
banques américaines et notamment par manque de moyens financiers. A ce
sujet, voir Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en
Roumanie, No. 1370200006/10 : Lettre de Poincaré, Président du Conseil au
Quai d’Orsay, le 12 janvier 1928.
251
721
Cf. MIDAN, « L’aide matérielle militaire française à la Roumanie durant les
années vingt », pp. 519-533.
722
Archives du MAEF, Paris, Relations commerciales 1918-1940, Roumanie
C104-C109.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
723
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Tchécoslovaquie, No. 167, Note, le 7 novembre 1931, p. 116.
724
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Tchécoslovaquie, No. 167, Note, le 7 novembre 1931, p. 117.
725
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Tchécoslovaquie, No. 167, Note, le 7 novembre 1931, p. 117.
726
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Tchécoslovaquie, No. 167, Note, le 7 novembre 1931, p. 117.
253
727
roumain pour le paiement de commandes de munition et d’artillerie. N’ayant
pas le droit d’intervenir officiellement dans cette affaire en raison de la nationalité
des usines Skoda, la diplomatie française se tourne immédiatement vers Auboin.
Rappelons que Skoda est une société tchèque, malgré le fait que 60% du capital
728
appartient à la France. Selon Lepercq, Roger Auboin serait à l’origine de la
commande effectuée par le gouvernement roumain, dont le montant était estimé
729
à environ 800 millions de francs français. Décidé à défendre Auboin, Charles
Rist intervient auprès des dirigeants du Quai d’Orsay en expliquant que les
difficultés financières de la Roumanie sont réelles et que la décision de Auboin
de limiter les paiements des commandes militaires est totalement justifiée. Quant
à la responsabilité de l’Expert de la Banque Nationale de Roumanie au sujet des
commandes réalisées par le gouvernement Vaida-Voevod, Rist émet des
réserves. Il n’exclut pas le fait que Roger Auboin ait été informé par les dirigeants
de Bucarest des commandes passées à Skoda, mais il ne croit à aucun moment
que Auboin ait connu leurs montant exact. Par la même occasion, Rist rappelle
aux dirigeants de Paris que les industries françaises ont été averties à plusieurs
reprises du risque qu’elles couraient de ne pas être payées par les autorités de
Bucarest. Le seul conseil qu’il donne à Lepercq est d’envoyer à Bucarest un
agent pour négocier avec le gouvernement Maniu un arrangement allongeant
730
considérablement les échéances prévues.
727
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Tchécoslovaquie, No. 167, Note : A.S. du paiement des
commandes de matériel de guerre passées par le Gouvernement roumain à
Skoda, le 14 octobre 1931, pp. 97-99.
728
Sur les usines Skoda, voir SEGAL, Harold, The French State and French
Private Investment in Czechoslovakia, 1918-1938. A Study of Economic
Diplomacy, New York, Garland Publishing, 1987.
729
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/ Tchécoslovaquie, No. 167, Note : A.S. du paiement des
commandes de matériel de guerre passées par le Gouvernement roumain à
Skoda, le 14 octobre 1931, pp. 98.
730
Archives du MAEF, Paris Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Tchécoslovaquie, No. 167, Note : A.S. du paiement des
commandes de matériel de guerre passées par le Gouvernement roumain à
Skoda, le 14 octobre 1931, p. 99.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
731
Dès 1931, l’Allemagne est prête à payer des prix très élevés pour les
produits agricoles et le pétrole roumain. En revanche, la France importe des
céréales roumaines pour compléter ses récoltes au cours des mauvaises
années agricoles.
255
732
Dans une note , datée du 10 mars 1932, les dirigeants de la Banque de France
soulignent avec acuité les changements survenus en Roumanie, ainsi que leurs
conséquences sur la position de la Banque de France qui « se trouve
actuellement seule pour faire pression sur les Roumains, la pression morale et
733
politique, nécessaires au maintien de la monnaie et de la dette extérieure. »
L’internationalisation des problèmes économiques et financiers de la Roumanie,
ainsi que l’anticipation des difficultés que la Banque de France devra affronter
dans ce pays durant les années 1932-1934, avaient déjà conduit le Gouverneur
Moret quelques mois auparavant à prendre en considération le retrait des
experts français de Bucarest. Ainsi, dans une note rédigée le 20 décembre 1931,
qu’il souhaitait transmettre aux Finances, Moret s’exprime dans ces termes : « je
suis très nettement et très résolument d’accord que nous devons dégager notre
734
responsabilité de la gestion des affaires roumaines [….]). » La Roumanie
devient, donc, affaire difficile, voire contraignante, dont les difficultés
économiques, financières et monétaires ne pouvaient pas être résolus qu’en
tenant compte de leur interdépendance.
732
Cette note que nous avons trouvé dans les archives de la Banque de France
n’est pas signée.
733
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Note sur la manière dont l’action de restauration financière en
Roumanie pourrait être replacée sur le plan international, le 10 mars 1932, p. 1.
734
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/8 : Note sur la lettre de Roger Auboin, le 20 décembre 1931.
257
735
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Note sur la manière dont l’action de restauration financière en
Roumanie pourrait être replacée sur le plan international, le 10 mars 1932, p. 5.
736
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Note sur la manière dont l’action de restauration financière en
Roumanie pourrait être replacée sur le plan international, le 10 mars 1932, pp.
3-5.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
737
rapidement sur la situation économique et financière du pays. Quant au bon
déroulement de l’activité de Roger Auboin et des autres experts français jusqu’à
l’arrivée des experts genevois, les dirigeants de la Banque de France expriment
leur crainte en avertissant qu’elle dépendra entièrement de la volonté des
dirigeants roumains de continuer à se soumettre à leur autorité.
Dans l’état actuel de nos recherches, nous ne savons pas si Moret a informé le
Quai d’Orsay en mars 1932 des changements envisagés par la Banque de
France à l’égard de la Roumanie. La réaction de Puaux, ainsi que les
démarches effectuées en juillet 1932 par Herriot auprès de Flandin et de Moret
nous laissent croire que la diplomatie française ne connaissait pas le projet
avant la publication du Rapport Rist en mai 1932. Simple omission des
dirigeants de la Banque de France ou crainte de l’opposition et des pressions du
Quai d’Orsay ? La deuxième hypothèse nous semble plus pertinente en raison
de l’importance et du rôle que la diplomatie française a accordé à la mission
financière de la Banque de France qui, est considérée comme un des piliers de
la politique étrangère menée par la France dans ce pays.
737
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Note sur la manière dont l’action de restauration financière en
Roumanie pourrait être replacée sur le plan international, le 10 mars 1932, p. 6.
259
1935. Sa mission qui, selon l’accord de mars 1931 devait se terminer le 7 février
1934, sera, en effet, prolongée d’une année à la demande du gouvernement
roumain de Ion Gh. Duca. Il convient de préciser que la prolongation de cette
mission provoquera, comme en mars 1931, le mécontentement et les réactions
des dirigeants de la Banque Nationale de Roumanie, pour lesquelles la présence
738
des experts français devenait de plus en plus difficile à supporter. Le
739
Gouverneur Grigore Dimitrescu reproche au gouvernement Tatarescu de tout
faire pour se mettre en situation de se voir imposer un contrôle étranger et lui
demande d’assumer entièrement les conséquences car la Banque Nationale
740
n’accepte plus de prolonger le mission de Auboin. Le refus de ce dernier
d’accepter la demande du Gouverneur Dimitrescu de soumettre ses rapports au
contrôle du Conseil de la Banque Nationale explique en grande partie les
741
réactions des dirigeants de cette institution. Dans la lettre de prolongation de
cette mission, rédigée par la Banque Nationale de Roumanie en vertu de son
indépendance, Grigore Dimitrescu demandait à Roger Auboin de céder aux
dirigeants de Bucarest « le droit de décider de l’utilité de la publication de ses
742
rapports. »
738
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/8 : Lettre de Constantin Stoicescu à Jean Bolgert, le 23 mars 1934.
739
Docteur en droit, économie et finances, Grigore Dimitrescu est nommé
Gouverneur de la Banque Nationale de Roumanie le 3 février 1934, fonction
qu’il remplira jusqu’au 27 juillet 1935. Le retour au pouvoir du Parti National
Libéral, le 14 novembre 1933, est à l’origine de la démission de l’ancien
Gouverneur Constantin Angelescu et de son remplacement par Grigore
Dimitrescu.
740
Archives de la BdF, Paris, Missions financières en Roumanie, No.
1370200006/8 : Lettre de Roger Auboin au Ministre français des Finances, le 26
février 1934, p. 1.
741
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/8 : Projet de lettre présentée officieusement par la Banque
Nationale de Roumanie et refusée par Roger Auboin, février 1934.
742
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/8 : Projet de lettre présentée officieusement par la Banque
Nationale de Roumanie et refusée par Roger Auboin, février 1934, p. 2.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
quelques jours plus tard, Roger Auboin se retrouvera de nouveau en conflit avec
le Gouverneur Dimitrescu en raison d’une lettre qu’il avait envoyé le 18 février
1934 aux banques anglaises Hambro Bank et Lazard Brothers au sujet des
capacités de la Roumanie d’assurer le service de sa dette extérieure. Fortement
contrarié, Dimitrescu rappelle à l’Expert de la Banque Nationale que son activité
en Roumanie se résumait strictement à la rédaction de deux rapports sur la
743
situation économique et financière du pays. « A part ces rapports, affirme
Dimitrescu, vous aurez à nous donner les avis qui vous seront sollicités par le
Gouvernement et par la Banque sur les questions qui leur sembleraient
744
nécessaires et qui nous intéresseraient spécialement. »
La gestion des affaires roumaines devient, ainsi que les dirigeants de la Banque
de France l’ont anticipé, difficile à gérer uniquement car l’autorité et les
compétences des experts français ont beaucoup diminué par rapport à février
1929, date à laquelle ils sont arrivés à Bucarest. Dans ces circonstances,
l’intervention de la Société des Nations apparaît comme une nécessité pressante
afin d’éviter à ce que les dirigeants de Bucarest se retrouvent à gérer seuls les
problèmes financiers et monétaires du pays.
743
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/8 : Lettre du Gouverneur Dimitrescu à Roger Auboin, le 6 mars
1943.
744
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/8 : Lettre du Gouverneur Dimitrescu à Roger Auboin, le 6 mars
1943.
