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Conservation

longue durée
de la viande de porc

A l’état frais, les pièces de découpe de porcs ne se conservent pas plus d’une
semaine dans les conditions courantes de réfrigération. Plusieurs pays ainsi
que des industriels cherchent à augmenter les durées de conservation afin de pou-
Résumé
L’objectif de l’étude était de tes-
ter la possibilité d’exporter des
pièces de demi-gros en container
voir accéder à des marchés géographiquement éloignés. Les pays du Sud-Est asia-
à - 1,5°C. Deux procédés de
tique sont particulièrement visés, mais on peut également citer les DOM-TOM et conservation longue durée ont
quelques autres marchés relativement limités. ainsi été comparés :
Dans une étude précédente (Techni-Porc, 19.3.96), nous avons pu montrer qu’il • le sous vide pendant quatre
était techniquement possible d’envisager une conservation en demi-gros d’au semaines et,
moins dix semaines de la viande de porc fraîche. Cela suppose une parfaite maî- • le sous CO2 pur pendant huit
semaines.
trise de la qualité bactériologique des viandes avant le conditionnement puis un
Chaque technique a ensuite été
stockage en sac à -1,5°C. La maîtrise de la température de stockage est capitale : suivie d’un stockage sous film éti-
les scientifiques canadiens ayant travaillé sur le sujet affirment qu’une variation rable classique pendant quatre
de la température de conservation de + 0,5°C diminue de 8 à 10 jours la durée jours à 4°C.
de vie du produit. L'objet de l'étude était de tester, en conditions industrielles de Des analyses sensorielles et bac-
transport (containers), deux conditionnements longue durée de demi gros : le sous tériologiques ainsi que des
mesures de pertes de poids ont
vide pendant quatre semaines et le sous CO2 pur pendant huit semaines, avant
permis de mettre en évidence
d'envisager des exportations lointaines. que le stockage en container est
possible. La technique de conser-
vation sous vide ressort comme
étant la plus adaptée aux mar-
chés éloignés et des DLC de 60
Protocole Trente carrés issus de 30 carcasses supplémen- jours paraissent envisageables.
taires ont été triés pour la réalisation du condi-
Choix de la viande tionnement sous vide.

L’étude a porté sur des carrés désossés triés sur Traitement


leur pH ultime (5,6 < pHLD(1) < 5,8), afin pré-conditionnement (1) L.D. = Long Dorsal
d’avoir des viandes de bonne qualité technolo-
gique, et leur température à cœur (< 6°C). Les Pour remplir le container avec des pièces déjà
pièces sont issues de carcasses découpées en réfrigérées, les carrés sélectionnés et désossés
début de journée de travail, afin de limiter la ont été placés 1 h 30 en salle à température
contamination microbiologique. négative, jusqu’à la limite du croûtage de sur-
face. La température des carrés en sortie était
Soixante carrés issus de 30 carcasses ont été proche de 0°C à cœur.
ainsi triés et pour pouvoir comparer les deux Chaque carré a ensuite été divisé en deux por-
conditionnements sous CO2, un écart de pH tions : l’une pour la réalisation des prélève-
maximum de 0,2 a été toléré entre les deux ments bactériologiques, l’autre pour la mesu- Stéphanie de MONTZEY,
longes d’une même carcasse. re des pertes de poids. Brice MINVIELLE

