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Frédéric Trément
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La prospection
au sol systématique
Frédéric TRÉMENT
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
est de fournir une image floue, qui écrase les différents horizons stratigraphiques
sur un même plan. Son avantage majeur réside dans l’information originale
qu’apporte la mise en série de ces données à l’échelle du territoire.
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
Ainsi, fouille et prospection sont reconnues dès les années 1980 comme
des méthodes d’investigation archéologique complémentaires. Dans les
régions Centre et Auvergne, l’importante opération d’archéologie préventive
conduite sur le fuseau de l’autoroute A71 combine différentes méthodes de
prospection et fouilles (Ferdière, Rialland 1994 ; 1995). De manière
significative, l’un des thèmes du colloque organisé en novembre 1989 à la
Cité des Sciences de La Villette pose la question d’une archéologie sans fouille
mettant en œuvre toute une batterie de méthodes désormais bien rôdées :
prospection systématique au sol, prospection aérienne, prospection
géophysique principalement (GMPCA 1989).
La fin des années 1980 et les années 1990 voient la multiplication des
études microrégionales basées sur des prospections au sol systématiques. Dans
le Midi, le GDR 954 Archéologie de l’espace rural méditerranéen dans l’Antiquité
et le Haut Moyen Âge (programme H11 du CSRA) a pour but de fédérer ces
équipes encore dispersées. Une partie du groupe ainsi constitué est intégrée,
à partir de 1992 et jusqu’en 2000, dans le projet européen Archaeomedes, dont
l’objectif est d’étudier la mobilité de l’habitat rural en France méridionale de
l’Âge du Fer à la période industrielle (Favory, Fiches 1994 ; Van der Leeuw,
Favory, Fiches 2003). Ce programme a constitué une avancée majeure, en
matière d’archéologie spatiale, sur le plan des méthodes d’acquisition, de
traitement et d’interprétation des données archéologiques. Dans ce cadre ont été
mis au point des protocoles communs permettant d’harmoniser la collecte des
données sur le terrain, le traitement quantitatif et qualitatif du mobilier, la
typologie des sites et leur interprétation en terme de réseaux. La standardisation
des protocoles autorisait ainsi de véritables approches comparatives à l’échelle
régionale. L’un des apports majeurs du GDR 954 puis d’Archaeomedes a été la
mise au point d’une typologie de l’habitat fondée non plus sur des catégories
préétablies (agglomérations, grandes et petites villae, fermes…) mais sur la
combinaison de multiples descripteurs archéologiques (surface, matériaux,
mobilier, activité, date d’implantation, durée d’occupation). Un autre aspect
important du programme Archaeomedes a été le recours aux outils d’analyse
spatiale utilisés par les géographes (Durand-Dastès et al. 1998). Dans les
années 2000, le programme ACI puis ANR Archaedyn du CNRS, qui d’une
certaine manière a prolongé Archaeomedes, a mis davantage l’accent sur la
modélisation spatiale (Gandini, Favory, Nuninger 2008).
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
beaucoup d’encre. Il n’est pas question de revenir ici sur ce sujet stérile à bien
des égards. La plupart des définitions qui ont été proposées sont fondées sur
l’idée – erronée – d’une corrélation (quasi mathématique) entre données de
fouilles et données de prospection7. Or aucune corrélation systématique n’est
possible en l’occurrence, dans la mesure où, contrairement aux autres
méthodes de prospection (aérienne, géophysique, géochimique, par
télédétection), la prospection au sol ne permet pas d’explorer les niveaux
archéologiques stratifiés dans le sous-sol. Par essence, la prospection ne permet
d’appréhender que les vestiges non stratifiés présents dans le niveau supérieur
du sol, contrairement à la fouille qui s’intéresse aux niveaux stratifiés enfouis
à plus ou moins grande profondeur. Des observations ne sont possibles en
surface que si le sol a été perturbé, notamment par l’érosion, des travaux ou,
surtout, les labours. Il résulte de cela que la fouille et la prospection ne sont
pas des méthodes concurrentes (comme on les présente souvent) mais
complémentaires.
En considérant la fouille comme la seule méthode archéologique digne de
ce nom, beaucoup d’archéologues n’ont pas vraiment conscience du fait que,
sur un site donné, l’information archéologique est constituée par la somme
des données stratifiées et non stratifiées. Ces dernières sont souvent essentielles
pour la compréhension et l’interprétation du site, notamment pour sa
datation (Francovich, Patterson 2000 ; Trément 2000a ; 2000b ; 2000d). Par
exemple, ce sont les prospections qui, le plus souvent, mettent en évidence
l’occupation ou la fréquentation des établissements romains dans l’Antiquité
tardive et/ou durant le Haut Moyen Âge, car ces horizons à la fois récents et
ténus sont très fréquemment arasés par les labours. Invisibles à la fouille
– puisqu’ils ne sont plus stratifiés –, ils apparaissent souvent avec évidence en
prospection (Trément 1999a ; Trément dir. 2001).
