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Le Canada:

un pays à la mesure
de sa superficie
ns de ce petit contretemps, mais la réception
omme on n'a pas encore inventé le téléphone à
lettre nous a été relayée en morse jusqu'à
des C B , grâce à la collaboration des routiers
es gars. 10-4 !
L'équipe
L'auteur de ce reportage, le célèbre globe-trotteur Gaston Boston, à qui nous le seul leader de l'expédition. À contre-
devons déjà «Berlin, fenêtre sur le mur» et $6.55 de nettoyage, nous offre par des coeur, j'épaulai ma 30-30 et visai le haut
extraits de son journal de bord et des réflexions personnelles un regard neuf sur ce du corps du révolté. J'atteignis
pays dont on a déjà dit qu'il n'était pas plus pire qu'un autre. l'insoumis avec facilité à cause de la
courte distance. La balle explosive fit
son meurtrier ravage et éparpilla les
Wee, mon guide, qui devait aussi me restes de l'insolent ti-Coune un peu
Un départ servir d'interprète, relaya le message partout sur ses collègues. C'est alors
aux autres pagayeurs : «Enwoyez, 'stie !» qu'au mépris des règles les plus
émouvant et un E t le cortège de pirogues lourdement
chargées se mit en branle, fendant les
élémentaires de sécurité nautique que je
m'étais pourtant bien efforcé de leur
guide nommé eaux calmes de la rivière en direction de
notre première étape : Ottawa.
inculquer, certains des pagayeurs se
levèrent dans leur embarcation en

Pee Wee. Les pagayeurs que m'avait chaude-


ment recommandés le Centre de Main
hurlant, ce qui eut pour effet de faire
chavirer deux des pirogues, celle qui
d'Oeuvre, peu habitués à l'effort physi- transportait ma bibliothèque et mon
24 j u i n 1979 que prolongé sous un soleil ardent, système de son, et celle sur laquelle
avaient déjà vidé cinq caisses de 24. reposait la cabine téléphonique. Un

U n soleil de plomb caressait la


rivière Outaouais, une certaine
émotion me serrait la gorge, à l'aube de
cette expédition en terre canadienne.
Malgré les semonces de PeeWee, ceux-
ci continuaient à nous lancer de temps à
autre leurs bouteilles vides par la tête.
Craignant avoir affaire à une mutinerie,
mouvement de panique inexplicable
s'ensuivit et je dus abattre un à un les
autres pagayeurs qui fuyaient lâchement
le convoi. Je ne pus réprimer un
Après avoir jeté un dernier regard atten- je résolus, bien malgré moi, d'abattre sur pincement au coeur lorsque j'appuyai le
dri sur Hull, ses centres d'achat et ses le champ celui qui semblait en être le bout du canon encore chaud de mon
brasseries, je gonflai d'air mes poumons meneur, un certain Coune Lachapelle, arme sur le front de PeeWee. A ce
et lançai fièrement: « E n avant!» Pee afin de m'imposer dès le départ comme moment, je perdis la tête et lui aussi.

IV
il

* Avec ses 3,560,238 milles carrés, le C a n a d a est-il aussi superficiel q u ' o n le d i t ?

Terre-Neuve : mines de crayon (off shore)


(Statistiques Canada, juin 1978).
Une géographie En flânant le long des immenses plages
de sable bitumineux de la rivière Atha-
sans histoire basca où les touristes huilés jusqu'aux
aisselles n'attendent plus que le soleil, je
me suis laissé dire que même debout en
haut d'un escabeau, le C a n a d a s'étend à
Un mot sur la géographie du C a n a d a : elle perte de vue. Le relief du C a n a d a est
est disponible dans la plupart des bons comique, c'est du moins ce que pensent
garages et fait la joie des cartomanciennes. les Américains quand ils disent : «Canada
Contrairement à la France, le Canada is a comic relief.» Bien que je n'en aie pas
n'est pas divisé en compartiments mais en été personnellement témoin, il y a un
provinces. Voici d'ailleurs à ce sujet des phénomène unique à la géographie cana-
données révélatrices : dienne et il s'agit des disparitions régio-
C o l o m b i e - B r i t a n n i q u e : 16 3 / 4 % nales. En effet, combien de Canadiens et
Alberta : Peter Lougheed de Canadiennes n'ont pu que constater
Saskatchewan : 400 mètres-relai ( femmes) avec consternation la disparition de leur
M a n i t o b a : Université de Flin Flon. montagne ou de leur rivière préférées en
O n t a r i o : $23,648.00 per capita. mettant le nez dehors un beau m a t i n ?
N o u v e a u - B r u n s w i c k : Prix Goncourt. (réponse : 452). On comprend facilement
N o u v e l l e - E c o s s e : Cape Breton Latvian dans un tel contexte l'attachement parti-
Folk Dance Group. culier des Canadiens pour ce pays en
Ile du Prince E d o u a r d : Homard Ther- perpétuelle mutation. E n terminant, un
A N e w Glasgow (Nouvelle-Ecosse) mostat à la crème de menthe blanche et au mot seulement sur la question économi-
ce ne sont pas les usines de broche à pepperoni. que : combien ?
foin qui manquent.

