Je tiens à remercier les personnes qui m’ont suivie tout au long de l’élaboration de ce
mémoire : ma directrice de mémoire, Madame Maria Gravari-Barbas, directrice de l’IREST,
ainsi que Madame Marie Berducou et Monsieur Sébastien Jacquot, enseignants à l’IREST.
Je remercie également tous les professionnels qui m’ont reçue et écoutée, et dont les
échanges ont été très riches :
Monsieur Gian Mauro Maurizio, directeur de La Galerie d’Architecture ainsi que
Fanchon Pailler, assistante de direction à la même galerie.
Madame Anne Ruelland, directrice du Service des Publics de la Cité de
l’Architecture et du Patrimoine et Isabelle Pellegrin, chargée de missions au Service des
Publics.
Madame Delphine Aboulker, directrice de l’agence Architecture de Collection et
Monsieur Nicolas Rio, fondateur de « A travers Paris ».
Mademoiselle Sophie Lemaire, pour ses conseils méthodologiques et Madame
Martine Verrière pour sa patience.
REMERCIEMENTS ............................................................................................................. 3
SOMMAIRE........................................................................................................................... 4
INTRODUCTION.................................................................................................................. 5
CONCLUSION .................................................................................................................... 75
BIBLIOGRAPHIE............................................................................................................... 78
SITOGRAPHIE ................................................................................................................... 80
GLOSSAIRE ........................................................................................................................ 81
ANNEXES ............................................................................................................................ 82
TABLE DES ILLUSTRATIONS ....................................................................................... 90
TABLE DES ANNEXES ..................................................................................................... 91
TABLE DES MATIERES................................................................................................... 92
RESUME .............................................................................................................................. 95
ABSTRACT.......................................................................................................................... 96
1
OCKMAN Joan (sous la direction de), FRAUSTRO Salomon (sous la direction de), Architourism :
authentic, escapist, exotic, spectacular, Prestel, 2006.
2
Il se fait essentiellement par la photographie, depuis un point de vue défini et caractéristique de
« l’idée » que l’on se fait d’une ville. Les belvédères expriment bien cet aspect offrant des points de vue
« uniques ». On peut également appliquer cette formule à l’architecture contemporaine. Ainsi, il s’agit d’une
première approche, donc une première familiarité envers la création architecturale contemporaine. Les
spectateurs recherchent une expérience authentique (unique), exotique (caractéristique d’un site), spectaculaire
(impressionnante) et synonyme d’évasion (du rêve)…
Le cas parisien
A l’heure où cette notion d’ « architourism » émerge principalement dans les pays
anglo-saxons, qu’en est-il du cas parisien ? Ville Lumière, Paris est plutôt connue pour son
patrimoine historique que contemporain. J’aimerais ainsi explorer cette question dans un
contexte où l’architecture contemporaine semble avoir du mal à se faire une place et ne va pas
de soi pour cette destination. Face à Londres, Berlin, Oslo ou même Barcelone, comment se
place la capitale française dans ce phénomène ?
Paris est jalonnée d’édifices qui font aujourd’hui œuvre reconnue d’architecture
contemporaine et d’un nombre important de lieux dédiés à la question de cette production. Un
lieu emblématique a rouvert ses portes en 2007 ; la Cité de l’Architecture et du Patrimoine,
qui rassemble en ses murs l’Architecture française sous toutes ses formes et de toutes les
époques, ou presque. Outre ce musée aujourd’hui clairement intégré aux parcours et guides
touristiques, d’autres sites institutionnels, plus petits, sont aussi dédiés à l’architecture
contemporaine : Le Pavillon de l’Arsenal, la Maison de l’Architecture en Ile-de-France ou
encore la Galerie d’Architecture.
Comment alors envisager le tourisme d’architecture contemporaine à Paris dans un
contexte historique aussi prégnant ? Quelles en sont les potentialités et quelles opportunités en
termes de pratiques architecturales pourrait-on développer ? Enfin, quels rapports établir entre
ces lieux « indirects » et le monument contemporain lui-même ?
A travers cette étude, je tente d’observer comment les lieux d’exposition dédiés à
l’architecture contemporaine renvoient les visiteurs vers les offres touristiques de
l’architecture contemporaine et à l’architecture à échelle 1 :1. Il s’agit d’une question
d’articulation, se situant à la charnière de deux champs de recherche : d’une part l’exposition
L’architecture qui s’expose devient de fait « objet ». Objet singulier qui se montre.
Elle passe de son statut fondamental de contenant à celui de contenu. Elle se fait sujet
d’exposition par le biais souvent de documents représentatifs. Il est difficile alors de parler
d’une architecture exposée au sens muséal du terme, puisque celle-ci peut difficilement
s’intégrer à l’échelle d’un autre lieu… L’exposition d’architecture sonnerait-elle faux ? Il
s’agit de bien distinguer l’architecture elle-même, qui s’expose en soit dans un cadre qu’est
son contexte urbain, et l’exposition d’architectures contemporaines, au pluriel, que sont les
objets découlant du projet architectural et montrés dans une exposition.
1. Rappel historique
Le XIXe siècle est marqué par la Révolution Industrielle et ses grandes Expositions
Universelles. Le coup d’envoi a été lancé en 1851 à Londres au Crystal Palace conçu pour
l’occasion par Joseph Paxton – premier manifeste d’une architecture moderne de fer et de
verre inspirée des serres royales. C’est l’inauguration des « bâtiments-manifeste » construits
pour l’occasion et dont l’esthétique se veut la plus moderne possible. Il s’agit d’une
architecture de représentation qui se fait emblème de la nation. Ces constructions n’avaient
pas pour vocation de durer au-delà de l’exposition. Quelques bâtiments ont néanmoins
survécu grâce au succès rencontré : la Tour Eiffel en 1889, le Pavillon de l’Allemagne de
Mies Van Der Rohe aujourd’hui reconstitué à Barcelone (figure 1), ou encore le Village
Espagnol représentant l’architecture typique de chaque région lors de l’Exposition Universelle
de 1929. Pour la plupart, seuls les documents annexes permettent de s’en faire une
représentation : cartes postales, photographies… A Paris, on conserve le Grand et le Petit
3
PATIN Valéry, Tourisme et patrimoine, Paris, La Documentation Française, 2005 p. 14.
1. Le Pavillon de Mies Van der Rohe, Exposition Universelle de 1929, Barcelone (© BV).
2. Le Grand Palais, Exposition Universelle de 1900, Paris (source web : wikimedia commons).
3. L’Atomium, Exposition Universelle et Internationale de 1958, Bruxelles (source web : id.).
4
Site web officiel : www.ma-lereseau.org.
5
Dans CHOAY Françoise, l’Allégorie du Patrimoine,
6
Depuis les écomusées des années 1970, le patrimoine conserve et concerne maintenant des domaines
de plus en plus spécifiques, aussi bien par ses thématiques que par sa chronologie : le patrimoine industriel par
exemple, ou encore les arts populaires. En 2003, le patrimoine immatériel est reconnu par l’UNESCO. On a vu
aussi une prise de conscience pour le patrimoine rural que l’on a catégorisé et stigmatisé dans le terme de « petit
patrimoine ».
7
Ce terme a été employé pour la première en 1988 par Emmanuel de Roux, dans le journal Le Monde
(14 janvier 1988).
A cet effet, l’architecture contemporaine, et plus largement celle du XXe siècle, est
aujourd’hui intégrée aux démarches de protection en tant que Monuments Historiques. Elle
représente aujourd’hui une catégorie à part entière. 17% des Monuments historiques, inscrits
ou classés, relèvent de l’époque contemporaine (figure 6). A ce titre, en 2005, l’UNESCO
inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité un site reconstruit après-guerre par Auguste
Perret : Le Havre. D’autre part, l’architecture moderne et contemporaine fait aussi l’objet
depuis 1999 d’une labellisation spécifique mise en place par le Ministère de la Culture :
Epoque
Contemporaine 17%
(XIX-XXIe siècles)
Epoque Moderne
(XVI-XVIIIe 45%
siècles)
Moyen-Age 33%
Préhistoire -
Antiquité
5%
6. Tableau statistique des Monuments
Historiques (source : chiffre clés de la culture,
Répartition des MH par période
Ministère de la Culture, 2010).
2. L’architecture exposée
Nous pouvons considérer l’architecture sous deux grandes formes. L’édifice lui-
même à échelle 1:1 et les documents constitutifs du projet architectural.
a. Typologies de l’exposition
8
Site web officiel recensant la liste des édifices labellisés : patrimoine-xx.culture.gouv.fr.
9
GOB André, DROUGUET Noémie, La muséologie, histoire, développements, enjeux actuels,
Collection U, Paris, Armand Colin, 2003, p.106.
b. L’édifice
L’architecture est avant tout un bâtiment, un édifice. Certains monuments ont ainsi
traversé les siècles pour leur intérêt historique, symbolique ou esthétique. Par le biais des
Expositions Universelles, des productions architecturales ont été l’occasion d’une
expérimentation, le temps d’une manifestation. Ces architectures factices ne sont pas vouées à
perdurer mais certaines ont été préservées pour leur intérêt. Ces bâtiments-manifeste
« représentent », ils sont l’effigie d’un pays. Dans ce cas, le contexte in situ de l’édifice a peu
de sens, une décontextualisation est possible sans pour autant trop altérer son sens (comme ce
fût le cas pour le Pavillon Mies Van Der Rohe à Barcelone).
Quelques architectures du XXe siècle se sont pérennisées par la voie d’une
« muséification ». Beaucoup se transforment en fondations ou musées. Citons pour exemple
la villa La Roche, gérée par la fondation Le Corbusier12. L’échelle 1 induit une visite in situ
du monument. Le musée urbain de Tony Garnier respecte bien à cet égard l’approche
architecturale de l’œuvre, en restant dans son cadre originel qu’est la ville. L’architecture en
soi ne peut logiquement s’exposer en un lieu fermé. Elle est le contenant, et donc se conçoit
10
DAVALLON Jean, L’exposition à l’œuvre, Paris, L’Harmattan, 1999, p.11.
11
Dans Walter BENJAMIN, L’œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique, 1936, d’après
GLICENSTEIN Jérôme, L’art : une histoire d’expositions, PUF, Paris, 2009 p.222.
12
La Fondation le Corbusier siège à la Villa Jeanneret, maison mitoyenne de la villa La Roche
(www.fondationlecorbusier.fr). Elle rassemble et expose les archives de l’architecte ; elle gère également et
propose la visite des édifices suivants : la villa La Roche, l’appartement-atelier de Le Corbusier dans l’immeuble
Le Molitor et la villa Le Lac (Suisse).
Le plan
Le plan est l’outil fondamental de l’architecte. Il explique en détail le projet aux
regards du maître d’ouvrage, des ingénieurs et des fabricants. Il se développe sous plusieurs
points de vue : le plan masse, la coupe transversale et la coupe longitudinale. De plus, il
s’opère à plusieurs échelles : l’échelle urbaine, ou dessin de situation (1/1000e), l’échelle de
construction (1/50e) et l’échelle de détail (1/20e). Il permet aussi de comprendre les
agencements intérieurs invisibles depuis l’extérieur, et d’en comprendre les subtilités.
