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1 Bourdon Et Vitari
1 Bourdon Et Vitari
Communauté de Pratique
virtuelle : développement
d’une échelle de la
ρ Résumé perception individuelle
Les communautés de pratiques sont des groupes de
personnes qui partagent un sujet d’intérêt, des problè-
mes communs et qui approfondissent leurs connaissan-
ces et expertises dans ce cadre en interagissant. Ce
type de regroupement communautaire est de plus en
plus utilisé comme socle pour développer le partage
Isabelle BOURDON
des connaissances internes et construire des outils de
gestion communautaires des connaissances. Nous pro-
posons le développement d’un outil de mesure des
caractéristiques perçues de la communauté de pratique
d’appartenance afin de mieux comprendre les leviers
du partage des connaissances via des CP virtuelles.
Mots clefs :
Gestion des connaissances, communautés de pratique,
Professeur associé EN Système d’information
échelle de mesure Laboratoire du CEROM
Groupe Sup de Co Montpellier
2300, avenue des Moulins
34185 Montpellier cedex 4
Téléphone : 04 67 10 25 00
ρ Abstract Fax : 04 67 45 13 56
Communities of Practice are groups of individuals
E-mail :ibourdon@supco-montpellier.fr
sharing common interests, problems and whose
members interact with each other in order to enlarge
their knowledge. This kind of community is increasing Claudio VITARI
relevance in organisations as a way to extend internal
knowledge sharing, through the support of ICT
solutions. We purpose the development of a
measurement scale concerning the individual
perception of the caracteristic of the community of
practice, which the individual belongs to, in order to
increase the understanding on the levers of knowledge
sharing through the communities of practice.
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Présentation du modèle à respecter pour la présentation des communications au 10ème congrès de l’AIM
Auteurs Fondements
(McLure and Faraj 2000) Dans le cadre de communauté de pratique, l’échange de connaissances est motivé par
l’obligation morale et l’intérêt de la communauté plutôt que par l’intérêt personnel strict.
(Brown and Duguid 1991) Les flux de connaissances sont meilleurs au travers de réseaux d’individus qui partagent
les mêmes intérêts dans leur travail.
(Jarvenpaa and Staples Quand les individus sont encouragés à partager leurs connaissances au sein d’une commu-
2000) nauté de pratique, les barrières de type culturel au transfert s’affaiblissent.
(O'Dell and Grayson 1998) Le manque de contact, de relation et de perspective commune entre individus est une bar-
rière manifeste au transfert des connaissances.
(Pan and Leidner 2002) Importance des CP dans la gestion des connaissances et rôle des TI pour soutenir le par-
tage de connaissances à l’intérieur et entre des CP.
(Hildreth 1998; Hildreth Rôle des Communautés de Pratique pour le partage des connaissances et la contribution à
2000; Hildreth and Kimble des SAGC, notamment à travers l’influence sur l’attitude à la contribution.
2002)
(Vaast 2002) Les principales dimensions des communautés de pratique sont soutenues par les utilisa-
tions d’un intranet. Le sentiment d’appartenance à une communauté de pratique est très
important.
(Hall 2001) Les environnements qui encouragent les CP sont plus favorables aux activités de partage
de connaissances.
(Lefebvre, Roos et al. Il existe des conditions à l’émergence spontanée des CP afin de favoriser le partage dans
2004) une unité de Recherche et Développement.
(Dyer and Nobeoka 2000) Les relations au sein d’une communauté, caractérisées par une causalité mutuelle, sont à la
fois une cause et une conséquence des processus d’apprentissage et de partage de connais-
sances.
Tableau 1 Influence des communautés de pratique sur le partage des connaissances
Le partage des connaissances au sein d’une communauté exploratoire (Bourdon, Vitari et al. 2003) a fait émerger
de pratique identifiée constitue d’ailleurs une source de que la présence d'une CP est un facteur clés du partage de
vitalité de la communauté, et des relations entre membres connaissance, notamment en cas de communautés virtuel-
(Tableau 1). Les individus de la communauté compren- les.