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Techniques gorifique de type standard de giques sont réalisées. A ce stade,
de conditionnement 25 m3 dans la journée suivant les analyses sensorielles ont été
de demi-gros utilisées l’abattage. effectuées par un jury constitué
Afin de reproduire des conditions par le personnel ITP et des per-
Procédé de mise sous CO2 réelles de stockage, le container a sonnes non expérimentées.
été complété jusqu’à remplissage
Deux types de sachets ont été tes- total par des couennes condition- Contrôles réalisés
tés pour le conditionnement sous nées sous CO2 pur dans les mêmes
CO2 pur : conditions que les carrés. Analyses
Les capacités de maintien de la bactériologiques
• Conditionnement 1 : sachet température à - 1°C (± 0,5°C) dans
transparent multicouches co- le container avaient été testées à Le prélèvement de 25 cm2 de sur-
extrudé (barrière EVOH). vide pendant deux semaines. face, pour dénombrement des
Perméabilité au CO2 : Entérobactéries, Pseudomonas,
8 cc/m2/24 h. Un suivi de la température à l’in- Bactéries lactiques et Brochothrix
• Conditionnement 2 : sachet térieur du container, par le biais thermosphacta, a été réalisé aux
opaque en aluminium laminé de cinq enregistreurs répartis dans trois stades suivants :
(Triplex R 4656, Sté SOPLARIL®). l’enceinte, a confirmé que la tem-
Perméabilité au CO2 : pérature a été maintenue sans rup- - avant le conditionnement de
(2) 0,05 est la limite de sensibilité 0,05(2) cc/m2/24 h. ture de la chaîne du froid, durant demi-gros afin de pouvoir estimer
des appareils de mesure Perméabilité à l’O2 : toute la conservation : le niveau de contamination ini-
0,05 cc/m2/24 h. •4 semaines pour le procédé sous tiale,
Perméabilité à l’N2 : vide, - à la sortie du conditionnement de
0,05 cc/m2/24 h. • 8 semaines pour le procédé sous demi-gros, à l’issue de 4 semaines
CO2. pour le sous vide et huit semaines
Des absorbeurs d’O2 de la société pour le sous CO2 pur,
STANDA INDUSTRIE ont été pla- Ouverture des sacs - après les quatre jours de simula-
cés dans chaque sac. tion de stockage en linéaire.
A l’issue du stockage de demi-gros
Le procédé utilisé pour la mise en container (quatre semaines Mesures du taux de CO2
sous CO2 est le procédé CORR- sous vide ou huit semaines sous et du taux d’oxygène
VAC® commercialisé par la socié- CO2), les carrés sont pesés et les résiduel
té LATINPACK. Après mise en sac, analyses sensorielles et bactériolo-
deux cycles « mise sous vide/réin- giques réalisées par l’Institut de Le taux de CO2 dans l’emballage
jection de CO2 » ont été réalisés. l’Elevage (Villers-Bocage). et le taux d’oxygène résiduel sont
Les trois litres de CO2 pur injectés mesurés juste avant l’ouverture des
par sac étaient de l’ALIGAL 2, Conditionnement soixante conditionnements sous
commercialisé par la société de détail CO2, après huit semaines de
AIR LIQUIDE. conservation.
Dix carrés sous vide, dix carrés
Procédé de mise sous vide sous CO2 dans le conditionne- Pertes de poids
ment 1 et dix carrés sous CO2 dans
Les sacs utilisés sont des sacs co- le conditionnement 2 sont tran- Afin d’estimer les pertes de poids
extrudés, rétractables, hautement chés. Le choix des carrés (dix par- par exsudation, des pesées ont été
barrière aux gaz, à structure mul- mi trente) est totalement aléatoire. réalisées aux mêmes stades que les
ticouches (CRYOVAC®, sac BB4L). Les tranches (d’environ 1 cm analyses bactériologiques.
Le conditionnement a été réalisé d’épaisseur) sont conditionnées en
sur un matériel CRYOVAC VS 90. barquette sous film étirable. Les Analyses
barquettes sont en polystyrène sensorielles
Stockage avec un buvard intégré dans le
fond. Après quatre jours à 4°C, Les analyses visuelles et olfactives
Après conditionnement, tous les simulant un stockage en linéaire, ont été réalisées avant et à l’ou-
sacs ont été mis en cartons et les tranches sont pesées et les ana- verture des conditionnements ini-
entreposés dans un container fri- lyses sensorielles et bactériolo- tiaux ainsi que 30 minutes après.