Valable à l’échelle du site, le postulat de la complémentarité de la fouille
et de la prospection l’est aussi à l’échelle du territoire. Ce constat oblige à
accorder une grande importance aux questions taphonomiques, qui
conditionnent la qualité de l’information archéologique stratifiée et non
stratifiée, et le ratio, variable au cas par cas, entre ces deux registres de données.
C’est pourquoi la terminologie mise au point pour décrire les données de
surface en Limagne mêle critères archéologiques et taphonomiques.
Terminologie
Cette terminologie comprend quatre catégories (Trément dir. 2007 : 295) :
■ site : concentration d’artefacts précisément délimitée dans l’espace et
cohérente d’un point de vue chronologique, attestant une ou plusieurs
occupations ou activités humaines à un endroit donné.
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
Processus géomorphologiques
Les processus géomorphologiques jouent un rôle essentiel en favorisant
soit l’enfouissement, soit l’érosion, soit le déplacement des niveaux
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
Processus géochimiques
Les processus géochimiques sont à l’origine de la conservation différentielle
du mobilier contenu dans le sous-sol en fonction des propriétés chimiques
de ce dernier. Par exemple, les sols acides dégradent voire détruisent les
1
2
3 4 5
Niveaux déstratifiés
Labour Niveaux érodés
visibles en prospection
Niveaux stratifiés Colluvions et alluvions Cours d’eau
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
St-Beauzire
Lussat
Les Martres-d’Artière
t
da
Bé
Le
Gerzat
Le s G
uelles
Malintrat
L es R
onzi
ères
Pont-du-Château
L’Ar t ière
Aulnat
Allier
Marmilhat
Le Bec
0 2 km
Débordement des cours d’eau à chaque épisode Paléo-tracés des cours d’eau limagnais
orageux et affleurement des nappes phréatiques (antérieurs aux rectifications du XXe siècle)
Dépressions correspondant aux axes de drainage de
la plaine marneuse (coeur des bassins würmiens)
Remontée saisonnière de la nappe phréatique
Cas particuliers
Dépressions correspondant aux axes de drainage de
la plaine marneuse (coeur des bassins würmiens)
Terres salées
Remontée saisonnière et épisodique (après
précipitations) de la nappe phréatique Remblais d’origine anthropique
Zones de stagnation plus marquée des eaux
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
COUPE DE L’HABIT
BIT
TAT INITIAL
DEPOT
DEPOT DEPOT
PRIMAIRE
SECONDAIRE PRIMAIRE DEPOT SECONDAIRE
Pertes accidentelles
d’objets
a de fumier
Tas
Décharge
Foyer Surface de travail extérieure
Sol Champs Aire de travail
Dépotoir
Trous de poteaux Sépultures
Fosses ou tranchées Fossés
de fondation
DEPOT
DEPOT INTENTIONNEL
INTENTIONNEL
LABOUR
NIVEAUX STRA
ATIFIES
IMAGE DE SURFACE
ACE EN PROSPECTION
CONCENTRATION D’ARTEFACTS
TRAIT DE COUPE
BRUIT DE FOND
Fig.4 : Fouille stratigraphique et ramassage de surface : deux images pour un même site (exemple
d’un établissement rural protohistorique). DAO : F. Trément.
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
la prospection sur terrains non labourés. Pour les raisons évoquées plus haut,
il est évident que les terrains labourés constituent le domaine privilégié de la
prospection systématique (Fig.5). Dans les deux cas, l’enquête de terrain
s’accompagne d’un travail de documentation qui doit être le plus exhaustif
possible : dépouillement de la bibliographie, compilation des fichiers
communaux du SRA et de la base Patriarche, examen minutieux des plans,
cartes et cadastres, enquête orale auprès des habitants, agriculteurs et érudits
locaux… Ce travail peut être conduit en amont, en parallèle ou en aval de
l’enquête de terrain, le choix de le conduire en aval permettant de travailler
« en aveugle » sur le terrain.
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
Site
Indice de site
Zone prospectée
à maille de 10 m
1 passage
2 passages 0 m 500
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
Équipe
L’expérience montre que le nombre idéal de prospecteurs par équipe est
compris entre 5 et 7. S’il est inférieur, la prospection est trop lente. S’il est
supérieur se posent des problèmes de coordination, de manœuvrabilité et
d’efficacité. Lors des stages, l’effectif est donc fragmenté en petites équipes de
5 à 7 reliées par talky-walky. Dans chaque équipe, le responsable d’équipe
occupe la position centrale, de manière à pouvoir communiquer facilement
avec tous les prospecteurs et conserver un écartement constant entre ses
propres lignes de passage. Dans chaque équipe, il faut alterner si possible les
lignes de prospecteurs expérimentés et novices afin de limiter au maximum
les biais et le risque de « passer à côté » d’un site.