13
Au-delà de l’architecture contemporaine, on pourrait y ajouter un quatrième type : l’iconographie
d’un édifice produite par un non-contemporain tels que les photographies, lithographies ou relevés et dessins,
véritables témoignages historiques à un moment donné. Citons par exemple la photographie documentaire
d’Eugène Atget qui a immortalisé le Paris de la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle.
La photographie d’architecture
Elle est un moyen de plus en plus développé. En écho aux images de synthèses de
plus en plus utilisées et surtout de plus en plus séductrices, elle permet de bien visualiser
l’objet. La photographie d’architecture produit une image, vendeuse et icône. Elle est une
véritable opération de séduction et facile d’accès pour le grand public Elle peut se distinguer
en deux genres : les images numériques illustrant les projets futurs, et la photographie
d’architectures déjà réalisées.
Aujourd’hui, elle tend même à se constituer en genre autonome. Quelques noms de
photographes émergent, par exemple Hervé Abbadie pour ses photographies de chantiers,
Stéphane Couturier pour ses « archéologies urbaines » de façadisme parisien ou encore Luc
Boegly, très demandés des agences d’architecture. Elle est le plus souvent utilisée dans la
presse spécialisée, revues d’architectures et d’urbanisme, mais aussi parfois en tant que sujet
même d’une exposition. L’agence MMW n’a pas hésité à en faire le seul moyen de médiation
de leur exposition (annexe C).
a. La dimension « contemporaine »
Le terme contemporain est bien relatif. Il s’agit d’un mot lié à la quatrième
dimension, le temps. Ce qui est contemporain aujourd’hui ne le sera plus pour la génération
suivante. Par définition, l’architecture contemporaine est celle produite aujourd’hui. Les
limites chronologiques évoluent elles aussi, au gré du vivant et de la mort de l’auteur. Il s’agit
d’un critère qui a déjà fait débat quand on pense au premier musée de l’Orangerie pour les
artistes vivants, sacralisés seulement à leur mort, qui autorisait alors le transfert des œuvres au
temple musée du Louvre… Nous retiendrons cette définition pratique qui permet de
s’intéresser à nos villes en pleines mutations urbaines, redessinées – ou du moins ponctuées –
par nos architectes contemporains Ainsi, le terrain d’études ici envisagé se limitera à
l’architecture moderne et contemporaine des XXe et XXIe siècles. Nous nous intéresserons
aussi particulièrement aux récents aménagements urbains telles que les ZAC* ou les édifices
de la dernière décennie.
14
«tout ce qui est ou peut être exposé, sans distinction de nature, qu’il s’agisse d’original ou de
reproduction, d’objet à deux ou à trois dimensions, d’objet d’art ou d’objet utilitaire, de statue, de peinture, de
gravure, d’outil, de machine, de modèle, de photo… », dans GOB André, DROUGUET Noémie, La muséologie,
histoire, développements, enjeux actuels, Paris, Armand Colin, 2003, p.105.
15
GOB André, DROUGUET Noémie, La muséologie, histoire, développements, enjeux actuels, Paris,
Armand Colin, 2003, p.105.
c. L’éducation du regard
L’architecture n’est pas un domaine facile. Avant tout une profession, elle est un
métier, avec ses codes, ses règles mais aussi son histoire tant esthétique, sociologique que
politique. « L’architecture » est même un terme qui fait peur. Aujourd’hui, souvent associé à
celui de « design », terme plus accrocheur pour le grand public, l’architecture nous concerne
pourtant tous par son omniprésence. Mais un fossé sépare la vision des professionnels de celui
des amateurs. Ce que l’on pourrait appeler un « bagage culturel initial » est nécessaire à son
appréhension et plaider par les architectes eux-mêmes18. Ils constatent – et c’est une
problématique récurrente dans les colloques et conférences – un manque crucial de culture
architecturale chez le grand public. Cet indicateur19 est flagrant en France selon les
professionnels.
16
Terme de Duncan Cameron dans sa classification des expôts.
17
QUERRIEN Gwenaël, Archiscopie, octobre 2006, n°61.
18
BOUCHIER Martine, 10 clefs pour s’ouvrir à l’architecture, Paris, Archibooks, 2008.
19
Terme sociologique d’Emile Durkheim qu’il faut entendre au sens méthodique comme « ensemble
de phénomènes à fonds de caractères communs ».
2. L’œuvre et l’architecte
a. Architecture-spectacles
La grande architecture du XXIe siècle a vu un tournant phare dans les années 1990.
Le coup d’envoi a été lancé en 1997 avec la première expérience de l’architecte Frank Owen
Gehry à Bilbao. Il offre au regard des passants une archi-sculpture (terme de Maurizio
Fagiolo Dell’Arco) difforme de titanium sur les rives de la Nervion. Cette œuvre
monumentale, parfois qualifiée de coquille vide tant l’architecture du musée prend le pas sur
ses collections, a été possible grâce à l’utilisation du logiciel CATIA, jusqu’alors réservé à
l’aéronautique. Avec cette expérience d’une architecture contemporaine fortement affirmée
20
BOUCHIER Martine, id.
21
L’Exposition Universelle 2010 se déroule du 1er mai au 31 octobre à Shanghai (Chine) autour du
thème « meilleure ville, meilleure vie », reflet des préoccupations contemporaines de la construction et de
l’urbanisme (site officiel : http//fr.expo2010.cn/).
22
Le Pavillon de la France arbore le thème séducteur de la ville sensuelle, à travers une structure
flottante au-dessus d’un bassin d’eau offrant perspectives et jeux de reflets. L’architecture est l’œuvre
collaborative de Jacques Ferrier Architectures, Intégral Ruedi Baur pour la signalétique et l’agence TER et
Georges Sexton Associates pour le paysagisme. Présentation vidéo du Pavillon de la France pour l’Exposition
Universelle de Shangaï, 2010 : http://fr.expo2010.cn/a/20090409/000010_1.htm .
23
Terme de Franco Purini, architecte et auteur italien. Dans SUMA Stefania, Musées 2, architectures,
2000-2007, Arles, Actes-Sud, 2008.
24
SUMA Stefania, id.
25
SUMA Stéfania, ibid.
a. Données générales
26
Chiffres de 2009 dans l’essentiel de l’activité touristique de la destination Paris – Ile-de-France par
le Comité Régional du Tourisme de l’Ile-de-France.
27
Selon les chiffres du CRT Ile-de-France, 2008-2010).
28
Etude de Country Brand Index (CBI, 2009) réalisée auprès de 3 000 touristes sur les cinq dernières
années (dans Destination Paris, CCI, Mairie de Paris, Office du Tourisme et des Congrès de Paris, 2010). Elle
met en exergue un palmarès avec en première position les Etats-Unis, suivis par le Canada. L’Australie se place
en troisième position et la Nouvelle-Zélande en quatrième. L’Italie se place derrière la France (cinquième et
sixième position). Puis, dans l’ordre : Japon, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne. L’étude a également mis en
relief un top 3 des « étoiles montantes de destinations touristiques » que sont en 2009 les Emirats-Arabes-Unis,
la Chine et le Viêt-Nam.
29
Selon l’étude de GfK Roper Public Affairs et Media et Simon Anholt publiée en juin 2009 (ibid.).
Elle a été réalisée sur 10 000 personnes dans vingt pays.
La compétition à l’échelle mondiale entre les grandes villes a fait surgir un nouveau
modèle international ; un phénomène qui s’observe aujourd’hui par cette profusion
d’architectures contemporaines assumées et spectaculaires que recherchent chaque métropole
qui se respecte. Chaque ville possède son emblème contemporain. Ces stratégies politiques
visent avant tout le touriste, vecteur essentiel de l’image à l’échelle mondiale et générateur
d’économie. De ce phénomène découle aussi une certaine homogénéité systématique : par
exemple, le mobilier urbain qui parait entre certaines villes universel tant il se ressemble
d’une capitale à l’autre32.
30
Le nouveau logotype de Paris – Ile-de-France s’est crée autour des mots « Nouveau Paris-Ile-de-
France », dont le « i » s’est transformé en point d’exclamation, synonyme de dynamisme et de surprise. Les
couleurs sont chaudes et gourmandes (un mélange de chocolat et rose framboise), tendance très « fashion » et
affirmée.
31
Dossier de presse en ligne sur le site du CRT Ile-de-France : www.nouveau-paris-ile-de-france.fr.
32
JEUDY Henri-Pierre (sous la direction de), BERENSTEIN-JACQUES Paola (sous la direction de),
Corps et décors urbains, Paris, L’Harmattan, 2006.
En termes d’image, Londres est assez proche de celle de Paris. Néanmoins, elle est
perçue comme beaucoup plus moderne que la capitale française. L’architecture
contemporaine très prégnante et présente dans l’urbanisme londonien (figure 11). Elle sait
concilier modernité et tradition. Elle attire plus particulièrement les amateurs d’art
contemporain et de design33.
L’Hôtel de Ville est, à l’image de sa cité, une architecture contemporaine signée Sir
Norman Foster ; architecte de renom également auteur du Gherkin (figure 10).
b. Barcelone
33
Etude du CRT Ile-de-France / IPSOS marketing (avril 2008) sur les City-breaks (courts séjours
urbains) : www.nouveau-paris-ile-de-france.fr.
34
Etude du CRT Ile-de-France / IPSOS marketing (avril 2008) sur les City-breaks (courts séjours
urbains) : www.nouveau-paris-ile-de-france.fr.
Dans Paris intramuros, de nouveaux territoires émergent, loin des pôles historiques
du centre de la capitale. Ils sont devenus des zones d’attractivités touristiques fortes, autant
pour les étrangers que pour les parisiens (figure 16). Ces sites font notamment l’objet de
visites guidées mais sont surtout des espaces de vie rassemblant loisirs, culture, parcs et
architectures contemporaines.
La Villette
Le Parc de la Villette est un Etablissement Public crée en 1979 sur une ancienne
friche industrielle de 55 hectares. Elle constitue à elle seule un site culturel regroupant
plusieurs équipements contemporains attirant de nombreux visiteurs mais aussi les parisiens.
Elle est également une porte d’entrée ouvrant sur le Canal de l’Ourq puis sur celui de Saint-
Martin. Le parc est habité par la Géode (1985) et la Cité des Sciences et de l’Industrie d’abord
(1986), ponctué des Folies rouges de l’architecte Tschumi (1997) reliant la Halle de La
Villette (réhabilitée en 2007) et la Cité de la Musique (1995). Le site accueillera également à
l’horizon 2012 la salle Philharmonique, œuvre archi-sculpture de Jean Nouvel. Cet espace de
déambulation, parc culturel urbain, se prête à la notion de parc d’architectures contemporaines
à l’échelle grandeur nature35. La Villette est parfois surnommée « le parc du XXIe siècle ».
Elle rassemble un aperçu de l’architecture contemporaine des années 1990 à 2010.
35
Notons qu’à l’autre extrémité parisienne, aux portes sud du périphérique, la Cité Internationale
Universitaire de Paris offre également un paysage urbain riche au milieu d’un parc de 34 hectares d’architectures
de références du XXe siècle disséminées.