V
Un accueil
triomphal et
une fête au
village

I e petit hydravion dans lequel


^ j'avais pris place se posa avec
fracas sur la piste centrale de l'aéroport
de Calgary. A peine descendu, je fus
accueilli par des membres de la tribu
locale revêtus de leurs plus beaux uni-
formes. Pendant que le pilote s'affairait
à éteindre les débris de la carlingue, À Medicine H a t (Alberta) les édiles de la municipalité ont eu la gentillesse
je m'éloignai de l'appareil en entraînant d'offrir aux myopes de la région ce superbe terrain de golf.

Origine du nom des provinces


du Canada
British Columbia : Littéralement, «là où
on deal le meilleur colombien de l'Empire
britannique.
Terre-Neuve: Vendue trois fois le prix
par des promoteurs sans conscience aux
habitants de l'île à qui ils avaient fait
croire qu'elle n'avait jamais servi.

Saskatchewan : Seul mot utilisé par la


tribu des Saskatchewan qui vivaient prin-
cipalement de saskatchewan et d'un peu
de saskatchewan jusqu'à l'arrivée des
saskatchewan.
Manitoba : Cherchez pas, ça s'est tou-
jours appelé de même.

N o n c h a l a m m e n t é t e n d u s a u t o u r de la Ontario : Signifierait dans le jargon des


affaires : «Au plus fort la poche.»
piscine m u n i c i p a l e , les h a b i t a n t s de
R e g i n a ( S a s k a t c h e w a n ) se font griller Ile du Prince Edouard : Seul héritage
au soleil. que reçut le membre le plus wild de la
famille royale de l'époque pour lui ap-
à ma suite les aborigènes qui prendre à ne plus se moucher dans les
gesticulaient en marmonnant n'importe rideaux.
quoi. Pour les calmer et leur montrer que
Alberta : Le fondateur de cette province
mes intentions étaient pacifiques,
avait décidé de mettre celle-ci au nom de
je leur dis à haute voix : «Je suis votre sa femme pour des raisons fiscales.
ami et je vous apporte un message de
paix et de fraternité.» Aussitôt des Nouvelle-Ecosse : La ligue pour la sup-
pression de la vulgarité toponymique par-
clameurs éclataient dans les rangs :
vint à faire supprimer le B par sanction
«Speakwhite ! Speakwhite, youfucking
royale en 1858.
french bastard!» C'est-à-dire
«Bienvenue ! Bienvenue, Étranger sur Nouveau-Brunswick : Tout simplement
ton char de feu !» Avant même que je parce que le vieux était pas mal usé.
puisse leur exprimer toute ma gratitude
C a n a d a : Christophe Colomb, un marin
en un vibrant témoignage, les plus
espagnol, aurait dit en passant au large
costauds d'entre eux me hissèrent sur des côtes canadiennes : «Que nada» (y'a
leurs épaules pour me conduire à leur rien là).
chef. —*-

