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ILE DE LA RÉUNION

FICHE PHYTOSANITAIRE | CANNE À SUCRE

LE THRIPS ORIENTAL
DE LA CANNE À SUCRE
Nom commun Ordre / Famille Nom scientifique Espèces attaquées

Thrips oriental Thysanoptera


Fulmekiola serrata Canne à sucre et autres Graminées
de la canne à sucre Thripidae

DESCRIPTION

Originaire d’Asie, le thrips oriental de Les femelles insèrent les œufs dans
la canne à sucre est retrouvé dans les cicatrices nutritionnelles sous
toute la zone orientale de l’Inde au l’épiderme de la feuille. Elles peuvent
Japon mais aussi en Afrique du Sud, pondre environ 80 œufs qui sont dispo-
en Amérique du Sud, en Guadeloupe, sés de manière individuelle. Les œufs
aux Antilles, à Madagascar, à l’Île sont allongés, réniformes et mesurent
Maurice et à l’Île de La Réunion. Il a environ 0,3 mm. Après l’éclosion les
une préférence pour les Graminées jeunes nymphes se regroupent. Au
et principalement pour la canne à départ peu colorées mis à part les
sucre. F. serrata a un mode de vie yeux rouges foncés, elles vont devenir
dissimulé et les colonies de thrips jaunes puis de plus en plus foncées
trouvent refuge à l’extrémité encore après chaque mue. Les nymphes se
enroulée des jeunes feuilles en cours déplacent sur le plant afin de rester
de développement. Les adultes et toujours à l’abri au niveau de la partie
nymphes sont des piqueurs-suceurs supérieure des jeunes feuilles. L’hu-
qui lacèrent les tissus des feuilles midité présente dans les abris aug-
avec leurs pièces buccales pour en mente la survie des jeunes stades. © J . Antoir, CA
aspirer leur contenu. Ainsi, ils vivent Vient ensuite le stade pupe qui est > Adulte de F. serrata
sur la partie supérieure des jeunes divisé en deux sous-stades : prépupe
feuilles afin de bénéficier de leurs et pupe. Les insectes sont alors tous
tissus encore tendres. Les piqûres les deux pâles et peu mobiles. On les
vont favoriser la persistance de différencie également avec l’apparition
l’enroulement des premières jeunes des moignons d’ailes et la position des
feuilles qui prendront l’aspect d’un antennes, respectivement vers l’avant
« fouet ». Cependant, on peut aussi chez la prépupe et vers l’arrière chez
retrouver les thrips sur des feuilles la pupe. Les adultes sont marron foncé
ouvertes dont les bords vont se re- à noirs avec des tarses et des tibias
courber vers l’intérieur à cause des jaunes. Ils mesurent environ 1 à 1,5
piqûres. Vivre dans ces abris leur mm et vivent mélangés avec les juvé-
fournit un environnement humide qui niles. Ils sont munis d’ailes en forme
les protège de la dessiccation mais de plumeau qui leur permettent un vol
aussi des prédateurs. actif sur de courte distance mais leur © B. Albon, FDGDON
dispersion est surtout passive via les >E
 nroulement et dessèchement du bout de
vents dominants. la feuille
© B. Albon, FDGDON © B. Albon, FDGDON
> Dégâts de thrips >T
 aches jaunes et stries