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Les carrés ont été évalués selon demi-gros, le taux de CO2 moyen 1973 cités par Seideman et al.,
différents critères : est encore de 96,5 %. 1979 ; Kropk et al., 1991).
• exsudat,
• couleur de la viande, Les absorbeurs d’oxygène ont éga- Ces pertes de poids sous CO2 pur
• odeur, lement permis le maintien d’un sont très importantes alors que
• qualité du conditionnement, taux d’oxygène résiduel de 0 %, nous avions des carrés triés sur le Le faible niveau de
• appréciation globale. quel que soit le type d’emballage. pH ultime : qu’en serait-il avec des contamination initial
longes à bas pH ? Ceci constitue est un facteur essentiel
Pour les morceaux de détail, les Pertes de poids un inconvénient majeur à ce type pour la bonne
critères suivants ont été appréciés de conditionnement, car l’exsudat
avant et à l’ouverture des bar- La phase de stockage en sac s’ac- représente une perte économique
conservation des
quettes : compagne, quel que soit le mode importante ainsi qu’une difficulté pièces de demi-gros
• exsudat, de conditionnement de demi-gros, d’utilisation du produit par l’opé- sous CO2 et sous vide.
• couleur du dessus et du dessous de pertes de poids par la libéra- rateur qui ouvre le sac de demi-
de tranche, tion d’exsudat. gros.
• aspect du gras,
• appréciation globale. Les pertes de poids observées pour Résultats des analyses
la technologie du sous vide (1,4 % bactériologiques
Chaque critère est noté de 1 à 5 : en sac et 4 % en barquette) sont
- 5 correspond à la perfection, similaires à celles observées lors de Contamination initiale
- 1 à la dégradation maximale, l’étude de 1996.
- 3 à la limite inférieure d’accep- Le niveau de contamination initial
tabilité commerciale. Pour la technique de conservation des pièces est faible et inférieur de
sous CO2 pur, les pertes de poids 0,7 log aux moyennes obtenues en
Ces analyses sensorielles ont été sont plus importantes : 4,6 % pour Entérobactéries et Pseudomonas
traitées par l’Institut de l’Elevage. le conditionnement 1 et 8,7 % sur les longes découennées-désos-
pour le conditionnement 2. Après sées des entreprises participant à la
Résultats stockage en barquette, les pertes centralisation des résultats des
de poids sont respectivement de contrôles microbiologiques, réali-
Taux de CO2 1,8 % pour le conditionnement 1 et sée en 1999 par l’ITP.
2,3 % pour le conditionnement 2. Ce faible niveau de contamination
Lors du conditionnement, le taux initial est un facteur essentiel pour
de CO2 mesuré était de 99,9 %. La différence importante de perte la bonne conservation des pièces
de poids entre les deux condi- de demi-gros sous CO2 et sous
Après huit semaines de stockage, tionnements en sacs sous CO2 vide.
le conditionnement 1 présente un (environ 4 %) peut s’expliquer par Les abattoirs de Nouvelle-Zélande
taux de CO2 moyen de 62,5 %. Le la modification du mélange gazeux obtiennent ainsi des DLC de dix à
conditionnement 1 est ainsi pro- dans le conditionnement 1. quatorze semaines sur des gigots
gressivement passé d’un condi- Différentes études montrent en conditionnés sous CO2 en prenant
tionnement sous CO2 pur à un effet que l’azote présente dans des précautions draconiennes
conditionnement CO2 + N2 (N2 certains cas la faculté de minimiser garantissant un excellent niveau
provenant de l’air) malgré une per- les pertes de poids (Belousov et al., bactériologique initial des pièces.
méabilité au CO2 de 8 cc/m2/24 h.
En atteignant la couche EVOH,
l’humidité apportée par le produit Tableau 1 - Niveau de contamination de la viande sous vide (moyennes en log/cm2)
emballé pourrait faire perdre la
propriété barrière du conditionne- Flores Avant conditionnement Après 4 semaines En barquette
ment et expliquer ainsi ce phéno- Entérobactéries 0,54 a* 0,50 a 0,40 a
mène. Pseudomonas 1,78 a 2,61 b 2,94 b
Brochothrix thermosphacta 0,43 a 0,61 a 0,44 a
Le conditionnement 2 a, quant à
lui, bien joué son rôle « très haute Bactéries lactiques 0,35 a 0,62 a 0,51 a
barrière aux gaz (CO2, O2 et N2) » * des lettres différentes pour une même flore signifient des différences significatives au seuil de 5 %
puisque en fin de stockage de