VI
Les timbres O Canada par Jacques Hurtubise

542 564
LES INVENTIONS C A N A D I E N N E S POSTES C A N A D I E N N E S
lancé le 10 avril 1964 Lancé le 13 mars 1967
Ce chef-d'oeuvre qui, à lui seul, honore toute la À l'occasion de l'Exposition universelle, le ministère
philatélie, a été lancé pour commémorer simultanément le des Postes décida de porter un grand coup et d'améliorer le
dixième anniversaire de l'invention de la poudre à canon à déplorable service postal qui sévissait à l'époque. Les
Edmonton, Alberta, et la découverte du feu à Sidney, experts du ministère créèrent ce timbre hypnotique pour
Nouvelle-Ecosse, en 1954. Le second timbre de cette accélérer la production de leurs employés. Malheureuse-
série, non illustré, immortalise la célèbre explosion qui eut ment, ils négligeaient un détail important : les postiers qui
lieu lors du conseil des provinces en 1955. avaient été pour la plupart engagés par favoritisme politi-
que, ne savaient pas lire. Les puissants faisceaux hypno-
tiques des timbres détruisaient irrémédiablement les cer-
veaux déjà atrophiés des pauvres postiers qui demeurèrent
toutefois à leurs postes respectifs, étant syndiqués. Depuis
ce triste événement, la situation des postes ne fait que
décliner.

578
PLANTUS PUSTULUS
Lancé le 15 février 1970
Les Amérindiens du Manitoba accueillirent les pre-
miers arrivants avec les cadeaux que leur fournissait leur
forêt natale. Un malentendu encore mal expliqué fit que les
colons prirent cette variété particulièrement toxique d'her- 568
be à puce hallucinogène pour une plante médicinale. On a GRC
dû créer quelques semaines plus tard la première léproserie Lancé le 11 octobre 1971
psychiatrique du monde. Aucune reprèsaille ne fut tentée L'invention du sous-vêtement pare-balles a sauvé de-
contre la tribu coupable puisqu'elle avait été décimée par puis 1968 un nombre incalculable de vies humaines chez
des couvertures infestées de petite vérole, à la suite d'un les agents en civil de la gendarmerie royale, qui tiraient leur
malentendu encore mal expliqué. coup de semonce en oubliant de sortir leur revolver de leur
pantalon.

L'AGENCE GENOCIDUS
575 Sera lancée le 1er mai 1980
LES LIVRES C A N A D I E N S (page suivante)
Lancé le 28 septembre 1975 Cette magnifique illustration sera utilisée pour com-
Ce timbre veut rendre hommage à la Bibliothèque mémorer la faillite de la deuxième agence de voyage
nationale du Canada, créée par décret fédéral en 1969. La canadienne-anglaise en 1942. On décrit ici l'arrivée d'un
Bibliothèque nationale du Canada possède un superbe joyeux charter de Canadiens-français qui, pour la première
assortiment d'éditions rares retraçant l'évolution de la fois, prenaient timidement pied sur la terre de leurs
culture canadienne. Les joyaux de cette collection demeu- ancêtres. La première agence canadienne-anglaise avait
rent sûrement la série presque complète du Readers' Digest fait une faillite retentissante en 1755, après qu'elle eut
depuis 1951 ainsi que le manuscrit du seul sketche transporté à crédit en Louisiane un bon nombre d'Acadiens
humoristique jamais écrit par Waine et Schusters. qui refusèrent par la suite de payer.

VII
Après de longues explications où un faire le jour de leur fête nationale. Tous
concierge me servit d'interprète, ceux qui n'étaient pas partis se baigner
je fus conduit sous bonne garde à la aux États-Unis étaient là, club-sandwich
grande place locale où se déroulait à la main, leurs bottes de foin posées
un événement majeur : la fête du sur des bancs de poisson mort importés à
Canada. C'est ainsi que j'assistai, les grands frais, se livrant à une de leurs
larmes aux yeux, à l'une des plus belles activités préférées : rire du monde
manifestations de solidarité et de des autres parties du Canada. Cette fête
fraternité internationale. En effet, des inoubliable se poursuivit jusqu'à
Ukrainiens, des Irlandais, des Polonais, fort tard dans l'après-midi. —>-
des Grecs, des Allemands, des Italiens M. Pierre Elliot T r u d e a u , premier mi-
venus de tous les coins du monde nistre du C a n a d a , inaugure le nouvel
s'étaient donné rendez-vous pour faire a u d i t o r i u m de N o r t h Battleford, Sas-
oublier aux Canadiens, par leurs chants katchewan. Il est a c c o m p a g n é de son
et leurs danses, qu'ils ne savent pas quoi épouse.

cipaux intéressés (c'est-à-dire les Voici donc les résultats de ce sondage-


Canadien(ne)s) n'ont pas grand-chose à maison :
Kanada Soutra : raconter sur le sujet, vu qu'ils et elles
copulent en général les yeux fermés ou
1°- Dans les provinces de l'Ouest, il
semblerait que la position préférée soit la
sous l'effet de la boisson. En effet, ce suivante : l'homme est assis, à la taveme
la reproduction n'est pas sans raison que des statistiques
récentes montrent que la sexualité se
avec ses chums ; la femme est à la
maison, devant la TV et sur les valiums.
chez les e
classe au 3 rang parmi les loisirs cana-
diens après la bière et le hockey (4ème
2° - Dans les provinces maritimes, les
préférences iraient vers ce qui est appelé

Canadiens dans l'Ouest à cause du curling).


