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Les notes prises lors d’une réunion professionnelle présentent une caractéristique particulière.
En effet, à de rares exceptions près (notes personnelles prises dans une très grande réunion par
exemple), les notes que l’on prend n’ont qu’un objet précis : servir à rédiger le compte-rendu
de la réunion. Presque toutes les réunions font l’objet d’un compte-rendu rédigé par un
rapporteur.
Etre objectif
On peut en effet avoir naturellement tendance à noter de façon plus complète une idée ou une
théorie que l’on juge intéressante, et inversement à abréger ou ignorer telle intervention que
l’on estime hors sujet ou mal venue. Cette attitude est sans importance s’il s’agit de notes
personnelles, mais ne saurait être justifiée si vous êtes en charge de la rédaction du compte-
rendu. En ce cas, peu importe votre opinion personnelle sur les contenus des diverses
interventions : votre seule mission consiste à rendre compte de ce qui s’est dit, sans que
transparaisse votre opinion.
Votre rédaction doit donc être fidèle et objective, et refléter de la même façon l’ensemble des
déclarations que vous avez enregistrées tout au long de la réunion. A la différence des cours
ou conférences, les réunions présentent très généralement un tissu d’informations beaucoup
moins dense. Le sujet est (ou devrait être) bien connu des participants, ainsi que l’ordre du
jour. Les rubriques sont abordées dans l’ordre, ce qui facilite la prise de notes puisque le plan
est normalement défini avant la réunion.
A contrario, ceux qui vont prendre la parole ne sont pas nécessairement des professionnels de
la communication. Si certains vont s’exprimer de façon claire et exposer un discours limpide,
préparé et bien structuré, d’autres vont présenter leurs idées de façon confuse ou absconse.
D'aucuns penseront peut-être que cela n'a plus guère d'importance à une époque où les techniques
modernes de communication se multiplient : comme on dit : " aujourd'hui, plus besoin d'écrire, on téléphone
! ".
C'est là une vue singulièrement courte : non seulement l'écriture n'a rien perdu de son importance, mais
celle-ci s'est considérablement accrue, en même temps qu’elle se chargeait de fonctions nouvelles
modifiant nettement les données du problème. On sait que le développement de la technique accroît le
besoin de documents écrits et manipuler un ordinateur, c'est mettre en jeu des activités nombreuses et
diverses de lecture et d'écriture. De plus, l'automatisation de plus en plus poussée de tous les actes
sociaux inclut nécessairement, et pour chacun d'entre eux, des recours à la lecture et à l'écriture auxquels
nul ne peut échapper : on ne peut plus aujourd'hui ni acheter, ni louer, ni vendre, ni emprunter, ni se faire
soigner, ni prendre le métro, ni protester ou réclamer sans être obligé de lire et d'écrire.
Si bien que la fonction de l'écrit est complètement modifiée par rapport à ce qu'elle était il y a 60 ans ! A
cette époque, lire et écrire étaient des objets de culture certes, ceux qui y avaient accès en tiraient de
substantiels avantages — mais les autres pouvaient cependant mener une vie à la fois équilibrée, épanouie
et parfaitement intégrée à la société. Aujourd'hui, en revanche, tous ceux — nous savons qu'ils sont
largement les plus nombreux — qui ne maîtrisent pas absolument la lecture et l'écriture sont renvoyés
constamment à une infériorité que la société d'aujourd'hui n'admet plus. Infériorisés, marginalisés,
opprimés, ceux qui ne la maîtrisent pas ! L'écriture est devenue un instrument de pouvoir et d'oppression ;
et donc, aucune démocratisation de l'enseignement — au sens réel de ce terme, hélas trop galvaudé ! —
ne pourra se faire tant que la maîtrise de l'écrit ne sera pas pour tout enseignant l'objectif prioritaire à
atteindre.
* Quel type d'écrit social ? Une lettre ? Un article de presse ? un conte ? Un extrait de
roman ?
* Où et quand ?
La conséquence la plus importante d'une telle pseudo-pédagogie est qu'elle effectue un tri social
définitif parmi les enfants : jouer ainsi avec des simulations, selon des règles de jeu jamais
explicitées et en dehors de tout lien concret avec le réel, favorise, on le sait, les enfants de
milieux socio-culturels favorisés : la réalité de leur vie familiale est suffisamment riche, diversifiée,
stimulante pour qu'ils aient construit eux-mêmes les règles du jeu " faire semblant ". Mais, les
autres sont dès la première minute sur la touche, en attendant d'être franchement dehors et pour
toujours.
On sait aujourd'hui qu'un savoir ne peut se construire que dans la coexistence dialectiquement
fondée de deux grands types de moments : des situations réelles, parfaitement conformes à
celles de la vie quotidienne, et des moments spécifiques d'apprentissage. Ces derniers se
subdivisent en deux grandes sortes : les moments d'analyse du fonctionnement des textes et de
recherche des règles de ce fonctionnement et les moments d'acquisition et d'entraînement des
savoir-faire.
Enseigner l'orthographe
Les modèles théoriques
Contrairement à ce que l'on pense généralement, il n'existe vraiment que deux grands
modèles thoriques de l'orthographe française, reposant sur les deux hypothèses
suivantes, qui définissent deux directions pédagogiques :
Ainsi présenté, et quel que soit l'intérêt évident de cette hypothèse au plan du
fonctionnement de la langue, le système de l'orthographe apparaît fort complexe et
fort difficile à "transposer didactiquement", pour reprendre la formule d'Y. Chevallard.
ce qui prouverait, s'il en était besoin que la pédagogie ne saurait être une application
des recherches fondamentales. La pédagogie est une science à part entière, qui se
nourrit des recherches fondamentales, mais qui doit poser ses propres hypothèses.
