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UNIVERSITE DE PARIS 1 – PANTHEON SORBONNE

INSTITUT DE RECHERCHE ET D’ETUDES SUPERIEURES DU TOURISME

« Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris


Entre monuments et lieux d’expositions »

Mémoire professionnel présenté pour l’obtention du

Diplôme de Paris 1 – Panthéon Sorbonne


MASTER PROFESSIONNEL « TOURISME » (2ème année)
Spécialité Valorisation Touristique des Sites Culturels

Par Betty VERRIERE


betty.verriere@gmail.com

Direction de mémoire assurée par Madame Gravari-Barbas

Membres du jury : Madame Maria Gravari-Barbas


Madame Marie Berducou

Session de juin 2010


Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux
d’expositions

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
Remerciements

Je tiens à remercier les personnes qui m’ont suivie tout au long de l’élaboration de ce
mémoire : ma directrice de mémoire, Madame Maria Gravari-Barbas, directrice de l’IREST,
ainsi que Madame Marie Berducou et Monsieur Sébastien Jacquot, enseignants à l’IREST.
Je remercie également tous les professionnels qui m’ont reçue et écoutée, et dont les
échanges ont été très riches :
Monsieur Gian Mauro Maurizio, directeur de La Galerie d’Architecture ainsi que
Fanchon Pailler, assistante de direction à la même galerie.
Madame Anne Ruelland, directrice du Service des Publics de la Cité de
l’Architecture et du Patrimoine et Isabelle Pellegrin, chargée de missions au Service des
Publics.
Madame Delphine Aboulker, directrice de l’agence Architecture de Collection et
Monsieur Nicolas Rio, fondateur de « A travers Paris ».
Mademoiselle Sophie Lemaire, pour ses conseils méthodologiques et Madame
Martine Verrière pour sa patience.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ............................................................................................................. 3
SOMMAIRE........................................................................................................................... 4
INTRODUCTION.................................................................................................................. 5

CHAPITRE 1 : ARCHITECTURES ET EXPOSITIONS, ENJEUX ET


FONDAMENTAUX .............................................................................................................................. 9

I. L’EXPOSITION D’ARCHITECTURE(S) .......................................................................... 10

II. LE PHENOMENE DE L’ARCHITECTURE CONTEMPORAINE................................. 21

CHAPITRE 2 : DIAGNOSTIC DU TOURISME D’ARCHITECTURE


CONTEMPORAINE A PARIS.......................................................................................................... 26

I. LE TOURISME D’ARCHITECTURE CONTEMPORAINE ........................................... 27

II. LES PRODUITS DE L’ARCHITECTURE CONTEMPORAINE.................................... 35

III. LES LIEUX D’EXPOSITION............................................................................................... 44

IV. LE MARCHE CIBLE ............................................................................................................ 51

CHAPITRE 3 : LES LIEUX D’EXPOSITION D’ARCHITECTURES


CONTEMPORAINES, CLES POUR LE TOURISME D’ARCHITECTURE PARISIEN ?...... 58

I. LA SINGULARITE DES LIEUX D’EXPOSITION PARISIENS ..................................... 60

II. UN ROLE DE CATALYSEUR ET DE DIFFUSEUR ........................................................ 65

III. LES LIMITES ........................................................................................................................ 70

CONCLUSION .................................................................................................................... 75
BIBLIOGRAPHIE............................................................................................................... 78
SITOGRAPHIE ................................................................................................................... 80
GLOSSAIRE ........................................................................................................................ 81
ANNEXES ............................................................................................................................ 82
TABLE DES ILLUSTRATIONS ....................................................................................... 90
TABLE DES ANNEXES ..................................................................................................... 91
TABLE DES MATIERES................................................................................................... 92
RESUME .............................................................................................................................. 95
ABSTRACT.......................................................................................................................... 96

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Introduction

L’architecture contemporaine suscite aujourd’hui curiosité et fascination du grand


public. Les maitres d’œuvre contemporains jouissent de commandes publiques d’envergure
qui viennent redessiner nos cadres de vie urbains. Ils sont des créateurs reconnus, dont la
« griffe architecturale » est exaltée par le biais de l’édifice. L’architecture contemporaine
s’expose, se montre, se médiatise. Cette « communication » se fait de deux manières
différentes et parallèles.

Les réalisations contemporaines viennent de plus en plus marquer visuellement les


grandes métropoles par des projets toujours plus audacieux et clairement revendiqués par
leurs auteurs. Par son échelle monumentale, l’architecture contemporaine s’expose de fait
dans le tissu urbain aux yeux des passants. Elle suscite ainsi une pratique architecturale
spécifique, à l’image d’un musée à ciel ouvert. La ville serait le musée et les architectures en
seraient les œuvres à contempler, à échelle 1 :1. Ce phénomène récent, marquant la fin du
XXe siècle, a entrainé une nouvelle motivation touristique : le tourisme d’architecture
contemporaine. Selon les cas d’études – je pense à l’effet Bilbao par exemple – il tend à se
constituer au travers de la notion nouvelle d’ « architourism ».
Parallèlement, l’architecture s’expose au premier sens du terme dans des lieux
d’interprétation dédié à cette question. Cet acte se fait par le biais de documents
d’architecture : plans, photographie, maquette… L’architecture ne se présente pas ici
directement, elle est représentée et interprétée dans une scénographie et un discours
particuliers.
Quelles sont alors les passerelles entre ces deux manières d’appréhender
l’architecture contemporaine ? Y-a-t-il des renvois particuliers de l’une à l’autre et
réciproquement ? J’aimerais aborder ce questionnement avec un terrain d’études qui est Paris
et sous un angle particulier que semble fournir les lieux d’exposition d’architecture
contemporaine.

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La notion d’ « architourism »
Ce terme a été formulé concernant un type de pratique touristique dans les pays
anglo-saxons en 2002 lors de l’exposition - associée à la conférence - « Architourism :
Architecture as a Destination for Tourism » au Temple Hoyne Buell Center à l’université de
Columbia1 (New-York). Phénomène du XXIe siècle, il découle, selon la conférence menée
par Joan Ockman, de deux évènements déterminants dans l’intérêt porté par les grandes
instances publiques et le grand public à l’architecture contemporaine. Le premier est le
fameux « effet Bilbao » en 1997 qui a prouvé la capacité d’un projet architectural fort à
susciter une nouvelle économie touristique à l’échelle du territoire. Le musée Guggenheim,
œuvre de l’architecte renommé Frank Owen Gehry, est un signal fort et aujourd’hui
identitaire de la ville espagnole pour lequel les gens n’hésitent plus à faire le déplacement. Le
second évènement est survenu en 2001, suite à l’effondrement des Twin Towers de New-
York. Lucy Lippard a mis un nom sur ce besoin de mémoration qui passe par une
visualisation de l’évènement, et qui se traduit logiquement par un projet architectural : le
« tragic tourism ». Celui-ci transpose les traces d’un évènement tragique en marque
mémorielle qui se fait architecturale. Ces deux dates marquent un tournant pour l’architecture
contemporaine qui se voit alors investie d’un rôle politique et surtout moteur d’économie
touristique.
Lors de la conférence, quatre motivations ont été identifiées : l’authentique ;
l’exotique ; le spectaculaire ; l’évasion. Ces quatre thématiques sont les valeurs ou
motivations associées à l’architecture contemporaine, susceptibles de déclencher un voyage
ou un déplacement. La création architecturale se doit d’être reconnaissable, typique d’un site
ou d’une destination. Mitchell Schwarzer explique lors de son intervention à la conférence le
besoin de collecter des souvenirs par les touristes2. A ce titre, l’expérience architecturale
devient également l’emblème d’une ville, incontournable au même titre que son patrimoine
culturel. Elle fait dorénavant partie de la panoplie ; du « kit touristique » à ne pas manquer.

1
OCKMAN Joan (sous la direction de), FRAUSTRO Salomon (sous la direction de), Architourism :
authentic, escapist, exotic, spectacular, Prestel, 2006.
2
Il se fait essentiellement par la photographie, depuis un point de vue défini et caractéristique de
« l’idée » que l’on se fait d’une ville. Les belvédères expriment bien cet aspect offrant des points de vue
« uniques ». On peut également appliquer cette formule à l’architecture contemporaine. Ainsi, il s’agit d’une
première approche, donc une première familiarité envers la création architecturale contemporaine. Les
spectateurs recherchent une expérience authentique (unique), exotique (caractéristique d’un site), spectaculaire
(impressionnante) et synonyme d’évasion (du rêve)…

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L’« architourism » défini pour la première fois à travers cette conférence, a permis
d’envisager l’architecture contemporaine aujourd’hui comme une destination – au sens
touristique du terme – à part entière. Elle tend à devenir un produit « marketable ». De plus, la
création architecturale est étroitement associée à son auteur, nouvelle star contemporaine de
l’art. Dans le cadre de la problématique ici développée nous ne nous intéresserons pas à la
légitimité de ce phénomène ni à la typologie architecturale que ces « œuvres » tendent à
produire.

Le cas parisien
A l’heure où cette notion d’ « architourism » émerge principalement dans les pays
anglo-saxons, qu’en est-il du cas parisien ? Ville Lumière, Paris est plutôt connue pour son
patrimoine historique que contemporain. J’aimerais ainsi explorer cette question dans un
contexte où l’architecture contemporaine semble avoir du mal à se faire une place et ne va pas
de soi pour cette destination. Face à Londres, Berlin, Oslo ou même Barcelone, comment se
place la capitale française dans ce phénomène ?
Paris est jalonnée d’édifices qui font aujourd’hui œuvre reconnue d’architecture
contemporaine et d’un nombre important de lieux dédiés à la question de cette production. Un
lieu emblématique a rouvert ses portes en 2007 ; la Cité de l’Architecture et du Patrimoine,
qui rassemble en ses murs l’Architecture française sous toutes ses formes et de toutes les
époques, ou presque. Outre ce musée aujourd’hui clairement intégré aux parcours et guides
touristiques, d’autres sites institutionnels, plus petits, sont aussi dédiés à l’architecture
contemporaine : Le Pavillon de l’Arsenal, la Maison de l’Architecture en Ile-de-France ou
encore la Galerie d’Architecture.
Comment alors envisager le tourisme d’architecture contemporaine à Paris dans un
contexte historique aussi prégnant ? Quelles en sont les potentialités et quelles opportunités en
termes de pratiques architecturales pourrait-on développer ? Enfin, quels rapports établir entre
ces lieux « indirects » et le monument contemporain lui-même ?

A travers cette étude, je tente d’observer comment les lieux d’exposition dédiés à
l’architecture contemporaine renvoient les visiteurs vers les offres touristiques de
l’architecture contemporaine et à l’architecture à échelle 1 :1. Il s’agit d’une question
d’articulation, se situant à la charnière de deux champs de recherche : d’une part l’exposition

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d’architecture et son lieu, et d’autre part le tourisme d’architecture contemporaine, une
catégorie spécialisée.
Je développerai le discours en trois parties. L’exposition de l’architecture prend ses
origines dès le XVIe siècle. Elle s’est formalisée au travers de temps forts historiques sur
lesquels nous reviendrons brièvement dans la première partie. Nous comprendrons les
fondements de l’exposition d’architecture(s) et ses problématiques. Dans un deuxième temps,
il est nécessaire, afin de définir - ou tout du moins de circonscrire -, le tourisme d’architecture
contemporaine à Paris d’établir un diagnostic du terrain d’études et de ses offres. Cette
approche est l’occasion de mieux cerner, d’une part les visiteurs, et d’autre part de faire un
point sur les produits existants. La dernière partie rassemble les observations qui ont émergées
auparavant afin de faire aboutir la problématique et d’envisager les lieux d’exposition comme
des pôles pour le tourisme d’architecture contemporaine parisien.

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Chapitre 1 : Architectures et expositions, enjeux et
fondamentaux

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I. L’EXPOSITION D’ARCHITECTURE(S)

L’architecture qui s’expose devient de fait « objet ». Objet singulier qui se montre.
Elle passe de son statut fondamental de contenant à celui de contenu. Elle se fait sujet
d’exposition par le biais souvent de documents représentatifs. Il est difficile alors de parler
d’une architecture exposée au sens muséal du terme, puisque celle-ci peut difficilement
s’intégrer à l’échelle d’un autre lieu… L’exposition d’architecture sonnerait-elle faux ? Il
s’agit de bien distinguer l’architecture elle-même, qui s’expose en soit dans un cadre qu’est
son contexte urbain, et l’exposition d’architectures contemporaines, au pluriel, que sont les
objets découlant du projet architectural et montrés dans une exposition.

1. Rappel historique

a. Du XVIe au XVIIIe siècle

La première forme d’exposition d’architecture s’est faite par la constitution de


collections en tant qu’objets d’études au cours du XVIe siècle. C’est l’époque des grandes
découvertes et des cabinets de curiosités qui entrainent une frénésie du collectionnisme. Les
antiquaires et amateurs s’intéressaient essentiellement – dans le contexte de la Renaissance –
aux antiques. Les vestiges gréco-romains sont étudiés et génèrent ainsi une production de
relevés – dessins, gravures plans ou lithographies – par les contemporains. Ainsi, la première
forme d’exposition d’architecture s’est faite par le biais de cette iconographie riche. Ces
livres, véritables recueils d’images, constituent la première forme de conservation et de
documentation de l’architecture passée, tel un musée « d’architecture de papier ». D’autre
part, quelques amateurs érudits commencent à l’occasion de leurs voyages à ramener des
fragments, morceaux d’architectures, par prélèvements intentionnels ou non. L’architecte
travaillait à l’aide de plans et de maquettes, véritables architectures miniatures de bois. Très
peu nous sont parvenus.

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La collection d’architecture se développe surtout au cours des XVIIe et XVIIIe
siècles par le biais de la pratique du Grand Tour dont ses premiers touristes rapportent
souvenirs et autres bribes de leur parcours : peintures, vedute ou copies de plâtre. Néanmoins,
ces premières collections d’architectures ne s’exposaient pas aux yeux du grand public. Il
s’agissait de « trésors » privés que seuls les proches ou invités de marque pouvaient admirer
au sein de la galerie personnelle du propriétaire.
Parallèlement, c’est au XVIIIe siècle que s’ouvrent les premiers « musées
d’architecture ». En France, le musée des monuments français d’Alexandre Lenoir ouvre ses
portes au public en 17963. En réaction aux actes de vandalisme de la Révolution, la collection
est fondée sur le dépôt du couvent des Petits-Augustins ; elle rassemble ainsi divers morceaux
d’architectures et sculptures de l’Ancien Régime. C’est la naissance de la notion de
Patrimoine. Lenoir a agit dans une motivation première de préservation d’urgence ; son
Journal évoque même le terme de « débris »… L’innovation de ce musée réside dans le fait
que le site est ouvert au grand public, suscitant ainsi curiosité sur des « objets » encore très
connotés. L’organisation s’est faite chronologiquement dans un but d’éducation des citoyens
et pour la première fois dans une mise en scène symbolique allant d’une ambiance sombre
aux salles de plus en plus lumineuses.

b. Le XIXe siècle et les Expositions Universelles

Le XIXe siècle est marqué par la Révolution Industrielle et ses grandes Expositions
Universelles. Le coup d’envoi a été lancé en 1851 à Londres au Crystal Palace conçu pour
l’occasion par Joseph Paxton – premier manifeste d’une architecture moderne de fer et de
verre inspirée des serres royales. C’est l’inauguration des « bâtiments-manifeste » construits
pour l’occasion et dont l’esthétique se veut la plus moderne possible. Il s’agit d’une
architecture de représentation qui se fait emblème de la nation. Ces constructions n’avaient
pas pour vocation de durer au-delà de l’exposition. Quelques bâtiments ont néanmoins
survécu grâce au succès rencontré : la Tour Eiffel en 1889, le Pavillon de l’Allemagne de
Mies Van Der Rohe aujourd’hui reconstitué à Barcelone (figure 1), ou encore le Village
Espagnol représentant l’architecture typique de chaque région lors de l’Exposition Universelle
de 1929. Pour la plupart, seuls les documents annexes permettent de s’en faire une
représentation : cartes postales, photographies… A Paris, on conserve le Grand et le Petit

3
PATIN Valéry, Tourisme et patrimoine, Paris, La Documentation Française, 2005 p. 14.

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Palais de 1900 (figure 2), l’ancien Palais des Colonies de 1931, le Palais de Chaillot, ou
encore le Palais de Tokyo de 1937.
Dès le XIXe siècle, ces manifestations d’envergure ont connu un grand succès
touristique. Cet afflux a rapidement été un vecteur d’image de marque pour le pays, et pour la
première fois, l’intérêt se porte sur une architecture qui est contemporaine. Ces expositions
perdurent au XXe siècle et laissent également quelques traces à chaque manifestation.
Bruxelles a ainsi conservé l’Atomium, pavillon de la Belgique, lors de l’Exposition de 1958
(figure 3). Il est aujourd’hui un monument incontournable lors de la visite de la ville ; au
même titre que la Grand-Place ou le Manneken Pis ; il fait partie du patrimoine belge.

1. Le Pavillon de Mies Van der Rohe, Exposition Universelle de 1929, Barcelone (© BV).
2. Le Grand Palais, Exposition Universelle de 1900, Paris (source web : wikimedia commons).
3. L’Atomium, Exposition Universelle et Internationale de 1958, Bruxelles (source web : id.).

c. Le tournant des années 1980 : l’émergence des lieux


d’exposition

Les années 1980 marquent un intérêt renouvelé pour l’architecture après la


Reconstruction d’après-guerre, plutôt préoccupée par une production de besoin et utilitaire.
En France, les lieux dédiés à l’architecture contemporaine ne sont pas si nombreux, outre le
réseau des trente-deux Maisons de l’Architecture. On en dénombre au total une quarantaine
concernant l’architecture contemporaine uniquement (annexe A).
Cet ensemble ne considère pas les lieux de documentation dépourvus de vocation
d’exposition telle que la médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine dépendante de la
DAPA ou l’Académie d’Architecture qui a pour activité essentielle des conférences et
séminaires. D’autres structures ne sont pas entièrement dédiées à ce champ là mais possèdent
des collections d’architecture et / ou présentent régulièrement des expositions sur un
architecte contemporain. C’est le cas du Centre Georges Pompidou à Paris que je ne
développerai pas dans le cadre de cette étude. Néanmoins, il occupe une place prépondérante
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pour le sujet, tant pour son bâtiment que pour sa programmation régulièrement orientée sur
l’actualité architecturale.

L’un des premiers espaces fondé pour l’exposition de l’architecture contemporaine


en France est Arc-en-Rêve, Centre d’architecture à Bordeaux. Cette association a été créée en
1981 et fait toujours aujourd’hui référence dans le domaine de l’exposition d’architecture.
Elle a pour mission de sensibiliser le grand public à l’architecture associée aux thématiques de
la ville, du paysage et du design.
Le FRAC Centre à Orléans (Fonds Régional d’Art Contemporain) a fait le choix
depuis sa création en 1991 de développer une collection spécialisée prioritairement dans
l’architecture contemporaine. Il possède aujourd’hui une collection d’environ 700 maquettes
d’architecture, 10 000 dessins et autres œuvres liés à la production architecturale de recherche
depuis 1950. Le FRAC* développe des expositions de qualité ainsi qu’un système de prêts
pour des expositions d’envergure à l’international. Le site se conçoit plus comme un espace
de réflexion unissant architecture et art de notre époque, tout en constituant un véritable fonds
de collection, au même titre qu’un musée traditionnel.
Citons également le musée urbain de Tony Garnier à Lyon, opération lancée en
1985. Il a pour originalité d’être le seul à présenter l’architecture en grandeur nature. Le
« musée » prend donc une forme originale : il s’agit en fait d’un parcours à ciel ouvert autour
de vingt-cinq murs peints de la cité HBM (Habitations Bon Marché) des Etats-Unis.
A Paris, on ne dénombre pas moins de quatre lieux de présentation de l’architecture
contemporaine. Il s’agit de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, du Pavillon de
l’Arsenal, de la Maison de l’Architecture en Ile-de-France et de la Galerie d’Architecture.
Nous reviendrons plus précisément sur ces lieux dans la partie suivante.

4. Ouverture des lieux


d’exposition d’architectures
contemporaines en France.

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Trente-deux Maisons de l’Architecture ont été créées depuis les années 1980 sous
l’initiative des architectes. Elles sont réunies sous la tutelle de l’association Loi 1901 du
Réseau des MA4 dont le siège se trouve à la Tour Montparnasse à Paris. La volonté de doter
systématiquement chaque région d’un site dédié à l’architecture reflète bien un intérêt qui se
généralise quant à la production architecturale ainsi que le besoin de médiation auprès des
habitants. La démarche se place donc à une échelle locale, dans un positionnement de
proximité. Le réseau fonctionne grâce aux soutiens du Ministère de la Culture et de l’Ordre
des Architectes. De statuts variés, les Maisons de l’Architecture sont très diverses, tant dans
leurs formes que dans leurs pratiques. Toutes n’ont pas de lieu fixe, certaines fonctionnent sur
des expositions, d’autres sur une activité de débats et colloques, ou encore par l’organisation
de visites d’architectures ou ateliers pédagogiques.

d. Architecture contemporaine et patrimoine

Depuis la prise de conscience de la notion de patrimoine, les Monuments Historiques


ont la faveur des visiteurs. Dès la fin du XIXe siècle ils déplacent les foules et sont la
motivation principale encore aujourd’hui devant les musées. Le monument est omniprésent
dans la cité, il est l’occasion d’une visite agréable, en plein air, suscitant ambiances et
dépaysement.
Depuis quelques décennies, la notion de patrimoine s’est élargie5 ; elle s’est étendue
à de nouvelles catégories aboutissant à une multiplication des patrimoines. Ce phénomène,
comme l’explique Françoise Choay est une réponse à notre société de plus en plus rapide où
dans un contexte de consommations éphémères toujours plus prégnant, un besoin de repère,
de racines, s’exprime par cet intérêt pour les « choses » du passé6. Musées, Centres de
création, Cité ou Centre d’interprétation fleurissent. Ce phénomène de « muséomanie » voire
de muséofolie7 comme l’avait souligné Emmanuel de Roux envahit nos sphères urbaines, tel
un apanage systématique pour toute grande ville qui se respecte.

4
Site web officiel : www.ma-lereseau.org.
5
Dans CHOAY Françoise, l’Allégorie du Patrimoine,
6
Depuis les écomusées des années 1970, le patrimoine conserve et concerne maintenant des domaines
de plus en plus spécifiques, aussi bien par ses thématiques que par sa chronologie : le patrimoine industriel par
exemple, ou encore les arts populaires. En 2003, le patrimoine immatériel est reconnu par l’UNESCO. On a vu
aussi une prise de conscience pour le patrimoine rural que l’on a catégorisé et stigmatisé dans le terme de « petit
patrimoine ».
7
Ce terme a été employé pour la première en 1988 par Emmanuel de Roux, dans le journal Le Monde
(14 janvier 1988).

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La frontière semble de plus en plus proche de la sphère contemporaine.
L’architecture suscite intérêt et fascination ; elle façonne nos villes, modifie les PLU.
L’étroite collaboration des grands projets d’architecture aux politiques de l’Etat et des villes
pousse à une communication médiatique forte. L’architecture se fait instrument des politiques
publiques, reflet de la « bonne santé » d’une société. Depuis l’effet Bilbao, l’architecture est
un moyen de promotion, devenue image symbolique d’une ville qui entraine tourisme et
retombées économiques. Chaque président se doit d’entreprendre un grand chantier, reflet
d’un gouvernement dynamique et laissant une « marque ». Valéry Giscard d’Estaing a initié
le musée d’Orsay, Jacques Chirac a lancé le musée du Quai Branly et François Mitterrand a
(re)lancé cette politique avec la pyramide du musée du Louvre (figure 5). Quel meilleur
exemple pour exprimer l’arrivée de l’architecture contemporaine au cœur de la capitale
parisienne ? L’insertion dans un contexte historique fort s’est faite ici brutalement. La
confrontation entre patrimoine et contemporain est directe, sans détours. La réception auprès
des parisiens et des touristes n’a pas été aisée au départ. Mais moins de vingt ans après, la
pyramide de verre est déjà inscrite dans la mémoire du lieu. Elle est aujourd’hui devenue le
symbole du Louvre, accédant au statut de monument parisien.

5. La Pyramide du musée du Louvre (© BV)

A cet effet, l’architecture contemporaine, et plus largement celle du XXe siècle, est
aujourd’hui intégrée aux démarches de protection en tant que Monuments Historiques. Elle
représente aujourd’hui une catégorie à part entière. 17% des Monuments historiques, inscrits
ou classés, relèvent de l’époque contemporaine (figure 6). A ce titre, en 2005, l’UNESCO
inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité un site reconstruit après-guerre par Auguste
Perret : Le Havre. D’autre part, l’architecture moderne et contemporaine fait aussi l’objet
depuis 1999 d’une labellisation spécifique mise en place par le Ministère de la Culture :

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Patrimoine du XXe siècle, label attribué à l’échelle régionale8. Ces mesures reflètent l’intérêt
porté à cette production par les professionnels qui la reconnaissent dès lors « digne d’intérêt ».
Ces appellations véhiculent une légitimité aux yeux du grand public.

Epoque
Contemporaine 17%
(XIX-XXIe siècles)
Epoque Moderne
(XVI-XVIIIe 45%
siècles)

Moyen-Age 33%

Préhistoire -
Antiquité
5%
6. Tableau statistique des Monuments
Historiques (source : chiffre clés de la culture,
Répartition des MH par période
Ministère de la Culture, 2010).

2. L’architecture exposée

Nous pouvons considérer l’architecture sous deux grandes formes. L’édifice lui-
même à échelle 1:1 et les documents constitutifs du projet architectural.

a. Typologies de l’exposition

Jean-Louis Cohen établi deux types majeurs d’expositions spécifiques à


l’architecture. Ils relèvent de choix muséographiques et d’approches didactiques différentes.
Le premier est le monument à l’échelle 1, qui est une confrontation directe à l’œuvre. Cet
aspect engage soit la condition de l’ « in-situ », soit une réplique ou construction qui demande
des conditions d’espaces difficiles. Le second type est l’exposition par le biais de documents,
artefacts, représentations, multimédias… Les musées d’architecture opèrent le plus souvent ce
choix. La dimension didactique est alors essentielle puisqu’elle construit le discours autour de
thématiques ou catégories : chronologie, nature, esthétique, matériaux…
Il semble bien que l’exposition d’architecture, si l’on accepte ce terme faussé, se
place dans ce que l’on dénomme la muséologie de l’idée – à l’inverse de la muséologie de
l’objet9. C’est une interprétation du sujet, une exposition dont le discours prime sur la nature
même des œuvres montrées. Avec l’architecture, nous sommes d’autant plus dans

8
Site web officiel recensant la liste des édifices labellisés : patrimoine-xx.culture.gouv.fr.
9
GOB André, DROUGUET Noémie, La muséologie, histoire, développements, enjeux actuels,
Collection U, Paris, Armand Colin, 2003, p.106.