Scandalisée qu'on puisse croire que la
communément la position missionnaire,
c'est-à-dire la femme sur le dos en train
de prier pour que la pêche à la morue
nation canadienne est dénuée d'intérêt
côté plaisirs du corps humain, l'équipe de recommence bientôt et l'homme sur le
par Pierre Huet CROC s'est livrée à une enquête pan- ventre et sur l'assurance-chômage.
canadienne sur les habitudes sexuelles. 3° - En Ontario, la plupart des gens
Côté érotisme, on ne peut pas dire que 5 7 % des gens questionnés ont bien voulu questionnés nous ont répondu que le
les Canadiens ont une grosse réputation. nous répondre, tandis que 3 7 % nous mode de reproduction préféré était la
En fait, personne n'a jamais assisté à un menaçaient de leur 303 et qu'un dernier X E R O X , avec une minorité optant pour
accouplement canadien. Même les prin- 10% affirmaient ne pas être au courant. le papier carbone.

Carte des zones érogènes du Canada par Jacques Hurtubise

tacenta B a y

•Pfctou-Wclville
E A U / ^ B j / n g Hill

' UVELLE-ÉCOSSE

D é m o n t r a n t leur très h a u t degré de civilisation, les p e u p l a d e s du C a n a d a ne p r a t i q u e n t p a s la r e p r o d u c t i o n à la


m a i s o n m a i s u n e fois l'an d a n s des villes spécialement a m é n a g é e s à cet effet. Ces villes ou régions sont n o m m é e s à j u s t e
titre, z o n e s érogènes du C a n a d a et sont indiquées en rouge sur la carte a p p a r a i s s a n t ci-dessus.

\
Le futur drapeau du Canada
par J a c q u e s Hurtubise

L'unifolié rouge a été adopté en 1965 comme de designers Flag, Flag Drapeau et cie, pour
l'emblème représentant le Canada à travers le réévaluer la justesse de la première conception.
monde. Pourtant, cette conception avait été loin de Déjà de nombreuses associations ont fait parvenir
faire l'unanimité à l'époque et n'a cessé depuis, au gouvernement des maquettes que nous avons
d'être décriée par de nombreux détracteurs. On reproduites ci-dessous avec les commentaires qui
attend en fait la fin imminente du contrat liant le les accompagnaient
gouvernement canadien aux concepteurs, la firme

1
1 La majorité silencieuse
Cela exprime bien notre attitude devant
les grands problèmes mondiaux.
Les communicateurs canadiens
On est 20,000,000, faut se parler mais
pas tous en même temps s'il vous plaît !
Le Conseil des provinces de l'Ouest
La fermeture éclair symbolise le chemin
de fer qui unit notre grande nation d'une
mer à l'autre... En cas de coup dur, elle
s'adapte parfaitement au drapeau
américain.
Les manufacturiers d'armes
Nous avons voulu rendre hommage aux
trois peuples fondateurs.
L'Association des économistes
Comme ça, d'un seul coup d'oeil, on
aurait une idée réaliste de la situation de
notre monnaie.
L'Association Pro-Canada
Il faut donner à la culture québécoise la
place qui lui revient au sein du Canada.
Les fourreurs unis
On fait notre gros possible pour l'unité
nationale, mais nos manteaux en
crapauds vendent pas.
L'Association des francophones de
l'Ontario
Il faut promouvoir le fait français au
Canada... O.K. ! Qui Commence ?
9 Les Gamblers anonymes
3 contre 1 sur le bleu !
L'Association des anglophones de
l'Ontario
Il faut reconnaître que le biculturalisme
existe au Canada, et cela, qu'il vienne
d'Oxford ou de Cambridge.
Au pays des
chômeurs et de
la Sagouine
«A morue usquions
ad morue.»
Fête du Travail 1979.