nent alors que la viabilité du regroupement dépend de D’ailleurs, de nombreuses organisations américaines ont
leur engagement respectif et de leur attention envers mis en œuvre des CP virtuelles dans le but est de favori-
celle-ci (Krogh 1998). ser la gestion des connaissances. Une enquête récente
Aussi, selon nous, la présence d’une CP virtuelle consti- réalisée par IBM Global Services et Knowings
tue un facteur déterminant des comportements de partage (Knowings 2002) auprès de 200 dirigeants d’entreprises
de connaissance dans les organisations (Hall 2001). En en France, souligne que ces derniers identifient les com-
revanche, à chaque fois que quelqu’un partage sa munautés de pratique ou de métier comme les « cellules
connaissance au sein de sa CP virtuelle, son partage de base du partage des connaissances » et définissent des
n’accroît pas seulement la base de connaissances com- priorités d’actions à l’échelle des « communautés » de
mune, mais également la confiance entre membres de la l’entreprise. Ainsi, quelques entreprises françaises (par
CP virtuelle, et à mesure que la confiance augmente, plus exemple : Arcelor, Bouygues Telecom, Bureau Veritas,
de participants sont prêts à partager leurs connaissances, CGEY, EDF-GDF, Gemplus, La poste, Renault, Rhodia,
selon le concept de masse critique requise pour les intra- Sanofi-Synthelabo, Schneider electric, ST microelectro-
nets (Hall 2001). nics, Total et Valeo), principalement des groupes dé-
Toutefois, les recherches en SI qui ont analysé ployés internationalement, ont mis en œuvre des CP vir-
l’influence de la perception des caractéristiques de la CP tuelles pour soutenir leur politique de gestion des
virtuelle d’appartenance sur le partage de connaissance connaissances.
sont très peu nombreuses (Hildreth 1998; Hildreth,
Kimple et al. 1998; Hildreth 2000; Alavi and Leidner
2001; Hildreth and Kimble 2002). Une première enquête
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Présentation du modèle à respecter pour la présentation des communications au 10ème congrès de l’AIM
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Présentation du modèle à respecter pour la présentation des communications au 10ème congrès de l’AIM
7. Raffinement de l’échelle ceptable s’il est compris entre 0.6 et 0.8 ; pour une étude
confirmatoire, une valeur supérieure à 0.8 est recomman-
Dans cette section, nous procédons au test de l’échelle dée. Nous procédons également à une analyse des corré-
développée conformément à une procédure adaptée de lations inter-items, qui nous conduise à éliminer les items
Churchill (Igalens and Roussel 1998), qui permet de véri- affaiblissant la fiabilité de cohérence inter de l’échelle
fier ses qualités, en vue de compléter sa validation sur un (Evrard, Pras et al. 1997). Nous considérons les règles
autre échantillon. La validité convergente et discrimi- suivantes adaptées de Igalens et Roussel (Igalens and
nante du construit est vérifiée à l’aide d’analyse facto- Roussel 1998) et Evrard et al. (Evrard, Pras et al. 1997)
rielle exploratoire ainsi que par l’examen de la fiabilité pour réalisée l’ACP :
de l’échelle de mesure. A l’issue de cette étape, l’échelle
de mesure est épurée et prête pour être validée dans une 1. Extraction de facteurs restituant un minimum
phase confirmatoire sur un autre échantillon. de 50 % de la variance totale,
2. Sélection des facteurs dont la valeur propre est
7.1 Analyse exploratoire supérieure à 1 selon la règle de Kaiser, qui permet de
La première étape de nature exploratoire a consisté à fixer le nombre d’axes à retenir ;
établir la cohérence interne de l’échelle utilisée afin
d’éprouver sa fiabilité et d’en déterminer sa structure 3. Vérification des valeurs du test de Kaiser-
sous-jacente. A cette fin, nous avons utilisé l’Analyse en Meyer-Olkin (KMO), qui mesure la précision de
Composantes Principales (ACP) car elle assure que l’échantillonnage : un KMO élevé indique que la solution
l’échelle mesure précisément et exclusivement le cons- factorielle est statistiquement excellente (0,9), méritoire
truit qu’elle est censée mesurer. Lorsque le construit est (0,8), moyenne (0,7), médiocre (0,6) ou insuffisante (0,5
unidimensionnel, l’ACP fait apparaître un seul facteur et et en deçà), et donc des valeurs de KMO comprises entre
inversement pour les construits multidimensionnels. Elle 0,7 et 0,9 représentent des solutions factorielles accepta-
permet de vérifier que, pour chaque dimension du cons- bles ;
truit, les items censés la mesurer sont exclusivement et 4. Rotation des facteurs selon une rotation ortho-
clairement liés à elle. gonale de type Varimax, avec normalisation de Kaiser,
Pour étudier de manière exploratoire la fiabilité de qui permet d’augmenter les valeurs des coefficients de
l’échelle, nous évaluons sa cohérence interne à l’aide du corrélation de certaines variables en les rapprochant de
calcul du coefficient alpha de Cronbach (noté « α »), qui l’un des axes.