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l’interprétation (l’exposition) d’interprétations (les objets d’architecture)… C’est l’exposition
qui donne sens au sujet. Une vision qui peut sembler bien indirecte mais qui offre des
possibilités didactiques et de critiques fondamentales pour le domaine de l’architecture. Il faut
garder à l’esprit qu’une exposition d’architecture propose avant tout un regard sur un édifice
ou un architecte, qui se situe ailleurs. L’exposition est entendu dans le cadre de cette étude
comme outil de communication, tel que l’envisage Jean Davallon : « un dispositif résultant
d’un agencement des choses dans un espace avec l’intention (constitutive) de rendre celles-ci
accessibles à des sujets sociaux »10. On peut alors considérer que la valeur d’exposition est
exacerbée dans l’exposition d’architecture11. Le discours qui est construit forge l’image
donnée du sujet ; il interprète, oriente, explique à sa manière, dans telle ou telle scénographie.
Il propose une certaine vision de l’architecture par le biais d’un choix de documents, d’expôts
et de muséographie.

b. L’édifice

L’architecture est avant tout un bâtiment, un édifice. Certains monuments ont ainsi
traversé les siècles pour leur intérêt historique, symbolique ou esthétique. Par le biais des
Expositions Universelles, des productions architecturales ont été l’occasion d’une
expérimentation, le temps d’une manifestation. Ces architectures factices ne sont pas vouées à
perdurer mais certaines ont été préservées pour leur intérêt. Ces bâtiments-manifeste
« représentent », ils sont l’effigie d’un pays. Dans ce cas, le contexte in situ de l’édifice a peu
de sens, une décontextualisation est possible sans pour autant trop altérer son sens (comme ce
fût le cas pour le Pavillon Mies Van Der Rohe à Barcelone).
Quelques architectures du XXe siècle se sont pérennisées par la voie d’une
« muséification ». Beaucoup se transforment en fondations ou musées. Citons pour exemple
la villa La Roche, gérée par la fondation Le Corbusier12. L’échelle 1 induit une visite in situ
du monument. Le musée urbain de Tony Garnier respecte bien à cet égard l’approche
architecturale de l’œuvre, en restant dans son cadre originel qu’est la ville. L’architecture en
soi ne peut logiquement s’exposer en un lieu fermé. Elle est le contenant, et donc se conçoit

10
DAVALLON Jean, L’exposition à l’œuvre, Paris, L’Harmattan, 1999, p.11.
11
Dans Walter BENJAMIN, L’œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique, 1936, d’après
GLICENSTEIN Jérôme, L’art : une histoire d’expositions, PUF, Paris, 2009 p.222.
12
La Fondation le Corbusier siège à la Villa Jeanneret, maison mitoyenne de la villa La Roche
(www.fondationlecorbusier.fr). Elle rassemble et expose les archives de l’architecte ; elle gère également et
propose la visite des édifices suivants : la villa La Roche, l’appartement-atelier de Le Corbusier dans l’immeuble
Le Molitor et la villa Le Lac (Suisse).

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


17
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difficilement comme contenu. La meilleure appréhension qui soit, et prônée par les
architectes est celle-ci ; elle est dans son contexte et à son échelle.

c. Des morceaux et des documents

Cette forme représentative de l’architecture est la plus à même d’exposer au sens


muséal du terme le sujet de l’architecture contemporaine. Il s’agit des documents annexes de
tous projets, outils permettant de créer, visualiser, faire évoluer et présenter le projet. On peut
les catégoriser en trois sortes13 :
- Les morceaux ou bribes de l’architecture échelle 1. Ces « parties de » sont les seuls
« vrais objets » d’une exposition d’architecture, considérés alors comme témoins ou comme
vestiges. Ils apportent la dimension authentique par leur forme ou leur matériau.
- Les documents dérivés du projet architectural lui-même : ce sont les plans, et
maquettes, productions de l’architecte au cours du processus de création. Ils sont avant tout
des outils professionnels, parfois difficiles d’accès pour les néophytes. Ils fournissent un panel
riche de présentation.
- Les outils de médiation produits autour du projet à l’occasion d’une exposition : la
vidéo, la photographie, l’édition… Tous supports accompagnant l’exposition dans un but de
compréhension.
Ils fournissent traditionnellement le contenu d’une exposition d’architecture. Ils sont
à même d’expliquer, de détailler, de visualiser le projet ou le processus de création et
permettent ainsi une médiation riche et variée.

Le plan
Le plan est l’outil fondamental de l’architecte. Il explique en détail le projet aux
regards du maître d’ouvrage, des ingénieurs et des fabricants. Il se développe sous plusieurs
points de vue : le plan masse, la coupe transversale et la coupe longitudinale. De plus, il
s’opère à plusieurs échelles : l’échelle urbaine, ou dessin de situation (1/1000e), l’échelle de
construction (1/50e) et l’échelle de détail (1/20e). Il permet aussi de comprendre les
agencements intérieurs invisibles depuis l’extérieur, et d’en comprendre les subtilités.

13
Au-delà de l’architecture contemporaine, on pourrait y ajouter un quatrième type : l’iconographie
d’un édifice produite par un non-contemporain tels que les photographies, lithographies ou relevés et dessins,
véritables témoignages historiques à un moment donné. Citons par exemple la photographie documentaire
d’Eugène Atget qui a immortalisé le Paris de la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


18
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La maquette
Elle est de plus en plus présente au sein des expositions. Grâce à son approche
volumétrique elle est un bon moyen pour saisir l’architecture dans ses trois dimensions, à
échelle réduite. Le visiteur peut se mouvoir autour, mieux percevoir les intentions. La
maquette propose une synthèse, plus ou moins graphique de l’objet architectural. Certaines
sont même de véritables pièces de collection. Les nouvelles technologies permettent des
rendus très précis et voire même assez séducteurs pour une opération de communication.
Citons pour exemple les maquettes que l’agence Code Architecture a présentées lors de leur
exposition à la Galerie d’Architecture (annexe B). La maquette d’architecture est aussi un
outil de travail pour l’architecte, elle se fait à plusieurs échelles. Elle une interprétation, et non
une copie fidèle de ce que sera l’architecture. Elle se fait plus ou moins abstraite, plus ou
moins graphique, et plus ou moins détaillée. La maquette de principe insère l’édifice dans son
contexte : ce sont les échelles d’urbanisme et de topographie (de 1/1000 à 1/500). Vient
ensuite la maquette d’architecture (1/200 jusqu’à 1/50) qui est l’échelle la plus pertinente pour
présenter un projet. Enfin, les maquettes de détails et d’espaces intérieurs se font à partir de
l’échelle 1/20. .

La photographie d’architecture
Elle est un moyen de plus en plus développé. En écho aux images de synthèses de
plus en plus utilisées et surtout de plus en plus séductrices, elle permet de bien visualiser
l’objet. La photographie d’architecture produit une image, vendeuse et icône. Elle est une
véritable opération de séduction et facile d’accès pour le grand public Elle peut se distinguer
en deux genres : les images numériques illustrant les projets futurs, et la photographie
d’architectures déjà réalisées.
Aujourd’hui, elle tend même à se constituer en genre autonome. Quelques noms de
photographes émergent, par exemple Hervé Abbadie pour ses photographies de chantiers,
Stéphane Couturier pour ses « archéologies urbaines » de façadisme parisien ou encore Luc
Boegly, très demandés des agences d’architecture. Elle est le plus souvent utilisée dans la
presse spécialisée, revues d’architectures et d’urbanisme, mais aussi parfois en tant que sujet
même d’une exposition. L’agence MMW n’a pas hésité à en faire le seul moyen de médiation
de leur exposition (annexe C).

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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La vidéo
Ce moyen vient compléter l’exposition. Elle permet la plupart du temps de visualiser
l’évolution d’un projet. Elle propose aussi de plus en plus une interview de l’architecte qui
révèle bien souvent sa démarche personnelle, processus difficile à appréhender pour le grand
public. Elle est aussi l’occasion de procurer des archives pédagogiques.

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II. LE PHENOMENE DE L’ARCHITECTURE
CONTEMPORAINE

1. Paradoxes et ambiguïtés de l’exposition d’architecture

a. La dimension « contemporaine »

Le terme contemporain est bien relatif. Il s’agit d’un mot lié à la quatrième
dimension, le temps. Ce qui est contemporain aujourd’hui ne le sera plus pour la génération
suivante. Par définition, l’architecture contemporaine est celle produite aujourd’hui. Les
limites chronologiques évoluent elles aussi, au gré du vivant et de la mort de l’auteur. Il s’agit
d’un critère qui a déjà fait débat quand on pense au premier musée de l’Orangerie pour les
artistes vivants, sacralisés seulement à leur mort, qui autorisait alors le transfert des œuvres au
temple musée du Louvre… Nous retiendrons cette définition pratique qui permet de
s’intéresser à nos villes en pleines mutations urbaines, redessinées – ou du moins ponctuées –
par nos architectes contemporains Ainsi, le terrain d’études ici envisagé se limitera à
l’architecture moderne et contemporaine des XXe et XXIe siècles. Nous nous intéresserons
aussi particulièrement aux récents aménagements urbains telles que les ZAC* ou les édifices
de la dernière décennie.

b. La question de la représentation : de l’architecture aux


architectures exposées

L’exposition d’architectures contemporaines dans un lieu dédié se fait la plupart du


temps par le biais d’artefacts, de documents annexes constitutifs du projet architectural que
l’on a développé précédemment. Ces objets sont qualifiés d’« expôts »14, terme d’André
Desvallées, d’après celui de Duncan Cameron (exhibit)15. Le terme d’exposition semble alors

14
«tout ce qui est ou peut être exposé, sans distinction de nature, qu’il s’agisse d’original ou de
reproduction, d’objet à deux ou à trois dimensions, d’objet d’art ou d’objet utilitaire, de statue, de peinture, de
gravure, d’outil, de machine, de modèle, de photo… », dans GOB André, DROUGUET Noémie, La muséologie,
histoire, développements, enjeux actuels, Paris, Armand Colin, 2003, p.105.
15
GOB André, DROUGUET Noémie, La muséologie, histoire, développements, enjeux actuels, Paris,
Armand Colin, 2003, p.105.

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biaisé, voire faussé. Il faut l’entendre au sens de Jean Davallon, comme outil de
communication, car l’exposition d’architectures contemporaines ne présente pas - ou rarement
- des choses réelles16. L’architecture ne peut par nature s’exposer – au sens muséal du terme.
Il s’agit donc d’une représentation de l’architecture. L’exposition d’architectures
contemporaines s’inscrit donc plutôt dans une muséologie de l’idée, dont le message prime
sur l’objet présenté. L’interprétation muséale qui en est faite, scénographie / muséographie et
contenu scientifique, est donc primordiale. L’exposition est le moyen d’exprimer le projet au
grand public, initié ou non. Elle est, grâce aux expôts qui lui sont spécifiques, une incursion
au sein du processus de création de l’architecte. L’architecture est « un art situé » selon
Gwenaël Querrien17, difficile à exprimer fidèlement dans un cadre autre que celui de son
contexte originel.
L’exposition d’architecture se conçoit plus comme une exposition de documentation
à but d’information, de diffusion et parfois de promotion. L’objet dont il est question, c’est-à-
dire l’objet fini ne se contemple qu’in situ, à l’extérieur, et parfois bien loin du site
d’exposition.

c. L’éducation du regard

L’architecture n’est pas un domaine facile. Avant tout une profession, elle est un
métier, avec ses codes, ses règles mais aussi son histoire tant esthétique, sociologique que
politique. « L’architecture » est même un terme qui fait peur. Aujourd’hui, souvent associé à
celui de « design », terme plus accrocheur pour le grand public, l’architecture nous concerne
pourtant tous par son omniprésence. Mais un fossé sépare la vision des professionnels de celui
des amateurs. Ce que l’on pourrait appeler un « bagage culturel initial » est nécessaire à son
appréhension et plaider par les architectes eux-mêmes18. Ils constatent – et c’est une
problématique récurrente dans les colloques et conférences – un manque crucial de culture
architecturale chez le grand public. Cet indicateur19 est flagrant en France selon les
professionnels.

16
Terme de Duncan Cameron dans sa classification des expôts.
17
QUERRIEN Gwenaël, Archiscopie, octobre 2006, n°61.
18
BOUCHIER Martine, 10 clefs pour s’ouvrir à l’architecture, Paris, Archibooks, 2008.
19
Terme sociologique d’Emile Durkheim qu’il faut entendre au sens méthodique comme « ensemble
de phénomènes à fonds de caractères communs ».

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22
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Le principe fondamental peut se résumer ainsi : « l’architecte fait l’architecture,
l’amateur en fait l’expérience ; l’architecte dessine, l’amateur y vit »20. Martine Bouchier
résume simplement en une « méthode », la seule applicable à tous, afin de bien appréhender
l’architecture : sortir, expérimenter, penser. Deux des trois termes peuvent être pratiqués au
sein du lieu d’exposition : penser, expérimenter.

2. L’œuvre et l’architecte

Aujourd’hui, l’architecture contemporaine s’expose de plus en plus à travers les


médias et via des manifestations temporaires d’envergure à succès. On pense de suite en cette
année 2010 à l’Exposition Universelle sous sa forme contemporaine qui se déroule à
Shanghai21. La construction des pavillons est confiée à des architectes de renom, chacun
illustrant son pays. On se trouve en pleine « architecture-spectacle », reflet d’un pays et
porteuse d’une identité22.

a. Architecture-spectacles

La grande architecture du XXIe siècle a vu un tournant phare dans les années 1990.
Le coup d’envoi a été lancé en 1997 avec la première expérience de l’architecte Frank Owen
Gehry à Bilbao. Il offre au regard des passants une archi-sculpture (terme de Maurizio
Fagiolo Dell’Arco) difforme de titanium sur les rives de la Nervion. Cette œuvre
monumentale, parfois qualifiée de coquille vide tant l’architecture du musée prend le pas sur
ses collections, a été possible grâce à l’utilisation du logiciel CATIA, jusqu’alors réservé à
l’aéronautique. Avec cette expérience d’une architecture contemporaine fortement affirmée

20
BOUCHIER Martine, id.
21
L’Exposition Universelle 2010 se déroule du 1er mai au 31 octobre à Shanghai (Chine) autour du
thème « meilleure ville, meilleure vie », reflet des préoccupations contemporaines de la construction et de
l’urbanisme (site officiel : http//fr.expo2010.cn/).
22
Le Pavillon de la France arbore le thème séducteur de la ville sensuelle, à travers une structure
flottante au-dessus d’un bassin d’eau offrant perspectives et jeux de reflets. L’architecture est l’œuvre
collaborative de Jacques Ferrier Architectures, Intégral Ruedi Baur pour la signalétique et l’agence TER et
Georges Sexton Associates pour le paysagisme. Présentation vidéo du Pavillon de la France pour l’Exposition
Universelle de Shangaï, 2010 : http://fr.expo2010.cn/a/20090409/000010_1.htm .

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dans le tissu urbain, un renouveau économique s’est opéré pour la ville. Cet « effet Bilbao »
est depuis très recherché par les métropoles pour l’attractivité touristique qu’elle peut générer.
Le musée de Bilbao est le symbole d’une mutation génétique23 dans l’histoire de
l’architecture.
L’architecture se fait véritablement œuvre d’art monumental, une archi-sculpture qui
oscille entre dématérialisme et éclatement de la forme. Une architecture spectacle qui marque
les esprits par son audace, aussi bien technologiquement que formellement. Le tourisme de
masse est à l’affût de cette expérience artistique spontanée comme temps fort du voyage qui
se trouve aisément dans cette architecture performative24.
L’architecture-spectacle produit des objets singuliers dans une monumentalité parfois
critiquée. Ce point est le cœur d’un débat contemporain qui conduit parfois à accuser ces
archi-sculptures d’être des coquilles vides ou des cénotaphes… Cet aspect me semble
intéressant à souligner dans le cadre d’une pratique touristique. Le tourisme d’architecture
contemporaine se placerait-il dans une contemplation « passive » d’un objet ?

b. La reconnaissance de l’architecte star

Depuis quelques décennies, l’image de l’architecte créateur a été reconnue et placée


au-devant de la scène. Grace aux grandes révolutions technologiques du XXe siècle, et
notamment numériques, le geste architectural est exalté. La griffe du créateur transparait et est
recherchée par toute politique publique qui entreprend un projet de bâtiment public. Parfois,
plus qu’un édifice, le maître d’ouvrage recherche une signature architecturale. C’est ainsi que
certaines agences ont une réputation qui les précède. C’est le cas d’AJN, les Ateliers Jean
Nouvel. Il est connu aujourd’hui autant du grand public que des professionnels. Une œuvre de
Frank O. Gehry se reconnaît instantanément ; de même que les architectures de Richard Meier
avec ses plaques blanches, ou encore le travail de Rudy Ricciotti pour l’emploi du noir et la
poétique qui s’en dégage. Intimement lié à des architectures qui font œuvres, le nom de
l’architecte est celui de l’artiste. On parle de « starchitecture » tant celle-ci peut être
significative ; elle s’inscrit dans un système marketing de marque et de reconnaissance25. Les
architectes contemporains sont devenus des personnalités connues du grand public. Ils sont

23
Terme de Franco Purini, architecte et auteur italien. Dans SUMA Stefania, Musées 2, architectures,
2000-2007, Arles, Actes-Sud, 2008.
24
SUMA Stefania, id.
25
SUMA Stéfania, ibid.

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ainsi la source d’un marché foisonnant : édition d’architecture, interventions médiatiques,
conférences réputées, expositions à succès… Le nom de l’architecte devient lui-même un
produit qui fait vendre, qui attire les curieux et qui déplace les foules.

c. Des archives d’architecture

Parallèlement à la reconnaissance de l’architecte contemporain et à la production


d’architectures œuvres d’art, nous constatons le recollement, parfois systématique, des
documents produits par les architectes – plans, dessins, croquis, maquettes – au sein d’un
musée, d’une fondation ou de centres d’archives. Ces « objets » découlant du projet
architectural sont aujourd’hui de plus en plus collectionnés et recherchés. Ce phénomène
récent marque le passage des ces outils de travail à un statut plus élevé qui est celui d’une
œuvre à part entière. Leur valeur documentaire est augmentée par une
valeur d’art intrinsèque.
A ce titre, plusieurs initiatives reflètent cet engouement actuel.
Une base de données numérique a été constituée par l’IFA* en 1997
répertoriant les travaux des architectes des XXe et XXIe siècles :
Archiwebture. Elle rassemble les documents du projet architectural, seules
traces du processus de création. De même, la Cité de l’Architecture a
acquis récemment la maquette du Pavillon français de l’Exposition de
Shanghai. Actuellement, la fondation Pierre Bergé est en train de mettre
en place un nouveau département au sein de sa maison de vente dédié à
l’architecture. Dans cette veine d’exposition-vente, la Cité de
l’Architecture présentera du 16 au 18 octobre des dessins d’architectes. La
Galerie d’Architecture a organisé quant à elle une exposition – vente de
dessins et maquettes d’architectes de renom (figure 7).

7. Plaquette pour l’exposition – vente de dessins et maquettes d’architecte, La


Galerie d’Architecture, du 9 au 11 octobre 2010 (source : La Galerie d’architecture).

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Chapitre 2 : Diagnostic du tourisme d’architecture
contemporaine à Paris

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I. LE TOURISME D’ARCHITECTURE
CONTEMPORAINE

1. Point sur le tourisme culturel à Paris

a. Données générales

La France accueille chaque année près de 79,3 millions de visiteurs internationaux26,


ce qui en fait la première destination touristique mondiale. Paris conserve la tête du
classement en France avec environ 32,1 millions d’arrivées (touristes internationaux et
provinciaux) devant les régions Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Rhône-Alpes. L’activité
touristique génère près de 32% des emplois pour Paris dans les secteurs essentiellement de
l’hébergement et de la restauration (54,3%) puis ceux des activités de loisirs (33,8%).
Paris, c’est près de 1800 monuments historiques, dont 137 musées. La fréquentation
des sites culturels parisiens est estimée à 70 millions en 2007. Dix grands musées et
monuments affichent une fréquentation au-delà du million de visiteurs. Outre les 15 millions
de visiteurs annuels à Disneyland Paris, la cathédrale Notre-Dame de Paris est le monument le
plus visité de la capitale avec une estimation de 13,65 millions de visiteurs. Seuls deux
relèvent d’une architecture contemporaine : le Centre Pompidou qui accueille chaque année
près de 5,5 millions de visiteurs et le Musée du Quai Branly avec 1,4 millions d’entrées.
Œuvres d’architecture incontestables, ces deux monuments restent avant tout des musées.
Parmi les dix monuments les plus visités de la capitale (figure 8), quatre relèvent d’une
architecture que l’on peut qualifier de contemporaine27 : le Centre Pompidou (1977), la Cité
des Sciences et de l’Industrie (1986), le Musée du Quai Branly (2005) et enfin, la Tour
Montparnasse (1969-1973).

26
Chiffres de 2009 dans l’essentiel de l’activité touristique de la destination Paris – Ile-de-France par
le Comité Régional du Tourisme de l’Ile-de-France.
27
Selon les chiffres du CRT Ile-de-France, 2008-2010).

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


27
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8. Bilan de l’activité touristique 2008-2010 (source CRT Ile-de-France et Chiffres clés de la Culture).

b. L’image touristique de la destination Paris - Ile-de-France

La France est reconnue comme cinquième destination touristique la plus attrayante à


l’échelle mondiale pour son image de marque essentiellement due à son art, sa culture et sa
gastronomie28. De même, Paris serait la ville la plus charismatique selon un classement sur
cinquante villes du monde29, devant Sydney, Londres, Rome, New-York et Barcelone. Le
tourisme à Paris repose avant tout sur son patrimoine historique et sa gastronomie française. Il
véhicule une image glamour et romantique. Plus de la moitié des touristes évoquent pour
motivation première de leur voyage la visite des musées et la découverte de l’Histoire
française.
L’identité de la destination touristique de Paris a été repositionnée récemment autour
de l’image de marque « Le Nouveau Paris – Ile-de-France » par le Comité Régional du
Tourisme en 2008. Ce terme a été établi en tant que destination afin d’allier plus étroitement
Paris intramuros et sa région. L’accent a été mis sur l’aspect d’innovation avec le mot
« nouveau » afin de dépasser l’image traditionnelle de la capitale : patrimoine, et gastronomie.
La motivation politique touristique s’inscrit bien dans une volonté de dynamisme, de création
et de contemporanéité. Paris s’efforce alors d’allier patrimoine et modernité afin de palier à la

28
Etude de Country Brand Index (CBI, 2009) réalisée auprès de 3 000 touristes sur les cinq dernières
années (dans Destination Paris, CCI, Mairie de Paris, Office du Tourisme et des Congrès de Paris, 2010). Elle
met en exergue un palmarès avec en première position les Etats-Unis, suivis par le Canada. L’Australie se place
en troisième position et la Nouvelle-Zélande en quatrième. L’Italie se place derrière la France (cinquième et
sixième position). Puis, dans l’ordre : Japon, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne. L’étude a également mis en
relief un top 3 des « étoiles montantes de destinations touristiques » que sont en 2009 les Emirats-Arabes-Unis,
la Chine et le Viêt-Nam.
29
Selon l’étude de GfK Roper Public Affairs et Media et Simon Anholt publiée en juin 2009 (ibid.).
Elle a été réalisée sur 10 000 personnes dans vingt pays.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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concurrence des autres métropoles qui affichent des marques telles que « I love NY », « Visit
London » ou « I Amsterdam »30. La destination se veut surprenante, étonnante et innovante ;
une invitation à la visite et à la revisite pour découvrir un Paris toujours nouveau. Le logo est
dorénavant positionné comme emblème de la destination et associé au CRT*31.
Paris s’inscrit aujourd’hui dans une politique culturelle dynamique qui tend à casser
la réputation d’une ville musée figée. Elle s’attache à favoriser la création, l’innovation et
l’évènementiel. Chaque année, une dizaine de lieux ouvrent, ou ré-ouvrent après
réhabilitation. Pour exemple, en 2008, on voit l’ouverture d’un nouveau centre d’art
contemporain dans les anciens abattoirs du 19e arrondissement : le Cent Quatre. C’est aussi la
réouverture attendue du Forum des Images. Dans les années qui viennent, nous verrons
l’inauguration de la Fondation Louis Vuitton dans le bois de Boulogne, bâtiment signé Frank
Gehry, ou encore l’extension du département des arts de l’Islam au Musée du Louvre dans la
cour Visconti par Rudy Ricciotti.

2. Aperçu sur deux autres capitales européennes

La compétition à l’échelle mondiale entre les grandes villes a fait surgir un nouveau
modèle international ; un phénomène qui s’observe aujourd’hui par cette profusion
d’architectures contemporaines assumées et spectaculaires que recherchent chaque métropole
qui se respecte. Chaque ville possède son emblème contemporain. Ces stratégies politiques
visent avant tout le touriste, vecteur essentiel de l’image à l’échelle mondiale et générateur
d’économie. De ce phénomène découle aussi une certaine homogénéité systématique : par
exemple, le mobilier urbain qui parait entre certaines villes universel tant il se ressemble
d’une capitale à l’autre32.

30
Le nouveau logotype de Paris – Ile-de-France s’est crée autour des mots « Nouveau Paris-Ile-de-
France », dont le « i » s’est transformé en point d’exclamation, synonyme de dynamisme et de surprise. Les
couleurs sont chaudes et gourmandes (un mélange de chocolat et rose framboise), tendance très « fashion » et
affirmée.
31
Dossier de presse en ligne sur le site du CRT Ile-de-France : www.nouveau-paris-ile-de-france.fr.
32
JEUDY Henri-Pierre (sous la direction de), BERENSTEIN-JACQUES Paola (sous la direction de),
Corps et décors urbains, Paris, L’Harmattan, 2006.

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a. Londres

En termes d’image, Londres est assez proche de celle de Paris. Néanmoins, elle est
perçue comme beaucoup plus moderne que la capitale française. L’architecture
contemporaine très prégnante et présente dans l’urbanisme londonien (figure 11). Elle sait
concilier modernité et tradition. Elle attire plus particulièrement les amateurs d’art
contemporain et de design33.
L’Hôtel de Ville est, à l’image de sa cité, une architecture contemporaine signée Sir
Norman Foster ; architecte de renom également auteur du Gherkin (figure 10).

9.  Tate Modern (© BV).


10.  City Hal et the Gherkin(© BV).
11.  Vue générale de Londres (© BV).

b. Barcelone

Barcelone est l’emblème par excellence d’une destination festive et tendance34. Le


cas de la capitale catalane pourrait justement illustrer comment une ville patrimoniale intègre
et promeut son architecture contemporaine. L’image récente de Barcelone s’est créée dans
une dynamique jeune et active, découlant de grands travaux d’urbanisme qui ont changé la
ville physiquement depuis la manifestation des Jeux Olympiques de 1992. Ces modifications
du paysage urbain ont entrainé une mutation de la pratique de la ville : sa vision, son
approche, ses mobilités, ses pratiques… Le quartier des plages en est très représentatif. Les
quais offrent un panorama résolument contemporain : le poisson de Frank O. Gehry, sculpture
monumentale, ou encore la récente tour Agbar de Jean Nouvel. La ville s’est attachée à
produire une image singulière de la cité par des stratégies planifiées organisées via de grands

33
Etude du CRT Ile-de-France / IPSOS marketing (avril 2008) sur les City-breaks (courts séjours
urbains) : www.nouveau-paris-ile-de-france.fr.
34
Etude du CRT Ile-de-France / IPSOS marketing (avril 2008) sur les City-breaks (courts séjours
urbains) : www.nouveau-paris-ile-de-france.fr.

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projets urbains contemporains affirmés. Une agence officielle d’exportation du modèle
espagnol a été montée : le CIDEU (Centro iberoamericano de desarollo estrategoco urbano).
Il promeut des stratégies de développement dont l’Espagne porte l’étendard entre Barcelone et
Bilbao…
Un seul lieu d’exposition d’architecture à Barcelone présente l’urbanisme et
l’architecture de Barcelone : le CCCB (Centro de Cultura Contemporanea de Barcelona). Le
MACBa quant à lui, juste à côté, présente surtout des collections d’art contemporain et n’est
pas dédié à la question de l’architecture même s’il peut présenter à certaines occasions des
expositions d’architecture.

12.  Marché Sainte Catherine, Barcelone, Miralles et Tagliabue, 2004 (© BV).


13.  Flamme olympique, Barcelone, Santiago Calatrava, 1992 (© BV).
14.  sculpture architecture « Peix », Barcelone, Frank Gehry, 1992 (© BV).
15.  Tour Agbar, Barcelone. Jean Nouvel, 2004 (© BV).

3. L’opportunité touristique sur le territoire parisien

Paris nous offre un panel large chronologiquement et stylistiquement en termes


d’architecture. On ne présente plus son patrimoine historique bien sur, mais sa production
moderne n’en est pas moins riche. Dans le cadre des grands travaux de rénovation de certains
quartiers tels que les 13e et 19e arrondissements, beaucoup de projets d’architectes ont vu le
jour dans la capitale ; essentiellement des immeubles de bureaux mais aussi des bâtiments
publics, dont la plupart sont à vocation culturelle. Les constructions relèvent autant
d’architecture, de paysagisme (parcs et jardins) ou d’urbanisme (passerelles par exemple) qui
viennent façonner la ville contemporaine.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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a. Des réaménagements urbains

Dans Paris intramuros, de nouveaux territoires émergent, loin des pôles historiques
du centre de la capitale. Ils sont devenus des zones d’attractivités touristiques fortes, autant
pour les étrangers que pour les parisiens (figure 16). Ces sites font notamment l’objet de
visites guidées mais sont surtout des espaces de vie rassemblant loisirs, culture, parcs et
architectures contemporaines.