À ce niveau, le facteur humain joue un rôle de première importance. La
perception du prospecteur dépend de plusieurs paramètres : sa spécialité ou
tout au moins ses centres d’intérêt (période de prédilection), son expérience,
sa personnalité (patience, nervosité, motivation) et ses qualités physiques (vue,
résistance). Il est indispensable de préparer les prospecteurs novices en leur
montrant en début de stage tout l’éventail du matériel archéologique
susceptible d’être trouvé dans la zone d’étude. L’expérience montre que faire
partir les stagiaires sur le terrain « en aveugle » est une erreur. En effet, on ne
voit que ce que l’on connaît, et l’on ne reconnaît que ce que l’on a déjà vu. Il
est très utile, notamment, de débuter chaque stage par un ramassage sur site
suivi d’un tri du mobilier recueilli.
Écartement
L’écartement standard adopté entre les lignes est de 10 m maximum
(Fig.7). Cela signifie que chaque prospecteur doit balayer le terrain du regard
sur 5 m de part et d’autre de sa ligne. Certains auteurs considèrent que cet
écartement est trop important pour permettre de repérer des types de sites
détectables uniquement avec un espacement de 5 m (sites préhistoriques,
protohistoriques et alto-médiévaux, sépultures et nécropoles à incinération)10.
Ils préconisent un double passage en sens inverse (à 10 m avec décalage de
5 m au second passage) ou croisé (à 10 m). En réalité, l’écartement des lignes
doit surtout tenir compte des conditions de lisibilité propres à chaque zone
d’étude. Lorsque celles-ci sont optimales, comme en Limagne, un espacement
de 10 m est suffisant pour détecter tout type de site.
Cheminement
La prospection d’une parcelle débute toujours par un de ses angles. La
progression des prospecteurs doit être régulière le long de chaque ligne.
L’observation, continue et soutenue, s’effectue par balayage du regard sur 3-
4 m au moins de part et d’autre de la ligne (Fig.7). Il est important de regarder
aussi plus loin autour de soi pour « calibrer » le signal visuel.
Les lignes doivent suivre autant que possible le sens des sillons afin de
conserver un écartement constant entre les prospecteurs et pour éviter tout
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
RECHERCHE DE SITES 1 2 3 4 5
1 2 3 4 5 1 2 3 4
CONCENTRA
ONCENTRAT
TION NETTE
N CONCENTRA
NCENTRAT
TION DIFFUSE
DIF
MIT
DELIMIT TION
AT
TA
RAMASSAGE
70
LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
71
LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
où la charrue accroche, notamment sur les sites romains, sur lesquels ils ont
pu recueillir du mobilier ou faire des observations intéressantes. Les
agriculteurs peuvent également apporter des informations importantes sur la
qualité des sols (par exemple sur la localisation des zones humides) et les
travaux récents (apports de remblais, creusements susceptibles d’avoir dégagé
ou perturbé des sites).
Délimitation du site
La méthode utilisée pour délimiter un site dépend de sa nature (Fig.7)12 :
■ dans le cas des concentrations « nettes », elle consiste à rayonner à partir
du centre apparent du noyau vers sa périphérie pour baliser la limite, qui peut
être vérifiée lors d’un second passage en sens inverse (de l’extérieur vers
l’intérieur). Il faut prendre garde à limiter le piétinement, préjudiciable au
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
Le carnet de prospection
On ne saurait trop insister sur l’importance cruciale du carnet de prospection,
dans lequel sont regroupées par UP toutes les observations effectuées sur le
terrain. Il est indispensable de noter en particulier l’argumentaire permettant
d’interpréter l’UP (comme site, indice de site, découverte isolée ou épandage)
ainsi que les conditions de lisibilité. Celles-ci sont caractérisées par une note
portée sur une échelle de 1 à 5, ce qui permet de relativiser l’interprétation et de
sélectionner les parcelles à reprospecter ultérieurement, dans des conditions
plus favorables. Enfin, il ne faut pas oublier de noter pour chaque UP la
présence de matériaux volumineux (pierres, tuiles) et d’estimer leur quantité
(en unités, dizaines, centaines ou milliers), car ceux-ci ne sont pas ramassés
(sauf dans le cas d’un ramassage par carroyage).
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
Fig.9 : Ramassages par carroyage mis en œuvre à Saint-Beauzire, avec indication du taux d’échantillonnage.