La ZAC Paris-Bercy
Elle fait partie du grand projet politique de rééquilibrage de l’est parisien, dont a
également fait partie le projet de La Villette. Le principe de la ZAC a permis d’engendrer sur
un site de plus de 50 hectares un ensemble cohérent construit entre 1993 et 2006. Depuis le
Palais Omnisports et le Ministère des Finances implantés dès le milieu des années 80 jusqu’à
la récente passerelle Simone de Beauvoir en 2006, la ZAC Bercy offre un panel
d’architectures contemporaines signées par de grands architectes. On trouve les œuvres de
Frank O. Gehry, Christian de Portzamparc mais aussi des bâtiments signés par des talents
montants tels que Valode et Pistre, moins connus du grand public. Avec Bercy Village, elle
attire autant les touristes, les parisiens que les résidants du quartier. ALTAREA, gestionnaire
et propriétaire du site, estime chaque année environ 10 millions de visiteurs.
36
Site Internet officiel : www.legrandparis.culture.gouv.fr.
37
Les dix agences d’architectes consultées sont constituées en équipes : Portzamparc, AJN avec
AREP et ACD, Grumbach et associés, Castro, Secchi et Vigano, Lion, RSHP, l’AUC, MVRDV, Lin.
1. L’évènementiel
a. Festivals et biennales
La Biennale de Venise (29 août- 21 novembre 2010 - 12e édition) est sans doute la
plus connue et la plus ancienne, après les Expositions Universelles. Elle concerne les arts
contemporains en développant plusieurs thématiques (danse, cinéma, musique, théâtre et
architecture). La première Biennale de Venise a eu lieu en 1895 ; l’architecture a été intégrée
au programme en 1980. La dernière Biennale d’Architecture a attirée près de 130 000
visiteurs internationaux.
Une Triennale d’Architecture a été lancée en 2007. La première édition s’est tenue à
Lisbonne. Elle a pour vocation d’ouvrir l’architecture au grand public, sortant des sphères
spécialistes et souvent peu accessibles au grand public. La prochaine investira Oslo38. Le
WAF (World Architecture Festival) se déroule à Barcelone chaque année (3-5 novembre
2010). A cette occasion, il décerne le Prix du Bâtiment de l’année. Ce festival concerne
finalement plutôt une sphère privée de spécialistes, avec un coût d’entrée élevé et un discours
peu accessible aux touristes.
A l’échelle locale aussi on observe ce phénomène à travers des manifestations de
moindre envergure. En 2008, la MA en Ile-de-France a organisé son premier festival
38
L’agence Code Architecture a été nommée commissaire pour la Triennale d’Architecture en 2010.
Cette triennale semble avoir un véritable problème de communication tant il est difficile de comprendre les
enjeux et de réunir les informations pratiques.
39
Celui-ci est supprimé en France par Malraux en 1968, puis remplacé en 1977 par le « Grand Prix de
l’Architecture de l’Académie des Beaux-arts ».
40
Voir le site officiel : www.pritzkerprize.com. La liste comprend entre autres Luis Barragàn (1981),
I.M. Pei (1983), Oscar Niemeyer (1988), Robert Venturi (1991), Alvaro Siza (1992), Christian de Portzamparc
(1994), Renzo Piano (1998), Rem Koolhaas (2000), Herzog et de Meuron (2001), Jorn Utzon (2003), Zaha
Hadid (2004), Jean Nouvel (2008).
Pecha Kucha
Un mode nouveau d’exposition a vu le jour en 2003, notamment à travers une
première expérience liée à l’architecture. Le concept s’appelle « Pecha Kucha »42 et
correspond bien à notre société sans cesse dans le besoin de rapidité et d’efficacité. Le
principe : 20 images x 20 secondes (une image toutes les vingt secondes). Présenter un projet
en allant à l’essentiel comme un flash. Il s’agit d’un nouveau format d’exposition, une
manière originale qui s’est répandue largement à travers le monde comme mode d’expression.
L’essentiel est dit, chaque visiteur-spectateur est ensuite libre de s’attarder ou de développer
un sujet en particulier. Les Pecha-Kucha sont aujourd’hui présents dans la plupart des grandes
villes. Ils prennent place dans différents lieux à chaque intervention. Paris a ainsi présenté le
dernier au Centre Georges Pompidou. Les Pecha Kucha sont ainsi un évènementiel fort,
41
Site Internet du Prix Grand Public des Architectures contemporaines de la Métropole parisienne :
www.prixgrandpublic.com. Pour cette première édition, trois prix ont été décernés : le 1er Prix pour les
logements sociaux des architectes Chartier – Corbasson dans le 4e arr. (Saint-Paul) ; une première mention pour
une maison à Sèvres des architectes Colboc et Franzen ; et une mention spéciale pour la passerelle Simone de
Beauvoir par l’architecte Dietmar Feichtinger.
42
« Pecha Kucha » signifie littéralement « le bruit de la conversation ». La première manifestation de
ce type s’est faite à Tokyo en février 2003 pour la présentation de jeunes designers au sein de la galerie Klein &
Dytham Architecture (KDa) (pecha-kucha.org). Les soirées Pecha Kucha sont aujourd’hui présentes dans plus de
200 villes du monde, constituées par un réseau décentralisé et selon un agrément précis (au moins quatre
représentations par an, format 20x20, soit 6 minutes 40 secondes).
17. Plan
du parcours du
Tramway des
Maréchaux Sud
(dossier de presse l’art
pour le tram, 2006 ;
©APC).
43
KLANTEN Robert (sous la direction de), Urban Interventions : personal projects in public spaces,
Die Gestalten Verlag, 2010.
a. L’édition d’architecture
L’édition est l’un des moyens le plus répandu pour la diffusion de l’architecture en
général – et plus particulièrement – contemporaine. Ce champ semble séduire autant le grand
public que les amateurs et professionnels. Il existe un grand nombre de revue pour toutes les
catégories de lecteurs. Les plus répandues sont D’A, Archistorm, A vivre... Celles-ci
s’appuient beaucoup sur l’habitat et la décoration associant architecture et design, ainsi que
sur l’actualité. D’autres offrent un produit de qualité et plus poussé : Architectural Review,
A’A’, A+U, Urbanism... Ces dernières ne se trouvent pas dans la presse générale, mais sont
présentes dans les librairies des lieux d’exposition d’architectures contemporaines et librairies
spécialisées (telle que celle du Moniteur). Certaines revues font même l’objet de véritables
collections comme les publications monographiques d’El Croquis.
Les lieux d’exposition n’hésitent pas à publier eux-mêmes des ouvrages ayant traits à
une thématique ou une exposition. Outre les traditionnels catalogues, certains développent un
intérêt particulier pour des guides d’architecture contemporaine. Citons pour exemple le
dernier livre édité par la M.A Ile-de-France, Dehors Paris, un guide d’architectures à voir / à
imaginer (février 2010), résultant du festival d’architecture de 2009. Le Pavillon de l’arsenal
a développé une collection particulière Paris, visite guidée.
Le livre est un bon média pour l’architecture contemporaine. Il permet d’une part de
ramener un « souvenir » de tel site ou de telle exposition, et d’autre part d’approfondir a
posteriori sa connaissance de l’architecture. Ainsi, les expositions de La Galerie
d’Architecture prévoient fréquemment un support papier accompagnant l’exposition, en lieu
et place des cartels. La Cité de l’Architecture fournit à chaque exposition un dépliant, tout
comme la plupart des interventions à La Galerie d’Architecture. Cette attention vise
particulièrement les touristes.
Très prisées des tour-opérateurs touristiques, les visites guidées le sont beaucoup
moins pour l’architecture contemporaine. A l’observation des offres touristiques des guides-
conférenciers (du type l’Officiel des Spectacles par exemple), on constate la prééminence
44
Site web officiel : www.ga-paris.fr.
45
ORIGET-DU-CLUZEAU Claude, Le tourisme culturel, Que sais-je ? Paris, PUF, 1998. p.9.
46
Site web officiel : www.architecturedecollection.fr.
47
Sept parcours sont proposés par des historiennes de l’art : 1 : l’architecture moderne à Boulogne-
Billancourt et l’atelier de Le Corbusier. 2 : les ateliers d’artistes et villas du 14e arrondissement. 3 : l’architecture
moderne dans le 16e arrondissement et la Villa La Roche de Le Corbusier. 4 : l’architecture contemporaine de la
Le succès des visites des monuments tient essentiellement au fait qu’elles supposent
marche et balade, une appréhension ludique et simple, accessible à tout le monde et gratuite.
Les modes d’organisation de ces visites se font essentiellement par Internet ou par conseils
d’amis. Quelques initiatives ont été mises en place proposant des idées de visites et parcours.
Les feuillets Archibus sont édités par le Pavillon de l’Arsenal en collaboration avec
la Ratp. Ce feuillet (annexe D) est mis à disposition des usagers gratuitement au Pavillon de
l’Arsenal, à l’Office de Tourisme de Paris, sur les lignes concernées et par téléchargement sur
le site www.pavillon-arsenal.com. Chaque livret conduit au fil d’une ligne de bus, de métro ou
de tram, une visite d’une quinzaine de bâtiments contemporains, accompagnés d’un bref
explicatif. Cette initiative judicieuse pâtie néanmoins d’une faible visibilité. Peu de visiteurs,
touristes et parisiens, connaissent ces ressources.
Les guides d’architecture contemporaine
sont une bonne source pour explorer Paris. Ils ont
en général le mérite d’être plus exhaustif que les
sites Internet. En m’appuyant sur celui d’Hervé
Martin, « Guide de l’architecture moderne à
Paris » (aux éditions Alternatives, Paris, 2010),
j’ai ainsi répertorié plus de 290 édifices
contemporains (figure 18).
ZAC Seine Rive Gauche dans le 13e arrondissement. 5 : les ateliers d’artistes du 18e arrondissement. 6 : le
boulevard Raspail. 7 : la ZAC Paris – Bercy.
De plus en plus, on constate une pluralité d’offres de visites guidées et balades dont
les thèmes sont tous plus originaux les uns que les autres, notamment via le web. Elles
proposent des découvertes culturelles attrayantes et originales visant ainsi une cible clientèle
récidiviste et amatrice de découvertes plus approfondies. Il s’agit pour la plupart de touristes
« repeaters », marché sur lequel on reviendra plus-tard, et qui occupe à Paris une place forte.
Ainsi, nombre d’entreprises ou associations se sont créées afin de proposer une approche plus
poussée de Paris. Certains jouent la carte parisienne, telle que Meeting the French48 proposant
un Paris intime et authentique. La tendance est à la découverte au plus proche du parisien et
de sa ville. Paris Go49 offre la possibilité de visiter la capitale « autrement » à travers des
thématiques pointues telles que l’égyptomanie, les Templiers ou encore la rue Saint Denis ou
Architecture et pouvoir… Ces offres sont favorisées par la politique de l’Office du Tourisme
et des Congrès de Paris, en écho au fort développement des chambres d’hôtes dans la capitale
depuis quelques années. Citons également l’association Parisien d’un jour / Parisien
toujours…
La pratique touristique tend aussi à se diversifier. La façon d’approcher le patrimoine
dans la mobilité corporelle du touriste semble séduire et se fait originale : que se soit à pied, à
vélo, en segway ou en voiture... Quatre roues sous un parapluie a par exemple été nommé
étoile du tourisme50 en 2009-2010 pour ses balades drôles jouant la carte de l’authentique
avec ses 2CV conduites par un guide coiffé d’un béret.