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Evolution tation (0,8 log en moyenne), la n’ont cependant pas eu le temps
de la contamination dans qualité du vide était bonne (des de jouer leur rôle protecteur : le
les différents conditionnements défauts de mise sous vide entraî- remplacement progressif du CO2
nant des augmentations de conta- par du N2 a rendu possible la crois-
- Conditionnement sous vide mination nettement supérieures). sance des Entérobactéries (anaéro-
bies facultatives) tandis que les
Le tableau 1 (page précédante) Les bactéries lactiques et Bro- traces d’oxygène ont permis le
montre que les niveaux de conta- chothrix thermosphacta ne se sont développement des Pseudomonas
mination sont très faibles avant le pas développés sur la période de (microaérophiles) malgré les absor-
conditionnement et également à l’is- quatre semaines. L’étude ITP de beurs.
sue des quatre semaines sous vide. 1996 avait en effet montré que les
bactéries lactiques ne se dévelop- A l’inverse, dans le conditionne-
Les comparaisons de moyennes paient qu’à partir de six semaines ment 2, seules les bactéries lac-
indiquent que le stockage sous de conservation sous vide. tiques se sont développées pen-
vide, puis le stockage en barquet- dant la phase de stockage de
te n’ont pas d’effet sur le niveau - Conditionnement sous CO2 demi-gros sous CO2. Le niveau
de contamination de la viande. important de CO2 dans ce condi-
L’absence d’évolution du niveau Le tableau 2 présente les niveaux tionnement a favorisé leur crois-
de contamination en Entéro- de contamination obtenus sous sance et permis de limiter la crois-
bactéries confirme le bon respect CO2 dans les conditionnements 1 sance des autres flores par leur
de la chaîne du froid. Seul le et 2. dominance.
niveau de contamination en
Pseudomonas augmente au cours Pour le conditionnement 1, en Quel que soit le conditionnement
du stockage sous vide. Bien moyenne, toutes les flores voient utilisé (1 et 2), le niveau de conta-
qu’étant des germes aérobies leur niveau de contamination aug- mination augmente de façon très
stricts, les Pseudomonas sont éga- menter au cours des phases de importante lors du passage en bar-
lement microaérophiles, ce qui stockage sous CO2 et en barquette. quette à 4°C.
permet leur développement en En début de conservation, l’atmo-
présence de traces d’oxygène au sphère est riche en CO2 et permet Quelles que soient les flores, le
sein du conditionnement. le développement important des niveau de contamination après
Cependant, vu la faible augmen- bactéries lactiques. Ces bactéries huit semaines de conservation

Tableau 2 - Niveau de contamination de la viande sous CO2 (moyennes en log/cm2)

Conditionnement 1 Conditionnement 2 Effet significatif


Avant conditionnement 0,43 a 0,76 a ** (1)
Entérobactéries Après 8 semaines 1,67 b 0,38 b ***
En barquette 4,35 c 3,56 c *
Avant conditionnement 1,58 a 1,91 a **
Pseudomonas Après 8 semaines 3,42 b 1,49 b ***
En barquette 5,78 c 4,74 c **
Avant conditionnement 0,51 a 0,81 a **
Brochothrix thermosphacta Après 8 semaines 2,24 b 0,58 a ***
En barquette 5,07 c 3,41 b *
Avant conditionnement 0,50 a 0,80 a *
Bactéries Lactiques Après 8 semaines 3,39 b 2,40 b ***
En barquette 4,81 c 4,70 c NS
a, b, c : des lettres différentes pour une même flore et un même conditionnement indiquent des différences significatives au seuil de 5 %
(1) : indique que les conditionnements ont un effet significatif sur les valeurs au niveau de signification :* : p = 5 % ; ** : p = 1 % ; *** : p = 1 ‰ ; NS : non
significatif