745
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Accord instituant la collaboration technique consultative en
Roumanie, le 28 janvier 1933 - Lettre du gouvernement roumain au Secrétaire
261
749
d’être conclu entre la Roumanie et la Société des Nations. Par la même
occasion, ils avertissent le gouvernement Vaida-Voevod de la gravité de la
situation financière en déclarant que la question la plus importante et urgente
était celle de la réforme financière. Quant aux difficultés économiques du pays,
les experts de la Société des Nations affirment qu’il sont secondaires par rapport
aux problèmes financiers et qu’elles ne peuvent pas être examinées avant
l’exécution du programme de réorganisation financière.
749
MADGEARU, Virgil, Notre collaboration technique avec la Société des
Nations, Bucarest, Imp. Nationale, 1933, pp. 51-54.
750
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare speciale, No. 247 :
Télégramme de George Mironescu, Ministre des Finances, à Nicolae Titulescu,
délégué de la Roumanie auprès de la Société des Nations, le 24 septembre
1932, pp. 1-2. Dans ce télégramme, Mironescu explique que le Parlement
roumain refuse de valider les sacrifices financiers demandés par les experts de
la Société des Nations pour rétablir l’équilibre budgétaire.
751
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare speciale, No. 247 :
Télégramme de Nicolae Titulescu, délégué de la Roumanie auprès de la Société
des Nations, à Alexandru Vaida-Voevod, Président du Conseil, le 7 octobre
1932.
752
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare speciale, No. 247 :
Télégramme de Nicolae Titulescu, délégué de la Roumanie auprès de la Société
des Nations, à Alexandru Vaida-Voevod, Président du Conseil, le 7 octobre
1932.
263
d’irrespect à l’égard des experts de la Société des Nations qui, à aucun moment,
n’ont pas été avertis de l’intention du gouvernement roumain de différer la
753
signature l’accord de collaboration. Sans prendre en considération les conseils
de Nicolae Titulescu, le gouvernement Vaida-Voevod demande d’ajourner la
signature de l’accord de collaboration avec la Société des Nations à la session
754
du Comité financier du mois de janvier 1933.
753
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Dosare speciale, No. 247 :
Télégramme de Nicolae Titulescu, délégué de la Roumanie auprès de la Société
des Nations, à Alexandru Vaida-Voevod, Président du Conseil, le 7 octobre
1932.
754
MADGEARU, Notre collaboration technique, pp. 55-56.
755
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Au sujet des négociations entre le gouvernement roumain et le
Comité Financier de la Société des Nations, le 21 septembre 1932, Bolgert à la
Banque de France.
756
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Etat actuel des pourparlers entre la Roumanie et la Société
des Nations au sujet de la collaboration technique, Dayras à la Banque de
France, le 10 octobre 1932.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Pour Gabriel Puaux, les exigences draconiennes de la Société des Nations sont
liées aux mesures générales que la Roumanie doit prendre, d’une part, pour le
rétablissement de l’équilibre bugétaire et le paiement de la dette extérieure, et,
d’autre part, pour la nomination de quatre nouveaux experts pour une durée de
759
cinq ans. Cette dernière exigence prévoit, en effet, la création d’une
commission de contrôle et de surveillance, composé d’un Conseiller financier et
de trois experts, en matière fiscale, budgétaire et comptable, qui devra réaliser
757
MADGEARU, Notre collaboration technique, p. 54.
758
MADGEARU, Notre collaboration technique, p. 54.
759
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/7 : Note sur la collaboration technique de la Roumanie avec la
Société des Nations, octobre 1932.
265
760
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Publications
de la Société des Nations, C.107.M21.1933.II.A. : Accord de collaboration
technique consultative avec la Roumanie, p. 3.
761
MADGEARU, Notre collaboration technique, p. 68.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
mais, en présence d’un État qui a déjà fait des efforts pour rétablir sa monnaie
sur la base de l’or et qui a déjà introduit diverses améliorations dans son
762
organisation financière.» La durée de collaboration, prévue par l’Accord de
collaboration avec la Société des Nations, est de quatre exercices budgétaires,
er 763
soit du 1 avril 1933 au 31 mars 1937. Rappelons que l’année financière en
er
Roumanie ne correspond pas à l’année civile et elle débute le 1 avril. Toutefois,
l’article 3 de cet Accord établit la possibilité pour la Société des Nations de
rappeler son Conseiller financier et les autres experts si leur maintien ne
764
s’avérera plus nécessaire. La mission du Conseiller financier et de ses trois
collaborateurs est d’assister le gouvernement roumain à l’établissement et à
l’application du programme de réformes financières, nécésaires pour l’adaptation
de la Roumanie aux nouvelles conditions économiques et financières
765
internationales. Afin de faciliter la mission du Conseiller financier et des autres
experts, le gouvernement et la Banque Nationale de Roumanie devront leur
fournir toutes les informations nécéssaires, dont ils auront besoin pour leur
activité. Un rapport trimestriel sur la situation économique et financière de la
Roumanie sera présenté par le Conseiller financier au Conseil de la Société des
766
Nations.
762
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/13 : Accord instituant la collaboration technique consultative en
Roumanie, le 28 janvier 1933, - Rapport du Comité financier (session de janvier
1933), p. 9.
763
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Publications
de la Société des Nations, C.107.M21.1933.II.A. : Accord de collaboration
technique consultative avec la Roumanie, p. 6.
764
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Publications
de la Société des Nations, C.107.M21.1933.II.A. Accord de collaboration
technique consultative avec la Roumanie, p. 11 (Accord texte).
765
Si la présence d’autres experts deviendra nécessaire pour assurer
l’exécution du programme de collaboration, le Conseiller financier pourra
nommer, avec l’accord du gouvernement roumain, de nouveaux collaborateurs.
766
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Publications
de la Société des Nations, C.107.M21.1933.II.A. Accord de collaboration
technique consultative avec la Roumanie pp. 12-13 (Annexe II).
267
Ajourné à plusieurs reprises par les dirigeants de Bucarest, par crainte des
réactions de l’opinion publique roumaine, l’Accord de Genève sera finalement
présenté au Parlement les 10 et 12 avril 1933 par Virgil Madgearu. Cela
provoque des vives discussions et critiques à l’égard du gouvernement Vaida-
767
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Publications
de la Société des Nations, C.107.M21.1933.II.A. Accord de collaboration
technique consultative avec la Roumanie pp. 11-12 (Annexe I).
768
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Publications
de la Société des Nations, C.107.M21.1933.II.A. Accord de collaboration
technique consultative avec la Roumanie p. 13 (Annexe II, art. 5).
769
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Publications
de la Société des Nations, C.107.M21.1933.II.A. Accord de collaboration
technique consultative avec la Roumanie p. 15 (Procédure de nomination du
Conseiller financier et des experts).
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
770
MADGEARU, Notre collaboration technique, p. 1.
771
SCURTU, Ioan (éd.), Documente privind istoria României între anii 1918-
1944 (Documents concernant l’histoire de la Roumanie durant les années 1918-
1944), Bucuresti, Editura didactica si pedagogica, 1995.
772
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1934 : Lettre de
Virgil Madgearu à la Banque Nationale de Roumanie, le 23 mars 1933.
269
773
n’était finalement pas conclu. » Pour Angelescu, l’Accord de Genève ne
présente aucun avantage car il impose à la Roumanie, d’une part, l’obligation
d’accepter une collaboration étrangère pour la réorganisation financière du pays
et, d’autre part, l’obligation de demander et de recevoir la surveillance vexatrice
774
pour l’application zélé et honnête des réformes financières. En acceptant cet
Accord, la Roumanie prouvera au monde entier à la fois qu’elle est incappable
de penser et d’envisager tout projet de réorganisation économique et financière
et qu’elle n’a ni l’honnêteté, ni la force et ni l’autorité d’appliquer les lois
775
nécéssaires au redressement du pays. « Le passé et toutes les difficultés que
la Roumanie a dû affronté depuis sa création, conclut Angelescu, déterminent la
Banque Nationale à ne pas signer l’Accord de Genève. De plus, elle se voit
obligée de tirer le signal d’alarme en démontrant que cet Accord discréditera et
776
conduira le pays à une véritable catastrophe. »
773
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1934 : Lettre du
Gouverneur Angelescu à Virgil Madgearu, intitulée Opinie separata (Une opinion
séparée), le 25 mars 1933, p. 2 (Trad. du roumain).
774
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1934 : Lettre du
Gouverneur Angelescu à Madgearu, intitulée Opinie separata (Une opinion
séparée), le 25 mars 1933, p. 3 (Trad. du roumain).
775
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1934 : Lettre du
Gouverneur Angelescu à Virgil Madgearu, intitulée Opinie separata (Une opinion
séparée), le 25 mars 1933, p. 3 (Trad. du roumain).
776
Archives BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1934 : Lettre du
Gouverneur Angelescu à Virgil Madgearu, intitulée Opinie separata (Une opinion
séparée), le 25 mars 1933, p. 4 (Tad. du roumain).
777
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006//7 : Collaboration technique consultative de la Roumanie avec la
Société des Nations, juillet 1932 - mai 1933/Note confidentielle sur le choix d’un
Conseiller financier et des experts pour la Roumanie, le 13 mai 1933.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
servi pendant des années en Inde, complique la donne. Humiliés, les dirigeants
de Bucarest reprochent à l’institution de Genève d’avoir choisi intentionnellement
Sir George Corey afin de vexer le peuple roumain. La Roumanie, ainsi que le
soulignent les dirigeants de Bucarest, est un pays libre qui ne pouvait pas être
comparé à une colonie britannique. Dans ces circonstances, le Conseil de la
Société des Nations se voit obligé d’abandonner la nomination de Corey en
décidant de prolonger le délai pour la désignation du Conseiller financier
er
jusqu’au 1 juin 1933. Par la suite, un nouvelle prolongation devra être effectuée
jusqu’en décembre 1933.
778
SLAVESCU, Victor, Note si însemnari zilnice (Notes et réféxions
ième
quotidiennes), Vol. I, Bucuresti, Ed. Enciclopedica, 1996 (2 Ed), p. 73, le 18
novembre 1933.
779
SLAVESCU, Note si însemnari zilnice, p. 73, le 18 novembre 1933 (Trad. du
roumain).
271
er
Effectivement, Bratianu se rend à Paris le 1 décembre 1933 et informe les
dirigeants de la Banque de France de l’attitude de son gouvernement à l’égard
780
SLAVESCU, Note si însemnari zilnice, pp. 73-74, le 19 novembre 1933
(Trad. du roumain).
781
SLAVESCU, Note si însemnari zilnice, p. 74, le 19 novembre 1933 (Trad. du
roumain).