Une des objections que l'on peut opposer à ce choix est que travailler l'orthographe
en situation d'écriture ne semble pas très cohérente au plan pédagogique : quand on
est en train d'écrire, il est un peu tard pour apprendre l'orthographe : ce n'est pas au
moment où je pars en vacances avec ma voiture que je vais me demander comment
et pourquoi on doit changer de vitesses...
Une telle hypothèse présente de grands avantages : ce qui est à enseigner apparaît
comme très clair : il s'agit des deux rôles que les lettres jouent en français. En fait,
enseigner l'orthographe, c'est répondre à la question : "comment la langue française
se sert-elle des lettres de son alphabet pour faire comprendre les messages
écrits ?".
Apprendre l'orthographe devient dès lors une science d'observation, qui s'étudie en
situation de lecture et d'observation des écrits qui ont été lus. Sa connaissance se
construit par des situations d'observation réfléchie et de manipulations aidées de
documentations diverses, des textes qui ont été lus, vers la recherche de constats à
ériger en règles provisoires, non généralisables de fonctionnement.
La première justification que l'on donne en général à la pratique de la rédaction dans les classes, c'est qu'il
s'agit d’un écrit qui met en communication un locuteur et un destinataire, l'enseignant, donc d'un écrit qu'on
pourrait qualifier de "social" .
Même en admettant que ceci soit suffisant pour définir un écrit social, on peut difficilement considérer
l'enseignant comme le destinataire de la copie : c'est confondre un destinataire avec un juge. Selon une jolie
comparaison chère à J.C. Chevalier, l'enseignant occupe, dans le réseau de communication, à peu près la
même place que la femme qui fouille les poches de son mari et se met à lire une lettre à lui destinée...
En fait, dans la rédaction, la communication entre enseignant et élève est une communication cryptée qui
s'exerce entre deux fonctions sociales : le locuteur est un élève qui écrit en tant qu'élève (pas du tout en tant
que personne) et le destinataire est un enseignant, qui reçoit en tant qu'enseignant et non en tant que
personne. Quant à l'enjeu réel, parfaitement caché, c'est de démontrer que l'on sait écrire. L'élève qui
commencerait sa rédaction (et il y en a parfois !) par : " Chère madame l'enseignante, vous me demandez de
vous raconter mes vacances, voici comment elles se sont passées... " N’aurait certainement pas une bonne
note...
L'enseignant, en effet, n'a que faire des contenus racontés sur les vacances passées ou les états d'âme de
l'élève devant les cadeaux de Noël. Et la perversité de la chose, c'est que ceci est parfaitement occulté sous
un discours de prétendue sincérité, ou d'imagination tout aussi prétendue. En fait, le véritable réseau de
communication est à construire entièrement, (voir le document intitulé " le système pervers de la rédaction
scolaire "). Avec un bonus de taille, c'est que cette dernière condition n'est jamais explicitée aux élèves.
Cette analyse, je ne suis pas la seule à la défendre. J'en emprunte l'essentiel à André Petit jean, A. Ricardou
et bien d'autres, qui expliquent fort joliment qu'avec la rédaction, on demande aux élèves de jouer à un jeu
dont on ne leur donne pas les règles, pire, dont on donne des règles fausses, en leur faisant croire que ce
qu'ils vont dire est important, ou intéressant, alors que la seule chose attendue est que les phrases soient
correctes et sans erreurs d'orthographe.
On peut donc dire que la rédaction est un écrit socio-scolaire (et non social), parfaitement défini par la
tradition de l'école, certes, mais sans aucun rapport avec un écrit de la société, lequel se définit d'abord par :
* le type d'écrit (un article, une lettre, un roman, un conte, une motion syndicale et. etc.)
* le fait qu'il s'agisse d'un écrit entier ou d'un extrait d'un écrit possible, mais dont il faut alors préciser le
type (ce qui n'est jamais donné dans un sujet de rédaction, notamment quand il s'agit d'une description : le
même paysage ne sera pas décrit de la même manière dans un manuel de géographie, un roman
sentimental, un roman fantastique, un fait divers de journal etc.)
* les enjeux de la production : informer, scandaliser, motiver, amuser etc.
* le réseau de communication qui est à l'origine de son existence : qui parle, à qui, où, quand et pour
obtenir quel résultat.
Si l'on veut aider les élèves à faire les rédactions plus ou moins artificielles qu'ils auront à faire au collège,
il faut leur donner les clés de la réussite, c'est-à-dire, les règles du jeu, en leur révélant la perversité actuelle
de cette pratique, qui se garde bien de donner les moyens de la réussir. On peut mêm ajouter qu'elle nuit
gravement,en plus, à la maîtrise de la lecture. Elle fait croire en effet que le sujet suffit pour définir un texte
(ce qui est faux) et donc que comprendre un écrit, c'est comprendre l'histoire qu'il raconte : même si
l'histoire racontée est un élément de la compréhension, - nous disons, le niveau élémentaire de celle-ci -,
elle est loin d'être l'essentiel.
Il s'agit donc d'abord d'apprendre à écrire, en faisant vivre des situations fonctionnelles de productions
d'écrits, et en travaillant à développer les compétences mises en jeu dans ces situations fonctionnelles.
Ensuite, mais seulement ensuite, on apprendra à simuler ces situations fonctionnelles... (c'est
ce que doit être une"vraie" rédaction). On sait qu'il faut savoir faire pour "de vrai", quand on veut
pouvoir faire "semblant" de façon crédible.
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