DAO : F. Trément.
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
D
ramasser le matériel et à le trier sac par
C sac est considérable ; c’est autant de
B temps qui n’est pas consacré à la
recherche de nouveaux sites durant un
A
stage ; il s’agit là d’un paradoxe pour le
Ligne 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 moins surprenant, l’objectif de
Fig.10 : Protocole du ramassage par carroyage avec l’échantillonnage étant normalement
échantillonnage à 10%. DAO : F. Trément.
de gagner du temps ;
■ la fragmentation extrême des opérations de tri du mobilier (effectué sac
par sac) s’est avérée préjudiciable à la qualité des identifications, car il est
difficile, voire impossible, de mettre en évidence des séries lorsque le mobilier
d’un site est éparpillé dans plusieurs centaines de sacs ;
■ cette méthode ne peut être efficace que si le site présente un état
d’arasement poussé, susceptible de fournir une image de surface représentative
de sa structure originelle ;
■ elle n’est vraiment utile que sur les très grands sites ; en dessous de 1
hectare, il s’avère souvent difficile de mettre en évidence une organisation ;
■ le piétinement causé par la mise en place du carroyage ayant pour effet
d’enfouir une partie du mobilier, notamment le long des lignes de ramassage,
il s’est avéré nécessaire de procéder sur chaque site à un ramassage qualitatif
complémentaire entre les lignes. Or ces ramassages qualitatifs s’avèrent
souvent plus pertinents, lorsqu’ils sont effectués par des prospecteurs aguerris,
que les ramassages au sein des échantillons (qui eux peuvent être plus
facilement confiés à des débutants).
Ces différentes raisons expliquent l’abandon de cette méthode à partir de
2001 lors des campagnes de prospections conduites dans le bassin de Sarliève
puis dans la région de Billom.
Le ramassage intégral
L’abandon de la méthode du carroyage au profit du ramassage intégral
(« en vrac ») s’est traduit par une augmentation très nette de la surface
prospectée et du nombre de sites découverts chaque année. Le gain de temps
est considérable à tous les niveaux (ramassage, tri) et, si l’analyse spatiale
intrasite n’est plus possible (ce qui n’est pas gênant dans l’immense majorité
76
LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
Lavage
Le lavage du mobilier est évité le plus possible car il retarde
considérablement les opérations de tri et complique la chaîne opératoire le
plus souvent inutilement : en effet, lorsque les prospections sont conduites
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
t
da
da
Bé
Bé
AGE DU FER HAUT-EMPIRE
Nombre de tessons
par hectare
> 100
Epinet 0 0,5 km 1 Epinet
60-100
40-60
20-40
10-20
t
da
t
da
5-10
Bé
Bé
0-5
Fig.13 : Résultats du ramassage hors-site mis en œuvre dans la partie sud-est de la commune de
Saint-Beauzire. DAO : F. Trément.
par beau temps, il suffit de laisser sécher le mobilier à l’air libre (et
éventuellement de lui donner un coup de brosse) pour qu’il soit parfaitement
identifiable. Le lavage (à la brosse dans des bassines remplies d’eau) est réservé
au mobilier ramassé dans des terrains engorgés, ce qui est rare car on évite de
prospecter par temps pluvieux, et cela pour deux raisons : d’une part, parce
que la lisibilité est toujours mauvaise dans ces conditions, ce qui implique de
reprospecter ultérieurement ; d’autre part, parce que c’est une source de conflit
avec les agriculteurs, qui redoutent le tassement de la terre sous les pieds des
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LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
Fig.14 : Codes descriptifs du mobilier recueilli en prospection dans le cadre du programme DYSPATER.
DAO : F. Trément.
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
prospecteurs. Quoi qu’il en soit, si le mobilier est lavé, il faut le laisser sécher
complètement (dans des bacs et des assiettes en plastique) afin d’éviter tout
risque de moisissure.
Tri
Opération essentielle, le tri a pour finalité de dresser l’inventaire détaillé
du mobilier recueilli UP par UP. Supervisé rigoureusement par le responsable
de la prospection et/ou par des spécialistes en céramologie, il comprend
plusieurs étapes :
■ Pré-tri : isolement, identification, pesage ou quantification des matériaux
de construction ; photographie numérique des objets particuliers (éléments
architectoniques, enduits peints, monnaies, fibules…).
■ Identification : séparation des différentes catégories de mobilier dans des
assiettes en plastique, identification de ces catégories au moyen d’un système
de codage (Fig.14), détermination des formes par référence aux typologies.
■ Description : remarques sur l’état de conservation du mobilier (degré
de fragmentation et d’émoussé).