16. Carte géographique des grands


aménagements urbains de la
capitale (source : google earth).

La Villette
Le Parc de la Villette est un Etablissement Public crée en 1979 sur une ancienne
friche industrielle de 55 hectares. Elle constitue à elle seule un site culturel regroupant
plusieurs équipements contemporains attirant de nombreux visiteurs mais aussi les parisiens.
Elle est également une porte d’entrée ouvrant sur le Canal de l’Ourq puis sur celui de Saint-
Martin. Le parc est habité par la Géode (1985) et la Cité des Sciences et de l’Industrie d’abord
(1986), ponctué des Folies rouges de l’architecte Tschumi (1997) reliant la Halle de La
Villette (réhabilitée en 2007) et la Cité de la Musique (1995). Le site accueillera également à
l’horizon 2012 la salle Philharmonique, œuvre archi-sculpture de Jean Nouvel. Cet espace de
déambulation, parc culturel urbain, se prête à la notion de parc d’architectures contemporaines
à l’échelle grandeur nature35. La Villette est parfois surnommée « le parc du XXIe siècle ».
Elle rassemble un aperçu de l’architecture contemporaine des années 1990 à 2010.

35
Notons qu’à l’autre extrémité parisienne, aux portes sud du périphérique, la Cité Internationale
Universitaire de Paris offre également un paysage urbain riche au milieu d’un parc de 34 hectares d’architectures
de références du XXe siècle disséminées.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Le quartier de La Défense
D’ici 2015, c’est près d’une dizaine de nouvelles tours qui devraient y jaillir.
Actuellement, la tour First est en construction. Récemment, la Défense a été classée zone
touristique. Elle accueille près de 3 millions de visiteurs par an, dont 2 millions pour du
tourisme d’affaires (conventions et séminaires). Le site a récemment inauguré son musée de
l’informatique ; elle compte également une soixantaine de sculptures contemporaines en plein
air réparties entre les nombreuses tours. Une étude en cours compte mettre en place un
parcours touristique accompagné d’audio guides et une mise en lumière de certains gratte-
ciels la nuit. Le site accueille environ 150 000 salariés pour 1500 entreprises présentent sur
cette zone. Elle est le quartier d’affaires de Paris, territoire contemporain, peuplé de tours de
bureaux dont les entreprises affichent leurs marques par le biais de ces architectures buildings.

La ZAC Paris-Bercy
Elle fait partie du grand projet politique de rééquilibrage de l’est parisien, dont a
également fait partie le projet de La Villette. Le principe de la ZAC a permis d’engendrer sur
un site de plus de 50 hectares un ensemble cohérent construit entre 1993 et 2006. Depuis le
Palais Omnisports et le Ministère des Finances implantés dès le milieu des années 80 jusqu’à
la récente passerelle Simone de Beauvoir en 2006, la ZAC Bercy offre un panel
d’architectures contemporaines signées par de grands architectes. On trouve les œuvres de
Frank O. Gehry, Christian de Portzamparc mais aussi des bâtiments signés par des talents
montants tels que Valode et Pistre, moins connus du grand public. Avec Bercy Village, elle
attire autant les touristes, les parisiens que les résidants du quartier. ALTAREA, gestionnaire
et propriétaire du site, estime chaque année environ 10 millions de visiteurs.

La ZAC Seine - Rive Gauche


La ZAC Seine Rive Gauche est un projet initié dès la fin des années 1980 ; il devrait
s’achever en 2015. Il a commencé avec le Bibliothèque Nationale de France en 1997 et se
poursuit encore aujourd’hui dans une lente et vaste réhabilitation de ce quartier situé au nord
du 13e arrondissement. Le programme prévoit entre autres 5 000 logements, un pôle
universitaire, une piscine sur la Seine ainsi que des équipements d’activités, de loisirs et des
bureaux. Ce projet s’étend sur 2 255 000 millions m² (SHON*), dont 98 000 m² d’espaces
verts. Pour remodeler le visage de ce futur quartier parisien, la Mairie de Paris a fait appel à
des agences d’architectes reconnus, tels que Portzamparc pour la zone Masséna nord, ou
Wilmotte pour l’avenue de France. Dernièrement, nous avons vu l’inauguration des docks,

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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réhabilitation « verte » des architectes Jacob + Macfarlane, aujourd’hui devenus Cité de la
mode et du design. Les travaux s’accompagnent d’une forte communication visuelle et d’une
médiation in situ pour les habitants et les visiteurs.

b. Le cas du Grand Pari(s) : premier pas vers un


« architourism » parisien revendiqué ?

Le projet du Grand Pari(s) apparaît comme le grand projet de rénovation urbaine du


Paris du XXIe siècle36. Une réflexion majeure qui devrait voir le jour à l’horizon 2050. Face
aux projets individuels ou même aux réhabilitations de quartiers, le Grand Pari(s) offre avant
tout des réponses en termes de mobilités. Un axe majeur est développé autour de la Seine ; un
autre s’articule sur le développement durable et une capitale verte. Quand d’autres capitales
ou grandes villes européennes ont eu leur tournant urbanistique, Paris s’engage-t-elle avec le
Grand Pari(s) dans cette brèche qui assure renouveau de l’image, mutation sociale et
retombées économiques ?
Ce projet reflète avant tout des préoccupations de circulations qui sont de plus en
plus saturées à Paris et son extension, visant à effacer la barrière entre banlieue et Paris
intramuros. La consultation s’est faite auprès de dix agences réputées qui ont sues proposer
des projets forts37. La consultation s’articule autour des thèmes fédérateurs du transport et de
la mobilité, des espaces verts, du logement, du fleuve, des équipements et espaces publics et
de pôles d’excellence. Le tourisme n’apparaît pas dans les motivations et politiques
d’interventions explicitement. Néanmoins, il semble inévitable, et cohérent dans la politique
parisienne de s’axer, à l’image des autres capitales, sur des enjeux contemporains dont
l’urbanisme et les grands projets d’architecture se font le vecteur.

36
Site Internet officiel : www.legrandparis.culture.gouv.fr.
37
Les dix agences d’architectes consultées sont constituées en équipes : Portzamparc, AJN avec
AREP et ACD, Grumbach et associés, Castro, Secchi et Vigano, Lion, RSHP, l’AUC, MVRDV, Lin.

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II. LES PRODUITS DE L’ARCHITECTURE
CONTEMPORAINE

1. L’évènementiel

De nombreuses manifestations, plus ou moins connues du grand public, s’activent


autour de l’architecture contemporaine. A l’image de la musique électronique ou des grands
salons, elles adoptent un jargon accrocheur et dynamique connotant l’idée d’éphémère,
d’évènementiel à ne pas manquer : l’architecture se fait exposition, festival, biennale…

a. Festivals et biennales

La Biennale de Venise (29 août- 21 novembre 2010 - 12e édition) est sans doute la
plus connue et la plus ancienne, après les Expositions Universelles. Elle concerne les arts
contemporains en développant plusieurs thématiques (danse, cinéma, musique, théâtre et
architecture). La première Biennale de Venise a eu lieu en 1895 ; l’architecture a été intégrée
au programme en 1980. La dernière Biennale d’Architecture a attirée près de 130 000
visiteurs internationaux.
Une Triennale d’Architecture a été lancée en 2007. La première édition s’est tenue à
Lisbonne. Elle a pour vocation d’ouvrir l’architecture au grand public, sortant des sphères
spécialistes et souvent peu accessibles au grand public. La prochaine investira Oslo38. Le
WAF (World Architecture Festival) se déroule à Barcelone chaque année (3-5 novembre
2010). A cette occasion, il décerne le Prix du Bâtiment de l’année. Ce festival concerne
finalement plutôt une sphère privée de spécialistes, avec un coût d’entrée élevé et un discours
peu accessible aux touristes.
A l’échelle locale aussi on observe ce phénomène à travers des manifestations de
moindre envergure. En 2008, la MA en Ile-de-France a organisé son premier festival

38
L’agence Code Architecture a été nommée commissaire pour la Triennale d’Architecture en 2010.
Cette triennale semble avoir un véritable problème de communication tant il est difficile de comprendre les
enjeux et de réunir les informations pratiques.

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35
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d’architecture, axé sur le grand public Dehors Paris. L’association Champs Libres organise
cette année pour la première fois un festival à Montpellier Architectures Vives. De même,
depuis 2004, la biennale d’architecture Agora se déroule à Bordeaux.

b. Les Prix d’architecture

Un marché s’est développé autour des grands architectes contemporains : tourisme


autour de ces productions spectaculaires, publications nombreuses dans la presse spécialisée
et aussi création de Prix d’architecture. Ceux-ci confèrent prestige et légitimité aux agences
concernées. Depuis le fameux Prix de Rome39, beaucoup d’autres ont vu le jour. Cette
récompense plus ou moins médiatique selon la notoriété est une consécration publique qui
n’échappe pas au grand public. Le plus prestigieux est le Prix Pritzker, remis chaque année
depuis 1979. Les derniers lauréats ne sont autres que Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa,
architectes du futur bâtiment du Louvre Lens (agence SANAA). Obtenir ce prix signifie
rejoindre le « panthéon » des plus grands noms de l’architecture contemporaine. Ils sont
aujourd’hui au nombre de 32 architectes, toutes nationalités confondues40. D’autres prix,
internationaux et nationaux existent ; ce sont de véritables tremplins pour l’agence primée.
Citons par exemple celui de Mies Van Der Rohe qui récompense un bâtiment : en 2009 ce fût
l’opéra d’Oslo. En France, chaque année le Prix de l’Equerre d’Argent récompense un
bâtiment achevé cette même année sur le sol français, sous la direction de la revue réputée Le
Moniteur. D’autres Prix ont moins d’envergure mais ne sont pas moins convoités : pour
exemple, les AJAP (Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes) est un prix initié par la
DAPA en collaboration avec la Cité de l’Architecture et du Patrimoine primant une vingtaine
de lauréats d’architectes « jeunes talents » de moins de 35 ans. L’opération s’accompagne
d’une exposition relayée par un lieu d’interprétation. Celle des AJAP est itinérante et parcoure
la France à travers les CAUE ou les Maisons de l’Architecture, obtenant ainsi une visibilité à
l’échelle du territoire national. Les prix Mies Van Der Rohe, l’Equerre d’Argent et les AJAP
sont exposés à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine. L’exposition offre ainsi une
visibilité unique aux architectes et monuments primés. Le Pavillon de l’Arsenal a été

39
Celui-ci est supprimé en France par Malraux en 1968, puis remplacé en 1977 par le « Grand Prix de
l’Architecture de l’Académie des Beaux-arts ».
40
Voir le site officiel : www.pritzkerprize.com. La liste comprend entre autres Luis Barragàn (1981),
I.M. Pei (1983), Oscar Niemeyer (1988), Robert Venturi (1991), Alvaro Siza (1992), Christian de Portzamparc
(1994), Renzo Piano (1998), Rem Koolhaas (2000), Herzog et de Meuron (2001), Jorn Utzon (2003), Zaha
Hadid (2004), Jean Nouvel (2008).

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


36
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récemment initiateur d’un nouveau prix d’architecture, reflétant par là le succès auprès du
grand public que ce principe peut susciter. Et c’est précisément la politique de cette opération,
intitulée Prix Grand Public des Architectures contemporaines de la Métropole Parisienne. Sa
première édition s’est tenue en juillet 2010. Ce prix a la particularité de s’appuyer – non sur
un jury de professionnels, spécialistes des questions architecturales, environnementales ou
urbanistiques – mais sur un vote du grand public uniquement. Cette opération unique a été
une réussite avec près de 28 000 votes récoltés via le site web dédié au prix41.

c. Tendances et originalités d’interprétation

Aujourd’hui, de plus en plus de techniques d’exposition voient le jour à la recherche


d’originalité, critère d’innovation et bien souvent garantie de « buzz ». L’exposition s’écarte
des muséographies traditionnelles au profit soit de scénographies fortes, soit d’une approche
originale et hors-les-murs. Prenons l’exemple de deux phénomènes récents : les Pecha Kucha
puis les interventions urbaines dans l’espace public.

Pecha Kucha
Un mode nouveau d’exposition a vu le jour en 2003, notamment à travers une
première expérience liée à l’architecture. Le concept s’appelle « Pecha Kucha »42 et
correspond bien à notre société sans cesse dans le besoin de rapidité et d’efficacité. Le
principe : 20 images x 20 secondes (une image toutes les vingt secondes). Présenter un projet
en allant à l’essentiel comme un flash. Il s’agit d’un nouveau format d’exposition, une
manière originale qui s’est répandue largement à travers le monde comme mode d’expression.
L’essentiel est dit, chaque visiteur-spectateur est ensuite libre de s’attarder ou de développer
un sujet en particulier. Les Pecha-Kucha sont aujourd’hui présents dans la plupart des grandes
villes. Ils prennent place dans différents lieux à chaque intervention. Paris a ainsi présenté le
dernier au Centre Georges Pompidou. Les Pecha Kucha sont ainsi un évènementiel fort,

41
Site Internet du Prix Grand Public des Architectures contemporaines de la Métropole parisienne :
www.prixgrandpublic.com. Pour cette première édition, trois prix ont été décernés : le 1er Prix pour les
logements sociaux des architectes Chartier – Corbasson dans le 4e arr. (Saint-Paul) ; une première mention pour
une maison à Sèvres des architectes Colboc et Franzen ; et une mention spéciale pour la passerelle Simone de
Beauvoir par l’architecte Dietmar Feichtinger.
42
« Pecha Kucha » signifie littéralement « le bruit de la conversation ». La première manifestation de
ce type s’est faite à Tokyo en février 2003 pour la présentation de jeunes designers au sein de la galerie Klein &
Dytham Architecture (KDa) (pecha-kucha.org). Les soirées Pecha Kucha sont aujourd’hui présentes dans plus de
200 villes du monde, constituées par un réseau décentralisé et selon un agrément précis (au moins quatre
représentations par an, format 20x20, soit 6 minutes 40 secondes).

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toujours différent dans son contenu et dans son lieu. Dans cette veine, la Maison de
l’architecture s’est inspirée de ce principe pour ses conférences DK, « Ping-Pong » d’environ
une heure, où dix minutes sont accordées à un architecte, designer ou graphiste pour présenter
son projet.

Les interventions urbaines


J’aimerais citer ici les interventions artistiques dans l’espace public qui sont de plus
en plus nombreuses. Cette démarche intervient sur l’architecture et l’urbanisme ; elle modifie
la perception de l’habitant, attire le regard du passant en s’appuyant sur tel ou tel aspect de
notre environnement citadin.
L’art contemporain se transpose de plus en plus hors-les-murs du légitime et solennel
musée afin d’investir l’espace public, véritable terrain de jeux43. Daniel Buren avait déjà
révélé l’architecture de pierre du Palais Royal par son œuvre Les deux plateaux en 1986,
inscrivant une intervention artistique contemporaine au sein d’un patrimoine historique.
Felice Varini se joue de l’urbanisme par ses effets d’optique qui poussent dans le même temps
à construire, déconstruire l’œuvre et l’espace qui sont en interrelation.
La toute récente ligne de tramway T3 au sud de Paris s’accompagne d’un parcours
d’œuvres contemporaines jalonnant le trajet et venant s’insérer dans le tissu urbain, un
véritable « aménagement paysager urbain » qui crée un parcours architectural (figure 17).
Ces interventions urbaines poussent le touriste, tout comme le parisien, à la
promenade urbaine en suscitant sa curiosité et surtout son observation. Il ne s’agit pas de
parcours officiels, mais au contraire d’œuvres qui surprennent, au détour d’une rue ou sur une
façade. L’information se fait plutôt sur un mode officieux et confidentiel, comme quelque-
chose de secret…

17. Plan
du parcours du
Tramway des
Maréchaux Sud
(dossier de presse l’art
pour le tram, 2006 ;
©APC).

43
KLANTEN Robert (sous la direction de), Urban Interventions : personal projects in public spaces,
Die Gestalten Verlag, 2010.

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2. Les produits liés au tourisme d’architecture
contemporaine

a. L’édition d’architecture

L’édition est l’un des moyens le plus répandu pour la diffusion de l’architecture en
général – et plus particulièrement – contemporaine. Ce champ semble séduire autant le grand
public que les amateurs et professionnels. Il existe un grand nombre de revue pour toutes les
catégories de lecteurs. Les plus répandues sont D’A, Archistorm, A vivre... Celles-ci
s’appuient beaucoup sur l’habitat et la décoration associant architecture et design, ainsi que
sur l’actualité. D’autres offrent un produit de qualité et plus poussé : Architectural Review,
A’A’, A+U, Urbanism... Ces dernières ne se trouvent pas dans la presse générale, mais sont
présentes dans les librairies des lieux d’exposition d’architectures contemporaines et librairies
spécialisées (telle que celle du Moniteur). Certaines revues font même l’objet de véritables
collections comme les publications monographiques d’El Croquis.
Les lieux d’exposition n’hésitent pas à publier eux-mêmes des ouvrages ayant traits à
une thématique ou une exposition. Outre les traditionnels catalogues, certains développent un
intérêt particulier pour des guides d’architecture contemporaine. Citons pour exemple le
dernier livre édité par la M.A Ile-de-France, Dehors Paris, un guide d’architectures à voir / à
imaginer (février 2010), résultant du festival d’architecture de 2009. Le Pavillon de l’arsenal
a développé une collection particulière Paris, visite guidée.
Le livre est un bon média pour l’architecture contemporaine. Il permet d’une part de
ramener un « souvenir » de tel site ou de telle exposition, et d’autre part d’approfondir a
posteriori sa connaissance de l’architecture. Ainsi, les expositions de La Galerie
d’Architecture prévoient fréquemment un support papier accompagnant l’exposition, en lieu
et place des cartels. La Cité de l’Architecture fournit à chaque exposition un dépliant, tout
comme la plupart des interventions à La Galerie d’Architecture. Cette attention vise
particulièrement les touristes.

b. Les visites guidées

Très prisées des tour-opérateurs touristiques, les visites guidées le sont beaucoup
moins pour l’architecture contemporaine. A l’observation des offres touristiques des guides-
conférenciers (du type l’Officiel des Spectacles par exemple), on constate la prééminence

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flagrante de thématiques axées sur le Paris historique. Néanmoins, des visites d’architectures
contemporaines existent et tendent à se développer.
Guiding Tours44 fait partie du réseau plus large européen Guiding Architects présent
dans chaque capitale. Il rassemble architectes, journalistes, critiques ou auteurs spécialisés qui
organisent les visites. Celles-ci durent 4h30. Cette initiative semble s’adresser avant tout à des
touristes soit professionnels soit très amateurs d’architecture contemporaine ; ceux que l’on
catégorise de « monomaniaques »45. Il propose quatre parcours thématiques parisiens
originaux : les berges de Seine, les musées (modernes et contemporains), Paris XXI (visitant
les ZAC de La Villette, des Halles, Paris Rive Gauche et Clichy-Batignolles). Ces
thématiques sont très qualitatives et s’adressent à un public spécialisé. Cette association est
relayée sur le site Internet du Pavillon de l’Arsenal.
L’association des Promenades Urbaines est la plus connue. Elle a pour membres
partenaires plusieurs institutions culturelles telles que le Centre Pompidou, la Cité de
l’Architecture ou encore le CAUE* de Paris. Elle a pour mission d’organiser des promenades
architecturales en proposant des visites thématiques guidées. Certaines ont la particularité de
s’articuler avec une exposition temporaire. Pour exemple, elle propose actuellement un
parcours autour de « Dreamlands », exposition en cours au Centre Georges Pompidou.
La Cité Internationale Universitaire de Paris offre également plusieurs visites
thématiques de ses monuments. Elle constitue à elle seule un parc d’architectures dont la
visite est très riche car elle se fait in-situ, dans son cadre d’interprétation d’origine et à
l’échelle 1. Elle présente l’architecture du XXe siècle, de 1925 à nos jours.
Architecture de Collection46 est une agence immobilière spécialisée dans la vente de
biens dits « remarquables des 20e et 21e siècles ». Elle adopte une démarche patrimoniale
forte en proposant des biens d’exception, documentés et signés ainsi qu’un accompagnement
de conseils dans la valorisation ou classement et inscription au titre des Monuments
Historiques. Elle met en œuvre conjointement des visites guidées depuis 2008, aujourd’hui
relayées par le site web du Pavillon de l’Arsenal afin de promouvoir cette architecture autour
de parcours47.

44
Site web officiel : www.ga-paris.fr.
45
ORIGET-DU-CLUZEAU Claude, Le tourisme culturel, Que sais-je ? Paris, PUF, 1998. p.9.
46
Site web officiel : www.architecturedecollection.fr.
47
Sept parcours sont proposés par des historiennes de l’art : 1 : l’architecture moderne à Boulogne-
Billancourt et l’atelier de Le Corbusier. 2 : les ateliers d’artistes et villas du 14e arrondissement. 3 : l’architecture
moderne dans le 16e arrondissement et la Villa La Roche de Le Corbusier. 4 : l’architecture contemporaine de la

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A travers Paris est une auto-entreprise qui propose des « traversées » de Paris par le
biais de visites originales architecturales mais aussi sociologiques et historiques. Elle est
relayée principalement par l’Officiel des Spectacles et fait partie de l’association des
Promenades urbaines.

c. Les visites libres : parcours et promenades

Le succès des visites des monuments tient essentiellement au fait qu’elles supposent
marche et balade, une appréhension ludique et simple, accessible à tout le monde et gratuite.
Les modes d’organisation de ces visites se font essentiellement par Internet ou par conseils
d’amis. Quelques initiatives ont été mises en place proposant des idées de visites et parcours.
Les feuillets Archibus sont édités par le Pavillon de l’Arsenal en collaboration avec
la Ratp. Ce feuillet (annexe D) est mis à disposition des usagers gratuitement au Pavillon de
l’Arsenal, à l’Office de Tourisme de Paris, sur les lignes concernées et par téléchargement sur
le site www.pavillon-arsenal.com. Chaque livret conduit au fil d’une ligne de bus, de métro ou
de tram, une visite d’une quinzaine de bâtiments contemporains, accompagnés d’un bref
explicatif. Cette initiative judicieuse pâtie néanmoins d’une faible visibilité. Peu de visiteurs,
touristes et parisiens, connaissent ces ressources.
Les guides d’architecture contemporaine
sont une bonne source pour explorer Paris. Ils ont
en général le mérite d’être plus exhaustif que les
sites Internet. En m’appuyant sur celui d’Hervé
Martin, « Guide de l’architecture moderne à
Paris » (aux éditions Alternatives, Paris, 2010),
j’ai ainsi répertorié plus de 290 édifices
contemporains (figure 18).

18. Tableau synthétique des édifices


contemporains parisiens (H. Martin, guide de
l’architecture moderne à Paris).

ZAC Seine Rive Gauche dans le 13e arrondissement. 5 : les ateliers d’artistes du 18e arrondissement. 6 : le
boulevard Raspail. 7 : la ZAC Paris – Bercy.

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3. Des offres sur-mesure

De plus en plus, on constate une pluralité d’offres de visites guidées et balades dont
les thèmes sont tous plus originaux les uns que les autres, notamment via le web. Elles
proposent des découvertes culturelles attrayantes et originales visant ainsi une cible clientèle
récidiviste et amatrice de découvertes plus approfondies. Il s’agit pour la plupart de touristes
« repeaters », marché sur lequel on reviendra plus-tard, et qui occupe à Paris une place forte.
Ainsi, nombre d’entreprises ou associations se sont créées afin de proposer une approche plus
poussée de Paris. Certains jouent la carte parisienne, telle que Meeting the French48 proposant
un Paris intime et authentique. La tendance est à la découverte au plus proche du parisien et
de sa ville. Paris Go49 offre la possibilité de visiter la capitale « autrement » à travers des
thématiques pointues telles que l’égyptomanie, les Templiers ou encore la rue Saint Denis ou
Architecture et pouvoir… Ces offres sont favorisées par la politique de l’Office du Tourisme
et des Congrès de Paris, en écho au fort développement des chambres d’hôtes dans la capitale
depuis quelques années. Citons également l’association Parisien d’un jour / Parisien
toujours…
La pratique touristique tend aussi à se diversifier. La façon d’approcher le patrimoine
dans la mobilité corporelle du touriste semble séduire et se fait originale : que se soit à pied, à
vélo, en segway ou en voiture... Quatre roues sous un parapluie a par exemple été nommé
étoile du tourisme50 en 2009-2010 pour ses balades drôles jouant la carte de l’authentique
avec ses 2CV conduites par un guide coiffé d’un béret.

a. Focus sur l’offre particulière du CRT Ile-de-France

48
Voir le site officiel : www.meetingthefrench.com. Meeting the french est une agence de voyage
crééée en 2005 associant à la fois hébergement en chambres d’hôtes, des dîners chez des parisiens et visites
culturelles autour de la gastronomie et des arts.
49
Voir le site officiel : www.parisgo.fr.
50
Ce Prix a été crée en 2008 sous l’initiative d’Hervé Novelli, secrétaire d’Etat chargé du Tourisme. Il
récompense les projets touristiques les plus innovants dans plusieurs catégories bien représentatives des enjeux
contemporains français : développement durable, évènementiel artistique ou festif, gastronomie, histoire et
patrimoine, tourisme solidaire et accueil.

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Le site web du Comité Régional du Tourisme propose aux visiteurs des balades
thématiques gratuites. L’une d’elle a précisément pour thème l’architecture contemporaine51.
L’accroche pour cette visite joue sur le spectaculaire et l’audace par la hauteur des
architectures… Une liste complète est proposée mais elle rassemble seulement neuf sites (le
Centre Pompidou, la Cinémathèque française, La Grande Halle de La Villette, la Cité de la
Musique, la Tour Montparnasse, la Grande Arche de La Défense, la Cité de l’Architecture et
du Patrimoine, le Pavillon de l’Arsenal, la cathédrale d’Evry) mêlant monuments et lieux
d’exposition.
Quatre parcours sont proposés dans l’onglet « balades » autour de quatre thématiques
très en vogue actuellement. Le CRT* a judicieusement choisi d’axer les balades autour de :
- « l’architecture spectaculaire », qui comprend la plupart des monuments listés
précédemment avec en sus, le Stade de France.
- « les matériaux à l’honneur », synonyme de nouvelles technologies, cette balade
relie le béton du Parc des Princes à celui du Centre National de la Danse, la transparence du
verre avec l’exemple de la fondation Cartier et la Pyramide du Louvre, en passant par la
Bibliothèque Nationale de France et la passerelle Simone de Beauvoir. Enfin, quelques sites
arborant des murs végétaux tels que le Musée du Quai Branly, le BHV Homme ou encore la
boutique M&F Girbaud …
- « les grand architectes », thème incontournable dans le star système des grands
noms de l’architecture aujourd’hui… Frank Gehry, Jean Nouvel, Christian de Portzamparc,
Patrick Bouchain et d’autres – plus si contemporains – tels que Le Corbusier ou les Frères
Perret.
- « quand l’architecture contemporaine s’expose », deux lieux d’expositions sont mis
en avant : la Cité de l’Architecture et du Patrimoine et le Pavillon de l’Arsenal. Sont
également cités le Centre Pompidou pour ses grandes rétrospectives occasionnelles, ainsi que
La Galerie d’Architecture.
La liste est loin d’être exhaustive. Elle cite effectivement les monuments majeurs de
l’architecture contemporaine mais ne propose pas réellement de parcours comme le terme
« balade » aurait pu le faire penser. Autre point intéressant, les lieux d’expositions sont
également intégrés à plusieurs reprises dans cette quête de découverte de l’architecture
contemporaine à Paris.

51
Page web : http://www.nouveau-paris-ile-de-france.fr/guides-paris/envie-de/architecture-
contemporaine/balades/l-architecture-spectaculaire-63650.html

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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III. LES LIEUX D’EXPOSITION

Centres, Cités, Galeries, Musées… Ils sont les lieux de présentation de l’architecture
contemporaine, nombreux à Paris. On en dénombre quatre spécialement dédiés à
l’architecture moderne et contemporaine. D’autres sites proposent occasionnellement une
exposition temporaire concernant l’architecture contemporaine. L’équipement phare est le
Centre Pompidou qui crée l’évènement au travers de grandes expositions comme « Richard
Rogers » en 2007/2008, ou encore l’actuelle « Dreamlands, des parcs d’attractions aux cités
du futur » (5 mai – 9 août 2010).
Nous abordons ici les quatre lieux institutionnels qui exposent l’architecture. Il s’agit
de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, du Pavillon de l’Arsenal, de la Maison de
l’Architecture en Ile-de-France et de La Galerie d’Architecture. Les données concernant
chacun des sites ont été rassemblées au gré des informations disponibles et ne constituent pas
à ce titre une présentation exhaustive et systématique. Il s’agit d’une présentation brève afin
de cerner dans l’ensemble la politique de ces lieux et leur activité.

