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ressources de ce qu’on appelle l’art des mots, mais elle est aussi un regard sur le monde, un moyen
d’expression et d’exploration pour l’auteur. Le poète, artiste au « moi » plus sensible que la norme,
se donne un pouvoir d’expression pour dévoiler une partie de lui-même en extériorisant de façon
passionnée et imagée, ses émotions, ses sentiments.
Nous nous demanderons en quoi le poète est-il un être singulier, à la fois faible et puissant.
Le poète est un être unique qui ressent les choses de façon plus intense que les autres et
dispose des mots pour l’exprimer.
Il puise son inspiration au plus profond de lui-même pour nous livrer les secrets de son âme.
Il est le seul à posséder les clés de sa pensée. En jouant sur la perception de ses sens, il nous fait
part des émotions intenses, des sentiments qui l’animent. Ainsi Arthur Rimbaud dans « Lettre à Paul
Demeny », affirme que : « Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de
tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en
lui tous les poisons pour n’en garder que les quintessences ».
Le poète est un être souvent solitaire, et parfois marginalisé. Cette mise à l’écart, tantôt désirée,
tantôt conséquente à son mode de vie, est nécessaire à son esprit créatif. Victor Hugo dans
« Préface de Les Rayons et les ombres », voit en cela un bénéfice : « un poète complet, que le
hasard ou sa volonté aurait mis à l’écart, du moins pour le temps qui lui serait nécessaire, et
préservé, pendant ce temps, de tout contact immédiat avec les gouvernements et les partis,
pourrait faire, lui, une grande œuvre ». A l’opposé, Charles Baudelaire dans « Le Confiteor de
l’artiste », nous confie que cette solitude lui pèse : « que les fins de journées d’automne sont
pénétrantes ! Ah ! pénétrantes jusqu’à la douleur ! », « solitude, silence, incomparable chasteté de
l’azur ! », « son isolement imite mon irrémédiable existence ». Quant à lui, Apollinaire dans
« L’Esprit Nouveau et les poètes », nous explique que : « le poète, par la nature même de ces
explorations, est isolé dans le monde nouveau où il entre le premier, (…) le poète seul nourrit la vie
où l’humanité trouve cette vérité ».
Les qualités du poète sont indéniables. C’est un artiste des mots qui nous aide à nous
rapprocher du monde réel, à le redécouvrir et à l’aimer. Victor Hugo dans « Préface de Les Rayons
et les ombres », écrit : « l’un des deux yeux du poète est pour l’humanité, l’autre pour la nature. Le
premier de ces yeux s’appelle l’observation, le second s’appelle l’imagination ».
Sa capacité à être polyvalent lui permet de diversifier ses écrits et ainsi le lecteur peut s’identifier à
lui, se reconnaître en lui, comprendre ce que le poète cherche à lui dire ou à lui faire ressentir.
Baudelaire dans « L’Etranger » se livre à travers un jeu de questions/réponses : « qui aimes-tu le
mieux, homme énigmatique, dis ? », « qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? », « j’aime les
nuages (…) les merveilleux nuages ! ».
Apollinaire, dans « L’Esprit Nouveau et les poètes », nous exprime que pour être poète de son
point de vue, il faut être polyvalent : « On peut être poète dans tous les domaines : il suffit que l’on
soit aventureux et que l’on aille à la découverte ».
Le poète utilise un langage fort et est doté d’un important pouvoir d’invention. Il utilise des
images pour délivrer des messages compréhensibles par tous. Ainsi Jacques Roubaud nous livre
une allégorie du poète, dans « le Lombric ». Il s’adresse directement à l’enfant avec « Vois-tu » et
cherche à démontrer par cette comparaison simple que le poète est un ouvrier qui « mâche, digère
et fore avec conscience » les mots, qu’il travaille dur, mais que même s’il est maltraité et vu comme
un être marginal, sans lui, le monde serait sans vie et mort : « le monde étoufferait sous les paroles
mortes ». Victor Hugo le peint comme un Créateur dans « Préface de Les Rayons et les ombres » :
« Comme tous les poètes qui méditent et qui superposent constamment leur esprit à l’univers,
toutes ces créations, poèmes ou drames, la splendeur de la création de Dieu », « son œuvre, prise
dans sa synthèse, ressemblerait à la terre ».
Le poète rêve des choses qui peuvent paraître impossibles, mais le futur les réalisera : les Anciens
ont rêvé de voler, les ingénieurs et techniciens ont réalisé ce rêve des milliers d’années après.
Apollinaire, dans « L’Esprit Nouveau et les poètes », affirme que le poète Nouveau, est un inventeur
du futur, c’est en ce sens qu’il fait référence au mythe d’Icare : « ceux qui ont imaginé la fable
d’Icare, si merveilleusement réalisée aujourd’hui, en trouveront d’autres. Ils vous entraîneront tout
vivants et éveillés dans le monde nocturne et fermé des songes ».
Le poète est effectivement bien un être unique qui ressent les choses de façon plus intense que les
autres et qui dispose des mots pour l’exprimer. Cette hypersensibilité fait de lui un être à la fois
faible et puissant.
Nous avons pu voir que le poète est un être unique qui ressent les choses de façon plus
intense que les autres et dispose des mots pour l’exprimer. En ce sens, il puise au plus profond de
lui-même tous les secrets de son âme pour sublimer ses émotions. Il nous fait découvrir le monde
sous un autre angle, et grâce à son pouvoir d’invention, nous délivre des messages forts.
Cependant, nous avons vu que cette hypersensibilité fait de lui un artiste au moi exacerbé,
ce qui le rend à la fois faible et puissant. Il se met à nu et nous livre ses sentiments les plus intimes,
ses failles les plus profondes. C’est un décodeur du monde, il en a la pleine connaissance. Ainsi,
nous avons pu déterminer et affirmer que le poète maîtrise les lois du langage et délivre un chant
intérieur, qui nous enchante et nous fascine.