P lus j'approchions des côtes des


Maritimes, plus je pouvions voir
les peuplades locales (deux groupes
principaux : chômeurs 60%, assistés
sociaux 37,5%) qui plongiont dans la
mer pour en ramener des vieux mégots
et du poisson mort. Ayant jeté à l'eau
ce qui me restions de petite monnaie au
grand plaisir de ces autochtones, je
débarquions de ma gondole pour
recevoir le superbe et odorant collier de
poisson mort dont on décore les
nouveaux arrivants. J'avisions un
groupe d'hommes d'affaires qui,
Le musée national du Poisson mort à Charlottetown attire chaque année des déguisés tant bien que mal en vieux
dizaines de touristes qui le prennent pour une pharmacie. pêcheurs pour faire plus pittoresque,

photo : C Beaugrand-Champagne

Gastronomie et
joie de vivre
La cuisine canadienne traditionnelle donne généralement sur la
cour arrière de la maison et possède une dépense où on ne regarde
pas trop souvent. Le plat préféré des Canadiens est le steak sous
toutes ses formes : steakette de poisson mort dans les Maritimes,
steak de boeuf dans l'Ouest et steak de blé haché au Manitoba. La
célèbre crêpe au steak tartare flambée au rye et éteinte à la root-
beer, nappée d'onctueux sirop de table et servie sur un lit de blé
d'Inde en crème et de macédoine a comblé plus d'un esthète de
Saskatoon. Il est de plus en plus reconnu dans le monde entier que
les Canadiens savent bien manger, c'est-à-dire proprement, sans en
renverser partout et en ne rotant que lorsque c'est absolument
nécessaire. Quoi de plus amusant et de plus facile que de trinquer à Le chef Joe Kaputnik de chez Pierre of Paris Sea F o o d , le
la canadienne ? Mélangez dans un grand récipient 2 onces de rye, 2 célèbre restaurant de Winnipeg, est surpris par la caméra
onces de liqueur de patate, 1 once d'huile de foie de morue, un peu au moment où il s'apprête à concocter sa spécialité
de tabasco, un zeste de citron, quelques glaçons et comblez avec du
secrète.
porter. Brassez le tout, versez doucement dans des flûtes à
Champagne et offrez-en à vos amis ! Ils vous en reparleront des heures, nous avons parlé sans gêne ni retenue de transmissions
sûrement ! automatiques, de la qualité du plywood, du dernier annuaire des
J'ai eu la chance d'être invité dans une soirée typiquement pages jaunes, en sirotant un heureux mélange de rye, de pernod et de
canadienne. Vers cinq heures et demi, après un souper composé jus de tomates. Le froid nous obligea bientôt à rentrer et nous avons
d'un soufflé à la cole-slaw, d'un gratin de poisson mort à l'érable et profité amplement de toutes les pauses commerciales pour faire plus
d'une salade de fruits en boite, le tout copieusement arrosé d'une ample connaissance. La tête pleine d'anecdotes savoureuses à
bouteille de Cinzano, nous passâmes sur la véranda pour regarder le propos des Terreneuviens, je pris congé de mes hôtes déjà couchés
blé pousser. Après la vaisselle, les femmes vinrent nous rejoindre depuis un bon moment et j'entrepris de regagner à la hâte mon hôtel
pour regarder des diapositives de la récolte de l'an dernier. Pendant car le vent de huit heures du soir guette les retardataires.

XII
s'exerciont à apprendre le nouveau avec tout le grand dérangement que ça
dialecte local, le Goncourt. Je
m'habituons très vite à ce jargon et je
comportions. Comme le disions si bien
le slogan d'une agence de voyage locale :
Les Canadiens
réussions à les faire parler de l'excitant
sujet de l'économie.
«Un voyage comme ça, vous en
reviendrions pas.» Une autre richesse
et les
A part l'importation massive de
chèques en provenance d'Ottawa et
naturelle importante de l'endroit :
les femmes artistiques (compositeuses, Canadiennes :
chanteuses, comédiennes ou auteures)
l'exportation également massive de
poisson mort (morue) et de patates pour qu'on exportions un peu partout pour
faire en sorte qu'un jour le Goncourt
une population
manger avec, les Maritimes possédions
une autre spécialité économique de
premier plan : l'organisation de «no-
supplantions le français. Pour ce qui est
de Terre-Neuve, je ne pouvions
pour le Canada
where» ou déportation. Pionniers de ce malheureusement aller y mettre le pied C u l t u r e et civilisation
genre d'activités récréatives, les car l'état d'urgence étions décrété
peuplades locales expérimentions
d'abord sur elles-mêmes les plaisirs de
ces randonnées aux caprices du destin
dans l'île dont les habitants veniont de
redécouvrir le feu. C omment parler de la culture
canadienne sans évoquer le blé,
les patates et les Juno Awards, prix de