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Figure 1 : Évolution de la contamination selon le type de conditionnement

Contamination en Entérobactéries Contamination en Entérobactéries


lors du conditionnement sous vide lors du conditionnement sous CO2
6 6 Cond.1

5 5 Cond.2

4 4
Log/cm2

Log/cm2
3 3

2 2

1 1

0 0
Carrés avant Après En Carrés avant Après En
conditionnement 4 semaines barquette conditionnement 4 semaines barquette

Contamination en Pseudomonas Contamination en Pseudomonas


lors du conditionnement sous vide lors du conditionnement sous CO2
6 6
Cond.1
5 5 Cond.2

4 4
Log/cm2

Log/cm2

3 3

2 2

1
1

0 0
Carrés avant Après En Carrés avant Après En
conditionnement 4 semaines barquette conditionnement 4 semaines barquette

Contamination en Brochotrix thermosphacta Contamination en Brochotrix thermosphacta


lors du conditionnement sous vide lors du conditionnement sous CO2
6 6
Cond.1
5 5 Cond.2

4 4
Log/cm2

Log/cm2

3 3

2 2

1 1

0 0
Carrés avant Après En Carrés avant Après En
conditionnement 4 semaines barquette conditionnement 4 semaines barquette

Contamination en Bactéries lactiques Contamination en Bactéries lactiques


lors du conditionnement sous vide lors du conditionnement sous CO2
6 6
Cond.1
5 5 Cond.2

4 4
Log/cm2

Log/cm2

3 3 (3)
CNERNA-CNRS : La qualité
2 2 microbiologique des aliments.
Maîtrise et critères. J.L. JOUVE.
1 1
Edition Polytechnica.
0 0 2ème édition 1995, p. 259-263.
Carrés avant Après En Carrés avant Après En
conditionnement 4 semaines barquette conditionnement 4 semaines barquette

(4)
Les conditions de l'expérimen-
sous CO2 est toujours plus élevé Conformité des lots à stade de la sortie usine : tation sont peu habituelles :
stockage dans un conditionne-
dans le cas du conditionne- l’issue du conditionnement - Entérobactéries : m = 102 par
ment de demi-gros (sous vide
ment 1. Ce conditionnement est de demi-gros gramme ou sous CO2) suivi d'un stockage
beaucoup moins favorable à une - Bactéries lactiques : m = 5 x 103 sous film étirable,
bonne conservation en demi-gros Les critères retenus sont ceux pré- par gramme(4) (spécifique au sous par conséquent, aucun critère du
des viandes. conisés par le CNERNA-CNRS(3) vide), CNERNA-CNRS n'est totalement
satisfaisant et adapté. Le choix
pour juger de la conformité des - Brochothrix thermosphacta :
s'est donc porté sur ceux qui
L’ensemble de ces résultats sont produits conditionnés sous vide m = 5 x 103 par gramme (spéci- nous semblaient les plus
illustrés par la figure 1 ci-dessus. ou sous atmosphère modifiée au fique au CO2 pur). approchant de nos contraintes.