■ Comptage : le comptage est détaillé à l’objet, sauf pour les matériaux de
construction qui ne sont pas ramassés et dont le nombre est estimé (en unités,
dizaines, centaines ou milliers).
■ Datation de la (ou des) phase(s) d’occupation du site ; il faut noter
l’argumentaire chronologique et poser le problème des lacunes chronologiques
entre phases d’occupation.
■ Saisie : la saisie de l’inventaire du mobilier s’effectue sur papier dans un
premier temps, au fil du tri, puis sur support informatique avec une double
vérification.
■ Conditionnement définitif : il est effectué dans des sachets en polyane
standardisés de différentes tailles, par catégorie de mobilier ; les références de
l’UP et du contenu sont portées au marqueur sur chaque sachet et doublées à
l’intérieur sur une étiquette. Les sachets ne sont fermés qu’au dernier moment
pour éviter tout risque de moisissure. Ils sont regroupés dans des sacs par UP.
Les sacs d’UP sont eux-mêmes regroupés dans des caisses en respectant l’ordre
de numérotation des UP. L’inventaire des sacs et des caisses est tenu à jour dans
une base de données permettant de gérer le mobilier, qui est extrêmement
abondant (près d’un million d’artefacts à ce jour pour la seule Limagne).
Cartographie
Réalisée sur le fond cadastral jusqu’en 2000, la cartographie des UP est
effectuée depuis par projection des points GPS sous SIG sur le fond
numérique IGN Scan25.
81
LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
Saisie informatique
Les fiches d’UP sont saisies sous Word avant la fin de chaque stage en
utilisant le système de codification du mobilier. Le contenu du carnet de
prospection est intégralement reporté dans les fiches d’UP à cette occasion.
Les archives papiers sont précieusement conservées.
L’interprétation du site
Superficie
La superficie, qui constitue l’un des principaux critères de caractérisation
des sites en prospection, joue un rôle fondamentalement discriminant dans
toutes les typologies de l’habitat. Or trois problèmes se posent :
■ celui du mode de mesure de la superficie du site, qui dépend lui-même
de la méthode mise en œuvre (estimation à vue, mesure par rayonnement,
quadrillage) et de l’outil utilisé pour effectuer le relevé (le GPS a supplanté le
décamètre depuis le début des années 2000, mais sa précision est variable en
fonction des modèles).
■ celui de la signification de la surface du site, notamment pour les
concentrations « diffuses », qui posent la question du seuil de regroupement :
en dessous de quelle distance doit-on regrouper des entités archéologiques
(par exemple des concentrations de céramiques provenant de fosses éventrées)
pour en faire un seul site correspondant à un établissement unique ? À partir
de quelle distance doit-on isoler les groupes d’entités et considérer qu’ils
relèvent de deux établissements distincts ?
■ enfin, en l’absence d’échantillonnage par carroyage, il est généralement
impossible d’appréhender l’évolution de la surface d’un établissement à travers
le temps ; la superficie prise en compte dans les typologies de l’habitat des
différentes périodes correspond de ce fait à l’emprise cumulée des occupations
successives sur un même site, alors qu’elle a pu considérablement varier dans
le temps. Pour remédier à ce problème, une technique dérivée de la « méthode
Rapatel » est mise en œuvre depuis quelques années : elle consiste à baliser au
moyen de fiches de couleur les indices correspondant aux différentes
occupations, à les relever séparément par GPS et à les enregistrer comme des
UP différentes. Comme cette procédure alourdit les opérations de ramassage
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
lors des stages de prospection, elle peut être mise en œuvre ultérieurement
par les spécialistes des périodes concernées.
Fonction(s) et statut
L’interprétation fonctionnelle du site (comme habitation, lieu de stockage,
atelier, espace funéraire ou cultuel…) est fondée sur des critères et des
marqueurs qu’il convient de définir précisément. Cette question est développée
dans la quatrième partie de cet ouvrage. Il s’agit de marqueurs le plus souvent
qualitatifs (objets isolés ou représentés dans une proportion significative). En effet,
la quantité d’artefacts visibles à la surface d’un site ne saurait en aucun cas fonder
une typologie de l’habitat (liant statut du site et quantité de mobilier)16. Elle renvoie
en premier lieu aux processus taphonomiques qui entrent en jeu dans la
production de l’image de surface du site.
En l’absence d’échantillonnage par carroyage, les marqueurs fonctionnels
sont relevés individuellement par GPS et enregistrés distinctement au sein de
l’UP, ce qui permet ensuite de les cartographier. Sur les sites à occupation
longue ou à occupations multiples, l’impossibilité de dater certains marqueurs
(les scories par exemple) a des conséquences insurmontables, en l’absence de
fouille, sur la typologie de l’habitat des périodes concernées.