782
SLAVESCU, Note si însemnari zilnice, p. 74, le 19 novembre 1933.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
783
de la mise en vigueur de l’Accord de Genève. Sans révéler les intentions des
nouveaux dirigeants de Bucarest de le dénoncer, « Dinu » Bratianu demande un
nouveau délai pour sa mise en vigueur sous prétexte que les dirigeants de
Bucarest avait besoin de temps pour se faire une idée sur la situation effective
784
des finances et de l’économie roumaine. Par la même occasion, Bratianu
demande la prolongation d’une année du mandat de Roger Auboin. Il convient
également de préciser que le voyage de Dinu Bratianu aboutit à un accord avec
la Banque de France au sujet de l’envoi à Bucarest d’une commission d’experts
pour examiner la capacité de la Roumanie d’assurer le service de sa dette
extérieure.
783
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/8 : Télégramme de Constantin « Dinu » Bratianu à Duca, le 13
décembre 1933.
784
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/8 : Protocole signée par Constantin « Dinu »Bratianu, le 13
décembre 1933.
785
Archives de la SdN, Genève, Journal Officiel, juin 1934.
273
786
la Société des Nations. En juin 1934, le représentant de la Roumanie auprès
de la Société des Nations, Antoniade, est chargé par le gouvernement de
Bucarest d’annoncer officiellement lors de la soixante-dix-neuvième session du
Conseil de la Société des Nations que la Roumanie renonçait à l’application de
l’Accord du 28 janvier 1933. « Ceci, déclare Antoniade, ne veut pas dire pourtant
qu’il renonce à toute idée de collaboration. Si la nécessité d’une telle
collaboration technique avec la Société des Nations se faisait sentir par la suite,
le Gouvernement roumain se réserve le droit de présenter une demande à ce
787
sujet. » Le principale raison invoquée par Antoniade afin de justifier la décision
des dirigeants de Bucarest est le changement du contexte économique et
financier par rapport au moment où la Roumanie a effectué sa demande de
collaboration avec la Société des Nations en juin 1932 et a signé l’Accord du 28
janvier 1933.
786
Archives de la SdN, Genève, Journal Officiel, 1934, Soixante-dix-neuvième
session du Conseil (Première partie), juin 1934, p. 519.
787
Archives de la SdN, Genève, Journal Officiel, 1934, Soixante-dix-neuvième
session du Conseil (Première partie), juin 1934, p. 519.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
788
URECHE-RANGAU, Loredana, Dette souveraine en crise : l’expérience des
emprunts roumains à la bourse de Paris durant l’entre-deux-guerres, Paris,
Sorbonne, 2008, p. 35.
789
MADGEARU, Virgil, La capacité de paiement et la dette publique de la
Roumanie, Bucarest, Imp. Nationale, 1933, pp. 7-12.
790
SLAVESCU, Victor, La situation économique de la Roumanie et sa capacité
de paiement, Bucarest, Imp. Centrale, 1934, p. 129.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
791
Sur cette question, voir Archives CL, Paris, DEEF 73305 : Note sur la
moralité de la Roumanie, novembre 1931, pp. 1-2 (cette note n’est pas signée).
277
792
engagements vis-à-vis de ses créanciers étrangers. Parmi les plusieurs
exemples mentionnés dans cette note, nous évoquons ceux de l’estampillage
des titres de diverses sociétés roumaines par l’État roumain en 1919 qui, en
raison d’une publicité insuffisante, a porté atteinte aux porteurs anglais et
français et de la loi interdisant l’exportation des capitaux de novembre 1922.
Quant à l’émission de l’emprunt de mars 1931, cette note souligne le « double
jeu » et la mauvaise fois des dirigeants de Bucarest qui, deux mois plus tard,
signaient un important accord commercial avec l’Allemagne.
792
Archives CL, Paris, DEEF 73305 : Note sur la moralité de la Roumanie,
novembre 1931, pp. 1-2.
793
SLAVESCU, La situation économique de la Roumanie, pp. 121-122.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
1931 110,6 55
794
SLAVESCU, La situation économique de la Roumanie, p. 61.
795
SLAVESCU, La situation économique de la Roumanie, p. 61.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
796
Archives de la BNR, Bucarest, Fonds Secretariat, Année 1934 : Lettre de la
Légation de Roumanie à Paris à la Banque de Paris et des Pays-Bas, le 21
juillet 1934.
281
797
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Paris, Vol. 963 : Note sur les
emprunts de la Caisse Autonome des Monopoles rédigée par la Robert
Kindersley, le 21 décembre 1933.
798
Nous rappelons que le monopole des allumettes et des routesa été accordé
au groupe suédois d’Ivar Kreuger & Toll en échange d’un montant de 40 millions
de dollars, ce qui représente, en effet, la participation de Kreuger aux emprunts
de février 1929 et de mars 1931.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Il apparaît, ainsi, que par rapport au montant total des excédents versés à l’État,
la participation de la Caisse Autonome est beaucoup plus élevée que celles des
autres Régies, dont les contributions durant les années 1930-1933 sont de plus
en plus restreintes. Selon Victor Slavescu, ce résultat est principalement dû à la
gestion efficace de la Caisse Autonome qui, a réussit, non seulement à limiter la
baisse de ses recettes brutes, mais également à diminuer au maximum les frais
de régie, de manière à donner un excédent plus élevé par rapport à ses
799
recettes.
799
SLAVESCU, La situation économique de la Roumanie, p. 81.
283
réclament une réunion d’urgence à Paris avant le 15 août 1933, date à laquelle
la Roumanie devait réaliser le paiement des annuités pour l’emprunt de mars
800
1931. Mais, face aux hésitations des créditeurs étrangers de rencontrer les
dirigeants de Bucarest avant le mois de septembre, le gouvernement Vaida-
Voevod annonce le 15 août 1933, à la surprise générale, la suspension du
transfert des sommes dues par la Roumanie aux créanciers étrangers. En
agissant de cette manière, les dirigeants de Bucarest cherchent, d’une part, à
attirer l’attention internationale sur la nécessité de donner à la Roumanie de
nouvelles facilités commerciales, afin de lui rendre possible le transfert du
service, et, d’autre part, à faire pression sur les porteurs de la rente roumaine
801
pour avancer les négociations.
800
DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a României si
împrumuturile contractate 1823-1933, Bucuresti, Universul, 1933, pp. 1021-
1022.
801
DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a României, p.
1022.
802
Archives MAERO, Bucarest, Fonds Paris, Vol. 963 : Note sur les emprunts
de la Caisse Autonome des Monopoles rédigée par la Robert Kindersley, le 21
décembre 1933, pp. 1-3.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Afin de protéger les détenteurs britanniques de ces titres, ainsi que la réputation
de Lazard Brothers et de Hambros Bank Ltd, Robert Kindersely explique au
gouvernement roumain qu’il ne peut pas accepter ses propositions visant
l’allégement du service de l’emprunt de 1929 et lui demande de respecter
803
entièrement les engagements pris à ce sujet.
803
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Paris, Vol. 963 : Note sur les
emprunts de la Caisse Autonome des Monopoles rédigée par la Robert
Kindersley, le 21 décembre 1933, p. 3.
804
SLAVESCU, Note si însemnari zilnice.
805
MADGEARU, La capacité de paiement et la dette publique.
806
MADGEARU, La capacité de paiement et la dette publique, pp. 50-52.
807
Cité par DOBROVICI, Istoricul desvoltarii economice si financiare a
României, p. 1024.
285
En signe de protestation, ils font savoir aux dirigeants roumains leur refus de
participer à la réunion du 5 septembre 1933 et lient toutes nouvelles
négociations à la mise en vigueur de l’Accord de collaboration avec la Société
des Nations. La réunion du 5 septembre 1933 est, donc, annulée. Afin de
transmettre leurs revendications et leurs conditions au gouvernement roumain,
les créditeurs étrangers décident de rencontrer à Paris Virgil Madgearu le 11
septembre 1933. Pour manifester son désaccord, le Ministre roumain des
Finances annonce immédiatement son intention de s’opposer à la décision des
représentants des porteurs des titres roumains de subordonner les négociations
à l’installation des experts de Genève à Bucarest en affirmant que la Banque
Nationale était déjà sous la surveillance de Auboin que cela devra être suffisant
comme garantie. Selon Madgearu, cette exigence constituait une violation des
décisions prises par la Conférence de Londres qui, interdissait d’imposer toute
condition avant le commencement des négociations. Par la même occasion,
Madgearu reproche à Roger Auboin d’avoir fournit un rapport erroné sur la
situation économique et financière de la Roumanie car il démontrait que le pays
disposait de ressources suffisantes pour faire face à ses engagements, alors
que ce n’était pas le cas.
808
MADGEARU, La capacité de paiement et la dette publique, p. 52.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Le premier constat du rapport établi par cette commission est qu’il ya une très
grande disparité entre les moyens d’action dont dispose le gouvernement
roumain et ceux qui seraient nécessaires pour obtenir les résultats convenables.
A cela s’ajoutent la désorganisation des finances roumaines en raison des
engagements irréguliers, les évaluations de recettes excessives, les méthodes
809
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/8 : Protocole signé par Dinu Bratianu le 13 décembre 1933, p.1.
287
810
défectueuses de perception des impôts, etc. En ce qui concerne le budget
pour l’année 1933-1934, la commission constate un déficit de trois milliards de
lei, compte tenu des engagements irréguliers qui, ont étaient effectués par les
811
dirigeants roumains. Si les recettes de l’État roumain ne pourront pas être
augmentées pour l’année 1934-1935, la commision estime possible
l’introduction de nouveaux impôts indirects sur l’alcool et le chiffre d’affaires,
dont les tarifs sont généralement inférieures à ceux pratiqués par les autres
812
pays qui ont la même structure économique que la Roumanie. De cette
manière, la Roumanie couvrira une partie de son déficit budgétaire car, selon les
membres de cette commission, les nouveaux impôts pourront lui apporter deux,
voire deux milliards de demi de lei. Afin que la Roumanie puisse réaliser son
équilibre budgétaire pour 1934-1935, les Experts concluent à un nouvel
allègement de la charge de la dette de l’ordre d’un milliard de lei. La charge de
813
la dette sera, ainsi, réduite à 2.400 millions de lei pour l’exercice 1934-1935.
Une fois que le déficit budgétaire sera comblé, par suite de l’introduction de
nouveaux impôts, la charge de la dette devra être réévaluée. Quant à la
capacité de transfert, les Experts établissent également une réduction d’au
814
moins 500 millions de lei par rapport à l’année budgétaire 1933-1934.
810
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006 /4 : Le Rapport de la commission des Experts sur la situation
financière de la Roumanie, le 29 mars 1934, pp. 1-15.