48
Voir le site officiel : www.meetingthefrench.com. Meeting the french est une agence de voyage
crééée en 2005 associant à la fois hébergement en chambres d’hôtes, des dîners chez des parisiens et visites
culturelles autour de la gastronomie et des arts.
49
Voir le site officiel : www.parisgo.fr.
50
Ce Prix a été crée en 2008 sous l’initiative d’Hervé Novelli, secrétaire d’Etat chargé du Tourisme. Il
récompense les projets touristiques les plus innovants dans plusieurs catégories bien représentatives des enjeux
contemporains français : développement durable, évènementiel artistique ou festif, gastronomie, histoire et
patrimoine, tourisme solidaire et accueil.
51
Page web : http://www.nouveau-paris-ile-de-france.fr/guides-paris/envie-de/architecture-
contemporaine/balades/l-architecture-spectaculaire-63650.html
Centres, Cités, Galeries, Musées… Ils sont les lieux de présentation de l’architecture
contemporaine, nombreux à Paris. On en dénombre quatre spécialement dédiés à
l’architecture moderne et contemporaine. D’autres sites proposent occasionnellement une
exposition temporaire concernant l’architecture contemporaine. L’équipement phare est le
Centre Pompidou qui crée l’évènement au travers de grandes expositions comme « Richard
Rogers » en 2007/2008, ou encore l’actuelle « Dreamlands, des parcs d’attractions aux cités
du futur » (5 mai – 9 août 2010).
Nous abordons ici les quatre lieux institutionnels qui exposent l’architecture. Il s’agit
de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, du Pavillon de l’Arsenal, de la Maison de
l’Architecture en Ile-de-France et de La Galerie d’Architecture. Les données concernant
chacun des sites ont été rassemblées au gré des informations disponibles et ne constituent pas
à ce titre une présentation exhaustive et systématique. Il s’agit d’une présentation brève afin
de cerner dans l’ensemble la politique de ces lieux et leur activité.
Au cours de mon étude, j’ai identifié quatre lieux d’exposition institutionnels dédiés
à l’architecture contemporaine à Paris. J’ai exclue volontairement le Centre Pompidou malgré
la richesse des ses collections permanentes dans son département d’architecture et ses
expositions blockbusters sur de grands architectes contemporains. Quatre sites illustrent
l’intérêt pour les questions et l’interprétation de l’architecture contemporaine à Paris.
Du point de vue strictement quantitatif, ce chiffre m’a semblé élevé. J’ai donc
comparé avec les autres grandes capitales européennes (annexe E). Une liste est proposée par
l’Union Internationale des Architectes, mais celle-ci ne s’attache visiblement pas à des sites
uniquement dédiés à l’exposition d’architecture. Ainsi, on constate que certaines villes ne
possèdent aucun lieu d’exposition d’architecture. D’autres possèdent des collections
d’architecture permanentes présentées dans un musée d’art moderne ou d’art contemporain,
comme le MoMA à New-York.
Ainsi, un constat simple s’impose. Paris propose une offre riche et diversifiée en
matière de lieux d’interprétation de l’architecture contemporaine. Cette particularité
fondamentale et objective a attiré mon attention. C’est cet aspect là qui a conduit à explorer la
problématique autour des lieux d’exposition en tant que « points relais » pour les offres
touristiques d’architecture contemporaine à Paris.
Le Pavillon de l’Arsenal a ouvert ses portes en 1988 dans l’ancien Arsenal du XIXe
siècle, près du quartier du Marais et de la Bastille en tant que « centre d’information, de
documentation et d’exposition d’urbanisme et d’architecture de la Ville de Paris ». Il a pour
mission d’exposer l’architecture parisienne.
Une exposition permanente au rez-de-chaussée présente l’histoire urbanistique et
architecturale de la ville. L’espace en mezzanine est réservé aux expositions temporaires dont
les sujets d’actualités dépassent la sphère parisienne. Il propose trois expositions thématiques
environ à l’année, associées à une forte dynamique de conférences et de visites hors-les-murs.
Près de dix conférences et débats sont animés chaque année par les architectes eux-mêmes.
Le site est libre d’accès, il s’accompagne d’une librairie ainsi que d’un centre de
documentation sur la ville de Paris au premier étage.
Le Pavillon de l’Arsenal est une association Loi 1901 qui dépend de la Ville de Paris.
L’architecte Dominique Alba en est la directrice générale. Le financement est assuré chaque
année par une subvention de la Mairie de Paris à hauteur de 2 millions d’euros environ.
Le Pavillon de l’Arsenal accueille chaque année près de 200 000 visiteurs (comptage
par barre optique dans le sas d’entrée). Ce chiffre reste approximatif du fait de l’entrée libre.
80% des publics serait francilien et autant serait déjà venus, ce qui suppose un public
d’habitués52. Le Pavillon de l’Arsenal ayant une activité de conférences fréquente et de
qualité, a su favoriser un public fidèle et amateur d’architecture, pour la plupart des
architectes, enseignants et étudiants en écoles d’architecture. D’autre part, grâce à sa situation
exceptionnelle, entre Bastille et Marais (quartiers fortement touristiques) et aux expositions
d’envergure qu’il propose, un public plus large fait le déplacement. Ce dernier semble attirer
plus par l’exposition permanente qui permet une approche architecturale et urbanistique de
l’histoire de la capitale en ce qui concerne la catégorie touristique ; alors que les visiteurs
excursionnistes font le déplacement pour les expositions temporaires.
52
Rapport d’audit au mois d’avril 2006 du Pavillon de l’Arsenal.
53
Propriété de l’Etat, la gestion du site du couvent des Récollets est confiée en 1999 à la Régie
Immobilière de la Ville de Paris qui entame les restaurations. En 2003, le projet de Karine Chartier et Thomas
Corbasson est retenu.
La Galerie d’Architecture a été créée en 1999 en plein cœur du Marais. Elle est en
accès libre, installée dans une ancienne imprimerie dans des murs typiques du Paris du
XVIIIe siècle. Elle offre un espace unique, blanc, de 160 mètres carrés scandé de quelques
colonnes et piliers.
Elle a ainsi le mérite d’offrir un lieu intimiste, s’inscrivant dans l’esprit des galeries
du quartier. Le choix du titre rompt avec l’idée du musée pour se rapprocher de l’esprit d’un
lieu dynamique de diffusion et de promotion. Il s’agit d’un lieu discret, dont l’entrée est une
ancienne voie de garage. Aucune enseigne n’est clairement affichée à l’extérieur. La seconde
entrée est une simple porte vitrée.
La Galerie d’Architecture est une structure privée de statut S.A.R.L dirigée par Gian
Mauro Maurizio. Elle fonctionne sur un principe de location de l’espace à des agences
d’architectes contemporains français ou internationaux. L’équipe de la galerie est constituée
de trois personnes et un stagiaire qui assurent la logistique de l’exposition, la communication
et la recherche de partenaires financiers. Cette approche laisse aux architectes le choix de la
scénographie / muséographie, ce qui permet une véritable promotion et diffusion pour
l’agence en question et de l’architecture contemporaine en générale. Cette liberté de
conception est unique à Paris et laisse voir des projets audacieux et très différents d’une
exposition à l’autre. Le statut privé de la structure assure une indépendance de production,
tant dans le discours que dans la mise en scène, ce qui a l’opportunité d’en faire un lieu
alternatif très bien ancré dans l’actualité de la création architecturale.
Chaque exposition ne dure pas plus d’un mois et demi environ, ce qui permet de
présenter plus d’une dizaine d’expositions par an.
Aucune étude des publics n’a été engagée depuis les débuts de La Galerie
d’Architecture. La définition des visiteurs du site est rendue très difficile par le fait qu’elle
soit en accès libre et ne permet donc pas de comptage billetterie précis. Néanmoins, d’après
un comptage récent sur quatre mois, elle accueille une moyenne de 1000 visiteurs par mois54.
Par le biais d’une veille, j’ai pu déterminer deux profils majoritairement récurrents du lieu55.
54
Etude réalisée lors du stage à La Galerie d’Architecture de janvier à mai 2010. Chiffres
confidentiels et approximatifs tant la fréquentation est dépendante des aléas météo et des fermetures entre les
expositions pour montages et démontages.
55
Etude par le biais de questionnaires auto-administrés.
A la Cité de l’Architecture, 70% des interrogés était des touristes, contre 45% à La
Galerie. Ceci suppose donc un tourisme volontaire plus présent à la Cité, et à l’inverse une
pratique plutôt d’habitués à La Galerie. Ces résultats, bien que très faible quantitativement,
m’ont semblé cohérents grâce aux discussions que j’ai pu avoir en parallèle avec les
représentants de ces deux institutions.
part des
part des
excursionnistes
touristes 45%
55%
part des
excursionnistes
part des
30%
touristes
70%
Galerie
Cité de l'Architecture
22. Part des touristes et des excursionnistes (comprenant aussi les parisiens) à La Galerie
d’Architecture et à la Cité de l’Architecture.
On constate que 54% des visiteurs n’ont jamais visité un autre lieu d’exposition
d’architecture parmi les quatre étudiés (schéma ci-dessous). La part des habitués s’élèvent
seulement à 16% et 30% ont visité une fois un autre site. La Maison de l’Architecture est très
peu connue, même du public amateur d’architecture contemporaine. La Cité de l’Architecture
représente le plus de récidivistes, suivi de près du Pavillon de l’Arsenal. La Galerie
d’Architecture semble capter plus un public occasionnel qui ne viennent qu’une fois (annexe
F, figure 1).
2 fois et plus
16%
jamais
1 fois 54%
24. Indicateur de la « notoriété » des lieux d’exposition 30%
de l’architecture contemporaine.
Les édifices contemporains les plus remarquables sont bien visités (annexe F,
figure 2) : 77% ont visités plus de trois monuments parmi ceux énoncés dans l’entretien. Il
s’agissait d’un choix multicritère citant les monuments les plus connus : le Centre Pompidou
en tête, le musée du Quai Branly, La Villette, La Défense, la BNF... Très peu ont su nommer
Les repeaters sont une catégorie touristique définie par le C.R.T*. Paris Ile-de-France
comme les personnes amatrices de la destination du Nouveau Paris – Ile-de-France selon le
critère suivant : une venue au moins deux fois en cinq ans. Il s’agit d’un groupe extrêmement
hétérogène dont la motivation commune et principale est d’ordre émotionnel et affectif, ce qui
les pousse à revenir plusieurs fois à Paris. Une étude spécifique a été menée par le CRT* Ile-
de-France en avril 201056 sur les clientèles britannique, espagnole et allemande.
La majorité des repeaters organise leur voyage sur-mesure par le biais d’Internet en
priorité. De même, ils n’hésitent pas à renouveler les visites de lieux de leurs voyages
précédents. Ils aspirent fortement à de nouvelles découvertes culturelles afin de bien connaître
cette destination qu’ils affectionnent. La préparation du séjour se fait tardivement et il est
relativement peu organisé. Les renseignements à caractère « officieux » du point de vue du
touriste sont très appréciés pour leurs valeurs d’authenticité et d’originalité. Les repeaters
aiment découvrir un Paris proche des parisiens : lieux de bars, boutiques, bons plans, sites
moins fréquentés touristiquement… Leurs attentes s’orientent, selon l’étude57, vers trois axes
majeurs :
- Une visite d’un Paris « autrement », proche des parisiens.