Un problème similaire se pose pour l’évolution du statut des établissements.
C’est le cas notamment pour les villae, qui présentent systématiquement des
indices d’occupation au Haut-Empire et au Bas-Empire. Or la continuité de
l’occupation n’implique pas, en théorie, celle du statut.
83
LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
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LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
Indices topographiques
Les forêts et les herbages sont des milieux conservateurs des structures
archéologiques, du fait de l’absence de labours. Les structures fossilisées en
élévation sont visibles sous la forme d’anomalies topographiques (reliefs ou
microreliefs) : murs, fossés, talus, tumuli, mottes, carrières, minières, zones
d’extraction (pierre, argile, minerai).
Indices phytographiques
La présence de structures archéologiques peut être à l’origine d’anomalies
végétales visibles au sol, en gênant la croissance des plantes (arbustes, herbe)
ou bien en favorisant le développement d’espèces spécifiques (calcicoles,
rudérales, plantes exotiques introduites lors d’une occupation antérieure).
Indices archéologiques ponctuels
Du mobilier archéologique peut remonter ponctuellement en surface sous
l’effet de perturbations naturelles ou artificielles du sol : terriers, taupinières,
souches arrachées, travaux de creusement divers, chemins coupe-feu,
incendies. Ainsi, sur les plateaux du Cézallier, dans la région de Massiac, une
bonne partie des très nombreux indices de sites repérés par Alphonse Vinatié
provient de l’inspection des taupinières (Vinatié, Baillargeat-Delbos 2002). En
Haute Combraille, les travaux de remembrement consécutifs à l’aménagement
de l’autoroute A89 ont livré de multiples indices archéologiques (Massounie en
cours). Au col de Ceyssat, dans la chaîne des Puys, une agglomération gallo-
romaine a été mise en évidence suite à la tempête de décembre 1999, qui a
déraciné les épicéas, faisant remonter des moellons, des tegulae et de la
céramique (Trément dir. 2003a).
4.2. La prospection
La prospection en milieu non labouré peut être systématique. Dans les
prés, on peut envisager un parcours méthodique avec espacement régulier de
20 m entre les prospecteurs, largement suffisant pour repérer les structures
bien visibles conservées en élévation. Dans la forêt, surtout si celle-ci n’est pas
entretenue, il peut être utile de resserrer à 10 m l’équidistance entre les
prospecteurs. Toutefois, ce type d’approche est loin d’avoir l’efficacité de la
prospection systématique en terrain labouré. L’expérience acquise dans la
85
LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
moyenne montagne auvergnate montre qu’il faut « faire feu de tout bois »
dans ces zones foncièrement défavorables à la prospection, en combinant un
large éventail de méthodes, notamment l’enquête orale et le suivi des travaux
forestiers et de voirie, ce qui nécessite un lourd investissement sur le terrain,
très coûteux en temps (Trément et al. à paraître).
Les recherches conduites par Guy Massounie en Haute Combraille depuis
2003 prouvent que ce type de démarche peut porter ses fruits et bouleverser
les idées reçues à propos du peuplement de zones considérées à tort comme
des « déserts archéologiques ». La méthodologie mise en œuvre combine
enquête orale, prospection des rares parcelles labourées, recherche d’anomalies
topographiques, inspection des déblais lors de la construction de l’A89, suivi
des travaux agricoles, en particulier ceux liés au remembrement consécutif à
l’aménagement de l’autoroute (Massounie 2004 ; 2006 ; 2007 ; 2008 ; en
cours). Ces recherches ont mis en lumière une densité inattendue de sites
datés du Haut-Empire, ainsi que de nombreuses mines anciennes. Complétées
par des sondages, les prospections ont également permis de préciser le tracé
de deux voies romaines : la voie Aquitanique dite « d’Agrippa » qui relie Lyon
et Saintes, et la voie Burdigalaise qui s’en détache en direction du Sud-Ouest
(Dacko 2007 ; 2010a ; 2012 ; Dacko, Massounie 2007).
86
LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
(
2
/9( /9( /9(
+DOGH
+DOGH
7RXUELªUH
5
0 5 10 m 50
0
1 6
+DOGH
+DOGH /9(
7RXUELªUH
5
0 5 10 m 50
0
L’interprétation du site
La documentation archéologique disponible dans les zones non labourées
présente des caractéristiques bien différentes de celle qui provient de
87
LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
Typologie descriptive
Ces différents problèmes nous ont obligé à adapter la terminologie utilisée
pour décrire les données archéologiques issues des prospections en terrain non
labouré. La typologie proposée se décline en six catégories :
■ site : information archéologique localisée attestant avec certitude une
présence et/ou une activité humaine. Cette information est constituée par du
mobilier et/ou par des structures dont une description suffisamment précise
est disponible.
