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Michel Tournier

Son premier roman, Vendredi ou les limbes de Pacifique, remporte le Grand Prix du Roman de
l’Académie française et le rend célèbre. C’est une reprise de l’histoire de Robinson Crusoé, un Robinson
différent de celui de Defoe, qui découvre dans la solitude de nouveaux rapports avec le monde, grâce à
l’aide de Vendredi. Robinson de Tournier traverse une phase d’extrême désespoir qui entraîne une
transformation radicale de sa personnalité. Il refuse toutefois de rentrer dans son pays natal quand un
navire aborde enfin à son île. En exploitant le thème de la solitude, le roman acquiert une valeur
universelle.
Tournier a changé le mythe de Defoe, parce qu’il considère que le pauvre Vendredi de celui-ci est sacrifié
et que ce Robinson-là domine le roman grâce au fait qu’il est blanc, anglais et chrétien. Alors, Tournier
donne le nom de Vendredi à un roman où ce personnage a une place importante. «  Ce n’est plus
Robinson qui apprend la civilisation à Vendredi, c’est Vendredi qui apprend la vie sauvage à Robinson.».
Le roman est donc concentré sur l’initiation à la vie sauvage et détruit les fondements de la société
puritaine et bourgeoise.
Vendredi ou les limbes de Pacifique, écrit a la troisième personne, montre un Vendredi quittant l’île au
bord du navire, tandis que le vieux Robinson découvre avec la joie d’un enfant l’occasion d’être à son
tour l’initiation à la vraie vie. Tournier invente aussi un mode de vie radicalement nouveau, à différence
de Defoe qui tentait de reproduire les schémas sociaux et culturels dont il était héritier.
Le roi des aulnes s’inspire de la ballade de Goethe, mais se focalise sur l’image de l’ogre plus que sur
celle du père et du fils. Le héros du roman, Albert Tiffauges, fait prisonnier pendant la guerre et envoyé
en Allemagne, rencontre deux grands ogres, Goering et Hitler, et est conquis par l’idéologie nazie. Mais
la fin de l’œuvre est édifiante. Tiffauges fuit dans le marais avec un enfant juif sur les épaules et y meurt.
Dans Les Météores, Tournier expose la théorie de la gémellité : chaque être est à la recherche de sa
moitié. Ce roman est l’histoire de deux jumeaux, Paul et Armand, que sépare l’amour d’une femme. Paul
perd son frère parce qu’il veut l’obliger à rompre ses fiançailles. Armand s’en va et son frère le
poursuivra à travers le monde. La poursuite s’achèvera à Berlin, le jour de l’édification du mur de la
honte. Tournier y livre une méditation sur le sort de la ville. Le charme de ce livre est dû à l’humour et au
souffle poétique qui se dégage de ses pages.
Tournier touche tous les registres : le grave et le léger, l’ironique et le sérieux, le féerique et le quotidien,
et toutes les techniques narratives : entrelacement des voix narratives, abolition du temps et de l’espace,
recours à l’intertextualité (la citation d’autres textes). Il écrit aussi des contes pour les enfants, Vendredi
ou la vie sauvage, Pierrot ou les secrets de la nuit.
Il a une prédilection pour le légendaire et crée un univers où le réalisme et le féerique se mêlent.
Son œuvre nous présente des réinterprétations des mythes : le mythe de Robinson, de Castor et Pollux, de
l’Ogre, etc. Ces mythes qui appartiennent à l’imaginaire collectif, Tournier les élabore et les transforme
au point de leur conférer une autre signification. Il aborde la problématique de la civilisation (Vendredi
ou les limbes de Pacifique), du meme et de l’autre et du double (Les Météores), de la prédestination (Le
roi des aulnes).

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