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Pour juger de la conformité, un Le niveau de contamination, après Les Entérobactéries sont en effet
plan à trois classes a été appliqué quatre semaines de stockage sous sensibles aux variations de tempé-
avec les valeurs m, ci-dessus, vide, est très faible. Tous les lots rature, en l’occurrence, au passa-
et M = 10 m et c = 2. sont conformes en Entérobactéries ge de - 1,5°C à + 4°C.
et bactéries lactiques.
Photo 1 : Aspect visuel d’une tranche conservée quatre
Les échantillons étant déjà non
jours en barquette après un stockage de demi-gros de
quatre semaines sous vide Pour le CO2 pur, comme le laissait conformes à l’issue du stockage de
pressentir l’analyse du tableau 2, le demi-gros dans le conditionne-
conditionnement 1 ne permet pas ment 1, le stockage sous film éti-
d’obtenir des lots conformes en rable à 4°C pendant quatre jours
Entérobactéries et Brochothrix ne fait qu’aggraver la situation et
thermosphacta au stade ouverture aucun lot n’est conforme.
de l’emballage.
Contrôles sensoriels
Par contre le conditionnement 2
permet d’obtenir une viande d’un Conditionnement sous vide
très bon niveau de contamination D’une manière générale, les demi-
à l’ouverture du conditionne- longes conditionnées sous vide
ment : tous les lots sont conformes. présentent des performances plu-
tôt correctes et supérieures à la
Conformité des lots limite d’acceptabilité commercia-
à l’issue du stockage le, à l’issue des quatre semaines
Photo 2 - Aspect visuel d’une tranche conservée quatre
jours en barquette après un stockage de demi-gros de en barquette de stockage. Pratiquement tous les
huit semaines sous CO2 pur dans le conditionnement 1 morceaux sont jugés encore com-
Les critères choisis sont ceux du mercialisables, avant et après l’ou-
CNERNA-CNRS pour les unités de verture du conditionnement : 65 à
vente consommateur sous film 75 % d’entre eux gardent d’ailleurs
perméable à date limite de un très bel aspect une fois le
consommation : conditionnement ouvert (notes
- Pseudomonas : m = 5 x 105 par supérieures ou égales à 4).
gramme
- Entérobactéries : m = 5 x 102 Après quatre jours en barquette,
par gramme les tranches présentent des notes
moyennes d’appréciation globale,
Le passage au conditionnement en avant et après ouverture du film
barquette après un stockage de étirable, supérieures ou égales à 3,
demi-gros sous vide n’entraîne pas ce qui signifie qu’elles restent
de variation significative de la toutes commercialisables. 90 %
Photo 3 - Aspect visuel d’une tranche conservée quatre contamination. 100 % des échan- d’entre elles se voient d’ailleurs
jours en barquette après un stockage de demi-gros de tillons sont conformes. attribuer des notes supérieures ou
huit semaines sous CO2 pur dans le conditionnement 2 égales à 4, signe d’un aspect com-
Lors du stockage en barquette mercial très satisfaisant (photo 1).
après une phase de stockage de
demi-gros dans le conditionne- Conditionnement sous CO2
ment 2, seules les Entérobactéries
sont non conformes après quatre Les demi-longes conservées dans
jours. Malgré un faible taux de le conditionnement 1 présentent
contamination à l’issue du stocka- un aspect commercial correct
ge de demi-gros (niveau de conta- puisque plus de 80 % des mor-
mination inférieur à 102 bacté- ceaux sont jugés encore commer-
ries/gramme), le stockage de cialisables. Par contre seules 28 à
quatre jours à 4°C provoque une 59 % d’entre elles sont encore
augmentation très rapide de la jugées très agréables d’aspect
contamination en Entérobactéries. (note ≥ 4). L’exsudation est impor-