- Des activités de plein air comme les balades urbaines.
56
Etude du Comité Régional du Tourisme Paris Ile-de-France, IPSOS Marketing, dans Les Etudes,
Les repeaters britanniques, allemands et espagnols, avril 2010 (www.nouveau-paris-ile-de-france.fr/espace-
presse-228876.html).
57
Etude (juin-oct 2009) qualitative par entretiens (x60) et par forum en ligne (x3) auprès de 30
personnes de chaque pays étudié (Espagne, Allemagne, Grande-Bretagne) associée à un questionnaire en ligne
(300 personnes par pays) et une étude omnibus (500 personnes par pays). Source web : id.
Par le biais de la veille des publics à La Galerie d’Architecture et par les entretiens
semi-directifs, deux catégories essentielles se sont dégagées. Elles présentent un intérêt tout
particulier et difficile à appréhender car opposées : il s’agit d’une part de visiteurs
monomaniaques, un public acquis et amateur d’architecture ; et d’autre part, d’un public
complètement néophyte qui visite plus par simple curiosité que par passion ou par intérêt
professionnel.
La Galerie d’Architecture attire d’abord un public d’amateurs d’architecture :
étudiants en écoles d’architecture ou architectes. Elle correspond à un lieu intimiste, dont la
communication s’est faite essentiellement par le bouche à oreille. Cet aspect semble être
cultivé afin de préserver une approche professionnelle et pointue, dans une programmation
originale, éloignée du système des expositions « blockbusters ». Le site lui-même s’insère au
cœur du Marais, sans ostentation extérieure ni enseigne. Néanmoins, un autre public captif est
aussi très présent à La Galerie. Il s’agit d’un public touristique français et étranger du fait de
A chaque lieu correspond une pratique caractéristique, sans pour autant faire de
généralités. La Galerie d’Architecture du fait de sa petite taille, de son emplacement discret et
de son accès gratuit, voit beaucoup de passages très brefs. Les visiteurs rentrent d’un côté,
ressortent de l’autre. Beaucoup passent d’ailleurs plus de temps à la librairie que dans
l’exposition. La situation géographique de la galerie permet de profiter des nombreux
passages dans les rues captant ainsi des visiteurs occasionnels.
La Cité de l’Architecture attire les touristes pour ses collections permanentes, de
même que le Pavillon de l’Arsenal a priori. Les expositions temporaires sont également très
fréquentées, mais les visiteurs ne semblent pas se déplacer à chaque nouvelle exposition. Ils
visitent ces espaces-là selon leur intérêt personnel pour le sujet proposé. Un produit autour de
la Colline de Chaillot a tenté de créer des parcours liants les différents sites de proximité (la
Tour Eiffel, le musée du Quai Branly, le musée Guimet, le Palais de Tokyo et le musée d’Art
moderne ainsi que la Cité de l’Architecture). Mais cet effort semble aujourd’hui être un échec
Après les observations tirées des entretiens, de la veille et des questionnaires, les
publics majoritaires de ce type de lieu sont des individuels liés à l’architecture par leurs
études ou par leur profession. Il s’agit d’un public amateur, celui qu’on catégorise comme
acquis, très demandeur de ce genre d’offres. Ils recherchent les informations, la plupart du
temps sur Internet ou par le bouche à oreille ; ils sont à l’affût d’autres offres afin de rester
informer et d’assouvir leur soif de connaissance en matière d’architecture.
58
Anne Ruelland est directrice du Service des Publics de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine.
J’ai pu la rencontrer à l’occasion des entretiens semi-directifs des publics autour d’une discussion ouverte.
c. L’effet d’aubaine
Un bon nombre de touristes profitent de ce que l’on appelle l’« effet d’aubaine »
pour visiter certains lieux non prévus à l’origine. C’est essentiellement la conjugaison du
hasard et de la gratuité qui pousse à entrer. Ceci permet la découverte surprise d’un lieu
inattendu, d’une exposition et d’un domaine qui n’est pas celui de prédilection du visiteur.
L’effet d’aubaine touche plus particulièrement La Galerie d’Architecture et le Pavillon de
l’Arsenal.
On pourrait également évoquer cette catégorie en termes de non-public, intéressants
à capter car ouverts à des offres variées et nouvelles. Cette cible, a priori peu intéressée par
l’architecture contemporaine est néanmoins réceptive à des offres originales.
La situation géographique joue beaucoup dans cette « accroche ». La Cité de
l’Architecture, le Pavillon de l’arsenal et La Galerie se situent à des emplacements
touristiques stratégiques. Ils captent ainsi bon nombre d’occasionnels, au départ simples
passants. La MA* ne peut que très peu profiter de ce phénomène car, malgré la proximité de
l’autre coté du parc du Canal Saint Martin, sa situation géographique est beaucoup moins
visible. A deux pas de la Gare de l’Est, il faut y venir exprès, d’autant plus qu’elle n’est pas
systématiquement ouverte.
L’effet d’aubaine semble être un champ intéressant à développer dans la disponibilité
des touristes à s’ouvrir à de nouvelles découvertes culturelles. Elle passe par une bonne
communication de proximité d’abord, des accroches tant visuelles que scénographiques, ainsi
que par une situation géographique propice. La gratuité est un déclencheur de visite
indéniable, mais l’information en amont reste rare.
28. Grille SWOT : les lieux d’exposition d’architectures contemporaines parisiens, pôles structurants
du tourisme d’architecture contemporaine de Paris ?
Nous avons mis en exergue dans la première partie le rôle crucial des lieux
d’exposition, espaces d’interprétations et de pédagogie. Ils apparaissent comme un terrain
d’opportunités en termes touristiques afin de créer un « va-et-vient » essentiel entre
exposition et architecture échelle 1 :1. Les lieux d’exposition semblent être un véritable
« atour » pour la capitale parisienne. Ils sont à la fois nombreux et très variés, offrant ainsi des
parcours complets et des visions bien différentes et intéressantes à confronter pour les
touristes d’architecture contemporaine ; qu’ils soient de « vrais touristes » ou des visiteurs
résidentiels.
De part les politiques culturelles des différents sites, une différence de missions, de
tarifications et de choix scientifiques leur incombent. De cette diversité découle des
interprétations différentes, et donc, une approche de l’architecture particulière. Leurs tailles
physiques diffèrent aussi largement : La Galerie possède 160 m² d’espace libre au total, alors
que pour la Cité de l’Architecture c’est plus de 1 830 m² dédiés aux seules expositions
temporaires… Les statuts sont tous différents ; deux sont associatifs (le Pavillon de l’Arsenal
et la MA en Ile-de-France), la Cité de l’Architecture est un EPIC* et la Galerie une structure
privée de type SARL. Ces statuts induisent des communications différentes, une gestion
particulière et des partis-pris propres à chaque site.
Du point de vue patrimonial, l’exposition de l’architecture contemporaine suscite
polémiques et débats. Néanmoins, elle semble apporter une réponse concrète à la conservation
et à la valorisation de cette architecture auprès du grand public comme des plus avertis. La
Ainsi, des partis-pris scénographiques découlent des politiques culturelles selon les
sites. Malgré la thématique commune qu’est l’architecture contemporaine, des visions très
différentes se construisent et des interprétations spécifiques s’en dégagent.
La Cité de l’Architecture développe des muséographies d’envergure afin de toucher
le plus grand public ; ce qui explique sans-doute en partie la présence d’un public touristique.
Les scénographies sont ainsi la plupart du temps claires et pédagogiques, avec de grands
décors (par exemple la récente exposition sur Androuet-du-Cerceau). L’aspect grandiose de
part l’espace et les moyens mis en œuvre est très présent.
La Galerie d’Architecture, grâce à son autonomie de gestion et de finances permet
des expositions très différentes au gré des interventions des architectes en charge de la
muséographie. Le discours est de fait très variable d’une exposition à l’autre, tout comme la
réception auprès des publics qui varie beaucoup d’un mois à l’autre.
Le Pavillon de l’Arsenal semble s’inscrire dans des discours approfondis et très
fouillés avec l’appui de nombreux documents graphiques, cartes et plans. La muséographie
relève de l’équipe du Pavillon. Ses visiteurs sont pour la plupart des habitués amateurs
d’architecture.
C’est dans ce type de confrontation que se construit un regard d’observateur, puis
« critique » sur l’architecture Cette approche est une démarche loin d’être contemplative et
qui semble trouver son sens dans la confrontation des lieux d’exposition les uns par rapport
aux autres.
Dans la première partie, nous avons esquissé une critique quant au renouveau du
monumental. Nous avons essayé, à travers les essais de Paola Berenstein-Jacques, de dépasser
la stigmatisation de l’édifice contemporain en tant qu’objet singulier au profit d’une
considération plus complexe, certes, mais plus réelle qui s’inscrit à l’échelle urbaine.
Rappelons les travaux critiques des architectes Venturi et Scott Brown qui avaient
mis en exergue une société noyée dans une logique marketable. L’emploi de toutes images est
bonne pour promouvoir un produit, une politique, voire même une identité. Caricaturons en
c. La répartition géographique
Les quatre lieux dédiés à l’architecture contemporaine à Paris ont une répartition
géographique assez éclatée sur le territoire parisien (figure 25). Tous sont situés sur la rive
droite ; les deux plus grandes institutions – la Cité de l’Architecture et le Pavillon de l’Arsenal
– se placent à deux « extrémités », cernant ainsi la Galerie d’Architecture et la M.A* en Ile-
de-France. Le Pavillon de l’Arsenal se trouve très proche de la Galerie ; le trajet entre ces
deux sites peut se faire à pied. La Maison de l’Architecture se trouve plus excentrée par
rapport aux zones touristiques et de passage, malgré la proximité du canal Saint-Martin. Elle
reste néanmoins bien desservie grâce à la Gare de l’Est juste en face.
59
DIDELON Valéry, « l’architecture crève l’écran », Paris, Criticat, n°5, mars 2010 (pp.111-121).
Ces établissements sont assez éloignés les uns des autres. Cet éloignement permet de
ne pas capter le public d’opportunité d’un autre site. Un parcours entre ces sites entraine des
mobilités étendues et peu pratiques. La Rive Gauche reste exclue à tout parcours. La mobilité
entre ces deux points prend du temps (une moyenne de 20 à 30 minutes en métro avec un
changement). Ainsi, la visite de deux de ces lieux parait difficile en une journée, mais reste
faisable pour les courts séjours ou plus. Un rapprochement peut facilement se constituer entre
La Galerie d’Architecture et le Pavillon de l’Arsenal grâce à leur proximité (figure 26).
26. Carte géographique des lieux d’exposition à Paris (source : google earth).
Une hypothèse semble émerger de cette étude. Un point qui me semble constituer la
clé de voûte du tourisme d’architecture contemporaine parisien. Il s’agit d’une offre
touristique qui vise un public exigeant et connaisseur, adepte d’une vision au-delà des clichés
et d’un tourisme passif de contemplation. Je crois que cette démarche est possible, et même
suscitée par les offres et produits d’architectures – monuments et lieux d’exposition – à Paris.