811
L’année budgétaire roumaine s’achève le 31 mars. La nouvelle année
er
commence le 1 avril.
812
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006 /4: Le Rapport de la commission des Experts sur la situation
financière de la Roumanie, le 29 mars 1934, p. 11.
813
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006 /4: Le Rapport de la commission des Experts sur la situation
financière de la Roumanie, le 29 mars 1934, p. 11.
814
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006 /4: Le Rapport de la commission des Experts sur la situation
financière de la Roumanie, le 29 mars 1934, p. 14.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
815
Caisse Autonomes des Monopoles. Cet accord prévoit la suspension pour
une durée de trois ans de l’amortissement de la plupart des emprunts roumains.
Le service des emprunts de la Caisse Autonome des Monopoles est assuré sur
la base de l’Accord Slavescu qui envisage les allégements suivants pour les
er er
échéances comprises entre le 1 août 1934 et le 1 février 1937 (Tableau XVI).
er er
1 avril 1934 - 1 octobre 1934 : 50%
er er
1 avril 1935 - 1 octobre 1935 : 53%
er er
1 avril 1936 - 1 octobre 1936 : 55%
815
Archives de la BNR, Fonds Secretariat, Année 1934: Lettre de la Caisse
Autonome des Monopoles à la Banque Nationale de Roumanie, le 31 juillet
1934.
289
Emprunts de la
Caisse Autonome 478 015 280,24 258 894 000,6 219 121 279,56
des Monopoles
Total 634 630 538,25 310 711 092,61 323 919 445,65
Par suite des difficultés de transfert, la Roumanie suspendra en août 1935 une
nouvelle fois ses paiements à l’étranger. Après cette date, chaque pays
créancier doit négocier directement avec la Roumanie afin de régulariser sa
situation. Ainsi, le 7 février 1936, la Roumanie signe un accord avec la France
qui prévoit la reprise des paiements en juin 1936, grâce aux facilités accordées
aux exportations en France et à l’acquisition par un groupe français des trois
quarts des redevances pétrolières revenant au gouvernement roumain. Malgré
la réduction des difficultés des transferts, par suite des accords commerciaux
avec la France, la Roumanie engage dès octobre 1936 de nouvelles
négociations visant la prolongation de l’accord du 24 juillet 1934 qui arrive à
er
échéance le 31 mars 1937. Ces négociations arrivent à un nouvel accord, le 1
mars 1937, applicable à tous les emprunts roumains émis sur le marché
français.
er
Le dernier rapport publié le 1 février 1935 par Roger Auboin avant son départ
de Roumanie nous donne un ultime aperçu de la situation financière et
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
816
monétaire de la Roumanie. Dans ce rapport, Auboin met en évidence, ainsi
que Rist l’avait fait en mai 1932, la désorganisation des finances roumaines et
l’inefficacité des mesures prises par les dirigeants roumains pour le
redressement du pays. L’application partielle, voire l’ajournement, des mesures
recommandées aux dirigeants roumains depuis 1932, l’augmentation des
dépenses et des engagements hors budget, malgré les restrictions
administratives et la pénurie des devises, ne représentent que quelques causes
qui sont à l’origine des difficultés économiques, financières et monétaires de la
Roumanie. À titre d’exemple, le budget de l’exercice 1933-1934 s’est soldé avec
817
un déficit de 3 millions de lei. Pour l’année 1934-1935, les recettes sont fixées
à 20.451.000 millions de lei, alors que les recettes réelles de l’année précédente
n’ont été que de 18.364.100 millions de lei, soit une augmentation de 2.088.000
millions de lei. Or, le gouvernement roumain n’avait pris aucune mesure afin de
818
justifier cette augmentation. Quant aux dépenses, elles augmentent de 3
millions de lei par rapport à l’année 1933-1934.
Dans ses conclusions, Roger Auboin recommande encore une fois la réforme
du système financier depuis l’établissement du budget et jusqu’aux méthodes de
perception de l’impôt, mesures qui permettront à la Roumanie de s’adapter aux
nouvelles conditions économiques et financières internationales. « Les mesures
qui s’imposaient en mai 1932, souligne Auboin, s’imposent toujours, mais
819
seulement d’une manière plus pressante encore. » La première mesure à
prendre par les dirigeants roumains est celle de maintenir le total des dépenses,
autres que le service de la dette, au niveau des dépenses réelles de 1932-1933
816
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/4 : Roger Auboin, Rapport annuel sur la situation financière et
monétaire de la Roumanie, février 1935,
817
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/4 : Roger Auboin, Rapport annuel sur la situation financière et
monétaire de la Roumanie, février 1935, p. 9.
818
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/4 : Roger Auboin, Rapport annuel sur la situation financière et
monétaire de la Roumanie, février 1935.
819
Archives de la BdF, Paris, Missions financières françaises en Roumanie, No.
1370200006/4 : Roger Auboin, Rapport annuel sur la situation financière et
monétaire de la Roumanie, février 1935.
291
820 er er
Durant la période 1 février 1935 - 1 février 1939 Victor Slavescu remplit les
er
fonctions de Directeur de la Société Nationale de Crédit Industriel. Du 1 février
1939 au 4 juillet 1940, il est nommé Ministre de Guerre. Après cette date, il se
consacrera entièrement à son activité d’enseignant à l’Académie de Sciences
économiques et commerciales jusqu’en 1947 quand le Parti Communiste
l’obligera à quitter ce poste.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
définie par les Traité de Paix de 1919-1920. La diplomatie française, hantée par
la renaissance du danger allemand, décide de rédéfinir sa politique étrangère
envers l’U.R.S.S. et, implicitement, envers ses alliés d’Europe centrale en
appuyant un rapprochement avec Moscou afin de créer une nouvelle force de
dissuasion contre les éventuelles visées expansionnistes des dirigeants de
Berlin. Pour le Quai d’Orsay, l’intégration de la Russie soviétique dans le
système d’alliance politique et militaire établi en Europe centrale permettra à la
France d’assurer la défense du statu quo post bellum et de renforcer la
résistance de ses alliés centre-européens (la Pologne, la Roumanie, la
Tchécoslovaquie et la Yougoslavie) à l’expansionnisme allemand dans cette
région.
821
Cf. SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, pp.
146-150.
293
822
Cf. DESSBERG, Frédéric, « La Roumanie et la Pologne dans la politique
soviétique de la France : la difficulté d’établir en « front uni » », in Revue
historique des armées, No. 244, 2006, pp. 60-72.
823
SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, pp.
340-345.
824
DESSBERG, « La Roumanie et la Pologne dans la politique soviétique de la
France : la difficulté d’établir en « front uni » ».
825
Cf. DESSBERG, « La Roumanie et la Pologne dans la politique soviétique de
la France : la difficulté d’établir en "front uni" », pp. 60-72.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
826
Archives du MAEF, Paris, Direction Politique et Commerciale, Série Z,
Europe/Roumanie, No. 185 : Propos tenus le 26 juin 1934 par le Chargé
d’Affaires de Pologne à Vienne.
827
Archives du CL, Paris, DEEF 73305 : Roumanie, situation économique et
financière, septembre 1931.
295
828
Cf. SANDU, Le système de sécurité français en Europe centre-orientale, p.
404.
829
GAFENCU, Insemnari politice, 1929-1939, p. 312.
830
SLAVESCU, Note si însemnari zilnice, pp. 56-62.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
831
politiques » , Titulescu est, à la différence de la majorité des membres du
832
gouvernement roumain, favorable au rapprochement avec l’Union Soviétique.
Ainsi, le 9 juin 1934, Titulescu réussit, malgré l’opposition et les critiques des
dirigeants de Bucarest, à conclure avec les dirigeants de Moscou un accord
diplomatique pour la reprise des relations entre les deux pays. L’aspect le plus
remarquable de cet accord est qu’il ne fait aucune référence au statut de la
Bessarabie. La question de l’intégration de cette province dans la Roumanie
reste donc ouverte. La seule chose obtenue par Titulescu est l’engagement des
dirigeants soviétiques à restituer à la Roumanie tout le trésor, déposé à Moscou
en février 1917 par le gouvernement et la Banque Nationale de Roumanie, par
suite de l’occupation d’une partie du territoire roumain par les armées austro-
833
allemandes. Toutefois, la promesse n’est pas tenue par les dirigeants
soviétiques car ils ne restitueront qu’un mètre étalon en platine, les cendres du
prince moldave Dimitri Cantemir, restées en Russie depuis deux siècles, et
1.435 caisses d’archives qui contenaient des titres de propriété, rendus inutiles
834
par la réforme agraire. Quant aux réclamations de la Banque Nationale de
Roumanie qui, souhaitait récupérer les 314.580.456 millions de lei-or,
représentant en 1917 son encaisse métallique, les dirigeants soviétiques
expriment leur refus d’entrer en matière.
831
Archives MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie , No. 179 : Télégramme de Ormesson au Quai
d’Orsay, le 16 novembre 1935, no. 451.
832
Nicolae Titulescu se distingue aussi par ses efforts de consolider la Petite
Entente en tant qu’alliance défensive, dont le principal objectif restait, ainsi qu’il
le soulignait, la sauvegarde de la paix en Europe. Par ailleurs, il participe au
cours de l’hiver 1933-1934 aux négociations pour la création d’une nouvelle
alliance régionale entre les pays balkaniques afin d’assurer la défense de cette
région contre toute éventuelle remise en question de l’ordre international établi
en 1919-1920.
833
Sur les objets et les valeurs, ainsi que l’encaisse métallique de la Banque
Nationale de Roumanie, déposés par les autorités roumaines à Moscou en
février 1917, voir MANOLIU, Florin Emil, La reconstruction économique et
financière de la Roumanie et les partis politiques, Paris, Librairie Universitaire J.
Gamber, 1931, pp. 87-89.
834
PROST, Destin de la Roumanie, p. 91.
297
835
Cf. CARMI, Ozer, La Grande-Bretagne et la Petite Entente, Genève,
I.U.H.E.I., 1977, p. 330.
836
Nous allons aborder la question des relations roumano-allemandes dans le
troisième chapitre de cette partie.
837
Sur la mission de Louis Barthou en Pologne et en Tchécoslovaquie, voir
WANDYCZ, Piotr S., The Twilight of French Eastern Alliances, 1926-1936.