indique dans quelle mesure il est possible d’additionner L’interprétation des axes nécessite l’examen des contri-
les scores des différents items pour obtenir un score glo- butions factorielles des items aux facteurs. Nous retenons
bal de l’échelle et constitue la méthode la plus répandue pour cela des coefficients de corrélation supérieurs à 0,5
dans les Sciences Humaines et Sociales (Igalens and (Evrard, Pras et al. 1997). Ces analyses ont été réalisées à
Roussel 1998). Nous considérons, suivant les recomman- l’aide du logiciel SPSS® 11.0. Le tableau suivant récapi-
dations de Evrard et al. (Evrard, Pras et al. 1997), que tule ces différents éléments de validation exploratoire.
pour une étude exploratoire, l’alpha de Cronbach est ac-
7.2 Analyse confirmatoire les relations entre les variables observées et les variables
L’analyse exploratoire nous a permis de mettre en évi- latentes estimées (Igalens and Roussel 1998) et spécifie
dence la structure du concept. Il convenait, dès lors, de les relations entre les variables latentes et leurs indica-
fixer définitivement sa structure factorielle à travers teurs observés. Contrairement à l’analyse exploratoire, la
l’Analyse Factorielle Confirmatoire (AFC) et d’évaluer structure factorielle est fixée à priori et la question est de
sa validité convergente et discriminante. L’Analyse Fac- savoir si cette structure s’ajuste aux données empiriques.
torielle Confirmatoire (AFC) a été choisit car elle estime Les deux objectifs d’une AFC sont donc : (1) estimer les
paramètres du modèle factoriel hypothétique et (2) dé-
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terminer l’ajustement du modèle factoriel hypothétique. est sensible à la taille de l’échantillon et peut conduire à
Les paramètres du modèle sont estimés à partir de la ma- rejeter des modèles conformes dans la population. Enfin
trice des covariances par la méthode du maximum de le GFI est une mesure du montant relatif de la variance
vraisemblance, qui sélectionne les estimations ayant la escomptée pour le modèle alors que l’AGFI tient compte
plus grande probabilité de reproduire les données obser- de la parcimonie dans le modèle. Il est par ailleurs géné-
vées et qui est la plus communément utilisée (Bollen and ralement admis que des valeurs supérieures à 0,90 pour le
Long 1993). Par contre, le degré de l’ajustement du mo- GFI et 0,80 pour l’AGFI indiquent un bon ajustement du
dèle factoriel hypothétique est déterminé par la différence modèle aux données, mais de même que pour le RMSEA,
entre la matrice des covariances théoriques et celle ob- le GFI et l’AGFI sont sensibles à la taille de
servée sur l’échantillon. l’échantillon. En plus, le calcul des indices GFI et AGFI
Ces analyses ont été réalisées à l’aide du logiciel impose de ne pas avoir de données manquantes et dans ce
AMOS® 4.0, avec lequel plusieurs indices permettent de cas les données manquantes ont été remplacées par la
nous assurer de l’ajustement de la structure théorique aux moyenne de la série afin de procéder aux calculs. Nous
données de l’échantillon. Nous utilisons des critères nous intéressons également aux indices incrémentaux
d’ajustements absolus : test du Chi Deux, (noté « X2 »), suivants, qui permettent de comparer le modèle testé à un
RMSEA (Root Mean Square Error of Approximation), modèle nul : NFI (Normed Fit Index), NNFI (Non-
GFI (Goodness of Fit) et l’AGFI (Adjusted Goodness of Normed Fit Index) et CFI (Comparative Fit Index)
Fit). Le test du X2 est un test de différence entre la ma- (Joreskog 1993). Le NFI ou indice incrémental de Ben-
trice des covariances observées et celle prédite par le tler et Bonett (Bentler and G. 1980) mesure la part de
modèle. Il est généralement admis qu’un X2 le plus faible covariance des observations reproduites par le modèle et
possible, ramené au nombre de degré de liberté inférieur le CFI est une mesure des imprécisions de la population
à 5 est satisfaisant (Bollen and Long 1993). Ce test com- qui est particulièrement recommandé pour la comparai-
porte des faiblesses, car il est notamment sensible à la son des modèles. Pour les indices NFI et CFI, en règle
taille de l’échantillon, ainsi qu’à la violation de général, les valeurs supérieures à 0,90 sont considérées
l’hypothèse de normalité de la distribution des données, comme satisfaisantes et témoignent d’un bon ajustement.