L'humour canadien
Pierre H u e t
C'est toujours avec tristesse que l'on aborde le sujet de
l'humour canadien. Parlez-en à n'importe quel humoriste à
travers le monde : il vous répondra en hochant nostalgique-
ment la tète et en commandant un autre verre. En effet, c'est
chose connue, l'humour canadien a connu le plus triste des
sorts : il a rejoint la taupe à cul rouge, le héron d'Antarctique
et l'éléphant du Liechtentein parmi les espèces en voie de
disparition...
Pourtant, il n'y a pas si longtemps, de vastes troupeaux de
blagues canadiennes parcouraient en tous sens les plaines de
notre beau pays. Les braves bêtes erraient à l'aventure,
laissant sur leur passage de petits tas de rires et de jeux de
mots. Malhreureusement, leurs jours étaient comptés, car
elles excitaient la convoitise des chasseurs. Ceux-ci savaient
Le travail ne m a n q u e pas à la nouvelle manufacture écologi- que la chair de la blague canadienne comptait parmi les
que d ' E d s o n , Alberta, où les travailleurs recollent les grains ingrédients principaux pour la fabrication de certaines gran-
de blé d ' I n d e laissés de côté par des c o n s o m m a t e u r s des farces comme la poudre à gratter et la chaise-qu'on-
inconscients. enlève-quand-la-personne-vient-pour-s'asseoir-dessus. De
plus, pour ajouter aux malheurs de la pauvre bête, c'est avec
son poil qu'on faisait les fausses moustaches et les cartons
d'allumettes cochons...
Les choses ont ètè en s'empirant au début du siècle.
Certains aristocrates européens franchissaient l'océan pour
le simple plaisir de venir rire à gorge déployée des blagues
canadiennes, qui finissaient par en mourir d'épuisement..
C'est ainsi que les vastes troupeaux ont été en diminuant.
Aujourd'hui il ne reste que quelques cheptels d'humour
canadien. On en trouve une bonne partie dans les Territoires
du Nord-Ouest et au Yukon. là où les Eskimos les laissent
paître en paix, vu qu'ils n'apprécient pas du tout leur chair.
Les Terre-Neuviens en ont une certaine quantité eux aussi,
qu'ils élèvent précieusement avant de les vendre à des
comiques de clubs ou à des postes de radio.
Mais ailleurs au pays, c'est la désolation. En Saskatche-
wan. on s'est habitué tant bien que mal à rire en regardant le
blé qui pousse, tandis qu'en Alberta on essaie de se faire
Un projet C a n a d a au Travail qui rapporte de n o m b r e u x accroire que le pétrole est drôle. Mais un jour, on devra se
dividendes : l'usine de suppositoires au m e n t h o l de M o o s e rendre compte que l'humour canadien est bien mort.
Jaw.

XIII
consolation décernés aux artistes
qui ont bien failli ne pas faire patate aux
États-Unis. Appelé à juste titre le
grenier du monde, le Canada organise
régulièrement des «garage sales» où
il laisse aller ce qui lui reste d'antiquités
et de patrimoine aux mains des
Américains. Sur le plan des
manifestations culturelles d'envergure,
on peut citer le Stampede de Calgary, la
baignade du Nouvel An à Vancouver et
l'attribution de la célèbre Morue d'Or du
Festival international du film sous-titré
de Halifax qu'on remet au spectateur qui
«toffe» le plus longtemps. D e plus, le
multiculturalisme ou possibilité
de capter plusieurs canaux américains
sur un même téléviseur, aide la
population canadienne à passer à travers
les longues soirées d'hiver sans se
poser trop de questions.
Comment passer sous silence
l'extraordinaire contribution de tous
ceux et celles qui, par leur seule
présence, font que le Canada a l'air d'un
pays habité. Les hommes et les femmes
politiques du Canada sont bilingues,
c'est-à-dire qu'ils ne tiennent pas le
même langage selon qu'ils sont dans
l'est ou dans l'ouest du pays. Malgré la
tradition et les apparences, les Le C a n a d a doit sa réputation de pays neutre au fait qu'il est détesté de façon égale
Canadiens demeurent un groupe fragile par tout le m o n d e .