French-Czechoslovak-Polish Relations from Locarno to the Remilitarization of
the Rhineland, New Jeresy, Princeton, 1988, pp. 336-371.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
qui est de nouveau convoitée par l’Allemagne. Les dirigeants de Paris expriment
ainsi leur volonté de défendre les intérêts et l’influence acquise par la France en
Europe centrale durant les années vingt en apportant un argument de poids :
« Quiconque voudrait prendre un centimètre carré de votre territoire se
heurterait à votre résistance. Mais votre résistance ne serait pas seule : vous
838
avez la voix, l’appui et le cœur de la France. » Les étapes du « voyage
diplomatique », organisé par le Quai d’Orsay sont par ordre chronologique
Varsovie (22 - 25 avril 1934), Prague (26 - 27 avril 1934, Bucarest (19 - 23 juin
1934) et Belgrade (24 - 26 juin 1934). Par ce voyage Barthou cherche à
resserrer le système d’alliance avec les États centre-européens afin de réaliser
839
une « collaboration européenne » dans le cadre de la Société des Nations.
838
Archives du MAEF, Direction Politique et Commerciale, Série Z,
Europe/Roumanie, No. 185 : Discours de Barthou devant le Parlement roumain,
le 21 juin 1934.
839
Cf. DESSBERG, Frédéric, Le triangle impossible. Les relations franco-
soviétiques et le facteur polonais dans les questions de sécurité en Europe
(1924-1935), Bruxelles, Peter Lang, 2009, p. 341.
840
Archives du MAEF, Direction Politique et Commerciale, Série Z,
Europe/Roumanie, No. 185 : Discours prononcé à Bucarest par Barthou, le 20
juin 1934.
299
841
aux instructions de la France. » Le journal allemand reproche aux dirigeants
de Paris de vouloir maintenir les blocs rivaux, crées à l’issue de la Première
Guerre mondiale, alors que, partout en Europe, les hommes politiques affirment
leur volonté de mettre fin à la division du Vieux Continent en États vaincus et
États vainqueurs qui subsiste depuis les années 1919-1920. Les rumeurs, selon
lesquelles la France aurait promis à la Roumanie un nouvel emprunt,
déterminent la presse allemande à lancer une campagne contre « l’or français »
en soulignant avec amertume le fait que : « C’est par son or que la France
842
cherche une fois de plus à enchaîner les États de la Petite Entente. » « De
l’or français pour Bucarest » annonce de nombreux journaux allemands dans
leurs éditions du 24 juin et du 25 juin 1934.
841
Archives du MAEF, Paris, Direction Politique et Commerciale, Série Z,
Europe/Roumanie, No. 185 : La Presse allemande, Note de Berlin, le 23 juin
1934, no. 1157.
842
Archives MAEF, Paris, Direction Politique et Commerciale, Série Z,
Europe/Roumanie, No. 185 : La Presse allemande, Note de Berlin, le 23 juin
1934, no. 1157.
843
Archives du MAEF, Paris, Direction Politique et Commerciale, Série Z,
Europe/Roumanie No. 185 : Entretien à Bucarest entre Louis Barthou et
Tatarescu, le 21 juin 1934.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
844
Archives du MAEF, Paris, Direction Politique et Commerciale, Série Z,
Europe/Roumanie, No. 185 : Entretien à Bucarest entre Louis Barthou et
Tatarescu, le 21 juin 1934.
301
Dès le début des années trente, les millieux officiels allemands commencent à
accorder une attention particulière aux États agricoles de l’Europe centrale, dont
la situation économique et financière a été fortement fragilisée par la crise de
1929. L’intérêt de l’Allemagne pour cette région qui est considérée depuis la fin
845
du XIXe siècle par les théoriciens de la politique allemande comme l’axe
principal de l’expansion germanique, a fait l’objet de nombreuses études après
846
la Deuxième Guerre mondiale. L’analyse approfondie des concepts de
Mitteleuropa et de Grosswirtschaftsraum permet à la fois aux historiens des
relations internationales et de l’histoire économique de démontrer l’importance
et le rôle politique et, notamment, économique accordés par les dirigeants de
Berlin à l’Europe centrale durant les années trente. Cette région est destinée, de
par sa configuration économique, sa position géo-stratégique, ainsi que sa
tradition historique, à assurer à l’Allemagne le statut de grande puissance.
847
Il convient de préciser que le terme de Mitteleuropa , comme toutes les
différentes expressions utilisées pour désigner des groupes à géométrie variable
845
Nous mentionnons notamment Josef Partsch, Friedrich Naumann, Friedrich
List, etc.
846
BASCH, Antonin, The Danube Basin and the German Economic Sphere,
London, Kegan Paul, Trench, Trubner & Co., 1944, DROZ, Jacques, L’Europe
Centrale. Evolution historique de l’idée de Mitteleuropa, Paris, Payot, 1960,
MARGUERAT, Philippe, Le III Reich et le pétrole roumain, 1938-1940.
Contribution à l’étude de la pénétration économique allemande dans les Balkans
à la veille et au début de la Seconde Guerre mondiale, Genève, H.E.I., 1977,
SCHIRMANN, Sylvain, Les relations économiques et financières franco-
allemandes 1932-1939, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière
de la France, 1995, STIK, Peter (ed.), Mitteleuropa. History and prospects,
Edinburgh, Edinburgh University Press, 1994.
847
Pour un approfondissement des théories spatiales, cultures et économiques
sur la Mitteleuropa, voir DROZ, Jacques, L’Europe Centrale. Evolution historique
de l’idée de Mitteleuropa, Paris, Payot, 1960, pp. 15-127, ELVERT, Jürgen, «
Plans allemands d’entre les deux guerres mondiales pour la Mitteleuropa » in
BUSSIERE, Eric, DUMOULIN, Michel, SCHIRMANN, Sylvain (éds.) Milieux
économiques et integration européenne au XXe siècle, Paris, Comité pour
l’histoire économique et financière de la France, 2001-2002, pp. 30-38.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
n’est pas neutre. Cette expression, utilisée de manière floue par les auteurs
e
allemands du XIX siècle, est liée à l’idée de l’héritage du Saint Empire
germanique et s’appuie sur la communauté de la langue et de la culture
allemande. Le géographe Josef Partsch publie en 1904 une étude sur la
Mitteleuropa qui cherche à donner une définition spatiale à cette notion. La
Mitteleuropa symbolise, depuis lors, l’ensemble des plans élaborés par
l’Allemagne en vue de la création d’un territoire économique qui englobe l’Europe
danubienne dans le sens le plus large. Dans son ouvrage, Partsch s’attache à
démontrer l’unité géographique et économique des pays qui se trouvent entre les
Alpes Occidentales et les Balkans. Il donne le nom de Mitteleuropa à ce vaste
territoire, où l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie seront les blocs économiques les
plus forts. Mais, c’est Friedrich Naumann, député libéral au Reichstag qui porte
la question de la Mitteleuropa à son point culminant. Il expose sa théorie dans
l’ouvrage, aussi intitulé la Mitteleuropa, publié en octobre 1915. Dans son projet,
Naumann plaide pour la création d’un vaste territoire économique en Europe
centrale afin d’éviter que le peuple allemand soit écrasé par les grands
groupements économiques, en l’occurrence la Grande-Bretagne, la Russie et les
Etats-Unis. Dans ce but, l’Allemagne doit former un vaste groupement
économique et politique dans l’Europe centrale, qui engloberait l’Autriche-
Hongrie, le Royaume de Serbie, la Bulgarie, le Royaume de Roumanie et la
Turquie. La Première Guerre mondiale interrompt la création de cet ensemble
économique et politique qui, aurait assuré à la Allemagne le statut de grande
puissance aux côtés de la Russie, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis.
Toutefois, ce projet reste au centre de la politique allemande et il sera le thème
d’élection de l’extrême droite en janvier 1933. En tant que source de
ravitaillement en produits agricoles, en pétrole, en minerais et en différents
métaux, les États centre-européens sont voués à assurer à l’Allemagne une
place importante sur la scène internationale.
848
Archives MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 182 : Note sur la visite de Antonescu à Paris et
sur l’opinion allemande, le 31 décembre 1936, no. 1894.
849
Archives MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 182 : Télégramme de François Poncet, Ministre
de France à Berlin, au Quai d’Orsay, le 28 mai 1932, no. 1025.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
850
danger allemand au sérieux. Chargé par le Ministre Puaux de vérifier la
véracité de ces rumeurs, Roger Auboin informe la diplomatie française que
effectivement un groupe industriel allemand, dirigé par I. G. Farben, a proposé
au gouvernement roumain l’achat d’une importante quantié de blés à un prix
851
supérieur de 15% à celui pratiqué sur le marché international. « Cette
proposition, avertit Auboin, qui a toutes les chances d’être acceptée puisqu’elle
répond exactement aux préoccupations les plus pressantes du gouvernement
roumain, atteindrait directement les négociations en cours ou à prévoir entre la
852
Roumanie et la France. » L’Expert technique de la Banque Nationale de
Roumanie fait, en effet, référence aux négociations que la France doit
commencer avec le gouvernement roumain à la fois pour le règlement de la dette
extérieure roumaine et pour la régularisation des paiements commerciaux entre
853
les deux pays. La question du développement des relations économiques
roumano-allemandes au détriment de la France devient, dans ces circonstances,
une véritable préoccupation pour les dirigeants de Paris.
850
Archives MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 185 : Télégramme de Puaux, Ministre de France
à Bucarest, au Quai d’Orsay, le 20 juillet 1933, no. 271.
851
Archives MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 185 : Note sur les pourparlers engagés par le
gouvernement roumain avec un groupe allemand pour l’exportation d’une partie
de la récolte de blé et d’orge, le 19 juillet 1933, no. 272.
852
Archives MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 185 : Note sur les pourparlers engagés par le
gouvernement roumain avec un groupe allemand pour l’exportation d’une partie
de la récolte de blé et d’orge, le 19 juillet 1933, no. 272.
853
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 185 : Note sur les pourparlers engagés par le
gouvernement roumain avec un groupe allemand pour l’exportation d’une partie
de la récolte de blé et d’orge, le 19 juillet 1933, no. 271.
305
Pour ce qui est des importations, on observe que la Roumanie accroît durant les
années 1933-1935 les achats en Allemagne tout en diminuant ceux effectués en
Grande-Bretagne et en France (Tableau XIX). La Roumanie importe
essentiellement de l’Allemagne des produits métallurgiques, des machines, des
produits chimiques et pharmaceutiques, etc.
854
Archives de la SdN, Genève, Comité économique/Questions économique et
financières : Chiffres essentiels du commerce extérieur des pays danubiens,
Comité économique, 1937, pp. 29-35.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
855
MARGUERAT, Le III Reich et le pétrole roumain, 1938-1940, p. 334.