et il peut indiquer un bon ajustement, alors que le modèle Nous procédons également à l’examen de sa validité
spécifié et les variables de mesure ne sont pas appro- convergente et discriminante. Des test T sont effectués
priées à la mesure du construit. afin d’établir la validité convergente et consistent à véri-
L’étude des indices de vraisemblance complète le test du fier que les poids des relations sont significatifs, i.e. sta-
X2, avec le RMSEA qui mesure la non-conformité par tistiquement différents de zéro. Cela est vérifié lorsque le
degrés de liberté du modèle. Une valeur du RMSEA infé- test T associé à chaque contribution factorielle est supé-
rieure à 0,08 indique une conformité acceptable, les indi- rieur à 1,96 (valeur du T de Student, p<0,005).
ces proches de 0,05 sont jugés convenables et des valeurs Le tableau suivant indique les analyses confirmatoires
supérieures à 0,1 devraient conduire au rejet du modèle réalisées ainsi que les seuils d’acceptabilité retenus.
(Bollen and Long 1993). Il faut souligner que le RMSEA
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Communauté de pratique 1 2 3 4 5 α si
item
éliminé
Com 1 Les membres de la communauté X partagent une vision ,62 ,92
commune des problèmes
Com 2 La communauté X fait preuve de beaucoup d’énergie ,73 ,92
Com 3 Il y a assez de partage dans la communauté X ,64 ,92
Com 4 J’ai compris mon rôle dans la communauté X ,81 ,92
Com 5 La communauté X a une identité ,73 ,92
Com 6 J’ai une bonne compréhension de ce que fait la com- ,76 ,92
munauté X
Com 7 La communauté X est une source fiable de bonnes pra- ,68 ,92
tiques
Com 8 La communauté X tient ses engagements ,85 ,92
Com 9 Dans la communauté X, le niveau de confiance mutuel ,62 ,92
est bon
Com 10 Je recommanderais la communauté X à d’autres collè- ,68 ,92
gues
Com 11 Il existe des documents de références dans la commu- ,85 ,92
nauté X
Com 12 Le niveau de participation de la communauté X est ,53 ,92
élevé
Com 13 J’ai un sentiment d’appartenance à la communauté X ,67 ,91
Com 14 Quand la communauté X annonce un événement, j’y ,70 ,92
participe toujours
Com 15 Les managers extérieurs à la communauté X expriment ,82 ,93
de l’intérêt pour ce que nous faisons
Com 16 Les activités de partage font partie de mon travail dans ,74 ,92
la communauté X
Com 17 J’ai compris comment la communauté X s’intègre dans ,69 ,92
mon travail
Com 18 La mission et les objectifs de la communauté X sont ,51 ,92
clairs
Com 19 Les types de connaissances à partager, développer et ,58 ,92
documenter sont bien définis dans la communauté X
Com 20 Des ressources et des efforts sont investis dans le déve- ,45 ,92
l l i d’ i f l
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Lors de la phase confirmatoire, réalisée sur le même n’indique pas de supériorité d’un modèle (Tableau 6).
échantillon, la mesure des caractéristiques de la d’une CP Nous retenons que le modèle a cinq dimensions est satis-
virtuelle d’appartenance, constituée désormais de vingt faisant. La fiabilité de l’échelle est très satisfaisante avec
items, se structure en cinq dimensions. La comparaison un coefficient α de 0,92.
des indices d’ajustement des différents modèles factoriels
L’analyse confirmatoire indique une bonne validité d’appartenance et correspond à la notion d’entreprise
convergente de l’échelle ; seuls les items 14 et 15 présen- commune de Wenger (Wenger 1998),
tent des poids factoriels très inférieurs à 0,5 (Tableau 7). 2. la seconde (items 2, 3, 5 et 17) résume la vita-
Nous décidons de les supprimer. L’item 15 constituait la lité perçue de la communauté et correspond à la notion
cinquième dimension du concept. d’engagement mutuel de Wenger (Wenger 1998),
Ainsi, l’échelle de mesure de la perception individuelle 3. la troisième (items 12 et 16) concerne la parti-
des caractéristiques de la CP d’appartenance comporte cipation à la communauté,
quatre dimensions distinctes :
4. la dernière (items 8, 9 et 18) s’intéresse à la
1. la première (items 1, 4, 6, 7, 10, 11, 13, 19 et confiance envers la communauté.
21) concerne la compréhension de la communauté
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organisations formelles (Soulier 2004). Pour nous, il est Evrard, Y., B. Pras, et al. (1997). Market, études et re-
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