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Réf. : Cass. com., 19 mars 2013, n° 12-14.213, F-P+B (N° Lexbase : A5783KAG
<http://www.lexbase.fr/index/source/8041843-cass-com-19-03-2013-n-12-14-213-f-pb-
rejet> )
N6781BTC
Une mésentente quant à la prise en charge du coût de la rénovation d'immeubles est à l'origine de cette
procédure. En effet, le capital social d'une société anonyme française est détenu à 55 % par une société de
droit luxembourgeois et à 45 % par une société civile immobilière à l'exception de deux actions détenues
par le dirigeant de la SCI Bayard Montaigne et une SARL Arcade Investissement Conseil. La société
anonyme a trois SNC filiales qui exploitent chacune une résidence de tourisme. Les immeubles de ces
dernières appartiennent à trois SAS de droit français, qui sont elles-mêmes filiales de l'actionnaire
principal de la société luxembourgeoise. Schématiquement, on retrouve dans le conseil d'administration
de la SA, d'un côté un groupe majoritaire d'actionnaires comprenant le groupe luxembourgeois,
propriétaire bailleur des résidences de tourisme, et de l'autre, les actionnaires minoritaires, locataires
assurant notamment la gestion de celles-ci. Ces immeubles devant être réparés et rénovés, un conflit
apparaît entre les administrateurs bailleurs, et les administrateurs titulaires des baux commerciaux pour
savoir qui devait entreprendre les travaux et les payer. Ainsi, entre actions en nullité des délibérations du
conseil d'administration de la SA, instance relative à la charge des travaux et à la saisie des loyers, aux
demandes relatives aux baux commerciaux et aux travaux, sans oublier les demandes reconventionnelles,
tel est le décor de l'affaire (1) à l'origine de l'arrêt rendu le 19 mars 2013 par la Chambre commerciale de la
Cour de cassation. Plus précisément, les actionnaires minoritaires ont demandé la condamnation au
paiement de dommages-intérêts des sociétés, actionnaires majoritaires de la SA, déclarant exercer l'action
sociale ut singuli. La cour d'appel (2) a rejeté leur demande au motif que l'action est formée au nom de la
SA dont ils sont actionnaires à l'encontre des sociétés ayant commis des fautes à l'origine du préjudice
subi par la SA. En effet, les juges du fond considèrent que les sociétés défenderesses n'ont pas la qualité
d'administrateur ou de dirigeant de la SA. Sur le pourvoi des associés minoritaires, prétendant pouvoir
agir contre ceux qui ont causé le préjudice subi par la société dès lors que celle-ci est mise en cause, la
Cour de cassation indique que la cour d'appel avait exactement retenu que les dispositions de l'article L.
225-252 du Code de commerce (N° Lexbase : L6123AIM
<http://www.lexbase.fr/index/source/4840365-l225-252> ) n'autorisent les actionnaires à
exercer l'action sociale en responsabilité qu'à l'encontre des administrateurs ou du directeur général de la
société.
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La responsabilité civile des administrateurs peut être mise en cause par les actionnaires, au moyen de
deux actions. Tout d'abord par une action individuelle (3), dont la finalité est la réparation du préjudice
subi personnellement par un actionnaire, indépendamment de celui subi par la personne morale (4). Cette
action personnelle vise à réparer le préjudice de l'actionnaire qui est le corollaire du préjudice global subi
par la société (5). Par ailleurs, les actionnaires peuvent agir, en se substituant aux représentants légaux en
cas d'inaction de leur part, afin d'obtenir la réparation de l'entier dommage subi par la société (6). Ainsi,
on peut relever que la loi autorise les actionnaires à agir au nom et pour la compte de la société (I).
Toutefois, l'action sociale ainsi exercée est une action attirée dont le domaine est limité par la loi (II). Par
conséquent, à défaut de respect des dispositions légales, l'action doit être jugée irrecevable.
Dans la présente affaire, deux sociétés et deux personnes physiques, actionnaires ont ainsi agi en
responsabilité au nom de la société anonyme en vue d'obtenir la réparation du préjudice subi par la
personne morale, du fait de décisions et agissements considérés par ces derniers comme fautifs et à
l'origine du préjudice social. Toutefois, s'agissant d'un régime spécifique de responsabilité civile, il faut
que toutes les conditions légales soient remplies pour que cette action attitrée soit recevable.
(1) CA Paris, Pôle 5, 8ème ch., 13 décembre 2011, n° 09/18 552 (N° Lexbase : A1416H8X
<http://www.lexbase.fr/index/source/5675586-ca-paris-5-8-13-12-2011-n-09-18552-
confirmation-partielle> ).
(2) CA Paris 13 décembre 2011, préc..
(3) C. com., art L. 225-252 (N° Lexbase : L6123AIM
<http://www.lexbase.fr/index/source/4840365-l225-252> ) et art R. 225-167 (N° Lexbase :
L0302HZ9 <http://www.lexbase.fr/index/source/64308169-r225-167> ) et s..