856
Sur cette question, voir CALAFETEANU, Ion, « Les relations économiques
germano-roumaines de 1933 à 1944 » in Revue d'histoire de la Deuxième
Guerre mondiale et des conflits contemporains, No. 140, octobre 1985, pp. 25-
26
307
Pour ce qui est des importations, nous remarquons qu’entre 1925 et 1929 la
Roumanie augmente de manière importante ses achats en Allemagne.
Si jusqu’à la fin de l’année 1932 Berlin n’utilise pas le facteur politique, comme
un moyen de pression économique et commerciale sur les pays agricoles de
l’Europe centrale, la situation change dès janvier 1933, par suite de l’arrivée au
857
pouvoir de Adolf Hitler. Décidés à tirer profit sur le plan politique du rôle joué
par l’Allemagne en tant que débouché principal des exportations roumaines, les
dirigeants nazis commencent à utiliser l’appartenance de la Roumanie à la Petite
Entente et au système de sécurité français comme un moyen de pression sur les
dirigeants de Bucarest.
857
Sur les relations économiques entre la Roumanie et l’Allemagne, voir
CALAFETEANU, « Les relations économiques germano-roumaines de 1933 à
1944 », pp. 23-35.
309
858
pays seront également florissantes. Or, « la Petite Entente, déclare Hitler, est
constamment contre nous. Comment pouvons-nous avoir de bons rapports
économiques avec des pays qui sont, au plan politique, en permanence contre
nous ? » Aux efforts du Ministre roumain d’assurer Adolf Hitler de la
bienveillance des dirigeants de Bucarest à l’égard de l’Allemagne, le leader nazi
réplique en ces termes : « C’est une phrase générale; l’attitude actuelle du
859
gouvernement roumain et de M. Titulescu n’exprime pas votre point de vue.»
Pour justifier les orientations politiques du gouvernement roumain, Petrescu-
Comnen avertit le dirigeant allemand que la Roumanie ne pourra pas se
rapprocher politiquement d’un pays qui, à la fois, est attaché à la révision des
Traités de Paix de 1919-1920 et soutient les revendications territoriales de la
Hongrie et de la Bulgarie. Mais, le dernier argument invoqué par Nicolae
Petrescu-Comnen au sujet de l’éventuel soutien des révisionnismes bulgare et
hongrois ne représente pas pour Hitler un véritable motif car l’Allemagne
n’accordait pas beaucoup d’importance aux revendications territoriales et
860
militaires des dirigeants de Budapest et de Sofia .
858
Archives MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 178 : Télégramme de Poncet à Paris au sujet
des discussions Petrescu-Comnen –Hitler, le 31 mai 1933.
859
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 185 : Télégramme de Puaux au Quai d’Orsay, le
30 août 1933, no. 306.
859
Archives de la SdN, Genève, Comité économique/Questions économique et
financières : Chiffres essentiels du commerce extérieur des pays danubiens,
Comité économique, 1937, pp. 29-35.
860
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 178 : Télégramme de Poncet à Paris au sujet
des discussions Petrescu-Comnen - Hitler, le 31 mai 1933.
861
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 178 : Télégramme de Poncet à Paris au sujet de
la politique des nationaux-socialistes en Europe orientale, le 21 juin 1933.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
862
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 178 : Télégramme de Poncet à Paris au sujet de
la politique des nationaux-socialistes en Europe orientale, le 21 juin 1933.
863
CALAFETEANU, « Les relations économiques germano-roumaines de 1933
à 1944 », p. 27.
864
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 178 : Télégramme de Poncet à Paris au sujet de
la politique des nationaux-socialistes en Europe orientale, le 21 juin 1933.
311
865
politique unilatérale. » Afin de renforcer les relations économiques et
commerciales avec l’Allemagne, il suggère au gouvernement roumain de
démontrer la volonté d’améliorer les rapports politiques et diplomatiques avec les
dirigeants nazis. Les conseils de Nicolae Petrescu-Comnen semblent avoir été
suivis par les dirigeants de Bucarest car les relations économiques entre la
Roumanie et l’Allemagne enregistrent durant l’automne 1933 une certaine
amélioration.
865
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Germania, Vol. 74 : Télégramme de
Nicolae Petrescu-Comnen à Vaida-Voevod, Président du Conseil roumain, le 26
mai 1933.
866
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 185 : Convention passée entre le gouvernement
roumain et I. G. Farben, le 2 septembre 1933, no. 370.
867
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 185 : Télégramme de Poncet au Quai d’Orsay,
le 30 novembre 1933, no. 2135.
868
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 178 : Télégramme de Poncet à Paris au sujet du
projet de Pacte de non-agression germano-roumain, le 29 novembre 1933, no.
2129.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
Quai d’Orsay, Poncet affirme qu’il ignorait si les négociations ont véritablement
été suspendues et demande aux dirigeants de Paris de se renseigner
rapidememnt auprès du Ministre de France à Bucarest, Ormesson. Le 20
décembre 1933, ce dernier informe la diplomatie française qu’il y a effectivement
à Bucarest des rumeurs selon lesquels le roi Carol II aurait pris la décission de
donner une nouvelle orientation à la politique extérieure roumaine, mais qu’il n’a
pas réussit à obtenir des informations sur les négociations entre la Roumanie et
869
l’Allemagne. Ces renseignements donnent encore une fois l’occasion au Quai
d’Orsay de s’interroger sur la politique et la sincérité de l’amitié que Carol II
affirme éprouvée pour la France. Ainsi que l’ancien Ministre de France à
Bucarest Puaux l’avait signalé, Carol II souhaitait organiser la politique étrangère
de la Roumanie en fonction de ses intérêts personnelles, dictés par la sympathie
870
ou l’antipathie qu’il a envers les gens. À titre d’exemple, Carol II manifestait
peu de sympathie pour la Tchécoslovaquie car « c’est une république de petits
871
gens et de professeurs. » Le conseil donné par Gabriel Puaux aux dirigeants
du Quai d’Orsay était de rester très prudents à l’égard du souverain roumain et
de ne lui accorder qu’une confiance très limitée car « il est velléitaire et peu
équilibré dans l’esprit duquel prédominent les hérédités prusiennes et
872
slaves. » Malgré tous les efforts de Carol II d’assurer la France de son
attachement aux alliances tradionnelles de la Roumanie, le Quai d’Orsay formule
des réserves à l’égard de la politique étrangère menée par les dirigeants de
Bucarest. Cela donne l’occasion à la presse allemande de s’interroger sur la
résistance des liens entre la France et la Roumanie dans les conditions où les
869
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 178 : Télégramme de Ormesson à Paris au
sujet de la politique étrangère de la Roumanie, le 20 décembre 1933, No. 439.
870
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 557 : Télégramme de Gabriel Puaux au Quai
d’Orsay, le 27 avril 1931.
871
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 557 : Télégramme de Gabriel Puaux au Quai
d’Orsay, le 27 avril 1931.
872
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 557 : Télégramme de Gabriel Puaux au Quai
d’Orsay, le 27 avril 1931.
313
Le 28 mai 1934, lors d’un voyage à Berlin, l’économiste du Parti National Paysan
Virgil Madgearu demande à s’entretenir avec Konstantin von Neurath au sujet
des relations économiques et commerciales roumano-allemandes. Virgil
Madgearu expose les difficultés rencontrées par la Roumanie pour l’exportation
de ses céréales et demande au Ministre allemand d’intervenir auprès de Hitler
afin de conclure avec la Roumanie un accord similaire à celui que le Reich a
signé avec la Yougoslavie. Après avoir rappeler l’importance accordée par les
dirigeants allemands à la politique étrangère roumaine, von Neurath s’engage à
informer Hitler de la volonté des dirigeants de Bucarest de développer leurs
873
relations économiques avec l’Allemagne.
Ne se résumant qu’à des simples déclarations sans prendre une position ferme
à l’égard de l’Allemagne, les dirigeants de Bucarest sont soumis à de nouvelles
874
pressions en 1934 concernant la signature d’un nouvel accord économique. À
leur tour pour faire pression sur les milieux allemands, les autorités roumaines
dénoncent l’ancien accord commercial, conclu le 23 juin 1931. Soucieux de ne
pas voir la Roumanie s’éloigner de l’Allemagne, Hitler donnera son
consentement en novembre 1934 pour la signature d’un nouvel accord
économique entre les deux pays. Cette concession n’est pas étonnante si nous
prenons en compte le fait que les ressources pétrolières roumaines
commencent à éveiller l’intérêt d’Hitler. Par la même occasion, le leader nazi
873
Il convient de préciser que le voyage de Madgearu à Berlin a provoqué de
nombreuses critiques dans la presse roumaine. Pour se défendre, Madgearu a
déclaré que sa visite n’était pas un acte politique, mais qu’il avait donné une
conférence sur l’industrialisation et la réagrarisation de l’Europe centrale.
874
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Germania, Vol. 74 : Télégramme de
Nicolae Petrescu-Comnen à Nicolae Titulescu, Ministre des Affaires Etrangères,
le 15 mars 1934, p. 2.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
875
Dans l’entretien qu’il a eu avec Nicolae Petrescu-Comnen le 15 mars 1934,
Hitler avait insisté à plusieurs reprises sur l’importance de la signature d’un
pacte de non-agression entre l’Allemagne et la Roumanie. Selon le leader nazi,
cet accord permettrait le renforcement des liens d’amitié et de confiance entre
les deux pays. Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Germania, Vol. 74 :
Télégramme de Nicolae Petrescu-Comnen, Ministre de Roumanie à Berlin, à
Nicolae Titulescu, Ministre des Affaires Etrangères, le 15 mars 1934, pp. 1-2.
876
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 185 : Télégramme de Poncet au Quai d’Orsay,
le 16 décembre 1934, no. 2336.
877
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 185 : Télégramme de Poncet au Quai d’Orsay,
le 16 décembre 1934, no. 2336.
878
Documents on German foreign policy 1918-1945, Series C (1933-1937), The
o
Third Reich: first phase, Volume I, n 556, pp. 1080-1081.
879
Documents on German foreign policy 1918-1945, Series C (1933-1937), The
o
Third Reich: first phase, Volume I, n 6, pp. 5-6.
315
880
CLAVERT, Frédéric, Hjalmar Schacht, financier et diplomate (1930-1950),
Bruxelles, Peter Lang, 2009, p. 236.
881
CLAVERT, Hjalmar Schacht, financier et diplomate, p 282.
882
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Europe/Roumanie, No. 201, La situation agricole en Roumanie, le 24
juillet 1935, p. 294.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
prix de revient du soja roumain est de 94,60 reichsmarks, alors que celui du soja
883
mandchourien est de 100,60 reichsmarks.
