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E. - INFLAMMATION ET IMMUNITÉ
F.- CICATRISATION
Les composants des réponses
inflammatoires
Recrutement des leucocytes
Évolutions de l'inflammation
D. - VARIÉTÉS ÉTIOLOGIQUES DE L’INFLAMMATION
• L'inflammation est dite spécifique lorsque les caractéristiques morphologiques
sont suffisamment évocatrices pour permettre de suspecter fortement ou
d'affirmer quel est l'agent causal déclenchant cette inflammation ou d'orienter
vers un groupe d'étiologies.
• Parmi les inflammations "spécifiques" il y a l'inflammation dite granulomateuse.
• Alors que le granulome inflammatoire est l'ensemble des éléments cellulaires
présents au sein d'une réaction inflammatoire tissulaire, l'inflammation
granulomateuse est un terme plus restrictif qui définit une inflammation avec des
cellules histiocytaires d'aspect particulier (cellules épithélioïdes et parfois cellules
géantes, lymphocytes principalement). L'exemple type d'inflammation
granulomateuse est la tuberculose.
• Les caractéristiques du processus inflammatoire dépendent de l’étiologie et
notamment du pouvoir antigénique des divers agents pathogènes. Ceci est illustré
par l’étude de 3 exemples choisis parmi bien d’autres:
– l’inflammation tuberculeuse,
– les inflammations virales,
– les inflammations à corps étrangers.
1. - INFLAMMATION TUBERCULEUSE
• C’est l’inflammation produite dans l’organisme par l’action du
Mycobacterium tuberculosis ou bacille de Koch (BK). Elle évolue selon le
schéma de base de l’inflammation.
– stade exsudatif,
– constitution d’un granulome,
– détersion,
– cicatrisation.
• Son évolution spontanée est particulière par sa lenteur, l’existence de
poussées exsudatives répétées et par la réaction immunitaire qu’elle
entraîne.
• Le plus souvent, la tuberculose siège dans le poumon
A) PHASE EXSUDATIVE DE LA TUBERCULOSE
• 1) L’inflammation tuberculeuse débute par des phénomènes de
congestion, d’oedème et d’afflux de polynucléaires sans particularité. Leur
origine tuberculeuse est uniquement attestée par la présence d’un grand
nombre de BK identifiables sur la lame histologique par la coloration de
Ziehl.
• Au cours de cette phase exsudative, il n’y a jamais de suppuration mais il
se produit, de façon inconstante, une lésion particulière de nécrose
cellulaire et tissulaire, la nécrose caséeuse.
• 2) La survenue de la nécrose caséeuse, et l’étendue de la zone nécrosée
dépendent du statut immunitaire du malade; la zone nécrosée ne
représente le plus souvent qu’une partie du foyer inflammatoire
tuberculeux. Cette nécrose caséeuse, ou caséum, est une lésion
caractéristique:
– macroscopiquement, il s’agit d’une lésion limitée, d’aspect blanc-jaune,
semblable à du fromage blanc, de consistance ferme ou molle, parfois liquide,
– histologiquement, la plage nécrotique est éosinophile, anhiste. Les éléments
tissulaires et cellulaires préexistants ne peuvent plus être reconnus.
B) LE GRANULOME TUBERCULEUX
• Il a un aspect particulier.
• Le granulome se constitue après la phase exsudative. Celui-ci apparaît
autour du foyer caséeux, ou, en son absence, au sein même du foyer
exsudatif initial. Les polynucléaires disparaissent rapidement de la lésion
et le granulome tuberculeux est principalement constitué par des
lymphocytes et des histiocytes d’aspect particulier : les cellules
épithélioïdes
• Les cellules épithélioïdes ont subi une transformation qui leur donne une
vague ressemblance avec des cellules épithéliales. Elles sont allongées, à
cytoplasme éosinophile et à noyau vésiculeux. Elles peuvent fusionner
pour former des cellules géantes ayant jusqu’à plusieurs dizaines de
noyaux. Ceux-ci sont typiquement disposés en fer à cheval à la périphérie
du cytoplasme qui apparaît éosinophile comme celui des cellules
épithélioïdes. Les cellules géantes de la tuberculose portent le nom de
cellules de Langhans.
• Dans les cas typiques, cellules épithélioïdes et cellules géantes sont
groupées en nodules de 300 à 500 microns de diamètre entourés de
lymphocytes, les follicules tuberculeux.
• Ce granulome n’est pas lié
directement à la présente de BK.
C’est l’expression d’une réaction
d’hypersensibilité de type IV, qui
est, par exemple, observée au
point d’injection de la
tuberculine (en l’absence de BK!)
chez les sujets sensibilisés.
• L’antigène responsable de cette
hypersensibilité n’est pas
clairement identifié. Une
conséquence importante de la
participation du système
immunitaire dont témoigne le Conséquences de l’immunisation au cours de la
granulome, est l’acquisition d’une maladie tuberculeuse:
«résistance », due à l’activation Les antigènes du BK, après phagocytose par un
des macrophages dont les macrophage, sont présentés par le CMH II à un
lymphocyte T4. Les cytokines de celui-ci induisent
capacités de phagocytose et de d’une part la formation d’un granulome épithélioïde
bactéricidie sont augmentées. (qui peut subir une nécrose caséeuse), et d’autre
part l’activation de macrophages (support de la
résistance).