tion locale) le nombre de membres du


T.N.T. Leurs actions répréhensibles ont
Le terrorisme, commencé de façon assez discrète : des
graffitis sur les façades des igloos (Moun-
ennemi de la ties go home!, ou Toundra si, Canada
no !); puis le ton a monté. Ce fut d'abord
un important vol dans une manufacture de
démocratie lichens (ils en ont pris plusieurs caisses).
Ensuite, ils ont détourné un traîneau qui
transportait quelque 200 kilos de gruau
T o u j o u r s à la fine pointe de l'avant- par Pierre Huet instantané vers Ookpik, la capitale com-
garde t e c h n o l o g i q u e , les C a n a d i e n s merciale de la région.
extraient le pétrole des sables bitumi- Nous avons un beau pays, surnommé le Puis ce fut leur coup d'éclat. Ces
neux de l ' A t h a b a s c a , l ' a c h e m i n e n t Canada. Malheureusement, certains in- barbares n'ont pas hésité à faire sauter la
ensuite p a r pipe-line j u s q u ' à S a r n i a dividus voudraient le détruire, et n'hésitent seule boîte à malle des Territoires du
en O n t a r i o où il est raffiné et mis en pas à se réunir en groupuscules pour poser Nord-Ouest. Heureusement il n'y a pas
des gestes illégaux, violents et impolis. eu de blessés, puisqu'il n'y avait pas âme
bouteille sous les appellations les plus
Dans le but de sensibiliser la population à qui vive à 800 kilomètres à la ronde. Une
diverses : B a b y D u c k , C h â t e a u - G a i , des conséquences de leur geste, que n'a-
cet état de faits, CROC vous trace un bref
etc. vaient pas prévue ces fanatiques, c'est
portrait d'un de ces groupes. Si par la suite
qui peut facilement perdre son unité et sa vous croyez en reconnaître un membre qu'il sont maintenant obligés de faire
cohésion à la suite du départ ou de la sur la rue, n'hésitez pas à contacter la 1200 kilomètres en traîneau à chiens ou
retraite de l'un d'entre eux ou de la GRC. Pour contacter la GRC, il suffit de en portage pour aller porter en mains
décrocher votre téléphone et de dire : propres leurs exigences ou leurs colis
nomination d'un nouvel instructeur.
«Allo, la GRC? Êtes-vous là?» et on piégés. D'ailleurs 2 terroristes ont perdu
Quant aux Canadiennes, on m'a dit la vie dans les derniers 6 mois quand les
qu'on les rencontrait surtout vous répondra.
Ce mouvement terroriste que nous morues explosives qu'ils transportaient
l'hiver, qu'elles sont généralement leur ont pété en pleine face. On calcule
vous présentons aujourd'hui, c'est le
chaudes et munies d'un capuchon T.N.T. (Terrorists of Northwest Territo- qu'à ce rythme, le T.N.T. s'auto-détruira
amovible. En terminant, qu'il me soit ries). Comme son nom l'indique, cette sous peu. N'empêche que ce n'est pas une
permis de vous faire une dernière raison pour relâcher notre surveillance et
faction a juré d'obtenir à tout prix l'indé-
recommandation : si un jour vous passez celle des 900 agents de la GRC qui
pence des Territoires du Nord-Ouest. On
patrouillent la région.
par le Canada, arrêtez-vous-y vingt estime à 4 (soit environ 1/5 de la popula-
minutes, ça vaut vraiment la peine ! O

XIV
La faune canadienne par Pierre Huet, illustration Garnotte

Tout le m o n d e sait q u e le C a n a d a est d'une richesse r e m a r q u a b l e en ce qui regarde la diversité des espèces qui le
peuplent. Je veux bien sûr parler des animaux, pas des h u m a i n s . D e p u i s toujours, les c h a s s e u r s a c c o u r e n t de p a r le m o n d e
pour venir tirer, piéger, chasser ou m a n g e r la p l u p a r t des espèces animales c a n a d i e n n e s , t a n d i s q u e s i m u l t a n é m e n t , les
écologistes viennent essayer de préserver les derniers spécimens des bêtes en question. A u t r e m e n t dit, tout le m o n d e y
trouve son compte.