■ indice de site : information archéologique plus ou moins bien localisée,
insuffisamment caractérisée du point de vue spatial et fonctionnel. Cette
information peut indiquer la présence ou la proximité d’un site potentiel.
■ autre donnée bibliographique : toute information fournie par la
bibliographie n’entrant pas dans les catégories précédentes. C’est le cas notamment
des interprétations non fondées sur un argumentaire archéologique.
■ bruit de fond : présence diffuse mais récurrente d’artefacts.
■ épandage : présence diffuse mais récurrente de tessons très fragmentés,
aux angles émoussés, cohérents du point de vue chronologique.
■ découverte isolée : plusieurs catégories sont regroupées sous cette
appellation. Il peut s’agir d’objets ou de groupe d’objets remarquables
recueillis hors de tout contexte archéologique, ou encore d’objets ou
d’artefacts qui ont été déplacés et/ou réutilisés.
La typologie de l’habitat ne peut être élaborée que sur le corpus de sites.
88
LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
89
LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
Quadrats
L’avantage des quadrats est de fournir une bonne couverture de l’espace,
ce qui doit permettre d’éviter de passer à côté des sites les plus importants.
Leur inconvénient est que le morcellement de l’espace est préjudiciable à la
vision d’ensemble du peuplement20. La taille et la disposition des quadrats
sont importantes. Il s’agit généralement de carrés de 500 m ou 1 km de côté.
Leur disposition en quinconce (ou damier) est conseillée pour éviter les effets
d’anisotropie.
Transects
Les transects offrent l’avantage de la continuité spatiale. Ils sont en
revanche peu efficaces pour repérer l’habitat aggloméré. Leur taille et leur
disposition sont également importantes. Leur largeur est généralement de
500 m. Il faut les disposer perpendiculairement aux grandes lignes du relief
pour obtenir des coupes représentatives de la diversité du milieu.
90
LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
6. La typologie de l’habitat
La construction de la typologie de l’habitat constitue une étape essentielle
du traitement des données de prospection.
6.1. Principes
On distingue deux grandes familles de typologies :
Les typologies empiriques
Ce sont les typologies les plus courantes. Les sites sont classés en fonction
de catégories préétablies (agglomérations, villae, fermes…) qui, pour
l’Antiquité, sont définies à partir des sources écrites. La classification est
réalisée manuellement au moyen de tableaux à double entrée permettant de
combiner deux variables, en général la superficie et les matériaux de
construction (Potter 1986 ; Celuzza, Fentress 1986). Ce type de classification
pose un certain nombre de problèmes de fond : – les variables utilisées sont
trop peu nombreuses pour rendre compte de la complexité des formes de
l’habitat ; – elles ne sont pas forcément les plus discriminantes ; – le classement
des sites, opéré manuellement, laisse une large place à la subjectivité
(notamment lorsque des sites se retrouvent « à cheval » sur plusieurs classes) ;
– enfin, les types d’habitats préétablis à partir de sources écrites foncièrement
étrangères à la zone d’étude ne sauraient exprimer la spécificité locale de
l’habitat rural (Leveau et al. dir. 2009). D’un point de vue épistémologique,
ce type de démarche pose le problème de l’autonomie du discours
archéologique par rapport au discours historique, et prend le risque du
raisonnement circulaire.
Les typologies quantitatives (ou statistiques) multicritères
Basées sur des méthodes d’analyse statistique des données, les typologies
quantitatives ont recours à des analyses multicritères (Analyse Factorielle des
Correspondances) et à la classification automatique (Classification Ascendante
91
LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
Hiérarchique). Elles procèdent selon une démarche inverse, qui s’appuie sur
une description standardisée et homogène des établissements réalisée au
moyen de plusieurs variables, nommées descripteurs (Bertoncello et al. 2008).
Plusieurs catégories de descripteurs peuvent être combinées : – des
descripteurs techniques et fonctionnels (superficie, matériaux de construction,
assemblages de mobilier, statut) ; – des descripteurs situationnels (pente, sols,
distance à la voirie, nombre de chemins menant à l’établissement) ; – des
descripteurs chronologiques (date d’implantation, durée d’occupation,
occupation antérieure). Chaque établissement renseignant une modalité de
chaque descripteur est ainsi caractérisé par un profil individuel. Les graphes
factoriels permettent de tester la pertinence des variables utilisées et de
hiérarchiser les principaux facteurs de différenciation entre les établissements.
La procédure de classification, automatique, est objective. Elle permet de
réduire au minimum les différences intra-classes et de porter au maximum
les différences inter-classes. La typologie ainsi obtenue rend pleinement
compte de la variété de l’habitat dans la région étudiée.