883
Archives du CL, Paris, DEEF 73370 : Les problèmes du commerce allemand
en Extrême-Orient, Paris, Société d’études et d’informations économiques,
1938, p. 25.
884
PROST, Destin de la Roumanie, 1918-1954, p. 75. Il mentionne des bourses
de 100 reichsmarks par mois que la Banque Nationale de Roumanie s’engage à
leur permettre de transférer mensuellement 75 marks.
885
Archives du CL, Paris, DEEF 73377-1 : Les minorités allemandes et la
propagande nazie en Europe orientale et sud-orientale, Paris, Société d’études
et d’informations économiques, mai 1939, p. 17.
886
Archives du CL, Paris, DEEF 73377-1 : Les minorités allemandes et la
propagande nazie en Europe orientale et sud-orientale, Paris, Société d’études
et d’informations économiques, mai 1939, p. 17.
317
Toutefois, cette convention provoque très vite les réactions de l’opinion publique
roumaine et internationale qui désapprouve l’ingérence des capitaux allemands
dans l’industrie pétrolière. Les journaux de Bucarest critiquent violemment les
887
Archives du CL, Paris, DEEF 73377-1 : Les minorités allemandes et la
propagande nazie en Europe orientale et sud-orientale, Paris, Société d’études
et d’informations économiques, mai 1939, p. 6.
888
CALAFETEANU, « Les relations économiques germano-roumaines de 1933
à 1944 », pp. 27-28.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
889
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales,
Série Z, Roumanie, No. 202, Presse roumaine et accord germano-roumain, le
er
1 juin 1935, p. 237.
890
Documents on German foreign policy 1918-1945, Series C (1933-1937), The Third
Reich: first phase, Volume I, no 110, p. 213.
891
PROST, Destin de la Roumanie, p. 76 est de même avis.
892
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Germania, Vol. 74 : Télégramme de Nicolae
Petrescu-Comnen au gouvernement roumain, le 13 juin 1935, p. 231.
893
Archives MAERO, Bucarest, Fonds Germania, Vol. 74 : Télégramme de Nicolae
Petrescu-Comnen au gouvernement roumain, le 13 juin 1935, p. 231.
319
894
passées sous le contrôle de la Deutsche Petroleum AG. Dans ces
circonstances, les dirigeants de Bucarest annoncent que la question de la
collaboration avec les capitaux allemands dans le secteur pétrolier doit être
895
repensée avant la mise en vigueur de cette convention. Face aux réactions de
la presse roumaine et à l’attitude des dirigeants de Bucarest, Schacht convoque
896
de nouveau le 12 juin 1935 Petrescu-Comnen. Il reproche au gouvernement
roumain et notamment à Nicolae Titulescu d’être à l’origine des attaques
lancées par la presse contre l’Allemagne. Afin de convaicre le Ministre roumain
de sa bienveillance à l’égard de la Roumanie, Schacht s’exprime en ces termes :
« J’ai beaucoup de confiance et de sympathie envers votre pays et je souhaite
participer au développement économique de la Roumanie. Toutefois, je
considérai tout échec de l’Allemagne dans ce pays comme un échec
897
personnel. » En insistant sur le fait que les relations entre la Roumanie et
l’Allemagne doivent être basées sur la bienveillance et l’amitié réciproque,
Schacht déclare que le meilleur moyen pour prouver la volonté des dirigeants de
Bucarest de développer les relations avec l’Allemagne est l’action et non pas les
898
mots. Par la même occasion, il demande à Petrescu-Comnen des
renseignements précis sur l’attitude et les réactions des dirigeants de Paris au
sujet du traité germano-roumain. Cela lui donnera l’occasion d’interroger Nicolae
Petrescu-Comnen sur le projet du gouvernement roumain de vendre en France
ses redevances de pétrole pour plusieurs années. Face à l’ambigüité du Ministre
roumain, Schacht perd son calme et exige une réponse claire et immédiate car
894
Archives du MAEF, Paris, Direction des Affaires Politiques et Commerciales, Série
Z, Roumanie, No. 229, L’Allemagne et le marché pétrolier roumain, le 17 mai 1935, p.
258. (Coulondré au Ministre français à Bucarest).
895
Selon une communication faite à Pochhammer, le représentant de l’Allemagne à
Bucarest. Voir Documents on German foreign policy 1918-1945, Series C (1933-1937),
The Third Reich: first phase, Volume I, no 556, pp. 1080-1081.
896
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Germania, Vol. 74 : Télégramme de
Petrescu-Comnen au Gouvernement roumain, le 13 juin 1935, pp. 231-234.
897
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Germania, Vol. 74 : Télégramme de Nicolae
Petrescu-Comnen au Gouvernement roumain, le 13 juin 1935, pp. 231 (Trad. du
roumain)
898
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Germania, Vol. 74 : Télégramme de Nicolae
Petrescu-Comnen au Gouvernement roumain, le 13 juin 1935, p. 231 (Trad. du roumain)
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
« il doit savoir s’il peut compter sur les promesses de la Roumanie de vendre à
899
l’Allemagne des céréales et du pétrole. »
899
Archives du MAERO, Bucarest, Fonds Germania, Vol. 74 : Télégramme de Nicolae
Petrescu-Comnen au Gouvernement roumain, le 13 juin 1935, p. 233. (Trad du roumain)
900
Cf. MARGUERAT, Le III Reich et le pétrole roumain, 1938-1940, p. 61.
901
Sur cette question, voir MILWARD, Alain S., « The Reichsmark Bloc and the
International Economy » in KOCH, Hannsjoachim W. (ed.), Aspects of the Third
Reich, 1985, Basingstoke, London, MacMillan, 1985, pp. 358-359.
902
MARGUERAT, Le III Reich et le pétrole roumain, p. 149.
321
903
À cela il faudrait ajouter le besoin d’équipement de l’armée roumaine. Inquiet
de la tournure prise par la situation internationale et par la renaissance des
revendications hongroises, bulgares et soviétiques, les dirigeants de Bucarest
ne voient d’autre sauvegarde que le réarmement, ainsi que le démontre
l’augmentation de 10 à 25 milliards lei du budget militaire pour l’année 1938-
904
1939. Le besoin de réarmement fait le jeu du Reich qui est un des seuls pays
en état de livrer à la Roumanie l’équipement nécessaire. Rappelons que
l’Allemagne contrôle les usines d’armements tchèques, la Skoda et la
905
Zbrojovka. Soutenus par d’importantes commandes d’armes, les échanges
entre la Roumanie et l’Allemagne augmentent considérablement à partir de
mars 1939. Alors que pour la période décembre 1938 - mars1939, la moyenne
des importations roumaines est de 464,5 millions lei, elle monte à 747 millions
906
de lei pour la période avril-août 1939. De même les exportations roumaines
vers l’Allemagne passent de 24,40% pour la période décembre 1938 - mars
1939 à 33,14% et si l’on ajoute les chiffres relatifs au Protectorat, elles
907
dépassent 40%. Il convient également de souligner le fait que l’Allemagne
commence à lier les exportations de matériels de guerre, allemand ou
tchécoslovaque, aux importations de pétrole. A titre d’exemple, le Reich
n’accepte de lui livrer du matériel allemand perfectionné qu’à la condition de
908
recevoir la contrepartie intégralement en pétrole.
903
MARGUERAT, Le III Reich et le pétrole roumain, p. 150.
904
MARGUERAT, Le III Reich et le pétrole roumain, p.150.
905
MARGUERAT, Le III Reich et le pétrole roumain, p. 144.
906
MARGUERAT, Le III Reich et le pétrole roumain, p. 144.
907
Archives de la SdN, Genève, Section économique et financière, Questions
économiques et financières, 1940, Chiffres essentiels du commerce extérieur des pays
danubiens, p. 170.
908
MARGUERAT, Le III Reich et le pétrole roumain, p. 150.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
909
TRANDAFILOVITCH, Ivan, L’expansion économique allemande vers le sud-est
européen, Paris, Librairie sociale et économique, 1939, pp. 40-47.
910
TRANDAFILOVITCH, L’expansion économique allemande, pp. 40-47.
911
BEUVE-MERY, Hubert, Vers la plus Grande Allemagne, Paris, Centre d’études de
politique étrangère, 1939, p. 45.
323
Toutefois, l’aspect le plus important de cet accord concerne l’industrie et, plus
912
particulièrement, l’industrie minière. Alors que, pour l’agriculture et l’industrie
agricole, l’accord laisse l’initiative aux entreprises nationales roumaines, dans le
secteur d’exploitation pétrolière et minière, il prévoit la création de sociétés
mixtes germano-roumaines aux fins d’exploitation des gisements de minerais et
champs pétrolifères qui, dépendront directement des gouvernements allemand
et roumain. Il envisage notamment la recherche de nouveaux gisements, la
fourniture de machines allemandes pour l’exploitation et la construction
913
d’installation pour le raffinement et le transport du pétrole. Cela permettra,
donc, à l’Allemagne non seulement de disposer à son gré du pétrole roumain
mais aussi d’évincer l’opposition des compagnies françaises et britanniques.
912
TRANDAFILOVITCH, L’expansion économique allemande, pp. 47-53.
913
Sur cette question, voir MARGUERAT, Le III Reich et le pétrole roumain, pp. 131-
134.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
CONCLUSION
325
914
Sur cette question, voir PROST, Henri, Destin de la Roumanie, Paris, Berger-
Levrault, 1954, pp. 137-151 et BOGDAN, Henry, Histoire des pays de l’Est, Paris,
Perrin, 1991, pp. 381-384.
915
Sur cette question, voir DURANDIN, Catherine et TOMESCU, Despina, La
Roumanie de Ceausescu, Paris, Ed. Guy Epaud, 1988.
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
La politique et les préoccupations liées au maintien du statu quo post bellum des
dirigeants de Paris confèrent à la France une grande considération auprès des
autorités roumaines. Au croisement des préoccupations défensives des
dirigeants de Paris, ils intègrent la Roumanie dans le système de sécurité
français qui leur permet de contrer à la fois les révisionnismes bulgare, hongrois
et, notamment, soviétique. La France apparaît, dans ces circonstances, comme
un État allié avec des objectifs de politique étrangère communs qui ne mettra
pas en danger l’intégrité territoriale de la Grande Roumanie du moins jusqu’au
29 novembre 1932, date de la signature du pacte de non-agression franco-
soviétique. À la différence de la France, la Grande-Bretagne n’est jamais
parvenue à devenir un partenaire politique et militaire de la Roumanie. Pour les
dirigeants de Londres, l’intérêt de ce pays danubien est davantage économique
que politique et géo-stratégique. Pour l’opinion publique britannique, la
Roumanie représente à la fois une poudrière et un eldorado. Quant à l’attitude
des dirigeants roumais à l’égard de la Grande-Bretagne, elle est très prudente.