60
dans Une exposition, Dijon, Les presses du réel, Paris, éd Pompidou, 1994).
b. L’interface Internet
61
D’après BOUCHIER Martine, 10 clefs pour s’ouvrir à l’architecture.
62
ZEVI Bruno, Apprendre à voir l’architecture, Paris, Minuit, 1959.
63
Projet initié par la Ville de Paris dès 2003, le centre de production « le 104 » a ouvert ses portes en
2008 au cœur des anciennes pompes-funèbres du 19ème arrondissement. La problématique principale a été la
bonne insertion et acceptation du lieu auprès de la population locale.
64
Alessia de BIASE, « Ruses urbaines comme savoir » (pp. 91-100), dans JEUDY Henri-Pierre et
BERENSTEIN-JACQUES Paola (ss les dir. de), Corps et décors urbains, les enjeux culturels des villes,
Nouvelles Etudes Anthropologiques, Paris, l’Harmattan, 2006.
Un constat critique d’une architecture spectacle est dressé par Paola Berenstein-
Jacques, qui a notamment participé à la conférence lors de l’exposition « Architourism ». Elle
évoque un processus contemporain de spectacularisation urbaine. Considérer l’
« architourism » comme un simple tour ou vues d’architectures contemporaines
indépendantes, telles des monuments, ilots isolés dans un quartier indéterminé et au final,
effacé, revient à nier l’essence même de l’architecture. Paola Berenstein-Jacques65 évoque
cette approche architecturale touristique comme problématique et reflet d’une assimilation des
critères marketing autour de la notion d’objet consommable. Un monument pour une image
de marque… Mais quels sont les liens réels avec son environnement immédiat ? Le touriste
ne cherche-t-il pas avant tout à découvrir Paris, la ville, et à dépasser le tourisme de masse qui
a peu la possibilité d’approfondir la culture du pays visité. Nous avons établi que le tourisme
d’architecture contemporaine serait un champ propice à la cible clientèle des repeaters. Les
études touristiques du CRT* Ile-de-France ont montré leur attirance pour une approche plus
« vraie » et plus proche des parisiens et de l’actualité. C’est en ce sens que le tourisme
d’architecture contemporaine possède l’avantage d’évoquer un Paris d’actualité, qui reflète
aussi les changements sociologiques et urbanistiques, exprimé par le biais notamment des
lieux d’exposition.
65
« Errances urbaines : l’art de faire l’expérience de la ville. Autres chemins contre la
spectacularisation urbaine » (pp. 103-116), dans JEUDY Henri-Pierre et BERENSTEIN-JACQUES Paola,
Corps et décors urbains, les enjeux culturels des villes, Nouvelles Etudes Anthropologiques, Paris, L’Harmattan,
2006.
Nous l’avons vu, tous les lieux d’expositions dédiés à l’architecture contemporaine
adoptent l’exposition temporaire comme moyen de médiation prioritaire. Seuls deux ont
développé une thématique permanente. Pouvons-nous parler de musée ? La Cité de
l’Architecture développe assurément cette dimension-là en s’appuyant sur des collections
historiques. Celles-ci ont permis de poursuivre le fonds par des œuvres plus récentes au
travers de la Galerie Moderne et Contemporaine. Néanmoins, elle se présente plus comme
une présentation pédagogique et instructive que muséale.
Dans la terminologie, le terme de « musée » est oublié au profit d’autres à l’image
plus dynamique : Cité, Centre, Galerie… Le discours propre à l’architecture qui est
contemporaine se doit de garder cette dimension d’actualité. Les lieux dédiés à l’architecture
Comme nous l’avons identifié à travers les entretiens semi-directifs, les quelques
études de publics et les échanges avec les professionnels, l’ensemble de la cible clientèle
touché par cette offre touristique d’architecture contemporaine se révèle très vaste. Il s’agit à
la fois d’une opportunité comme d’une difficulté. Nous avons mis en avant deux types de
« visiteurs » (touristes, excursionnistes et résidants) particuliers.
a. La communication
Les entretiens effectués avec les professionnels des quelques sites étudiés ont révélé
rapidement le manque de coordination de l’offre touristique autour de l’architecture
contemporaine. La M.A Ile-de-France avait tenté à ses débuts d’endosser le rôle de pôle
rassembleur. Il semble aujourd’hui que l’offre d’architecture contemporaine est bien présente
mais évolue plutôt comme une « nébuleuse » dans le marché touristique, (selon les termes de
Gian Maurizio, directeur de la Galerie d’Architecture) malgré les efforts d’associations telles
que Promenades Urbaines par exemple.
Les divergences politiques des tutelles des lieux d’exposition n’aident pas à
regrouper l’information, notamment les deux plus grandes institutions parisiennes que sont la
Cité de l’Architecture et du Patrimoine, relevant de la DAPA, et le Pavillon de l’Arsenal
dépendant de la Ville de Paris. Une collaboration serait envisageable si celle-ci n’engage que
très peu les structures, tant dans l’organisation que dans la gestion ou le financièrement.
La mise en réseau des lieux parisiens serait envisageable comme solution pour une
initiation pertinente à l’architecture contemporaine de part ses diversités de lieux et
d’approches. La répartition géographique des lieux de l’architecture contemporaine à Paris
présente une organisation adéquate qui se prête bien au développement de parcours, tel un
maillage à travers la ville.
«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»
73
Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
Les lieux d’exposition que nous avons développés se situent tous Rive Droite. On
pourrait intégrer aussi le site de la Cité internationale Universitaire de Paris, apportant ainsi la
dimension de l’échelle 1 :1.
Cette initiative serait également l’occasion de renforcer ou d’asseoir, selon les cas, la
visibilité et la connaissance de ces espaces dédiés à l’architecture contemporaine par la
constitution d’une entité forte qui agirait comme passerelle et donnerait une véritable identité
à la notion d’ « architourism ».
Ce réseau pourrait s’envisager comme des supports graphiques contribuant à créer
une identité visuelle définie des quatre ou cinq lieux « membres » jalonnant Paris. Il serait à
concevoir plus comme une idée informelle plutôt qu’un réseau réellement constitué. L’enjeu
étant avant tout de donner une visibilité à ces lieux. Il pourrait ainsi se diffuser par exemple
via les Offices de Tourisme, les lieux d’exposition en question ou la presse ; et se
reconnaitrait par un logotype fort.
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«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»
78
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Pavillon de l’Arsenal : www.pavillon-arsenal.com
Maison de l’Architecture en Ile-de-France : www.maisonarchitecture-idf.org
La Galerie d’Architecture : www.galerie-architecture.fr
Réseau des Maisons de l’Architecture : www.ma-lereseau.org
Confédération Internationale des Musées d’Architecture (ICAM) : www.icam-web.org.
Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de Paris : www.caue75.archi.fr
Conseil National de l’Ordre des Architectes : www.architectes.org
DOCOMOMO : www.docomomo.com.
DOCOMOMO France : www2.archi.fr/DOCOMOMO-FR.
Le Grand Pari(s) : www.legrandparis.culture.gouv.fr
Label « Patrimoine du XXe siècle » : patrimoine-xx.culture.gouv.fr/
Laboratoire Anthropologie et Architecture, ENSA Paris-La Villette : www.laa.archi.fr
Pecha Kucha Global : www.pecha-kucha.org.
Pecha Kucha Paris : www.pechakuchaparis.com
Union Internationale des Architectes : www.uia-architectes.org.
BASES DE DONNEES D’ARCHITECTURES CONTEMPORAINES
Inventaire d’archives d’architectes en ligne : archiwebture.citechaillot.fr.
Bases de données communautaire de l’architecture contemporaine, par le Groupe
Moniteur et le Pavillon de l’Arsenal : www.architopik.com
Portail des lieux d’architecture : www.archireseau.archifr.eu
Portails de l’actualité de l’architecture : www.cyberarchi.com
www.aroots.org
Webguide d’architecture contemporaine : www.archi-guide.com
TOURISME
Agence Architecture de Collection : www.architecturedecollection.fr
Association Promenades Urbaines : www.promenades-urbaines.com
Auto-entreprise « A travers Paris », promenades architecturales : www.atraversparis.com
Comité Régional du Tourisme Ile-de-France : www.nouveau-paris-ile-de-france.fr
Memento du tourisme, édition 2009 : www.tourisme.gouv.fr
Office du Tourisme et des Congrès de Paris : www.parisinfo.com
Paris Balade : www.parisbalades.com
The Guiding Architecture : www.ga-paris.fr
1.
2.
3.
G. SCHEMA DE L’ETUDE DU CRT ILE-DE-FRANCE (SOURCE WEB : LES ETUDES, LES REPEATERS,
AVRIL 2010)................................................................................................................................................ 89
REMERCIEMENTS ............................................................................................................. 3
SOMMAIRE........................................................................................................................... 4
INTRODUCTION.................................................................................................................. 5
2. L’architecture exposée................................................................................................................... 16
a. Typologies de l’exposition .......................................................................................................... 16
b. L’édifice ...................................................................................................................................... 17
c. Des morceaux et des documents.................................................................................................. 18
2. L’œuvre et l’architecte................................................................................................................... 23
a. Architecture-spectacles................................................................................................................ 23
b. La reconnaissance de l’architecte star ......................................................................................... 24
c. Des archives d’architecture.......................................................................................................... 25
1. L’évènementiel................................................................................................................................ 35
a. Festivals et biennales ................................................................................................................... 35
b. Les Prix d’architecture ................................................................................................................ 36
c. Tendances et originalités d’interprétation.................................................................................... 37
CONCLUSION...................................................................................................................... 75
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................. 78
SITOGRAPHIE ..................................................................................................................... 80
GLOSSAIRE ......................................................................................................................... 81
ANNEXES............................................................................................................................. 82
TABLE DES ILLUSTRATIONS .......................................................................................... 90
TABLE DES ANNEXES ...................................................................................................... 91
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 92
RESUME ............................................................................................................................... 95
ABSTRACT........................................................................................................................... 96
DOSSIER METHODOLOGIQUE
SOMMAIRE............................................................................................................... 2
INTRODUCTION...................................................................................................... 3
ANNEXES................................................................................................................. 12
2
«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»
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Introduction
3
«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»
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I. Le(s) champ(s) de recherche
1. Le tourisme d’architecture
Le champ touristique ici étudié est une catégorie particulière : celle de l’architecture
contemporaine. Ce tourisme d’architecture était à identifier et à définir pour le cas de Paris.
C’est l’objet de la deuxième partie du mémoire à travers un diagnostic du territoire parisien
qui rassemble les produits et actions culturelles en faveur de l’architecture contemporaine de
la capitale.
Lors de cette étude, j’ai considéré la notion de tourisme (culturel) au sens premier du
terme, au-delà de la définition arrêtée d’ « un déplacement d’au moins une nuitée […] »1 et
« […] consacré au temps libre passé à l’extérieur de la résidence principale, […] c’est-à-dire
une nuit passée hors du domicile […] »2. J’ai choisi de considérer le terme au sens large en
m’attachant à la dimension fondamentale du tourisme : « l’expression d’une mobilité
humaine »3. J’observe dans le cadre de mon étude un phénomène de mobilités envers une
architecture récente ou un lieu d’exposition d’architectures contemporaines ; ce qui reste en
soi une démarche touristique. La finalité de la problématique n’était pas d’observer un
« marché », au sens de retombées hôtelières ou de restaurations. Cette offre touristique
spécifique se révèle, à travers l’étude, plurielle et vaste. L’objectif n’était donc pas
d’envisager le tourisme d’architectures contemporaines parisien comme « produit de
destination » en tant que tel.