6.2. Démarche mise en œuvre dans le cadre du projet DYSPATER
L’acquisition des données étant en cours dans les différentes fenêtres d’étude,
aucune typologie globale de l’habitat n’est encore réalisable à l’échelle du
programme DYSPATER. Plusieurs typologies empiriques ont été en revanche
élaborées au cas par cas. Elles mobilisent des descripteurs utilisés dans le
programme Archaedyn (superficie, matériaux de construction, fonction, date
d’implantation, durée d’occupation, occupation antérieure) en vue d’élaborer à
terme une typologie statistique multicritère (Bertoncello et al. 2008).
Pour l’époque romaine, une typo-chronologie très fine de l’habitat a été
élaborée à partir des prospections systématiques réalisées dans le Grand Marais
et le bassin de Sarliève (Dousteyssier, Segard, Trément 2004 ; Trément 2004a ;
Dousteysier, Trément 2007). Elle comporte 8 classes d’établissements, qui se
subdivisent en 11 sous-groupes21.
Parallèlement, des typologies empiriques sont mises au point dans le cadre
de plusieurs thèses portant sur des formes d’habitat spécifiques, notamment
les agglomérations (Baret en cours), les villae (Dousteyssier en cours) et les
sanctuaires (Mitton en cours) d’époque romaine, les structures agro-pastorales
du Nord-Est du Cantal (Delpy en cours) ou plus largement sur l’habitat
protohistorique (Coin en cours) et tardo-antique (Chabert en cours)22.
92
LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
7.1. Principes
L’analyse du système de peuplement comporte trois aspects :
■ l’analyse quantitative des dynamiques de peuplement ;
■ l’analyse typologique de l’habitat ;
■ l’analyse spatiale de l’organisation du peuplement.
93
Superficie Durée Interprétation
Classes Effectif Matériaux Occupation antérieure Fonction
en ha d'occupation simplifiée
agricole ou sans
B1 25% < 0,1 < 1 siècle pierres et tuiles aucune
fonction avérée
bâtiments
agricoles ou
3 siècles
petites fermes
< 0,1 ou maximum agricole ou sans
B5 16% 0,1 à 0,3 tuiles aucune
(datation fonction avérée
Haut-Empire)
pierres et tuiles /
matériaux aucune ou occupation
agricole ou sans
B2 9% 0,1 à 0,3 100 à 199 ans périssables / antérieure au siècle
fonction avérée
absence de précédant la création
matériaux petites fermes
variable mais
0,1 à 0,3 agricole ou sans
Fig.16 : B3 10% plutôt courte pierres et tuiles aucune
ou < 0,1 fonction avérée
Typologie de (< 1 siècle)
l’habitat rural
94
mortier / béton de
du Ier s. ap. grosses fermes
tuileau ou agricole ou sans
J.-C. obtenue B4 17% 0,1 à 0,5 200 à 299 ans aucune ou hameaux /
hypocauste, tubuli, fonction avérée
par analyse villages
enduits peints
statistique
multicritère mosaïque, marbre,
des fenêtres éléments sculptés agricole ou sans
B6 11% 0,3 à 2 300 à 399 ans aucune petites villae
et/ou hypocauste, fonction avérée
Limagne,
tubuli, enduits peints
Vaunage-
Combas et 1/3 des
Argens- établissements à
tendance à la
Maures. mosaïque, marbre, fonction politique/
B7 6% >1 > 5 siècles réoccupation de sites grosses villae
Analyse : éléments sculptés religieuse/
occupés antérieurement
F. Bertoncello, symbolique ou
LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
artisanale
L. Nuninger,
C. Raynaud, plus de la 1/2 des
mortier / béton de
F. Trément 1/2 des établissements établissements à grosses villae ou
tuileau ou mosaïque,
(ACI B8 5% >2 > 5 siècles réoccupent un site fonction artisanale ou agglomérations
marbre, éléments
Archaedyn occupé antérieurement politique/religieuse/ secondaires
sculptés
2007). symbolique
LA PROSPECTION AU SOL SYSTÉMATIQUE
95
LES ARVERNES ET LEURS VOISINS DU MASSIF CENTRAL À L’ÉPOQUE ROMAINE
Nombre Nombre de Ta
Taux
aux de Nombre moyen de
d'établissements réseaux polarisation satellites par réseau
Vaunage-Combas
Vaunage-Combas
aunage-Comba 245 27 97,50% 8
Argens-Maures 112
112 25 67% 2
Fig.18 : Bilan de l’application du modèle gravitaire pour les fenêtres Limagne, Vaunage-Combas
et Argens-Maures.
Analyse : F. Bertoncello, L. Nuninger, C. Raynaud, F. Trément (ACI Archaedyn 2007).
96