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tante et la couleur de l’exsudat préciation globale avant et après tions consommateurs n’est pas
peu « engageante ». De plus, la ouverture du film étirable supé- envisageable après huit semaines
viande se réoxygène assez mal : rieures ou égales à 3, traduisant de conservation.
30 minutes après l’ouverture du une présentation commerciale
conditionnement, la couleur reste satisfaisante à l’étalage. 70 à 80 % D’après des observations réalisées La technique du sous
légèrement grisâtre, voire jaunâtre d’entre elles se voient d’ailleurs en Amérique du Nord, il est pos-
vide reste la plus
ou verdâtre pour environ une lon- attribuer des notes supérieures ou sible de conserver sur de longues
ge sur deux. égales à 4, soit un très bel aspect périodes des carrés désossés. En intéressante à mettre
(photo 3). effet, une DLC de 60 jours est ain- en pratique compte
Cette impression s’aggrave après si obtenue dans un conditionne- tenu des faibles pertes
stockage en barquette puisque les Conclusion ment sous vide grâce :
par exsudation des
viandes à très bel aspect (notes 4
et 5) ne sont plus représentées L’exportation en container est • à un niveau de contamination viandes, et de son
qu’à hauteur de 10 à 37 %. La techniquement envisageable. initial très faible des carcasses en prix de revient.
commercialisation en barquette de Celui-ci permet de maintenir une sortie d’abattoir (douchage avec
tranches provenant des morceaux température proche de - 1°C 20 ppm de chlore) et une impor-
conservés huit semaines dans le (± 0,5 %), ce qui garantit une bon- tante mécanisation en découpe ;
conditionnement 1 ne paraît donc ne maîtrise de la chaîne du froid.
guère envisageable (photo 2). Cette maîtrise du froid, associée à • une parfaite maîtrise du froid :
celle de la qualité bactériologique après conditionnement sous
A l’issue des huit semaines de des produits, et à un choix adé- vide, les pièces sont refroidies
conservation sous CO2 dans le quat du type de conditionnement, pendant 4 minutes à - 60°C (ou
conditionnement 2, plus de peut permettre : 5 minutes à - 50°C) avant d’être
66 % des morceaux sont jugés - d’exporter vers les DOM-TOM conservées au minimum 3
encore commercialisables, après des carrés désossés sous vide heures dans un frigo à -1,5°C
l’ouverture du conditionnement. avec une DLC d’au moins quatre avant expédition en container.
Cependant, seulement 13 à 38 % semaines ; L’intensité du refroidissement
(suivant le mode de calcul - d’exporter vers le Japon des car- obtenu par ce procédé étant net-
employé) présentent encore un rés désossés sous CO2 pur condi- tement supérieure à celle dont
très bel aspect vendeur. Ce faible tionnés en sacs aluminisés avec nous avons disposé lors de cette
pourcentage est dû à la présence une DLC de huit semaines envi- étude, nous laisse penser que de
d’une contamination microbiolo- ron. telle DLC pourrait être également
gique accidentelle nuisant à la Le niveau de contamination bac- atteinte en France. De même, les
qualité de l’analyse visuelle des tériologique évolue peu au sein très bons résultats, aussi bien sur le
carrés, mais n’influençant pas la du conditionnement initial de plan bactériologique que senso-
qualité microbiologique. demi-gros sous CO2 pur, à condi- riel, obtenus dans le cadre de nos
En l’absence de cette contamina- tion de maintenir un taux de CO2 conditions expérimentales laissent
tion, le pourcentage de morceaux dans le conditionnement proche penser que des conservations en
jugés encore commercialisables de 100 %. En revanche, il aug- sous vide au-delà de quatre
aurait été proche de celui obtenu mente très rapidement en bar- semaines sont possibles.
pour le conditionnement 1. quette. Ce type de conservation
longue durée nécessiterait donc La technique du sous vide reste la
Ceci est confirmé par les résultats d’utiliser les carrés pour une trans- plus intéressante à mettre en pra-
obtenus après stockage en bar- formation dès leur sortie du tique compte tenu des faibles
quette : 90 % des tranches pré- conditionnement sous CO2. Leur pertes par exsudation des viandes,
sentent des notes moyennes d’ap- utilisation pour une vente en por- et de son prix de revient. ■

Contact :
stephanie.de-montzey@itp.asso.fr
brice.minvielle@itp.asso.fr

Travaux réalisés dans le cadre de l'aide au développement technologique de l'OFIVAL

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