19. La Galerie d’Architecture, entrée (©BV).


20. Le Pavillon de l’Arsenal, façade (©BV).
21. La Maison de l’Architecture en Ile-de-France, vue de la chapelle des Récollets (©BV).

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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1. Une exception parisienne

Au cours de mon étude, j’ai identifié quatre lieux d’exposition institutionnels dédiés
à l’architecture contemporaine à Paris. J’ai exclue volontairement le Centre Pompidou malgré
la richesse des ses collections permanentes dans son département d’architecture et ses
expositions blockbusters sur de grands architectes contemporains. Quatre sites illustrent
l’intérêt pour les questions et l’interprétation de l’architecture contemporaine à Paris.
Du point de vue strictement quantitatif, ce chiffre m’a semblé élevé. J’ai donc
comparé avec les autres grandes capitales européennes (annexe E). Une liste est proposée par
l’Union Internationale des Architectes, mais celle-ci ne s’attache visiblement pas à des sites
uniquement dédiés à l’exposition d’architecture. Ainsi, on constate que certaines villes ne
possèdent aucun lieu d’exposition d’architecture. D’autres possèdent des collections
d’architecture permanentes présentées dans un musée d’art moderne ou d’art contemporain,
comme le MoMA à New-York.
Ainsi, un constat simple s’impose. Paris propose une offre riche et diversifiée en
matière de lieux d’interprétation de l’architecture contemporaine. Cette particularité
fondamentale et objective a attiré mon attention. C’est cet aspect là qui a conduit à explorer la
problématique autour des lieux d’exposition en tant que « points relais » pour les offres
touristiques d’architecture contemporaine à Paris.

2. Quatre sites à Paris

a. La Cité de l’Architecture et du Patrimoine

La Cité de l’Architecture et du Patrimoine a ouvert ses portes en septembre 2007. Le


projet fusionne au sein de l’aile de Paris du Palais de Chaillot l’ancien musée des Monuments
Français, l’Institut Français d’Architecture et l’Ecole de Chaillot. Elle a ainsi pour vocation de
réunir en un même site l’architecture française de toutes les époques et son actualité en en
faisant un lieu dynamique associé à une bibliothèque d’information, un lieu d’étude,
d’archives (IFA*) et de conférences. La réhabilitation de l’ancien palais a été assurée par
l’architecte Jean-François Bodin, dans un parti-pris à la fois contemporain par des tons francs

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


45
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(le rose) et respectueux de l’histoire du lieu par le rouge rappelant l’ambiance de l’ancien
palais du Trocadéro.
Le musée des Monuments Français a rassemblé sous la volonté initiale d’Eugène
Viollet-le-Duc des moulages uniques d’architectures romanes et gothiques : chapiteaux,
portails, maquettes et statues-colonnes. Le nouveau musée se compose aujourd’hui de ce
fonds de collection développé au rez-de-chaussée, du XIe au XVIIIe siècle. Le premier étage
propose une nouvelle galerie étendant ainsi l’approche historique de l’architecture du XIXe au
XXIe siècle. Cette Galerie Moderne et Contemporaine conçue pour la Cité de l’Architecture
et du Patrimoine présente l’architecture par des tables thématiques pédagogiques. Le défi était
justement de faire le lien entre patrimoine et contemporain, le passé et le présent. Opérer cette
passerelle qui aujourd’hui semble de plus en plus étroite.
La Cité de l’Architecture et du Patrimoine, présidée par François de Mazières,
dépend du Ministère de la Culture et de la Communication. Un budget annuel de
fonctionnement est estimé à 22 millions d’euros, dont 15 millions de subventions d’Etat. 140
personnes travaillent au sein de cet Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial.
Le projet est fortement politique et a été inauguré par le Président Nicolas Sarkozy.
Aujourd’hui, la Cité de l’Architecture a par exemple exposé la présentation des propositions
des dix architectes pour le projet du Grand Pari(s). La Cité de l’architecture a une dimension
internationale, vitrine de l’architecture française à l’étranger.
Chaque année, la Cité propose deux grandes expositions tournées vers le patrimoine
architectural historique, tel que Androuet-du-Cerceau (2010) ou Vauban (2008) par exemple –
et entre sept et dix expositions plus axées sur l’architecture contemporaine réparties entre la
galerie d’actualité et les salles en sous-sol.
La Cité de l’Architecture et du Patrimoine accueille chaque année environ 300 000
visiteurs. Elle possède un service des publics dédié au développement d’outils de valorisation
et de médiation culturelle (visites, ateliers pédagogiques) et au développement des publics. Le
désir d’accroitre un public touristique est clairement défini : une prospection auprès des
professionnels du tourisme est mise en œuvre : Tours Opérateurs, offices du tourisme… De
même, la figuration de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine dans les guides se développe
par une action du service des publics envers les éditeurs, et notamment envers les guides
étrangers.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


46
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b. Le Pavillon de l’Arsenal

Le Pavillon de l’Arsenal a ouvert ses portes en 1988 dans l’ancien Arsenal du XIXe
siècle, près du quartier du Marais et de la Bastille en tant que « centre d’information, de
documentation et d’exposition d’urbanisme et d’architecture de la Ville de Paris ». Il a pour
mission d’exposer l’architecture parisienne.
Une exposition permanente au rez-de-chaussée présente l’histoire urbanistique et
architecturale de la ville. L’espace en mezzanine est réservé aux expositions temporaires dont
les sujets d’actualités dépassent la sphère parisienne. Il propose trois expositions thématiques
environ à l’année, associées à une forte dynamique de conférences et de visites hors-les-murs.
Près de dix conférences et débats sont animés chaque année par les architectes eux-mêmes.
Le site est libre d’accès, il s’accompagne d’une librairie ainsi que d’un centre de
documentation sur la ville de Paris au premier étage.
Le Pavillon de l’Arsenal est une association Loi 1901 qui dépend de la Ville de Paris.
L’architecte Dominique Alba en est la directrice générale. Le financement est assuré chaque
année par une subvention de la Mairie de Paris à hauteur de 2 millions d’euros environ.
Le Pavillon de l’Arsenal accueille chaque année près de 200 000 visiteurs (comptage
par barre optique dans le sas d’entrée). Ce chiffre reste approximatif du fait de l’entrée libre.
80% des publics serait francilien et autant serait déjà venus, ce qui suppose un public
d’habitués52. Le Pavillon de l’Arsenal ayant une activité de conférences fréquente et de
qualité, a su favoriser un public fidèle et amateur d’architecture, pour la plupart des
architectes, enseignants et étudiants en écoles d’architecture. D’autre part, grâce à sa situation
exceptionnelle, entre Bastille et Marais (quartiers fortement touristiques) et aux expositions
d’envergure qu’il propose, un public plus large fait le déplacement. Ce dernier semble attirer
plus par l’exposition permanente qui permet une approche architecturale et urbanistique de
l’histoire de la capitale en ce qui concerne la catégorie touristique ; alors que les visiteurs
excursionnistes font le déplacement pour les expositions temporaires.

52
Rapport d’audit au mois d’avril 2006 du Pavillon de l’Arsenal.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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c. La Maison de l’Architecture en Ile-de-France

La Maison de l’’Architecture en Ile-de-France a pris place près de la Gare de l’Est,


dans l’ancien couvent des Récollets du XVIIIe siècle, inscrit au titre des Monuments
Historiques (en 1974). Le site a été rénové en 2003 par une jeune équipe d’architectes53 afin
de regrouper trois entités : le Conseil régional de l’Ordre des architectes en Ile-de-France, le
Centre international d’accueil et d’échanges des Récollets qui offre une résidence à des
chercheurs et artistes étrangers, et la Cité européenne des Récollets qui rassemble des
associations culturelles. La Maison de l’Architecte a été installée dans l’ancienne chapelle.
Cette Maison de l’Architecture se place sous le signe de l’échange, du dialogue et du partage.
La M.A en Ile-de-France est une association Loi 1901 créée en 2004 par l’Ordre des
architectes en Ile-de-France, présidée par Michel Perrot. Elle fonctionne par le biais de ses
adhérents. Elle oriente ses contenus sur la région Ile-de-France, entre architecture et
urbanisme, ville et citadins, architectes et maîtres d’ouvrage. Elle organise ainsi près d’une
trentaine de débats et conférences par an autour de thématiques récurrentes : citons pour
exemple « Les Fabriques des Projets » en écho à « Les Fabriques des Commandes »,
conférences développant le point de vue tantôt du maître d’œuvre, tantôt celui du maître
d’ouvrage. Elle a aussi pour activité des expositions qui prennent place dans la chapelle et en
mezzanine.
Elle a pour partenaire le Conseil Régional d’Ile-de-France, la Direction Régionale
des Affaires Culturelles et le Conseil Régional de l’Ordre des Architectes et la Ville de Paris.
Le public semble être avant tout des professionnels du domaine, ce qui semble
découler de la spécificité des interventions et au degré poussé des thématiques proposées. La
dimension grand public se développe plutôt par le biais des expositions dont les intitulés se
font accrocheurs pour attirer un public plus large. La dernière exposition « Kama Sutra, 50
positions de l’architecture » (10 février - 5 mars 2010) présentait des projets contemporains
venant « culbuter » le patrimoine ancien. Une manière ludique d’évoquer le travail
d’extension et de réhabilitation des architectes contemporains. Il semble que
fondamentalement, la MA s’adresse avant tout à un public d’amateurs et de connaisseurs,
mais qu’elle fasse des efforts auprès des publics plus larges et touristiques par le biais de
quelques manifestations. Citons à cet effet le festival Dehors Paris en 2008.

53
Propriété de l’Etat, la gestion du site du couvent des Récollets est confiée en 1999 à la Régie
Immobilière de la Ville de Paris qui entame les restaurations. En 2003, le projet de Karine Chartier et Thomas
Corbasson est retenu.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


48
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d. La Galerie d’Architecture

La Galerie d’Architecture a été créée en 1999 en plein cœur du Marais. Elle est en
accès libre, installée dans une ancienne imprimerie dans des murs typiques du Paris du
XVIIIe siècle. Elle offre un espace unique, blanc, de 160 mètres carrés scandé de quelques
colonnes et piliers.
Elle a ainsi le mérite d’offrir un lieu intimiste, s’inscrivant dans l’esprit des galeries
du quartier. Le choix du titre rompt avec l’idée du musée pour se rapprocher de l’esprit d’un
lieu dynamique de diffusion et de promotion. Il s’agit d’un lieu discret, dont l’entrée est une
ancienne voie de garage. Aucune enseigne n’est clairement affichée à l’extérieur. La seconde
entrée est une simple porte vitrée.
La Galerie d’Architecture est une structure privée de statut S.A.R.L dirigée par Gian
Mauro Maurizio. Elle fonctionne sur un principe de location de l’espace à des agences
d’architectes contemporains français ou internationaux. L’équipe de la galerie est constituée
de trois personnes et un stagiaire qui assurent la logistique de l’exposition, la communication
et la recherche de partenaires financiers. Cette approche laisse aux architectes le choix de la
scénographie / muséographie, ce qui permet une véritable promotion et diffusion pour
l’agence en question et de l’architecture contemporaine en générale. Cette liberté de
conception est unique à Paris et laisse voir des projets audacieux et très différents d’une
exposition à l’autre. Le statut privé de la structure assure une indépendance de production,
tant dans le discours que dans la mise en scène, ce qui a l’opportunité d’en faire un lieu
alternatif très bien ancré dans l’actualité de la création architecturale.
Chaque exposition ne dure pas plus d’un mois et demi environ, ce qui permet de
présenter plus d’une dizaine d’expositions par an.
Aucune étude des publics n’a été engagée depuis les débuts de La Galerie
d’Architecture. La définition des visiteurs du site est rendue très difficile par le fait qu’elle
soit en accès libre et ne permet donc pas de comptage billetterie précis. Néanmoins, d’après
un comptage récent sur quatre mois, elle accueille une moyenne de 1000 visiteurs par mois54.
Par le biais d’une veille, j’ai pu déterminer deux profils majoritairement récurrents du lieu55.

54
Etude réalisée lors du stage à La Galerie d’Architecture de janvier à mai 2010. Chiffres
confidentiels et approximatifs tant la fréquentation est dépendante des aléas météo et des fermetures entre les
expositions pour montages et démontages.
55
Etude par le biais de questionnaires auto-administrés.

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D’abord, un public d’habitués qui se plaisent à venir voir chaque exposition. Ils sont
pour la plupart jeunes (entre 25 et 40 ans), en études d’architecture ou architecte DPLG*. La
Galerie d’Architecture est donc un lieu d’amateurs d’architecture contemporaine s’adressant à
une sphère réduite, plutôt professionnelle.
Ensuite, un grand public capté grâce à l’emplacement géographique de la Galerie
d’Architecture située au cœur du quartier touristique du Marais. Beaucoup de touristes et
promeneurs entrent par hasard, en passant dans la rue. Il s’agit d’un public touristique que
l’on pourrait qualifier d’accidentel ou d’aubaine.
En termes de communication, la seule accroche susceptible d’attirer de nouveaux
visiteurs se place dans la voie ouverte sur la rue. Selon les scénographies, les architectes
mettent plus ou moins à profit cet espace, seule connexion avec l’extérieur. La récente
exposition de l’agence norvégienne Code Architecture a bien assimilé cet aspect en
positionnant des troncs arbres dans l’entrée qui ont su attirer la curiosité de bon nombre de
passants. A la rentrée 2010, la Galerie va pouvoir installer une vitrine sur la rue des
Guillemites, côté librairie, ce qui devrait donnera une réelle visibilité sur la voie publique
jusqu’alors quasiment inexistante.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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IV. LE MARCHE CIBLE

1. Bilan des études de publics

Suite à la trentaine de questionnaires menés sur deux sites, la Cité de l’Architecture


et du Patrimoine et La Galerie d’Architecture, j’ai pu tirer quelques réflexions qui intéressent
ici notre problématique. Malgré l’échantillon réduit de trente questionnaires (en les croisant
avec les discussions avec les professionnels), certaines remarques peuvent être prises en
compte pour leur récurrence et me semblent suffisamment pertinentes à relever dans le cadre
de cette étude. L’objectif des questionnaires était de percevoir quelles étaient les échanges ou
renvois entre les lieux d’exposition et l’architecture échelle 1 :1. (se reporter au dossier
méthodologique).

a. Des publics différents d’un lieu à l’autre

A la Cité de l’Architecture, 70% des interrogés était des touristes, contre 45% à La
Galerie. Ceci suppose donc un tourisme volontaire plus présent à la Cité, et à l’inverse une
pratique plutôt d’habitués à La Galerie. Ces résultats, bien que très faible quantitativement,
m’ont semblé cohérents grâce aux discussions que j’ai pu avoir en parallèle avec les
représentants de ces deux institutions.
part des
part des
excursionnistes
touristes 45%
55%

part des
excursionnistes
part des
30%
touristes
70%

Galerie

Cité de l'Architecture

22. Part des touristes et des excursionnistes (comprenant aussi les parisiens) à La Galerie
d’Architecture et à la Cité de l’Architecture.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Sur les trente interrogés, la majorité des touristes sont à Paris pour un séjour d’une
durée supérieure à quatre jours. Ceci induit des séjours longs, dépassant le concept de city-
break habituellement le plus fréquent pour le tourisme urbain.
De même, la plupart sont des touristes récidivistes. Il ne s’agit pas de leur première
visite à Paris. Les touristes français interrogés séjournent régulièrement à la capitale chez des
amis ou de la famille.
Le moyen le plus employé pour l’organisation des visites est Internet puis les
conseils d’amis ou de la famille.

Pour 63% des visiteurs interrogés, il


s’agissait d’une première visite du lieu 1ère fois
63%

d’exposition en question. 30% sont des habitués et


seulement 7% font partie du public acquis qui se
déplace pour chaque exposition. Ce dernier chiffre Habitué,
A chaque régulier
exposition
correspond au cas de La Galerie d’Architecture 7%
30%

dont les expositions sont quasiment mensuelles.

23. Part des habitudes de fréquentation des lieux d’exposition de l’architecture.

On constate que 54% des visiteurs n’ont jamais visité un autre lieu d’exposition
d’architecture parmi les quatre étudiés (schéma ci-dessous). La part des habitués s’élèvent
seulement à 16% et 30% ont visité une fois un autre site. La Maison de l’Architecture est très
peu connue, même du public amateur d’architecture contemporaine. La Cité de l’Architecture
représente le plus de récidivistes, suivi de près du Pavillon de l’Arsenal. La Galerie
d’Architecture semble capter plus un public occasionnel qui ne viennent qu’une fois (annexe
F, figure 1).
2 fois et plus
16%

jamais
1 fois 54%
24. Indicateur de la « notoriété » des lieux d’exposition 30%
de l’architecture contemporaine.

Les édifices contemporains les plus remarquables sont bien visités (annexe F,
figure 2) : 77% ont visités plus de trois monuments parmi ceux énoncés dans l’entretien. Il
s’agissait d’un choix multicritère citant les monuments les plus connus : le Centre Pompidou
en tête, le musée du Quai Branly, La Villette, La Défense, la BNF... Très peu ont su nommer

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un autre monument contemporain qu’ils auraient visité. Seul l’Opéra Bastille a été cité.
Seulement 3% n’ont jamais visité un monument contemporain parisien.
Les visites d’architectures contemporaines à Paris sont très peu connues des
visiteurs, même du public acquis ou monomaniaque (annexe F, figure 3). L’information
est donc très faible voire absente. 97% n’ont jamais réalisé ce type de visite et avouent ne pas
en connaître l’existence. Seulement une personne interrogée sur les 30 a réalisé une de ces
visites (La Défense). L’offre ne semble pas séduire complètement les visiteurs puisque 40%
disent ne pas être intéressé par de telles visites guidées.

b. Focus sur les repeaters

Les repeaters sont une catégorie touristique définie par le C.R.T*. Paris Ile-de-France
comme les personnes amatrices de la destination du Nouveau Paris – Ile-de-France selon le
critère suivant : une venue au moins deux fois en cinq ans. Il s’agit d’un groupe extrêmement
hétérogène dont la motivation commune et principale est d’ordre émotionnel et affectif, ce qui
les pousse à revenir plusieurs fois à Paris. Une étude spécifique a été menée par le CRT* Ile-
de-France en avril 201056 sur les clientèles britannique, espagnole et allemande.
La majorité des repeaters organise leur voyage sur-mesure par le biais d’Internet en
priorité. De même, ils n’hésitent pas à renouveler les visites de lieux de leurs voyages
précédents. Ils aspirent fortement à de nouvelles découvertes culturelles afin de bien connaître
cette destination qu’ils affectionnent. La préparation du séjour se fait tardivement et il est
relativement peu organisé. Les renseignements à caractère « officieux » du point de vue du
touriste sont très appréciés pour leurs valeurs d’authenticité et d’originalité. Les repeaters
aiment découvrir un Paris proche des parisiens : lieux de bars, boutiques, bons plans, sites
moins fréquentés touristiquement… Leurs attentes s’orientent, selon l’étude57, vers trois axes
majeurs :
- Une visite d’un Paris « autrement », proche des parisiens.
- Des activités de plein air comme les balades urbaines.

56
Etude du Comité Régional du Tourisme Paris Ile-de-France, IPSOS Marketing, dans Les Etudes,
Les repeaters britanniques, allemands et espagnols, avril 2010 (www.nouveau-paris-ile-de-france.fr/espace-
presse-228876.html).
57
Etude (juin-oct 2009) qualitative par entretiens (x60) et par forum en ligne (x3) auprès de 30
personnes de chaque pays étudié (Espagne, Allemagne, Grande-Bretagne) associée à un questionnaire en ligne
(300 personnes par pays) et une étude omnibus (500 personnes par pays). Source web : id.

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- Un attrait particulier concernant le Paris contemporain, c’est-à-dire les nouveautés
et le shopping.
Ils ont un rôle d’ambassadeurs pour la destination. Une évaluation des parcours au
fur et à mesure des visites a été établie : moins de quatre visites ; entre quatre et dix ; au-delà
de dix. Logiquement, la zone de parcours s’élargit de plus en plus. Parmi les premières
visites, on trouve bien sur les grands monuments parisiens historiques (Notre-Dame,
Montmartre, musée du Louvre, Tour Eiffel …). Viennent ensuite le musée d’Orsay, le
Panthéon, les Tuileries, le Marais mais aussi, Le Centre Pompidou, La Défense, Le
Trocadéro. Enfin, dans la troisième catégorie, au-delà de dix visites, se trouvent des sites un
peu moins connus du grand public : le quartier Mouffetard, le quartier Bastille et l’Institut du
Monde Arabe, la Tour Montparnasse, la Cité des Sciences et de l’Industrie (annexe G). Dès la
deuxième sphère, quelques monuments contemporains apparaissent : le Centre Pompidou et
La Défense. Ensuite, dans le champ des dix visites et plus, viennent l’IMA*, la Tour
Montparnasse et le site de La Villette.
Cette catégorie semble constituer un marché cible potentiel pour les lieux de
l’exposition d’architectures contemporaines ainsi que pour les monuments contemporains
parisiens. Leurs pratiques esquissent des tendances générales qui intéressent particulièrement
le champ du tourisme d’architecture contemporaine.

c. Des publics néophytes aux monomaniaques

Par le biais de la veille des publics à La Galerie d’Architecture et par les entretiens
semi-directifs, deux catégories essentielles se sont dégagées. Elles présentent un intérêt tout
particulier et difficile à appréhender car opposées : il s’agit d’une part de visiteurs
monomaniaques, un public acquis et amateur d’architecture ; et d’autre part, d’un public
complètement néophyte qui visite plus par simple curiosité que par passion ou par intérêt
professionnel.
La Galerie d’Architecture attire d’abord un public d’amateurs d’architecture :
étudiants en écoles d’architecture ou architectes. Elle correspond à un lieu intimiste, dont la
communication s’est faite essentiellement par le bouche à oreille. Cet aspect semble être
cultivé afin de préserver une approche professionnelle et pointue, dans une programmation
originale, éloignée du système des expositions « blockbusters ». Le site lui-même s’insère au
cœur du Marais, sans ostentation extérieure ni enseigne. Néanmoins, un autre public captif est
aussi très présent à La Galerie. Il s’agit d’un public touristique français et étranger du fait de

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la localisation de l’espace dans le Marais, quartier touristique très passant. L’accès gratuit
offre la possibilité aux touristes de découvrir le lieu facilement. A la Cité de l’Architecture,
quelques touristes ont visité les lieux par hasard en passant dans la rue, mais la plupart se sont
déplacés intentionnellement pour le musée.
Que ce soit des néophytes ou des monomaniaques, les touristes français et étrangers
sont présents dans les deux catégories, de même que les excursionnistes parisiens et
franciliens. J’ai néanmoins identifié au travers des enquêtes plutôt des excursionnistes
monomaniaques et des touristes occasionnels.
L’exposition d’architectures semble avoir la capacité d’attirer un panel large de
profils très différents de publics, de la simple curiosité aux plus mordus d’architecture
contemporaine. Cet aspect-là semble constituer une réelle opportunité pour le tourisme
d’architecture contemporaine.

2. Pratiques architecturales observées

a. Des pratiques différentes d’un lieu à l’autre

A chaque lieu correspond une pratique caractéristique, sans pour autant faire de
généralités. La Galerie d’Architecture du fait de sa petite taille, de son emplacement discret et
de son accès gratuit, voit beaucoup de passages très brefs. Les visiteurs rentrent d’un côté,
ressortent de l’autre. Beaucoup passent d’ailleurs plus de temps à la librairie que dans
l’exposition. La situation géographique de la galerie permet de profiter des nombreux
passages dans les rues captant ainsi des visiteurs occasionnels.
La Cité de l’Architecture attire les touristes pour ses collections permanentes, de
même que le Pavillon de l’Arsenal a priori. Les expositions temporaires sont également très
fréquentées, mais les visiteurs ne semblent pas se déplacer à chaque nouvelle exposition. Ils
visitent ces espaces-là selon leur intérêt personnel pour le sujet proposé. Un produit autour de
la Colline de Chaillot a tenté de créer des parcours liants les différents sites de proximité (la
Tour Eiffel, le musée du Quai Branly, le musée Guimet, le Palais de Tokyo et le musée d’Art
moderne ainsi que la Cité de l’Architecture). Mais cet effort semble aujourd’hui être un échec

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selon Anne Ruelland58, à cause de la trop grande disparité des tarifications ainsi que des
politiques culturelles difficiles à concilier entre les structures.
La M.A* en Ile-de-France, beaucoup moins connue et située près de la gare de l’Est,
concerne un public d’habitués, essentiellement jeune en études de design, graphisme ou
architecture. L’activité se fait essentiellement par des conférences ou colloques, ce qui attire
une foule ponctuelle.
La condition tarifaire semble bien contribuer à un effet d’aubaine. Trois des quatre
lieux sont gratuits.

Après les observations tirées des entretiens, de la veille et des questionnaires, les
publics majoritaires de ce type de lieu sont des individuels liés à l’architecture par leurs
études ou par leur profession. Il s’agit d’un public amateur, celui qu’on catégorise comme
acquis, très demandeur de ce genre d’offres. Ils recherchent les informations, la plupart du
temps sur Internet ou par le bouche à oreille ; ils sont à l’affût d’autres offres afin de rester
informer et d’assouvir leur soif de connaissance en matière d’architecture.

b. Une motivation transversale : l’événementiel

L’exposition temporaire proposée à un moment donné semble être la motivation


principale des publics acquis. Plus que pour la visite du lieu en soi, l’évènementiel agit
comme un levier pour la fréquentation du site. Outre les grandes expositions de peinture qui
ont conquis un large public, quelques expositions d’architectures semblent aussi toucher
dorénavant un public plus large comme les touristes. Citons par exemple à la Cité de
l’Architecture et du Patrimoine le cas de Claude Parent qui a rencontré un grand succès.
Les mises en scènes sont très importantes pour la réception auprès des publics
occasionnels. Une scénographie soignée et d’ambiance suscite encore plus l’admiration et la
curiosité des visiteurs. Les publics acquis y sont moins sensibles, s’intéressant davantage au
contenu scientifique. La scénographie semble donc être en position d’accrocher de nouveaux
visiteurs tels que les touristes ou les non-publics de l’architecture contemporaine.
A ce titre, la communication du site est cruciale. Chacun adopte un positionnement
différent, correspondant ainsi à des « cibles clientèles ». La Cité de l’Architecture, vise

58
Anne Ruelland est directrice du Service des Publics de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine.
J’ai pu la rencontrer à l’occasion des entretiens semi-directifs des publics autour d’une discussion ouverte.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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l’international via les guides de visites, ainsi que les parisiens et franciliens par le biais
d’affiches dans le métro. Le Pavillon de l’Arsenal est plus discret et s’appuie beaucoup sur
leur site Internet très bien fourni. La Galerie se positionne plutôt sur le bouche à oreille et la
MA en Ile-de-France sur un réseau d’habitués.
Les visiteurs, mêmes monomaniaques aiment aussi varier la nature de leurs loisirs.
Ainsi, leur activité n’est pas exclusivement architecturale : elle associe shopping, balade,
musée, restauration. La motivation première des déplacements volontaires sur de tels sites est
souvent l’exposition temporaire.

c. L’effet d’aubaine

Un bon nombre de touristes profitent de ce que l’on appelle l’« effet d’aubaine »
pour visiter certains lieux non prévus à l’origine. C’est essentiellement la conjugaison du
hasard et de la gratuité qui pousse à entrer. Ceci permet la découverte surprise d’un lieu
inattendu, d’une exposition et d’un domaine qui n’est pas celui de prédilection du visiteur.
L’effet d’aubaine touche plus particulièrement La Galerie d’Architecture et le Pavillon de
l’Arsenal.
On pourrait également évoquer cette catégorie en termes de non-public, intéressants
à capter car ouverts à des offres variées et nouvelles. Cette cible, a priori peu intéressée par
l’architecture contemporaine est néanmoins réceptive à des offres originales.
La situation géographique joue beaucoup dans cette « accroche ». La Cité de
l’Architecture, le Pavillon de l’arsenal et La Galerie se situent à des emplacements
touristiques stratégiques. Ils captent ainsi bon nombre d’occasionnels, au départ simples
passants. La MA* ne peut que très peu profiter de ce phénomène car, malgré la proximité de
l’autre coté du parc du Canal Saint Martin, sa situation géographique est beaucoup moins
visible. A deux pas de la Gare de l’Est, il faut y venir exprès, d’autant plus qu’elle n’est pas
systématiquement ouverte.
L’effet d’aubaine semble être un champ intéressant à développer dans la disponibilité
des touristes à s’ouvrir à de nouvelles découvertes culturelles. Elle passe par une bonne
communication de proximité d’abord, des accroches tant visuelles que scénographiques, ainsi
que par une situation géographique propice. La gratuité est un déclencheur de visite
indéniable, mais l’information en amont reste rare.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Chapitre 3 : Les lieux d’exposition d’architectures
contemporaines, clés pour le tourisme d’architecture
parisien ?