1
Dans ORIGET-DU-CLUZEAU Claude, Le tourisme culturel, Que sais-je ? Paris, PUF, 1998, p.3.
2
Dans « Tourisme », Gabriel WACKERMANN, article de l’Encyclopédie Universalis.
3
Ibid.
4
«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»
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Cette approche m’a permis de considérer les touristes, étrangers et nationaux, les
excursionnistes, franciliens pour la plupart, mais aussi les résidents ; catégorie dense qui crée
au même titre que les touristes et excursionnistes un réel flux. A cet égard, je me suis appuyée
sur une catégorisation souple autour de la notion de « visiteur »4. Le schéma suivant exprime
bien la distinction entre touristes et excursionnistes.
2. L’architecture contemporaine
4
Définitions établies dans le Mémento du Tourisme, 2009 (http://www.tourisme.gouv.fr).
5
«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»
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plus restreint, les réalisations architecturales des dernières décennies (à plus ou moins dix
années)5.
Une partie de l’étude a consisté en l’identification, sans être exhaustif, de la plupart
des aménagements urbains récents et constructions contemporaines de la capitale. J’ai tenté de
rassembler via quelques cartographies ces architectures contemporaines, fonds et supports au
tourisme d’architecture, afin de pouvoir ensuite développer la problématique et articuler cet
ensemble aux lieux d’exposition.
3. L’exposition d’architectures
Les lieux d’exposition ont été développés sous deux angles : le lieu en tant que tel et
l’exposition elle-même. C’est l’objet de la première partie.
Le lieu en tant que tel se rapproche le plus de la problématique : il est question des
actions culturelles et outils mis en place afin de renvoyer à certains monuments ou produits de
l’architecture contemporaine ; c’est-à-dire hors-les-murs de l’institution elle-même.
L’exposition quant à elle, est abordée sous l’angle historique et muséologique. Elle est
envisagée, au sens où Jean Davallon l’entend6, comme un moyen de communication à
destination des visiteurs. De plus, elle prend une dimension particulière en donnant à
l’architecture contemporaine un nouveau statut qui est celui de l’objet exposé. L’architecture,
échelle 1 devient des architectures contemporaines, objets contenus dans un lieu. Le
« contenant » se fait « contenu » par le biais d’artefacts, d’expôts ou de documents
d’architectes.
La consultation des études des publics des différents lieux étudiés devait être une
source fondamentale. Néanmoins, très différentes et parfois inexistantes selon les sites, les
études de publics se sont révélées difficilement exploitables et trop hétéroclites pour le sujet
ici abordé. De plus, aucune étude n’a à ce jour croisé les publics des différents lieux de
l’exposition de l’architecture afin d’en tirer des remarques quant au tourisme d’architecture ou
une comparaison. C’est donc par le biais d’outils méthodologiques spécifiques que j’ai pu
ébaucher un rapprochement comparatif des quatre lieux d’exposition parisiens.
5
Cet aspect est abordé dans la première partie du mémoire, au I. 1.c) Le tournant des années 1980 et
au 2.a) Architectures-spectacles (p12).
6
Dans GOB André, DROUGUET Noémie, La muséologie, histoire, développements, enjeux actuels,
Paris, Armand Colin, 2003, p.104.
6
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II. Cheminement de la réflexion
1. La problématique
7
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TOURISME
D’ARCHITECTURE
CONTEMPORAINE
L’architecture
contemporaine
Monuments et
? Les lieux
d’exposition
grands d’architectures
aménagements contemporaines
2. Une hypothèse
8
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III. Les méthodes d’investigations
Les données fondamentales pour cette étude se trouvent avant tout directement sur le
terrain. Il s’agit donc d’un travail personnel que j’ai orienté sur le rassemblement de données
via des questionnaires, entretiens semi-directifs et discussions avec les professionnels du
domaine. Cet ensemble m’a permis d’obtenir une vision partielle, mais réelle, de la question
du tourisme d’architecture contemporaine à Paris.
La première étape a été de dépouiller au maximum la bibliographie qui s’y rapporte.
L’ « architourism » étant une notion récente, peu d’ouvrages ont été publié sur la question.
Les références relevant du domaine touristique sont pour la plupart accessibles en ligne sur le
site du CRT Ile-de-France (www.nouveau-paris-ile-de-france.fr).
La méthode adoptée est principalement une approche de terrain. Elle s’est avant tout
développée sur le site de La Galerie d’Architecture7. J’ai appliqué ici l’ensemble des
méthodes possibles : le questionnaire auto-administré, l’entretien semi-directif et de
nombreux échanges avec les publics et le directeur de la galerie. Dans un second temps, j’ai
pu mener quelques entretiens semi-directifs à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, avec
l’accord de Madame Anne Ruelland, directrice du Service des Publics.
7
Ceci a été possible grâce à ma présence quasi quotidienne au sein de l’espace d’exposition durant
quatre mois à l’occasion d’un stage facultatif à mi-temps (mi-décembre 2009 – mi-avril 2010).
9
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ayant mis du temps à se mettre en place – notamment avec une nouvelle orientation au fil des
mois plus axée sur le tourisme – les questions se sont au final révélées inintéressantes dans le
cadre du mémoire et inexploitables. De plus, j’ai pu constater que peu de personnes
remplissent ce type de questionnaires et le « libre service » qui aurait pu permettre de récolter
un grand nombre de questionnaires n’a pas réellement fonctionné. Je me suis donc orienté sur
une autre méthode, moins quantitative mais plutôt qualitative: l’entretien semi-directif.
2. L’entretien semi-directif
10
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3. Les entrevues avec les professionnels
Ma réflexion a aussi été nourrie des discussions et entretiens que j’ai pu réaliser tout
au long de mes recherches. De part mon stage, j’ai beaucoup échangé avec l’équipe de La
Galerie d’Architecture, de manière informelle et au gré des réflexions ou observations.
Le directeur de La Galerie est de formation architecte. Il porte ainsi un regard à la
charnière de celui des professionnels de l’architecture et de celui du gestionnaire de galerie
d’exposition. Fanchon Pailler, assistante à la même galerie a travaillé auparavant à Arc-en-
Rêve à Bordeaux ; elle est également de formation architecte. Parallèlement, j’ai pu rencontrer
la directrice du Service des Publics de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Anne
Ruelland, ainsi qu’Isabelle Pellegrin, chargée de mission dans ce service. Malheureusement,
je n’ai pas pu rencontrer de professionnels des deux autres sites, le Pavillon de l’Arsenal et la
M.A. en Ile-de-France.
Dans le domaine des produits d’architectures contemporaines, j’ai pris contact avec
des entreprises développant des visites guidées d’architectures contemporaines à Paris :
Delphine Aboulker, directrice de l’agence Architecture de Collection qui mène des parcours
architecturaux de ZAC et d’architectures modernes d’une part ; et d’autre part, Nicolas Rio,
fondateur de l’auto-entreprise « A travers Paris », proposant des traversées de Paris au grand
public.
Cette approche m’a avant tout permis d’obtenir un regard concret, éloigné de toute
théorie, au profit d’une réflexion bien ancrée dans les réalités des choses et de fonctionnement
de telles structures.
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ANNEXES
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A. Questionnaire auto-administré
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B. Grille de questions pour l’entretien semi-directif
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C. Synthèse des entretiens semi-directifs
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D. 30 questionnaires semi-directifs
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E. Entrevues avec les professionnels :
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6. Personnellement, considérez-vous le tourisme d’architecture contemporaine à Paris comme
une notion floue ou au contraire comme un champ touristique clairement déterminé ?
Je pense que ce n’est pas une offre structurée ; il y a beaucoup de petites choses, des
initiatives plus ou moins éclatées à Paris. Le Ministère de la Culture ouvre la Villa Savoye
pour les journées du Patrimoine, la Fondation Le Corbusier propose les visites des œuvres du
Corbusier… Il y a beaucoup d’interlocuteurs différents, ce qui fait qu’on ne peut pas parler
d’un champ touristique structuré ou fédéré.
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Entretien semi-directif (par téléphone – 20 min) : Nicolas Rio, fondateur de l’auto-
entreprise A travers Paris (www.atraversparis.com).
3. Quel est le profil des publics de vos parcours architecturaux (parisiens, touristes) ?
On a très peu de touristes. Ce sont essentiellement des parisiens. Les publics découlent de nos
moyens de communication ; étant inscrits à l’Officiel des Spectacles, nous attirons de fait
plutôt des personnes entre 40 et 50 ans, beaucoup d’anciens enseignants et souvent des
femmes (sans être caricatural). On a du mal à toucher les jeunes ou étudiants qui peinent à
venir faire une balade de 2h à travers Paris…
Quelques articles dans le 20 min nous ont amené un autre public, plutôt la trentaine avec de
jeunes enfants.
On a constaté que les résidents des quartiers visités ne venaient pas. C’est peut-être une
question sociale au sens où nous réalisons des parcours dans des quartiers dits populaire ou en
mutation. Le public de nos visites est en général de catégories sociaux-professionnelles
diplomées.
Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
Mais ce serait une bonne chose d’intensifier les liens et les échanges avec ces structures là.
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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»
Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
UNIVERSITE DE PARIS 1 – PANTHEON SORBONNE
INSTITUT DE RECHERCHE ET D’ETUDES SUPERIEURES DU TOURISME
Nous pouvons considérer l’architecture sous deux grandes formes. L’édifice lui-
même à échelle 1:1 et les documents constitutifs du projet architectural.
Jean-Louis Cohen établi deux types majeurs d’expositions spécifiques à
l’architecture. Ils relèvent de choix muséographiques et d’approches didactiques différentes.
Le premier est le monument à l’échelle 1, qui est une confrontation directe à l’œuvre. Cet
aspect engage soit la condition de l’ « in-situ », soit une réplique ou construction qui demande
des conditions d’espaces difficiles. Le second type est l’exposition par le biais de documents,
artefacts, représentations, multimédias… Les musées d’architecture opèrent le plus souvent ce
choix. La dimension didactique est alors essentielle puisqu’elle construit le discours autour de
thématiques ou catégories : chronologie, nature, esthétique, matériaux…
Cette forme représentative de l’architecture est la plus à même d’exposer au sens
muséal du terme le sujet de l’architecture contemporaine. Il s’agit des documents annexes de
tous projets, outils permettant de créer, visualiser, faire évoluer et présenter le projet. Ils
fournissent traditionnellement le contenu d’une exposition d’architecture. Ils sont à même
d’expliquer, de détailler, de visualiser le projet ou le processus de création et permettent ainsi
une médiation riche et variée.