C) L’ÉVOLUTION DE L’INFLAMMATION TUBERCULEUSE
• Elle devrait évoluer vers la cicatrisation scléreuse mais deux particularités
entravent cette évolution, ce sont:
– les poussées de la maladie,
– la présence éventuelle dans le foyer inflammatoire de caséum.
Nécrose caséeuse
Follicule
Nécrose caséeuse
Cellules
épithélioïdes
Lymphocytes
Cellules
épithélioïdes
Nécrose caséeuse
Lymphocytes
Calcification
Cellule géante
Langhans
2. - INFLAMMATIONS VIRALES
• L'infection d'une cellule par un virus peut déterminer 2 types de lésions :
des lésions cellulaires directement induites par le virus et des lésions
indirectes provoquées par la réponse immunitaire dirigée contre les
cellules infectées
A) INFLAMMATION VIRALE
• Dans la grande majorité des cas d’infection virale apparente, les virus
provoquent une réaction exsudative bénigne déclenchée par la nécrose
des cellules où s’effectue la réplication virale. Cette réaction exsudative est
généralement pauvre en polynucléaires et n’est jamais suppurée en
l’absence de surinfection bactérienne. Celle-ci est fréquente car l’infection
virale diminue les défenses antibactériennes et déprime en particulier les
capacités des phagocytes.
• Dans certaines circonstances beaucoup plus rares, l’infestation virale est la
cause d’une réaction inflammatoire par un mécanisme indirect immun.
Les lymphocytes représentent la principale ligne de défense antivirale
B) MORPHOLOGIE DES CELLULES INFESTÉES PAR LES VIRUS
• Les cellules infestées par un virus ont un aspect variable. Elles peuvent avoir un
aspect normal en histologie conventionnelle. L’antigène viral est cependant
présent et peut être détecté par immunohistochimie ou microscopie électronique.
• Les cellules peuvent avoir un aspect de "souffrance" se traduisant par une
ballonisation cellulaire.
• On peut parfois observer des inclusions virales. Ces inclusions virales sont
constituées par l’accumulation intra-cytoplasmique ou intranucléaire de protéines
virales. Exemples: corps de Négri dans le cytoplasme des neurones de l’hippocampe
dans la rage; inclusions intranucléaires du cytomégalovirus, inclusions
cytoplasmiques en "verre dépoli" dans l'hépatite B, etc.…
• L'infection virale peut entrainé la formation de cellules géantes par fusion
d’éléments histiocytaires ou épithéliaux, comme dans la rougeole. Le virus
respiratoire syncitial les virus herpès, le virus de l’immunodéficience acquise (HIV)
peuvent également provoquer l’apparition de cellules multinucléées.
• Les signes de l’infestation virale peuvent être mis en évidence par certains
examens cytologiques: Exemples: diagnostic de condylome (lésion due au
papilloma virus humain: HPV), ou d’infection génitale herpétique par frottis
cervico-vaginaux.
Inclusion intranucléaire CMV
Effets cytopathiques HVS
IHC: p16; Koilocyte, HPV
3. - INFLAMMATIONS À CORPS ÉTRANGERS
• La réaction inflammatoire à corps étrangers est déclenchée par une
substance reconnue par l'organisme comme un corps étranger. Il y a deux
grandes catégories de corps étrangers:
– Les corps étrangers exogènes sont apportés par un traumatisme
accidentel ou laissés sur place après une intervention chirurgicale
(talc, fils de suture, etc.).
– Les corps étrangers endogènes se forment sur place au sein des tissus
aux dépens d’éléments cellulaires ou tissulaires normaux (poils,
squames de kératine) ou de débris alimentaire ou fécaux passés dans
le péritoine après une perforation digestive, ou sont constitués de
produits du métabolisme (cristaux d’acide urique dans la goutte,
cristaux de cholestérol dans l’athérome).
A) QUELQUES ASPECTS HISTOLOGIQUES
• Les corps étrangers exogènes peuvent être éliminés lors de la détersion
du foyer inflammatoire ou au cours du parage d’une plaie. C’est le cas
habituel dans le cas de traumatisme. Dans d’autres circonstances, ils
persistent car le système phagocytaire est incapable de les détruire, en
raison de leur taille ou de leur résistance à la digestion.
1) Les granulomes à cellules géantes
• Lorsque les corps étrangers ont un certain volume (squames de kératine,
fils de suture, cristaux divers) ils sont entourés par des macrophages qui
fusionnent et forment des cellules géantes multinucléées. Celles-ci
peuvent englober les corps étrangers de petite taille. Lorsque le corps
étranger est plus volumineux, les cellules géantes se disposent côte à côte
à sa surface. Ces cellules géantes observées lors des réaction à corps
étranger (ou cellules de Muller) peuvent avoir des formes convolutées.
Les noyaux sont disposés sans ordre dans le cytoplasme, ce qui, en
principe, les distingue des cellules géantes de la tuberculose (où les
noyaux sont disposés en fer à cheval à la périphérie du cytoplasme).
• La mobilisation macrophagique de la réaction à corps étranger coexiste le
plus souvent avec un granulome lymphocytaire et plasmocytaire. Elle
s’associe généralement à une sclérose importante. Elle peut n’être qu’un
élément d’un ensemble lésionnel complexe comportant également, par
exemple, des lésions de suppuration dans le cas d’une plaie septique
souillée de débris. Sclérose et granulome peuvent constituer une
pseudotumeur.
• Tous les corps étrangers n’induisent pas une réaction histologique à
cellules géantes. Dans certains cas, le corps étranger est de petite taille et
peut être englobé par un macrophage unique, comme dans l’exemple de
la silice .