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


58
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A travers une grille SWOT*, j’aimerais synthétiser ici les questionnements qui ont
émergés tout au long du discours (figure 28). Ce tableau méthodique aide à percevoir avec
pertinence et dans une optique de stratégie de développement si une proposition est viable au
travers de quatre critères : les forces et les faiblesses du projet ainsi que les menaces et les
opportunités. Il s’agit de vérifier ou au contraire d’infirmer l’hypothèse qui a découlé de la
problématique : les lieux d’exposition d’architectures contemporaines, pôles structurants
pour le tourisme d’architecture contemporaine parisien.

28. Grille SWOT : les lieux d’exposition d’architectures contemporaines parisiens, pôles structurants
du tourisme d’architecture contemporaine de Paris ?

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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I. LA SINGULARITE DES LIEUX
D’EXPOSITION PARISIENS

Nous avons mis en exergue dans la première partie le rôle crucial des lieux
d’exposition, espaces d’interprétations et de pédagogie. Ils apparaissent comme un terrain
d’opportunités en termes touristiques afin de créer un « va-et-vient » essentiel entre
exposition et architecture échelle 1 :1. Les lieux d’exposition semblent être un véritable
« atour » pour la capitale parisienne. Ils sont à la fois nombreux et très variés, offrant ainsi des
parcours complets et des visions bien différentes et intéressantes à confronter pour les
touristes d’architecture contemporaine ; qu’ils soient de « vrais touristes » ou des visiteurs
résidentiels.

1. Une promotion française

a. Une vitrine éclectique

De part les politiques culturelles des différents sites, une différence de missions, de
tarifications et de choix scientifiques leur incombent. De cette diversité découle des
interprétations différentes, et donc, une approche de l’architecture particulière. Leurs tailles
physiques diffèrent aussi largement : La Galerie possède 160 m² d’espace libre au total, alors
que pour la Cité de l’Architecture c’est plus de 1 830 m² dédiés aux seules expositions
temporaires… Les statuts sont tous différents ; deux sont associatifs (le Pavillon de l’Arsenal
et la MA en Ile-de-France), la Cité de l’Architecture est un EPIC* et la Galerie une structure
privée de type SARL. Ces statuts induisent des communications différentes, une gestion
particulière et des partis-pris propres à chaque site.
Du point de vue patrimonial, l’exposition de l’architecture contemporaine suscite
polémiques et débats. Néanmoins, elle semble apporter une réponse concrète à la conservation
et à la valorisation de cette architecture auprès du grand public comme des plus avertis. La

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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richesse des lieux parisiens, offrant chacun une vision spécifique dans un espace d’échelle
différente, me semble être une caractéristique du tourisme d’architecture contemporaine
parisien. Une bonne appréhension de l’architecture contemporaine peut se faire justement par
la confrontation de ces lieux. De l’un aux autres, une réflexion, une critique, une observation
personnelle de l’architecture contemporaine émerge par comparaison. De même qu’une
exposition peut s’appréhender différemment selon sa muséographie, l’architecture
contemporaine ne peut se comprendre d’une seule manière.
De plus, le discours d’au moins deux lieux sur quatre traitants exclusivement de
l’architecture parisienne et francilienne renvoie plus facilement à un tourisme de l’architecture
sur le territoire donné : Paris.

b. A chaque site son échelle

Chaque site considère plus particulièrement une certaine catégorie de l’architecture


selon les sujets qu’elle traite dans ses expositions. La Cité de l’Architecture se veut
représentative de l’architecture française en alliant patrimoine et actualité. La Maison de
l’Architecture a le rôle de diffuser l’architecture de la Région Ile-de-France en se plaçant au
cœur de la capitale. Le Pavillon de l’Arsenal a choisi de développer le cas précis de Paris
intramuros, tant historiquement via un accrochage permanent, qu’avec les expositions
temporaires. Ainsi, chaque lieu promeut une échelle différente de l’architecture nationale.
La Galerie d’Architecture fait figure d’exception sans se consacrer exclusivement à
l’architecture française. Ses expositions sont toutes monographiques : elles présentent les
agences d’architecture contemporaine. Elles alternent entre agences françaises ; des
architectes parisiens la plupart du temps ; et des agences internationales. Elle n’est donc pas
exactement dans une démarche de promotion architecturale du pays mais elle reflète à sa
manière le dynamisme d’un lieu parisien dans l’intérêt porté à l’actualité de l’architecture en
général.
Les trois sites premièrement cités sont liés à l’Etat. La politique culturelle qui en
découle sert d’une manière ou d’une autre l’image de la France. La Galerie est quant à elle la
seule structure privée, ce qui lui laisse une liberté de choix et d’actions.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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2. Le nombre des lieux d’exposition parisiens

a. Une thématique, des interprétations

Ainsi, des partis-pris scénographiques découlent des politiques culturelles selon les
sites. Malgré la thématique commune qu’est l’architecture contemporaine, des visions très
différentes se construisent et des interprétations spécifiques s’en dégagent.
La Cité de l’Architecture développe des muséographies d’envergure afin de toucher
le plus grand public ; ce qui explique sans-doute en partie la présence d’un public touristique.
Les scénographies sont ainsi la plupart du temps claires et pédagogiques, avec de grands
décors (par exemple la récente exposition sur Androuet-du-Cerceau). L’aspect grandiose de
part l’espace et les moyens mis en œuvre est très présent.
La Galerie d’Architecture, grâce à son autonomie de gestion et de finances permet
des expositions très différentes au gré des interventions des architectes en charge de la
muséographie. Le discours est de fait très variable d’une exposition à l’autre, tout comme la
réception auprès des publics qui varie beaucoup d’un mois à l’autre.
Le Pavillon de l’Arsenal semble s’inscrire dans des discours approfondis et très
fouillés avec l’appui de nombreux documents graphiques, cartes et plans. La muséographie
relève de l’équipe du Pavillon. Ses visiteurs sont pour la plupart des habitués amateurs
d’architecture.
C’est dans ce type de confrontation que se construit un regard d’observateur, puis
« critique » sur l’architecture Cette approche est une démarche loin d’être contemplative et
qui semble trouver son sens dans la confrontation des lieux d’exposition les uns par rapport
aux autres.

b. La dimension didactique et pédagogique

Dans la première partie, nous avons esquissé une critique quant au renouveau du
monumental. Nous avons essayé, à travers les essais de Paola Berenstein-Jacques, de dépasser
la stigmatisation de l’édifice contemporain en tant qu’objet singulier au profit d’une
considération plus complexe, certes, mais plus réelle qui s’inscrit à l’échelle urbaine.
Rappelons les travaux critiques des architectes Venturi et Scott Brown qui avaient
mis en exergue une société noyée dans une logique marketable. L’emploi de toutes images est
bonne pour promouvoir un produit, une politique, voire même une identité. Caricaturons en

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rappelant la typologie architecturale esquissée qui pourrait bien être remise au goût du jour
entre canards et hangars décorés… Allons-nous de canards en poissons ?! Bestiaire ironique
que Valéry Didelon59 pointe au travers de son article, et que nous retrouvons fréquemment
dans l’architecture-spectacle.
Le tourisme d’architecture contemporaine, en s’articulant avec les lieux
d’interprétation, se prêterait justement à favoriser une approche plus pertinente en faisant
découvrir plus un quartier qu’un « monument » ; plutôt le projet et le processus d’élaboration
que l’aboutissement seul.
Cette démarche peut paraître difficile d’accès, mais rappelons un exemple qui illustre
l’intérêt de certaines catégories touristiques à une réception plus poussée de la question de
l’architecture. Lors de la Biennale de Venise de 2006, le pavillon de la France élaboré par
Patrick Bouchain et le collectif EXYZT a exprimé la conception hédoniste de l’architecture…
Cette Métavilla, simple échafaudage en somme, invitait les visiteurs à une discussion, à des
échanges et à quelques verres autour de réflexions concernant les problématiques
architecturales. Cette façon d’aborder l’architecture contemporaine a eu un grand succès,
répondant sans doute à l’envie du public de dépasser la consommation passive d’informations
pour se trouver au cœur des problématiques qui animent les architectes et la production
contemporaine.

c. La répartition géographique

Les quatre lieux dédiés à l’architecture contemporaine à Paris ont une répartition
géographique assez éclatée sur le territoire parisien (figure 25). Tous sont situés sur la rive
droite ; les deux plus grandes institutions – la Cité de l’Architecture et le Pavillon de l’Arsenal
– se placent à deux « extrémités », cernant ainsi la Galerie d’Architecture et la M.A* en Ile-
de-France. Le Pavillon de l’Arsenal se trouve très proche de la Galerie ; le trajet entre ces
deux sites peut se faire à pied. La Maison de l’Architecture se trouve plus excentrée par
rapport aux zones touristiques et de passage, malgré la proximité du canal Saint-Martin. Elle
reste néanmoins bien desservie grâce à la Gare de l’Est juste en face.

59
DIDELON Valéry, « l’architecture crève l’écran », Paris, Criticat, n°5, mars 2010 (pp.111-121).

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63
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25. Carte géographique des lieux d’exposition à Paris (source : google earth).

Ces établissements sont assez éloignés les uns des autres. Cet éloignement permet de
ne pas capter le public d’opportunité d’un autre site. Un parcours entre ces sites entraine des
mobilités étendues et peu pratiques. La Rive Gauche reste exclue à tout parcours. La mobilité
entre ces deux points prend du temps (une moyenne de 20 à 30 minutes en métro avec un
changement). Ainsi, la visite de deux de ces lieux parait difficile en une journée, mais reste
faisable pour les courts séjours ou plus. Un rapprochement peut facilement se constituer entre
La Galerie d’Architecture et le Pavillon de l’Arsenal grâce à leur proximité (figure 26).

26. Carte géographique des lieux d’exposition à Paris (source : google earth).

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II. UN ROLE DE CATALYSEUR ET DE
DIFFUSEUR

Une hypothèse semble émerger de cette étude. Un point qui me semble constituer la
clé de voûte du tourisme d’architecture contemporaine parisien. Il s’agit d’une offre
touristique qui vise un public exigeant et connaisseur, adepte d’une vision au-delà des clichés
et d’un tourisme passif de contemplation. Je crois que cette démarche est possible, et même
suscitée par les offres et produits d’architectures – monuments et lieux d’exposition – à Paris.

1. Les lieux d’exposition en tant que pôles structurants

L’idée de rassembler sous un ensemble déterminé les lieux dédiés à l’architecture


contemporaine peut sembler séductrice dans la quête d’une information claire. La difficulté
semble bien se placer ici : dans la coordination de l’information et des politiques différentes.
L’idée, peut-être utopique, de fournir aux visiteurs, touristes ou amateurs, une information
claire et rassemblée est rapidement rattrapée par les aléas concrets de fonctionnements de ces
lieux.

a. Des points relais pour l’architecture échelle 1 :1

Herzog et de Meuron : « Les bâtiments construits sont éparpillés à travers le monde


[…] Force est de les laisser là où ils sont ! »60

Logiquement, ces institutions semblent propices à endosser le rôle de « pôles » par


lesquels se diffusent une offre plus large, hors-les-murs. Le site web du Pavillon de l’Arsenal

60
dans Une exposition, Dijon, Les presses du réel, Paris, éd Pompidou, 1994).

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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opère déjà bien cette passerelle entre espace d’exposition et monuments in-situ, notamment
par le biais de visites guidées. Il se fait relai pour d’autres structures organisatrices et
spécialisées dans ce type d’offres telles qu’Architecture de Collection ou Guiding Tours.
Ces espaces semblent servir de points relais, et pourquoi pas de repères ; comme des
portes d’entrées – ou de sorties – jalonnant la capitale. Proposant un discours parallèle,
théorisant, informant, exhibant cette architecture ; ces espaces semblent être un bon contre-
point à l’architecture grandeur nature. Un relai qui offre une vision au-delà du seul
monument, objet fini. Les quatre lieux évoqués tout au long de cette étude sont autant de
catalyseurs pour l’architecture contemporaine qu’un diffuseur vers l’architecture à échelle
1 :1.
On pourrait considérer ces lieux comme des « pôles structurants ». Ce terme suppose
un rôle entrainant des retombées. Des retombées en termes touristiques, économiques mais
aussi afin de susciter un flux, un « va-et-vient » . Chaque site se place à une échelle différente
et en complémentarité. Captant chacun un type de publics particulier – touristique ou plus
local – ils peuvent servir l’architecture contemporaine parisienne dans un ensemble que l’on
peut dénommer le « tourisme d’architecture contemporaine », en s’attachant à son sens
fondamental de mobilités urbaines générées par cette motivation (se reporter au dossier
méthodologique).

b. L’interface Internet

Internet est un moyen de communication privilégié, comme nous l’avons identifié au


travers des études de publics. Les sites web institutionnels sont à même de relayer
l’information de produits touristiques d’architecture contemporaine. Celui du Pavillon de
l’Arsenal est le plus développé en ce sens. Il rassemble les visites guidées de Paris (« visitez
Paris ») et permet aux associations ou entreprises de figurer sur la page d’accueil. Cette
occasion légitime aussi le produit proposé et offre la possibilité de rassembler plusieurs offres
en même temps, sous la bannière de l’institution. Aucun site Internet ne rassemble
effectivement les visites guidées ou les architectures contemporaines de Paris (outre les
Promenades Urbaines mais qui n’est pas appliquée qu’à l’architecture contemporaine). Ainsi,
le site du Pavillon de l’Arsenal se fait la vitrine de ce tourisme.
Les sites web des autres institutions ne se font pas le relai des produits, bien que la
Cité de l’Architecture soit membre des Promenades Urbaines. La MA*, la Cité et la Galerie
ne développent pas particulièrement de rôle de diffuseur pour l’architecture parisienne.

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Néanmoins, ils rassemblent tous des liens internet vers les sites web de référence pour
l’architecture contemporaine, et notamment en se renvoyant les uns aux autres.
Trois de ces institutions sont présentes sur le réseau social Facebook. Cette initiative
est assez récente et finalement peu représentative de la fréquentation réelle des différents
sites. Le Pavillon de l’Arsenal rassemble ainsi 533 « amis », La Galerie en compte 345, et 10
pour la MA* en Ile-de-France qui a ouvert son compte il y a seulement quelques mois. Ces
pages internet permettent d’informer les abonnés en temps réel de toutes les activités du site
et de proposer aussi des renvois sur l’actualité de l’architecture parisienne ou sur des
conférences et évènements.

2. De l’exposition au monument, du monument au


territoire

a. Vers la promenade architecturale

Aldo Rossi : « l’expérience spatiale propre à l’architecture se prolonge dans la rue,


dans les places, dans les ruelles, et dans les parcs, dans les stades et dans les jardins ;
partout où l’œuvre de l’homme a limité des « vides », c’est-à-dire des espaces clos »61.

Bruno Zévi préconise la promenade architecturale dans son ouvrage de référence62.


Ce terme a été utilisé la première fois par Le Corbusier. Elle permet d’observer et de faire
l’expérience de l’espace et de l’architecture. Elle est la solution pour percevoir les subtilités
d’un édifice, ce qui le constitue : l’implantation, les lumières, les vides, les perspectives, les
volumes, les matières, etc... Malgré toute la pédagogie ou tous les expôts employés dans les
lieux d’interprétation, ce sentiment de l’espace ne se traduit pas, ou mal, dans un espace
d’exposition. Il se vit in-situ, sur le terrain. C’est bien la différence avec une œuvre : celle-ci
se contemple alors que l’architecture se pénètre et s’appréhende aussi dans l’espace temps. La
démarche de la balade engage le corps entier, elle n’est pas neutre : elle fait appel à tous les
sens, ainsi qu’à la critique ou en tout cas au moins à l’observation. L’architecture
s’appréhende entre espace, corps et temps.

61
D’après BOUCHIER Martine, 10 clefs pour s’ouvrir à l’architecture.
62
ZEVI Bruno, Apprendre à voir l’architecture, Paris, Minuit, 1959.

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La ville s’appréhende avant tout par sa pratique : une démarche spatio-temporelle au-
delà de l’image de marque figée d’un monument. Dans un contexte où les touristes semblent
rechercher une approche au plus près de la vision de l’habitant (d’après les études du CRT Ile-
de-France), des tendances touristiques se développent proposant des produits toujours plus
originaux les uns que les autres. La notion de ruse urbaine est un terme apparu lors d’une
étude de préfiguration par la DRAC* de la Mairie de Paris en 2003 pour le futur projet du
10463. La ruse64 est une pratique locale, un « savoir-bouger » pourrait-on dire de la ville. Pour
exemple, la connaissance des nombreux passages du 19e arrondissement est une pratique de
ruse de l’espace urbain. Elle développe une certaine poétique de l’habiter. La ruse urbaine se
perçoit comme un détournement de l’architecture ou de l’espace public, ce qui réinvente
l’espace urbain dans une autre démarche d’appropriation. Elle forge aussi une différenciation
entre habitant et touriste en contribuant à créer une identité caractéristique locale.
La ruse confère un savoir à l’individu qui la pratique ; et surtout, elle offre une
intimité inégalable dans le rapport – du touriste autant que de l’habitant – à la ville.
Claude Lévi-Strauss en parle en tant que « bricolage », Bastide comme un
rapiéçage… La ruse rend la pratique urbaine active, transforme la manière d’être et de bouger.
En somme une astuce qui détourne les obstacles conventionnels. Cette approche rejoint en
cela les interventions urbaines que nous avons évoquées précédemment et qui suscitent cette
découverte architecturale. Elles poussent à observer, voire même à chercher. A l’occasion de
certaines manifestations, elles attirent également la foule en
dérivant certains Monuments Historiques, les transformant ainsi
pour un temps en œuvre d’art contemporaine. On pense
évidemment aux interventions d’emballages de Christo, aux
anamorphoses de Felice Varini ou de Georges Rousse ou encore
l’intervention du collectif Act Up en 1993 qui a recouvert
l’obélisque de la Concorde d’un préservatif géant (figure 27).
Avec l’exemple du tram parisien, ces interventions se pérennisent.

27. intervention d’Act Up sur l’obélisque de la Concorde, Paris, 1993 (archiveshomo.info).

63
Projet initié par la Ville de Paris dès 2003, le centre de production « le 104 » a ouvert ses portes en
2008 au cœur des anciennes pompes-funèbres du 19ème arrondissement. La problématique principale a été la
bonne insertion et acceptation du lieu auprès de la population locale.
64
Alessia de BIASE, « Ruses urbaines comme savoir » (pp. 91-100), dans JEUDY Henri-Pierre et
BERENSTEIN-JACQUES Paola (ss les dir. de), Corps et décors urbains, les enjeux culturels des villes,
Nouvelles Etudes Anthropologiques, Paris, l’Harmattan, 2006.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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b. Du monument spectacle au quartier habité…

Un constat critique d’une architecture spectacle est dressé par Paola Berenstein-
Jacques, qui a notamment participé à la conférence lors de l’exposition « Architourism ». Elle
évoque un processus contemporain de spectacularisation urbaine. Considérer l’
« architourism » comme un simple tour ou vues d’architectures contemporaines
indépendantes, telles des monuments, ilots isolés dans un quartier indéterminé et au final,
effacé, revient à nier l’essence même de l’architecture. Paola Berenstein-Jacques65 évoque
cette approche architecturale touristique comme problématique et reflet d’une assimilation des
critères marketing autour de la notion d’objet consommable. Un monument pour une image
de marque… Mais quels sont les liens réels avec son environnement immédiat ? Le touriste
ne cherche-t-il pas avant tout à découvrir Paris, la ville, et à dépasser le tourisme de masse qui
a peu la possibilité d’approfondir la culture du pays visité. Nous avons établi que le tourisme
d’architecture contemporaine serait un champ propice à la cible clientèle des repeaters. Les
études touristiques du CRT* Ile-de-France ont montré leur attirance pour une approche plus
« vraie » et plus proche des parisiens et de l’actualité. C’est en ce sens que le tourisme
d’architecture contemporaine possède l’avantage d’évoquer un Paris d’actualité, qui reflète
aussi les changements sociologiques et urbanistiques, exprimé par le biais notamment des
lieux d’exposition.

65
« Errances urbaines : l’art de faire l’expérience de la ville. Autres chemins contre la
spectacularisation urbaine » (pp. 103-116), dans JEUDY Henri-Pierre et BERENSTEIN-JACQUES Paola,
Corps et décors urbains, les enjeux culturels des villes, Nouvelles Etudes Anthropologiques, Paris, L’Harmattan,
2006.

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III. LES LIMITES

1. Un champ touristique vaste et éclectique

Identifier un tourisme d’architecture contemporaine au sens d’un réel


« architourism», conscient et organisé, à Paris semble difficile dans l’approche que nous
avons choisie : entre monuments et exposition.
La notion d’ « architourism » induit une idée de cloisonnement, de réflexion par un
thème qui ne semble finalement pas correspondre aux réelles pratiques touristiques. Lors
d’une discussion avec Anne Ruelland, directrice du Service des Publics à la Cité de
l’Architecture et du Patrimoine, j’ai pu comprendre ce point de vue. Un individu tendra plus à
allier des offres variées, de différents types lors de son séjour. Il associera balade, musée et
shopping par exemple. Il n’en reste pas moins que le tourisme d’architecture contemporaine
existe et est bien une pratique latente, sans pour autant être exclusive lors d’un séjour ou
d’une excursion. C’est en ce sens que le tourisme d’architecture contemporaine ne peut se
concevoir ni se construire en tant que produit à part entière. Il n’est pas la motivation
principale et unique d’un séjour (surtout dans le contexte du terrain d’étude).

a. Entre musée, exposition temporaire et monument : quelle


identité ?

Nous l’avons vu, tous les lieux d’expositions dédiés à l’architecture contemporaine
adoptent l’exposition temporaire comme moyen de médiation prioritaire. Seuls deux ont
développé une thématique permanente. Pouvons-nous parler de musée ? La Cité de
l’Architecture développe assurément cette dimension-là en s’appuyant sur des collections
historiques. Celles-ci ont permis de poursuivre le fonds par des œuvres plus récentes au
travers de la Galerie Moderne et Contemporaine. Néanmoins, elle se présente plus comme
une présentation pédagogique et instructive que muséale.
Dans la terminologie, le terme de « musée » est oublié au profit d’autres à l’image
plus dynamique : Cité, Centre, Galerie… Le discours propre à l’architecture qui est
contemporaine se doit de garder cette dimension d’actualité. Les lieux dédiés à l’architecture

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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ne semblent pas « adhérer » à la logique muséale en adoptant le terme de « musée ».
Découlant peut-être de cette problématique de l’exposition d’un monument impossible à
contenir en soi, ces lieux préfèrent des titres plus éclectiques, parfois peu évocateurs de leur
fonction mais au profit d’une identité à part entière ; dynamique et accrocheuse. Pour
exemple, le Centre de documentation et d’information d’urbanisme et d’architecture de la
ville de Paris est plus (re)connu sous le nom du Pavillon de l’Arsenal. Malgré la revendication
patrimoine et musée du projet de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, l’intitulé s’inscrit
dans une démarche synonyme de dynamisme, espace où se croise et s’emmêle patrimoine
architectural historique et actualité de la création contemporaine au cœur de cette cité. Le
réseau des Maisons de l’Architecture joue également de son titre pour sa symbolique,
fondements de l’architecture : l’abri, le foyer, la maison afin d’évoquer les problématiques
quotidiennes qui concernent la population et de développer une politique de proximité
s’adressant aux habitants. Tous ces titres affirment une connotation de mouvement, de lieux
dynamiques et foisonnants d’activités.
Les lieux d’exposition, institutions culturelles officielles, sont des sites physiques
rassemblant la question de l’architecture. Ils sont, au même titre que certains musées, devenus
des monuments avec la particularité d’évoquer une architecture qu’elle ne « contient » pas.

Le rapport à l’architecture réelle est un corollaire nécessaire à l’exposition


d’architecture. Elle est le seul vrai objet et l’authentique œuvre. Elle ne peut être écartée du
propos des sites qui l’expose, l’explique et l’interprète. Elle se doit d’être intégrée, d’une
façon ou d’une autre à ces lieux d’exposition. Cette passerelle n’est pas toujours évidente et
peine parfois à émerger.

2. Une cible clientèle difficile à cerner

Comme nous l’avons identifié à travers les entretiens semi-directifs, les quelques
études de publics et les échanges avec les professionnels, l’ensemble de la cible clientèle
touché par cette offre touristique d’architecture contemporaine se révèle très vaste. Il s’agit à
la fois d’une opportunité comme d’une difficulté. Nous avons mis en avant deux types de
« visiteurs » (touristes, excursionnistes et résidants) particuliers.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Profil 1 : Il s’agit de touristes occasionnels, pas forcément férus d’architectures
contemporaines mais curieux et ouverts à de nouvelles expériences. Ils font souvent partie de
la catégorie des repeaters ; identifiée par le CRT* Ile-de-France comme majoritaire pour la
destination de Paris. Cet individu est facilement attiré par les « effets d’aubaine » et sensible à
une communication accrocheuse et claire.
Profil 2 : Il s’agit de visiteurs résidentiels (parisiens) rentrants dans la catégorie du
public monomaniaque, amateur et connaisseur d’architecture. Il est à même d’effectuer des
passerelles entre les différents lieux d’exposition parisiens (pas plus de deux en général) et se
montre attentif aux offres d’architectures contemporaines.
Ces profils identifiés se trouvent à deux extrêmes : du monomaniaque au néophyte,
et du touriste étranger à l’habitant du quartier. Mais ils sont tous deux aptes à susciter un « va-
et-vient » entre les lieux d’interprétation et les édifices contemporains dans une démarche
« touristique ». Ce panel large est complexe à envisager en termes de communication,
relevant de stratégies fondamentalement différentes. Cette distinction s’est ainsi ressentie
d’un site à l’autre, attirant le profil 1 (la Cité de l’Architecture, La Galerie d’Architecture)
plutôt que le profil 2 selon les lieux (Pavillon de l’Arsenal, MA en Ile-de-France et La Galerie
d’Architecture).

3. La nécessité d’une offre « centralisée »

a. La communication

L’information claire et précise, rassemblant toutes les données nécessaires relatives à


un sujet est essentielle au touriste autant qu’à l’excursionniste afin de bien identifier une
thématique. Cette offre doit se construire en collaboration avec les différents intervenants, ce
qui est difficile à gérer étant donné la pluralité de nature des édifices contemporains et des
lieux d’exposition. Ils n’ont pas la même gestion ni les mêmes enjeux.
La visibilité est le frein essentiel à l’émergence d’un ensemble d’offres touristiques
cohérentes. Le champ vaste en question concerne de fait des produits hétéroclites et éclatés,
relevant d’initiatives très différentes. Les visites guidées par exemple peuvent être des SARL,
des associations, des auto-entreprises ou des initiatives ponctuelles de l’Etat ou des
Collectivités. Une identité homogène semble alors difficile à envisager, ainsi que la
collaboration entre les différents professionnels du domaine.