A) L'orignal des prairies. Son orignalitè, originalité tient au fait de pouvoir imiter la voix humaine. Il passe sa vie à écouter
que son panache s'est développé verticalement, ce qui lui permet discrètement les conversations de l'homo sapiens, sans dire un
de mieux se glisser entre les épis de blé. Certains observateurs mot Mais plongez-le dans une marmite d'eau bouillante et il se
affirment qu'il marche de profil et sur une seule patte, mais c'est à met à hurler «J'ai chaud ! », ou « Waiter, une grosse bière ! ». ce qui
confirmer. ne manque jamais d'effrayer le cuisinier.
B) Le bison coitus interruptus. A première vue, ce bison n'est E) Le double-breast sauvage. Cet animal discret et effacé est fort
pas différent des autres bisons. C est à la saison de F accouplement convoité par les fermiers du nord de l'Ontario qui le chassent pour
que sa particularité apparaît Obéissant à une obscure impulsion, sa peau qu'ils revêtent quand ils descendent en ville.
le mâle se rue à toute vitesse vers les Territoires du Nord-Ouest et F) La morue au quartz. Cette espèce de morue est apparue
la femelle vers les États-Unis. C'est au prix d'efforts incalculables récemment le long de nos côtes et on la pèche surtout dans les
que les écologistes ont pu sauver la race. régions où les usines crachent le mercure. Elle a l'étonnante
C) Le castor anonyme. Ce pauvre animal habite les régions les faculté de briller dans le noir. Les pécheurs terre-neuviens
plus sèches des prairies. A cause justement de cette sécheresse, il l'utilisent comme cravate.
n'y a pas de rivières où il pourrait bâtir des barrages. C'est pour lui G) L'éléphant du Nouveau-Brunswick. Cet animal n'existe
l'objet d'une honte profonde. C'est pourquoi il se promène en se pas.
dissimulant la face avec sa queue. H) Le pneu à flancs blancs d'Alberta. Cet animal se déplace
D) Le homard perroquet. Le homard-perroquet a la même toujours par groupe de quatre et aime dormir sous les vieilles
apparence que le homard ordinaire. Cependant, il a un talent carcasses d'automobiles. D'allure pacifique, c'est au contraire un
caché : comme l'oiseau dont il porte le nom, il a l'étonnante faculté carnassier qui tue au moins 2000 Albertains par année.

XV
Visitez
le Canada !
EST-CE VICTORIA?
Mais non ! c'est Londres, avec ses
pubs, son flegme bien britannique
et des Anglais qui acceptent de
parler français, eux autres...

S O N T - C E LES GRANDS L A C S ?
Les Grands Lacs? Épais ! c'est
Tahiti ! Les plus belles filles au
monde, le peuple le plus
chaleureux de la terre reconnu
pour son extraordinaire hospitalité;
c'est pas comme ici...

S O N T - C E LES GRANDES
PRAIRIES DE L ' O U E S T ? S O N T - C E LES R O C H E U S E S ?
Non ! c'est l'Egypte, berceau de Non voyons ! c'est la Méditerranée
la civilisation occidentale, encore avec ses kilomètres de plage de
inconnue dans l'ouest canadien. sable chaud où les gens
s'amusent et où il ne pleut jamais.

C ' E S T U N P I T T O R E S Q U E PORT
de T E R R E - N E U V E . . .
ÇA VA PAS LA T Ê T E , c'est un
château de la Loire dont la cave
renferme les meilleures cuvées au
monde et non pas quelques
immondes morues.

MAIS N ' E S T - C E PAS LE C E N T R E


VILLE DE S A S K A T O O N ?
Ouin ! c'est ça ! Faut se faire à
l'idée! V O U S N'AVEZ PLUS L E S
Le Canada
M O Y E N S D'ALLER A I L L E U R S !

Vous n avez pas les moyens


d aller ailleurs
Le monde entier se gausse du passeport canadien depuis l'épisode de
l'ambassade en Iran. La seule évocation de notre devise provoque
l'hilarité à l'étranger depuis que notre dollar «flottant» a coulé à pic.
Ben ! Tout ça c'était planifié, on va finalement vous forcer à rester chez
y a rien là
Un message d'Énergie Canada
vous, à économiser l'énergie. YUK ! YUK ! YUK !

XVI

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