Le terme contemporain est bien relatif. Il s’agit d’un mot lié à la quatrième
dimension, le temps. Ce qui est contemporain aujourd’hui ne le sera plus pour la génération
suivante. Par définition, l’architecture contemporaine est celle produite aujourd’hui. Les
limites chronologiques évoluent elles aussi, au gré du vivant et de la mort de l’auteur. Ainsi,
1
«tout ce qui est ou peut être exposé, sans distinction de nature, qu’il s’agisse d’original ou de
reproduction, d’objet à deux ou à trois dimensions, d’objet d’art ou d’objet utilitaire, de statue, de peinture, de
gravure, d’outil, de machine, de modèle, de photo… », dans GOB André, DROUGUET Noémie, La muséologie,
histoire, développements, enjeux actuels, Paris, Armand Colin, 2003, p.105.
2
Terme de Duncan Cameron dans sa classification des expôts.
L’événementiel est une part importante des lieux d’expositions ; festivals, biennales,
prix d’architecture… Ils sont autant de manifestations propices à évoquer la production
architecturale de leur territoire.
La Biennale de Venise (29 août- 21 novembre 2010 - 12e édition) est sans doute la
plus connue et la plus ancienne, après les Expositions Universelles. Elle concerne les arts
contemporains en développant plusieurs thématiques (danse, cinéma, musique, théâtre et
architecture). La première Biennale de Venise a eu lieu en 1895 ; l’architecture a été intégrée
au programme en 1980. La dernière Biennale d’Architecture a attirée près de 130 000
visiteurs internationaux.
A l’échelle locale aussi on observe ce phénomène à travers des manifestations de
moindre envergure. En 2008, la MA en Ile-de-France a organisé son premier festival
d’architecture, axé sur le grand public Dehors Paris. L’association Champs Libres organise
cette année pour la première fois un festival à Montpellier Architectures Vives. De même,
depuis 2004, la biennale d’architecture Agora se déroule à Bordeaux.
Un marché s’est développé autour des grands architectes contemporains : tourisme
autour de ces productions spectaculaires, publications nombreuses dans la presse spécialisée
et aussi création de Prix d’architecture. Ceux-ci confèrent prestige et légitimité aux agences
concernées. Le plus prestigieux est le Prix Pritzker, remis chaque année depuis 1979.
D’autres prix, internationaux et nationaux existent ; ce sont de véritables tremplins pour
l’agence primée. En France, chaque année le Prix de l’Equerre d’Argent récompense un
bâtiment achevé cette même année sur le sol français, sous la direction de la revue réputée Le
Moniteur. D’autres Prix ont moins d’envergure mais ne sont pas moins convoités : pour
exemple, les AJAP (Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes) est un prix initié par la
DAPA en collaboration avec la Cité de l’Architecture et du Patrimoine primant une vingtaine
de lauréats d’architectes « jeunes talents » de moins de 35 ans. L’opération s’accompagne
d’une exposition relayée par un lieu d’interprétation. Celle des AJAP est itinérante et parcoure
la France à travers les CAUE ou les Maisons de l’Architecture, obtenant ainsi une visibilité à
l’échelle du territoire national. Les prix Mies Van Der Rohe, l’Equerre d’Argent et les AJAP
sont exposés à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Le Pavillon de l’Arsenal a été
récemment initiateur d’un nouveau prix d’architecture, reflétant par là le succès auprès du
grand public que ce principe peut susciter. Et c’est précisément la politique de cette opération,
intitulée Prix Grand Public des Architectures contemporaines de la Métropole Parisienne.
3
Site Internet officiel : www.legrandparis.culture.gouv.fr.
Le site web du Comité Régional du Tourisme propose aux visiteurs des balades
thématiques gratuites avec pour thème l’architecture contemporaine6. L’accroche pour cette
visite joue sur le spectaculaire et l’audace par la hauteur des architectures… Quatre parcours
sont proposés dans l’onglet « balades » autour de quatre thématiques très en vogue
actuellement. Le CRT* a judicieusement choisi d’axer les balades autour de : « l’architecture
spectaculaire », « les matériaux à l’honneur », « les grand architectes », « quand
4
Site web officiel : www.architecturedecollection.fr.
5
Sept parcours sont proposés par des historiennes de l’art : 1 : l’architecture moderne à Boulogne-
Billancourt et l’atelier de Le Corbusier. 2 : les ateliers d’artistes et villas du 14e arrondissement. 3 : l’architecture
moderne dans le 16e arrondissement et la Villa La Roche de Le Corbusier. 4 : l’architecture contemporaine de la
ZAC Seine Rive Gauche dans le 13e arrondissement. 5 : les ateliers d’artistes du 18e arrondissement. 6 : le
boulevard Raspail. 7 : la ZAC Paris – Bercy.
6
Page web : http://www.nouveau-paris-ile-de-france.fr/guides-paris/envie-de/architecture-
contemporaine/balades/l-architecture-spectaculaire-63650.html
Au cours de mon étude, j’ai identifié quatre lieux d’exposition institutionnels dédiés
à l’architecture contemporaine à Paris
La Cité de l’Architecture et du Patrimoine a ouvert ses portes en septembre 2007.
Le projet est fortement politique et a été inauguré par le Président Nicolas Sarkozy.
Aujourd’hui, la Cité de l’Architecture a par exemple exposé la présentation des propositions
des dix architectes pour le projet du Grand Pari(s). La Cité de l’architecture a une dimension
internationale, vitrine de l’architecture française à l’étranger. Elle accueille chaque année
environ 300 000 visiteurs.
Le Pavillon de l’Arsenal a ouvert ses portes en 1988 dans l’ancien Arsenal du XIXe
siècle, près du quartier du Marais et de la Bastille en tant que « centre d’information, de
documentation et d’exposition d’urbanisme et d’architecture de la Ville de Paris ». Il a pour
mission d’exposer l’architecture parisienne. Une exposition permanente au rez-de-chaussée
présente l’histoire urbanistique et architecturale de la ville. L’espace en mezzanine est réservé
aux expositions temporaires. Le site est libre d’accès. Le Pavillon de l’Arsenal est une
association Loi 1901 qui dépend de la Ville de Paris. Il accueille chaque année près de
200 000 visiteurs.
La Maison de l’’Architecture en Ile-de-France a pris place près de la Gare de
l’Est, dans l’ancien couvent des Récollets du XVIIIe siècle, inscrit au titre des Monuments
Historiques (en 1974). Elle se place sous le signe de l’échange, du dialogue et du partage. La
M.A en Ile-de-France est une association Loi 1901 créée en 2004 par l’Ordre des architectes
en Ile-de-France. Le public semble être avant tout des professionnels du domaine, ce qui
semble découler de la spécificité des interventions et au degré poussé des thématiques
proposées.
La Galerie d’Architecture a été créée en 1999 en plein cœur du Marais. Elle est en
accès libre. Elle offre un espace unique, blanc, de 160 mètres carrés scandé de quelques
colonnes et piliers. Elle a ainsi le mérite d’offrir un lieu intimiste, s’inscrivant dans l’esprit
des galeries du quartier. C’est une structure privée de statut S.A.R.L dirigée par Gian Mauro
Maurizio. Elle fonctionne sur un principe de location de l’espace à des agences d’architectes
contemporains français ou internationaux. Cette approche laisse aux architectes le choix de la
scénographie / muséographie, ce qui permet une véritable promotion et diffusion pour
l’agence en question et de l’architecture contemporaine en générale.
Une hypothèse semble émerger de cette étude. Un point qui me semble constituer la
clé de voûte du tourisme d’architecture contemporaine parisien. Il s’agit d’une offre
touristique qui vise un public exigeant et connaisseur, adepte d’une vision au-delà des clichés
et d’un tourisme passif de contemplation. Je crois que cette démarche est possible, et même
suscitée par les offres et produits d’architectures – monuments et lieux d’exposition – à Paris.
Ces espaces semblent servir de points relais, et pourquoi pas de repères ; comme des
portes d’entrées – ou de sorties – jalonnant la capitale. Proposant un discours parallèle,
théorisant, informant, exhibant cette architecture ; ces espaces semblent être un bon contre-
point à l’architecture grandeur nature. Un relai qui offre une vision au-delà du seul
monument, objet fini. Les quatre lieux évoqués tout au long de cette étude sont autant de
catalyseurs pour l’architecture contemporaine qu’un diffuseur vers l’architecture à échelle
1 :1.
On pourrait considérer ces lieux comme des « pôles structurants ». Ce terme
suppose un rôle entrainant des retombées. Des retombées en termes touristiques,
économiques mais aussi afin de susciter un flux, un « va-et-vient » . Chaque site se place à
une échelle différente et en complémentarité. Captant chacun un type de publics particulier –
touristique ou plus local – ils peuvent servir l’architecture contemporaine parisienne dans un
ensemble que l’on peut dénommer le « tourisme d’architecture contemporaine », en
s’attachant à son sens fondamental de mobilités urbaines générées par cette motivation (se
reporter au dossier méthodologique).
Internet est un moyen de communication privilégié, comme nous l’avons identifié
au travers des études de publics. Les sites web institutionnels sont à même de relayer
l’information de produits touristiques d’architecture contemporaine. Celui du Pavillon de
l’Arsenal est le plus développé en ce sens. Il rassemble les visites guidées de Paris (« visitez
Paris ») et permet aux associations ou entreprises de figurer sur la page d’accueil. Cette
occasion légitime aussi le produit proposé et offre la possibilité de rassembler plusieurs offres
en même temps, sous la bannière de l’institution. Aucun site Internet ne rassemble
effectivement les visites guidées ou les architectures contemporaines de Paris (outre les
Promenades Urbaines mais qui n’est pas appliquée qu’à l’architecture contemporaine). Ainsi,
le site du Pavillon de l’Arsenal se fait la vitrine de ce tourisme.
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Pavillon de l’Arsenal : www.pavillon-arsenal.com
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Confédération Internationale des Musées d’Architecture (ICAM) : www.icam-web.org.
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Label « Patrimoine du XXe siècle » : patrimoine-xx.culture.gouv.fr/
Laboratoire Anthropologie et Architecture, ENSA Paris-La Villette : www.laa.archi.fr
Pecha Kucha Global : www.pecha-kucha.org.
Pecha Kucha Paris : www.pechakuchaparis.com
Union Internationale des Architectes : www.uia-architectes.org.
BASES DE DONNEES D’ARCHITECTURES CONTEMPORAINES
Inventaire d’archives d’architectes en ligne : archiwebture.citechaillot.fr.
Bases de données communautaire de l’architecture contemporaine, par le Groupe
Moniteur et le Pavillon de l’Arsenal : www.architopik.com
Portail des lieux d’architecture : www.archireseau.archifr.eu
Portails de l’actualité de l’architecture : www.cyberarchi.com
www.aroots.org
Webguide d’architecture contemporaine : www.archi-guide.com
TOURISME
Agence Architecture de Collection : www.architecturedecollection.fr
Association Promenades Urbaines : www.promenades-urbaines.com
Auto-entreprise « A travers Paris », promenades architecturales : www.atraversparis.com
Comité Régional du Tourisme Ile-de-France : www.nouveau-paris-ile-de-france.fr
Memento du tourisme, édition 2009 : www.tourisme.gouv.fr
Office du Tourisme et des Congrès de Paris : www.parisinfo.com
Paris Balade : www.parisbalades.com
The Guiding Architecture : www.ga-paris.fr