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Afin de créer une offre cohérente, il est nécessaire de constituer une image forte qui
passe par une stratégie marketing. Nous avons déjà évoqué auparavant quelques structures –
associations, fondations ou autres – qui ont adopté un langage marquant. Acronymes, jeux de
mots, logotypes et chartes graphiques sont autant d’outils constitutifs. C’est ainsi que le CRT*
Ile-de-France a ainsi repositionné l’image touristique de la destination « Nouveau Paris Ile-
de-France ».
Comment alors réunir sous une même « enseigne » les édifices contemporains et les
lieux d’exposition ? Un logotype fédérateur serait le plus adéquat afin de réunir sous son
égide une offre plurielle aussi bien dans sa nature, que dans ses pratiques et dans ses cibles
clientèles. Il s’agit sous cette bannière de rassembler les informations et d’agir comme
coordonateur. Ceci me semble le point essentiel à la constitution d’une offre en tant que telle
aux yeux des touristes.

b. La collaboration entre professionnels

Les entretiens effectués avec les professionnels des quelques sites étudiés ont révélé
rapidement le manque de coordination de l’offre touristique autour de l’architecture
contemporaine. La M.A Ile-de-France avait tenté à ses débuts d’endosser le rôle de pôle
rassembleur. Il semble aujourd’hui que l’offre d’architecture contemporaine est bien présente
mais évolue plutôt comme une « nébuleuse » dans le marché touristique, (selon les termes de
Gian Maurizio, directeur de la Galerie d’Architecture) malgré les efforts d’associations telles
que Promenades Urbaines par exemple.
Les divergences politiques des tutelles des lieux d’exposition n’aident pas à
regrouper l’information, notamment les deux plus grandes institutions parisiennes que sont la
Cité de l’Architecture et du Patrimoine, relevant de la DAPA, et le Pavillon de l’Arsenal
dépendant de la Ville de Paris. Une collaboration serait envisageable si celle-ci n’engage que
très peu les structures, tant dans l’organisation que dans la gestion ou le financièrement.

c. Les possibilités du réseau ?

La mise en réseau des lieux parisiens serait envisageable comme solution pour une
initiation pertinente à l’architecture contemporaine de part ses diversités de lieux et
d’approches. La répartition géographique des lieux de l’architecture contemporaine à Paris
présente une organisation adéquate qui se prête bien au développement de parcours, tel un
maillage à travers la ville.
«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»
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Les lieux d’exposition que nous avons développés se situent tous Rive Droite. On
pourrait intégrer aussi le site de la Cité internationale Universitaire de Paris, apportant ainsi la
dimension de l’échelle 1 :1.
Cette initiative serait également l’occasion de renforcer ou d’asseoir, selon les cas, la
visibilité et la connaissance de ces espaces dédiés à l’architecture contemporaine par la
constitution d’une entité forte qui agirait comme passerelle et donnerait une véritable identité
à la notion d’ « architourism ».
Ce réseau pourrait s’envisager comme des supports graphiques contribuant à créer
une identité visuelle définie des quatre ou cinq lieux « membres » jalonnant Paris. Il serait à
concevoir plus comme une idée informelle plutôt qu’un réseau réellement constitué. L’enjeu
étant avant tout de donner une visibilité à ces lieux. Il pourrait ainsi se diffuser par exemple
via les Offices de Tourisme, les lieux d’exposition en question ou la presse ; et se
reconnaitrait par un logotype fort.

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CONCLUSION

Cette étude a tenté de montrer comment les lieux d’exposition d’architectures


contemporaines parisiens renvoient les visiteurs aux offres du tourisme d’architecture
contemporaine à Paris. La conclusion reste ouverte, sans offrir une réponse arrêtée sur la
question. Nous avons pu en tirer quelques réflexions intéressantes. Au-delà des réponses
concrètes apportées dans les première et deuxième parties, et à travers les nombreux
questionnements transversaux qui ont jalonnés cette étude, une hypothèse forte a finalement
émergé.

La première partie a démontré en amont de la réflexion, l’importance des lieux


d’exposition et leurs enjeux. Cette approche a permis de mettre en exergue l’intérêt croissant
pour l’architecture contemporaine et les retombées qu’elle peut susciter : image identitaire,
dynamisme d’une politique, audace des maîtres d’ouvrage, capacité à attirer les visiteurs...
Cette partie a mis en avant les possibilités des lieux d’exposition afin de dépasser une vision
de tourisme de masse contemplatif. L’architecture demande effectivement une vision pointue
et une appréhension qui n’est pas neutre. A ce titre, la promenade architecturale prend tout
son sens. Méthode portée par les architectes, elle relève d’une démarche active et pousse le
visiteur à l’observation. Par le biais du diagnostic de la deuxième partie, nous avons mieux
cerné le tourisme d’architecture contemporaine à Paris. Nous avons rapidement vu qu’il
existait : d’une part, les constructions contemporaines qui sont là, et d’autre part plusieurs
initiatives de visites guidées, expositions ou promenades. Les lieux d’exposition entrent
également dans cette catégorie. C’est dans cette partie que nous comprenons que par leurs
spécificités, les espaces dédiés à l’architecture sont à même de relayer les autres produits du
tourisme d’architecture contemporaine et les édifices. Ils sont un levier de communication

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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conférant une certaine légitimité. Plusieurs moyens récurrents ont été relevés d’un site
d’exposition à l’autre, dont deux importants.
Tout d’abord Internet. Il s’est révélé rapidement, aussi bien dans les questionnaires
semi-directifs que dans la prospection web des institutions culturelles, comme un outil clé
pour relayer l’information. A cet égard, le Pavillon de l’Arsenal est clairement le plus
développé et très axé sur son territoire.
L’évènementiel est aussi par le biais de certaines manifestations un palier vers
l’architecture contemporaine parisienne. Nous avons vu ce cas notamment avec les prix
d’architecture qui fonctionne bien en mettant la lumière sur une réalisation ou un architecte en
particulier. Les interventions urbaines sont aussi un moteur original pour ce tourisme ; elles
rejoignent en cela la démarche des parcours libres architecturaux à travers la capitale.

Le rapprochement des différents lieux d’exposition a pour effet de pouvoir capter un


public éclectique ; ce qui semble faire défaut aux produits touristiques tels que les visites
guidées touchant principalement un marché précis découlant des moyens de communication
mis en œuvre. D’une manière générale, l’architecture contemporaine semble intéresser une
catégorie encore restreinte : des professionnels, des architectes et des étudiants en
architecture. A cet égard, la Cité de l’Architecture et La Galerie d’Architecture ont l’avantage
de toucher un public touristique - la première surtout – et de néophytes pour la seconde. Après
cette étude, il semble évident qu’une offre pointue et spécialisée s’affirme de plus en plus. Il
me semble que c’est dans ce marché que se situe le tourisme d’architecture contemporaine.
Cette tendance s’exprime doublement dans l’intérêt porté par les touristes à l’actualité et à la
dimension contemporaine de la ville visitée. Ces lieux semblent propices à porter une image
dynamique et diversifiée de l’architecture contemporaine parisienne. Chacun s’inscrit dans
une démarche particulière à une échelle différente comme une promotion française. Ils sont
un atout à faire-valoir dans la perspective de développer et de faire émerger un
« architourism » parisien. Néanmoins, les lieux d’exposition ne sont pas tous bien ancrés dans
leur territoire. Les sujets traités varient d’un lieu à l’autre. Seuls deux font finalement
réellement écho à Paris et sa métropole : le Pavillon de l’Arsenal et la MA en Ile-de-France.
Malgré l’envergure de la Cité de l’Architecture, celle-ci semble rester déconnectée de son
territoire et des pratiques réelles.
L’articulation entre exposition et monuments est essentielle. La communication de
l’information semble cruciale pour formaliser et développer un tourisme d’architecture
contemporaine à Paris, qui apparaît aujourd’hui encore discret. La coordination des lieux

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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d’exposition et la visibilité de l’information semblent être la clé de voûte pour pouvoir
évoquer un « architourism » parisien.

La dernière partie du mémoire a poussé la problématique vers l’hypothèse qui est


d’envisager ces lieux fédérateurs comme des pôles structurants pour le tourisme
d’architecture contemporaine à Paris. Ils ont cette capacité ; notamment via une interface
internet de référence et une visibilité plus concrète que les produits existants. Les entretiens
avec les professionnels ont conforté l’idée que le tourisme d’architecture contemporaine à
Paris est bien présent mais qu’il n’est pas clairement structuré. Il ne s’agit pas d’une offre
constituée ; ce que les lieux d’exposition pourraient rectifier en se coordonnant. Aujourd’hui,
nous ne pouvons pas évoquer les lieux d’exposition comme de réels pôles structurants, avec
les retombées que ce terme induit. Il s’agit plutôt de catalyseurs et de diffuseurs efficaces pour
les produits « éclatés » dans le tourisme d’architecture contemporaine parisien. Les
passerelles entre lieux d’exposition et monuments ne semblent pas si évidents et encore peu
développés. Ceci s’explique certainement par ce marché spécifique qui est encore timide pour
le parisien mais qui est en voie de développement. Ce champ touristique très vaste va sans
doute se conforter au fil des années, ce qui pourrait déclencher le développement de relations
et échanges plus explicites et affirmés entre les lieux d’exposition, les édifices contemporains
et les produits qui gravitent autour.

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BIBLIOGRAPHIE

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SITOGRAPHIE

SITES OFFICIELS
 Cité de l’Architecture et du Patrimoine : www.citechaillot.fr
 Pavillon de l’Arsenal : www.pavillon-arsenal.com
 Maison de l’Architecture en Ile-de-France : www.maisonarchitecture-idf.org
 La Galerie d’Architecture : www.galerie-architecture.fr
 Réseau des Maisons de l’Architecture : www.ma-lereseau.org
 Confédération Internationale des Musées d’Architecture (ICAM) : www.icam-web.org.
 Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de Paris : www.caue75.archi.fr
 Conseil National de l’Ordre des Architectes : www.architectes.org
 DOCOMOMO : www.docomomo.com.
 DOCOMOMO France : www2.archi.fr/DOCOMOMO-FR.
 Le Grand Pari(s) : www.legrandparis.culture.gouv.fr
 Label « Patrimoine du XXe siècle » : patrimoine-xx.culture.gouv.fr/
 Laboratoire Anthropologie et Architecture, ENSA Paris-La Villette : www.laa.archi.fr
 Pecha Kucha Global : www.pecha-kucha.org.
 Pecha Kucha Paris : www.pechakuchaparis.com
 Union Internationale des Architectes : www.uia-architectes.org.
BASES DE DONNEES D’ARCHITECTURES CONTEMPORAINES
 Inventaire d’archives d’architectes en ligne : archiwebture.citechaillot.fr.
 Bases de données communautaire de l’architecture contemporaine, par le Groupe
Moniteur et le Pavillon de l’Arsenal : www.architopik.com
 Portail des lieux d’architecture : www.archireseau.archifr.eu
 Portails de l’actualité de l’architecture : www.cyberarchi.com
www.aroots.org
 Webguide d’architecture contemporaine : www.archi-guide.com
TOURISME
 Agence Architecture de Collection : www.architecturedecollection.fr
 Association Promenades Urbaines : www.promenades-urbaines.com
 Auto-entreprise « A travers Paris », promenades architecturales : www.atraversparis.com
 Comité Régional du Tourisme Ile-de-France : www.nouveau-paris-ile-de-france.fr
 Memento du tourisme, édition 2009 : www.tourisme.gouv.fr
 Office du Tourisme et des Congrès de Paris : www.parisinfo.com
 Paris Balade : www.parisbalades.com
 The Guiding Architecture : www.ga-paris.fr

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GLOSSAIRE

* AJAP : Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes


* CAUE : Conseil Architecture Urbanisme
* CRT : Comité Régional du Tourisme
* DAPA : Direction de l’Architecture et du Patrimoine
* DPLG : Architecte Diplômé Par Le Gouvernement
* DRAC : Direction Régionale des Affaires Culturelles
* EPIC : Etablissement Public à Industriel et Commercial
* IFA : Institut Français de l’Architecture
* IMA : Institut du Monde Arabe
* MA : Maison de l’Architecture
* MQB : Musée du Quai Branly
* SHON : Surface Hors Œuvre Nette
* SWOT : Strenghts (forces), Weaknesses (faiblesses), Opportunities (opportunités),
Threats (menaces)
* UIA : Union Internationale des Architectes
* ZAC : Zone d’Aménagement Concerté

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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ANNEXES

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Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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A. Liste des lieux d’exposition d’architectures contemporaines en France (UIA*,
Archiréseau, réseau des MA*).

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83
Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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B. Vues de l’exposition de Code Architecture à La Galerie d’Architecture, vue
d’ensemble et détail d’une maquette (16 avril – 15 mai 2010) (©BV).

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Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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C. Vues de l’exposition MMW, La Galerie d’Architecture (12 décembre 2009 –
16 janvier 2010) (©BV).

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85
Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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D. Feuillet de route « archibus » de la ligne 95 (www.pavillon-arsenal.com)

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86
Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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E. Tableau synthétique des lieux d’exposition d’architecture dans le monde
selon l’Union Internationale des Architectes (http://www.uia-architectes.org).

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Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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F. Schémas graphiques d’après les résultats des entretiens semi-directifs à La
Galerie d’Architecture et à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine.

1.

2.

3.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


88
Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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G. Schéma de l’étude du CRT Ile-de-France (source web : les études, les
repeaters, avril 2010).

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

1. LE PAVILLON DE MIES VAN DER ROHE, EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1929, BARCELONE (©


BV)............................................................................................................................................................... 12
2. LE GRAND PALAIS, EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1900, PARIS (SOURCE WEB : WIKIMEDIA
COMMONS). ............................................................................................................................................... 12
3. L’ATOMIUM, EXPOSITION UNIVERSELLE ET INTERNATIONALE DE 1958, BRUXELLES (SOURCE
WEB : ID.). .................................................................................................................................................. 12
4. OUVERTURE DES LIEUX D’EXPOSITION D’ARCHITECTURES CONTEMPORAINES EN FRANCE.
..................................................................................................................................................................... 13
5. LA PYRAMIDE DU MUSEE DU LOUVRE (© BV) ...................................................................................... 15
6. TABLEAU STATISTIQUE DES MONUMENTS HISTORIQUES (SOURCE : CHIFFRE CLES DE LA
CULTURE, MINISTERE DE LA CULTURE, 2010). ............................................................................... 16
7. PLAQUETTE POUR L’EXPOSITION – VENTE DE DESSINS ET MAQUETTES D’ARCHITECTE, LA
GALERIE D’ARCHITECTURE, DU 9 AU 11 OCTOBRE 2010 (SOURCE : LA GALERIE
D’ARCHITECTURE). ................................................................................................................................. 25
8. BILAN DE L’ACTIVITE TOURISTIQUE 2008-2010 (SOURCE CRT ILE-DE-FRANCE ET CHIFFRES
CLES DE LA CULTURE)............................................................................................................................ 28
9. TATE MODERN (© BV). .................................................................................................................................. 30
10. CITY HAL ET THE GHERKIN(© BV)............................................................................................................ 30
11. VUE GENERALE DE LONDRES (© BV)....................................................................................................... 30
12. MARCHE SAINTE CATHERINE, BARCELONE, MIRALLES ET TAGLIABUE, 2004 (© BV). .................... 31
13. FLAMME OLYMPIQUE, BARCELONE, SANTIAGO CALATRAVA, 1992 (© BV)....................................... 31
14. SCULPTURE ARCHITECTURE « PEIX », BARCELONE, FRANK GEHRY, 1992 (© BV).......................... 31
15. TOUR AGBAR, BARCELONE. JEAN NOUVEL, 2004 (© BV)...................................................................... 31
16. CARTE GEOGRAPHIQUE DES GRANDS AMENAGEMENTS URBAINS DE LA CAPITALE
(SOURCE : GOOGLE EARTH). ................................................................................................................. 32
17. PLAN DU PARCOURS DU TRAMWAY DES MARECHAUX SUD (DOSSIER DE PRESSE L’ART POUR
LE TRAM, 2006 ; ©APC)............................................................................................................................ 38
18. TABLEAU SYNTHETIQUE DES EDIFICES CONTEMPORAINS PARISIENS (H. MARTIN, GUIDE DE
L’ARCHITECTURE MODERNE A PARIS). ............................................................................................... 41
19. LA GALERIE D’ARCHITECTURE, ENTREE (©BV). ................................................................................ 44
20. LE PAVILLON DE L’ARSENAL, FAÇADE (©BV). ................................................................................... 44
21. LA MAISON DE L’ARCHITECTURE EN ILE-DE-FRANCE, VUE DE LA CHAPELLE DES
RECOLLETS (©BV)................................................................................................................................... 44
22. PART DES TOURISTES ET DES EXCURSIONNISTES (COMPRENANT AUSSI LES PARISIENS) A
LA GALERIE D’ARCHITECTURE ET A LA CITE DE L’ARCHITECTURE. ...................................... 51
23. PART DES HABITUDES DE FREQUENTATION DES LIEUX D’EXPOSITION DE
L’ARCHITECTURE................................................................................................................................... 52
24. INDICATEUR DE LA « NOTORIETE » DES LIEUX D’EXPOSITION DE L’ARCHITECTURE
CONTEMPORAINE. .................................................................................................................................. 52
28. GRILLE SWOT : LES LIEUX D’EXPOSITION D’ARCHITECTURES CONTEMPORAINES
PARISIENS, POLES STRUCTURANTS DU TOURISME D’ARCHITECTURE CONTEMPORAINE
DE PARIS ?................................................................................................................................................. 59
25. CARTE GEOGRAPHIQUE DES LIEUX D’EXPOSITION A PARIS (SOURCE : GOOGLE EARTH)...... 64
26. CARTE GEOGRAPHIQUE DES LIEUX D’EXPOSITION A PARIS (SOURCE : GOOGLE EARTH)...... 64
27. INTERVENTION D’ACT UP SUR L’OBELISQUE DE LA CONCORDE, PARIS, 1993
(ARCHIVESHOMO.INFO).......................................................................................................................... 68

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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TABLE DES ANNEXES

A. LISTE DES LIEUX D’EXPOSITION D’ARCHITECTURES CONTEMPORAINES EN FRANCE (UIA*,


ARCHIRESEAU, RESEAU DES MA*). ................................................................................................... 83

B. VUES DE L’EXPOSITION DE CODE ARCHITECTURE A LA GALERIE D’ARCHITECTURE, VUE


D’ENSEMBLE ET DETAIL D’UNE MAQUETTE (16 AVRIL – 15 MAI 2010) (©BV)......................... 84

C. VUES DE L’EXPOSITION MMW, LA GALERIE D’ARCHITECTURE (12 DECEMBRE 2009 – 16


JANVIER 2010) (©BV)............................................................................................................................... 85

D. FEUILLET DE ROUTE « ARCHIBUS » DE LA LIGNE 95 (WWW.PAVILLON-ARSENAL.COM) ............. 86

E. TABLEAU SYNTHETIQUE DES LIEUX D’EXPOSITION D’ARCHITECTURE DANS LE MONDE


SELON L’UNION INTERNATIONALE DES ARCHITECTES (HTTP://WWW.UIA-
ARCHITECTES.ORG)................................................................................................................................. 87

F. SCHEMAS GRAPHIQUES D’APRES LES RESULTATS DES ENTRETIENS SEMI-DIRECTIFS A LA


GALERIE D’ARCHITECTURE ET A LA CITE DE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE. ...... 88

G. SCHEMA DE L’ETUDE DU CRT ILE-DE-FRANCE (SOURCE WEB : LES ETUDES, LES REPEATERS,
AVRIL 2010)................................................................................................................................................ 89

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


91
Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ............................................................................................................. 3
SOMMAIRE........................................................................................................................... 4
INTRODUCTION.................................................................................................................. 5

CHAPITRE 1 : ARCHITECTURES ET EXPOSITIONS, ENJEUX ET FONDAMENTAUX


................................................................................................................................................................. 9

I. L’EXPOSITION D’ARCHITECTURE(S) ................................................................. 10

1. Rappel historique ........................................................................................................................... 10


a. Du XVIe au XVIIIe siècle ........................................................................................................... 10
b. Le XIXe siècle et les Expositions Universelles ........................................................................... 11
c. Le tournant des années 1980 : l’émergence des lieux d’exposition............................................. 12
d. Architecture contemporaine et patrimoine .................................................................................. 14

2. L’architecture exposée................................................................................................................... 16
a. Typologies de l’exposition .......................................................................................................... 16
b. L’édifice ...................................................................................................................................... 17
c. Des morceaux et des documents.................................................................................................. 18

II. LE PHENOMENE DE L’ARCHITECTURE CONTEMPORAINE.......................... 21

1. Paradoxes et ambiguïtés de l’exposition d’architecture ............................................................. 21


a. La dimension « contemporaine »................................................................................................. 21
b. La question de la représentation : de l’architecture aux architectures exposées.......................... 21
c. L’éducation du regard.................................................................................................................. 22

2. L’œuvre et l’architecte................................................................................................................... 23
a. Architecture-spectacles................................................................................................................ 23
b. La reconnaissance de l’architecte star ......................................................................................... 24
c. Des archives d’architecture.......................................................................................................... 25

CHAPITRE 2 : DIAGNOSTIC DU TOURISME D’ARCHITECTURE CONTEMPORAINE


A PARIS................................................................................................................................................ 26

I. LE TOURISME D’ARCHITECTURE CONTEMPORAINE.................................... 27

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


92
Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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1. Point sur le tourisme culturel à Paris ........................................................................................... 27
a. Données générales ....................................................................................................................... 27
b. L’image touristique de la destination Paris - Ile-de-France......................................................... 28

2. Aperçu sur deux autres capitales européennes............................................................................ 29


a. Londres ........................................................................................................................................ 30
b. Barcelone..................................................................................................................................... 30

3. L’opportunité touristique sur le territoire parisien .................................................................... 31


a. Des réaménagements urbains ...................................................................................................... 32
b. Le cas du Grand Pari(s) : premier pas vers un « architourism » parisien revendiqué ?............... 34

II. LES PRODUITS DE L’ARCHITECTURE CONTEMPORAINE............................. 35

1. L’évènementiel................................................................................................................................ 35
a. Festivals et biennales ................................................................................................................... 35
b. Les Prix d’architecture ................................................................................................................ 36
c. Tendances et originalités d’interprétation.................................................................................... 37

2. Les produits liés au tourisme d’architecture contemporaine ..................................................... 39


a. L’édition d’architecture ............................................................................................................... 39
b. Les visites guidées....................................................................................................................... 39
c. Les visites libres : parcours et promenades.................................................................................. 41

3. Des offres sur-mesure .................................................................................................................... 42


a. Focus sur l’offre particulière du CRT Ile-de-France ................................................................... 42

III. LES LIEUX D’EXPOSITION .................................................................................... 44

1. Une exception parisienne ............................................................................................................... 45

2. Quatre sites à Paris ........................................................................................................................ 45


a. La Cité de l’Architecture et du Patrimoine .................................................................................. 45
b. Le Pavillon de l’Arsenal.............................................................................................................. 47
c. La Maison de l’Architecture en Ile-de-France............................................................................. 48
d. La Galerie d’Architecture............................................................................................................ 49

IV. LE MARCHE CIBLE ................................................................................................. 51

1. Bilan des études de publics ............................................................................................................ 51


a. Des publics différents d’un lieu à l’autre..................................................................................... 51
b. Focus sur les repeaters................................................................................................................. 53
c. Des publics néophytes aux monomaniaques................................................................................ 54

2. Pratiques architecturales observées.............................................................................................. 55


a. Des pratiques différentes d’un lieu à l’autre ................................................................................ 55
b. Une motivation transversale : l’événementiel ............................................................................. 56
c. L’effet d’aubaine ......................................................................................................................... 57

CHAPITRE 3 : LES LIEUX D’EXPOSITION D’ARCHITECTURES


CONTEMPORAINES, CLES POUR LE TOURISME D’ARCHITECTURE PARISIEN ?............... 58

I. LA SINGULARITE DES LIEUX D’EXPOSITION PARISIENS............................. 60

1. Une promotion française ............................................................................................................... 60


a. Une vitrine éclectique .................................................................................................................. 60
b. A chaque site son échelle ............................................................................................................ 61

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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2. Le nombre des lieux d’exposition parisiens ................................................................................. 62
a. Une thématique, des interprétations............................................................................................. 62
b. La dimension didactique et pédagogique .................................................................................... 62
c. La répartition géographique......................................................................................................... 63

II. UN ROLE DE CATALYSEUR ET DE DIFFUSEUR ............................................... 65

1. Les lieux d’exposition en tant que pôles structurants ................................................................. 65


a. Des points relais pour l’architecture échelle 1 :1......................................................................... 65
b. L’interface Internet...................................................................................................................... 66

2. De l’exposition au monument, du monument au territoire ........................................................ 67


a. Vers la promenade architecturale ................................................................................................ 67
b. Du monument spectacle au quartier habité….............................................................................. 69

III. LES LIMITES ............................................................................................................. 70

1. Un champ touristique vaste et éclectique ..................................................................................... 70


a. Entre musée, exposition temporaire et monument : quelle identité ? .......................................... 70

2. Une cible clientèle difficile à cerner .............................................................................................. 71

3. La nécessité d’une offre « centralisée » ........................................................................................ 72


a. La communication ....................................................................................................................... 72
b. La collaboration entre professionnels.......................................................................................... 73
c. Les possibilités du réseau ?.......................................................................................................... 73

CONCLUSION...................................................................................................................... 75
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................. 78
SITOGRAPHIE ..................................................................................................................... 80
GLOSSAIRE ......................................................................................................................... 81
ANNEXES............................................................................................................................. 82
TABLE DES ILLUSTRATIONS .......................................................................................... 90
TABLE DES ANNEXES ...................................................................................................... 91
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 92
RESUME ............................................................................................................................... 95
ABSTRACT........................................................................................................................... 96

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


94
Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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RESUME

Depuis l’émergence de la notion d’ « architourism » en 2003 - expression d’un


tourisme motivé par l’architecture contemporaine - toutes les grandes métropoles mondiales
sont à la recherche de cet « effet » levier du tourisme. Paris aussi s’inscrit dans cette
mouvance à travers de grands projets urbains et des monuments contemporains signés par de
grands architectes. Elle offre une particularité en nombre par ses lieux d’interprétation dédiés
à la question de l’architecture contemporaine.
Cette mobilité urbaine crée un va-et-vient entre les édifices contemporains, les
produits qui leurs sont liés et les lieux d’exposition d’architectures contemporaines. Comment
ces lieux d’exposition renvoient-ils les visiteurs aux offres du tourisme d’architecture
contemporaine parisien ?
L’étude s’attèle à identifier d’une part ce tourisme émergeant à Paris et d’autre part à
cerner la cible clientèle touchée. Il s’agit d’envisager ces espaces, caractéristique du tourisme
parisien, comme des catalyseurs et des diffuseurs de l’information et des produits touristiques.
.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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ABSTRACT

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


96
Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
UNIVERSITE DE PARIS 1 – PANTHEON SORBONNE
INSTITUT DE RECHERCHE ET D’ETUDES SUPERIEURES DU TOURISME

« Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris


Entre monuments et lieux d’expositions »

DOSSIER METHODOLOGIQUE

Mémoire professionnel présenté pour l’obtention du

Diplôme de Paris 1 – Panthéon Sorbonne


MASTER PROFESSIONNEL « TOURISME » (2ème année)
Spécialité Valorisation Touristique des Sites Culturels

Par Betty VERRIERE


betty.verriere@gmail.com

Direction de mémoire assurée par Madame Gravari-Barbas

Membres du jury : Madame Maria Gravari-Barbas


Madame Marie Berducou

Session de juin 2010


SOMMAIRE

SOMMAIRE............................................................................................................... 2

INTRODUCTION...................................................................................................... 3

I. Le(s) champ(s) de recherche.................................................................................................... 4


1. Le tourisme d’architecture............................................................................................................. 4
2. L’architecture contemporaine........................................................................................................ 5
3. L’exposition d’architectures.......................................................................................................... 6

II. Cheminement de la réflexion ................................................................................................... 7


1. La problématique........................................................................................................................... 7
2. Une hypothèse ............................................................................................................................... 8

III. Les méthodes d’investigations ................................................................................................. 9


1. La veille des publics à La Galerie d’Architecture ......................................................................... 9
2. L’entretien semi-directif.............................................................................................................. 10
3. Les entrevues avec les professionnels ......................................................................................... 11

ANNEXES................................................................................................................. 12

2
«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
Introduction

Ce document consiste à rassembler la méthode utilisée afin de ne pas alourdir la


lecture du mémoire. Le sujet touchant à la fois à deux champs de recherches distincts, il m’a
semblé nécessaire de développer ici d’une part les méthodes utilisées, et d’autre part le
cheminement de la réflexion quant à l’élaboration de la problématique.
A mi-chemin entre architecture contemporaine et exposition d’architecture(s), la
problématique se situe à la charnière de ces deux domaines. Cette situation a rapidement mis
en évidence le fait que la réflexion devait se construire avec des outils particuliers et une
expérience de terrain essentielle. La bibliographie limitée a donc poussé à fournir un travail
personnel basé sur des sources que j’ai pu produire.
Je m’attache ici à décrire dans un premier temps le développement qui a guidé ma
réflexion dans l’élaboration de la problématique. Il s’agit de bien définir les limites du champ
de recherche et les difficultés qu’il suppose. Je développe ensuite les différents outils
méthodologiques personnels mis en œuvre : la veille des publics, l’entretien semi-directif et
enfin, les rencontres et échanges avec les professionnels liés aux lieux d’exposition
d’architectures ou au tourisme.