(4) Cass. com., 8 novembre 2005, n° 03-19.679, F-D (N° Lexbase : A5936DLG
<http://www.lexbase.fr/index/source/2339322-cass-com-08-11-2005-n-03-19-679-inedit-
rejet> ), Bull. Joly Sociétés, 2006, p. 502, note J.-J. Daigre.
(5) Cass. com., 1er mars 1997, n° 94-18.912 (N° Lexbase : A8134AXK
<http://www.lexbase.fr/index/source/1076875-cass-com-01-04-1997-n-94-18-912-
cassation-partielle> ), Bull. Joly Sociétés, 1997, p. 650, note J.F. Barbièri ; RTDCom., 1997, p. 647, obs.
B. Petit et Y. Reinhard.
(6) CA Versailles, 29 mars 1978, JCP éd G, 1979, II, n° 19209.
(7) R. Morel, Traité élémentaire de procédure civile, Sirey, 2ème éd, 1949, p. 271. ; H. Solus et R. Perrot,
Procédure de première instance, t. 3, Sirey, 1991, n° 34. ; Cass. civ. 1, 9 mars 1982, n° 80-16.163, publié
(N° Lexbase : A7402CGA <http://www.lexbase.fr/index/source/1296132-cass-civ-1-09-03-
1982-n-80-16163-publie-au-bulletin-cassation> ), Bull. civ. I, n° 104, RTDCiv., 1983, p. 193, obs. R.
Perrot
(8) Cass. civ. 3, 15 octobre 1974, n° 73-11.413 (N° Lexbase : A0050AUE
<http://www.lexbase.fr/index/source/1012842-cass-civ-3-15-10-1974-n-73-11-413-
cassation> ), Bull. civ. III, n° 359
(9) Cette notion a été proposée par les professeurs G. Cornu et J. Foyer (G. Cornu et J. Foyer, Procédure
civile, PUF, coll. Thémis Droit privé, 3ème éd., 1996, n° 77) avant d'être consacrée par le législateur
(10) F. Vinvkel, J. Cl. Traité Sociétés, Fasc. 149-10, Actions en justice dans l'intérêt de la société anonyme
- Existence, spéc. n° 45.
(11) Ch. Armand et A. Viandier, Réflexions sur l'exercice de l'action sociale dans les groupes de sociétés :
transparence des personnalités et opacité des responsabilité ?, Rev. Sociétés, 1989, p. 557 ; G. Chesne,
L'exercice ut singuli de l'action sociale, RTDCom., 1962, p. 347 ; G. Delmotte, L'action sociale ut singuli,
Jour. not., 1981, p. 945, J.Ch. Pagnucco, L'action sociale ut singuli et ut universi en droit des
groupements, LGDJ, Fondation Varenne, 2006
(12) Cass. req., 3 décembre 1883, D., 1884, 1, p. 339 ; Cass. req., 30 mars 1909, D., 1913, 1, p. 174 ; Cass.
civ., 23 janvier 1931, DH 1931, p. 521
(13) G. Chesne, L'exercice ut singuli de l'action sociale dans la société anonyme, préc., p. 348.
(14) J. Bouveresse, Les conflits d'intérêts en droit des sociétés, thèse dactyl. Strasbourg 2006 ; D. Schmidt,
Les conflits d'intérêts dans la société anonyme, éd. Joly 1999
(15) Cass. com., 16 octobre 1972, n° 70-13.691 (N° Lexbase : A6907AYH
<http://www.lexbase.fr/index/source/1077259-cass-com-16-10-1972-n-70-13691-publie-au-
bulletin-cassation> ), JCP éd. G, 1973, II, 17532, note N. Bernard
(16) Cass. com., 12 octobre 1954 , D. 1955, jurispr., p. 697, note J. Copper-Royer
(17) Cass. com., 6 décembre 1977, n° 76-11.061 (N° Lexbase : A9282ATX
<http://www.lexbase.fr/index/source/1013457-cass-com-06-12-1977-n-76-11061-publie-au-
bulletin-irrecevabilite> ), Rev. sociétés, 1979, p. 373, note D. Schmidt
(18) Cass. crim., 28 janvier 2004, n° 02-87.585, FS-P+F (N° Lexbase : A3306DB3
<http://www.lexbase.fr/index/source/1802391-cass-crim-28-01-2004-n-02-87-585-fs-pf-
cassation> ), Bull. crim. n° 18 ; D., 2004, p. 1447, note H. Matsopoulou ; Rev. Sociétés, 2004, p. 405,
note B. Bouloc ; Bull Joly Sociétés, 2004, p ; 678, note J.F. Barbièri, Droit & patrimoine, juillet-août 2004,
p. 108, obs. D. Poracchia ; JCP éd. E, 2004, act. p. 451
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