NATURE DES DÉGÂTS ESTIMATION DES ATTAQUES des thrips qui de ce fait affectionnent
ET SEUIL DE RISQUE les régions côtières plutôt que les
Ils causent des dégâts directs de nu- zones plus fraîches. La dispersion
trition et de ponte sur les feuilles. Ce Les dégâts sont plus marqués des thrips est aussi favorisée par
sont ces dégâts qui provoquent l’en- sur les jeunes feuilles que sur les les vents forts et le transport des
roulement de l’extrémité des jeunes feuilles âgées mais aussi en début cannes. Par ailleurs, les plantes
feuilles et l’aspect de fouet. Le bord de campagne plutôt que sur les en stress hydrique sont plus sen-
va flétrir et se courber vers le bas. cannes de milieu ou fin de cam- sibles aux thrips. L’irrigation sans
D’autres symptômes résultant des pagne. En cas de forte infestation, accumulation d’eau au niveau des
piqûres vont ensuite apparaître : né- l’ensemble du champ peut montrer racines (surconsommation) pendant
croses dues aux perforations d’ali- des symptômes de feuilles enrou- les périodes sèches limite égale-
mentation, dessèchement du bout lées et un impact sur la croissance ment les dégâts.
des feuilles et taches jaunes. Sur peut être constaté. L’impact varie
les feuilles plus âgées qui s’ouvrent, selon les pays et la variété. Alors Les infestations secondaires de
on observe une couleur pâle, la pré- qu’en Afrique du Sud, une baisse de pucerons, notamment Melana-
sence de stries d’abord jaunes puis rendement de 18 à 26 % du tonnage phis sacchari, sont susceptibles
brun-rouge, de taches chlorotiques est constatée par ha et une baisse de transmettre des virus comme le
brun-rouge et un bord argenté. En du taux de sucrose de 16 à 24 % Sugarcane Yellow Leaf Virus dont il
cas de forte infestation, la feuille peut par ha, aucune baisse significative est vecteur. F. serrata lui même peut
mourir. Tous ces dégâts vont avoir n’est observée à Trinidad ou à l’île véhiculer des Topovirus.
un impact sur la photosynthèse et Maurice.
donc la croissance. Ces symptômes Les plantations d’autres Graminées
peuvent être confondus avec des brû- On observe un effet variétal sur l’im- en plantes intercalaires comme le
lures dues à la chaleur, des carences portance des dégâts. Les variétés à maïs sont à éviter car elles four-
en nutriment, un stress hydrique ou croissance lente durant les jeunes nissent une ressource alimentaire
des dégâts de phytotoxicité (herbi- stades avec un déploiement de la supplémentaire aux thrips qui s’y
cides). Très souvent des infestations feuille centrale tardif vont être plus développent avant de se déplacer
secondaires de pucerons, majo- impactées que les variétés à crois- sur les cannes.
ritairement Melanaphis sacchari, sance des rejets rapides et dérou-
viennent coloniser l’abri formé par lement des jeunes feuilles précoce. Les stades rejets et élongation sont
les jeunes feuilles liées (enroule- les plus sensibles aux attaques.
ment). Les dégâts sont renforcés lors de Dès que l’infestation atteint plus de
fortes températures, sécheresse et 50 % de la parcelle, la croissance
vents forts. En effet, ces conditions des cannes peut être impactée avec
sont idéales pour le développement présence de tiges mortes.
PROTECTION AGROÉCOLOGIQUE
La lutte contre les thrips avec
des produits phytosanitaires est
coûteuse et présente une faible
efficacité. En effet, les thrips sont
réfugiés et protégés dans l’enrou-
lement des feuilles et les adultes,
contrairement aux nymphes, se
nourrissent moins. Des varié-
tés résistantes sont à l’étude en
Afrique du Sud. Un aménagement
de la période de plantation permet
de réduire les dégâts. En effet, la
plantation est décalée afin que le
stade le plus sensible des cannes © J . Antoir, CA © J . Antoir, CA
(< 4 mois) ne coïncide pas avec les > Theridion diurnum attaquant un thrips (1/2) > Theridion diurnum attaquant un thrips (2/2)
conditions climatiques favorables
aux développement des thrips (cli-
mat chaud et sec). Un cortège d’insectes auxiliaires at-
taque les thrips et est naturellement
L’application de fertilisant à libéra- présent sur les parcelles. Notamment
tion immédiate pour un démarrage les acariens prédateurs, les punaises
et une croissance plus rapide des prédatrices, les fourmis, les chry- Fiche phytosanitaire avril 2016
réalisée par :
repousses permet de limiter les sopes, les coccinelles, les syrphes,
dégâts dans les zones infestées les araignées, les thrips prédateurs, Romuald Fontaine, animateur interfilière du
réseau d’épidémiosurveillance.
notamment en période sèche. les staphylins et les perce-oreilles. Tél : 0262 45 20 00

Action pilotée par le ministère chargé de l’agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques,
par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du Plan Ecophyto.

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