3
«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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I. Le(s) champ(s) de recherche

Le champ de recherche de ce mémoire possède une difficulté qui s’est retranscrite


dans un plan peu aisé à construire. La problématique, traitant essentiellement du rapport des
lieux d’exposition à l’architecture contemporaine, se situe de fait entre deux thématiques qui
pourraient aussi bien être étudiées parallèlement. Le lien transversal de ces deux champs de
recherches est le tourisme. C’est la dimension de contemporanéité qui a permis de poser les
bornes du sujet : le tourisme d’architecture se limite à l’architecture contemporaine ;
l’architecture contemporaine traite uniquement des édifices parisiens les plus récents.

1. Le tourisme d’architecture

Le champ touristique ici étudié est une catégorie particulière : celle de l’architecture
contemporaine. Ce tourisme d’architecture était à identifier et à définir pour le cas de Paris.
C’est l’objet de la deuxième partie du mémoire à travers un diagnostic du territoire parisien
qui rassemble les produits et actions culturelles en faveur de l’architecture contemporaine de
la capitale.
Lors de cette étude, j’ai considéré la notion de tourisme (culturel) au sens premier du
terme, au-delà de la définition arrêtée d’ « un déplacement d’au moins une nuitée […] »1 et
« […] consacré au temps libre passé à l’extérieur de la résidence principale, […] c’est-à-dire
une nuit passée hors du domicile […] »2. J’ai choisi de considérer le terme au sens large en
m’attachant à la dimension fondamentale du tourisme : « l’expression d’une mobilité
humaine »3. J’observe dans le cadre de mon étude un phénomène de mobilités envers une
architecture récente ou un lieu d’exposition d’architectures contemporaines ; ce qui reste en
soi une démarche touristique. La finalité de la problématique n’était pas d’observer un
« marché », au sens de retombées hôtelières ou de restaurations. Cette offre touristique
spécifique se révèle, à travers l’étude, plurielle et vaste. L’objectif n’était donc pas
d’envisager le tourisme d’architectures contemporaines parisien comme « produit de
destination » en tant que tel.

1
Dans ORIGET-DU-CLUZEAU Claude, Le tourisme culturel, Que sais-je ? Paris, PUF, 1998, p.3.
2
Dans « Tourisme », Gabriel WACKERMANN, article de l’Encyclopédie Universalis.
3
Ibid.
4
«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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Cette approche m’a permis de considérer les touristes, étrangers et nationaux, les
excursionnistes, franciliens pour la plupart, mais aussi les résidents ; catégorie dense qui crée
au même titre que les touristes et excursionnistes un réel flux. A cet égard, je me suis appuyée
sur une catégorisation souple autour de la notion de « visiteur »4. Le schéma suivant exprime
bien la distinction entre touristes et excursionnistes.

Schéma extrait du mémento du tourisme, édition 2009 (http://www.tourisme.gouv.fr).

Dans le cadre de ce mémoire - et toujours dans l’objectif d’observer un flux, une


mobilité urbaine entre lieux d’exposition dédiés et architectures contemporaines - j’ai choisi
de considérer cette catégorie non touristique mais bien présente dans les études de terrain
réalisées. Un ensemble que j’ai stigmatisé comme visiteurs résidentiels.

2. L’architecture contemporaine

L’architecture contemporaine est à envisager comme le terrain d’études, définissant


un territoire au sens géographique du terme. Elle rejoint par là la notion de pratique
touristique qui ne se fait que par les possibilités de mobilité sur une zone donnée.
La définition de « contemporain » s’entend comme l’architecture produite par des
architectes vivants. Ainsi, la chronologie touche le plus largement les 20e et 21e siècles, et au

4
Définitions établies dans le Mémento du Tourisme, 2009 (http://www.tourisme.gouv.fr).
5
«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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plus restreint, les réalisations architecturales des dernières décennies (à plus ou moins dix
années)5.
Une partie de l’étude a consisté en l’identification, sans être exhaustif, de la plupart
des aménagements urbains récents et constructions contemporaines de la capitale. J’ai tenté de
rassembler via quelques cartographies ces architectures contemporaines, fonds et supports au
tourisme d’architecture, afin de pouvoir ensuite développer la problématique et articuler cet
ensemble aux lieux d’exposition.

3. L’exposition d’architectures

Les lieux d’exposition ont été développés sous deux angles : le lieu en tant que tel et
l’exposition elle-même. C’est l’objet de la première partie.
Le lieu en tant que tel se rapproche le plus de la problématique : il est question des
actions culturelles et outils mis en place afin de renvoyer à certains monuments ou produits de
l’architecture contemporaine ; c’est-à-dire hors-les-murs de l’institution elle-même.
L’exposition quant à elle, est abordée sous l’angle historique et muséologique. Elle est
envisagée, au sens où Jean Davallon l’entend6, comme un moyen de communication à
destination des visiteurs. De plus, elle prend une dimension particulière en donnant à
l’architecture contemporaine un nouveau statut qui est celui de l’objet exposé. L’architecture,
échelle 1 devient des architectures contemporaines, objets contenus dans un lieu. Le
« contenant » se fait « contenu » par le biais d’artefacts, d’expôts ou de documents
d’architectes.
La consultation des études des publics des différents lieux étudiés devait être une
source fondamentale. Néanmoins, très différentes et parfois inexistantes selon les sites, les
études de publics se sont révélées difficilement exploitables et trop hétéroclites pour le sujet
ici abordé. De plus, aucune étude n’a à ce jour croisé les publics des différents lieux de
l’exposition de l’architecture afin d’en tirer des remarques quant au tourisme d’architecture ou
une comparaison. C’est donc par le biais d’outils méthodologiques spécifiques que j’ai pu
ébaucher un rapprochement comparatif des quatre lieux d’exposition parisiens.

5
Cet aspect est abordé dans la première partie du mémoire, au I. 1.c) Le tournant des années 1980 et
au 2.a) Architectures-spectacles (p12).
6
Dans GOB André, DROUGUET Noémie, La muséologie, histoire, développements, enjeux actuels,
Paris, Armand Colin, 2003, p.104.
6
«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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II. Cheminement de la réflexion

La problématique a émergé d’un constat simple : aujourd’hui, le tourisme urbain des


grandes capitales européennes se construit autant sur son patrimoine que sur son architecture
contemporaine, nouvelle image identitaire. Je me suis rapidement demandé ce qu’il en était
pour le cas parisien. La capitale française est connue pour sa dimension historique,
communiquant ainsi plus souvent sur une image romantique étroitement liée à son passé et à
ses monuments historiques.
Néanmoins, l’architecture contemporaine a aussi sa place à Paris. C’est l’objet du
questionnement de la deuxième partie du mémoire à travers un diagnostic du territoire
parisien qui met en exergue la présence de l’architecture contemporaine au sein de la capitale,
ainsi que le panel des produits qui en découle.
Le cheminement s’est ensuite rapidement porté sur un particularisme de la capitale
française : ses lieux d’exposition traitant de l’architecture contemporaine. Au nombre de
quatre à Paris, il s’est rapidement avéré, suite à un comparatif quantitatif avec d’autres
capitales, que ce chiffre est élevé.

1. La problématique

Il m’a semblé que la problématique devait naturellement se situer quelque part à la


charnière entre les lieux d’exposition et l’architecture contemporaine. Dans le cadre de ce
mémoire à dominante touristique, le questionnement porte sur une problématique de
positionnement et d’articulation que l’on pourrait schématiser ainsi :

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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TOURISME
D’ARCHITECTURE
CONTEMPORAINE

L’architecture
contemporaine

Monuments et
? Les lieux
d’exposition
grands d’architectures
aménagements contemporaines

Il s’agit de déterminer et de comprendre quelles sont les relations et échanges qui


existent ou qui régissent le rapport entre les édifices visités et les lieux d’interprétation. Il faut
se demander si ces lieux d’exposition institutionnels n’ont pas un rôle de catalyseur pour le
tourisme d’architecture contemporaine à Paris. La problématique est donc de se demander
comment les lieux d’exposition d’architectures contemporaines parisiens renvoient-ils
les visiteurs à l’architecture contemporaine à échelle 1 :1 ?

2. Une hypothèse

La problématique a aboutit à une interrogation sous-jacente qui pourrait être une


hypothèse à démontrer ou à infirmer à la fin du mémoire. C’est l’objet précisément de la
dernière partie. Il s’agit de se demander finalement si ces lieux d’exposition, dans leurs
complexités et dans leurs spécificités parisiennes que l’on a mis en exergue tout au long de
l’étude, ne seraient pas à même d’être des « pôles structurants » pour le tourisme
d’architecture contemporaine parisien…

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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III. Les méthodes d’investigations

Les données fondamentales pour cette étude se trouvent avant tout directement sur le
terrain. Il s’agit donc d’un travail personnel que j’ai orienté sur le rassemblement de données
via des questionnaires, entretiens semi-directifs et discussions avec les professionnels du
domaine. Cet ensemble m’a permis d’obtenir une vision partielle, mais réelle, de la question
du tourisme d’architecture contemporaine à Paris.
La première étape a été de dépouiller au maximum la bibliographie qui s’y rapporte.
L’ « architourism » étant une notion récente, peu d’ouvrages ont été publié sur la question.
Les références relevant du domaine touristique sont pour la plupart accessibles en ligne sur le
site du CRT Ile-de-France (www.nouveau-paris-ile-de-france.fr).
La méthode adoptée est principalement une approche de terrain. Elle s’est avant tout
développée sur le site de La Galerie d’Architecture7. J’ai appliqué ici l’ensemble des
méthodes possibles : le questionnaire auto-administré, l’entretien semi-directif et de
nombreux échanges avec les publics et le directeur de la galerie. Dans un second temps, j’ai
pu mener quelques entretiens semi-directifs à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, avec
l’accord de Madame Anne Ruelland, directrice du Service des Publics.

1. La veille des publics à La Galerie d’Architecture

Au cours de mon stage à La Galerie d’Architecture, mon poste se trouvait à l’accueil


au centre de la Galerie. Cet emplacement m’a permis tout au long des quatre mois d’observer
les visiteurs, d’écouter, d’échanger. Cette veille m’a permis, plus que les entretiens de retenir
des attitudes et de supposer des pratiques spécifiques au site. Du fait de l’intimité du lieu, les
discussions ont été nombreuses et les réflexions des publics se font facilement. La succession
rapide des expositions m’a également permis d’observer la réception des différentes
muséographies, très différentes d’une agence à l’autre.
Dans un premier temps, j’ai mis en place une trentaine de questionnaires auto-
administrés à la galerie dès le mois de janvier, avec un premier questionnaire simple (annexe
A.). Le bilan de cette opération est plutôt négative au sens où la problématique évoluant, et

7
Ceci a été possible grâce à ma présence quasi quotidienne au sein de l’espace d’exposition durant
quatre mois à l’occasion d’un stage facultatif à mi-temps (mi-décembre 2009 – mi-avril 2010).
9
«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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ayant mis du temps à se mettre en place – notamment avec une nouvelle orientation au fil des
mois plus axée sur le tourisme – les questions se sont au final révélées inintéressantes dans le
cadre du mémoire et inexploitables. De plus, j’ai pu constater que peu de personnes
remplissent ce type de questionnaires et le « libre service » qui aurait pu permettre de récolter
un grand nombre de questionnaires n’a pas réellement fonctionné. Je me suis donc orienté sur
une autre méthode, moins quantitative mais plutôt qualitative: l’entretien semi-directif.

2. L’entretien semi-directif

L’entretien semblait plus adéquat. L’élaboration de cette grille de questions s’est


largement inspirée du premier questionnaire auto-administré en développant plus
particulièrement certains points (annexe B.). Cette méthode est survenue un peu plus tard dans
mes démarches et a donc eu l’avantage de perfectionner et de mieux cibler les
questionnements par rapport à la problématique.
Une grille de questions systématiques a été mise en place. Elle vise tous types de
publics. L’objectif était de déterminer des pratiques spécifiques au tourisme d’architecture
contemporaine depuis les institutions culturelles de l’exposition d’architectures. Le
questionnaire a été construit avec plusieurs objectifs définis par rapport à la problématique. Il
fallait avant tout établir les passerelles, existantes ou non, entre les visites des lieux de
l’exposition d’architectures contemporaines et l’architecture « réelle » à échelle 1 : jauger la
connaissance de l’existence des autres lieux d’exposition ; révéler les édifices contemporains
les plus connus selon les visiteurs ; constater la connaissance ou non d’un produit lié au
tourisme d’architecture contemporaine tels que la visite guidée ou parcours architecturaux. Il
était aussi intéressant d’identifier les motivations des visiteurs pour le lieu d’architecture en
question ainsi que de déterminer la pratique touristique (durée de séjours, hébergement,
récurrence du séjour à Paris…). De même, la catégorisation de l’interrogé était utile à cerner
un « marché cible » : touristes, excursionnistes ou visiteurs résidentiels.
L’entretien semi-directif a été employé à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine
sur une dizaine d’individus et sur une vingtaine à La Galerie de l’Architecture. L’entretien
semi-directif a été au final l’outil le plus pratique et le plus révélateur, malgré le peu qui a pu
être mené (une trentaine exploitable au total).

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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3. Les entrevues avec les professionnels

Ma réflexion a aussi été nourrie des discussions et entretiens que j’ai pu réaliser tout
au long de mes recherches. De part mon stage, j’ai beaucoup échangé avec l’équipe de La
Galerie d’Architecture, de manière informelle et au gré des réflexions ou observations.
Le directeur de La Galerie est de formation architecte. Il porte ainsi un regard à la
charnière de celui des professionnels de l’architecture et de celui du gestionnaire de galerie
d’exposition. Fanchon Pailler, assistante à la même galerie a travaillé auparavant à Arc-en-
Rêve à Bordeaux ; elle est également de formation architecte. Parallèlement, j’ai pu rencontrer
la directrice du Service des Publics de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Anne
Ruelland, ainsi qu’Isabelle Pellegrin, chargée de mission dans ce service. Malheureusement,
je n’ai pas pu rencontrer de professionnels des deux autres sites, le Pavillon de l’Arsenal et la
M.A. en Ile-de-France.
Dans le domaine des produits d’architectures contemporaines, j’ai pris contact avec
des entreprises développant des visites guidées d’architectures contemporaines à Paris :
Delphine Aboulker, directrice de l’agence Architecture de Collection qui mène des parcours
architecturaux de ZAC et d’architectures modernes d’une part ; et d’autre part, Nicolas Rio,
fondateur de l’auto-entreprise « A travers Paris », proposant des traversées de Paris au grand
public.
Cette approche m’a avant tout permis d’obtenir un regard concret, éloigné de toute
théorie, au profit d’une réflexion bien ancrée dans les réalités des choses et de fonctionnement
de telles structures.

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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ANNEXES

A. Questionnaire auto-administré (La Galerie d’Architecture)


B. Grille de questions pour les entretiens semi-directifs (La Galerie d’Architecture
et la Cité de l’Architecture et du Patrimoine)
C. Synthèse des entretiens semi-directifs
D. 30 questionnaires semi-directifs
E. Entrevues avec les professionnels

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
A. Questionnaire auto-administré

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
B. Grille de questions pour l’entretien semi-directif

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
C. Synthèse des entretiens semi-directifs

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
D. 30 questionnaires semi-directifs

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
E. Entrevues avec les professionnels :

Entretien semi-directif (face à face – 15 min) : Delphine Aboulker, directrice de l’agence


Architecture de Collection (www.architecturedecollection.fr).

1. Quel est le profil des publics de vos parcours architecturaux ?


Il n’y a pas de profil type, les personnes qui s’inscrivent à nos parcours sont très variés ; on a
de jeunes étudiants, souvent étudiants en architecture, des couples qui viennent avec leur
poussettes jusqu’aux jeunes seniors.

2. Vos parcours touchent-ils les touristes ?


Pas vraiment ; la plupart de nos visiteurs sont des français, parisiens ou franciliens. Des
professeurs et des étudiants en architecture beaucoup. On a eu quelques groupes d’étudiants
en architecture étrangers qui se sont inscrits lors de leur séjour en France…

3. Quels sont vos moyens privilégiés pour la communication de vos parcours ?


Nous éditons tous les mois une newletter à nos abonnés (via le site Internet) ; ainsi qu’à notre
fichier clientèle qui rassemble à la fois Architecture de Collection, Elux Repérages et Ateliers,
Lofts et Associés. Nous avons bien été relayés par la presse écrite par plusieurs articles (AD,
Figaro…). Prochainement, 4 films vont être diffusés sur nos parcours et nos biens sur la
chaîne Stylia (anciennement Odyssée, programmes spécialisés du groupe TF1).
Enfin, depuis un an, nos parcours sont affichés sur le site du Pavillon de l’Arsenal dans la
rubrique « visitez Paris ».

4. Avez-vous des collaborations ou partenariats particuliers avec des institutions culturelles


d’exposition d’architecture contemporaine (Cité de l’Architecture, Pavillon de l’Arsenal, La
Galerie d’Architecture, la M.A. en Ile-de-France ou autres …) ?
Nous sommes partenaires avec Omasart, structure équivalente à la notre installée en
Californie. Leurs biens sont relayés sur notre site web dans la rubrique International.
A l’occasion de la 1ère édition du prix d’architecture Archinovo que nous avons initié, La
Galerie d’Architecture dans le Marais est notre partenaire privilégié. Elle accueillera au mois
de mai-juin 2011 l’exposition de ce prix. Le Pavillon de l’Arsenal a accepté de relayé
l’information de nos parcours architecturaux sur leur site Internet. La démarche a été longue
mais a finalement abouti. Parallèlement, nous sommes en train de mettre en place un
partenariat avec la fondation Pierre Bergé qui monte un nouveau département dans leur
maison de vente dédié à l’architecture contemporaine. Nous sommes aussi actuellement en
discussion avec la SEMAPA (SEM de la ZAC Seine-Rive-Gauche) pour notre parcours sur ce
quartier.

5. Sont-ils selon vous de bons relais d’information pour vos parcours ?


Oui ; le Pavillon de l’Arsenal nous a permis d’attirer beaucoup plus de visiteurs. C’est un
acteur de choix pour l’architecture contemporaine à Paris.

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
6. Personnellement, considérez-vous le tourisme d’architecture contemporaine à Paris comme
une notion floue ou au contraire comme un champ touristique clairement déterminé ?
Je pense que ce n’est pas une offre structurée ; il y a beaucoup de petites choses, des
initiatives plus ou moins éclatées à Paris. Le Ministère de la Culture ouvre la Villa Savoye
pour les journées du Patrimoine, la Fondation Le Corbusier propose les visites des œuvres du
Corbusier… Il y a beaucoup d’interlocuteurs différents, ce qui fait qu’on ne peut pas parler
d’un champ touristique structuré ou fédéré.

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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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Entretien semi-directif (par téléphone – 20 min) : Nicolas Rio, fondateur de l’auto-
entreprise A travers Paris (www.atraversparis.com).

1. Comment vous est venue l’idée de créer une telle structure ?


Je suis étudiant et j’ai passé un an à New-York. En revenant j’ai constaté que je connaissais
finalement moins bien Paris que New-York. C’est comme ca que l’idée m’est venue. C’est un
projet commun monté comme auto-entreprise avec une amie, Lisadie. Nous devrions
d’ailleurs bientôt s’agrandir.

2. Avez-vous effectué une étude de marché sur le tourisme d’architecture contemporaine ?


On a fait une rapide étude de marché en participant aux visites guidées qui existaient sur
Paris. Notamment via celles répertoriées dans l’Officiel des Spectacles. Nous avons constaté
que ces visites fonctionnaient bien mais dépendaient vraiment du guide conférencier. Mais
cette étude ne nous a pas vraiment aidé car nous avons constaté rapidement que le créneau qui
nous correspondait était bien différent des visites guidées de Paris traditionnelles.

3. Quel est le profil des publics de vos parcours architecturaux (parisiens, touristes) ?
On a très peu de touristes. Ce sont essentiellement des parisiens. Les publics découlent de nos
moyens de communication ; étant inscrits à l’Officiel des Spectacles, nous attirons de fait
plutôt des personnes entre 40 et 50 ans, beaucoup d’anciens enseignants et souvent des
femmes (sans être caricatural). On a du mal à toucher les jeunes ou étudiants qui peinent à
venir faire une balade de 2h à travers Paris…
Quelques articles dans le 20 min nous ont amené un autre public, plutôt la trentaine avec de
jeunes enfants.
On a constaté que les résidents des quartiers visités ne venaient pas. C’est peut-être une
question sociale au sens où nous réalisons des parcours dans des quartiers dits populaire ou en
mutation. Le public de nos visites est en général de catégories sociaux-professionnelles
diplomées.

4. Avez-vous des moyens privilégiés pour la communication de vos parcours ?

5. Avez-vous des collaborations ou partenariats particuliers avec des institutions culturelles


d’exposition d’architecture contemporaine (Cité de l’Architecture, Pavillon de l’Arsenal, La
Galerie d’Architecture, la M.A. en Ile-de-France ou autres …) ?
La communication est notre « point faible » ; c’est la difficulté de notre petite entreprise et
nous avons de fait très peu d’échanges avec ces grandes instituions. Néanmoins, nous sommes
membres de l’association des Promenades Urbaines, dont font partie aussi la Cité de
l’Architecture, le Pavillon et Pompidou… et aussi le CAUE. Les Promenades Urbaines est un
bon relai en terme de « dynamisme ». Par exemple, on a été sollicité pour participer aux 150
ans de l’annexion de Paris afin de mener des visites guidées sur nos parcours des 17e et 15e
arrondissements.

6. Sont-ils selon vous de bons relais d’information pour vos parcours ?


Oui, bien-sur mais ils n’amènent pas réellement un nouveau public et ne touchent pas
franchement la catégorie touristique. Le profil, en ce qui concerne le Pavillon, est surtout des
architectes et étudiants en architecture ; donc des passionnés et connaisseurs.
On souhaiterait toucher plutôt les résidents, car nous avons une démarche qui n’est pas que
purement architecturale : elle est aussi sociologique et historique (je suis en master de
stratégie des territoires, et Lisadie est en études d’architecture et en master d’aménagement).
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«Le tourisme d’architectures contemporaines : entre expositions et monuments»

Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
Mais ce serait une bonne chose d’intensifier les liens et les échanges avec ces structures là.

7. Personnellement, considérez-vous le tourisme d’architecture contemporaine à Paris comme


une notion floue ou au contraire comme un champ touristique qui tend à se définir
clairement ?
C’est clairement un champ qui est en train de se constituer à Paris ; mais c’est déjà quelque-
chose de développé dans d’autres villes. Je pense à New-York, Dunkerque et bien-sur Bilbao.
L’architecture contemporaine est un élément d’attraction touristique pour les grandes
capitales.

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UNIVERSITE DE PARIS 1 – PANTHEON SORBONNE
INSTITUT DE RECHERCHE ET D’ETUDES SUPERIEURES DU TOURISME

« Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris


Entre monuments et lieux d’expositions »

Rapport de synthèse présenté pour l’obtention du

Diplôme de Paris 1 – Panthéon Sorbonne


MASTER PROFESSIONNEL « TOURISME » (2ème année)
Spécialité Valorisation Touristique des Sites Culturels

Par Betty VERRIERE


betty.verriere@gmail.com

Direction de mémoire assurée par Madame Gravari-Barbas

Membres du jury : Madame Maria Gravari-Barbas


Madame Marie Berducou

Session de juin 2010


L’architecture contemporaine suscite aujourd’hui curiosité et fascination du grand
public. Les maitres d’œuvre contemporains jouissent de commandes publiques d’envergure
qui viennent redessiner nos cadres de vie urbains. Ils sont des créateurs reconnus, dont la
« griffe architecturale » est exaltée par le biais de l’édifice. L’architecture contemporaine
s’expose, se montre, se médiatise. Cette « communication » se fait de deux manières
différentes et parallèles. Les réalisations contemporaines viennent de plus en plus marquer
visuellement les grandes métropoles par des projets toujours plus audacieux et clairement
revendiqués par leurs auteurs. Par son échelle monumentale, l’architecture contemporaine
s’expose de fait dans le tissu urbain aux yeux des passants. Elle suscite ainsi une pratique
architecturale spécifique, à l’image d’un musée à ciel ouvert. La ville serait le musée et les
architectures en seraient les œuvres à contempler, à échelle 1 :1. Ce phénomène récent,
marquant la fin du XXe siècle, a entrainé une nouvelle motivation touristique : le tourisme
d’architecture contemporaine. Selon les cas d’études – je pense à l’effet Bilbao par exemple –
il tend à se constituer au travers de la notion nouvelle d’ « architourism ». Parallèlement,
l’architecture s’expose au premier sens du terme dans des lieux d’interprétation dédié à cette
question. Cet acte se fait par le biais de documents d’architecture : plans, photographie,
maquette… L’architecture ne se présente pas ici directement, elle est représentée et
interprétée dans une scénographie et un discours particuliers.
Quelles sont alors les passerelles entre ces deux manières d’appréhender
l’architecture contemporaine ? Y-a-t-il des renvois particuliers de l’une à l’autre et
réciproquement ? A travers cette étude, je tente d’observer comment les lieux d’exposition
dédiés à l’architecture contemporaine renvoient les visiteurs vers les offres touristiques
de l’architecture contemporaine et à l’architecture à échelle 1 :1. Il s’agit d’une question
d’articulation, se situant à la charnière de deux champs de recherche : d’une part l’exposition
d’architecture et son lieu, et d’autre part le tourisme d’architecture contemporaine, une
catégorie spécialisée.

Nous pouvons considérer l’architecture sous deux grandes formes. L’édifice lui-
même à échelle 1:1 et les documents constitutifs du projet architectural.
Jean-Louis Cohen établi deux types majeurs d’expositions spécifiques à
l’architecture. Ils relèvent de choix muséographiques et d’approches didactiques différentes.
Le premier est le monument à l’échelle 1, qui est une confrontation directe à l’œuvre. Cet
aspect engage soit la condition de l’ « in-situ », soit une réplique ou construction qui demande
des conditions d’espaces difficiles. Le second type est l’exposition par le biais de documents,
artefacts, représentations, multimédias… Les musées d’architecture opèrent le plus souvent ce
choix. La dimension didactique est alors essentielle puisqu’elle construit le discours autour de
thématiques ou catégories : chronologie, nature, esthétique, matériaux…
Cette forme représentative de l’architecture est la plus à même d’exposer au sens
muséal du terme le sujet de l’architecture contemporaine. Il s’agit des documents annexes de
tous projets, outils permettant de créer, visualiser, faire évoluer et présenter le projet. Ils
fournissent traditionnellement le contenu d’une exposition d’architecture. Ils sont à même
d’expliquer, de détailler, de visualiser le projet ou le processus de création et permettent ainsi
une médiation riche et variée.
Le terme contemporain est bien relatif. Il s’agit d’un mot lié à la quatrième
dimension, le temps. Ce qui est contemporain aujourd’hui ne le sera plus pour la génération
suivante. Par définition, l’architecture contemporaine est celle produite aujourd’hui. Les
limites chronologiques évoluent elles aussi, au gré du vivant et de la mort de l’auteur. Ainsi,

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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- IREST - Paris 1, Panthéon Sorbonne -
le terrain d’études ici envisagé se limitera à l’architecture moderne et contemporaine des XXe
et XXIe siècles.
L’exposition d’architectures contemporaines dans un lieu dédié se fait la plupart du
temps par le biais d’artefacts, de documents annexes constitutifs du projet architectural que
l’on a développé précédemment. Ces objets sont qualifiés d’« expôts »1, terme d’André
Desvallées. Il faut entendre l’exposition au sens de Jean Davallon, comme outil de
communication, car l’exposition d’architectures contemporaines ne présente pas - ou rarement
- des choses réelles2. L’architecture ne peut par nature s’exposer – au sens muséal du terme. Il
s’agit donc d’une représentation de l’architecture. L’exposition d’architectures
contemporaines s’inscrit donc plutôt dans une muséologie de l’idée, dont le message prime
sur l’objet présenté.
L’exposition d’architecture se conçoit plus comme une exposition de documentation
à but d’information, de diffusion et parfois de promotion. L’objet dont il est question, c’est-à-
dire l’objet fini ne se contemple qu’in situ, à l’extérieur, et parfois bien loin du site
d’exposition.