La participation de la Banque d’Angleterre à la reconstruction économique et
financière de la Hongrie en 1923 et, notamment, le refus de la diplomatie
britannique de se positionner dans les affaires politiques et territoriales qui
opposent les États de l’Europe centrale tout le long de l’entre-deux-guerres
327
916
MARGUERAT, Philippe, « Les investissements français dans le Bassin danubien
durant l'entre-deux-guerres : pour une nouvelle interprétation », Revue historique 1/2004
(n° 629), p. 121-162.
333
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
SOURCES NON-PUBLIÉES
18/5 : Correspondance 1927, 1928, 1929, lettres reçues par Charles Rist
(Lettres manuscrites de Pierre Quesnay concernant la situation de la Banque
Nationale de Roumanie, 1928).
er
23/1 : Conversations du 1 au 7 juillet 1927 à New York et Washington, entre
MM. Strong, Norman, Schacht et Rist et entre MM. Ogden, Mills, Kellog, Dwight
Morrow et Rist.
23/7 : Voyage à Rome avec M. Moreau, février 1928 (Compte rendu d’une
conversation avec Volpi. Lettres de Siepmann de la Banque d’Angleterre,
339
25/3 : Note sur les réformes restant à réaliser ou à achever en Roumanie, février
1932.
25/4 : Rapport sur les finances publiques de la Roumanie, par M. Charles Rist, I.
Rapport général, mai 1932.
26/2 : Journal 1931, pp. 1-7 ; Journal 1932 avec une partie intitulée Journées de
Vienne du 19 au 21 août 1932, pp. 8-15, Journal 1933 avec une partie intitulée
Résumé de ce que nous avons vu à Washington et une autre Conversations de
Washington, pp. 16-24, 1931-1933.
Fonds Dosare speciale, No. 131 (1926-1928), No. 132 (1929-1939), No. 133
(1930-1936), No. 134, No. 247 (1932-1934).
Fonds România, Vol. 1, Vol. 3, Vol. 4 ; Vol. 358 (Probleme economice, 1921-
1934 (Télégrammes, études sur la situation économique et financière de la
Roumanie, coupures de presse).
DAF 00501-1 : Dossier d’études sur le financement d’un crédit aux Chemins de
fer roumains pour la livraison de locomotives, 1929.
DEEF 59482 : Répertoire des articles de presse parus sur les pays étrangers,
questions économiques, politiques et financières, monétaires et sociales.
(Yougoslavie : les relations et conventions commerciales avec les autres pays
d’Europe et notamment avec l’Allemagne, la France, la Tchécoslovaquie, la
Yougoslavie, 1920-1955).
1. Documents diplomatiques
MADGEARU, Virgil, Rumania’s new economic policy, London, King & Son,
1930.
BIBLIOGRAPHIE
1. Ouvrages généraux
CARR, Edward Hallett, International Relations between the Two World Wars
(1919-1939), London, Macmillan, 1947.
CARR, Edward Hallett, German-Soviet relations between the two World Wars,
1919-1939, Connecticut, Greenwood Press, 1983.
EICHENGREEN, Barry, Golden Fetters : the Gold Standard and the Grat
Depression 1919-1939, Oxford, Oxford University Press, 1995.
HARRISON, Mark (ed.), The Economics of World War II. Six great powers in
international comparison, Cambridge, Cambridge University Press, 1998.
353
e
HOBSBAWM, Eric J., L’âge des extrêmes. Histoire du court XX siècle,
Bruxelles, Editions Complexe, 2003.
HOBSBAWM, Eric J., L’ère des empires 1875-1914, Paris, Fayard, 1987.
JUDT, Tony, Retour sur le XXe siècle, Mayenne, Héloïse d’Ormesson, 2010.
MILWARD, Alan S., War, Economy and Society, 1939-1945, Middlesex, Pelican
Books, 1987.
ORDE, Anne, British policy and European reconstruction after the first world
war, Cambridge University Press, 1990.
PEASE, Neal, Poland, the United States, and the Stabilization of Europe, 1919-
1933, Oxford, Oxford University Press, 1986.
RECKER, Marie-Louise (éd.), Von der Konkurrenz zur Rivalität : das britisch-
deutsche Verhältnis in der Länern der europäischen Peripherie, 1919-1939 /
From competion to rivalry: the Anglo-German relationship in the countries at the
European Periphery, 1919-1939, Stuttgart, Franz Steiner Verlag Wiesbaden
GMBH, 1986.
SABOURET, Anne, MM. Lazard Frères et Cie: une saga de la fortune, Paris, O.
Orban, 1987.
SILVERMAN, Dan P., Reconstructing Europe after the Great War, London,
Harvard University Press, 1982.
TURNOCK, David, The Romanian economy in the twentieh century, London &
Helm, Croom Helm, 1996.
BASCH, Antonin, The Danube Basin and the German Economic Sphere,
London, Kegan Paul, Trench, Trubner & Co., 1944.
BEREND, Ivan T. & RANKI, Györgi, Studies on Central and Eastern Europe in
the Twentieth Century, Ashgate Variorum Collected Studies Series, 2002.
COTTRELL, Philip L., & TEICHOVA, Alice (Eds.), International Business and
Central Europe, 1918-1939, Leicester, Leicester University Press, 1983.
GOOD, David F., The Economic Rise of the Habsburg Empire, 1750-1914, Los
Angeles, Univesity of California Press, 1984.
KASER, M. C., RADICE, E. A., (Eds.), The Economic History of Eastern Europe,
1919-1975, Vol. I & II, Oxford, Clarendon Press, 1986.
WANDYCZ, Piotr S., France and Her Eastern Allies, 1919-1925: French-
Czechoslovak-Polish Relations from the Paris Peace Conference to Locarno,
Minneapolis, 1962.
357
BANCA NATIONALA A ROMÂNIEI, Viata si opera lui Victor Slavescu (La vie et
l’œuvre de Victor Slavescu), Bucuresti, Banca Nationala a României, 2001.
BANCA NATIONALA A ROMÂNIEI, Viata si opera lui Virgil Madgearu (La vie et
l’œuvre de Virgil Madgearu), Bucuresti, Banca Nationala a României, 2002.
LUNGU, Dov B., Romania and the Great Powers, 1933-1940, London, Duke
University Press, 1989.
PEARTON, Maurice, Oil and the Romanian State, Oxford, Oxford University
Press, 1971.
PERIANU, Dan Gh., Istoria Uzinelor din Resita 1771-1996, Timisoara, Editura
Timpul, 1996.
QUINLAN, Paul D., Clash over Romania. British and American Policies toward
Romania : 1938-1947, Los Angeles, A.R.A., 1977.
SCURTU, Ioan (éd.), Documente privind istoria României între anii 1918-1944
(Documents concernant l’histoire de la Roumanie durant les années 1918-
1944), Bucuresti, Ed. Didactica si Pedagogica, 1995.
SCURTU, Ioan, Iuliu Maniu : activitatea politica (Iuliu Maniu : l’activité politique),
Bucuresti, Ed. Enciclopedica, 1995.
TREPTOW, Kurt, A history of Romania, Iasi, The Center for Romanian Studies,
1996.
4. Articles
BUSSIERE, Eric, « The French ‘Banques d’affaires’ in the Interwar Period : the
Case of the Banque de Paris et des Pays-Bas (Paribas) » in KASUYA, Makoto
(ed.) Coping with Crisis. International Financial Institutions in the Interwar
Period, Oxford, Oxford University Press, 2003, pp. ….
ELVERT, Jürgen, « Plans allemands d’entre les deux guerres mondiales pour la
Mitteleuropa » in BUSSIERE, Eric, DUMOULIN, Michel, SCHIRMANN, Sylvain
(éds.) Milieux économiques et integration européenne au XXe siècle, Paris,
Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2001-2002, pp. 30-
38.
FEIERTAG, Olivier et PLESSIS, Alain, « The Position and the Role of French
Finance in the Balkans from the Late Nineteenth Century until the Second World
War » in KOSTIS, Kostas P. (éd.), Modern Banking in the Balkans and West-
European Capital in the Nineteenth and Twentieth Centuries, Ashgate, 1999, pp.
215-234.
JONES, Gareth G., « The British Government and the Oil Companies 1912-
1924: The Search for an Oil Policy » in The Historical Journal, Vol. 20, No. 3
(Sep., 1977), pp. 647-672.
MILWARD, Alain S., « The Reichsmark Bloc and the International Economy » in
KOCH, Hannsjoachim W. (ed.), Aspects of the Third Reich, 1985, Basingstoke,
London, MacMillan, 1985.
MOURE, Kenneth, « French money doctors, central banks, and politics in the
1920s » in FLANDREAU, Marc (éd.), Money Doctors.The experience of
international financial advising 1850-2000, London, 2003, pp. 138-165.
RACIANU, Ileana, « The Banque de France, the Bank of England, and the
Stabilization of the Romanian Currency in late 1920s » in QUENNOUELLE-
CORRE, Laure et CASSIS, Youssef (éds.), Financial Centres and International
Capital Flows in the Nineteenth and Twentieth Centuries, Oxford University
Press, 2011, pp. 198-208.
TEICHOVA, Alice, « Versailles and the Expansion of the Bank of England into
Central Europe» in Recht und Entwicklung der Grosßunternehmen im 19. und
frühen 20. Jahrhundert, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1979, pp. 366-
385.
TORRE, Dominique, TOSI, Elise, « Charles Rist and the French missions in
Romania 1929-1933. Why the ‘Money Doctors’failed ? », National Bank of
Serbia, Special Publication, Fourth Annual SEEMHN Conference, May 2010.
WURM, Clemens A., « International industrial cartels, the state and politics:
Great Britain between the wars » in TEICHOVA, Alice et LEVY-LEBOYER,
Maurice (eds.), Historical studies in international corporate business,
Cambridge, Cambridge University Press, 1989, pp. 111-122
365
ANNEXES
La Roumanie face aux rivalités politiques et financières
internationales, 1922-1935
917
Les minorités ethniques de la Grande Roumanie représentent : 10% Hongrois, 6%
Allemands, 5% Russes, 4% Juifs, 3% Bulgares, etc.
369
er
Alexandru VAIDA-VOEVOD, 1 décembre 1919 - 12 mars 1920
er
Mihail OROMOLU, 1 janvier 1922 - 31 décembre 1926
er
Dimitrie BURILLIANU, 1 janvier 1927 - 9 mars 1931