Depuis quelques décennies, l’image de l’architecte créateur a été reconnue et placée


au-devant de la scène. Grace aux grandes révolutions technologiques du XXe siècle, et
notamment numériques, le geste architectural est exalté. La griffe du créateur transparait et est
recherchée par toute politique publique qui entreprend un projet de bâtiment public. Parfois,
plus qu’un édifice, le maître d’ouvrage recherche une signature architecturale. C’est ainsi que
certaines agences ont une réputation qui les précède. Les architectes contemporains sont
devenus des personnalités connues du grand public. Ils sont ainsi la source d’un marché
foisonnant : édition d’architecture, interventions médiatiques, conférences réputées,
expositions à succès… Le nom de l’architecte devient lui-même un produit qui fait vendre,
qui attire les curieux et qui déplace les foules.
Parallèlement à la reconnaissance de l’architecte contemporain et à la production
d’architectures œuvres d’art, nous constatons le recollement, parfois systématique, des
documents produits par les architectes – plans, dessins, croquis, maquettes – au sein d’un
musée, d’une fondation ou de centres d’archives. Ces « objets » découlant du projet
architectural sont aujourd’hui de plus en plus collectionnés et recherchés. Ce phénomène
récent marque le passage des ces outils de travail à un statut plus élevé qui est celui d’une
œuvre à part entière. Leur valeur documentaire est augmentée par une valeur d’art intrinsèque.
A ce titre, plusieurs initiatives reflètent cet engouement actuel. Une base de données
numérique a été constituée par l’IFA* en 1997 répertoriant les travaux des architectes des
XXe et XXIe siècles : Archiwebture. Elle rassemble les documents du projet architectural,
seules traces du processus de création. De même, la Cité de l’Architecture a acquis
récemment la maquette du Pavillon français de l’Exposition de Shanghai. Actuellement, la
fondation Pierre Bergé est en train de mettre en place un nouveau département au sein de sa
maison de vente dédié à l’architecture. Dans cette veine d’exposition-vente, la Cité de
l’Architecture présentera du 16 au 18 octobre des dessins d’architectes. La Galerie
d’Architecture a organisé quant à elle une exposition – vente de dessins et maquettes
d’architectes de renom.

1
«tout ce qui est ou peut être exposé, sans distinction de nature, qu’il s’agisse d’original ou de
reproduction, d’objet à deux ou à trois dimensions, d’objet d’art ou d’objet utilitaire, de statue, de peinture, de
gravure, d’outil, de machine, de modèle, de photo… », dans GOB André, DROUGUET Noémie, La muséologie,
histoire, développements, enjeux actuels, Paris, Armand Colin, 2003, p.105.
2
Terme de Duncan Cameron dans sa classification des expôts.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Dans Paris intramuros, de nouveaux territoires émergent, loin des pôles historiques
du centre de la capitale. Ils sont devenus des zones d’attractivités touristiques fortes, autant
pour les étrangers que pour les parisiens. Ces sites font notamment l’objet de visites guidées
mais sont surtout des espaces de vie rassemblant loisirs, culture, parcs et architectures
contemporaines. On citer le site de La villette, La Défense, les ZAC Bercy et Seine Rive
Gauche.
Le projet du Grand Pari(s) apparaît comme le grand projet de rénovation urbaine du
Paris du XXIe siècle3. Ce projet reflète avant tout des préoccupations de circulations qui sont
de plus en plus saturées à Paris et son extension, visant à effacer la barrière entre banlieue et
Paris intramuros. La consultation s’articule autour des thèmes fédérateurs du transport et de la
mobilité, des espaces verts, du logement, du fleuve, des équipements et espaces publics et de
pôles d’excellence.

L’événementiel est une part importante des lieux d’expositions ; festivals, biennales,
prix d’architecture… Ils sont autant de manifestations propices à évoquer la production
architecturale de leur territoire.
La Biennale de Venise (29 août- 21 novembre 2010 - 12e édition) est sans doute la
plus connue et la plus ancienne, après les Expositions Universelles. Elle concerne les arts
contemporains en développant plusieurs thématiques (danse, cinéma, musique, théâtre et
architecture). La première Biennale de Venise a eu lieu en 1895 ; l’architecture a été intégrée
au programme en 1980. La dernière Biennale d’Architecture a attirée près de 130 000
visiteurs internationaux.
A l’échelle locale aussi on observe ce phénomène à travers des manifestations de
moindre envergure. En 2008, la MA en Ile-de-France a organisé son premier festival
d’architecture, axé sur le grand public Dehors Paris. L’association Champs Libres organise
cette année pour la première fois un festival à Montpellier Architectures Vives. De même,
depuis 2004, la biennale d’architecture Agora se déroule à Bordeaux.
Un marché s’est développé autour des grands architectes contemporains : tourisme
autour de ces productions spectaculaires, publications nombreuses dans la presse spécialisée
et aussi création de Prix d’architecture. Ceux-ci confèrent prestige et légitimité aux agences
concernées. Le plus prestigieux est le Prix Pritzker, remis chaque année depuis 1979.
D’autres prix, internationaux et nationaux existent ; ce sont de véritables tremplins pour
l’agence primée. En France, chaque année le Prix de l’Equerre d’Argent récompense un
bâtiment achevé cette même année sur le sol français, sous la direction de la revue réputée Le
Moniteur. D’autres Prix ont moins d’envergure mais ne sont pas moins convoités : pour
exemple, les AJAP (Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes) est un prix initié par la
DAPA en collaboration avec la Cité de l’Architecture et du Patrimoine primant une vingtaine
de lauréats d’architectes « jeunes talents » de moins de 35 ans. L’opération s’accompagne
d’une exposition relayée par un lieu d’interprétation. Celle des AJAP est itinérante et parcoure
la France à travers les CAUE ou les Maisons de l’Architecture, obtenant ainsi une visibilité à
l’échelle du territoire national. Les prix Mies Van Der Rohe, l’Equerre d’Argent et les AJAP
sont exposés à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Le Pavillon de l’Arsenal a été
récemment initiateur d’un nouveau prix d’architecture, reflétant par là le succès auprès du
grand public que ce principe peut susciter. Et c’est précisément la politique de cette opération,
intitulée Prix Grand Public des Architectures contemporaines de la Métropole Parisienne.

3
Site Internet officiel : www.legrandparis.culture.gouv.fr.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Mémoire de master II professionnel, mention Tourisme - spécialité Valorisation touristique des sites culturels
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L’édition est l’un des moyens le plus répandu pour la diffusion de l’architecture en
général – et plus particulièrement – contemporaine. Ce champ semble séduire autant le grand
public que les amateurs et professionnels. Il existe un grand nombre de revue pour toutes les
catégories de lecteurs. Les lieux d’exposition n’hésitent pas à publier eux-mêmes des
ouvrages ayant traits à une thématique ou une exposition. Outre les traditionnels catalogues,
certains développent un intérêt particulier pour des guides d’architecture contemporaine.
Citons pour exemple le dernier livre édité par la M.A Ile-de-France, Dehors Paris, un guide
d’architectures à voir / à imaginer (février 2010), résultant du festival d’architecture de 2009.
Le Pavillon de l’arsenal a développé une collection particulière Paris, visite guidée. Les
expositions de La Galerie d’Architecture prévoient fréquemment un support papier
accompagnant l’exposition, en lieu et place des cartels.
Très prisées des tour-opérateurs touristiques, les visites guidées le sont beaucoup
moins pour l’architecture contemporaine. L’association des Promenades Urbaines est la plus
connue. Elle a pour membres partenaires plusieurs institutions culturelles telles que le Centre
Pompidou, la Cité de l’Architecture ou encore le CAUE* de Paris. La Cité Internationale
Universitaire de Paris offre également plusieurs visites thématiques de ses monuments. Elle
constitue à elle seule un parc d’architectures dont la visite est très riche car elle se fait in-situ,
dans son cadre d’interprétation d’origine et à l’échelle 1. Architecture de Collection4 met en
œuvre des visites guidées depuis 2008, aujourd’hui relayées par le site web du Pavillon de
l’Arsenal afin de promouvoir cette architecture autour de parcours5. A travers Paris est une
auto-entreprise qui propose des « traversées » de Paris par le biais de visites originales
architecturales mais aussi sociologiques et historiques. Elle est relayée principalement par
l’Officiel des Spectacles et fait partie de l’association des Promenades urbaines.
Le succès des visites libres des monuments tient essentiellement au fait qu’elles
supposent marche et balade, une appréhension ludique et simple, accessible à tout le monde et
gratuite. Les feuillets Archibus sont édités par le Pavillon de l’Arsenal en collaboration avec
la Ratp. Chaque livret conduit au fil d’une ligne de bus, de métro ou de tram, une visite d’une
quinzaine de bâtiments contemporains, accompagnés d’un bref explicatif. Cette initiative
judicieuse pâtie néanmoins d’une faible visibilité. Les guides d’architecture contemporaine
sont une bonne source pour explorer Paris. Ils ont en général le mérite d’être plus exhaustif
que les sites Internet. En m’appuyant sur celui d’Hervé Martin, « Guide de l’architecture
moderne à Paris » (aux éditions Alternatives, Paris, 2010), j’ai ainsi répertorié plus de 290
édifices contemporains.

Le site web du Comité Régional du Tourisme propose aux visiteurs des balades
thématiques gratuites avec pour thème l’architecture contemporaine6. L’accroche pour cette
visite joue sur le spectaculaire et l’audace par la hauteur des architectures… Quatre parcours
sont proposés dans l’onglet « balades » autour de quatre thématiques très en vogue
actuellement. Le CRT* a judicieusement choisi d’axer les balades autour de : « l’architecture
spectaculaire », « les matériaux à l’honneur », « les grand architectes », « quand

4
Site web officiel : www.architecturedecollection.fr.
5
Sept parcours sont proposés par des historiennes de l’art : 1 : l’architecture moderne à Boulogne-
Billancourt et l’atelier de Le Corbusier. 2 : les ateliers d’artistes et villas du 14e arrondissement. 3 : l’architecture
moderne dans le 16e arrondissement et la Villa La Roche de Le Corbusier. 4 : l’architecture contemporaine de la
ZAC Seine Rive Gauche dans le 13e arrondissement. 5 : les ateliers d’artistes du 18e arrondissement. 6 : le
boulevard Raspail. 7 : la ZAC Paris – Bercy.
6
Page web : http://www.nouveau-paris-ile-de-france.fr/guides-paris/envie-de/architecture-
contemporaine/balades/l-architecture-spectaculaire-63650.html

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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l’architecture contemporaine s’expose ». La liste est loin d’être exhaustive. Elle cite
effectivement les monuments majeurs de l’architecture contemporaine mais ne propose pas
réellement de parcours comme le terme « balade » aurait pu le faire penser. Autre point
intéressant, les lieux d’expositions sont également intégrés à plusieurs reprises dans cette
quête de découverte de l’architecture contemporaine à Paris.

Au cours de mon étude, j’ai identifié quatre lieux d’exposition institutionnels dédiés
à l’architecture contemporaine à Paris
La Cité de l’Architecture et du Patrimoine a ouvert ses portes en septembre 2007.
Le projet est fortement politique et a été inauguré par le Président Nicolas Sarkozy.
Aujourd’hui, la Cité de l’Architecture a par exemple exposé la présentation des propositions
des dix architectes pour le projet du Grand Pari(s). La Cité de l’architecture a une dimension
internationale, vitrine de l’architecture française à l’étranger. Elle accueille chaque année
environ 300 000 visiteurs.
Le Pavillon de l’Arsenal a ouvert ses portes en 1988 dans l’ancien Arsenal du XIXe
siècle, près du quartier du Marais et de la Bastille en tant que « centre d’information, de
documentation et d’exposition d’urbanisme et d’architecture de la Ville de Paris ». Il a pour
mission d’exposer l’architecture parisienne. Une exposition permanente au rez-de-chaussée
présente l’histoire urbanistique et architecturale de la ville. L’espace en mezzanine est réservé
aux expositions temporaires. Le site est libre d’accès. Le Pavillon de l’Arsenal est une
association Loi 1901 qui dépend de la Ville de Paris. Il accueille chaque année près de
200 000 visiteurs.
La Maison de l’’Architecture en Ile-de-France a pris place près de la Gare de
l’Est, dans l’ancien couvent des Récollets du XVIIIe siècle, inscrit au titre des Monuments
Historiques (en 1974). Elle se place sous le signe de l’échange, du dialogue et du partage. La
M.A en Ile-de-France est une association Loi 1901 créée en 2004 par l’Ordre des architectes
en Ile-de-France. Le public semble être avant tout des professionnels du domaine, ce qui
semble découler de la spécificité des interventions et au degré poussé des thématiques
proposées.
La Galerie d’Architecture a été créée en 1999 en plein cœur du Marais. Elle est en
accès libre. Elle offre un espace unique, blanc, de 160 mètres carrés scandé de quelques
colonnes et piliers. Elle a ainsi le mérite d’offrir un lieu intimiste, s’inscrivant dans l’esprit
des galeries du quartier. C’est une structure privée de statut S.A.R.L dirigée par Gian Mauro
Maurizio. Elle fonctionne sur un principe de location de l’espace à des agences d’architectes
contemporains français ou internationaux. Cette approche laisse aux architectes le choix de la
scénographie / muséographie, ce qui permet une véritable promotion et diffusion pour
l’agence en question et de l’architecture contemporaine en générale.

Il s’agit de vérifier au au contraire d’infirmer l’hypothèse qui a découlé de la


problématique : les lieux d’exposition d’architectures contemporaines, pôles structurants pour
le tourisme d’architecture contemporaine parisien.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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De part les politiques culturelles des différents sites, une différence de missions, de
tarifications et de choix scientifiques leur incombent. De cette diversité découle des
interprétations différentes, et donc, une approche de l’architecture particulière. Leurs tailles
physiques diffèrent aussi largement : La Galerie possède 160 m² d’espace libre au total, alors
que pour la Cité de l’Architecture c’est plus de 1 830 m² dédiés aux seules expositions
temporaires… Les statuts sont tous différents ; deux sont associatifs (le Pavillon de l’Arsenal
et la MA en Ile-de-France), la Cité de l’Architecture est un EPIC* et la Galerie une structure
privée de type SARL. Ces statuts induisent des communications différentes, une gestion
particulière et des partis-pris propres à chaque site.
Les trois sites premièrement cités sont liés à l’Etat. La politique culturelle qui en
découle sert d’une manière ou d’une autre l’image de la France. La Galerie est quant à elle la
seule structure privée, ce qui lui laisse une liberté de choix et d’actions.
Des partis-pris scénographiques découlent des politiques culturelles selon les sites.
Malgré la thématique commune qu’est l’architecture contemporaine, des visions très
différentes se construisent et des interprétations spécifiques s’en dégagent.La Cité de
l’Architecture développe des muséographies d’envergure afin de toucher le plus grand
public ; ce qui explique sans-doute en partie la présence d’un public touristique. Les
scénographies sont ainsi la plupart du temps claires et pédagogiques, avec de grands décors
(par exemple la récente exposition sur Androuet-du-Cerceau). L’aspect grandiose de part
l’espace et les moyens mis en œuvre est très présent. La Galerie d’Architecture, grâce à son
autonomie de gestion et de finances permet des expositions très différentes au gré des
interventions des architectes en charge de la muséographie. Le discours est de fait très
variable d’une exposition à l’autre, tout comme la réception auprès des publics qui varie

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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beaucoup d’un mois à l’autre. Le Pavillon de l’Arsenal semble s’inscrire dans des discours
approfondis et très fouillés avec l’appui de nombreux documents graphiques, cartes et plans.
La muséographie relève de l’équipe du Pavillon. Ses visiteurs sont pour la plupart des
habitués amateurs d’architecture.
C’est dans ce type de confrontation que se construit un regard d’observateur, puis
« critique » sur l’architecture Cette approche est une démarche loin d’être contemplative et
qui semble trouver son sens dans la confrontation des lieux d’exposition les uns par rapport
aux autres.

Une hypothèse semble émerger de cette étude. Un point qui me semble constituer la
clé de voûte du tourisme d’architecture contemporaine parisien. Il s’agit d’une offre
touristique qui vise un public exigeant et connaisseur, adepte d’une vision au-delà des clichés
et d’un tourisme passif de contemplation. Je crois que cette démarche est possible, et même
suscitée par les offres et produits d’architectures – monuments et lieux d’exposition – à Paris.
Ces espaces semblent servir de points relais, et pourquoi pas de repères ; comme des
portes d’entrées – ou de sorties – jalonnant la capitale. Proposant un discours parallèle,
théorisant, informant, exhibant cette architecture ; ces espaces semblent être un bon contre-
point à l’architecture grandeur nature. Un relai qui offre une vision au-delà du seul
monument, objet fini. Les quatre lieux évoqués tout au long de cette étude sont autant de
catalyseurs pour l’architecture contemporaine qu’un diffuseur vers l’architecture à échelle
1 :1.
On pourrait considérer ces lieux comme des « pôles structurants ». Ce terme
suppose un rôle entrainant des retombées. Des retombées en termes touristiques,
économiques mais aussi afin de susciter un flux, un « va-et-vient » . Chaque site se place à
une échelle différente et en complémentarité. Captant chacun un type de publics particulier –
touristique ou plus local – ils peuvent servir l’architecture contemporaine parisienne dans un
ensemble que l’on peut dénommer le « tourisme d’architecture contemporaine », en
s’attachant à son sens fondamental de mobilités urbaines générées par cette motivation (se
reporter au dossier méthodologique).
Internet est un moyen de communication privilégié, comme nous l’avons identifié
au travers des études de publics. Les sites web institutionnels sont à même de relayer
l’information de produits touristiques d’architecture contemporaine. Celui du Pavillon de
l’Arsenal est le plus développé en ce sens. Il rassemble les visites guidées de Paris (« visitez
Paris ») et permet aux associations ou entreprises de figurer sur la page d’accueil. Cette
occasion légitime aussi le produit proposé et offre la possibilité de rassembler plusieurs offres
en même temps, sous la bannière de l’institution. Aucun site Internet ne rassemble
effectivement les visites guidées ou les architectures contemporaines de Paris (outre les
Promenades Urbaines mais qui n’est pas appliquée qu’à l’architecture contemporaine). Ainsi,
le site du Pavillon de l’Arsenal se fait la vitrine de ce tourisme.

Identifier un tourisme d’architecture contemporaine au sens d’un réel


« architourism», conscient et organisé, à Paris semble difficile dans l’approche que nous
avons choisie : entre monuments et exposition.
La notion d’ « architourism » induit une idée de cloisonnement, de réflexion par un
thème qui ne semble finalement pas correspondre aux réelles pratiques touristiques. Lors
d’une discussion avec Anne Ruelland, directrice du Service des Publics à la Cité de
l’Architecture et du Patrimoine, j’ai pu comprendre ce point de vue. Un individu tendra plus à
allier des offres variées, de différents types lors de son séjour. Il associera balade, musée et

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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shopping par exemple. Il n’en reste pas moins que le tourisme d’architecture contemporaine
existe et est bien une pratique latente, sans pour autant être exclusive lors d’un séjour ou
d’une excursion. C’est en ce sens que le tourisme d’architecture contemporaine ne peut se
concevoir ni se construire en tant que produit à part entière. Il n’est pas la motivation
principale et unique d’un séjour (surtout dans le contexte du terrain d’étude).
Le rapport à l’architecture réelle est un corollaire nécessaire à l’exposition
d’architecture. Elle est le seul vrai objet et l’authentique œuvre. Elle ne peut être écartée du
propos des sites qui l’expose, l’explique et l’interprète. Elle se doit d’être intégrée, d’une
façon ou d’une autre à ces lieux d’exposition. Cette passerelle n’est pas toujours évidente et
peine parfois à émerger.

L’information claire et précise, rassemblant toutes les données nécessaires relatives à


un sujet est essentielle au touriste autant qu’à l’excursionniste afin de bien identifier une
thématique. Cette offre doit se construire en collaboration avec les différents intervenants, ce
qui est difficile à gérer étant donné la pluralité de nature des édifices contemporains et des
lieux d’exposition. Ils n’ont pas la même gestion ni les mêmes enjeux.
La visibilité est le frein essentiel à l’émergence d’un ensemble d’offres touristiques
cohérentes. Le champ vaste en question concerne de fait des produits hétéroclites et éclatés,
relevant d’initiatives très différentes. Les visites guidées par exemple peuvent être des SARL,
des associations, des auto-entreprises ou des initiatives ponctuelles de l’Etat ou des
Collectivités. Une identité homogène semble alors difficile à envisager, ainsi que la
collaboration entre les différents professionnels du domaine.

Cette étude a tenté de montrer comment les lieux d’exposition d’architectures


contemporaines parisiens renvoient les visiteurs aux offres du tourisme d’architecture
contemporaine à Paris. La conclusion reste ouverte, sans offrir une réponse arrêtée sur la
question. Nous avons pu en tirer quelques réflexions intéressantes. Au-delà des réponses
concrètes apportées dans les première et deuxième parties, et à travers les nombreux
questionnements transversaux qui ont jalonnés cette étude, une hypothèse forte a finalement
émergé.
Par le biais du diagnostic de la deuxième partie, nous avons rapidement vu qu’il
existait : d’une part, les constructions contemporaines qui sont là, et d’autre part plusieurs
initiatives de visites guidées, expositions ou promenades. Les lieux d’exposition entrent
également dans cette catégorie. C’est dans cette partie que nous comprenons que par leurs
spécificités, les espaces dédiés à l’architecture sont à même de relayer les autres produits du
tourisme d’architecture contemporaine et les édifices. Ils sont un levier de communication
conférant une certaine légitimité. Plusieurs moyens récurrents ont été relevés d’un site
d’exposition à l’autre, dont deux importants.
Tout d’abord Internet. Il s’est révélé rapidement, aussi bien dans les questionnaires
semi-directifs que dans la prospection web des institutions culturelles, comme un outil clé
pour relayer l’information. A cet égard, le Pavillon de l’Arsenal est clairement le plus
développé et très axé sur son territoire. L’évènementiel est aussi par le biais de certaines
manifestations un palier vers l’architecture contemporaine parisienne. Nous avons vu ce cas
notamment avec les prix d’architecture qui fonctionne bien en mettant la lumière sur une
réalisation ou un architecte en particulier. Les interventions urbaines sont aussi un moteur
original pour ce tourisme ; elles rejoignent en cela la démarche des parcours libres
architecturaux à travers la capitale.

«Le tourisme d’architecture contemporaine à Paris : entre monuments et lieux d’expositions»


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Le rapprochement des différents lieux d’exposition a pour effet de pouvoir capter un
public éclectique ; ce qui semble faire défaut aux produits touristiques tels que les visites
guidées touchant principalement un marché précis découlant des moyens de communication
mis en œuvre. D’une manière générale, l’architecture contemporaine semble intéresser une
catégorie encore restreinte : des professionnels, des architectes et des étudiants en
architecture. A cet égard, la Cité de l’Architecture et La Galerie d’Architecture ont l’avantage
de toucher un public touristique - la première surtout – et de néophytes pour la seconde. Ces
lieux semblent propices à porter une image dynamique et diversifiée de l’architecture
contemporaine parisienne. Chacun s’inscrit dans une démarche particulière à une échelle
différente comme une promotion française. Ils sont un atout à faire-valoir dans la perspective
de développer et de faire émerger un « architourism » parisien. Néanmoins, les lieux
d’exposition ne sont pas tous bien ancrés dans leur territoire. Les sujets traités varient d’un
lieu à l’autre. Seuls deux font finalement réellement écho à Paris et sa métropole : le Pavillon
de l’Arsenal et la MA en Ile-de-France. Malgré l’envergure de la Cité de l’Architecture, celle-
ci semble rester déconnectée de son territoire et des pratiques réelles.
L’articulation entre exposition et monuments est essentielle. La communication de
l’information semble cruciale pour formaliser et développer un tourisme d’architecture
contemporaine à Paris, qui apparaît aujourd’hui encore discret. La coordination des lieux
d’exposition et la visibilité de l’information semblent être la clé de voûte pour pouvoir
évoquer un « architourism » parisien.
La dernière partie du mémoire a poussé la problématique vers l’hypothèse qui est
d’envisager ces lieux fédérateurs comme des pôles structurants pour le tourisme
d’architecture contemporaine à Paris. Ils ont cette capacité ; notamment via une interface
internet de référence et une visibilité plus concrète que les produits existants. Les entretiens
avec les professionnels ont conforté l’idée que le tourisme d’architecture contemporaine à
Paris est bien présent mais qu’il n’est pas clairement structuré. Il ne s’agit pas d’une offre
constituée ; ce que les lieux d’exposition pourraient rectifier en se coordonnant. Aujourd’hui,
nous ne pouvons pas évoquer les lieux d’exposition comme de réels pôles structurants, avec
les retombées que ce terme induit. Il s’agit plutôt de catalyseurs et de diffuseurs efficaces pour
les produits « éclatés » dans le tourisme d’architecture contemporaine parisien. Les
passerelles entre lieux d’exposition et monuments ne semblent pas si évidents et encore peu
développés. Ceci s’explique certainement par ce marché spécifique qui est encore timide pour
le parisien mais qui est en voie de développement. Ce champ touristique très vaste va sans
doute se conforter au fil des années, ce qui pourrait déclencher le développement de relations
et échanges plus explicites et affirmés entre les lieux d’exposition, les édifices contemporains
et les produits qui gravitent autour.

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Bibliographie

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 OCKMAN Joan, FRAUSTRO Salomon (sous la direction de), Architourism : authentic,
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 COUVERT Fabienne, SIMMONNET Cyrille, L’architecture peut-elle s’exposer ? Ecole
Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, 1990.
 COUVERT Fabienne, Exposer l’architecture, le musée d’architecture en question, Roma,
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Sitographie

SITES OFFICIELS
 Cité de l’Architecture et du Patrimoine : www.citechaillot.fr
 Pavillon de l’Arsenal : www.pavillon-arsenal.com
 Maison de l’Architecture en Ile-de-France : www.maisonarchitecture-idf.org
 La Galerie d’Architecture : www.galerie-architecture.fr
 Réseau des Maisons de l’Architecture : www.ma-lereseau.org
 Confédération Internationale des Musées d’Architecture (ICAM) : www.icam-web.org.
 Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de Paris : www.caue75.archi.fr
 Conseil National de l’Ordre des Architectes : www.architectes.org
 DOCOMOMO : www.docomomo.com.
 DOCOMOMO France : www2.archi.fr/DOCOMOMO-FR.
 Le Grand Pari(s) : www.legrandparis.culture.gouv.fr
 Label « Patrimoine du XXe siècle » : patrimoine-xx.culture.gouv.fr/
 Laboratoire Anthropologie et Architecture, ENSA Paris-La Villette : www.laa.archi.fr
 Pecha Kucha Global : www.pecha-kucha.org.
 Pecha Kucha Paris : www.pechakuchaparis.com
 Union Internationale des Architectes : www.uia-architectes.org.
BASES DE DONNEES D’ARCHITECTURES CONTEMPORAINES
 Inventaire d’archives d’architectes en ligne : archiwebture.citechaillot.fr.
 Bases de données communautaire de l’architecture contemporaine, par le Groupe
Moniteur et le Pavillon de l’Arsenal : www.architopik.com
 Portail des lieux d’architecture : www.archireseau.archifr.eu
 Portails de l’actualité de l’architecture : www.cyberarchi.com
www.aroots.org
 Webguide d’architecture contemporaine : www.archi-guide.com
TOURISME
 Agence Architecture de Collection : www.architecturedecollection.fr
 Association Promenades Urbaines : www.promenades-urbaines.com
 Auto-entreprise « A travers Paris », promenades architecturales : www.atraversparis.com
 Comité Régional du Tourisme Ile-de-France : www.nouveau-paris-ile-de-france.fr
 Memento du tourisme, édition 2009 : www.tourisme.gouv.fr
 Office du Tourisme et des Congrès de Paris : www.parisinfo.com
 Paris Balade : www.parisbalades.com
 The Guiding Architecture : www.ga-paris.fr

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